Et il y a bien d’apparence que gens de bon lieu, tels qu’ils sont pour la plus part, gens d’honneur et de science devant Dieu, et devant les hommes, gens qui ont renoncé au monde, auquel ils pouvaient paraître, et avoir quelque chose, gens qui se sont tous donnés au service de Dieu, qui y persévèrent pour sa gloire, pour le bien du public, et le salut de leurs âmes, Il y a bien, dis-je, d’apparence, que jamais ils aient été si convoiteux, que ce médisant les veut faire reconnaître. […] Mais le théâtre est un lieu infâme. […] [NDE] Tous ces lieux sont identifiables dans le Lyon d’aujourd’hui. […] [NDE] Caveau = cavea, l’amphithéâtre, lieu où se tenaient les combats des gladiateurs.
& ces sentimens sont-ils plus faibles dans les lieux dépourvus de Spectacles ? […] mais, répondrai-je, les cloîtres, lieux consacrés à la piété & à la sagesse, renferment des abominables. […] J’en connais qui n’étant pas sortis du Royaume, jeunes encore, dans le temps de l’Edit, furent pris dans des lieux où ils faisaient leur prêche, & conduits aux galères. […] ne serait-il pas décent, abstraction de cagotisme, qu’elles se tinssent dans les lieux saints, de la façon qu’exige l’idée du Temple de l’Immortel ? […] Ces lieux destinés à la débauche, Temples dédiés à la Déesse des plaisirs, ne sont-ils pas tolérés ?
Ensuite les jeunes gens y introduisirent des railleries en Vers assez mal faits, et accompagnés d'une Danse composée de mouvements assez malhonnêtes, et enfin y employant des Acteurs du Pays, au lieu que l'on avait accoutumé jusque là de les emprunter de l'Etrurie, ils formèrent les Satires avec plus de règle, tant pour la Poésie que pour la Danse, et qui n'étaient que Mimes imparfaits ou bouffonneries, mais avec peu d'art en la composition des Vers », dont ils n'avaient rien appris des Grecs, parmi lesquels Sophron s'était rendu célèbre dès cents ans auparavant, par les Mimes qu'il avait composés pour hommes et pour femmes ; et cette Poésie s'acheva si lentement que durant plus de six-vingts ans, depuis cette institution des Jeux Scéniques, on ne parle d'aucun Poète Romain. […] Et Lipse rencontre bien mieux en ce même lieu, oùLips.
» Ne peut-on pas se procurer des divertissements plus décents et plus utiles à la santé, dans les promenades champêtres, où l’on se repose de ses travaux, où l’on se remet de l’étourdissement des affaires, « où l’air infecté des spectacles est remplacé par un air bienfaisant, travaillé des mains de la nature ; où, au lieu des émanations léthifères de toute espèce concentrées dans un espace étroit, on ne respire que le parfum de plantes salutairesbi ? […] On y jouit au moins de quelque avantage réel ; au lieu que les spectacles ne fournissent que des plaisirs chimériques, trop dangereux pour n’être pas souvent criminels, et trop vifs pour être longtemps agréables.
Un jeune homme s’est confessé d’avoir été dans un lieu de débauche, ce Confesseur complaisant lui demande, s’il y a fait du mal ? […] Direz-vous après cela que ce soit un mal d’aller dans des lieux de débauche ? […] … N’est-ce rien, que d’immoler des Chrétiennes à l’incontinence publique, d’une maniere plus dangéreuse, qu’on ne feroit dans les lieux qu’on n’ose nommer ? […] Iriez-vous, s’il n’y avoit point de spectacles, & ne préféreriez-vous point de vous délasser dans des lieux moins empestés & moins tumultueux &c &c ? […] Plus occupée de plaire à Dieu qu’au monde, elle n’est ni idolatre de sa figure, ni esclave d’une parure &c, dont on fait étalage, même dans le lieu Saint.
Mais le Sieur Vigarany, dont nous parlerons plus amplement ailleurs, avoit si bien disposé ce lieu, qu’il y avoit dequoy placer dix à douze mille personnes.
L’on a déja fait à la vérité plusieurs excellents écrits sur le sujet de la Comédie, qui sont comme autant de flambeaux capables de dissiper les ténèbres de ceux qui aiment ce vain amusement ; mais comme les goûts des hommes sont différents, j’espère que celui-ci, ne laissera pas d’être utile, d’autant qu’il peut servir de Décision sur cette matière, puisqu’il est fondé sur l’Ecriture Sainte, les Conciles et les Pères de l’Eglise ; C’est pourquoi il y a tout lieu de croire que Dieu y répandra sa bénédiction.
Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires, et autres personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance ; à la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs et Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit Ouvrage sera faite dans notre Royaume, et non ailleurs, en bon papier et beaux caractères, conformément à la feuille imprimée attachée pour modèle sous le contre-scelb des Présentes ; que l’Impétrant se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du 10 Avril 1725 ; qu’avant de l’exposer en vente, le manuscrit qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage sera remis, dans le même état, où l’approbation y aura été donnée, ès mains de notre très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre dit très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le sieur de Machault, Commandeur de nos Ordres ; le tout à peine de nullité des Présentes.
« Le comte de Bussy, cet ingénieux courtisan, nous dit que la passion de l’amour est la plus dangereuse de toutes les faiblesses, et qu’on revient plus aisément des sottises de l’esprit que de celles du cœur : en effet, le cœur s’attache, au lieu que l’esprit ne s’occupe point toujours des mêmes idées.
Faisons défenses à toutes sortes de personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance comme aussi à tous Imprimeurs, Libraires et autres, d’imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lesdits Livres ci-dessus exposés, en tout, ni en partie, ni d’en faire aucuns Extraits, sous quelque prétexte que ce soit, d’augmentation, correction, changement de titre, ou autrement sans la permission expresse et par écrit de ladite Exposante, ou de ceux qui auront droit d’elle : A peine de confiscation des exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre chacun des contrevenants, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, l’autre tiers à ladite Exposante, et de tous dépens, dommages et intérêts.
En troisième lieu, non seulement il vous est impossible de les vaincre, mais même vous ne sauriez les convaincre ; car, comme dit le même Tertullien, la sensualité des hommes est fort ingénieuse à trouver des raisons, à forger des arguments pour se maintenir en ses droits, et fort éloquente à plaider une cause qu’elle affectionne avec passion.
Et trouverais raisonnable que le magistrat, et le prince, à ses dépens, en gratifiât quelquefois la communen, d’une affection et bonté comme paternelle ; [c] et qu’aux villes populeuses il y eût des lieux destinés et disposés pour ces spectacles : quelque divertissement de pires actions et occulteso.
Il est vrai qu’il ne la place qu’après le péché, & comme une suite du péché, ce qui y répand une sorte de contrepoison, & de sombres nuages sur le tableau ; au lieu que notre Auteur écarte avec soin toute idée de péché, pour tendre un piège plus dangereux sous un air d’innocence qui rassure & invite. […] C’est-à-dire que parce qu’on peut être malade dans le meilleur air & le lieu le plus sain, il faut l’abandonner pour aller dans une ville pestiférée, se mêler sans précaution, se lier, se familiariser avec tout ce qu’il y a de plus contagieux. […] Mercure disoit, allons chercher l’hymen & la fidélité ; je suis presque sûr que des que l’amour les verra, il abandonnera ces lieux. […] Foix, ne roulent que sur des sujets pieux, & sont utiles à former les mœurs ; au lieu que celles-la ne sont que des galanteries agréablement tournées, qui ne peuvent que les corrompre.
On voit des femmes et des Filles si entêtées, et si passionnées du jeu, qu’elles n’ont que cela dans l’esprit, elles en perdent le boire et le manger, et passent en cet excès les jours et les nuits, sans se mettre en peine de s’acquitter de leurs devoirs essentiels ; elle négligent même leurs prières, et souvent perdent la Messe les Fêtes et le Dimanches ; on les voit toujours occupées de leur perte ou de leur gain, du lieu où elles iront jouer, où l’on tiendra table ouverte, et où l’on s’assemblera ; enfin, elles sont si souvent dans l’exercice du jeu, qu’elles courent risque de mourir les cartes à la main ; jusques là même que j’ai ouï dire, qu’une femme de qualité étant en couche, demandait sans cesse à sa garde, quand elle pourrait jouer, ne s’affligeant d’autre chose, que de ce que ses Médecins ne lui permettaient pas de battre des cartes, ou de remuer des dés. […] Cyprien, que la comédie est une école d’impureté, et le lieu où l’on prostitue la pudeur. […] Il répondit, qu’il y était entré, parce qu’il l’avait trouvée sur ses terres, et dans le lieu de son domaine. […] L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi.
On exclut seulement la farce & la bouffonnerie, on admet même le Comique larmoyant, dont la fortune est parmi nous si équivoque, quoiqu’on exige que les trois unités de lieu, de tems, & d’action soient observées. […] A l’exemple du Duc de Parme, ce sera une pépiniere féconde, où il croîtra toujours des jeunes arbres, ou si l’on veut un noviciat, moins dévot il est vrai, que ceux des Capucins, mais absolument nécessaire à la grande œuvre qu’ils ont entreprise : je ne désespere pas qu’on ne la mette sur l’état des villes, & que quelque jour on ne bâtisse, aux frais du public, dans les grandes villes, un Collége Royal de comédie, qui réussira mieux que les autres ; tout cela nous annonce que les Canons qui défendent l’assistance à la comédie, & qui excommunient les comédiens, ne sont plus comptés pour rien ; déjà dans le Duché de Parme & de Plaisance ils sont régardés comme la Bulle in Cœna Domini, qui n’y a plus lieu depuis deux ans ; aussi les affaires avec le St. […] Etant Cardinal, le renversement de la maison l’avoit mis-hors d’état de satisfaire son goût ; mais il trouva des gens qui lui prêterent, il rendit son train plus leste, son équipage de chasse, plus galant ; on faisoit meilleure chere chez lui, qu’en aucun lieu de Rome. […] Les étonnantes révolutions, & les affreuses dévastations qui ont tant de fois changé la face de ce beau pays, & malgré tous les anathêmes de l’Eglise, à laquelle pourtant il est, & doit être, & par intérêt & par réligion, plus soumis que tout autre ; mais la volupté en est la divinité dominante : aussi est ce le seul pays chrétien où la prostitution publique soit ouvertement tolérée par les loix & les magistrats ; car quoique Paris & Londres ne soient pas moins corrompus que Naples, Venise, & peut être dans le fond le soient encore d’avantage, les loix n’y ont pas encore déchiré le voile de la pudeur, jusqu’à protéger les lieux infâmes. […] Le théatre est dévot, aussi bien que les lieux publics.
Il s’est appliqué particuliérement à connoître le génie des Grands, & de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à la connoissance du peuple. […] Rapin, au lieu cité ci-dessus, partie seconde des Refl. sur la Poëtique.
Nous lisons aussi dans un Concile de Carthage, qu’on ne doit point tolérer en aucune manière ces spectacles, ni le jour du Dimanche, ni les autres Fêtes ; parce que comme nous apprenons encore du sixième Concile, les fidèles doivent passer ces jours dans les lieux saints, et ne vaquer qu’à la prière et au chant des Psaumes, des Hymnes et des Cantiques spirituels, afin que leur joie soit toute en Dieu, et en Jésus-Christ, et que n’appliquant leur esprit qu’à la lecture des choses saintes et divines, ils se nourrissent de la parole de Dieu et du fruit des divins mystères. […] Et mon dessein aurait heureusement réussi pour la gloire de Dieu, et pour le bien des âmes, n’eût été l’exemple d’une permission, qu’on dit avoir été accordée à la ville d’Alatre, voisine de mon Diocèse, contre une ordonnance semblable à la mienne, et comme l’on croit sans que votre Sainteté en ait eu aucune connaissance ; En vertu de laquelle concession, néanmoins, le peuple de cette ville croit pouvoir en sûreté de conscience persévérer dans sa mauvaise coutume, de célébrer la fête de saint Sixte Pape et Martyr, qui est le Patron de ce lieu, en dansant, et en assistant à d’autres semblables spectacles.
Du plus beau lieu du monde, aimables Citoyens, Vous verra-t-on toujours occupés de Pantins ; Déserter les Français 1 pour courir les Parades ? […] Le lendemain, je vole à ce Palais Magique,3 Qu’anime encor Lulli de sa tendre Musique, Un sceptre de cristal en ses débiles mains, L’Amour dans ces beaux lieux gouverne les humains ; Respirant sous ces lois, on y voit cent Prêtresses Annoncer ces faveurs, et vanter leurs faiblesses.
C’est pourquoi quand même vous seriez assez chastes pour n’être point blessés par la contagion de ces lieux, ce que je crois impossible, vous ne laisserez pas d’être sévérement puni de Dieu, comme étant coupables de la perte de ceux qu vont voir ces folies, & de ceux qui les représentent sur le Théâtre.
Cela ne se fait point parmi nous, et ne sommes tant irrévérencieux b en notre Religion, que de profaner l’honneur de Dieu et des saints : mais en lieu, ès jeux et processions publiques, du moins en quelques-unes, on fait entre les Chrétiens jouer et marcher les Diables en la forme qu’on les peint, non pas enchaînés, encore cela serait tolérable, mais déchaînés, comme si c’était au plus fort du Paganisme, et qu’on voulût représenter des furies enragées dessus un Théâtre ou Spectacle public, non plus de Païens, mais des Chrétiens qui doivent être assurés que le Diable a la puissance bridée.
Comment donc en allant dans ces lieux où se représentent ces spectacles, pouvez-vous espérer de vous conserver un honneur qu’on leur ôte ? […] Le jour étant venu il sortit dehors, & s’en alla dans un lieu désert. […] si même dans les lieux saints on trouve des occasions de se perdre, sera-t-il permis d’aller dans les lieux profanes & défendus, où l’on est assuré d’en trouver de bien plus dangereuses ? […] trop subsistant de notre patrie ; renversez ces lieux publiquement voués à la prostitution, & alors je verrai si je vous recevrai en témoignage. […] La grace, dites-vous, & je veux le croire, vous l’a conservée jusqu’ici dans les lieux mêmes où elle couroit plus de risque.
Il faut pour plaire à chaque Peuple des Spectacles qui favorisent ses penchans, au lieu qu’il en faudrait qui les modérassent. […] Loin de-là, il me semble que je vois tous les Spectateurs pénétrés des vérités qu’ils entendent, verser des larmes de joie sur la riche espérance de la Nation, qui se forme à la vertu dans les mêmes lieux, où triomphaient auparavant le vice & la corruption. […] Que ce Sage ne craigne rien ; les Spectacles ne priveront pas sa patrie de ce précieux avantage ; nous avons des Théâtres, & Dieu sait si l’on ne médit pas autant, & plus à Paris, qu’en aucun lieu du monde. […] Au lieu que la Comédie, pour naître, veut une Nation oisive, opulente, qui commence a penser finement, & qui sait déja déguiser ses vices. […] Au lieu que chez les Grecs, des femmes libres n’eussent jamais consenti à se donner en Spectacle, & les Loix ne l’eussent pas permis.
Les Violons jouent : George Dandin paroît ; & dans le même lieu où étoit le Temple de Jérusalem, je vois le rendez-vous nocturne d’un jeune homme avec une femme mariée, & le pauvre M. […] 5 « J’aimois, dit-il, ces lieux cruels où l’on est sans cesse en proie à la jalousie, aux soupçons, aux craintes, à la fureur. […] La seule vûe de Rodrigue & de Chimène dans ce lieu & dans ce moment, fait tableau & situation. […] L’amour, la jalousie, & l’amour-propre, ont dans tous les lieux les mêmes délicatesses, les mêmes ruses, les mêmes subtilités. […] C’est ici le lieu de remarquer que Racine a fourni pour le Théatre François deux carrières également brillantes ; l’une toute profane, qui nous a valu neuf Tragédies ; l’autre toute sainte, & malheureusement de trop peu de durée, puisqu’elle n’a produit qu’Esther & Athalie.
Dans le Jardinier & son Seigneur, il met en action dans une même Scène les personnages les plus importans, & un grand nombre de subalternes ; & comme si ce n’était pas encore assez, il fait accourir dans le même lieu tout un Village.
Au reste ce grand silence de Jésus-Christ sur les comédies, me fait souvenir qu’il n’avait pas besoin d’en parler à la maison d’Israël pour laquelle il était venu, où ces plaisirs de tout temps n’avaient point de lieu.
Martial se moque agréablement d’un homme sage qu’il a rencontré dans l’amphithéâtre : ce lieu n’étant point le séjour de l’innocence et de la vertu, la sagesse d’un Caton aurait bien de la peine à s’y soutenir.
Bref, l’Ecclésiaste dit que les hommes sages se plaisent aux lieux où il y a du deuil et de la tristesse, et que les fous se plaisent aux compagnies où il y a des ébats et réjouissances mondaines10.
On a d’abord dit en Latin Siffiare, son imitatif, ou les deux ff, forment un petit sifflement ; delà est venu le mot François sifflet & siffler, par corruption on a changé les deux ff en b, sibilare, sibilum, ce qui est plus doux à prononcer, & peut s’appliquer plus aisément aux différentes significations du mot siffler, au lieu que siffilare ne convient qu’à la moquerie, & forme une espece de ris en le prononçant. […] ton aîle fugitive, Tantôt couvre la sombre rive Du triste séjour de la, mort, Tantôt elle plane avec gloire Sur les lieux sacrés de l’histoire, Force la demeure du sort. […] Comment le tems plane-t-il sur les lieux ? […] C’est le motif qui engage le Chef de l’Eglise à tolérer à Rome les lieux de prostitution, qu’il n’approuve pas assurément, & dont la tolérance n’excuse de péché, ni ne sauve de l’infamie, ni les femmes qui s’y livrent, ni les hommes qui s’y abandonnent ; ce désordre & cette tolérance ont précédé, de plusieurs siécles, la souveraineté temporelle des Papes : sur quoi le Pape Gelase disoit fort sagement : Prædecessorum meorum negligentiam accusare. non audeo magis credam eos tentasse ut hæc pravitas tolleretur, & quasdam extitisse causas quæ eorum bonam intentionem impedire. […] Le Prince tolére les lieux de débauche, peut-on excuser la courtisanne qui s’abandonne au public, le libertin qui a commerce avec elle ?
Il signifie les habits, armes, physionomie, usages, goût ; en un mot, tout ce qui caractérise les personnages du tableau, la vérité physique & morale du temps & du lieu où on a placé la scène : ce qui a du rapport à une infinité de chose, & rarement est bien observé. […] Ces idées sans doute inspirent le courage, la valeur, & annoncent les victoires de l’Amour & les mysteres de Cythere, au lieu des lauriers de Mars. […] Je ne considere point ici les Spectacles d’un œil de religion, mais d’un œil philosophique ; car autrement je dirois qu’il n’y a que l’ignorance ou la folie qui puisse s’autoriser de la Religion pour les soutenir ou même pour les excuser ; je dirois que s’il y un livre qui les proscrive, c’est l’Evangile qui nous recommande de prier sans cesse, de porter notre croix ; que s’il y a un lieu où soient étalées les maximes, les pompes du monde, auxquelles nous avons solemnellement renoncé, c’est sur le Théatre ; je dirois que la vie des comédiens, leurs danses lascives, leurs passions embellies, leurs paroles tendres, équivoques, licencieuses, ne peuvent qu’embraser les jeunes cœurs, déjà trop prompts à s’enflammer ; je dirois enfin que la correction des théatres les rend encore plus dangereux ; car plus les passions sont finement voilées, & les sentimens délicats, plus l’amour profane nous pénetre & nous enchante, cet amour dont on a bien de la peine à se défendre, dans les lieux même consacrés à la vertu. Qu’on ne s’imagine pas que ce langage soit emprunté des Peres de l’Eglise ; Bussi-Rabutin, courtisan fameux par les disgraces, conjura ses enfans, étant au lit de la mort, de fuir les spectacles, comme des lieux contagieux où il avoit perdu son innocence.
Mais de leur fournir vous-mêmes, sous ce damnable prétexte, des livres qui leur tournent l’esprit à tout ce que le monde a de plus vicieux ; mais d’en remplir votre maison, et de ne vouloir pas que rien là-dessus de nouveau leur échappe et leur soit inconnu ; mais de leur en demander compte et d’entendre avec une secrette complaisance les récits qu’ils en font ; mais de les croire bien habiles et bien avancés quand ils sçavent répondre aux mots couverts par d’autres bons mots, qu’ils conservent dans leur mémoire des poésies libres, et qu’ils les sçavent rapporter fidélement sans se méprendre ; mais de les conduire vous-mêmes, (car ceci regarde tous les points de morale que je viens de toucher) de les conduire vous-mêmes à des spectacles d’autant plus capables de les amollir, que ce sont de jeunes cœurs beaucoup plus flexibles et plus sensibles ; mais de leur faire observer les endroits fins et délicats, sur-tout les endroits vifs et tendres ; mais de les engager vous-mêmes dans des assemblées, où ils ne voient du monde que ce qu’il a de riant, que ce qu’il a d’éclatant, c’est-à-dire, que ce qu’il a d’attrayant et de séduisant, voilà de quoi vous aurez bien lieu de vous repentir dès cette vie, et de quoi vous serez bien sévérement punis en l’autre. […] parce qu’il se peut faire que ce soient pour vous des occasions dangereuses, et que dans les circonstances qui s’y rencontrent, vous trouviez un scandale que vous êtes indispensablement obligés d’éviter ; par-tout ailleurs ils seroient permis, en tout autre temps ils seroient même louables, et on vous les conseilleroit : mais en tel lieu, à telles heures, et en telle compagnie vous devez vous en abstenir, parce que vous y courez risque de votre innocence et de votre salut. […] Mais que j’attaque jusqu’à la promenade, que je prétende qu’il y ait sur cela des mesures à garder et des précautions à prendre, que je sois dans l’opinion qu’une mere chrétienne ne doit pas sans ménagement et sans réflexion y exposer une jeune personne, qu’elle doit avoir égard aux temps, aux lieux, à bien des circonstances dont elle n’a guere été en peine jusqu’à présent, c’est ce qu’on traitera d’exagération, et sur quoi l’on ne voudra pas m’en croire. […] Je ne m’explique point, mes chers Auditeurs, et je dois ce respect au saint lieu où nous sommes assemblés ; tel est le désordre que la pudeur même m’oblige de le taire, et qu’on ne peut mieux vous le reprocher que par le silence. […] parce que toutes ces joies du monde finiront bien-tôt, et qu’elles seront suivies d’un malheur éternel, au lieu que vos peines passageres se changeront dans une félicité parfaite qui n’aura jamais de fin : Sed tristitia vestra vertetur in gaudium.
Il est à remarquer que les duretés d’Œdipe se terminent à la personne seule de Tirésias, et ne tombent point sur son ministère en général au lieu que l’Œdipe Anglais fait du Sacerdoce même un métier de Tartufe. […] Ni le lieu des spectacles profanes, ni les Acteurs, ni toutes les autres circonstances ne compatissent avec des choses sacrées. […] Puisqu’une telle représentation est un abus accordé par force à la dureté du siècle, et que le lieu où elle se fait est un lieu profane, elle ne saurait être excusable, quelques mesures que l’on prenne. […] » On avait pour les Prêtresses d’Argos une telle considération que l’on datait les Epoques, de leur nom et de leur temps ; et que dans la Chronologie elles tenaient lieu d’Empire, de Règne etc.
Caligula les rappella, & Néron eut aussi lieu de les chasser. […] Elle fut enterrée sur le bord de la Seine ; & c’est du lieu qui renferme ses cendres, que M. […] Au reste, ces écarts éclatans donnent souvent lieu à des actes de zele, qui rappellent les bonnes regles. […] Il y a même lieu de croire que M. […] Celui-ci nous dit avec une sincérité admirable, fugite hæc, fuyez la coupe empoisonnée de Circé ; au lieu que M.
. — Aussi bien je vois que vous me reprochez à peu près les mêmes crimes, toute la différence qu’il y a, c’est que l’un me les reproche avec chagrin, et tâche partout d’émouvoir la pitié, et l’indignation de ses Lecteurs, au lieu que l’autre s’est chargé de les réjouirb. […] Quel pénitent, dites-vous, qui fait des Livres de lui-même, au lieu que M. le Maistre n’a jamais osé faire que des Traductionsn.
En effet, les Comédiens jouant pour leur compte, & dans un lieu qui leur appartient, disposent en maîtres, de tout ce qui le concerne.
Bossuet), à l’incontinence publique, d’une maniére plus dangereuse qu’on ne feroit dans des lieux qu’on n’ose nommer ?
Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte.
Vous vous attireriez sur les bras tout ce qu’il y a d’Evêques zélés et de bons Pasteurs dans l’Eglise, aussi bien que les Seigneurs qui ont de la piété, qui emploient tout ce qu’ils ont d’autorité ou spirituelle ou temporelle, pour bannir les danses des lieux où ils ont du pouvoir.
J’ai fait cette petite Digression sur l’obéissance qui est dûe aux Souverains, quoiqu’elle ne fût pas de mon sujet, parce qu’elle est assez de saison ; et que ce Docteur en parle dans le lieu, où il fait l’apologie de la Comédie.
Parce que si un seul regard jeté sur une femme, même dans l’Eglise, est capable d’avoir des suites criminelles ; que doit-on penser de ceux qui se font avec une pleine liberté dans ces lieux, où l’immodestie triomphe impunément. 3°.
L’amour de Dieu qui doit brûler sur l’autel de notre cœur, et dont chaque chrétien doit être le prêtre, comment ne s’éteindrait-il pas dans des lieux où tous les sens sont saisis par l’attrait de la volupté ?
Et ailleurs (hom. 56. in Genes.) il remarque qu’aux noces du patriarche Jacob, d’Isaac, d’Abraham, de Tobie et des autres Saints, que l’Écriture raconte, il n’est fait aucune mention de danses ni de semblables folies ; aussi Dieu bénissait-il leurs mariages, au lieu que vous encourez souvent les anathèmes de sa malédiction, parce que vos noces sont des occasions de mille péchés qui s’y commettent.
Ce Bâtiment contiendrait de plus une Salle pour le Conseil : enfin tous les lieux nécessaires pour le service du Théâtre et des Acteurs : des Cours avec des Boutiques, qui jouiraient d’exemption, etc… En établissant le Théâtre de la Réforme, il serait injuste de ne pas pourvoir à l’entretien honnête des Actrices de l’ancien Théâtre qui se retireraient de leur bon gré, ou qui seraient congédiées ; on aurait donc soin de les placer dans des Communautés, et par préférence dans celles qu’elles choisiraient, avec des pensions suffisantes pour leur subsistance.
Saint Jean Chrysostome commençant à traiter expressément ce sujet, disoit à son Peuple : Je pense, mes Freres, que plusieurs de ceux qui sont aujourd’hui présents en ce lieu assisterent ces jours derniers aux spectacles. […] Dans un lieu où tout les excite & les enflamme, que deviendront des cœurs amollis & attendris au milieu des assauts violents qu’ils auront à essuyer de toute part ? […] Renversez ces lieux publiquement voués à la prostitution ; alors je verrai si je vous recevrai en témoignage. […] La grace, dites-vous, & je veux le croire, vous l’a conservée jusqu’ici dans les lieux mêmes où elle couroit le plus de risque.
On les a vus faire foule avec les hommes les plus frivoles, les plus énivrés des plaisirs bruyans et folâtres ; on a vu des dévotes, des cénobites, des prêtres du Dieu vivant, quitter leur retraite au déclin du jour, et accourir vers ce lieu magique et enchanté, avec l’inquiétude de l’empressement ; comme l’on voit à l’entrée de la nuit, ou au bruit de quelque tempête subite, tous les oiseaux des airs se précipiter dans l’asyle des forêts. […] S’il se trouvoit un enfant dans des lieux de libertinage, les hommes les plus licencieux vouloient qu’on le transportât dans une place où son innocence fût assurée2. […] Ne permettez pas qu’une destructive frivolité abolisse dans nos villes, dans les campagnes qui les environnent, ces retraites champêtres et solitaires où par des promenades et des divertissemens honnêtes se nourrit l’esprit de société et d’amitié, où la pensée trouve un asyle ; où l’homme se repose de ses travaux ; se remet de l’étourdissement des affaires, se détrompe des illusions essuyées dans le commerce du monde22 ; où l’air infecté et réellement létifère des spectacles23 est remplacé par un air bien-faisant, travaillé des mains de la nature ; où au lieu des émanations morbifiques de toute espèce concentrées dans un espace étroit24, on ne respire que le parfum des plantes salutaires. […] C’est une chose affligeante que l’esprit de dévastation qui s’est emparé de toutes les têtes, contre les lieux propres à provoquer la réflexion, à calmer l’agitation des sens, à accueillir les plaisirs innocens.
La corruption a élevé ces lieux enchantés, les cultive, les embellit, les peuple, elle en fait le rendez-vous des libertins & des femmes d’une vertu légère. […] Les habits les plus brillans, la parure la mieux entendue & la plus lascive font adorer les Dieux & les Déesses qui habitent ces lieux enchantés : Feci mihi hortos, & pomaria ædificavi, &c. […] Tout combat dans le lieu des passions ; qui en obtiendra le prix, ou plutôt qui n’en sera pas la proie ? […] L’oisiveté est sans doute un vice dans tous les lieux, tous les temps, toutes les professions ; mais en France & dans ce siecle le théatre en a fair un état.
Lisez l’Histoire de l’Eglise, et vous verrez à quelles pénitences on condamnait autrefois celui qui avait assisté aux Spectacles, et vous verrez qu’ils furent toujours regardés par les Chrétiens comme l’école du Démon, et qu’il déclara souvent lui-même, par la bouche des possédés qu’on exorcisait, qu’il s’était emparé de leur esprit, parce qu’il les avait trouvés au Théâtre, c’est-à-dire, dans un lieu qui lui appartenait ; de sorte qu’il n’y a pas lieu de douter que l’Apôtre n’ait voulu parler des Spectacles, lorsqu’il publie qu’on ne peut assister à la table des Démons, et à celle de Jésus-Christ : « Non potestis bibere calicem Domini, et calicem Dæmoniorum. […] Ne vous attendez pas, Chrétiens mes Frères, que, pour vous peindre les écueils du Théâtre, j’entre ici dans des détails plus propres à vous y attacher, qu’à vous en dégoûter, et que j’aille déshonorer mon ministère par des peintures indignes de la sainteté de ce lieu. […] Il n’y a plus de moyen de nier, plus lieu de douter. […] Les Gouvernements tolèrent des lieux que la seule bienséance ne permet pas de nommer ; mais les fréquenterez-vous, pour peu que vous respectiez la décence, et que vous ayez des mœurs ?
Si on ne trouve pas qu’il y ait lieu de me louer d’y avoir réussi, je ne crois pas du moins que l’on me blâme de l’avoir entrepris. […] » La sixième enfin est, que dans le plaisir on ait égard aux circonstances du lieu, du temps, des affaires, et des personnes, « Non adhibendo ludum negotiis et temporibus indebitis. […] Si vous pouviez porter vos yeux dans les lieux secrets où ces gens-là se retirent, vous verriez qu’il s’y passe des choses que votre vue ne pourrait pas soutenir. « Si possis oculos tuos inserere secretis, recludere cubiculorum obductas fores, aspicias ab impudicis geri, quod non possit aspicere frons pudica. […] Mais un Comédien dans le temps même qu’il moralise le plus, n’a pas un véritable dessein de corriger ni de réformer personne : on ne s’y attend pas, le temps ni le lieu n’y sont pas propres, et on ne prétend pas même qu’il ait ce dessein. […] Enfin la sixième précaution dont Saint Thomas veut que l’on se serve dans les Jeux, consiste à prendre garde aux circonstances du temps, des lieux et des personnes.
Si cette Loi avoit encore lieu, il y auroit plus d’un divorce en France. […] « On voit encore aujourd’hui au lieu même où subsiste la Comédie Italienne, au-dessus de la porte qui donne dans la rue Françoise, les attributs de la Passion représentés en relief ; emblême, dit Villaret, de la piété des premiers Instituteurs de ce théâtre.
Je sais qu’il n’est jamais hors de saison d’avoir de la vénération pour les choses sacrées et qu’elles doivent être en tous lieux ce qu’elles sont sur les autels. […] Mais comme il ne démordra jamais de la mauvaise opinion qu’il veut donner de vous à ceux qui ne vous connaissent point, il y a lieu d’appréhender encore quelque chose de bien fâcheux : il ne se sera pas plutôt aperçu que les gens bien sensés ne sont point de son sentiment, lorsqu’il prétend que vous soyez impie, qu’il va vous prendre par un endroit où je vous trouve bien faible : il vous fera passer pour le plus grand goinfre et le plus malpropre de tous les hommes.
C'est encore avec moins de raison que l'on pense autoriser cette mauvaise intelligence de l'Antiquité par la Constitution des Empereurs Théodose, Arcadius et Honorius, qui défendent de mettre aucunes figures de ces Joueurs Scéniques dans les lieux publics où leurs statues sont élevées en objets de vénération ; car elle parle en termes exprès des Pantomimes, ou d'un vil Histrion, c'est-à-dire des Danseurs et des Bouffons, et non pas des Acteurs du Poème Dramatique. […] Au lieu que les Fables Atellanes nous sont entièrement inconnues, comme étant beaucoup moins considérables.
Mais quoi me dira-t-on en dernier lieu, peut-on prier sans cesse, et avoir toujours l’esprit tendu ? […] , n’allons pas ainsi affronter impudemment le démon dans le lieu de sa dépendance, la partie n’est pas égale, ne multiplions pas nos dangers sans nécessité, il n’y en a que trop à droite et à gauche, et partout où nous portions nos pas, pourquoi réveiller le feu caché sous la cendre, je veux dire exciter des passions endormies qui causeront peut-être une incendie horrible, et prétendre faire un pacte avec l’enfer.
un lieu où sont représentés avec une étonnante précision tous les ridicules de la pauvre humanité, depuis ceux du prince assis sur le trône, jusques à ceux du pauvre couché sur la poussière ; où l’hypocrisie mise à nu, succombe sous le poids des anathèmes publics ; où la liberté trouve toujours des applaudissements, et la tyrannie des sifflets ; où le fanatisme excite l’indignation, la pitié ou le mépris, et où la charité, la tolérance sont toujours accueillies avec transports ; où enfin tout ce qui est juste, noble, généreux, désintéressé, trouve sympathie, et où l’on ne repousse que ce qui est contraire aux vrais intérêts des peuples et au bonheur de l’humanité : voyez l’épouse de Thésée, bourrelée de remords, et expirante au milieu des plus cruelles angoisses, victime d’une flamme coupablee ; quel cœur de femme n’a pas frissonné d’horreur aux accents de désespoir, de rage et de fureur de notre immortelle tragédienne dans le rôle de la belle-mère d’Hippolytef ! […] Il paraît néanmoins qu’alors il n’était un péché pour personne, puisqu’on avançait l’heure des offices, afin qu’au sortir du lieu saint, tous les fidèles y pussent assister.
Je sais bien qu’il y a des gens qui, à ce qu’ils disent, courent moins de hasard en ces lieux-là que d’autres ; cependant les gens qui composent ces sortes d’assemblées, ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude ; à plus forte raison dans ces lieux-là où les beaux objets, les flambeaux, les violons, et l’agitation de la danse échaufferaient des Anachorètes.
Nul autre langage n’est reçu dans ces lieux de plaisirs. […] A peine la solitude la plus retirée met-elle à l’abri de la passion ; l’iniquité naît, pour ainsi dire, d’elle-même partout ; le tentateur attaque les héros chrétiens jusques dans le lieu saint ; les longues austérités ne désarmant pas l’ennemi, il faut être éternellement en garde contre son propre cœur, il faut veiller, fuir, prier sans cesse, et encore l’assurance n’est pas entière.
Un homme sage va-t-il dans des lieux où l’on ne peut s’empêcher de boire à longs traits un poison violent ? […] Non, sans doute, ni les lieux publics non plus ; il y faut donc aller ? […] Faut-il aussi approuver le désordre des mauvais lieux, & en lever l’infamie ?
Les imitations du théâtre n’exigent que des pleurs ; au lieu que les objets imités exigeraient de nous des soins, des soulagements, des consolations dont on veut s’exempter. […] au lieu qu’il faudrait apprendre aux jeunes gens à se défier des illusions de l’amour, à fuir l’erreur d’un penchant aveugle qui croit toujours se fonder sur l’estime, et à craindre quelquefois de livrer un cœur vertueux à un objet indigne de ses soins. […] » « Qui peut se dire à soi-même qu’il n’a contracté aucune tache en sortant d’un lieu où les deux sexes se rassemblent pour voir et être vus, et pour voir des spectacles consacrés aux dieux des nations, où on décrit leur histoire, où on peint leurs amours, où on représente leurs infamies sous des voiles qui en diminuent l’horreur et qui en augmentent le danger ?
Elle excite en nous des sentiments plus vrais, des passions plus originales, au lieu que celles qui naissent de l’imitation, tiennent toujours quelque chose de la copie ; & que pour se servir ici d’un terme de Ciceron, elles sont non expressa quidem sed adumbrata signa affectuum . […] La Poësie n’est, à la vérité, qu’une peinture ; mais cette peinture est bien froide, lorsqu’au premier moment qu’elle frappe notre vûe, elle nous laisse assez de sang froid pour faire des comparaisons ; & pour bien juger de la fidélité du pinceau, il faut qu’elle nous tansporte dans le temps & dans le lieu où l’action s’est passée véritablement, que l’on croie la voir de ses yeux, l’entendre de ses oreilles, & il ne faut pas croire que notre ame refuse de se prêter à cette espece d’enchantement : elle s’y livre au contraire avec d’autant plus de plaisir que l’illusion de la Poësie est plus parfaite. […] Corneille vouloit que l’on eût l’indulgence pour les Poëtes Tragiques, d’admettre un lieu théatral, où, sans blesser la regle de l’unité, on voulût bien supposer que tous les événements de la piece auroient pû se passer avec vrai-semblance ; mais si son idée a quelque chose de bisarre, il ne l’est point de penser que la plûpart des hommes ont une imagination disposée à recevoir toutes les fictions & les suppositions du Poëte, où chacune se place, & où l’apparence fait presque la même impression que la vérité. […] On ne trouve dans les derniers que la satisfaction de sentir la perfection absolue de son esprit, au lieu que les premiers y font goûter une perfection rélative, ou une perfection comparée à celle des autres, & l’on ne manque guères de la croire supérieure. […] Aussi l’Imitation qui se fait des rapports intelligibles par les nombres de l’Arithmétique, par les lettres de l’Algebre, ou même par les lignes de la Géométrie, trouve peu d’admirateurs, au lieu que la plûpart des hommes courent après celle des rapports sensibles qui se fait par la Peinture ou par la Poësie, parce que pour y exercer son jugement, il ne faut y porter que des yeux & des oreilles, avec une imagination vive & un cœur facile à émouvoir.
Cela diminue l’étonnement où l’on a été de voir que l’Avocat d’une cause si favorisée n’ose ni dire son nom, ni marquer le lieu où il a fait imprimer son livre.
Au lieu que maintenant que nous ne les connaissons pas, nous sommes plus obligés de nous tenir sur nos gardes, et de tâcher de nous avancer dans la vertu… La règle de ce Père qui ne regarde pas précisément la matière dont nous parlons, peut bien y être appliquée.
Des deux réflexions qui composent la dernière partie, on n’aurait point vu la plupart de la dernière, et l’Auteur n’aurait fait que la proposer sans la prouver, s’il en avait été cru, parce qu’elle lui semble trop spéculative, mais il n’a pas été le maître : toutefois, comme il se défie extrêmement de la délicatesse des esprits du siècle, qui se rebutent à la moindre apparence de dogme, il n’a pu s’empêcher d’avertir dans le lieu même, comme on verra, ceux qui n’aiment pas le raisonnement, qu’ils n’ont que faire de passer outre.
par lequel ils montrent que les ravisseurs sont excommuniés par les Ordinaires des lieux ; d’où ils concluent, que les Evêques ont pouvoir d’ordonner généralement tout ce qui est nécessaire pour le bon règlement de leurs peuples touchant les mœurs, c’est-à-dire, pour les établir dans la vertu, et pour les éloigner du vice.
« à chanter ou les louanges de Dieu ou les histoires des Paladins ou d’autres choses honnêtes en temps et lieu convenable. » Un si saint homme n’appellerait jamais honnêtes les chants passionnés, puisque même sa délicatesse va si loin qu’il ne permet pas d’entendre « le chant des femmes » Ibid.
Dans le saint lieu même souvent vous avez eu des tentations : comment n’en auriez-vous pas à la comédie ?
Mais vous prétendez qu’un bal serait aussi dangereux aux Tuileries que dans tout autre lieu ; encore une fois, vous ne ferez croire à personne que dans le palais du Roi de France très-chrétien, les devoirs du catholique soient oubliés au point d’y permettre ce que la morale défend : on y donne chaque jour des exemples de piété, et pour prouver que le danger existe, il ne faudrait pas se borner à dire : il y a du danger. […] … Qu’arrive-t-il dans ces lieux, où règne une contrainte éternelle, où l’on punit comme un crime la plus innocente gaîté, et où l’indiscrète sévérité d’un pasteur ne sait prêcher au nom de Dieu, qu’une gêne servile, et la tristesse et l’ennui ?
Saint Isidore de Seville qui vivoit au VII. siécle, appelle le Théatre un lieu de prostitution, les Historiens sont, dit-il1, ainsi nommés, parce qu’ils racontent des événemens comme les Historiens ; mais ce sont des faits qu’on devroit passer sous silence : ils mettent sous les yeux du peuple2 toute la conduite d’un scélerat illustre, en la décorant des Vers plaintifs de la Tragédie. […] Martial se mocque d’un homme sage qu’il rencontre dans l’Amphithéâtre, ce lieu n’étant point l’azile de la sagesse, la vertu d’un Caton auroit bien de la peine à s’y soutenir.
En supposant d’ailleurs que le vin fasse éclater les mauvais desseins qu’un méchant couvait à jeun, il faut donc regarder comme un malheur qu’il se soit enivré, car il aurait peut-être toujours couvé, dans son sang-froid, un projet funeste dont l’exécution lui aurait paru dangereuse, tant qu’elle n’aurait pas pu être accompagnée de certaines circonstances que sa prudence lui faisait juger nécessaires, au lieu que l’ivresse l’aveuglant sur les dangers de l’entreprise, sa témérité lui fait tenter avec succès ce qu’un homme à jeun n’aurait pas osé tenter. […] La Police, en tous lieux, a besoin de s’appuyer de la force, parce qu’il y a partout des réfractaires, et Genève est obligée, comme toutes les autres Républiques, d’employer sans doute cette marque de la Tyrannie pour conserver sa liberté.
Telles sont les lois qui défendent les spectacles les jours de dimanche, qui interdisent aux Comédiens les habits ecclésiastiques ou religieux, et même les habits et les parures trop riches, qui ordonnent d’ôter des lieux publics leurs portraits, qui donnent à toutes les personnes attachées au théâtre la liberté de se retirer quand elles veulent se convertir, et défendent d’administrer les derniers sacrements aux Comédiens qu’après un sérieux examen et des preuves bien certaines de leur conversion, constatées par l’information des Juges et l’approbation des Evêques. Plusieurs de ces lois regardaient nommément les Magistrats, comme celles qui leur défendaient d’aller à la comédie après dîner, de faire aux Acteurs d’autres largesses que d’une somme modique qui était taxée ; de paraître aux spectacles que deux ou trois fois l’année, le jour de la naissance et du couronnement de l’Empereur ; de transférer pour leur satisfaction les Acteurs, les décorations, les chevaux, d’une ville dans une autre, afin de se donner ce divertissement dans le lieu de leur séjour, etc.
Saint Chrysostôme appelle les spectacles l’école du démon ; Saint Augustin celle des passions ; & Saint Cyprien, comme un lieu d’apostasie. […] Dans presque tous les Conciles l’Eglise a dit anathême aux spectacles, comme à des lieux infames ; elle a excommunié les Comédiens. […] Que n’ont pas à craindre les gouvernemens, qui non seulement tolerent, mais encore donnent ouvertement leur protection à des amusemens qui sont ordinairement pour la jeunesse les écoles du vice, des lieux privilégiés destinés à irriter les passions, des écueils où l’innocence attaquée par les yeux & les oreilles, séduite par les maximes d’une morale lubrique, réchauffée par la musique & des danses lascives, s’expose à des naufrages continuels ?
Personne n’ira sur des lieux les contredire. […] Si les anciens, au lieu qu’ils nous ont précédé, venoient après nous, & traduisoient nos théatres ; en voyant notre Réligion bannie de presque toutes nos piéces, tournée en ridicule dans plusieurs, & traitée si froidement dans la plupart de celles où par hazard on en parle, ils nous traiteroient d’impies, auroient-ils tort ? […] Vous voyez que nos nouveaux Magistrats ont l’esprit guerrier, au lieu que l’ancienne Justice passoi pour pacifique.
Les divers mouvemens du Chœur à droit ou à gauche, ou vis-à-vis les Spectateurs, qui donnerent lieu à ces termes, strophe, antistrophe, épode, étoient faits, suivant les uns, pour imiter les mouvemens des Planetes ; & suivant d’autres avoient été établis par Thésée à son retour de Crete, en mémoire du labyrinthe. […] Comme il ne sortoit point du Théâtre quand une fois il y étoit entré, ou du moins n’en sortoit qu’en partie, sa présence conserva la vraisemblance d’une Action qui se passe devant des témoins : ainsi les Poëtes se virent obligés d’observer l’unité d’Action, & l’unité de Lieu. […] Les Commentateurs de Boileau qui nous disent tant de choses, ne nous disent point pourquoi en traduisant ces vers d’Horace, Boileau a mis le brodequin au lieu du cothurne, & pourquoi il donne à Sophocle l’honneur qui appartient à Eschyle d’avoir le premier intéressé le Chœur à l’Action.
Tous les Magistrats, en tout tems, en tou lieu, pouvoient sans formalité faite donner les verges à un acteur, ils ne jouissoient pas des priviléges des Citoyens Romais ; les loix les déclaroient infames, la plûpart étoient esclaves, & les Maîtres avoient droit de faire fouéter leurs esclaves, quand il leur plaisoit. […] On a ramassé tout ce qu’on a trouvé, avec cette différence qu’on l’a arrangé selon l’ordre des tems, au lieu que dans les autres tout est placé au hazard, sans aucune suite. […] Cette histoire n’est pas propre au théatre, ce ne sont que des attrocités & des révolutions alors faciles, sans intérêt théatral, & sans unité ni d’action, ni de lieu, ni de tems. […] M. de Voltaire & Madame du Chatelet ont fait long-tems les honneurs de la comédie de Sceaux ; il y pleuvoit des Impromptus à verse : en voici un du Poëte à la Marquise, qui venoit de chanter le rôle d’Issé : Charmante Issé vous nous faites entendre, Dans ces beaux lieux les sons les plus flatteurs, Ils vont droit à nos cœurs.
La parure de la femme est un glaive flamboyant ; & partant ce lieu est bien à craindre, auquel l’ennemi a tant de glaives. Le Diable frappe en ce lieu avec un glaive aiguisé ; car les femmes qui viennent au bal se fardent & s’ornent ; lequel fard & ornement est la meule sur laquelle le Diable aiguise son glaive, & la danse est la roue qui la fait mouvoir. […] Chaque année c’est la belle & la noble occupation tous les jours de carnaval, mais on y veut de l’ordre, de l’esprit, de la science, au lieu qu’en France ce sont des chaos. […] Un nombre infini de personnes se rendent à un lieu marqué ; personne ne s’y connoît tout le monde est masqué, chacun à son gré, de la maniere la plus bisarre, la plus grotesque, la plus extravagante qu’il a pu imaginer.
Linguet, après avoir soutenu avec courage le parallele des deux scènes de Paris & de Madrid, dans le détail des ornemens, ballets, intermedes, actrices, sifflets, &c. attaque avec la même intrépidité les légions dramatiques de cette puissante monarchie, il en critique les défauts : longueur énorme des pieces, ridicule des habits contraires au costume, par l’attachement aveugle de la nation à ses usages, mépris des regles, point d’unité, d’action, de lieu, de temps, enfant au premier acte, & barbon au dernier . […] Leurs autres poëtes, quoique enthousiasmés de celui-ci, sont pourtant plus retenus ; le génie de la nation enfante toujours quelques excès, c’est le fruit du terroir : mais ils en ont moins, ils les préparent mieux, il les adoucissent ; au lieu que le fougueux Shakespear brusque tout, & ne connoît point de regle. […] Les Peres & les Papes ont non-seulement condamné les baladoires, danses en effet très-licencieuses, du premier janvier & du premier de mai, qu’on appelloit d’abord majumes, ils ont aussi défendu, comme nos Rois, les danses publiques les jours de fêtes & dans l’église, comme très-contraire à la sainteté du temps & du lieu. […] Il n’y a pas moins de dépravation dans les lieux où l’on ne danse pas.
LE sieur Dorat, qui, au lieu du titre d’Académicien de vingt Académies que se donnent les Ecrivains, se pare de celui d’Ancien Mousquetaire, espece d’Académie grise ou noir fort peu analogue à la Littérature & qui ne donne aucun droit ni au Temple de Memoire, ni à celui de la Religion & de la Vertu. […] Les contes & la plupart des œuvres de Dorat sont beaucoup plus licencieux que les contes de Lafontaine ; c’est une vraie nudité, une infâme obscénité, en style plus élégant que Marot, Regnier, & Rabelais, mais plus dangereux ; il ne s’en cache pas, la modestie lui est inconnue ; on n’a pas besoin de savoir qu’il étoit livré au théatre & aux Actrices ; son style, selon l’expression de Boileau, se sent des lieux que frequentoit l’Auteur ; il allarme souvent les oreilles pudiques . […] Tant de damnés qu’en fete sur la terre, Foule d’élus qui brulent dans ces lieux, Malgré leurs cris, de concert on t’admire ; Ah ciel quel feu ! […] Dans un temple charmant que le goût se rappelle, Et dont lui seul étoit le Dieu, L’amour avoit une chapelle Que desservoit ce grand Prétre Chanlieu, Pontife un peu gouteux, mais Célébrant fidele ; Si digne en tout des Prêtresses du lieu, Et cite-moi deux accidens plus tristes Que les dînées d’agriculteur Et les soupés d’économistes.
La compagnie n’y étoit pas nombreuse, à la vérité, & il n’y avoit point de masque, Adam & Eve n’avoient pas même d’habits ; mais la beauté du lieu devoit rendre la salle fort agréable. […] La plupart des mouvemens du corps, des gestes, des attitudes, sont sans doute des signes des mouvemens de notre ame, & comme des traits du tableau, signes très-naturels qui échappent souvent sans qu’on y pense, & n’en sont que plus expressifs, signes moins arbitraires que les mots, qui sont différens dans toutes les langues ; au lieu que les gestes, par-tout les mêmes, sont entendus de tous les hommes, & même des animaux, qui fuient, viennent, craignent, caressent, selon qu’on les appelle ou les menace, qui ont eux-mêmes leurs gestes très-significatifs pour se faire entendre, & entr’eux, & des hommes. […] De là sont venus les bals : tantôt amusement libre & plus gai, tantôt cérémonie d’étiquette dans des fêtes publiques, magnifique, mais grave & sérieux, & toujours dangereux, par-tout les écueils inséparables de la danse, la bizarrerie, la licence des masques, l’heure indue, les passions que tout y excite & y favorise ; il conserve quelque chose de son origine par les rafraîchissemens qu’on y sert, qui en sont aujourd’hui les intermèdes, au lieu que la danse fut d’abord l’intermède des repas. […] Tous les plaisirs sont réunis dans ce lieu enchanté, ce Wauxhal François, qu’on appelle les Fêtes de Tempé par un petit trait d’érudition.
Je ne sache pas que les Catholiques aient usé de représailles, et vraisemblablement ils n’auraient pas mieux réussi, quoiqu’ils eussent trouvé une matière abondante dans les fureurs du Baron des Adrets, la morale licencieuse de Bèze, la polygamie du Landgrave, les bouffonneries et le mariage de Luther, les amours tragiques d’Henri VIII, dans la papauté d’Elisabeth, Papesse de l’Eglise Anglicane, bien mieux que dans la chimérique Papesse Jeanne, puisque celle-ci, fût-elle aussi réelle que Blondel la démontre fausse, elle ne l’eût été que par hasard, trompant par son déguisement, au lieu qu’Elisabeth le fut publiquement, par système, pendant tout son règne, ce qui eût bien valu le Pape de paille que l’on brûlait tous les ans à Londres en cérémonie. […] le Chrétien connaît-il de lieu et de temps où la piété soit déplacée et l’Evangile ridicule ? […] Serait-ce respecter le lieu saint, que d’y donner des rendez-vous criminels ? […] Quel plus beau jeu pour le vice, que d’être associé à la vertu, dans les mêmes lieux, les mêmes temps, le même exercice, par les mêmes personnes, qui sans changer de sentiment ni de conduite, mais seulement d’habit et de masque, jouent indifféremment tous les rôles !
Ce vice ne respecte rien, ni le lieu, ni le temps, ni l’état, ni la personne, & malgré les lumieres de la raison & de la conscience, il sacrifie tour à ses transports. […] Dans un si grand éloignement de tems & de lieux, après tant de révolutions arrivées depuis quatre mille ans dans cette partie du monde, théatre d’une infinité de guerres & de vicissitudes, on doit avoir perdu les traces de la plupart des choses & des personnes. […] Il forme les organes du corps, les lumieres de l’esprit, les sentimens du cœur, le caractere du Soldat & du Capitaine, les circonstances des tems & des lieux, pour l’accomplissement de ses volontés. […] Elle est pourtant excusablé ; car quoique la morale ait toujours été la même, les idées dans ces lieux, dans ces tems éloignés, étoient moins austeres que dans l’Eglise Chrétienne. […] En conséquence on a ouvert un grand Bureau pour la distribution du rouge végétal de toutes sortes de nuances, on l’a placé pres les Gobelins, lieu très-convenable par son voisinage de la manufacture des tapisseries : le visage des Dames est une sorte de tapisserie qui représente toute sorte de couleurs ; la manufacture des visages en est une branche.
le lieu de la Scène.
Si les Canons ne permettent pas seulement aux Ecclésiastiques de se trouver aux lieux, et dans les occasions, où se font les Danses ; Comment pourrait-on prétendre, qu’ils pussent eux-mêmes danser sans péché.
donne à ce mot : mais ce philosophe le prend en bonne part, au lieu que Saint Chrysostome regarde la mobilité de cet homme qui se revêtit de toutes sortes de formes pour divertir le monde, ou le faire rire, comme un caractère de légèreté qui n’est pas digne d’un chrétienChrysost.
Les spectacles sont pour eux des écoles de vice, des lieux privilégiés destinés à irriter leurs passions, des écueils où leur innocence, attaquée par leurs yeux, par leurs oreilles, séduite par les maximes d’une morale lubrique et par des danses lascives, s’expose à des naufrages continuels.
Peut-être n’a-t-on pas renoncé au fond des choses ; mais ce n’est pas ici le lieu de ces sortes de recherches.
Le Prince l’emporta sur le Prelat, le profane sur le sacré ; au lieu que le sacré eût dû corriger le profane : renversement ordinaire, on fait plus de cas de la noblesse que de la dignité, on vit plus en Seigneur qu’en Evêque. […] Jean de Luz, lieu de la conférence des Ministres des deux Couronnes, pour y ménager ses intérêts. […] Au reste, c’est être bien galant de signer les placets des Dames sur les balustres de l’Autel , pour ne pas les faire attendre, en les renvoyant à un lieu, à une heure moins indue ; il y a là plus de galanteries que d’exercice de piété.
« C’est dommage, dit-il, de semer en terre de notre cœur des affections si vaines et si sottes : cela occupe le lieu des bonnes impressions, et empêche que le suc de notre âme ne soit employé ès bonnes inclinations. ». […] On ne s’était point encore avisé de ce lieu Théologique : et il était même échappé à la diligence de Melchior Canus, qui a fait un dénombrement assez exact des lieux communs de Théologie. […] Passons avec lui à la troisième condition, qui consiste à prendre garde aux circonstances des temps, des lieux et des personnes. […] Pour ce qui est de la circonstance des lieux : s’il n’y avait que cela à reprendre dans les Comédies d’aujourd’hui, elles seraient plus supportables : on avoue qu’en France on ne permet pas qu’elles se jouent dans les Eglises, et qu’on n’y souffre pas même qu’elles se jouent dans les lieux où l’on rend la Justice : mais ce n’est pas par là apparemment que le Docteur en voudrait prouver l’innocence. Car enfin si on les bannit des Eglises et des lieux où l’on rend la Justice, ce n’est pas pour leur trop d’honnêteté ni pour leur trop de modestie.
« En certains lieux les Spectacles seront utiles pour rendre les gens riches moins mal-faisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui faire oublier ses Chefs en voyant ses Baladins ; pour maintenir et perfectionner le goût quand l’honnêteté est perdue ; pour couvrir d’un vernis de procédés la laideur du vice ; pour empêcher, en un mot, que les mauvaises mœurs ne dégénèrent en brigandage. […] « Quant au choix des instruments propres à diriger l’opinion publique, c’est une autre question qu’il serait superflu de résoudre pour vous, et que ce n’est pas ici le lieu de résoudre pour la multitude.
On a tout lieu d’appréhender qu’en ces moments critiques elle ne nous abandonne. […] Est-ce que le lieu change tout à coup la disposition de leur cœur, et convertit en objet de plaisir ce qui était un objet d’aversion pour elles ? […] Ce serait traiter les Dames à peu près de la même manière que ceux qui reçoivent leur argent, pour les insulter à la face d’une nombreuse Assemblée : ce serait s’imaginer qu’elles se repaissent d’idées criminelles, qu’elles sont accoutumées au langage des mauvais lieux, et qu’elles aiment à voir des représentations abominables. […] au lieu qu’en ceci les Anglais sont extrêmes. […] Qu’eût-on dit si comme ce grand Docteur de l’Eglise, j’eusse fait voir cette Vierge dans le lieu infâme ?
Après avoir employé toute votre Rhétorique à nous convaincre du mal auquel la Tragédie donne nécessairement lieu, vous en venez à la Comédie. […] L’honneur des maris sera en sûreté comme auparavant, et; la médisance n’aura plus lieu. […] Comme tout dégénere, on a été obligé d’abolir ce genre de Cérémonie dans nos Temples, mais ce qui devenoit peu séant dans le lieu saint, peut être et; est effectivement très-honnête dans nos Salles. […] Il se peut faire que vous ayez aimé la Comédie à la passion, mais, Autres tems, autres lieux, tout a changé de face. […] On entend ces paroles sans voir les Acteurs, la Scene est occupée par le chœur, au lieu qu’Eschyle, fait paroître Clytemnestre demandant grace à son fils.
On n’a pas moins lieu de rire, en voyant le successeur du sieur Querlon dans les Affiches, quoique Ecclésiastique & homme d’esprit, s’écrier d’un ton lamentable : Quand on songe que c’est l’Auteur du Misantrope, le Traducteur de Lucrece, le Disciple de Cassendi, l’appréciateur de Lafontaine, qui s’expose aux huées du peuple, monté sur un âne, on ne peut s’empêcher tout à la fois de le plaindre & de l’admirer.
Quelle école, en ces lieux, pour la faible jeunesse, Que celle, où l’on enseigne à sentir la tendresse ?
Je vous prie, que fait un acteur, lorsqu’il veut jouer naturellement une passion, que de rappeler autant qu’il peut, celles qu’il a ressenties, et que s’il était chrétien, il aurait tellement noyées dans les larmes de la pénitence, qu’elles ne reviendraient jamais à son esprit, ou n’y reviendraient qu’avec horreur : au lieu que pour les exprimer, il faut qu’elles lui reviennent avec tous leurs agréments empoisonnés et toutes leurs grâces trompeuses ?
Il est certain qu'il n'y a rien dans toute la doctrine des mœurs que les Pères aient traité plus à fond, ni où ils se soient mieux précautionnés contre tous les faux raisonnements dont on se devait servir dans la suite des siècles pour justifier la Comédie, de sorte qu'ils n'ont laissé aucun moyen à ses défenseurs de donner à ce qu'ils en ont écrit, des interprétations à leur mode, ni aucun lieu de douter de leurs sentiments, à ceux qui cherchent la vérité dans la tradition de l'Eglise, dont ils sont les dépositaires.
Tout savant qu’il est, notre écrivain danseur n’observe aucune regle usitée de temps, de lieu, d’action, intrigue, dénouement, liaison d’actes, tout est négligé, tout est violé, son dessein est trop vaste, il entraîne une infinité de choses éloignées, étrangeres, disparates : un peu d’économie théatrale en eût fait plusieurs drames. […] Il n’y avoit à aucune les trois unités, ni de lieu, ni de temps, ni d’action ; on rouloit d’action en action, de lieu en lieu, de moment en moment.
Il se moque d’une Dame qui dans ses repas ne mangeoit pas parce que les sauces gâtoient le vermillon qui fait l’éclat de sa bouche divine, & que la galimafrée gatoit le corsage divin de sa taille, en tous lieux admirée . […] C’étoit la divine Emilie, Qui jusques dans ces lieux portoit L’image de ce qu’en la vie Le plus tendrement elle aimoit. […] La méchanisme des vers est pitoyable : vers faux, fausse mesure, fausse rime ; d’une syllabe il en fait deux, de deux il en fait une, pour accourcir ou allonger ses vers selon le besoin ; des phrases louches, des mots sales & bas de cabaret & de lieu de débauche.
Les cafés, le théatre, le jeu, le vauxhal, sont-ce-là les lieux propres à délibérer sur les affaires, & à s’armer de zele, de cette vigilance, de cette fermeté si digne de l’homme public, sans lesquelles on n’arrêtera jamais la contagion ? Ces lieux qui ne respirent que luxe, que dissipation, que galanterie, vos galas, vos mascarades, vos spectacles, vos divertissemens nocturnes, à quoi servent-ils qu’à ruiner votre santé, épuiser votre bourse, troubler votre repos, & vous mettre hors d’état de remplir vos devoirs ? […] Il en est à Venise dont la République tire un profit considérable, comme des lieux de débauche & des théatres.
Il en est ainsi des temps & des lieux. Tous les peuples ne sont pas également vicieux, ni tous les lieux aussi grossiers. […] Chez toutes les nations le mélange des hommes & des femmes dans les lieux publics, même dans les Temples, n’est pas souffert.
Or de bonne foi, a-t-on lieu de dire cela des Comédiens ? […] Ainsi travailler à les purifier, c’est entreprendre de nettoyer un champ, dans lequel une fontaine qui serait dans un lieu plus élevé, entraînerait sans cesse quantité de limon et de boue, puisqu’il en reviendrait continuellement autant qu’on en pourrait ôter. » PétrarquePetr. […] « Quando sederis ut comedas cum principe, diligenter attende quæ apposita sunt ante faciem tuam. »Prov. 23 Cela étant ainsi, il ne faut pas s’étonner si l’on voit la plupart de ceux qui fréquentent la Comédie s’abandonner à la mollesse d’une vie toute sensuelle ; et si au lieu qu’on ne doit se divertir que pour mieux travailler, ces sortes de gens se divertissent incessamment, et ne travaillent jamais.
exhorte les parents d’éloigner leurs enfants de toutes les occasions où ils sont en danger de perdre le précieux trésor de leur innocence, et surtout de les empêcher d’aller aux spectacles ; comme on empêche une servante, dit-il, de porter une chandelle allumée en des lieux où il y a de la paille, de peur que lorsqu’on y pense le moins, il ne vienne à tomber une étincelle de feu dans cette matière combustible, et ne cause un embrasement entier de toute la maison. […] Et courir tous les bals, et les lieux d’assemblées… Leur donner liberté de voir les Damoiseaux, Et se faire par eux apporter des cadeaux. […] Comme il n’y a rien de plus déguisé, de plus caché et de plus impénétrable que l’esprit et le cœur d’une fille ; les parents se garderont bien de mener les leurs en un lieu où elles apprennent tous les tours, toutes les malices que le diable a inventées pour les pouvoir tromper, et ils se souviendront toujours « Que les soins défiants, les verrous et les grilles,Dans l’Ecole des Femmes.
» au lieu que de Phèdre on dit « la pauvre femme ! […] Voilà ce que d’habiles gens, des connaisseurs délicats, remarquent au premier coup d’œil ; « au lieu que nous autres petits Auteurs, en voulant censurer les écrits de nos maîtres, nous y relevons, par étourderie, mille fautes, qui sont des beautés pour les hommes de jugement. »by C’est donc votre fautebz de n’avoir pas senti pourquoi M. de Crébillon a conservé au caractère d’Atrée toute la noirceur qu’il a trouvée dans l’original Grec, à très peu de chose près ; c’est votre faute de n’avoir pas senti pourquoi ce Sophocle Français a mis, dans la bouche de ce monstre ce vers terrible qui vous révolte si fort ; c’est votre faute enfin de ne pas savoir que plus un Scélérat est heureux, plus il est en horreur à tous ceux qui le connaissent. […] Il est certain que trop de complaisance pour sa faiblesse l’entretiendrait dans l’indolence et l’empêcherait de se fortifier suffisamment pour vaincre les difficultés qui lui seront proposées dans l’âge viril ; donc les anciens, en ne montrant que des hommes, ne pouvaient à peine faire que des hommes de leurs jeunes gens, parce qu’il est rare qu’on s’efforce de surpasser ou même d’égaler son modèle, au lieu qu’il est probable que nous faisons des hommes, puisqu’en n’offrant pour modèle que des Héros à nos jeunes gens, nous les mettons dans le cas de rougir de ne pas devenir au moins des hommes.
Quand ils n’encourraient pas de censure proprement dite, tout ce que nous en avons dit, et qui est incontestable, n’aurait pas moins lieu. […] On ne peut donc rien conclure en leur faveur de la liberté qu’on leur laisse d’entrer dans l’Eglise, d’entendre la messe, de commercer avec les fidèles, etc., non plus que contre le refus des sacrements, qui vient d’un autre principe, savoir, la notoriété du péché, qui n’étend pas ses effets plus loin, parce qu’elle ne doit empêcher que la profanation des sacrements, « nolite dare sanctum canibus » ; au lieu que l’excommunication retranchant de l’Eglise, traitant comme un païen et un publicain, livrant à Satan, etc., prive de tous les biens communs à tous les fidèles. […] M. de Vintimille, Archevêque de Paris, trouva si indécent qu’on chantât des choses saintes sur le théâtre de l’opéra, qu’il le défendit, et il n’y eut point de concert, jusqu’à ce qu’on eût trouvé un lieu moins profane (Histoire de l’Opéra, pag.
Si je ne démontre point, dit-il, par des preuves bien établies, par des faits matériels et incontestables, qu’il a l’âme fausse et perverse, que sa conduite est celle d’un de ces brigands déguisés et heureux qui troublent le repos des honnêtes gens, et entretiennent les malheurs de mon pays, qu’en réparation de la calomnie, et pour un exemple aussi salutaire, je sois moi-même traité comme un perturbateur ; que j’en sois banni pour toujours de ma chère patrie, et que le désert le plus lugubre devienne le lieu de mon exil et de ma sépulture !
Si c’est l’année des filles, elle est couronnée de Roses, la Dame du lieu lui attache la médaille qui pend à un ruban couleur de rose. […] Ce mauvais goût gâte les pieces, il fait gémir la vertu ; les prix dramatiques sont l’ouvrage de l’Académie françoise, qui, en couronnant l’éloge de Moliere, a prostitué ses lauriers, un siecle après sa mort, à celui qu’elle avoit méprisé pendant sa vie ; jugement qui porte atteinte aux bonnes mœurs en donnant lieu d’en estimer le corrupteur & tous ceux qui se piquent de l’imiter.
L’instinct du Christianisme va si fort à en éloigner, que les Païens reconnaissaient qu’un homme était devenu Chrétien dés qu’ils ne le voyaient plus dans ces lieux, et la curiosité y ayant un jour conduit une Chrétienne, le démon prit possession d’elle aussitôt, et comme on le conjurait dans les exorcismes de dire ce qui l’avait rendu assez insolent pour s’emparer du corps de cette servante de Jésus-Christ, il répondit par sa bouche qu’il l’avait trouvée dans sa maison, in meo inveni. […] Peut-on, (avouez-le de bonne foi, je n’en veux point d’autres témoins que vous) peut-on conserver des sentiments de piété dans un lieu où tous les objets ne sont propres qu’à détourner de Dieu, et attacher à la créature ?
Et ne reconnaît-on pas qu’ils ont changé de vie, et qu’ils sont pour ainsi dire, devenus Chrétiens une seconde fois, en ce qu’ils refusent de se trouver dans ces lieux, qu’ils ne savent que trop leur avoir été funestes ? […] rapporte, qu’une femme Chrétienne étant allée au théâtre et à la comédie en revint possédée du diable, et que les Exorcistes lui demandant comment il avait osé attaquer une Chrétienne, il répondit qu’il l’avait fait sans crainte, parce qu’il l’avait trouvée dans un lieu qui lui appartenait.
Au reste, cette proscription a toujours existé de droit, & elle eut alors lieu de fait pour tous ceux qui réfléchirent utilement sur le repentir de Jean Racine. […] En effet, Monsieur, le cœur s’attache, au lieu que l’esprit ne s’occupe point toujours des mêmes idées. […] L’insensé, qui ne craint pas Dieu, est le jouet éternel de tout ce qui l’environne ; au lieu que le sage, qui le craint, exerce une espece d’empire sur toute la nature & sur soi-même. […] Les imitations du Théatre n’exigent que des pleurs ; au lieu que les objets imités exigeroient de nous des soins, du soulagement, des consolations dont on veut s’exempter. […] Faudroit aussi être soigneux qu’elles fussent bien observées à la Cour, à Paris, & aux lieux où il y a Corps de gens de guerre.
Il me semble que les Auteurs n’ont pas tout-à-fait lieu d’être mécontens d’un pareil usage.
Dans cette Tragédie informe, on trouve déja une Action grande, une, & qui se passe dans le même lieu.
Il se livrait donc sans peine à la supposition sur laquelle les incidens de la Pièce sont fondés, au lieu que nous avons beaucoup de peine à nous prêter à cette supposition, dans la Représentation des deux Pièces* que Molière & Renard ont imitées de Plaute.
Mais comme les Théâtres font une partie de ces réjouissances publiques, je me vois contraint d’examiner en ce lieu-ci la Comédie, et de rechercher si ce plaisir est aussi permis qu’il est devenu commun.
Nos décorations auroient aisément servi à la scene Grecque & Romaine, & les décorations Grecques & Romaines formeroient aisément nos théatres ; il n’en est pas de la Peinture comme du langage & du style ; celui-ci se diversifie, & prend différentes nuances, selon les lieux & le caractère des peuples ; le pinceau rend toujours les objets tels qu’ils sont, ce fut toujours une Venus : le corps humain ne change pas, le peintre ne peut représenter que les mêmes carnations, & les mêmes formes, Laïs & la Couvreur, Phriné & la Clairon seront toujours des portraits très-dangereux. […] Tableau qui y attira un monde infini, & en fit un lieu de débauche, pour honorer la Déesse. […] De cet horrible mariage naquit Paphus, Roi de Paphos, Isle célebre pour son lieu de prostitution, qu’on appelloit Temple de Venus, & après Paphus une longue suite de débauchés, dont les avantures remplissent nos théatres. […] Cet usage subsiste encore ; il est peu d’hôtels & des jardins de Seigneurs, où les ornemens de sculpture & de peinture, dans les allées, les bosquets, les parterres, les cabinets n’en fassent des lieux de volupté, plutôt que des délassemens.
Personne depuis les Grecs, dans aucun coin du monde, n’avoit pense de rendre des honneurs publics à des gens que les loix déclaroient infâmes, & bien loin de leur ériger des statues, les Empéreurs avoient défendu de souffrir leur portrait dans les lieux publics, (voyez livre à en entier. […] Un buste, un pied d’estal pour un si grand Dieu, ont quelque chose de bien mesquin ; il faudroit une statue entiere, & même un colosse comme celui de Rhodes : aussi les comédiens qui se sont fait tant d’honneur, il y a quelques années, en rendant hommage à Corneille, non par une fête séculaire, mais en donnant à sa niéce le profit d’une représentation, & après avoir payé un tribut si noble & si légitime (à très peu de frais) au pere de la tragédie, viennent de faire éclater leur reconnoissance, (à aussi bon marché) envers leur pere, le créateur & le modèle de la bonne comédie, par un grand effort, ils ont réservé le profit de la premiere & de la derniere représentation des deux farces faites pour lui, l’Assemblée, & la Centenaire, les destinent à lui faire élever une statue ; mais il s’en faut de beaucoup que cette foible somme, (je la croyois grande, puisqu’on fait tant valoir la générosité des comédiens,) que cette foible somme soit suffisante, pour les frais du monument ; il y a lieu de croire qu’ils seront sécondés par une nation sensible & généreuse, qui ne permettra pas qu’un projet, qui l’honore, soit comme tant d’autres, vainement annoncé. […] L’amour a des attraits invincibles, le cœur ne peut s’en défendre, surtout lorsque tant d’exemples l’invitent à se satisfaire, & qu’au lieu des noms odieux qu’on donne à l’amour, on ne le présente que comme une galanterie nécessaire dans le monde ; c’est la morale que Moliere a prêchée toute sa vie, qu’on prêche encore tous les jours au théatre, elle produisit alors l’effet que le Prince s’en étoit promis, la defaite de cette femme suivit de près. […] Quel fut l’étonnement de cette Princesse, lorsqu’on lui répondit que sa grande piété la trompoit, & qu’elle pouvoir calmer ses allarmes, puisque l’Abbé Bergier son confesseur, lui permettoit d’assister à cette piéce, & même l’avoit approuvée : une Duchesse de la Cour, instruite de cette circonstance, fit prier l’Abbé de venir chez-elle, & lui dit que s’intéressant à sa réputation, elle désiroit d’apprendre de lui-même, les moyens de le disculper, d’avoir donné son approbation à une pièce si scandaleuse, qu’il les lui donnat par écrit pour les faire valoir en tems & lieu ; il s’en tira très-mal, on n’a pas soupçonné sa foi ; mais on ne doute pas de sa négligence ; il a prétendu qu’on avoit corrompu la piéce depuis son approbation, en insérant plusieurs morceaux ; cela n’est pas impossible.
Les amoureuses de notre siecle ont leurs statuts qui ne sont pas, il est vrai, dressés par les Evêques, elles ne célèbrent la fête d’aucun Saint & ne font point de procession ; mais quoiqu’elles aient un lieu fixe, elles se répandent par-tout : il n’y a plus de honte à se rendre dans leurs coulisses & à les fêter chez soi. […] On voit à nos promenades & autres lieux publics deux sortes de Prêtresses de Vénus, les filles entretenues, & celles qui n’ayant pas encore l’honneur de l’être, ne refusent aucune offrande. […] Ces monumens sont dans la tête des amateurs ; les gens sages n’ont pas cru devoir dégrader les lieux publics, C’est bien assez de tolérer le théatre ; faut-il rendre la gloire des grands hommes commune avec des Histrions ? […] Le théatre est un lieu public où pour de l’argent en présente le vice sous les couleurs les plus flatteuses.
& 8. de Rome tenus soubs le Pape Zacarie, de Bragara & Martin Euesque de ce mesme lieu de Bragara en sa collection des Canons y a contribué, & à son exemple Burcard, Yues Euesque de Chartres, Hildebert du Mans, Gratian & Anthoine Augustin en leurs decrets, les Penitenciers de Rome & de Raban Archeuesque de Majance, indisent de grieues peines à ceux qui masquent & idolatrent, Balsamo synodi Trullensis c. […] Arriere fols, arriere masques, ce lieu est S. & sacré, & porte au frontispice l’image d’vne vierge tenant son fils Iesus, arriere prophanes impures de cet objet de pureté & saincteté, arriere fols de cet objet de prudence, arriere du lieu où vous faictes les insensez à l’enuy, Vet. charta & mortualia. […] Arrieres masques de ce lieu, c’est le Cemetiere de voz Euesques & de voz ancestres que vous violez, leurs cendres crieront vengence à Dieu si vous cõtinuez, Concil.
Il y a dans la Tragédie unité de jour, unité de lieu, et unité d’action. […] La troisième unité est celle du lieu : L’action se doit passer dans un lieu fixe, en sorte que malgré tous les mouvements différents, et toutes les allées et les venues, les Acteurs reparaissent et se retrouvent toujours naturellement dans le même endroit. […] Il est vrai que les Pères ont terriblement déclamé contre la Comédie ; et que l’on trouve en plusieurs endroits, des Satires sanglantes contre les Chrétiens relâchés, qui assistaient aux Spectacles : Mais l’on peut dire que les Comédies de ce temps-là ne ressemblaient guère à celles que l’on représente aujourd’hui sur nos Théâtres ; c’étaient des spectacles de turpitude, où l’on n’observait nulle bienséance, et où la pudeur était offensée par des postures et des représentations indécentes ; au lieu que les Comédies d’aujourd’hui, bien loin de blesser les bonnes mœurs, contribuent à réformer les vices ; nous l’avons connu par expérience, depuis trente ans : L’air précieux avait infecté Paris et les Provinces ; on s’était fait un jargon ridicule et plein d’affectation, qu’on avait toutes les peines du monde à entendre : On affectait des manières qui jetaient les gens hors de leur naturel, et qui les travestissaient absolument : Toutes les raisons qu’on apportait pour faire sentir le ridicule de cet air précieux, ne faisaient que blanchira : La Comédie de Molière, qui exposait à la risée du public les Précieuses ridicules, les ramena au bon sens ; et les fit rentrer, malgré elles, dans leur naturel.
Est-il probable qu'une musique toute profane produise à l'Opéra les effets que les cantiques du Seigneur ne produisent pas toujours dans les lieux Saints.
Grandeur, ainsi que l’illustre Monsieur Pirot, qui l’a vu depuis peu par votre ordre vous en peut rendre témoignage, aussi bien que de la différence d’expression qu’il y a entre la Lettre et mon écrit au sujet des Rituels, que la Lettre semble traiter d’un air qui ne marque pas d’assez grands égards pour des Livres aussi dignes de respect que le sont des Rituels, en parlant de cette manière, certains Rituels, au lieu que je dis simplement dans mon écrit, quelques Rituels : Nonnulla Ritualia aliquarum Diœceseum.
Ce plan d’Histoire, susceptible d’agrément, de sel, d’un style varié selon les lieux, les temps & les personnes, pourroit former des lettres & des conversations instructives & agréables, plus amusantes qu’une Histoire suivie. […] On a changé les noms des Acteurs, quelques vers où les anciens noms faisoient la rime, le temps & le lieu de la scène ; & Amélie ou le Duc de Foix a été bien accueilli. […] Carte a pris la peine de les éclaircir & de les abréger ; il a rangé ces différentes tables par ordre alphabétique, des noms des lieux & des personnes, & a mis les noms modernes à côté des anciens noms, avec les dates, & l’indication du rôle où l’acte se trouve. […] Ils se partagerent sur ses complices, & par un second arrêt qui les absout donnerent lieu à la cassation du premier. […] Le Mercure de juillet 1770, qui rapporte très-sérieusement cette folie, comme une invention fort ingénieuse, prétend que par un heureux artifice on pourroit faire du Théatre un lieu enchanté, & rendre plus vraies & plus frappantes les scenes de magie & de diablerie, le manoir de Pluton, le Tartare, le regne des Gnomes, les décorations lugubres des funerailles, &c.
Collet comédie), c’est ici la même chose, les trois théatres sont trois lieux publics, qui entretiennent près de trois cents courtisannes, & en ont sous leurs aîles plus de mille ; ils sont plus dangereux que ceux d’Italie, les courtisannes actrices, sont plus séduisantes, plus exercées, mieux choisies ; elles s’étalent impunément, & dans les plus beaux jours, & se répandent par tout : on va au théatre & chez elles, on les appelle chez soi, sans craindre la police ; ces trois lieux fourmillent aussi des hommes courtisans pour les Dames, acteurs, danseurs, musiciens, ce qui n’est pas toléré en Italie. […] Il pleut de l’or dans ce lieu enchanté, comme dans la tour de Danaë.
7, se moque du fard, sous le nom d’un Compositeur qui a obtenu, dit-il, un privilége exclusif pour le débit d’un secret admirable qu’il a trouvé, d’un fard à l’épreuve de tous les tems, qui appliqué sur le teint, dure autant que la peau, il a tant de pratique, qu’il ne peut y suffire, il a sept à huit douzaines de visages à rendre ; c’est un peintre sur cuir, au lieu que les autres peignent sur toile ; il appelle son laboratoire, la Manufacture des visages. […] Une fenêtre, une porte, une cheminée, un lieu sombre ou éclairé, devant ou derriere, ou à côté, changent tout. […] Messaline, rivale de la premiere Poppée, qui, comme lui, couroit la nuit les rues & les lieux publics, se servoit d’une marque pareille ; crinem abscondente galero .
Mais ce fait est fort incertain, au lieu que celui des Juifs n’est pas douteuxt. […] Cette multitude infinie de corps entassés, déchirés par mille tourmens, brûlés, rongés des vers, ne peuvent qu’exhaler une puanteur insupportable, toujours renfermée dans ce lieu d’horreur : De cadaveribus eorum ascendit fœtor . […] Tous les hôpitaux, tous les cachots, tous les caveaux pleins de morts, de prisonniers, de malades, les campagnes pleines de cadavres pourris après une bataille, n’approchent pas de ce lieu d’horreur, creusé par la justice divine.
Les théatres, les brelans, les lieux de débauche, s’ouvrent dans tous les quartiers, sept à huit théatres d’opéra, le double de comédie, des farces sans nombre. […] Ainsi, ire ad feretra, aller au fenetra, c’est-à-dire aller aux bieres, au lieu où sont les bierres, au cimetiere, parce qu’autrefois on alloit enterrer ou brûler les morts hors de la ville, à l’extrémité des fauxbourgs. […] décoration passagère dont on est rarement dupe, où il entre souvent plus de légèreté que de malice ; au lieu que les autres concertés à loisir, soutenus à dessein, difficiles à discerner, plus difficiles à éviter dans les pieges qu’ils tendent, ne produisent que les fruits amers de la tromperie & du vice, qui ne les mettent en œuvre que pour remplir leurs coupables desseins.
) Par la même raison une Actrice séduite (si quelqu’une pouvait l’être) n’aurait pas droit de se plaindre de son séducteur, de l’obliger à l’épouser, de demander des dommages et intérêts, pas plus qu’une femme trouvée dans un lieu public, pour laquelle la plainte d’adultère ou de séduction n’est pas reçue. […] L’affaire traîna quelque année » ; cependant comme il n’avait fait que composer des pièces, et n’avait jamais été ni Acteur ni d’aucune troupe, au lieu que Lully était l’un et l’autre, et qu’on craignait d’ailleurs le crédit du Musicien, on s’accommoda enfin, et il fut reçu. […] Ils ne peuvent être ni accusateurs ni témoins en matière criminelle, que dans les affaires de leurs semblables, ou qui se sont passées sur le théâtre, dans lesquelles ils sont plaignants ou témoins nécessaires, de même que les femmes prostituées ne sont recevables à accuser ou à déposer que de ce qui se passe dans le lieu public.
Beziers, Narbonne, Carcassonne s’y sont signalés ; il les appelle, les défraye, ils s’exercent, ils font des essais, des repétitions ; enfin ils représentent avec toute la pompe que le lieu peut comporter ; c’est là le précieux fruit qu’ils ont tiré de leurs études, & la science éminente qu’ils ont apporté de l’Université. […] Le seul qu’on ne lui donne pas, & qu’il mérite, est celui de Lieu de débauche, sa situation est avantageuse, on y arrive par une longue allée plantée d’ormeaux, & il est entouré d’autres arbres de haute futayé, dont le feuillage met à l’abri du soleil ; une magnifique salle s’éleve dans le fond ; l’architecture en fait honneur à l’artiste, & la décoration superbe & très agréable, en fait beaucoup au peintre, il y a de tous côtés des caffés bien distribués, on y trouve toutes sortes d’amusemens & de rafraîchissemens, & d’occasions de péché.
Ils en sont coupables, & ils osent venir dans ce lieu saint. […] La différence des lieux en change-t-elle la nature ?
. » Dès lors, tous les lieux destinés aux spectacles furent dédiés à quelque Divinité. […] Tels les Rois d’Israël et de Juda, fidèles adorateurs du vrai Dieu, détruisaient les hauts lieux, coupaient les bois sacrés, anéantissaient les idoles.
diversifiées de mille manières, selon le goût et le caractère des lieux, des temps et des peuples. […] L'Eglise a toujours condamné avec indignation ces profanes extravagances ; elle a enfin réussi à les bannir du lieu saint, il n'en reste que quelques légers vestiges dans les processions de la ville d'Aix, dans quelques Communautés de filles, où le jour des Innocents les Pensionnaires sont les maîtresses, dans plusieurs paroisses de campagne, où le jour du Patron on fait des cérémonies singulières, surtout dans les folies du carnaval, dans les bals et les comédies ; ce que l'Eglise n'a jamais pu abolir, non plus que les vices qui les produisent, et les crimes qu'ils font commettre.
Les autres n’étoient remués ni par les symphonies, ni par l’éclat du lieu.
Ainsi les personnes qui s’y intéressent doivent se transporter, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, s’assembler, se consulter, se diviser, choisir des moyens, & les rejetter pour d’autres.
On choisissoit des forêts, des lieux déserts ; on prenoit le temps de la nuit, pour inspirer plus d’horreur, par la solitude, le silence & les ténebres, pour être plus libre, & mieux cacher les infamies qui s’y introduisirent ; on y venoit en foule, on y dansoit, chantoit, s’enivroit ; il s’y trouvoit des libertins, des mendians, des voleurs, quelques personnes de bonne-foi dont on avoit surpris la crédulité : voilà le Sabbat.
Si c’est en France, comme il y a lieu de le soupçonner ; les Gaulois étaient trop barbares lorsque les Romains les subjuguèrent, pour savoir même ce que c’était qu’un Livre, ou qu’un amas de feuilles écrites ; ils ne songeaient qu’à se déffendre des courses des Germains, qu’à ravager les pays de leur voisinage.