Le théatre le plus raisonnable est infecté d’un esprit de pélagianisme, d’un goût de naturalisme, qui donne tout au libre arbitre & à la nature, & ne connoît que des vertus morales qu’il veut faire croire suffisantes & possibles jusques dans le monde, qui en est le renversement : systême aussi démenti par l’expérience que faux dans les principes de la foi. […] Les loix de Romulus permettoient de répudier une femme qui buvoit du vin, ou qui avoit une fausse clef pour voler son mari. […] Les plaintes ordinaires des maris & des femmes, les raisons du refus de tous les célibataires, tournées de mille manieres, assaisonnées de toutes les plaisanteries, les grossieretés, les obscénités, que l’imagination a fourni aux Auteurs, ou que leur mémoire a ramassé dans les halles, tout cela absolument faux dans le plus grand nombre des mariages, fût-il vrai dans quelques-uns, la religion, la patience, la soumission à la volonté de Dieu, la charité qui gagne tout, seroient pour un Chrétien une solide consolation, un trésor de mérite. […] Pour le consentement des parens, dont la nature, la loi, la conscience, le bien public, l’intérêt du particulier, font un devoir essentiel, non seulement il n’est jamais ni attendu ni demandé, mais l’engagement est toûjours contracté & entretenu à leur insçû, ou contre leurs ordres & leur opposition, contre laquelle on se roidit opiniâtrément, révolte dont on fait un acte héroïque qui forme le nœud de la piece ; & pour tout dénouement bien édifiant & bien instructif pour la jeunesse, on se passe de ce consentement, on l’arrache par force, on le surprend par des mensonges, on trompe par des déguisemens absurdes & sans aucune vrai-semblance, comme sont tous ceux du Théatre Italien, par de faux actes d’un Notaire affidé, par un changement de nom, un parent supposé, &c. que sais-je !
Autre du Parlement de Rouen, qui défend, sous grieves peines, de porter, vendre, acheter faux visages, faux nez, barbes feintes, & autres choses déguisantes. […] En outre abusant de leur privilège, les masques supposent le nom d’autrui, soi-disant Princes, qui est un entregent abusif, & crime de faux qui tourne à la déception des damoiselles, lesquelle se décèlent à eux, pensant qu’ils sont ce qu’elles supposent, sont pareillement les maris déçus ; que les masques, par les propos qu’ils tiennent aux damoiselles, les dégoûtent de leurs maris, leur mettent la gloire par leurs flatteries, qui est cause que quelquefois il y a de l’âne & de la mule aux femmes ; que les masqués entrent avec nombre de varlets qu’on ne connoît pas, qui font désordre à la cuisine, sur la chambriere & sur les vivres, &c. qu’ils sont embâtonnés, garnis d’épées & de poignards en leurs brayettes, en sorte que la force est devers eux, & les maris ne sont plus maîtres on leur maison, leur disent des paroles outrageantes, & commettent plusieurs autres grands abus. […] Ne feront aucun signe ou apparence d’être matris & fâchés ; pourront se retirer chez eux, sans qu’ils puissent laisser de ces vieilles nommées faux dangers, pour contrôler & leur faire aucun rapport.
Il a fallu envelopper la calomnie, et; pour lui donner plus de cours, vous vous êtes avisé d’accumuler des principes faux dont vous avez tiré de frivoles conséquences. […] Direz-vous que l’ambition et; le fanatisme sont flattés dans la représentation de Mahomet, parcequ’Omar est le protocole de son faux Prophéte ? […] Je vous dirois bien, si je voulois, qu’il est absolument faux que les Comédiens soient à Paris comme ailleurs sans aucune intimité avec les Bourgeois. […] Je commence toujours par vous dire, qu’il est absolument faux qu’il doive s’ensuivre une révolution dans vos mœurs. […] C’est Mr. de Vaure qui s’explique ainsi dans sa Préface du faux Savant.
Il est certain que la République d'Athènes n'a jamais rien prononcé contre ceux qui représentaient sur la Scène les Comédies et les Tragédies, ni contre ceux-là même qui dansaient les Mimes les plus ridicules, qui jouaient les farces les moins honnêtes, et qui faisaient les bouffonneries les plus insolentes, qu'elle a toujours considérés comme les suppôts de Bacchus dévoués à son service, employés à la pompe de ses cérémonies, et qualifiés Technites, c'est-à-dire, Artisans, Ouvriers et Ministres de ce faux Dieu ; elle ne rendit jamais les uns ni les autres incapables d'aucunes charges de l'Etat, et ne voulut point les priver des droits les plus honorables de leur Bourgeoisie. […] Examinons quelques textes les plus apparents que l'on allègue ordinairement pour défendre cette fausse opinion.
« Au XVIIe siècle, un homme s’est rencontré qui, par l’admirable sagacité d’un esprit toujours plaisant, toujours naturel, toujours varié, toujours utile, a banni du sein de la nation française et l’esprit faux, et le jargon, et l’équivoque, et les pointes, et les jalousies folles, et l’amour honteux des vieillards, et la haine de l’humanité, et la coquetterie, et la médisance, et la pruderie, et la fatuité, et la basse avarice, et l’esprit de chicane, et la frivolité des magistrats, et la petitesse qui fait aspirer à paraître plus grand qu’on n’est, et l’empirisme ignorant des médecins, et la risible imposture des faux dévots ; » eh bien ?
On introduisit des personnes qui s’entreparlaient ; on en fit un divertissement tout profane : et les séparant tout-à-fait de la Religion, elles devinrent en plusieurs endroits une École de désordre : Car les Auteurs de ces Pièces cherchant leur propre avantage plutôt que l’honneur de ces fausses Divinités pour lesquelles ils n’avaient guères de vénération, prirent pour sujet de leurs Discours les matières les plus agréables, qui sont ordinairement celles qui traitent de l’amour. […] S’il prétend par ce qu’il appelle idolâtrie qu’il s’y faisait des Sacrifices aux faux Dieux g, il n’y a rien de plus contraire à la vérité : Et quand Tertullien ou les autres Pères invectivent avec tant de force contre les Théâtres, en les accusant d’idolâtrie, c’est à cause qu’on n’y parlait que des faux Dieux, que tous les appareils en étaient fabuleux, et que tout y ressentait la fausse Religion : ce qui est justement un désordre attaché à nos Théâtres. […] Quand donc ils ont défendu les Spectacles comme une idolâtrie, c’était parce qu’on y faisait parler les faux Dieux, qu’on les y représentait avec cet air de Majesté qui n’est dû qu’au vrai Dieu ; et qu’enfin il y en avait qui n’étaient guères differents de ceux d’aujourd’hui. […] On introduit une Actrice, qui d’un air plein de respect pour la Divinité qu’elle invoque, chante au milieu d’une symphonie parfaite en ses accords, des Vers à sa louange : Cette fausse Divinité ne les entend pas, mais le vrai Dieu les entend. Dans le cours d’une Pièce on fait paraître tous les faux Dieux qui s’opposent les uns aux autres pour seconder ou pour traverser la passion de deux Amants : S’il s’agit d’en appaiser un qui soit courroucé, et qu’on ait peine à fléchir ; comme par exemple le Dieu Mars, on lui prépare un Sacrifice, on lui rend des respects profonds comme à un Dieu tout puissant, on lui fait des invocations redoublées.
On écrit les Tragédies modernes avec autant d’emphase & de faux brillans que les Héroides, ce petit Poème bâtard, produit par la Tragédie, & qui n’est qu’une ennuyeuse imitation de son Monologue. […] Outre que la comparaison est très fausse, parce qu’un oiseau qui est dans une cage, ne paraît jamais la chérir, & qu’il éxprime par son impatience & ses mouvemens, l’envie qu’il a de s’envoler ; cette comparaison est d’une longueur affreuse, on ne sait où elle finit : les quatre prémiers Vers semblent d’abord la terminer, mais le mot ramage qui vient peu après, fait penser qu’elle va jusqu’au bout. […] C’est que le genre que cet Auteur embrasse lui fait faire souvent des faux pas.
On y voit la passion la plus généralement répandue et la plus à craindre s’élever sur les ruines de toutes les vertus, dominer dans presque tous les cœurs et fonder les principaux intérêts ; on y voit les faiblesses et les crimes qu’elle traîne à sa suite, déguisés, palliés par les tours ingénieux d’une morale aussi fausse que séduisante, justifiés, autorisés par de grands exemples, ou présentés sous des traits qui les font paraître plus dignes de compassion que de censure et de haine ; on y apprend à nouer les intrigues d’amour ou à en parler le langage, à en adopter les prétextes ou en répéter les excuses ; on y voit les autres passions les plus ardentes et les plus dangereuses, ces passions qui sont les secrets mobiles du cœur humain et qui enfantent tous nos malheurs, l’orgueil, l’esprit de domination, le ressentiment des injures prendre un air de noblesse et d’élévation qui semble les rapprocher de la grandeur d’âme et du vrai courage. […] Sur celle-là jugeons des autres, et convenons que l’intention de l’auteur étant de plaire à des esprits corrompus, ou sa morale porte au mal, ou le faux bien qu’elle prêche est plus dangereux que le mal même, en ce qu’il fait préférer l’usage et les maximes du monde à l’exacte probité ; en ce qu’il fait consister la sagesse dans un certain milieu entre le vice et la vertu ; en ce qu’au grand soulagement des spectateurs, il leur persuade que, pour être honnête homme, il suffit de n’être pas un franc scélérat. […] Faux acte, supposition, vol, fourberie, mensonge, inhumanité, tout y est, et tout y est applaudi.
Que le Ciel aujourd’hui favorise, illumine, Qui détestant ses Vers trop remplis de tendresse, Les prend pour des péchés commis en sa jeunesse. » Il répond à la prétendue correction des mœurs par les Pièces de Molière, en citant le jugement qu’en a fait l’Auteur de la République des Lettres dans son Recueil d’Avril 1684. où il parle de Molière en ces termes : « Il n’a corrigé que certaines qualités, qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût, qu’un sot entêtement, comme vous diriez l’humeur des prudes, des précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse. […] Dans le Cid on parle d’un parricide commis, en ces termes : « Enfin n’attendez pas de mon affection, Un lâche repentir d’une belle action, Je la ferais encore, si j’avais à la faire. » Et la Fille du Père assassiné, loue l’assassin, « Tu n’a fait le devoir que d’un homme de bien. » On y trouve des Leçons de vengeance d’un Père à son Fils : « Va contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs, ou tue. » Dans Polyeucte cette Pièce prétendue sainte, on voit une Fille qui parle d’un Amant que ses parents ne voulaient pas qu’elle épousât : « Il possédait mon cœur, mes désirs, ma pensée, Je ne lui cachais point combien j’étais blessée, Nous soupirions ensemble et pleurions nos malheurs, Mais au lieu d’espérance il n’avait que des pleurs. » On dit qu’on a combattu le faux dévot dans le Tartuffe ; cependant après qu’on a détrompé Orgon, on le fait ainsi parler contre tous les gens de bien : « C’en est fait, je renonce à tous ces gens de bien, J’en aurai désormais un horreur effroyable, Et m’en vais devenir pour eux pire qu’un diable. » Dans le Festin de Pierre, on expose les maximes les plus impies ; et le tonnerre qui écrase l’Impie, fait moins d’impression sur les méchants qui assistent à cette malheureuse Représentation, que les maximes détestables qu’on lui entend débiter, n’en font sur leurs esprits. […] L’approbation des Spectateurs du Théâtre, bien loin de justifier son sacrilège, fait connaître leur corruption, puisqu’ils ont approuvé dans cette Pièce ce qui y était faux, et ce qui était le plus capable de corrompre le cœur.
Je ne puis finir sans citer encore un ouvrage moderne, plus louable que loué ; je veux parler du faux Généreux 10. […] « Comtes, ces faux respects, dont je me vois surpris, Sont plus injurieux encore que vos mépris. Je pense avoir rendu mon nom assez illustre, Pour n’avoir pas besoin qu’on lui donne un faux lustre. » Et ceux-ci de la cinquième scène du cinquième acte : « Eh !
Un Etourdi, un Misantrope, un Avare, un Tartuffe, un faux Savant, un Médecin, un George Dandin, un Bourgeois Gentilhomme passent en revue, tiennent des discours, & font des actions qui les caractérisent, & donnent une idée de la piéce, dont ils sont le sujet ; ils ajoutent même des traits de la façon de l’auteur, souvent assez heureux, ce qui forme un spectacle assez varié ; comme le Facheux, la Femme d’intrigue, & tant d’autres drames à tiroir. […] La France doit cherir en lui l’homme de génie, qui le premier a combattu sur la scéne, les vices, les ridicules & le faux bel esprit, & qui a été le premier Législateur de la société & du goût ; si les personnes les plus considérables, si les amateurs des lettres & des arts se réunissoient pour faire achever ce monument, à la gloire de Moliere, cet exemple seroit peut-être suivi en faveur des grands hommes qui ont illustré la scéne. […] Voltaire n’est qu’un faux Dieu, une vaine idole, son culte est-il raisonnable ? […] Cet in-promptu projetté, & préparé à loisir, cette galanterie provinciale est une idée fausse : donner des couronnes, suppose une supériorité que l’acteur n’a pas sur le poëte, dont il n’est que l’organe, dont il ne doit que rendre les sentimens, les expressions & les idées. […] Bergier flatté par ces éloges, & endormi par cette espece de profession de foi, lut la tragédie, il n’y trouva pas la moindre trace d’opposition au Christianisme ; il écrivit au bas son approbation pure & simple, sans exiger aucun changement ; en conséquence la piéce fut jouée, d’abord à Versailles, ensuite à Paris avec applaudissement, ce n’est qu’après la douzieme représentation, qu’elle a été arrêtée, ce n’est pas la seule, qui, sous l’emblême fausse d’une Réligion, ait attaqué la véritable.
Le Tartuffe a dévoilé les impostures des faux Dévots, et révélé les mystères des Hypocrites, qui abusaient de la Religion, et de la piété, pour faire leur fortune aux dépens des dupes, et pour se donner impunément toutes sortes de licences. […] Il est donc aisé de voir, que les Comédies anciennes n’ont rien de commun avec les modernes, et que si les Pères les ont décriées en termes si forts et si sanglants, c’est qu’elles étaient en effet très criminelles, et très infâmes : Ainsi les conséquences que l’on tire des raisonnements des Pères, portent à faux, à cause du peu de rapport qu’il y a entre les Comédies anciennes et les modernes ; puisqu’alors de la liberté des paroles on passait à celle des actions, et que l’on faisait dépouiller les Comédiennes en plein Théâtre, pour contenter la licencieuse curiosité d’un Peuple impudique. […] Si les Pères ont tant déclamé contre les spectacles de leur temps, ce n’est pas précisément à cause qu’on y commettait des idolâtries ; mais c’est à cause que l’on n’y parlait que des faux Dieux ; et que tout s’y ressentait de la fausse Religion des Païens ; ce qui se pratique encore aujourd’hui en plusieurs pièces de Théâtre, comme dans l’Amphitryon, où Jupiter et Mercure se cachent sous des figures humaines, pour commettre un adultère. […] Les Lois civiles ne punissent que les crimes qui sont contraires à la société humaine ; les faux témoignages, les vols, les assassinats, les blasphèmes, les impiétés publiques, et d’autres crimes scandaleux : Si l’on permet de certaines choses, qui sont visiblement mauvaises, c’est pour empêcher que les hommes ne s’abandonnent à de plus grands dérèglements ; mais la complaisance des Magistrats ne dispense pas de la Loi de Dieu, qui condamne tout ce qui porte au péché : Or il est visible que la Comédie, et ce qui l’accompagne, augmente la corruption de la nature, rend l’homme plus sensuel, et le porte insensiblement à l’oubli de Dieu.
Molière a-t-il attendu que les ordonnances de Louis XIV, du Duc d’Orléans Régent et de Louis XV imposassent silence au zèle indiscret des Ecclésiastiques turbulents ou fanatiques pour attaquer l’hypocrisie des faux dévots dans son Tartuffe ? […] On distingue parfaitement la valeur de la fausse bravoure et l’on voit avec une satisfaction infinie pour les sages que les Officiers dont la valeur est la moins suspecte vis-à-vis des ennemis de l’Etat, sont ceux qui craignent le plus de se faire des ennemis personnels. […] C’est aux lois, à la raison, c’est aux Auteurs Dramatiques à lui faire sentir que la fausse application du courage est un vice et cela n’est pas si fort éloigné du succès que vous vous l’imaginez. […] Si l’on a déjà secoué à moitié le joug de l’opinion, espérons que la raison achèvera l’ouvrage, en fournissant aux gens d’un vrai courage des raisons de se soustraire à l’étourderie des faux braves. […] En voilà sans doute assez pour vous prouver qu’on peut attaquer la fausse bravoure sur la scène sans indisposer le Public et sans choquer les mœurs.
Car comme rapporte Cælius Rodiginus, ils ne s’en sont pas seulement servis pour satisfaire à leur sensualité ; mais encore pour honorer leurs faux Dieux dans leur vaine, et impertinente Religion.
Cela est faux.
L’inquiétude même où ce tendre pere étoit de savoir si sa fille abandonnoit une fausse Religion pour la vraie, y auroit encore contribué ; mais on vient de voir un Prince rassuré sur la foi de sa fille, exciter ses amis à partager sa fermété, remettre son sort & celui de ses enfans entre les mains de son Dieu ; & tout-à-coup ce Héros oublie son intrépidité, succombe à sa joie, & expire. […] Le Peuple qui, dans le récit de ses malheurs, n’oublie jamais les auteurs vrais ou faux, qu’il en soupconne, avoit-il gardé le silence exprès ?
Les uns, éclairés de la véritable sagesse, qui est celle de l’Evangile, les réprouvent ; les autres, trompés par les fausses lumieres d’une sagesse charnelle, s’efforcent de les justifier. […] Que c’est se jouer de Dieu d’avoir dit anatheme au démon dans le baptême, & de rechercher ces fausses joies ; que l’Eglise étoit sur ce point si sévère dans sa discipline, qu’elle mettoit quelquefois obstacle à la conversion des infidèles, qui aimoient mieux ne pas embrasser la foi que de renoncer au théatre, &c.
Mais enfin, soit qu’il sache la vie de Molière, soit qu’il croie la deviner, soit qu’il s’attache à de fausses apparences, ses avis ne partent point d’un frère en Dieu, qui doit cacher les fautes de son prochain à tout le monde et ne les découvrir qu’au pécheur. […] Ce critique, après avoir fait le procès à l’Italie et à tous les pays étrangers, veut aussi faire celui de Monsieur le Légat, et comme il n’ignore pas qu’il a ouï lire le Tartuffe et qu’il ne l’a point regardé d’un œil de faux dévot, il se venge et l’attaque en faisant semblant de ne parler qu’à Molière.
Aussi trop instruit par une triste expérience, le Prophète s’écrie en gémissant : Heureux qui met dans le Seigneur toute son espérance, et ne jette jamais les yeux sur les vanités, les folies, les faux biens du monde ! « Qui non respexit in vanitates et insanias falsas. » Mais quels sont surtout ces folies, ces faux biens, ces vains plaisirs, si réellement dangereux ?
Mais l’Epoux qui devient le tyran de sa Femme, & qui est si bien contrasté dans l’Ecole des Maris, par le galant homme qui laisse une honnête liberté à la sienne ; Celui qui abuse d’un dépôt confié, qui veut séduire, en sa faveur, une Enfant qu’il a mal instruite, & qui compte lui enlever & les douceurs de la vie & les biens ; Un faux Philosophe, rempli de lui-même, qui se complaît dans le mérite sauvage de détester l’humanité ; Un avare sordide, ingrat envers ses Enfans : Tous ces objets ne sont-ils pas vicieux ? […] C’est dans des vues aussi utiles à la société, qu’il a peint la stupidité de certains Gentillâtres, l’entêtement des Roturiers qui veulent être Gentilshommes, les fausses caresses des gens de Cour, les Fats, les Précieuses. […] Est-ce, enfin, un faux bruit, ou s’il est vrai que la Cour de Rome n’exerce plus contre cette profession la rigueur qu’elle s’est attirée autrefois avec tant de justice ?
honoreroit-on le vrai Dieu, comme on honoroit les fausses Divinités du Paganisme ? […] Thomas, contre les fausses interprétations que le relâchement lui a données, & après avoir démontré combien les spectacles sont contraires aux divines Ecritures, combien ils sont dangereux en effet, & dans le sujet des pieces, & dans la maniere de les représenter, dans les Actrices, les danses, les masques, vices communs à tous les théatres, qui rendent même la scène moderne plus obscène que les scènes Grecque & Romaine, malgré le voile de l’équivoque dont on la couvre, & le mariage qui est le dénouement de l’intrigue, il conclud que les Acteurs & les Actrices sont dans un état de péché mortel & de damnation. Il ne fait pas plus de grace à ceux qui fréquentent les spectacles, soit à cause des péchés qu’ils y commettent & de ceux auxquels ils s’exposent, soit en se rendant complices de ceux des Comédiens, qu’ils autorisent & entretiennent, juge les uns & les autres indignes d’absolution, & blâme les Casuistes & les Confesseurs relâchés qui leur administrent les sacremens, contre la fausse décision des Casuistes, qui n’y trouvent qu’un péché véniel dans plusieurs.
Il entendra la voix de l’humanité ; il la distinguera de ce cri odieux que le faux zèle prêta si souvent à la satire, et qui tant de fois déja offensa ses oreilles, au lieu de convertir son cœur. […] Si vous vous étiez plus communiqué, nos épigrammes sur le babil, notre haine pour le faux savoir, notre courroux contre la fausse importance, vous eussent édifié ; vous eussiez appris à nous estimer.
Elles portoient pendues au cou & sur le front des médailles, des figures des faux Dieux, elles en brodoient leurs habits & le tour de leur gorge, en attachoient à leurs bracelets, & y attachoient de prétendus talismans pour se faire aimer ; mais le vrai talisman étoit la forme, la couleur, la fraîcheur, l’éclat de leur nudité, que le fard & la parure relevoient avantageusement ; les fleurs par leur odeur & leur couleur y donnoient une nouvelle grace. […] Quelques interpretes ont cru que dans le passage d’Osee le Saint-Esprit parloit de l’idolatrie, souvent désignée par les mots d’adultere & d’impureté, soit parce que l’idolatrie en est toujours accompagnée ; le moyen d’être chaste dans une fausse religion, & une religion dont l’impureté fait le systeme, le culte, les exemples, la morale ; soit parce que l’irreligion est le fruit de l’incontinence ! […] Il n’est pas inconnu au théatre, au bal, à l’opéra, où souvent on prodigue les pierreries, les étoffes les plus précieuses, l’or, l’argent, l’ivoire, le cristal, & toujours on l’imite par des diamans faux, & on l’étale dans la peinture des décorations, pour satisfaire le goût du luxe. […] S. témérité à s’exposer au plus grand danger d’offenser Dieu ; une foule de mensonges & de fausses prédictions, la trahison & de sa ville, en découvrant son état à l’ennemi, & celle de l’ennemi, en lui en imposant par des faussetés. […] Une Actrice à sa toilette, se proposant quelque conquête, coupant la bourse à son amant, faisant la prude pour le surprendre par la condamnation de la coquetterie, les flatteries de celui à qui elle a recours, priant dans son Oratoire, s’entretenant avec son amie, fetoient une fausse Judith, qui pourroit donner des scenes plaisantes.
Cette anecdote est absolument fausse. […] Rien de plus superficiel, mais rien de plus malin que cette géographie & cette politique cavaliere, qui porte presque toujours sur des faits faux ou mal rendus. […] Tout cela est faux. […] N’y entend-il donc rien lui-même, & ses éloges portent-ils tous à faux ? […] Dans tout le reste du globe, Antilles, Moluques, negres, sauvages, Asie, Afrique, Amérique, sa philosophie acariâtre, fausse, irréligieuse, qui les parcourt rapidement en deux pages, distille les mêmes horreurs.
Tout est faux, outré, indécent dans cette basse flatterie. […] Le méchanisme de ses vers est très-mauvais, ses rimes fausses, & qu’importe d’être bon versificateur, si l’on n’est homme de bien, si l’on n’emploie ses talens qu’à corrompre les mœurs ? […] Mérite médiocre, mais faux ; il n’a peint que le libertinage. […] Faux encore, sur mille il n’en a pas trente de bons. […] C’est le faux goût des hommes, la philosophie est la vraie gloire, l’unique mérite des grands hommes.
Mais pour prouver d’une manière plus précise & plus développée ce que j’ai avancé, que Racine traite l’amour en homme de génie, & Corneille en homme d’esprit seulement, prenons dans ces deux Poëtes deux morceaux de passion que l’on puisse opposer l’un à l’autre, & dont une courte analyse fasse voir le vrai ou le faux de mon opinion. […] Mais elle doit toute sa beauté à cet intérêt de situation qui fait souvent réussir des choses bien inférieures à cette Scène du Cid, des pensées fausses, des vers emphatiques, des caractères manqués, un Dialogue sans ordre ni liaison. […] Pensée fausse d’ailleurs ; car on n’est jamais heureux dans le crime. […] J’observerai à l’égard de cette Tragédie une chose qu’on doit appliquer à toutes celles du même Auteur ; c’est qu’il est faux qu’elles doivent à l’amour leurs principaux ornemens. […] De quelle manière qu’on s’explique, je ne vois dans tout cela que du faux, ou du mal-entendu.
Par des douleurs feintes ils vous tirent des larmes véritables ; Vous souhaitez de vrais homicides, et vous en pleurez de faux.
Ce fait est exactement vrai ; & dans le génie du peuple Anglois, l’auteur de la relation d’Angleterre, intitulée Londres, qui le rapporte, & y ajoute une circonstance qu’on dit fausse, & qui a tout l’air de l’être : il dit que le jour de l’entrée, Garrik s’étant présenté pour faire quelque excuse, il fut traité comme un homme qui auroit attenté à la Majesté du peuple Anglois, & qu’on exigea de lui sous peine de démolition totale de son théâtre, qu’il demandât pardon à genoux, qu’il le fit, mais qu’il n’a plus depuis reréparu sur la scene. Tout cela est bien dans le génie Anglois ; cependant la fierté de Garrik, la supériorité de ses talens, l’estime, l’amitié générale du public, la maniere de regarder l’état des comédiens qui sont sur le pied de citoyens distingués, la vengeance même, ou la punition qu’on lui avoit déjà fait subir, en démolissant la moitié de son théâtre ; tout cela me fait croire cette circonstance fausse. […] Dans toutes les Réligions vraies ou fausses, le cérémonial du culte public, est une sorte de spectacle mystérieux & figuratif, pour mettre les dogmes, les loix, les vertus sous les yeux du peuple, l’instruire, l’effrayer, le toucher.
L’un & l’autre est faux. […] Il est faux que les maris & les femmes soient tous indifférens ; mais le fussent-ils, la vue de ce qui se passe dans le mariage seroit très-lascive & très-dangereuse. […] En voilà sans doute un beau trait, mais il porte à faux.
Or non les Poètes seuls, mais aussi les Philosophes n’ont eu aucune connaissance du vrai Dieu, devant la venue de notre Sauveur Jésus-Christ, vrai et unique fils de Dieu, lequel nous a donné son Père à connaître instituant la vraie Religion, par laquelle les ténèbres d’erreur ont été abolies, et aussi toute fausse opinion. […] Car il faut chasser hors de la cité bien policée presque toute Tragédie, dont Solon la défendit aux Thespiens, comme étant inutile, l’appelant menteuse, ou, qui dit choses fausses. […] Tusc. et 3. de Oratore. » Bien souvent aussi persuade des sentences fausses, comme cette-ci : « Haïssent, pourvu qu’ils craignent. » Ce que disait ordinairement C.
Notre Docteur suppose donc faux dans sa conclusion, quand il dit, en parlant des Comédies d’aujourd’hui, « Que selon lui les Comédies de leur nature et prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes ». […] Et moi je dis que tout ce langage est faux d’un bout à l’autre. Il est faux premièrement, que Tertullien reconnaisse que la Comédie soit un Ouvrage de Dieu, de même que le fer, les herbes et les Anges. […] Comme s’il n’y avait pas un milieu entre la danse de David et ces sortes de Spectacles qui pût être défendu, et que parmi les Pièces de Théâtre il n’y en eût de mauvaises que celles où on ferait paraître des femmes toutes nues, et où on offrirait des sacrifices aux faux Dieux. […] Ce qui est néanmoins très faux, rien ne pouvant prescrire ni prévaloir contre le Droit divin qui condamne tous ces excès.
Avec quelle admiration, avec quel plaisir, avec quels transports de joie et d'allégresse verrai-je tant de Rois, qu'on disait avoir été élevés dans le Ciel, gémir dans le fond des ténèbres de l'Enfer avec Jupiter, et les témoins de leur fausse Divinité ? […] C'est donc avec raison que nous qui faisons profession des bonnes mœurs, et de la pudeur, nous nous abstenons de vos voluptés, de vos pompes, et de vos Spectacles, comme de choses mauvaises, et consacrées à de fausses divinités, dont nous savons la naissance et l'origine, et nous les condamnons comme des corrupteurs agréables : Car qui n'a horreur dans la course des Chariots, de voir la folie de tout un Peuple qui se querelle: Qui ne s'étonne de voir dans les Jeux des Gladiateurs, l'art de tuer les hommes : La fureur n'est pas moindre au Théâtre ; mais l'infamie y est plus grande : car un Acteur y représente les adultères, où il les récite : Et un Comédien lascif émeut les passions des autres, en feignant d'en avoir lui-même.
Il aura beau nous montrer dans ses faux raisonnemens, qu’il est capable d’embrasser un projet vaste, que son genie égale son audace, pourra-t-il jamais nous arracher un sentiment d’estime ? […] Echaffaudés sur le fragile appui d’une vaine Métaphysique, ils n’ont pas l’orgueil de croire remonter jusqu’aux premiers principes de tous nos sentimens ; ils n’accumulent point sans fin les conjectures les plus fausses pour en étayer d’odieux systêmes, & présenter à nos yeux indignés, avec une confiance insultante, le squelette de l’humanité. […] Cet exemple terrible ne suffiroit-il pas pour détruire l’impression momentanée, qu’auroit pû produire sur quelques spectateurs, cette fausse grandeur dont il fait une vaine parade, tandis que le fruit qu’on peut recueillir du châtiment affreux d’un monstre accablé & couvert d’ignominie, subsisteroit dans toute sa force ? […] Faux acte, supposition, vol, fourberie, mensonge, inhumanité, tout y est employé. […] Où en seroit la raison humaine, si après avoir été la plus grande partie de sa vie le jouet de mille erreurs ; si en multipliant les plus faux raisonnemens, en adoptant comme des dogmes merveilleux, les opinions les plus outrées ; parvenu enfin par une longue habitude à se faire un systême extravagant, un vieillard avoit acquis le droit de nous donner ses sentimens pour regle ?
Le faux Tonaxare. […] Agrippa, ou le faux Tiberinus. […] Les Faux Nobles. […] Les Fausses apparences. […] Il y a peu de pieces nouuelles qui ne leur coûtent de nouueaux ájustemens, & le faux or, ny le faux argent qui rougissent bien tost n’y estant point employez, vn seul habit à la Romaine ira souuent à cinq cens escus.
Faut-il donc s’étonner si, malheureusement, séduits par le vain éclat de ces fausses maximes, que professe trop souvent encore le théâtre ancien et moderne, tant de jeunes gens confondent si souvent la véritable valeur avec cette fausse bravoure, qui n’en a que le masque imposteur, et sacrifient encore si légèrement leurs propres jours à la crainte de passer pour lâches ou timides aux yeux d’un sexe imprudent, qui, sans se douter de sa barbarie, applaudit indiscrètement à leurs tristes dangers comme à leurs coupables triomphes. […] Présentés sous un faux jour, les objets ne paraissent donc presque jamais à nos yeux sous leurs véritables couleurs ; nous y sommes donc presque toujours les dupes de l’illusion qui nous enchante et nous séduit. […] Mais vainement, par leurs efforts généreux et constants, vainement tenteront-ils de la rendre heureuse et florissante, si la scène, par sa licence et ses fausses maximes, détruit journellement leur ouvrage. […] Instruits par un événement aussi funeste que mémorable, ne souffrons pas que les nôtres, que ceux qui, surtout, attirent la multitude à nos théâtres publics, soient journellement empoisonnés par une doctrine ou fausse ou perverse. […] Cette pièce maintenant, n’est donc guère propre qu’à égarer le petit peuple, qui ne distingue jamais la véritable piété de la fausse.
Quelques-uns ont imité la politique des Rois de Juda, qui proscrivant le culte des fausses Divinités, toléroient néanmoins les sacrifices que l’on offroit au vrai Dieu sur le sommet des montagnes, tout irréguliers qu’ils étoient, selon la loi de Moïse, Verumtamen excelsa non abstulit , dans la persuasion qu’il faut souffrir un moindre mal pour éviter un plus considérable.
Indigné contre une opinion si fausse et si pernicieuse, je crus d’abord qu’elle n’était fondée que sur la prévention qui n’examine rien, et dont la force impérieuse entraîne ordinairement la multitude ; mais après avoir creusé jusques dans la source de cette erreur, je vis qu’elle venait de l’ignorance de l’art, de la faiblesse du genie, de la stérilité des inventions, et surtout du peu de goût et de sensibilité qu’on a pour les choses de la Religion.
Il est certain qu'il n'y a rien dans toute la doctrine des mœurs que les Pères aient traité plus à fond, ni où ils se soient mieux précautionnés contre tous les faux raisonnements dont on se devait servir dans la suite des siècles pour justifier la Comédie, de sorte qu'ils n'ont laissé aucun moyen à ses défenseurs de donner à ce qu'ils en ont écrit, des interprétations à leur mode, ni aucun lieu de douter de leurs sentiments, à ceux qui cherchent la vérité dans la tradition de l'Eglise, dont ils sont les dépositaires.
Je ne connaissais pour lors aucun Ecrivain qui pût m’aider à rectifier ou appuyer mes opinions ; mais, comme on acquiert de nouvelles lumières par l’étude, je trouvais dans la suite quelques Auteurs qui avaient pensé comme moi, et un entre autres qui, depuis le commencement jusqu’à la fin de son ouvrage, fait sentir le faux des préceptes d’Aristote.
Garde toi, me dit-elle, d’écouter jamais la voix enchanteresse de la volupté, elle n’a que des faux plaisirs, elle exerce une cruelle tyrannie ; c’est en moi seule que tu trouveras le véritable bonheur. […] Tel est l’aveuglement des nobles vrais ou faux. […] C’est un très-mauvais goût, parce que le plaisir que donne une imitation, doit avoir un peu de vrai & un peu de faux. […] (Oui, mais la tragédie a un air apprêté, un air faux dans ses personnages ; la comédie est toute naturelle, ce sont nos égaux, elle intéresse davantage.)
Je ne blâme point les Poëtes de se copier, ce malheur est inévitable ; mais je ne leur pardonne pas, ni à leurs amateurs, les ridicules fanfaronades des éloges qu’ils se donnent, & ces grands mots de génie, de nouveauté, &c. qui ne signifient rien, & portent presque tous à faux. […] Je dis ordinairement, car il y a quantité de vers défectueux & de rimes fausses, des enjambemens, des répétitions innombrables de pensées, de tours, de rimes, d’intrigues, de dénouemens ; il se copie sans cesse. […] La comédie n’est donc point faite pour corriger la partie essentielle des mauvaises mœurs, les vices haïssables, mais seulement les ridicules ; distinction fausse.
Enfin la vie d’un Chrétien est, selon l’Evangile, une vie de mortification, d’insensibilité, et de mort à tous les vains plaisirs et les fausses joies du monde. […] Comme ils ne trouvent rien de solide dans les faux plaisirs qu’ils recherchent, on les voit continuellement passer d’un vain amusement à un autre. […] Et lorsque le jour de leur naissance y échoit, ils faisaient différer les réjouissances, et les transféraient en un autre jour : « Si in nostrum ortum, vel natalem celebranda solemnitas inciderit, differatur. » Mais au grand mépris du commandement de l’Eglise, des Canons, des Conciles et des Ordonnances Royaux ; les Comédiens font aujourd’hui tout céder à leurs interêts, et les faux chrétiens à leurs plaisirs.
En effet, sous prétexte de ruiner la fausse dévotion, il représente les brutalités de son Tartuffe avec des couleurs si noires, et il lui fait avancer des maximes si détestables, que la corruption du cœur humain ne manquera pas de les faire appliquer, non à un Tartuffe de Théâtre ; mais à un véritable homme de bien. Ainsi cette pièce expose les personnes les plus pieuses à une raillerie et à une censure inévitable, et sur l’idée qu’on aura de ce faux dévot, on prendra occasion de les traiter impitoyablement pour la moindre faute qu’on leur verra faire, et de les mettre en parallèle avec Tartuffe. […] On pourrait tirer beaucoup d’autres endroits très pernicieux des pièces de Molière : mais en voilà assez pour opposer aux fausses louanges que l’Auteur de la Lettre donne à la Comédie de ce temps.
Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques, n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du Poète, ne font pas une grande impression sur les Spectateurs […]. »bq Il ne fallait pas dire « sur les Spectateurs » mais dire « sur moi », et ne pas conclure de votre insensibilité singulière que tous les Spectateurs soient insensibles : votre allégation d’ailleurs est fausse. […] Cela, je crois, rendrait plus naturelle et plus conséquente la promptitude avec laquelle le faux Prophète passe des remords à la réflexion scélérate et politique. […] Il faut avoir l’âme bien sanguinaire, le jugement bien faux et le goût bien dépravé pour croire les massacres des gladiateurs un spectacle moins odieux que celui de Mahomet ou d’Atrée : ceux-ci sont dévoués l’un et l’autre à l’exécration publique, les autres étaient dévoués à une curiosité sanguinaire, et au caprice le plus détestable.
Mais, dit-on, ce ne sont que des crimes en peinture, dont tout le monde connaît le faux, et par là sans conséquence. […] en connaît-on moins le faux ? […] Le même la Mothe, dans l’Ode sur la fuite de soi-même, cherche un homme, comme Diogène, et demandant où l'on peut le trouver, dit : « Le chercherai-je aux théâtres, Vive école des passions, Qui charment les cœurs idolâtres De leurs vaines illusions, Où par des aventures feintes, On nous fait à de fausses plaintes Prendre une véritable part, Où dérober l'homme à lui-même Fut toujours le talent suprême Et la perfection de l'art ?
Il n’ignore pas que les Ordonnances de nos Rois ont défendu rigoureusement de jouer les Ecclésiastiques & les Religieux, même d’employer leurs habits ; que Moliere, Corneille, Racine, Quinault ne l’ont jamais fait ; qu’on n’eût osé le faire sous le regne de Louis XIV ; que ces portraits vrais ou faux font mépriser la Religion dans ses ministres : au reste ces portraits sont outrés. […] Tout cela est faux & injuste. […] On n’est si zélé pour la tolérance que quand la foi est douteuse : la piété ne se fait pas de chimeres pour les combattre, ou plutôt pour ébranler la vérité, & remplir l’imagination d’idées fausses, & de principes de libertinage & d’irréligion. […] Ce ne sont pas de vrais Sages, je l’avoue, qui se conduisent ainsi : mais n’avois-je pas pris la précaution d’avertir que ce personnage étoit un faux Philosophe ? […] Il est évident qu’il s’agit dans sa piece d’un faux Dévot, comme dans la mienne d’un faux Sage ; & s’il y a dans les deux comédies un personnage à rouer, il est claïr que le Tartuffe auroit la préférence.
Si je ne démontre point, dit-il, par des preuves bien établies, par des faits matériels et incontestables, qu’il a l’âme fausse et perverse, que sa conduite est celle d’un de ces brigands déguisés et heureux qui troublent le repos des honnêtes gens, et entretiennent les malheurs de mon pays, qu’en réparation de la calomnie, et pour un exemple aussi salutaire, je sois moi-même traité comme un perturbateur ; que j’en sois banni pour toujours de ma chère patrie, et que le désert le plus lugubre devienne le lieu de mon exil et de ma sépulture !
Augustin disait à Dieu ; « Tu es le seul vrai et le seul souverain plaisir capable de remplir une âme ; tu rejetais loin de moi tous ces faux plaisirs, et en même temps tu entrais en leur place, toi qui est plus doux et plus agréable que toutes les voluptés, mais non à la chair et au sang. » La manne ne tombe sur les Israélites, que quand les viandes qu’ils avaient apportées d’Egypte se trouvent consumées.
Il dit donc que « je suis un jeune poète » ; il déclare que « tout est faux dans ma Lettre, et contre le bon sens, depuis le commencement jusqu’à la fin ».
Quand on objecte aux Défenseurs du Théâtre l’autorité des Pères de l’Eglise qui l’ont si formellement condamné, ils ne manquent pas de répondre, que ces Spectacles, qui ont attiré l’indignation des premiers Chrétiens, étaient des Ecoles de Paganisme, et qu’ils faisaient partie du culte que les Gentils rendaient à leurs fausses Divinités.
Ce sont ces lâches condescendances sous le vain prétexte de s’accommoder à de mauvais usages et de conserver une fausse paix, qui sont la source féconde et malheureuse du relâchement que nous avons vu de la Morale Chrétienne dans notre temps, et de la réforme de tant de Compagnies qui ne se sont perdues que par là.
Les uns et les autres tombèrent enfin dans un tel mépris, et les folies qu’ils débitaient dans le Public parurent si scandaleuses, que par un commun Proverbe, lorsqu’on voulait parler d’une chose mauvaise, folle, vaine ou fausse, on la nommait jonglerie ;Rigor. de gest.
Il ne s’en cache pas même ; car apres un long détail vrai ou faux de tout ce qu’il avoit fait pour la faire réussir, & des contre temps qui rompirent ses mesures, il se jette sur la Religion Catholique du Prétendant, qu’il dit en être la cause. […] C’est, dit-on, pour combattre une passion par une autre passion : principe faux & pernicieux, comme nous l’avons dit ailleurs. Il est faux qu’on ne puisse combattre les passions que l’une par l’autre ; il est très-faux qu’on doive se servir de ce moyen, très-faux qu’il produise un bon effet. […] Les faux principes, la doctrine odieuse hasardée, les termes outrés & injurieux répandus dans les mémoires & la consultation de cet Avocat de la Princesse Clairon, sa maîtresse, méritoient bien que l’ouvrage fût condamné au feu, l’Auteur chassé du corps des Avocats, & son nom biffé du tableau.
Pauline couverte du sang de son Epoux abandonne les faux Dieux ; Félix frappé d’un rayon de lumière, sent entrer dans son ame le pouvoir des Vertus chrétiennes. […] Ce raisonnement est faux incontestablement, ou pour l’un ou pour l’autre, il n’en résulte pas que parce que chez moi les Femmes y sont vives & coquettes, les Hommes ne devraient pas y être mélancoliques & naturellement un peu bourus. « Pour connoître les Hommes, dit-il, il faut étudier les Femmes. » Système absurde ! […] Ainsi selon le faux préjugé de Jean-Jacques, un Suisse Homme d’esprit est un prodige. […] On défend de lire la Bible en langue vulgaire, crainte que de fausses interprétations, malheur qui n’est que trop arrivé, ne la corrompent. […] Nos pères étaient plus méchans que nos ayeux ; nous sommes plus corrompus que n’étaient nos pères, & nous laisserons des enfans encore plus vicieux que nous. » Il se trompe encore une fois ; cette insolente épithète n’est synonyme qu’avec bâteleur : c’est en vain qu’il veut englober l’état de Comédien ; avec celui de Farceur ou d’Histrion ; il ne peut nous choquer étant faux ; on me dira qu’il n’y a que les vérités qui offensent : mais je repondrai que la calomnie révolte, & si l’on trouve trop de fiel dans mes discours, qu’on ne l’impute qu’à la grandeur de mes sentimens, & à la bassesse de mon Adversaire.
Ou d’Aubignac s’est mal exprimé, ou son raisonnement est faux.
Ceux qui allèguent l'autorité de saint Thomas comme favorable à la comédie, lui font dire tout autre chose que ce qu'il dit, et tirent de ses principes des conséquences tres fausses.
Je sais bien que vous pouvez apporter, et que vous apportez souvent plusieurs autres objections, pour justifier ces damnables coutumes du monde ; car, comme dit Tertullien, quand nous avons affection à quelque plaisir ou profit temporel, notre passion n’est que trop adroite et ingénieuse à trouver des raisonnements spécieux et de fausses lueurs pour nous flatter.
» Sans m’amuser à leurs risées, je prie les fidèles, de considérer, si les contredisants ont autant de sujet de se rire de moi, comme ils en donnent à Satan, de se moquer d’eux, s’étant laissé persuader, de tenir pour indifférent, voir pour bon, utile, et louable, un Exercice que les anciens Chrétiens appelaient peste des Esprits, chaire de pestilence, subversion d’honnêteté, boutique de turpitude, fêtes de Satan, Abrégé du service que rendaient les Païens à leurs faux Dieux, lesquels en temps calamiteux, ils estimaient ne pouvoir mieux apaiser, qu’en leur vouant et jouant des Comédies et Tragédies. […] Examinons donc, et pesons cette question, non pas aux fausses balances de notre fantaisie ; mais, selon le conseil de S. […] puisque en ces choses, on ne propose autre but, que le plaisir, et la volupté, ne suffit-il pas à Satan, d’entrer en nos cœurs, par cette fausse porte ? […] Si l’introduction de tels jeux, faites par Jason à Jérusalem2 Mac. 4 dm , sous la tyrannie d’Antiochus, était une marque du changement de la Religion Judaïque en la Païenne ; l’on n’en peut rien espérer de bon en l’Eglise Chrétienne : De fait, entre les jeux, que les Païens jouaient à l’honneur de leurs faux dieux, et ceux que les Papistes jouent quelquefois aux fêtes de leurs saints, il n’y a pas plus de différence, qu’entre la vieille et la nouvelle Idolâtrie, au jugement de Vives mêmeCommen. in civi. […] [NDE] Les élenches sont de faux syllogismes.
Manger des viandes, quoyqu’elles ayent été sacrifiées aux fausses divinitez, est du nombre de ces choses qu’on appelle indifferentes, & je ne vous conseille pas de vous informer scrupuleusement, si celles que vous achetez pour vôtre usage, sont soüillées par cette profanation, ni de vous en abstenir pour cela ; cependant si cela est capable de scandaliser vôtre frere, qui est plus foible que vous, s’il prend occasion de-là, de retourner à son ancienne idolâtrie, il faut absolument vous en abstenir ; parce que cette circonstance en rend l’usage criminel, & il n’est pas juste de perdre l’ame de vôtre frere, que le Sauveur a rachetée au prix de son Sang, pour la nourriture de vôtre corps, ou pour vôtre plaisir. […] Car je veux que les comedies, ausquelles je m’arrête plus particulierement, en parlant des spectacles, que les comedies, dis-je, de ce temps, soient plus honnêtes qu’elles n’ont jamais été, cependant, ceux qui examinent les choses de plus prés, & à qui les autres vertus chrétiennes ne sont pas moins cheres que l’honnêteté, trouvent étrange qu’on les appelle innocentes, vû que les plus honnêtes ne contiennent autre chose que des passions d’ambition, de jalousie, de vengeance, de fausse generosité, & des autres vices, qui étant colorez d’une idée de grandeur d’ame, entrent facilement dans l’esprit, & ruinent tous les principes du Christianisme. […] non, encore une fois ; car comme la plûpart des veritables vertus, qui sont celles de l’Evangile, n’y peuvent trouver de place, & que ce seroit un Heros d’un caractere bien nouveau, d’y representer un homme patient, humble, insensible aux injures, & en un mot, un veritable Chrétien ; on a substitué de fausses vertus, pour exprimer, & pour exciter ces sentimens que le monde appelle nobles & genereux ; le point d’honneur, pour lequel on expose sa vie dans un combat singulier, la passion de dominer, & de s’élever par toutes sortes de voyes, des fourberies, des trahisons, des perfidies, des amitiez qui engagent dans le crime pour servir un amy ; on y voit enfin couronner le vice, authoriser l’injustice par d’illustres exemples, & les maximes les plus contraires à la Religion, passer pour de grandes vertus, & pour des exploits signalez, sans quoy le Theâtre languiroit ; il faut donc pour l’animer, y representer des choses conformes au goût & aux inclinations des spectateurs.
Ce seroit une idée aussi fausse qu’impie, d’avancer que les rayons de lumieres qui paroissoient sur le visage de Moyse, n’étoient que la poudre d’or qu’il mettoit dans ses cheveux, & qui brilloit au rayon du soleil ; erat corona facies Moysi . […] Quand ces Empereurs étoient au soleil, leur tête paroissoit toute en feu, nos Dames ne sort pas assez riches pour user de cette poudre, mais on y viendra tôt ou tard ; en attendant elles ont une poudre extrêmement rousse qui en est un supplément, & elles donnent à leur pommade cette couleur qui donne a leurs cheveux un faux air de blond. […] Quoique les perruques artistement élabourées avec des rateaux, frisées, bouclées, boudinées, maronnées, moutonnées, &c. telles qu’on les voit aujourd’hui, & par consequent le noble metier de perruquier n’a guere plus d’un siécle, l’usage des cheveux emprunté est de la plus haute antiquité ; mais comme un art si admirable n’a pu être porté tout d’un coup à la plus haute perfection, il y a eu bien des manieres d’appliquer à la tête des cheveux faux, qu’on ne peut qu’improprement appeller des perruques.
Je ne m’étonne pas si les coups d’éventail Ne font point envoler cet importun betail ; Il faut pourtant savoir qu’en l’hiver de votre âge, Elles mourront de froid sur votre faux visage. […] Sachez donc & croyez, insensés fanfarons, Qu’elle vous chaussera bientôt ses éperons ; Elle fera l’appas, mais d’une telle sorte, Qu’il vous faudra sortir par une fausse porte. […] dans cette multitude immense de secrets vrais ou faux sur toutes sortes de choses, en donne plusieurs pour faire du fard de toutes especes & de toutes couleurs ; ensuite il en donne pour le ternir, le dissoudre & découvrir par l’ail, les oignons, le souffre, le saffran, &c. ce qui doit rendre les personnes fardées extrêmement attentives sur tout ce qui les approche, pour n’avoir pas la honte d’être découvertes.
Tous est faux, ridicule & contradictoire dans ce récit. […] Ce trait de satyre porte à faux : ces trois sortes de libertins ne vont point s’établir dans un pauvre village fort éloigné de Paris, où ils savent que la vertu regne. […] &c que les galanteries qui ne sont pas le dernier crime, sont des bagatelles sans conséquence, dont il ne faut pas s’appercevoir ; & il met, comme Moliere, en contraste deux filles élevées différemment, dont celle qui fut toujours libre est sage, dit-il, & celle qui fut gênée ne l’est pas Morale fausse & pernicieuse dans sa généralité.
Ninon Lenclos, dans une de ses lettres où elle fait son histoire, donne un portrait de Madame de Maintenon, que je crois qu’on lui prête : car il est faux & outré en bien des choses. […] Prude au cœur faux, se croyant philosophe, Et bel esprit, sans en avoir l’étoffe ; Elle eut toujours bien plus d’art que d’attraits. […] Le mot de courtisanne est faux ; elle étoit mariée, elle avoit beaucoup d’esprit, & fut très-belle.
Les personnages du prologue sont la Parade, ce sont les farces licentieuses de Vadé, la Gravelure, mot nouveau, c’est-à-dire discours obscène ; la fausse Décence, c’est-à-dire l’hypocrisie de la chasteté, qui se donne toute sorte de licence sous des dehors décens ; enfin le Poëte la Fontaine, qui se moque de la décence, comme en effet il s’en est joué dans ses Contes. […] La fausse Décence fait semblant de l’interdire. […] Ils sont si récens, ils sont si fort à couvert de la police & des regards du législateur, ils sont si dangereux, un fruit si marqué de la frivolité & du vice, une occasion si prochaine du crime, qu’il n’est aucun faux fuyant qui puisse les sauver.
Ce mélange de vrai & de faux est un paralogisme. […] Le faux politique n’y voir qu’un or, dont il prétend que l’Etat s’enrichit ; mais les vices que cet étranger rapporte dans sa patrie n’influeront-ils pas un jour sur votre commerce, vos alliances, vos guerres ? […] Le mot jusqu’aux oreilles est faux ; ce sont les vibrations de l’air qui vont jusqu’aux oreilles.
Voicy la dêcision de ce grand Apôtre : Manger des viandes, quoyqu’elles ayent été sacrifiées aux fausses divinitez, est du nombre de ces choses qu’on appelle indifferentes, & je ne vous conseille pas de vous informer scrupuleusement, si celles que vous achetez pour vôtre usage, sont soüillées par cette profanation, ni de vous en abstenir pour cela ; cependant si cela est capable de scandaliser vôtre frere, qui est plus foible que vous, s’il prend occasion de-là, de retourner à son ancienne idolâtrie, il faut absolument vous en abstenir ; parce que cette circonstance en rend l’usage criminel, & il n’est pas juste de perdre l’ame de vôtre frere, que le Sauveur a rachetée au prix de son Sang, pour la nourriture de vôtre corps, ou pour vôtre plaisir. […] Car je veux que les comedies, ausquelles je m’arrête plus particulierement, en parlant des spectacles, que les comedies, dis-je, de ce tems, soient plus honnêtes qu’elles n’ont jamais été, cependant, ceux qui examinent les choses de plus prés, & à qui les autres vertus chrétiennes ne sont pas moins cheres que l’honnêteté, trouvent étrange qu’on les appelle innocentes, vû que le plus honnêtes ne contiennent autre chose que des passions d’ambition, de jalousie, de vengeance, de fausse generosité, & des autres vices, qui étant colorez d’une idée de grandeur d’ame, entrent facilement dans l’esprit, & ruinent tous les principes du Christianisme. […] non, encore une fois ; car comme la plûpart des veritables vertus, qui sont celles de l’Evangile, n’y peuvent trouver de place, & que ce seroit un Heros d’un caractere bien nouveau, d’y representer un homme patient, humble, insensible aux injures, & en un mot, un veritable Chrétien ; on a substitué de fausses vertus, pour exprimer, & pour exciter ces sentimens que le monde appelle nobles & genereux ; le point d’honneur, pour lequel on expose sa vie dans un combat singulier, la passion de dominer, & de s’élever par toutes sortes de voyes, des fourberies, des trahisons, des perfidies, des amitiez qui engagent dans le crime pour servir un amy ; on y voit enfin couronner le vice, authoriser l’injustice par d’illustres exemples, & les maximes les plus contraires à la Religion, passer pour de grandes vertus, & pour des exploits signalez, sans quoy le Theâtre languiroit ; il faut donc pour l’animer, y representer des choses conformes au goût & aux inclinations des spectateurs.
c’est une vie de crucifiement, comme parle saint Paul, ou bien enfin c’est une vie de mort à tous les faux plaisirs, et à tous les vains amusements du monde, « mortui estis, et vita vestra abscondita est cum Christo in Deo ». […] Ils souffrent avec patience toutes les misères et les incommodités de leur pèlerinage ; parce qu’ils savent qu’elles finiront bientôt ; et ils méprisent tous les faux plaisirs que le monde leur présente, parce qu’ils en attendent d’autres qui seront plus grands et plus durables.
Mais depuis que par des théâtres fixes, construits à demeure, les représentations théâtrales devinrent journalières, et par conséquent indépendantes des fêtes, elles ne furent plus que des amusements, et non des actes de religion, que dans certains temps où elles concouraient avec des fêtes, quoique les autels des faux Dieux y demeurassent toujours. […] Je ne parle pas de l’esprit faux et frivole qu’inspire et qu’entretient l’étude continuelle des fables et des chimères, du mauvais goût que donne le tissu de folies et de crimes dont on se repaît comme de quelque chose de bien merveilleux, des entraves qu’il met au génie, en persuadant que tout le beau, le sublime, l’agréable est renfermé dans ce petit nombre d’objets sans cesse répétés et ressassés, qui n’ont plus que de la fadeur.
Il élevait un Théâtre, mais moral : un Théâtre qui tournât au profit du cœur et de l’esprit ; qui formât des Citoyens, des Pères et des Mères de famille, des Enfants et des Sujets dociles ; qui ne respirât que l’honneur et la probité ; qui rectifiât les fausses idées et les remplaçât par de plus justes ; qui mît un frein aux passions et apprît à les régler ; qui fût ennemi déclaré du vice et épargnât le vicieux : persécuteur infatigable de tout ce qui conduit au détriment de la Société : protecteur zélé de ce qui en serre les liens ; qui montrât le crime et le vice dans toute leur difformité, et la vertu dans tout son lustre : en un mot, qui ne proposât que de bons exemples, et couvrît de confusion les mauvais. […] Le premier16, attaqué par un faux Brave dont il avait repris les blasphèmes, disait qu’après avoir osé défendre la cause de Dieu, il ne devait point la trahir pour les maximes d’un honneur mal entendu.
On convient que ces circonstances étoient incompatibles avec la pureté de la foi qui abhorre le culte des fausses divinités, avec la doctrine des mœurs qui proscrit l’effusion du sang humain.
S’il arrive à quelques hommes de Lettres d’en convenir, c’est par une fausse modestie, & afin qu’on refuse de les croire.
ma sœur, dans ce monde faux, vil, dur, lâche, indifférent à tout bien, quelles âmes on rencontre quelquefois !
C'est une preuve sensible que leur conscience dément leurs fausses lumières, et qu'ils sont eux-mêmes convaincus du mal qu'il y a dans la comédie. » Essais de mor[ale].
Quand on examine de près quels sont les défauts que ce Comédien a corrigés, on trouve que tout se réduit à quelque faux goût, à quelque sot entêtement, à des affectations ridicules, telles que sont celles qu'il a reprises dans les précieuses, dans ceux qui outrent les modes, qui s'érigent en gens de qualité, qui parlent incessamment de leur noblesse, qui ont toujours quelques vers de leur façon à montrer.
« Le clergé pour qui j’ai eu tant d’égards, auquel j’ai cherché à m’associer, jusqu’à avilir dans cette vue la majesté royale, s’est laissé aveugler, il y a déjà longtemps, par un faux zèle pour la religion, et donne aujourd’hui au peuple français l’exemple de la révolte. » Quelle leçon pour les rois !
Quand le nombre de ces faux dévots qui ne laissent pas d’aller sans scrupule à la Comédie, avec l’horreur qu’on prétend qu’ils ont du péché, serait encore mille fois plus grand qu’il n’est ; il ne serait nullement capable de justifier et de rendre licite un divertissement qui est condamné par les Conciles. […] Il s’ensuit donc de ceci qu’on ne doit reconnaître pour gens de bien, que ceux qui se privent des faux plaisirs du siècle, pour se soumettre au joug agréable de Jésus-Christ. […] Laissons rassasier les Païens des faux plaisirs de la Comédie, dit Tertullien. […] Mais pleurons tandis qu’ils se réjouissent afin que nous nous réjouissions tandis qu’ils pleureront, de peur que si nous nous abandonnons comme eux à de fausses joies ; nous ne soyons un jour condamnés à pleurer amèrement avec eux.
Ceci d’abord est contraire au précepte de Boileau, que j’aime mieux en croire ; ensuite, absolument faux en tous ses points. […] C’est ce qui rend sa critique des Comédies à rejetter, presque toujours fausse. […] Mais aussi, l’on avance une maxime atrabilaire & fausse, en disant, que tout amusement non nécessaire est un mal. […] Ce passage renferme une définition juste de la Scène, suivie d’une assertion fausse. […] Toutes ces étimologies du matériel du mot Tragédie, n’ont avec la chose qu’un faux rapport.
Le sieur de la M** avoit d’autres principes dans la tête quand il a composé son Mémoire : Au milieu de votre troupe, Mademoiselle (que je crois copiée d’après celle dont Scarron raconte les Aventures dans le Roman Comique) je me représente le vénérable Jurisconsulte que vous introduisez, pour y faire trophée de son sçavoir contre les censures qui vous lient : il triomphe à peu de frais, aucun des Auditeurs n’est en état de le contredire ; il peut sans aucun risque avancer autant de contre-sens, d’Anachronismes1, de citations fausses, qu’il lui plaira : c’est assez qu’il débite force loix pour éblouir, qu’il vomisse du Latin à grands flots, & s’exprime en bons termes de Palais, avec un déluge de paroles : Dans ce cercle de Sénateurs de nouvelle fabrique, feu M. de Noailles, Auteur prétendu de leur Excommunication, est fort maltraité ; le Clergé de France, surtout les Auteurs de la réclamation, n’ont pas eu beau jeu ; enfin on a concédé à l’Apologiste, sans la moindre repugnance, le titre de Docteur de l’Eglise : on l’a proclamé l’Interpréte des Loix, l’appui de l’État, la lumiere du monde entier, tandis qu’il érigeoit la troupe en Académie Royale, la faisant marcher de pair avec les premiers Académiciens de l’europe. […] Cet aveu que je fais ici, à l’occasion de l’appel comme d’abus, ne donne au sieur de la M… aucun avantage sur moi : le Parlement est bien éloigné de s’inscrire en faux contre l’Excommunication des Comédiens, & dans la supposition que ceux-ci portassent leurs plaintes en cette auguste & religieuse Cour, on leur produiroit une multitude d’Arrêts qu’elle a prononcées dans tous les tems contre la Comédie ; ils sont d’accord avec le Code Théodosien, qui défend à quiconque, étant pressé par la maladie, a renoncé au Théâtre, pour se reconcilier avec l’Église, & recevoir les derniers Sacremens, s’ils recouvrent la santé, de reprendre la profession qu’il a quittée, & de manquer à d’aussi saints engagemens.
C’est d’avoir en sa maison des tableaux, ou des sculptures de nuditez lascives : de lire des livres pleins d’impuretez, de se trouver souvent en la compagnie de personnes dissoluës & libertines : d’avoir dans sa maison, ou en sa disposition quelque personne qui serve d’attrait au peché d’impureté : de faire profession de joüer continuellement aux cartes & aux dez : de tenir pour les autres un lieu preparé à cet effet : d’aller aux cabarets sans necessité, & seulement par un esprit de debauche : de frequenter les heretiques qui sollicitent ceux qui les frequentent de quitter l’Eglise, surtout s’ils sont intelligens & zelez pour leur fausse religion ; ou de lire les livres où ils traittent à fond de leurs erreurs. […] Et les Peres ont toujours mis entre les fausses penitences celles des pecheurs, qui pendant le cours de leur penitence retomboient dans les crimes dont ils s’estoient accusez : Irrisor est, non pœnitens, qui adhuc agit quod pœnitet.
Mais leur fausse dialectique ne séduit plus personne. […] Cette pensée fausse n’est digne que d’un Rhéteur pusillanime. […] La proposition est fausse.
Ces trois adresses se trouverent fausses, & le diamant n’a plus paru. […] Les lettres coururent, on gagna la Portiere, on fit de fausses clefs, enfin ou entre dans le Couvent pendant la nuit, & la fille, avec qui tout étoit concerté, malgré les beaux sermons du Pere Bourdaloue, son Confesseur, fut enlevée. […] Ce parallele bien analysé entre ces deux prétendus luxes est une idée fausse, & même peu Chrétienne, à laquelle sans doute ce Prélat n’a pas fait assez d’attention.
Ce ne sont que des Lettres galantes en vers tendres sur des sujets factices, la plupart faux & souvent absurdes, comme Zeila au Sérail, Barneveld en prison, &c. […] En effet, tout y est faux & assez mal imaginé. […] Vous traitez de fausse délicatesse cette volupté vraie qui naît de la nature, se nourrit dans l’ame, la concentre, & ne l’y ôte que pour la faire jouir avec plus de recueillement & de vivacité, inspirée par Thaïs, &c.
On l’a fait en action de graces & par religion dans les fêtes & les cérémonies les plus saintes, non-seulement chez les Payens, qui célébroient leurs faux Dieux par des danses religieuses, mais chez les Juifs. […] Les jeunes gens, les gens du monde sont dans une si grande ignorance, une si fausse conscience, un préjugé si aveugle, que bien loin de traiter la danse de péché, ils se font un honneur, un mérite, un devoir d’en fréquenter, d’en tenir les assemblées, & d’y paroître avec tout l’éclat & toutes les graces qu’ils peuvent se donner. […] Dan ces innombrables conversations qui de toutes parts se forment, on parle, on crie, on commence, on s’interrompt, on n’écoute pas, on ne sait ce qu’on dit, on ne dit que des sottises ; des ris immodérés se font entendre pour rien, un masque, un faux pas, une allure gauche, sans savoir pourquoi : Fatuus in risu exaltat vocem suam : Sapiens vix tacitè ridet : Va vobis qui ridetis, quia lugebitis.
Pourquoi donc jugez-vous ces mêmes Pasteurs,5 en leur attribuant des sentimens qu’ils protestent ne pas avoir, en donnant à leurs paroles des interprétations forcées, en tirant de leurs principes des conséquences odieuses & fausses qu’ils désavouent ?
« Dans le dessein que j’ai de faire aller Esope Partout où les abus offrent de faux appas, Ne croyez pas que j’enveloppe Parmi les vicieux ceux qui ne le sont pas.
Le délit dont nous venons de parler, considéré sous le point de vue de l’état politique et celui de la législation, impose nécessairement à MM. les procureurs du Roi, l’obligation de surveiller et de réprimer en ce qui les concerne les ministres du culte qui, par un faux zèle de religion, manqueraient au respect qu’ils doivent au souverain, et se mettraient en quelque sorte en insurrection, contre ce qui a été institué par l’action de l’autorité souveraine et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume.
» « Cette maxime est barbare et fausse ; tant pis si le peuple n’a de temps que pour gagner son pain, il lui en faut encore pour le manger avec joie.
) les Ministres de la Religion, comme des Pedans épris d’une fausse idée de perfection, des Moralistes déclamateurs & sans esprit, dangereux dans un Etat, des Prêtres de Moloch… des Fanatiques… qui veulent qu’on tienne les Peuples prosternés devant les préjugés reçus comme devant les Crocodiles sacrés de Memphis, ni enfin nous enseigner qu’il faut d’une main hardie briser le talisman d’imbécillité auquel est attachée la puissance de ces génies malfaisans : Si la bouche de ceux-ci peut s’ouvrir encore pour traiter par celle d’Hypermnestre (édition 1759) ces mêmes Ministres de fourbes dont la langue au mensonge vendue, veut en prenant sur nous un funeste ascendant, paroître nous servir en nous intimidant , & pour nous dire que quand un Prêtre a parlé d’un avenir, c’est foiblesse de trembler sur sa foi , à moins qu’on ait vû sur lui la vérité descendre ? […] Qu’ils soient donc déracinés ces arbres maudits qui ne nous présentent qu’un fruit justement défendu, puisque le meilleur n’en vaut rien : oui, quand nous n’aurons plus à verser des larmes sur un faux Joas, nous n’en serons que plus disposés à nous laisser efficacement attendrir sur une infinité de véritables Lazares en faveur desquels de vils animaux semblent nous reprocher une insensibilité qu’ils n’ont pas : quand, à l’ombre de ces arbres de la science du mal, une Précieuse, un Petit-Maître n’apprendront plus à se corriger d’un ridicule, eux & deux mille avec eux, n’y apprendront plus à commettre tous les vices. […] cette secte de faux sages qui ne font que renouveller sous différentes formes tous les systêmes (p. 10.) […] En vain ces Pasteurs charitables nous crient sans cesse : Gardez vous de ces faux Prophêtes (Matt. 7. v. 15.) […] ) tous ces faux Sçavans du siècle… tous ces prétendus Philosophes, qui pour dégrader l’humanité, imaginent le projet insensé de détruire les premières vérités gravées dans nos cœurs par la main du Créateur, d’abolir son culte & ses Ministres, d’établir enfin le Déisme & le Matérialisme .
Les Casuistes ne sont point rares dans la capitale du Royaume ; il falloit interroger la Sorbonne : le Prélat, les Pasteurs vous auroient répondu volontiers ; mais vous vouliez être autorisée, & désesperant d’en tirer un avis favorable, vous avez imité les Rois d’Israël, qui consultoient les faux Prophétes : semblable à ces enfans du mensonge dont parle Isaie, qui disoient aux Prophétes : Ne nous annoncez aucune vérité fâcheuse, ce sont des oracles conformes à nos inclinations, que nous attendons de vous ; n’importe pas que ce soit des erreurs, pourvû qu’elles nous plaisent1.
applique proprement le mot d'Histrion aux Mimes, qui par leur danses représentaient les Fables des faux Dieux, en disant, « qu'un seul contrefait tantôt Vénus par ses mollesses, et tantôt Cybèle par les tremblements de son corps. ».
Mais Sylvestre ouvre encore davantage la porte au relâchement de la discipline Ecclésiastique, que cet Auteur a commencé d’introduire ; et donnant plus d’étendue à la fausse liberté que désirent ceux qui ne cherchent que leur plaisir ; il condamne l’opinion d’Angélus d’une excessive sévérité, pour avoir mis au rang des divins Offices les Vêpres et les Sermons, et parce qu’il n’excuse pas de grief péchéb, ceux qui auraient employé quelque temps notable, c’est-à-dire la plus grande partie du jour dans cette sorte d’exercices.
Les maximes de l’Evangile sont pures et vivifiantes, celles du théâtre sont dépravées ; elles n’offrent qu’un faux jour qui conduit au précipice : c’est un appât qui vous attire ; mais prenez bien garde, il contient un poison dangereux.
Toutes les bourses, fermées à l’aumône, s’ouvrent pour la comédie, et étalent à l’avidité du Publicain une fausse richesse qui irrite sa soif ; les frais de la construction, de la décoration, des habits, de l’entretien, s’imposent sans difficulté, se lèvent sans peine ; on ne trouve pas un sol pour les pauvres.
Je ne sais aussi où vous avez étudié en Théologie ; mais à mon sens, jamais Théologien n’a raisonné plus faux, et d’une manière plus captieuse, comme nous allons voir. […] Nous le savons aussi bien que vous ; mais vous supposez faux quand vous avancez, sans le prouver, que la Comédie est de cette nature. […] Vous supposez faux, car votre conséquence ne saurait être bonne. […] Pour moi j’avoue que je n’en ai pas trouvé en mon chemin ; et j’ai remarqué au contraire, que ceux qui ne sont pas Docteurs, prennent ordinairement le parti de mépriser cette qualité, bien loin de se l’attribuer à faux. […] Gémissez devant Dieu de tant de faux pas que vous avez fait faire à ceux que vous avez conduits.
Il blâme avec raison les fausses idées du monde qui se figure que la pudeur est la vertu des seules femmes, que les hommes ne se deshonorent point en la perdant, & pressant les femmes de la perdre. […] Cette pensée est à la rigueur fausse. […] L’effronterie d’un Prédicateur comédien, dont on se fait quelquefois un faux mérite, dépare l’Evangile, scandalise l’auditeur, decrédite la parole & le Ministre.
Mais il est faux que la mere ait voulu épouser Moliere, qui n’étoit alors qu’un misérable histrion de province, & se fût trouvé fort heureux de s’unir à elle. […] La stérilité a imaginé des épisodes inutiles & fausses qui ne servent à rien. Pour augmenter l’embarras, on introduit dans la maison de Moliere, je ne sai à quel titre, de domestique, d’ami, de pensionnaire, qui tous sont faux, lequel suborne la servante qui est vieille & fort laide, & inspire à la fille Bejard des soupçons affreux contre son amant, qu’on accuse de vouloir l’enlever : l’intrigue se découvre, Moliere est furieux, & veut se venger.
On n’y peut guere exposer les grandes vérités qui intéressent la nation entiere, et l’éclaireroient sur ses droits ; on n’ose y débiter que des leçons d’une morale usée et commune ; la soumission aveugle au despotisme des rois y est réduite en principes, et fortifiée par des exemples ; on y déploie toutes ces idées gothiques et chevaleresques, qui n’ont pour fondement que des préjugés, et les vertus publiques qu’on y loue le plus, sont des traits d’un courage souvent inconsidéré, ou d’un faux honneur, qui, dans les états despotiques, tient lieu de vertus7. […] Il est faux d’ailleurs que les priviléges portent sur peu d’individus, puisqu’ils gênent dans leurs plaisirs les amateurs nombreux des spectacles. […] De la sienne, oui ; de celle des autres, non ; et ces faux spéculateurs entraîneront les capitalistes dans leur ruine.
Oui, mes chers Auditeurs, il le devait selon nos vues humaines, c’est-à-dire, selon les vues faibles et bornées de la fausse prudence de la chair : mais les vues de la sagesse divine sont bien supérieures aux nôtres, et pour l’accomplissement des desseins de Dieu à l’avantage de ses élus, il fallait qu’ils renonçassent aux divertissements du monde, parce que si les apparences en sont belles et les dehors engageants, la fin en est malheureuse, et qu’ils mènent à la perdition. […] Les uns éclairés de la véritable sagesse, qui est la sagesse de l’Evangile, les réprouvent ; les autres trompés par les fausses lumieres d’une prudence charnelle, les justifient ou s’efforcent de les justifier. […] Car c’est vous jouer de Dieu même, mon Frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anathême au démon, comme vous l’avez fait en recevant sur les sacrés fonts la grace de Jesus-Christ, et de rechercher maintenant les fausses joies qu’il vous présente dans une assemblée ou dans un spectacle de vanité.
Supposons qu’un jeune-homme lise dans son cabinet, ou l’Amphitrion, ou les Folies amoureuses, Zénéïde, l’Oracle, ou les Fausses Infidélités, &c. […] Les Fausses Infidélités présentent trois Originaux, le froid Valsain, le trépignant d’Ormilli ; le présomptueux Mondor.
On ne tend pas au Collège des pièges à l'innocence, on n'y agit pas par un esprit mercenaire pour gagner de l'argent, comme à la comédie : émulation, obéissance dans les élèves ; vues louables, quoique fausses, du bien public et de l'éducation dans les Régents. […] Non : c'est pour eux et pour leurs Collèges, dans le principe et dans l'effet, la politique la plus fausse.
Je pense qu’il souffrirait assez impatiemment dans les unes, ce qu’il respecte tant dans les autres, et que dès qu’il verrait cette sévérité tant vantée dans un sujet auquel il prendrait quelque intérêt, il reconnaîtrait bientôt ces fausses vertus pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire, pour des vices véritables. […] Celles qui passent pour les plus honnêtes, renferment bien souvent le poison le plus subtil, et si vous examinez toutes celles que vous avez jamais ouïes, vous remarquerez qu’il n’y en a point qui ne blessent ou la vérité, ou la charité, soit en donnant de fausses louanges aux choses, et aux personnes qui n’en méritent point, soit en déchirant l’honneur et la réputation du prochain.
Cependant, je veux bien en croire le sceptique dont vous adoptez le témoignage : quand même Molière n’auroit corrigé que des petits-maîtres, des misantropes & de faux dévots, n’estimez-vous pas assez la société, pour lui en avoir la plus grande obligation ?
Si l’on ne disoit que ce qu’on sent, y auroit-il dans le monde tant de fausses caresses, tant de trahisons, de politesses forcées, tant de vaines promesses ?
en vous accordant tout ce que vous demandez, vous n’êtes parvenus qu’à les rendre plus faux.
Le caractere de son écuyer n’est pas moins faux : on le donne pour un homme sensé qui n’a jamais lu de livres de chevalerie, & ne peut par conséquent en être infatué, & qui cependant quitte maison, femme & enfans, pour courir avec un fou, qu’il connoît tel, sous l’espérance chimérique d’un gouvernement, & des aventures extravagantes où il n’y a que des coups à gagner, & en gagne en effet en abondance, aussi-bien que son maître : il est cent fois rompu & laisse pour mort, &, contre toutes les regles du moral & du physique, il est sur le champ ressuscité par miracle, & revient en extravagant s’exposer à de nouveaux coups, & mener la vie la plus misérable.
Or, il est tout visible, qu’il n’est point de tems, où vous pensiez moins à mourir que lors-que vous oubliez méme de vivre en Chrétiens, & par consequent si Jesus-Christ ne nous a point donné un faux avis, s’il ne nous a point trompé lui-méme, il n’est point de tems, où vous aïez plus de sujet de craindre la mort ; Quâ horâ non putatis, filius hominis veniet.
vous trouverez ce méme reproche dans toutes les ames un peu timorées : & si vous voulez le demander à toutes celles, qui ont autrefois été dans le monde, & qui s’en sont retirées ou d’effet, où d’affection seulement, elles vous diront, que dans les confessions generales, qu’elles ont faites, elles se sont accusées, & repenties d’avoir été autrefois au bal : demandez à ces danseurs, quand ils sont à l’article de la mort, où l’on voit alors clairement toutes choses, & non plus par le faux jour de nos passions, s’il ne se repentent pas, & s’il ne craignent pas d’en rendre compte au jugement de Dieu ; vous-mêmes ne vous en accusez vous pas au tribunal de penitence, ne pouvant étouffer le reproche de vôtre conscience, qui vous en reprend ?
Les détails de L’Illiade & de l’Odissée, qui choquent tant notre fausse délicatesse, charmaient la Gréce entière, parce qu’ils étaient la peinture fidelle de ses mœurs.
Mais après cela, je voudrois aussi qu’on eût un peu plus d’égard que l’on n’a à leur s interests, qu’on favorisast leur gain, c’est à dire leurs portes, qu’on les secourut de quelque chose de la part du public, pour les aider à soustenir avec plus de courage la despence des habits, des decorations, & mille faux frais, dont ils ne peuvent se dispenser, & qui les ruïnent & les consoment.
Saint Augustin assure que c’est un reste de Paganisme, d’autant que les anciens Idolâtres par cette cérémonie profane honoraient leurs faux Dieux.
Car, en matière de religion, l’exemple est le moteur le plus fort et le plus victorieux ; le sang des premiers martyrs a amené des flots de sang, parce que chacun voulait payer de sa vie son entrée dans la foi, et obtenir la couronne céleste, en mourant pour le fils de Dieu qui en était le suprême dispensateur ; Et puisque les ecclésiastiques veulent soumettre les autres chrétiens à l’observation des décrets des conciles, et qu’au moment de leurs décès ils leur font la fausse application de sentences exterminatoires, il est de toute justice, de toute pudeur publique qu’ils rentrent eux-mêmes dans la volonté de leurs propres lois, et qu’ils s’en montrent les fidèles et les zélés observateurs.
Les Comédies où les passions sont si bien représentées, ont offensé tous les Dévots ; Selon leur opinion on y emploie des paroles trop tendres qui réveillent la passion d’amour dans les cœurs ; Il s’y trouve en quelques endroits des Discours véhéments qui excitent la colère pour des sujets qui ne le valent pas ; l’orgueil et l’ambition y ont leur place, pour nous apprendre à rechercher les faux biens du Monde, et à mépriser les vrais biens, qui sont ceux de la Vertu, et tous les biens entièrement spirituels.
J’ai parlé ailleurs de cette prétendue lettre que je crois fausse. […] Sulli est à plaindre d’avoir vécu dans une fausse religion. […] Jamais Henri ne fut moins grand qu’à la comédie : on y joue des personnages faux, on leur donne des caracteres imaginaires, on imagine des faits, on fait des anachronismes, pour amener quelques bon mots : ce sont des pompons qu’on attache avec une épingle, pour parer celui qu’on montre dans le jour le moins favorable. […] Tout est faux dans cette pensée, qui n’est d’ailleurs, ni rare, ni neuve.
Si j’avais à parler à quelque moins habile homme, ou bien à quelque faux dévot, qui pour se donner des airs de réforme, aurait la témérité de rejeter la doctrine de saint Thomas comme opposée à la Morale des Pères, et peu conforme en quelques endroits aux maximes les plus pures de la Religion ; je n’aurais pas de peine à lui fermer la bouche, et à lui apprendre à porter à la doctrine de ce saint Docteur toute la vénération qu’elle mérite, et que les Conciles, les Souverains Pontifes, et tous les grands hommes qui l’ont suivi n’ont pu lui refuser. […] Si l’excès du divertissement est donc un péché (comme on n’en peut douter) les Comédiens sont en état de péché, comme aussi tous ceux qui assistent à la Comédie pèchent, et ceux qui leur donnent quelque chose sont comme les fauteurs de leur péché, ce qui semble être faux ; car nous lisons dans la Vie des Pères qu’il fut un jour révélé à saint Paphnuce qu’il n’aurait pas dans l’autre vie un plus haut degré de gloire qu’un certain Comédieng. » Si l’objection que se fait saint Thomas est subtile, sa réponse n’a pas moins de délicatesse et de solidité. […] les Spectacles dans ces célèbres paroles : « Abstenez-vous de la moindre chose qui ait l’apparence du mal. » Mais Albert le Grand répond à tous ces Passages que les danses, etc., « qui, de soi ne sont pas mauvaises pouvaient le devenir par les malheureuses circonstances dont saint Paul entend parler : Qu'il est faux qu’on ne dansa toujours que devant les Idoles, et qu’on le faisait en d’autres occasions, témoin Marie sœur d’Aaron et de Moïse, dont nous venons de parler : Que Dieu, par la bouche de son Prophète ne reprend que les gestes infâmes dont les danses des Juifs étaient accompagnées : et que saint Paul enfin défend jusqu’à l’apparence du vrai mal, et non de ce qui ne le devient que par accident et par de mauvaises circonstances. » Ces autorités de l’Ecriture, dont on fait tant de bruit, ne prouvent donc rien, selon Albert le Grand, contre les spectacles. […] Ils y sont si bien que la Comédie ne fait point dégénérer la Noblesse, Floridort, dont j’ai ouï parler comme du plus grand Comédien que la France ait eu, étant né Gentilhomme, n’en fut point jugé indigne par la Profession dont il était : et dans la recherche que l’on fit de la fausse Noblesse, il fut reçu par le Roi et son Conseil à faire preuve de la vérité de la sienne, qui par droit héréditaire a passé à sa postérité.
L’humeur sauvage des pères & des époux, la vertu des femmes qui tenoit de la pruderie, le savoir défiguré par le pedantisme des Medecins attachés à leur robe & à leur latin, le mélange ridicule de l’ancienne barbarie & du faux bel esprit, avoit produit le jargon des Précieuses ; l’ascendant de la cour sur la ville avoit multiplié les prétentions & la fausse importance dans la bourgeoisie. […] Mais soit que par sagesse on ait enseveli ces horreurs dans le silence, soit qu’en effet ce ne fût qu’un faux bruit, il y a longtemps qu’on n’en parle plus.
On les a chassés pour avoit joué la fausse Prude, où elle s’est reconnue. […] Chanson sur la Semiramis de Voltaire : Blasphemes nouveaux, Sentimens dévots, Des Etats généraux, Des brides à veaux, Nouveau rêve, Sacre, glaive, Billet, cassette, bordereau, Oracle, faux miracle, Loge de Bedeau, Palais & tombeau, Tous les diables en l’air, Une nuit, un éclair, Fantome du Festin de Pierre, Grand tonnerre, Des cris sous terre, Meurtre, trahison, Inceste, poison ; Que dites-vous, amis, De ce salmigondis De la Semiramis ?
Mais lorsqu’il s’agit de se former une idée des véritables inconvéniens des Spectacles, si l’on ne fait que consulter les Livres, on s’expose à se tromper, en copiant ce que le préjugé, un faux zèle, ou l’intérêt ont fait avancer de tout temps aux Misomimes* ; gens dont on peut dire que les griefs n’ont été jamais accompagnés de cette justice qui pouvait y donner du poids. […] Voila pourquoi ces infortunées, dont on a parlé dans le premier Volume de cet Ouvrage, lorsqu’une fois elles sont connues & deshonorées, ne gardent plus de mesures, & que notre sexe, dont la modestie & la décence sont le caractère, est, dans ce malheureux état, d’une impudence qui révolte jusqu’aux plus Libertins : Ayez des Comédiens que leur conduite précédente n’ait pas avilis à leurs propres yeux ; rendez à ceux qui cultiveront un art plus utile & plus estimable que ses partisans même ne l’imaginent, la place qu’ils doivent occuper parmi les Citoyens, place que le préjugé, de fausses vues & la jalousie leur ont ôtée, & vous verrez, s’il est possible que les Comédiennes soient aussi sages que d’autres femmes.
j , que les attribuant à l’ire de ces fausses Divinités, ils les apaisaient entre les autres moyens par des jeux qu’ils faisaient jouer en leur honneur, dont les Tragédies et les Comédies faisaient partie. […] Là seront parfois des visages masqués, qui cachent sous des figures fausses, l’image de Dieu, que lui-même a empreinte dessus notre face. […] s , condamna en l’année 1508, à l’amande de cent livres, tous les marchands qui vendraient de ces faux visages, et tous ceux aussi qui les porteraient ; De plus, elle renouvela cet Arrêt en l’an 1514. […] Nous avons réfuté l’exception tirée de la Réformation prétendue de ces Théâtres, et montré, qu’en partie elle est fausse, et qu’au reste, posé que la dissolution n’y fût pas au même point qu’auparavant, les autres maux toujours s’y rencontrent : joint que la prohibition en ayant été faite par l’ordre public, elle demeure jusques à ce que la même autorité l’eût levée. 3. […] Comprendre : ce que nous avons prouvé faux, par arguments rationnels et arguments d’autorité.
Cette équivoque a fait son erreur, et son faux raisonnement, et je ne pense pas que l'on trouve chez les Anciens ces noms Latins, Comœda ou Tragœda, pour signifier une femme qui jouait la Comédie ou la Tragédie, il n'y en a point, ou du moins puis-je assurer que je n'en ai jamais rien trouvé.
Cependant, à l’exception d’un seul, s’il était possible, et uniquement parce qu’il est dans une fausse position.
Ce sont des plaisirs bien plus dignes de nous que tous ces faux plaisirs des spectacles qu’on n’aime et qu’on ne recherche avec tant d’ardeur que parce qu’ils flattent et nourrissent le penchant et le goût qu’on a pour les plaisirs criminels de la voluptébk. » « Tertullien et saint Cyprien nous invitent à des spectacles bien différents des spectacles profanes : ils introduisent l’homme raisonnable et chrétien dans le sanctuaire de la religion et de la nature, pour charmer tour à tour sa raison et sa foi.
Ces Peuples idolâtres et superstitieux jusqu’à l’excès, crurent qu’en représentant ces jeux en l’honneur de leurs fausses Divinités, cela les appaiserait, et ferait cesser le fléau.
Cette vaine parure, est en effet un lien qui traine les ames : lien de vanité, rien n’est plus frivole, plus faux, plus trompeur que cette apparence, ce mensonge de beauté, qui les chargent de chaînes, mais liens qui entrainent un chariot plein de péchés : Væ qui trahitis iniquitatem in vinculis vanitatis peccatum velut plaustrum. […] Portez-les aux Temples des faux Dieux, chargez-en les victimes qu’on y brûle, sur leurs Autels : elles ne peuvent manquer de leur plaire, d’établir, d’avancer, de répandre leur culte, en même tems qu’elles détruisent celui du vrai Dieu.
Ce sont les queues des cheveux, ou faux ou naturels, qui occupent un sublime baigneur, les boucles, les tresses, les marteaux, les nœuds, les boudins roulant simétriquement, flottant négligeamment, serpentant agréablement, voltigeant indifféremment sur la tête, sur le front, sur les joues, sur les épaules ; que sais-je ? […] Il est dit que les faux Prophêtes sont la queue du peuple, c’est-à-dire, la portion la plus méprisable.
L’une de son galant, en adroite femelle, Fait fausse confidence à son mari fidelle, Qui dort en sûreté sur de pareils appas, Et le plaint ce galant des soins qu’il ne perd pas. […] La vraie piété comdamne les passions : on la décrie sous le nom de la fausse, on la tourne en ridicule, voilà Tartuffe.
il n’y a point de mal, on y apprend à vivre dans le monde ; mais prenez garde qu’il n’y a rien d’innocent dans ces divertissements qui sont souvent des occasions prochaines de péché à ceux qui s’y trouvent, sans avoir mauvaise intention, parce que les comédiens d’aujourd’hui sont semblables à ceux dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous le beau prétexte de les reformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement et avec artifice dans les esprits des spectateurs, et qui voulant corriger les hommes en les divertissant, les perdent en les faisant rire, et meurent par cette fausse joie, comme ceux qui ont mangé de l’herbe Sardoniquec, selon la remarque des Naturalistes. […] Salomon, le plus sage de tous les mortels, devint le plus fol de tous les hommes pour l’amour de ses courtisanes, qui le firent idolâtrer, et donner de l’encens à leurs fausses Divinités.
C’est un faux monnayeur qui toujours la déguise, l’altère, la profane ; peut-elle venir pure par un canal si corrompu ? […] Par le scandale qu’il donne, un Comédien qui s’avise de parler religion et vertu, est un nouveau Balaam, qui malgré lui prophétise, et bénit le peuple d’Israël, tandis qu’avare et faux Prophète il n’était venu que par intérêt pour le maudire.
Il est très faux qu’il soit utile au public de rassembler les citoyens au spectacle ; ils n’y voient que les excès, les intrigues, le succès des passions ; il n’y forment que des parties de débauche, des sociétés de vice, des liaisons de crime. […] Tout le pompeux étalage de ses titres porte à faux : la communauté des Savetiers est plus légitime que la troupe des Comédiens.
Quelque faux que soit l'objet, l'émotion de la passion est très réelle, et cette émotion goûtée volontairement et avec plaisir est criminelle. […] un mauvais vers, un mauvais geste, un faux ton, sont sifflés, une mauvaise maxime est applaudie.