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161. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Science & Art. […] Cet homme singulier plutôt que grand, mais qui a fait de grandes choses, voyagea en Hollande, en Angleterre, en France pour apprendre tous les arts & metiers, & les enseigner à ses Russes. Il travailla lui-même comme le plus simple artisan, il fit venir en Moscovie, à grands frais, toute sorte d’artistes ; mais jamais il ne daigna penser au théatre, il n’étudia point l’art de la déclamation, ni la danse, ni la musique, il ne parut point sur la scéne, comme sur les chantiers d’Amsterdam, il ne demanda ni comédiens ni comédiennes, il ne bâtit aucun théatre dans ses États ; il étoit trop grand pour s’amuser à ces miseres.

162. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

  Le Plan de Réforme s’ouvre à la sixième Lettre, page 45 par une définition du Munisme ; ou de l’Art de l’imitation ; suivie de celle des Spectacles en général. […] 165 La Note [Q] 443, sur la Parodie, se trouve dans cet Art. […] Le néologisme consiste 1. dans quelques termes de l’Art théâtral très-nécessaires, qu’elle explique par les circonlocutions synonymiques, la première fois qu’ils sont employés ; 2. dans quelques verbes substitués à des auxiliaires, trop multipliés dans notre langue ; 3. dans les mots formés soit du Grec, soit du Latin.

163. (1836) De l’influence de la scène « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] DE L'INFLUENCEDE LA SCENE sur LES MOEURS EN FRANCEMémoire de Madame Caroline Ratyé ; couronné par l'Athénée des Arts, le 17 mai 1835[...]

164. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Approbation. »

J’ ai lu, par ordre de Monseigneur le Vice-Chancelier, un Manuscrit intitulé : De l’Art du Théâtre en général, &c.

165. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il est vrai qu’il faudrait plus d’art ; mais les talents en brilleraient davantage ; ce serait une nouvelle carrière ouverte aux Auteurs, qui en auraient plus d’occasions de se signaler. […] L’art de l’exposition, de l’arrangement, la beauté et le choix du style, l’énergie des termes, le succès des transitions, la force des tableaux : voilà ce qui en fait la différence. […] Il ne pense pas qu’elle ait raison de se flatter d’être plus pure que l’ancienne : le caractère qu’il fait de Molière est achevé ; et par là même il en fait un maître dans l’art des mœurs d’autant plus mauvais, qu’il le fait meilleur dans l’art du poème dramatique. […] L’art séduit en tout, jusques dans la nature même. […] Que l’art de Molière et de ceux qui l’ont suivi, en déguisant le danger, l’ont rendu plus grand, et que les talents des Auteurs dramatiques ne sont pas des titres pour justifier leurs Pièces.

166. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Si je ne les ai point retranché tout-à-fait, ou adouci avec art, c’est qu’il m’a paru que je pouvais entreprendre de les justifier. […] Est-il nécessaire que les Pièces de Théâtre, qui nous font vraiment plaisir, renferment toutes les règles de l’art ?

167. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Voilà l’art de la tragédie & de la comédie ; elle fait de nous des Neron, des Domitien, qui se réjouissent du mal des autres. […] En vain le monde lui donn-t-il des noms spécieux, en vain tâche-t-il de l’ennoblir par la pompe & l’appareil du spectacle, l’élevation des sentimens & l’art de la poësie ; en vain des Auteurs, par une autre foiblesse, prostituent-ils leur plume à son apologie. […] La danse & les pantomimes sont deux arts fort différens, & très-séparables. […] Cet accord bien exécuté fera une danse pantomime parfaite ; c’étoit le grand art de la Sallé. […] Sans avoir étudié Moliere, ils poussoient si loin l’art de Comédien, qu’ils imitoient parfaitement les animaux, leurs cris, leurs mouvemens, leurs allures ; ils se déguisoient en chevaux, en moutons, lions, cochons, &c.

168. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

» Mais si vostre art a mort ne les ruyne » Ravis serez tous a la boucherie » Si gay n’aura de qui la bouche rie » S’il le convient laisser mettre en ruyne. […] On chassa ces Docteurs préchant sans mission, On vit renaitre Hector, Andromaque, Ilion Des Preaux, Art Poëtique, Chant III., p. m. 203. […] Des Preaux, Art Poëtique, Chant III., p. m. 203.

169. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

On doit tempérer, pour ainsi dire, la trop grande force d’esprit, mais avec tant d’art que la médiocrité soit au dessus des vrais talens, sans que cela paraisse. […] « Voulez-vous copier la Nature, (dit Horace dans son Art Poétique,) étudiez-là dans le cœur & dans les mœurs mêmes des hommes de différens états ; tous les traits que vous tirerez alors d’après elle, seront des traits vifs & animés8. » Ces paroles semblent avoir été faites en faveur des Poètes qui se destinent à la composition des Pièces du nouveau genre. […] De Arts Poetica.

170. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XI.  » p. 466

Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions, c'est-à-dire l'art de les exprimer et de les faire paraître d'une manière agréable et ingénieuse, ce qui n'est pas un petit mal.

171. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

C’est dans la Grèce, séjour de la malignité & du vice, berceau des assaisonnemens & des embellissemens des passions, qu’on a honorés du nom de beaux arts, & qui n’en sont que l’abus, que Thalie a trouvé des modelles de plus d’une espèce. […] La médisance devint un art, elle eut des règles, & fit des ouvrages réguliers. […] ses oreilles ne sont frappées que des médisances, ses yeux que des ridicules qu’on lui montre avec tout l’art des plus grands maîtres. […] Aucune nation n’a si bien réussi dans l’art dramatique, aucune n’a composé tant de pieces, & de tant d’espèces ; & quoique le très-grand nombre soient mauvaises, aucune nation n’en a composé tant de bonnes, & de si bonnes. […] Il n’est pas étonnant qu’une nation médisante par caractère, aime si fort l’art de médire, & la médisance mise en action, parée de toutes les graces les plus piquantes, & fondue avec la galanterie, autre sel qu’elle ne trouve pas moins piquant, & que le théatre à son tour souffle, attise, alimente ce feu.

172. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Ceux qui ont appellé Thespis le pere de la Tragédie, l’ont fait le pere d’un Art qu’il ne connut jamais. […] Triste fin d’un homme vaincu dans un Art dont il a été l’inventeur & le maître. […] Elle faisoit aussi partie dans la Grece des Arts Militaires ; Platon la regarde comme un exercice qui intéresse le Gouvernement. […] Les Comédiens se mêloient des affaires de l’Etat, & ce fut un Comédien qu’on députa à Philippe pour Ambassadeur : ce qui faisoit dire à Démosthene, qu’un Comédien abusant de l’impunité que son art lui avoit obtenue, portoit des coups mortels à la République, & y tournoit tout au gré de la République à qui il étoit vendu. […] Tous les malheurs qui depuis la guerre du Peloponese arriverent à ce Peuple si spirituel, si amateur de tous les beaux Arts, & si propre a y exceller, font voir combien peut devenir funeste la passion demesurée de ces Amusemens dont on ne doit être, comme disoit Agesilas, ni trop, ni trop peu curieux.

173. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. La manière dont ces deux Arts excitent aujourd’hui les passions, n’est qu’un chatouillement agréable. […] Regardons notre Spectacle & ses Drames comme un moyen toujours prêt, dont la Puissance Souveraine peut faire usage pour inculquer aux Peuples telles maximes qu’elle croira convenir ; en temps de guerre, par exemple, l’héroïsme patriotique ; durant la paix, les Associations avantageuses, le goût des Arts utiles, du Commerce, des travaux profitables à la Population, &c. […] Le premier n’est-là que pour le contraste, pour faire saillir le caractère du bouillant d’Ormilli ; caractère bien dans la nature, dont la Comédie fait un joli Tableau, mais que l’Auteur n’a pas eu l’art de présenter de manière à nous corriger : au contraire, l’on peut dire que le jeu de l’Acteur n’est propre qu’à rendre charmant un original vicieux, à porter nos Petits-maîtres, à se donner de plus-en-plus son ridicule brillanté ; ils en seront plus insupportables aux yeux des femmes sensées, plus courus des folles ; ils ne prétendent que cela. […] A la vérité, lorsqu’Auguste voulut amollir les Romains par le plaisir, il abusa des Spectacles, des Arts, des Sciences en tout genre qu’il protégea ; il parut encourager un Pylade, un Bathylle, dont les Mimes licencieuses achevèrent d’anéantir la pudeur, la décence, & même la pudicité Romaine : mais en sera-t-il moins vrai, que la Tragédie Grecque était plus propre à échauffer le patriotisme, qu’à corrompre les mœurs ?

174. (1675) Traité de la comédie « XI.  » p. 290

Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions; c'est-à-dire l'art de s'en exprimer et de les faire paraître d'une manière agréable et ingénieuse, ce qui n'est pas un petit mal.

175. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Néanmoins ces espèces sont mortes et trop limitées, pour rendre nos sens et nos esprits satisfaits ; c’est pourquoi les Théâtres entreprennent d’achever, ce qui manque à tous ces arts, et de nous faire voir les choses éloignées, avec des expressions plus vives, qui emportent même quelques avantages sur le naturel. […] Que cet art est pernicieux qui ne laisse point mourir les crimes avec le temps, et qui fait l’extrait de ce que les siècles passés ont eu de plus abominable, qui fait renaître ces venins ; qui les donne sans le tempérament que les longueurs, ou que le mélange des affaires y apportent, afin d’agir avec plus de violence sur l’intégrité des cœurs.

176. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

.° On autorise les masques, on enseigne l’art de se masquer & d’en faire usage dans les intrigues. 2.° On fait voir que les déguisemens ne peuvent jamais être employés qu’à mauvaise fin. […] On ne peut mieux faire sentir le degré de déguisement qui fait la perfection de l’art du théatre, que par l’exemple du célèbre Garrik, Acteur Anglois, homme unique dans son art. […] Le chef d’œuvre de l’art du théatre est d’être tout & n’être rien à son gré. […] On pourroit l’intituler l’Art de feindre & de se masquer. […] Tout l’art de Garrik y eût été fort inutile.

177. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

En effet, lorsque nous savons par tradition et par nos propres observations que des hommes de tous les rangs, que des princes même, que des prêtres, que des prélats, des pontifes, ont donné des exemples de toutes les perfidies et de tous les scandales, qu’ils ont même commis des atrocités, pourquoi tant d’art et d’apprêts, et de si ingénieux tours de force pour nous dire une chose que nous ne devons pas avoir de peine à croire, pour nous montrer qu’un petit particulier, clerc ou laïc, déguisé en dévot veut séduire une femme et encore avoir sa fortune par-dessus le marché ? […] Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent. […] Et dans le même temps on disait contre à peu près aussi ce que disent les modernes contradicteurs, tout en rendant justice à l’art et aux talents de nos bons auteurs : que le recueil de ces ouvrages ne contient que des peintures dangereuses des passions les plus entraînantes, que des tableaux corrupteurs ; qu’on y voit l’intérêt sollicité le plus souvent en faveur du crime ; une plaisanterie perfide faisant naître le rire au lieu d’exciter l’indignation ; travestissant les vices en défauts brillants, les travers en agréments, les conventions théâtrales excluant la vraisemblance, le caprice des auteurs dénaturant les faits et les caractères ; des sentiments outrés, des mœurs postiches et des maximes bonnes pour amollir les cœurs et égarer l’imagination. […] Mais ce plaisir ne m’a jamais empêché de voir le côté dangereux de la leçon ; c’est pourquoi je n’en demeure pas moins convaincu que sous le rapport que je le considère, l’art dramatique, bien que le plus ingénieux et le plus piquant que l’esprit humain ait inventé, divertit mieux qu’il n’instruit, mieux qu’il ne réforme, si l’on veut ; que l’amusement qu’il procure a coûté infiniment aux mœurs ; qu’il est un obstacle à leur restauration, et que, par conséquent, il est nécessaire au retour de l’ordre si ardemment désiré, non pas de le proscrire, comme il y en a qui le prétendent, je crois cela aussi difficile à présent que de faire reculer la civilisation, mais d’en modifier le système, d’en borner et régler plus sévèrement la jurisdiction, pour arrêter ici la tradition de ses mauvais résultats.

178. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Puisqu’il est plus difficile de faire passer une partie de l’Histoire de son Hèros dans un même endroit, il en réjaillit un nouveau mérite sur le Poète qui sçait le faire avec art ; & par conséquent sa gloire en est plus grande. […] Il a soin de faire avertir, par un de ses Acteurs, de l’instant où le Théâtre s’ouvre, afin de mieux faire appercevoir l’art qu’il a mis dans la durée de ce Drame. […] Ils n’ont qu’a lire avec attention les Poèmes dont sa Scène est enrichie, ils appercevront cette unité, placée avec trop d’art pour ne pas s’éfforcer de la faire toujours briller au nouveau Théâtre : notre Opéra est de tous les Spectacles celui qui la possède le mieux. […] J’aurais cité avec plaisir un Opéra-Bouffon ou une Comédie-mêlée-d’Ariettes qui eut renfermé avec art l’Unité de personne ; mais ce Phénix est encore à naître.

179. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Là, une Symphonie enchanteresse, une Musique molle et insinuante, une Poésie forte et harmonieuse, des Danses séduisantes, des Voix mélodieuses, encore embellies par tout ce que l’Art y a pu ajouter d’agréments, se réuniraient pour souffler de toute part un feu contagieux, et exagérer tous les prétendus avantages d’une liberté sans bornes et sans mesure. […] C’est qu’elles sont convaincues que le grand art d’éviter les chutes, est d’écarter les occasions prochaines ; que les aimer, les rechercher, s’y complaire, c’est vouloir tomber infailliblement dans les abîmes qu’elles creusent sous nos pas ; et que ce n’est point en y apportant de l’aliment, qu’on parvient à arrêter le ravage d’un incendie. […] Il traite Molière d’Auteur pernicieux, lequel, dit-il, ne tend qu’à concilier du crédit et de l’autorité au crime, en décriant ceux qui s’y opposent, ou en apprenant aux jeunes gens l’art de tromper des parents chargés de leur conduite. […] Ne serait-ce pas encore une nouvelle preuve que nous ne cherchons, n’aimons, ne suivons de Spectacles que ceux qui flattent nos passions les plus répréhensibles, et vers lesquelles nous avons plus de pente ; qui les entretiennent ces passions, qui les échauffent, qui les animent ; dégoûtés de ceux qui nous apprendraient à les calmer, à en tirer un parti raisonnable ou à les vaincre : en un mot, que tout Théâtre où l’on se proposera de redresser les mœurs, restera désert, et que les chambrées, pour me servir du terme consacré que vous m’avez appris, ne seront bonnes qu’autant qu’on aura employé plus d’art pour les renverser de fond en comble ?

180. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « Au Roi » pp. -

C'est au Protecteur des Arts, c’est à l’Ami des talents que j’offre l’Apologie de celui que j’exerce pour l’amusement de son auguste Cour ; quel moyen plus sûr de rendre mes arguments invincibles que de les décorer du nom de Votre Majesté ?

181. (1825) Des comédiens et du clergé « Dédicace » pp. -

Je désire de tout mon cœur avoir atteint le but que je me suis proposé, et vous prie de croire aux sentiments d’estime et d’affection que vos talents inspirent à tout ami des sciences et des arts, et avec lesquels J’ai l’honneur d’être, Messieurs, Votre très humble et très obéissant serviteur.

182. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

C’est peut-être par là que les Athéniens devinrent si susceptibles des impressions de la peur ; et que cet esprit d’épouvante inspiré au Théâtre avec tant d’art, ne devint que trop naturel dans les Armées. […] Depuis qu’on eut formé dans Athènes cet art de craindre et de se lamenter, on mit en usage à la guerre ces malheureux mouvements qui avaient été comme appris aux représentations. […] Si une Comédienne a l’art de se plaindre et de pleurer d’une manière touchante, nous lui donnons des larmes aux endroits qui demandent de la gravité ; et parce qu’elle plaît mieux quand elle est sensible, elle aura partout indifféremment de la douleur.

183. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Jésus-Christ présiderait à des assemblées de péché, où tout ce qu’on entend anéantit sa doctrine, où le poison entre par tous les sens dans l’âme, où tout l’art se réduit à inspirer, à réveiller, à justifier les passions qu’il condamne ? […] Il s’élevait souvent des nuages dans mon âme sur un art si peu conforme à l’esprit du Christianisme ; et je me faisais, sans le vouloir, des reproches infructueux que j’évitais de démêler et d’approfondir. […] Dieu a daigné éclairer entièrement mes ténèbres, et dissiper à mes yeux tous les enchantements de l’art et du génie. […] L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est, de se passionner de sang froid, de dire autre chose que ce qu’on pense, aussi naturellement que si on le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place, à force de prendre celle d’autrui. […] « L’art du Théâtre ne consiste plus qu’à donner une nouvelle énergie et un nouveau coloris à cette passion.

184. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Les Chinois ne pouvoient avoir reçu cet art d’aucun peuple, ils ignoroient que la Grece, que Rome eussent existé. […] Il est vrai qu’alors les ouvrages dramatiques étoient grossiers en Europe ; à peine même cet art étoit-il connu. […] ) Il jouoit bien des instrumens, & avoit une voix de basse très-agréable : c’est une preuve que les Italiens avoient déjà l’empire de la musique (preuve bien foible) & qu’ils étoient en possession d’exercer leur art dans les Cours de l’Europe. […] Il n’étoit étranger dans aucune des sciences, & des arts : c’est là l’expression fastueuse d’une vanité litteraire. […] La Cour s’occupoit de jeux, de ballets, de la comédie, qui n’étoit pas encore un art, & de la tragédie dont Corneille fit un art sublime ; ce ne fut qu’un enchaînement de plaisirs, de fêtes, de galanteries, de spectacles, & pour en faire part à tout le monde, il y eut à la comédie un banc distingué, pour l’Académie Françoise, un autre pour les Evêques, Mazarin y ajouta des opéras Italiens qu’il fit exécuter à ses dépens, disoit-il, par des voix venues d’Italie.

185. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Persifler est l’art ou l’action de railler agréablement quelqu’un, sans qu’il s’en apperçoive, par des idées, des raisonnemens, des termes, des figures, des gestes, des tons qu’il n’entend pas, qu’il prend dans un autre sens, ou qu’il attribue à quelqu’autre. […] On peut s’en rapporter à un homme si habile en l’art de faire rire. […] Tout cela demande un esprit solide, serieux, attentif, constant, l’antipode de la scéne qui n’est qu’un persifflage reduit en art, dans un ouvrage régulier, exercé par des gens qui s’en font un métier, & y passent toute leur vie. […] L’art dramatique n’est que l’art du persifflage. […] Les meres pour former le cœur de leurs filles, mettent entre leurs mains, l’histoire & l’art du libertinage, & les exposent elles-mêmes à l’incendie des spectacles ; qui le croiroit ?

186. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

« Peut-on, dit encore l’Auteur que nous venons de citer, avoir quelque élevation dans les sentimens, sans être choqué de voir la Tragédie dégradée par une tendresse vaine, qui n’a rien de sérieux, & dont tout l’art est d’arrêter à chaque pas l’impression que devroient faire la terreur, la pitié ou la passion principale de la piéce ? […] Et comme il est plus aisé de descendre du grand au moindre, que de monter de celui-ci à celui-là, on peut d’avance leur répondre qu’alors ils partageront la gloire des maîtres de l’art, qui nous ont laissé des chefs-d’œuvres dans la Tragédie de pure action, & dans la Tragédie épisodique.

187. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Mais c’est une imitation trop parfaite de sa maîtresse ou de sa mère en l’art, & dans le désir de plaire au théatre & ailleurs. […] La scène du tragicomique tremblant qu’on ne réveille la mère, qu’il a l’art de tenir si bien endormie, est presque la seule où il ait dû la réveiller. […] Voltaire va vous l’apprendre : C’est un palais magique, où les beaux vers, la danse, la musique, l’art plus heureux de séduire les cœurs, de cent plaisirs font un plaisir unique. […] On a même poussé l’art, selon le Courier d’Avignon, 9 juillet 1765, jusqu’à peindre dans une bague une scène de théâtre d’une maniere très-expressive & très-distincte. […] Riccoboni, dans son Art du Théatre, bon ouvrage dans son genre, avance un paradoxe.

188. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Cicéron en plusieurs lieux, et Quintilian au livre sixième de l’art Oratoire, suivent l’opinion des Poètes, l’appelant Esprit, lequel est mêlé par toutes les parties. […] Cicéron se dit avoir ouï dire de personnages fort notables et très doctes, que les autres sciences et disciplines consistent en doctrine, préceptes, et art :Note. […] Car que vaudrait la Grammaire sans l’usageLa poésie est nécessaire pour la Grammaire et autres arts. […] exerçant l’art de peinture, et depuis devenu plus savant, vendit ses fables aux Ediles :Crinite au ch. du li. 1. des Poetes Latins. […] La poésie est nécessaire pour la Grammaire et autres arts.

189. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

En troisième lieu, L’Auteur de la Dissertation suppose que Ars ludicra ne signifie autre chose que l’Art de bouffonner. […] Mais c’est une ignorance grossière de ne pas savoir que Ars Ludicra signifie l’Art de représenter toutes sortes de Jeux, et particulièrement les Comédies, comme on le peut apprendre par la seule lecture de Valère Maxime, et par l’interprétation de tous les Jurisconsultes. […] Les Comédiens sont notés d’infamie par l’Edit du Préteur, puisqu’ils sont compris parmi ceux qui montent sur le Théâtre pour le gain, en y exerçant l’art des Jeux. L’Auteur de la Dissertation falsifie le texte de l’Edit, en traduisant artis ludicrae causa pour exercer l’art de bouffonnerie ; au lieu de traduire, pour exercer l’art des jeux. […] Les Atellanes qui n’exerçaient pas l’art de représenter les Jeux, étaient exempts de la note d’infamie, mais non pas ceux qui exerçaient cet art, et qui montaient sur le Théâtre pour le gain.

190. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Le Poëte même Dramatique se sent peu de génie pour exprimer cette tranquillité de l’ame, tout le but de son art n’allant qu’à plaire au commun des hommes. […] C’est ce qui ne doit jamais arriver dans les sujets de Fiction, à moins que le Poëte ne soit assez ignorant dans son art, pour faire pleurer pour Olopherne mis à mort par Judith. […] Un Poëme dont l’objet est de rendre les hommes sensibles, tendres, compatissans aux malheureux, a leur bien pour objet : ainsi lorsqu’une Tragédie a un autre objet, ce n’est point l’Art qu’il faut accuser, mais le Poëte qui pêche contre son Art. […] Quand Corneille écrivoit l’Epître qu’on retrouve à la tête de la suite du Menteur ; il ne connoissoit encore ni son Art, ni Aristote, ni Horace. […] Pour moi je tiens avec Aristote & Horace, que notre Art n’a pour but que le divertissement.

191. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

S’il en est instruit, l’art doit indiquer comment il les a aprises. […] Ce qu’il y a de plus facheux, c’est que le succès éclatant de cette Piece, a semblé autoriser le mépris de l’art, & l’oubli de l’économie générale. […] Les Comédiens accoûtumés à donner des loix aux auteurs, font plus : ils en prescrivent à l’art lui-même.

192. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Ce préjugé a été trop funeste à la Poésie, & sur-tout à l’art tragique, pour que nous ne faisions nos efforts pour le détruire. […] La question est, je crois, décidée en faveur de la premiere, dans les ouvrages sérieux ; c’est-à-dire, dans les traités de sciences ou d’arts ; parce qu’on y cherche que l’instruction. […] Qu’on s’instruise dans les hautes Sciences, où dans les arts & dans la littérature ; c’est toujours s’instruire.

193. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Le Czar n’emporta que les arts de charpentier de vaisseaux dont il avoit fait l’apprentissage. […] Ses successeurs ont porté bien loin l’embellissement de la Moscovie, l’art dramatique s’y est introduit, le Théatre y brille, & tout jusqu’aux femmes s’avise de monter sur la Scène. […] Car si par malheur le Marivaudagerime (je ne sai ce que c’est) faisoit des progrès, & si une piece vantée à Paris n’étoit pas entendue hors de sa banlieue, le Théatre François perdroit beaucoup de la réputation qu’il s’est acquise chez les étrangers, où le manege & la mode des beaux Arts ne peuvent atteindre.

194. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [D] »

[D] Opéra : Spectacle Dramatique & lyrique, où l’on s’efforce de réunir tous les charmes des beaux Arts, dans la Représentation d’une Action passionnée, pour exciter, à l’aide des sensations agréables, l’intérêt & l’illusion.

195. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Le grand maître dans l’art d’aimer & de plaire, le galant Ovide ne cesse de donner à ses éleves des leçons de parure, & de leur en inculquer la nécessité. […] Gardez-vous, dit le galant précepteur, d’avoir les pieds crotés d’un Esclave : Despice gipsati nomen inane pedis  ; que votre chaussure soit toujours bien tendue, ni trop étroite, ni trop large : Nec vagus intaxa pes tibi pelle natet  ; vos jambes ne doivent pas être moins artistement enveloppées : Arida nec vinclis crura resolve tuis  ; Que tout soit d’une blancheur éblouissante : Pes tuus in nivea semper celetur alethâ  ; que de petits rubans y soient distribués avec art : Et scindant niveos vincula parva pedes. […] La matiere ordinaire de nos souliers est du cuir ; les Romains, chez qui l’art de la tanerie étoit moins connu, employoient differentes matieres, toujours sur le théatre du liege pour les semeles ; son épaisseur élevoit la taille ; son élasticité, sa legereté donnoient du jeu au danseur. […] Ceux qui n’en peuvent faire la dépense ont trouvé l’art de fabriquer de faux or, de faux diamans, qui taillés & distribués artistement en font l’équivalent par leur éclat. […] Ce seroit tout au plus dans les allées sablées des jardins, & sur les rivages des petits ruisseaux qui roulent leurs flots argentés dans une prairie émaillée de fleurs, qu’une amante pourroit écrire ses tendres langueurs ; mais le dessus du soulier en est presque toujours barbouillé par la broderie & l’ingénieux agencement des rubans & des pompons, qui multiplient & diversifient à l’infini ces signes insensés d’une passion criminelle, comme la marchande de fleurs, Glicera, dont les anciens vantent l’art inépuisable de faire des bouquets & des guirlandes de fleurs, & les femmes du Serrail qui parlent avec des fleurs.

196. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

L’art de cet assaisonnement est le bel art des Cuisiniers & des Parfumeurs ; mais il ajoutoit que la combinaison harmonique de ces degrés & de ces nuances étoit fort difficile à saisir pour les accorder. […] Pour expliquer toutes ces mervilles on a donné au public l’admirable Traité de la Chymie du goût & dé l’odorat par un Marchand de liqueurs & de parfums, qui par ses idées burlesques essaye de donner du débit à sa marchandise ; le reste de son livre a son utilité, c’est un recueil des espèces différentes de liqueurs & des parfums, de leurs bons ou mauvais effets, de leur composition, recette, manipulation, distillation, &c. ce qui se trouve dispersé dans quantité d’autres ouvrages, & qu’il a réuni dans celui-ci, y ajoutant ses propres découvertes ; ce livre peut aider ceux qui composent les Traités des Arts & des métiers que donne l’Académie des Sciences. […] C’est un des articles de l’Art des Relieurs donné par l’Académie Françoise en 1772, que la manière de parfumer les livres, soit en les reliant, soit après qu’ils sont reliés ; ils prennent aisément l’odeur comme le linge, puisque le papier n’est que du linge battu, ils gardent l’odeur fort long-temps. […] Source intarissable de mauvaises odeurs elles fait du corps de l’homme un cloaque qu’il faut couvrir d’un nuage d’ambre gris ; Le crime le tient toujours dans l’ordure, il ne peut trop se parfumer, le vice transpire par tous les pores, c’est un cadavre embaumé, un momie que l’art du baigneur comme celui des Égyptiens remplit d’aromates ; que la décoration n’en impose pas.

197. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

c’est donc un redoublement superflu de méchanceté, & bien de l’art inutile, que de couvrir de fleurs un abîme vers lequel l’illusion de nos sens nous entraîne chaque jour. […] On a toujours pensé qu’un Ouvrage licencieux, écrit avec art, avec ménagement, était plus dangereux, trouvait plutôt le chemin du cœur, qu’un Livre qui ne nous laisse rien à deviner, & qui méconnaît le mérite des èxpressions fines & délicates. […] Il faut se garder de choisir le sujet d’un Drame dans des Ouvrages connus par leur indécence ; parce qu’il est bien difficile de le traiter selon ce que la bienséance éxige, quelque art qu’on y employe. […] Formera-t-on de nouveau la question, sçavoir s’il convient de mettre sur la Scène de fortes indécences voilées avec assez d’art ? […] L’art éxige, autant que la bienséance, qu’on ne mette rien d’équivoque dans un ouvrage, rien qui puisse laisser une mauvaise idée dans l’esprit, & qui présente un sens contraire à ce qu’on veut lui faire signifier : c’est ce qui rend notre langue si difficile.

198. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Les Théâtres de Marionnettes n’ont rien qui doive intéresser, si ce n’est le mécanisme : l’on trouve souvent à nos Foires & sur les Boulevards des merveilles de l’art dans le genre automatique ; tels étaient, il y a quelques années les Fantoccini, Marionnettes d’un mécanisme très-savant : c’était de petites figures hautes d’un pied, qui jouaient des Pièces, & fesaient tous les gestes analogues au sujet, avec une vérité que tout Paris admira. […] Outre les Théâtres de Jeux, la Capitale offre encore un autre aliment à la curiosité : ce sont, ou des animaux étrangers, ou des Machines dont la construction savante & compliquée peut avoir un but estimable, en la tournant à l’avantage des arts & des métiers nécessaires ; des Optiques, qui présentent des Perspectives de Villes, de Ports-de-mer, de Batailles, &c. […] Heureux Peuple, qui pour s’amuser, n’a plus besoin ni des Arts, ni des Talens, ni même de la Musique, pour laquelle on croit qu’il se passionne ; mais qui se contente du spectacle tout pur de ses ridicules ! […] Dans le cas où les talens distingués d’un Acteur ou d’une Actrice les éléveraient à la perfection de l’art, & mériteraient l’attention du Prince & des recompenses de la part de la Direction, leurs gages pourront être augmentés ; l’on pourra leur permètre de disposer de quelque somme &c. […] Laruette : Peu de jeu, point de gestes, & possèdant l’art nouveau de savoir s’en passer.

199. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Destouches est mort et je crains bien que, pour votre satisfaction, l’art de bien faire parler des valets ne soit dans la tombe avec lui. […] C’est d’ailleurs unir l’exemple au précepte, de même qu’Horace et Despréaux ont fait dans leur Art Poétique. […] [NDE] Ce vers n’est pas extrait de L’Art poétique, mais d’une épigramme à mettre à la fin du poème La Pucelle ou la France délivrée, de Jean Chapelain (1656) : « Maudit soit l’auteur dur, dont l’âpre et rude verve, / Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve ; / Et, de son lourd marteau martelant le Bon Sens, / A fait de méchants Vers douze fois douze cents » ; in Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux, Amsterdam, D.  […] Dancourt reprend la traduction qu’en donne Boileau dans son propre Art poétique (N. Boileau-Despréaux, « L’Art poétique en vers », in Œuvres diverses, op. cit.

200. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

Je ne pense pas aussi que ces Poètes s’en offensent, et je crois qu’après vous il n’y en a point qui ne sachent que l’art du Théâtre consiste principalement dans la composition de ces Poisons spirituels. N’ont-ils pas toujours nommé la Comédie l’Art de charmer, et n’ont-ils pas cru, en lui donnant cette qualité, la mettre au-dessus de tous les Arts ? […] Mais cet empoisonnement des cœurs, qui les rend ou gais ou tristes, au gré des Poètes, est le plus puissant effet de la Comédie, et les Poètes n’ont garde de s’offenser quand on leur dit qu’ils empoisonnent, puisque c’est leur dire qu’ils excellent dans l’art, et qu’ils font tout ce qu’ils veulent faire. […] On voit bien que vous avez voulu faire une pointe, mais vous l’avez faite de travers, et vous deviez dire au contraire, que le crime commis contre la Poésie les a irrités contre le Poète, car ils n’ont parlé que des Poètes profanes qui abusent de leur Art, et ils n’ont rien dit qui pût offenser la Poésie.

201. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Il retomba dans la même faute, & sans penser à Dieu, il ne compte que sur l’art des medécins. L’Ecriture ne parle de sa mort qu’avec mépris ; il fut déposé sur son lit, tout rempli d’odeurs & de parfums de Courtisanne, où les parfumeurs avoient employé tout leurs art, & on brula le tout avec beaucoup de faste, comburerunt super eum ambitione magnâ . […] Pigmentis meretriciis , & ajouter que les parfumeurs y avoient employé tout leur art ? Quelques Interprêtes prétendent, après le Texte Hebreu, qu’ils y employerent des parfums précieux de toute espece, préparés avec beaucoup d’art : mais le grand nombre d’après la Vulgate conserve l’idée de Courtisanne, qui est très-juste ; car il est vrai que les personnes de mauvaise vie usent de beaucoup d’odeurs, & des plus exquises, soit parce qu’elles favorisent la molesse & la sensualité, soit parce qu’elles empêchent de sentir les mauvaises odeurs, la mauvaise haleine qu’on contracte par la débauche ; ce qui a fait dire à Martial, il y a du mistère dans les parfums que vous portez, Non bene semper olet, qui bene semper olet. […] L’univers a perdu la sublime Emilie, Elle aima les plaisirs, les arts, la vérité.

202. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Le monde s’est épuisé pour les embellir ; le Pérou a fourni les métaux, Golconde les diamans, l’Espagne le vermillon, l’Italie la céruse : tous les arts y ont prêté leurs savantes mains, ils ont tissu les étoffes, broyé les couleurs, monté les pierres précieuses, composé les parfums, formé les boucles ; plus de trente métiers sont employés à la parure d’une femme, c’est le chef d’œuvre des Arts & des Sciences, qu’y trouverez-vous de bon ? […] L’esprit, si l’on peut le dire, a sa parure, son miroir, sa toilette aussi-bien que le corps ; le démon tend les mêmes piéges, & tient encore le même langage à une femme éprise de sa beauté, vous êtes belle, mais vous le serez bien davantage, si vous embellissez vos charmes ; Dieu pouvoit vous mieux partager, une espèce de jalousie l’a rendu réservé dans leur distribution ; si vous y suppléez par les couleurs & les ornemens de l’art, vous lui ressemblerez, vous n’en serez que plus parfaitement son image, on vous adorera comme une Divinité, les amans tomberont à vos genoux ; on voudroit vous faire un crime de ce fard & de cette parure empruntée, c’est le fruit de la science du bien & du mal qu’on vous interdit : ne craignez rien vous n’en mourrez pas, ce fruit sera votre bonheur, faites-en goûter à l’homme, vous serez heureux, eritis sicut Dii . […] Je vous adore, vous êtes ma divinité, & le jargon de Cythère n’est précisément que le discours du démon, tourne de mille manières, & la coquetterie n’est que l’art de séduire l’homme après avoir été la première séduite. […] Je ne pouvois comprendre comment le Mercure se prête tous les mois à annoncer les divers fards qu’on invente pour les femmes : lait virginal, essence de beauté, rouge, blanc, &c. selon qu’il plaît à la plus misérable engeance des Charlatans ; qu’à la bonne heure il annonce les secrets approuvés pour les Arts, pour l’Agriculture, pour la Médecine, ils sont utiles ; mais à quoi servent ces drogues qu’à entretenir la vanité & le libertinage ? […] N’imputons point ces contradictions au Mercure, semblable à l’Imprimeur & au Colporteur, à celui qui cole les affiches aux carrefours, il débite ce qu’on lui donne ; c’est moins le Mercure de France que le Mercure de Cythère ; ce n’est d’abord jusqu’aux enigmes, c’est-à-dire, un grand tiers que contes, vers, chansons, de pures galanteries souvent licencieuses ; ensuite les spectacles, opéra, comédies, éloges des Actrices tiennent une autre bonne partie ; la Littérature, les Arts, les Académies, articles utiles sont ordinairement défigurés par le mêlange des futilités de la galanterie, en sorte que dans la somme totale, l’amour en occupe plus de la moitié.

203. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

« Les spectacles sont cette frénésie réduite en art ; et il n’y a pas de moyen plus court pour convertir en plaisirs nos maladies, qu’en nous renversant la raison ; car tout ce qu’on y voit et qu’on y entend ne s’adresse qu’aux sens et à la cupidité. […] On accoutume son cœur à tout ; on lui apprend en secret à ne rougir de rien : on le dispose à ne pas condamner, à son égard, des sentiments qu’il a excusés et peut-être loués dans les autres ; enfin on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du poète, et mêlées à dessein avec les vertus dans des personnes que la scène nous présente comme des héros.

204. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Les Spectacles sont cette frénésie réduite en art ; il n’y a pas moyen plus court pour convertir en plaisirs nos maladies, en nous renversant la raison ; car tout ce qu’on y voit et qu’on y entend ne s’adresse qu’aux sens et à la cupidité. […] Enfin on ne voit plus rien de honteux, dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le Théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du Poète, et qu’elles ont été unies à dessein avec les vertus et le mérite dans des personnes que la Scène nous représente comme des Héros.

205. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Racine, avec tout l’art dont il était capable, a tourné ces deux passions en ridicule ; en forte que depuis Molière, j’ai peine à croire que le vrai style de la Comédie se soit conservé nulle part aussi bien que dans la Comédie des Plaideurs. […] LE COCU IMAGINAIRE, Cette petite Pièce est un des bons morceaux du Théâtre de Molière par l’art admirable avec lequel elle est tournée et dialoguée : il est vrai qu’elle a besoin d’être corrigée en bien des endroits, et particulièrement dans la deuxieme et la dix-septième Scène de la Pièce ; l’une contient le détail que la Servante fait sur le mariage, et on y trouve des pensées trop libres : dans l’autre ce sont des réfléxions que Scanarelle fait à propos du Cocuage.

206. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

On a trouvé l’art d’ajuster aux désirs humains, ces deux mouvements qui semblent contraires et en deux heures représenter aux yeux sur les théâtres, toutes les grandes actions avec les aventures d’une longue et célèbre vie ; comme si elles étaient présentes. […] Mais cette courtoisie, cet art d’aimer qui en apparence n’a rien que d’honnête, ne laisse pas de porter à la déshonnêteté, comme la main qui pousse quelqu’un sur le premier pas du précipice, l’y jette quoique elle ne le conduise pas jusques au fond.

207. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

De Art. […] Ce qu’il a de particulier et de personnel c’est la netteté du style ; ce sont certains principes, certains retours heureux de morale ; c’est l’art de remuer à coup sûr les passions, et surtout celle qu’on nomme la Pitié : c’est une étendue d’esprit qui le fait approfondir et épuiser un objet de quelque côté qu’il le saisisse. […] quel honneur y a-t-il donc à être Maîtres dans l’art de mal faire sans scrupule, sans retours, sans honte ? […] De Art. […] De Art.

208. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Sophocle & Euripide employerent quelquefois leur art à de pareils objets. […] L’art n’y est employé que pour inspirer de l’horreur pour le crime, & de l’amour pour la vertu. […] C’est un art agréable ; & même ses triomphes sur nos organes sont quelquefois salutaires. […] Les progrès que nous avons faits dans l’art dramatique, doivent les faire oublier. […] Il n’est pas question ici de l’Art dramatique considéré en lui-même.

209. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIV. Conséquences de la doctrine précédente. » pp. 136-137

» Nous dirions maintenant aux honnêtes gens, Quelle beauté dans un art où l’on ne peut exceller sans honte ?

210. (1823) Instruction sur les spectacles « Introduction. » pp. -

Mais aujourd’hui qu’on a trouvé l’art de concilier le devoir avec le plaisir, on ne se contente pas de les fréquenter ; on veut encore qu’ils soient innocents.

211. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « A Monsieur le Comte de P***. » pp. -

Vous leur apprendrez la pratique d’un Art dont je n’ai pu leur indiquer que la théorie.

212. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Quiconque excelloit dans un Art, étoit appellé un Roscius, parce que dans le sien il avoit porté si loin la perfection, que ce que nous en lisons seroit incroyable, si nous ne le lisions dans Ciceron, si grand Juge dans l’Art de la Déclamation. […] Ce Peuple, qui par une fierté mal fondée, avoit pendant plusieurs siécles, regardé comme de vils amusemens des Grecs, tous les Arts qui font honneur à l’Esprit, admira un Baladin, dont la science consistoit à tout imiter par ses gestes : un Acteur toujours muet à qui sa main servoit de langue. […] Bien différens de ces Peuples, qui dès qu’ils ont su faire des Vers, ont cru surpasser les Grecs, les Romains n’ont jamais prétendu marcher de pair : & dans tous les Beaux Arts, ils ont regardé les Grecs comme leurs maîtres.

213. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Mais une pièce dramatique régulière, partagée en scènes et en actes, formant un dessein, un nœud, un dénouement, accompagnée de chant, de danses, de machines, où l’on ne parle qu’en chantant, où l’on ne marche qu’en dansant, un spectacle où tout est réuni pour flatter le cœur, l’esprit, les yeux, les oreilles, que l’histoire de l’Opéra appelle « le spectacle universel, le triomphe de l’esprit humain, le grand œuvre par excellence », et qui en effet bien mieux que celui des Chimistes, fait couler des fleuves d’or dans la main des Acteurs, et une pluie d’or dans le sein des Danaé qui habitent ce pays des Fées ; on ne le connaissait qu’en Italie, il avait été ébauché en faveur de la maison de Médicis, à qui on doit en Europe la naissance des arts et du luxe. […] mars 1764.) s’est avisée, à propos de rien, d’en faire l’apologie, et d’une manière fort maladroite : « On ne conçoit pas, dit-elle, comment il se trouve des esprits assez chagrins pour désirer l’anéantissement de l’opéra, où tous les arts imitateurs se réunissent et se combinent pour s’emparer de l’âme par tous les sens. » Le Journal de Trévoux, qui annonce cette Gazette (avril 1764), en rapportant cet endroit, ajoute avec vérité : « On pourrait répondre sans chagrin, que la raison donnée en faveur de l’opéra est peut-être la meilleure qu’on puisse fournir pour son anéantissement. » Qu’y a-t-il en effet de plus dangereux et de plus mauvais que ce qui s’empare de l’âme par tous les sens ? […] Il est vrai que les Persans prisent les choses selon leur valeur ; quoiqu’ils aiment infiniment les Danseuses et les Musiciennes, ils regardent la danse comme un art infâme, surtout pour les femmes. […] C’était une nouveauté qu’on applaudissait pour donner de l’émulation aux arts et aux sciences, dont Léon X se faisait gloire d’être le restaurateur.

214. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

» Art. 3. ad. 3. […] » Art. 3. in. corp. […]  » Art. 3. in. corp. […] Despreaux a dépeint dans le troisième Chant de l’Art Poétique : « Chez nos dévots Aïeux le Théâtre abhorré, Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré : Des Pèlerins, dit-on, une troupe grossière, En public à Paris y monta la première, Et sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge, et Dieu par pitié. » Le Cardinal Le Moine acheta l’Hôtel de Bourgogne à Paris pour ses dévots Comédiens, à condition qu’ils ne représenteraient que des Pièces pieuses.

215. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que si quelques lois semblent avoir été un peu sévères à ceux qui exercent cet art, il faut croire que ces lois en ont voulu condamner l’abus et non pas l’usage : et à le prendre à la rigueur le mot de Comédien n’est point exprimé dans ces lois. […] Les autres choses que l’homme fait c’est l’art ou l’expérience qui lui ont appris ; mais le plaisir est plus ancien que tout cela, la nature en est seule la maîtresse, et l’a enseigné aux animaux pour le soutien de leur vie : c’est pourquoi il naît avec nous et n’est jamais vicieux que quand il passe les bornes que la nature lui a prescrites. […] Autrefois les Comédiens n’étant pas si parfaits et excellents dans leur art, ils ne tenaient pas les yeux et les oreilles des spectateurs attachés, ce qui était cause qu’on se divertissait quelquefois à autre chose, mais la modestie est si grande à présent, et on est tellement ravi des bonnes pensées et de belles conceptions de la poésie que chacun se tient dans sa loge, comme des statues dans leur niches, et les Dames y sont si retenues, que c’est tout ce que peut faire le Gros-Guillaume que leur apprêter à rire.

216. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES CHAPITRES ET ARTICLES CONTENUS DANS LE PRESENT VOLUME. » pp. 7-9

De l’utilité de l’art théâtral, dans l’ordre social, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs.

217. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — I.  » pp. 455-456

Ainsi la Comédie, par sa nature même, est une école et un exercice de vice, puisque c'est un art où il faut nécessairement exciter en soi-même des passions vicieuses.

218. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Non sans doute, il faut qu’il consacre ses veilles pour un objet aussi important ; je crois même qu’avec beaucoup d’art & de ménagement, il pourroit parvenir à faire ouvrir les yeux de la raison sur une coutume aussi insensée ; on se bat le plus souvent plutôt pour obéir au préjugé, que par un motif de bravoure, & il est peu de personnes qui ne desirassent avoir la liberté ou de se venger d’une injure, ou de la mépriser. […] Il faut qu’elle sonde le cœur humain jusque dans ses replis les plus ténébreux, & que là, comme dans leurs sources elle étudie ces passions, qui font tant de ravage dans la Société, & qu’employant tout son art à les peindre d’après nature, elle montre sur la scène l’homme tel qu’il est, malgré ses déguisemens apparens.

219. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

LES FEMMES Savantes, Quand pour la première fois j’ai résolu d’étudier les Ouvrages de Molière, je me proposais uniquement de découvrir et de suivre pas à pas le génie de ce grand homme dans la production de ses Fables de Théâtre ; bientôt je fûs convaincu qu’il avait porté si loin la perfection de son Art, que non content de m’en faire un modèle pour mon usage particulier, je crus devoir communiquer au Public mes réfléxions pour autoriser, par l’exemple d’un si grand maître, ce que j’ai écrit en matière de Théâtre. […] J’admire surtout le grand art de Molière dans un point de cette fable.

220. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

L’art de tirer bien droit, et de tuer quelqu’un avec grâce, voilà l’unique talent qu’on admira à Lacédémone, et le seul objet de l’étude de ses citoyens ; étude barbare, que les sanguinaires admirateurs de Lycurgue n’ont que trop perfectionnée. […] Un Peintre devient-il un malhonnête homme, quand il exprime avec art toute la méchanceté d’un Caligula dans les traits qu’il lui donne. Un Historien de Néron devient-il un Monstre pour savoir développer avec art tous les mouvements secrets de l’âme de cet Empereur détestable ? […] , p. 145 : « Ces hommes si bien parés, si bien exercés au ton de la galanterie et aux accents de la passion, n’abuseront-ils jamais de cet art pour séduire de jeunes personnes ? […] Le Rond d’Alembert, « Genève », in L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, A.

221. (1715) La critique du théâtre anglais « DESSEIN DE L’OUVRAGE. » pp. -

Or ces talents sont aujourd’hui comme de puissantes armes en des mains ennemies : on les tourne du mauvais côté desa armes ; et on les manie avec d’autant plus de péril pour nous qu’on sait mieux l’art de les rendre nuisibles.

222. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Vous qui seriez entraînés par tous les vices si l’art du Théâtre n’était capable de vous distraire de mille mauvaises idées qui triompheraient de vous dans votre oisiveté, allez au spectacle, et vous ferez bien ; dès que le silence de vos passions vous permettra d’être attentif à la voix d’un Orateur sacré, n’allez plus qu’au sermon, vous ferez encore mieux. Vous Acteurs à qui le Ciel n’a départi d’autre talent que celui de vous approprier les idées d’autrui, l’art de les exprimer avec toute l’énergie extérieure qu’elles exigent, peignez aux hommes leurs vices et leurs ridicules ; soyez les organes de la Morale et de la Raison, vous ferez bien. […] Gresset, fussent-ils réunis en faveur de l’art Dramatique, il n’a jamais obtenu et il n’obtiendra jamais l’approbation de l’Eglise. […] Gresset, cet art que les Prophètes ont rendu si respectable, cet art si justement appelé par les Païens le langage des Dieux : le mauvais usage qu’on en a pu faire ne doit pas le faire proscrire, ou bien il faudrait par la même raison, ne plus méditer sur les Saintes Ecritures ; puisque les hérétiques en ont abusé par les sens forcés qu’il leur a plu de donner à quelques passages : je sais bien que des spectateurs impies, au lieu de s’en tenir au sens naturel d’une pensée croient souvent voir une impiété enveloppée dans un vers très innocent en soi, ils veulent croire, par exemple, que nos Ministres Ecclesiastiques sont attaqués et la Religion outragée dans ces deux vers de la Tragédie d’Oedipe de Mr. de Voltaire, Nos Prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense : Notre crédulité fait toute leur Science. […] Quand donc un auteur religieux honnête homme, et spirituel emploiera son art d’une manière dont il croit trouver un exemple dans la conduite de son Sauveur, que pour faire mieux respecter la vertu, que pour en rehausser l’éclat, il emploiera dans ses peintures les ombres noires et ténébreuses du vice, peut-on douter qu’il ait fait un ouvrage édifiant, utile et louable ?

223. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

L’art n’est agréable, selon le principe de M. […] Parmi une foule de causes de la décadence du goût sur le théatre, dont le détail forme une espece de traité de l’art dramatique, l’auteur en rapporte deux qui régardent les comédiens. 1°. […] Tous les traités de l’art dramatique doivent se borner à déveloper ce monde de merveilles, Pourceaugnac & George Dandin sont les colonnes d’Hercule. […] Aussi piquant qu’Aristophane, & aussi peu chaste ; aussi ingénieux que Plaute, & aussi bouffon ; connoissant les mœurs aussi bien que Térence, aussi rempli d’intrigues amoureuses, & aussi licencieux dans les tableaux qu’il en fait : Moliere valoit-il mieux par le naturel, ou par l’art ? […] Tous ces grands mots, ces blasphêmés dramatiques, qui sont un vrai galimathtias, n’annoncent qu’une ignorance présomptueuse de son art : & après avoir dégradé tout le reste, il met son Fayel au dessus de tout.

224. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Que sera ce des pieces du Sieur Arnaud, Comminges, Euphemie, Merinval, Fayel, du sombre pathétique, dont il fait un art particulier, qu’il prétend être le véritable esprit de la scene tragique ? […] Cet Auteur croit pourtant qu’on peut permettre aux jeunes-gens la lecture des comédies & des tragédies, qu’on doit même les leur faire lire, que le Précepteur doit les lire avec eux, leur en faire sentir la beauté, l’utilité, les mettre au fait de la pratique du théatre, & leur en expliquer toutes les parties, & les regles de l’art dramatique, quoiqu’il veuille qu’on les éloigne des spectacles. […] Autre idée qu’on n’a pu avancer que dans quelques momens de distraction : La lecture des comédies, la connoissance de l’art dramatique éloignera des spectacles les jeunes-gens. […] Faut il que l’art d’entretenir, d’augmenter les anciens préjugés, les prestiges de la chair & du monde, c’est-à-dire la corruption des mœurs, soit un art estimé, goûté, récompensé par des Chrétiens même qui font prosession de croire ces vérités, & doivent éviter avec le plus grand soin ce qui peut en affoiblir & la créance & la pratique ? […] Les passions font tourner la tête & oublier les premieres regles de l’art : Servetur ad imum qualis ab incœoto processerit .

225. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VII. Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice. » pp. 13-14

Rappellons ici un principe déja établi & avoué par les plus grands maîtres de l’art, que la passion qui charme, qui transporte le spectateur, est l’objet direct de la Piéce ; & que tout ce qui ne l’intéresse que foiblement, ne s’y trouve que pour la forme.

226. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Avertissement. » pp. -

Je n’ignore point combien le prémier est estimable par la délicatesse, l’élégance de son stile, & les beautés qu’il répand dans ses productions ; l’autre par l’art avec lequel il peint la Nature ; le troisième par plusieurs pièces charmantes, sur-tout par l’Ecole de la jeunesse, où l’on voit des Scènes dignes de la bonne Comédie, remplies de sublime & de pathétique.

227. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Enfin, quand par mille sentiments divers & mille mouvements contraires, qu’on aura eu l’art d’exciter ; même malgré vous, dans votre cœur, on aura su vous intéresser pour le héros le plus passionné ; sous prétexte de punir le vice & de récompenser la vertu, quand vous verrez enfin couronner à vos yeux la passion la plus ardente & la plus vive, rien de puni que l’insensibilité & le défaut d’ardeur ! […] De-là, comme remarque l’ingénieux Lactance, cette beauté, cette noblesse de sentiments, cette vivacité, cette diversité d’images, pour faire trouver les crimes plus charmants & plus aimables ; de-là cette magnificence, cette pompe de décorations, pour leur donner, plus d’appareil, un éclat plus frappant ; de-là cette liberté de fiction, pour en dégager la représentation de tout ce qu’ils eurent dans la réalité de rebutant & de hideux ; de-là cette exactitude de proportions & de vrai-semblances, pour exciter plus sûrement à l’imitation ; de-là cette politesse de langage, ces vers nombreux composés avec art, pour aider à les retenir plus aisément. […] Allez cependant leur faire apprendre, à cette école de vertu, l’art de vous cacher les secrets de leur cœur, l’art de nourrir & d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent. […] Mais, comme parle un Auteur Romain même, dès que la Grece conquise lui eût fait présent de cet art funeste, elle lui fit présent en même tems de tous ses vices.

228. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Dans leurs discours légers la saillie étincelle, L’art d’orner le frivole & d’embellir des riens Some de mille fleurs leurs brillans entretiens. […] Art de Sémiramis, miracles de Linus, Charmes d’Anacréon, prestiges de Vénus, Plaisirs touchans des pleurs, sentimens de la joie, Tout ce qui plaît, qui charme, à ses yeux se déploie ; Elle cède, elle perd un reste de fierté, Et prépare son cœur à l’infidélité. […] Sans élever aucune barriere entr’elles & la mauvaise compagnie, qui toujours s’y rassemble, nous les laissons pêle mêle avec le premier venu que le libertinage y amène, nous les excusons, nous les applaudissons, nous les y engageons, nous les faisons monter sur le théatre public, nous leur élevons dans les maisons des théatres de société, nous leur laissons apprendre les arts empoisonnés qui y séduisent, nous les louons de leurs succès, ou plutôt de nos défaites, tandis que nous laissons imprimée sur le front des Comédiens la tache de l’infamie légale, du mépris public, & des anathèmes de l’Eglise. […] En général les femmes sont plus naturellement Comédiennes que les hommes, on trouve plus de bonnes Actrices que de bons Acteurs, & généralement pour les arts de goût, pour la danse, la musique, la parure, un sexe l’emporte sur l’autre. […] Foix) où de jeunes filles voluptueusement parées s’assemblent à cinq heures du soir pour étaler sur un théatre tout ce qui est le plus capable d’exciter des désirs violens & des passions criminelles ; elles dansent avec indécence, chantent d’une voix luxurieuse, déclament avec des graces séduisantes, & emploient tout leur art à allumer des feux sur lesquels est fondé le plus beau de leurs revenus.

229. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Le théatre a fait de l’art du déguisement une partie considérable de l’art dramatique, pour bien suivre le costume, qui caractérise la nation, le temps, le lieu, & s’approprier son habit. […] De la part des défendeurs fut dit au contraire que de tout temps & ancienneté, par la grace, pleine puissance, science & autorité d’amours, plusieurs beaux & grands privilèges, franchises, libertés & immunités avoient été accordés, à ce que les suppôts de la masquerie pussent plus franchement vaquer, étudier & profiter en la faculté & art d’aimer ; qu’ils sont notoires, ont été publiés & enregistrés en la cour & en tous les sieges d’amours ; qu’il s’en fait tous les ans lecture ès grands jours des Rois & Carême-prenant, & font passés en forme de coutume immémoriale ; par lesquels leur est permis d’être braves, emplumés, déguisés, découpés, musqués, masqués, parfumés, en tel habit & tonsure, entrer ès festins, banquets, danses, & toutes assemblées de damoiselles, y amener tabourin, de choisir telle damoiselle que bon leur semble, de disputer avec elle de l’art d’aimer, circonstances & dépendances, la mener en un coin, lui remontrer qu’il est son serviteur, qu’il désire son amour, & user de telle instruction, mémoires & remontrances qu’il croit devoir servir à cela, & ce au vu & su des maris & de tous autres ombrageux, tant & si long-temps que bon leur semble, sans que le mari leur puisse ni doive donner aucun trouble ni empêchement, d’être rêveur ou fâcheux. […] Que plusieurs femmes & filles, qui ne sont formées ni savantes, par le babil & entretien des masques, usage & exercice de causer avec eux, esquels consistent tous arts, sont apprises, deviennent savantes, gentilles, galantes ; pareillement plusieurs jeunes levrons fréquentent les masqués, apprennent à deviser & bien parler, se façonnent, acquierent de l’esprit, deviennent serviteurs des dames.

230. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

A l’Ambigu, noble dénomination empruntée encore de l’art des cuisiniers, l’inscription qui est tirée d’une prière de l’Eglise, et contient une froide allusion à l’âge des Electeurs, et au nom du chef, sicut infantes Audi nos, m’a paru un chef-d’œuvre d’imprudence. […] « Observez, avec soin, disoit-on à une enfant de onze à douze ans, observez de tourner amoureusement vos regards sur celui qui danse avec vous, et de les ramener avec langueur sur le parterre… N’oubliez pas, après avoir battu deux entrechats, de faire la pirouette et de déployer votre jambe… Le comble de l’art, disoit-on à une autre, est de savoir balancer doucement son corps en penchant le cou, en fermant à demi les yeux, en abandonnant ses bras… Dans l’allemande, ajouta-t-on quelques momens aprés, tout est perdu, lorsque le danseur et la danseuse restent froids. […] L’histoire nous apprend, en rougissant, que l’affreux Tibère faisoit servir l’enfance même à ses plaisirs ; mais ce n’étoit pas le crime de Rome entière ; il n’y avoit point à Rome de rendez-vous autorisés, de lieux privilégiés, de foires où l’on exposât cette nouvelle marchandise bien parée, arrangée avec art, où le riche libertin et le viellard dégoûté vinssent acheter à ses parens l’innocence d’une fille de dix à onze ans. […] Un Episode d’un poëme rempli de saletés a fait naître une pantomime où Dorothée qui en est l’héroïne se défend devant les Spectateurs, avec un art trop approchant de la vérité, contre les empressemens lubriques du Maire de la ville. […] S’ils ne faisoient que corrompre le langage en le remplissant de calambourgs, en augmentant sans cesse le dictionnaire de nos expressions basses ; s’il n’y avoit à déplorer que cette manie des pointes et des jeux de mots, qui a subjugué tous les états sans en excepter les plus distingués ; si les suites de ce vertige se bornoient à un excès d’admiration pour des platitudes, à la décadence de la Tragédie et de la Comédie ; à des innovations malheureuses dans les arts, on plaindroit une nation chez qui tout devient peuple.

231. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

C’est un homme qui persévère dans l’infamie de son art, « in artis sua dedecore perseverat » ; un maître, un docteur pour perdre les jeunes gens, « magister doctor perdendorum puerorum » ; il enseigne ce qu’il a appris par des crimes, « quod maledidicit insinuat ». […] Pour nous qui faisons profession d’avoir de bonnes mœurs et de la pudeur, nous nous abstenons de vos plaisirs, de vos pompes, de vos spectacles ; nous en connaissons l’origine profane, et nous en condamnons les douceurs empoisonnées : « Abstinemus, a spectaculis quorum noxia blandimenta damnamus. » Qui n’a horreur des folies et des querelles du peuple dans les combats des Gladiateurs, l’art de tuer les hommes ! […] nisi libidines docent et instigant. » Ils ont fait un art de la séduction, « corruptelarum disciplinam ». […] : « Scenicis hoc summum studium est, non ut meliores fiant, sed ut multi peccent. » Toute leur fortune ne porte que sur la dépravation des spectateurs ; si l’on s’appliquait à la vertu, leur théâtre serait désert, et leur art anéanti, « si meliores fiant, ars peritura sit ». […] Paul ordonne de voiler ; elle étale avec art (elle boucle) ses cheveux, on dirait qu’elle est possédée du démon.

232. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Belle sans art, ton artifice Est aussi grand que la malice De ce Dieu, qui par les attraits De tes yeux met tout en désordre : Car rangeant tes cheveux en ordre, Tu fournis de corde et de traits.

233. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

A force de calomnier la société, ses membres, les arts qui l’embellissent, vous vous êtes rempli de vos propres discours ; le mal a empiré : une constante exagération, un ton sevère, une malheureuse disposition à nous ravaler, ont été cause que vous nous avez fait éprouver des outrages, quand même vous étiez assez heureux pour pouvoir nous faire entendre des vérités. […] Les femmes, dites-vous, n’aiment aucun art, ne se connaissent à aucun, et n’ont aucun génie. […] Interrogez, Monsieur, nos plus grands Maîtres dans la plupart des arts ; ils vous diront combien les femmes aiment ces arts, et s’y connaissent. […] Ils vous diront cela, et j’ajouterai, au risque de vous donner des remords, que leur seul amour pour vos ouvrages, leur impartialité quand vous les attaquiez, leur courroux quand on vous attaquait, ont prouvé cent fois, que le génie et les arts ont en elles les protecteurs les plus passionnés et les plus éclairés… A l’égard de la passion, que vous dites qu’elles ne sont capables de sentir ni d’exprimer, je vous avoue que la plume me tombe des mains en cet endroit.

234. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Je commence par examiner la nature des pièces qu’on représente au théâtre, & je finirai par le jeu des acteurs : la première partie décidera de la seconde ; car la déclamation n’est que l’art de rendre au naturel les transports de l’ame. […] Mais le goût dépravé du libertin doit-il vous empêcher d’assister à ces chefs d’œuvres de l’art, où le ridicule du vice est seul capable de faire aimer la sagesse ?

235. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

On appelle Bienséances, en morale, l’art de dérober la connoissance des défauts ou des vices mêmes, à des yeux qu’ils pourroient choquer, ou à des cœurs qu’ils pourroient féduire. Sur la scène, elles sont l’art de jetter un voile sur des objets que le spectateur ne peut approuver ouvertement, & qui allument des passions dangéreuses.

236. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Les Arts à leurs pieds, attendent le signal pour se consacrer aux bonnes mœurs ou au vice. […] Les Sciences comme les Arts sont attachées à la destinée des Grands ; si elles leur refusent quelquefois extérieurement leurs hommages, elles vont leur porter leur tribut en secret.

237. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

L’art qu’il éxige ne saurait trop se cacher. Il ressemble à ces fleurs artificielles qui ne frappent la vue qu’autant qu’elles ont la couleur & l’éclat des fleurs qu’elles représentent ; c’est l’ouvrage de l’art le plus recherché qui prend la forme & les traits de la Nature même.

238. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement. […] Après avoir retracé l’état des comédiens chez les anciens, M. d’Hénin considère successivement leur existence aux trois âges de l’art dramatique ; sous la première et la second race de nos rois, il voit les bateleurs ou histrions qui avaient succédé à ces acteurs du cirque, flétris chez les Romains, mériter, par leurs jeux obscènes et leurs farces grossières, les censures de l’Eglise et les châtiments du bras séculier.

239. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Davantage, il est certain, que les Bateleurs ne s’étudient2 à rien tant au monde, qu’à tromper ; constituant toute l’excellence de leur art, en ce seul point, de représenter si bien, et de contrefaire si naïvement ce qu’ils jouent, à ce que plusieurs, et s’il était possible, tous soient trompés ; que leurs plaintes, leur courroux, leurs imprécations et exécrations, soient estimées plutôt vraies, que feintes : Témoin celuiGell. […] Voire à ces premiers commencements, il n’appert point, qu’il y ait eu déguisements de sexe, par les habits ; et ne fut la chose rédigée en art, que bien longtemps après ; Ainsi ce qui du commencement était sain, ce dit Tite LiveLib.7 dc , se tourna enfin en une folie intolérable : Qu’en peut-on espérer à présent, que nous en avons tant de préceptes, et d’exemples, que l’art en est au suprême degré de perfection ? […] En sa Cité de Dieu il allègue CicéronLib. 2. cap. 13 ex , qui fait dire à Scipion, Que les Romains estimant cet art du tout infâme non seulement déniaient droit de bourgeoisie aux Comédiens, mais ne les souffraient non plus entre les gens de guerre, tant ils les jugeaient dépravés et pernicieux. […] [NDE] Clément d’Alexandrie condamne moins la peinture que les arts plastiques, et en particulier la sculpture, dans un chapitre consacré au culte païen des simulacres de sa Cohortatio ad Gentes (Logos protreptikos pros Hellènas), chap. 4, Migne, P.G., tome 8, col. 133-134 sq. […] [NDE] « art » est ici un mot féminin, comme ars en latin – à moins qu’il ne s’agisse d’une contamination avec « peinture ».

240. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Quoiqu’il en soit, il est constant qu’il instruit de l’art criminel d’aimer & d’être aimé ; il apprend le langage de l’amour profane ; il enseigne les moyens de se dérober aux yeux des surveillans.

241. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VIII. Les intrigues sont la vraie fin de la comédie. » pp. 15-17

Lors donc qu’à cette inclination naturelle nous ajoûtons l’art & l’étude, devons-nous être surpris si nous tombons dans l’enfer, puisque nous nous bâtons de nous y précipiter ?

242. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Admirons l’Art avec lequel on met sous nos yeux des objets si connus, & qui ont pourtant les charmes de la nouveauté, quoiqu’ils soient sur la Scène, à très peu de différence près, les mêmes que dans le monde.

243. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

Puissent-ils ne s’attacher qu’à mettre sur la Scène des Drames intrigués avec art, écrits avec délicatesse, dans lesquels la décence soit toujours respectée !

244. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

Qui connut jamais mieux le cœur humain et qui porta plus loin l’art de tourner en ridicule les vices les plus accredités de son siècle ?

245. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIV. Réponse a l’objection qu’il faut trouver du relâchement à l’esprit humain : que celui qu’on lui veut donner par la représentation des passions est réprouvé même par les philosophes : beaux principes de Platon. » pp. 58-60

L’art même qui formait un comédien Ibid.

246. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

On ne voit plus rien de honteux dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’on les voit toujours déguisées sur la scène, embellies par l’art, justifiées pas l’esprit du poète, et mises à dessein avec les vertus et les mérites dans les personnes qui y sont représentées comme des héros.

247. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Mais ces Divinitez ne paroissant point appaisées, & la peste continuant tousiours, on eut recours à des remedes plus surs & plus innocens, & disposant doucement les esprits à la joye, on appella les Boufons du païs d’Hetrurie, qui commancerent ces Ieux Sceniques par de simples mommeries sans art & sans raison, mais qui ne laisserent pas d’avoir quelque effet, & dont le succez quoy que naturel, fit un des principaux mysteres de leur Religion. […] Enfin le plaisir reveillant de temps en temps le goust des plus curieux, les obligea de faire des vers bons ou mauvais, jusqu’à ce que l’art & l’intelligence en banirent la negligence & la temerité, & que les Acteurs se piquerent dans leurs ouvrages de beaucoup d’ordre, de soin & de reflexion. […] Mais faute de faveur il manqua de richesses, & il fut ainsi contraint de se retrancher dans les ingenieuses imaginations, & dans les subtilitez de l’art, pour regagner par son bel esprit l’avantage que Scaurus avoit emporté par sa despence.

248. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

Pour l’instruction de ce néophyte dans l’art de raisonner, je consens à lui apprendre ce que tout le monde sait, ou doit savoir, qu’en logique, on appelle pétition de principe, la supposition pour vrai, de ce qui n’est qu’en question. […] Si l’auteur que je réfute, n’était que mauvais logicien, on se bornerait à le plaindre de son peu de jugement, mais il tient à un parti formidable, qui sent qu’avec la force en main, on peut se passer de tout, et même se moquer de l’art de raisonner, ce qui n’arrive que trop souvent à la secte jésuitique. […] Il se moque ainsi de la religion, comme il se moque, depuis si longtemps, de l’art de raisonner.

249. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

» Craignez ces hideux Espagnols, ces féroces Gaulois ; ils n’ont pas de théâtre, mais ils ont des armes : « Horrida vitanda est Hispania, Gallicus axis, arma supersunt. » Craignez même ces grossiers paysans, qui travaillent la terre, et qui ont la bonté de nourrir une ville fainéante qui ne s’occupe que de spectacles : « Parce messoribus illis qui saturant urbem circo scenâque vacantem. » Je ne parle ici que d’après les principes de l’art dramatique. […] Par là, disent les maîtres de l’art, on purge les passions. […] Tels sont ceux à qui l’art donne des leçons dans le parterre.

250. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Pingeron, Capitaine d’Artillerie, sur l’Etat actuel des Arts libéraux & méchaniques en Angleterre. […] L’Italie a fait de pareilles folies pour le Dante, on a eu le même respect pour Aristote, l’oracle de la Philosophie, le philosophe tout court ; & certainement il le méritoit mieux que tous les poëtes à qui il a donné des leçons, qu’ils ne négligent pas impunément, dont il a créé l’art dans sa Poëtique, & établi les regles : ce qui est d’un plus grand génie que tous leurs théatres ensemble. […] La danse est l’art de développer & de mettre dans un beau jour toutes les beautés. […] L’auteur pense que le bien de l’Etat demande qu’on encourage & qu’on perfectionne l’art de siffler, que la Société Royale n’a pas encore traité : il perfectionneroit la musique, les sifflemens feroient de très-harmonieuses consonnances avec les autres parties. […] Quelle témérité que des mains novices osent corriger & se flatter d’embellir des miracles de l’art !

251. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

 Vous, sur qui Melpomène fonde Les progrès de son art long-tems interrompus, Le Couvreur, recevez l’hommage & les tributs  D’un Citoyen de l’autre Monde.

252. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Privilége du Roi. » pp. 369-370

L ouis, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navare : A nos amés & féaux Conseillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Justiciers qu’il appartiendra, Salut : Notre amé André-Charles Cailleau, Libraire a Paris, Nous a fait exposer qu’il désireroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage qui a pour titre L’Art du Théatre en général.

253. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

Si on avait laissé l’homme dans le chemin de la Nature, occupé journellement de la culture de la terre, qui fournit enfin à tous les vrais besoins, amusé alors, délassé par des plaisirs simples, il n’aurait pas eu besoin de l’art pour son bonheur.

254. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VI. Des Comédiens français rétablis dans leurs droits civils et religieux, à raison de leur profession, et entièrement affranchis des anathèmes et des excommunications de l’Eglise. » pp. 130-133

En effet, les gens de théâtre appartiennent à l’autorité civile, et l’art théâtral est devenu légalement une profession dans l’Etat.

255. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Ces caracteres si vrais, & si bien développés, ces traits si bien prononcés, si finement exprimés, ces bons mots, ces plaisanteries si délicates, si heureusement placées, ces plans vastes & sublimes, ces intrigues filées avec tant d’art, conduites avec tant d’adresse jusqu’au dénouement, toutes ces merveilles de l’Art sont presqu’oubliées pour l’Avocat Savetier, Madame Tintamare, Jacquot parvenu, & sur tout, les Battus payent l’amende 10. […] Mais ces perfides Auteurs, la lime & le rabot à la main, n’eussent-ils pas rendu des services plus essentiels à la Société, en exerçant un Art méchanique, qu’en travaillant nuit & jour à la dépravation du goût & des mœurs ? […] Les Arts compteront encore des Vernet, des Vien, des Brenet, des Greutze, des Bouchardons, des Pigal, des Soufflot, des Gondouin, des Longueil, des Cochin, & des Beauvarlet. […] Si tous ces individus qui s’adonnent aux arts profanes, aux arts pestilentiels & corrupteurs ; si tous ces fainéans, dont un seul consomme le produit du travail de deux Ouvriers ; si tous les gens de luxe & de bonne chere s’attachaient à l’exercice des seules professions indispensables, on conçoit sans peine le peu de tems qu’il leur faudroit pour nous fournir tout ce que les besoins, les commodités & même les plaisirs naturels & honnêtes, peuvent Utopie de T. […] d’Alembert, le talent de développer dans tous les ouvrages de l’Art, ce qui doit plaire aux ames sensibles : Les Auteurs du Dictionnaire de Trévoux, une sentiment naturel de l’ame, indépendant des Sciences & des Arts : M.

256. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

La Déclamation embrasse la Chaire & le Barreau, aussi-bien que la Scène : elle n’est de l’Art Dramatique qu’une partie extérieure. […] (Un libertin :) Il est diffus, incorrect, mais pénétré de ce qu’il écrit : qualité prétieuse à qui l’on doit le peu de bons vers qu’on lit, encore peint-il Lisette avec un chapeau de fleurs, on voit qu’il a souvent consulté son modele, il ne parle de ses goûts que comme un maître dans l’art de jouir, & dès long-temps exercé aux plaisirs qui le précedent. […] la moitié de moi-même, Que je choisi pour remplir mes desseins, A qui mon souffle inspira l’art suprême, L’art de charmer, de damner les humains. […] Le livre des trois Siecles qui fait l’éloge des talens poétiques, de Dorat sans entousiasme, ajoute : Ses productions sont des especes de phosphore qui éblouissent un instant pour se perdre dans l’obscurité fameuse, ressemble à une femme plus jolie qu’intéressante, sans cesse occupée à plaire, & qui plait en effet à ceux qui preferent l’art à la nature.

257. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

… Dans leur fureur mal déguisée ils te disent : « Les sciences mondaines, les arts industriels et frivoles te créent tous les jours de nouvelles richesses ; les productions profanes de l’intelligence humaine, de nouvelles jouissances ; mais aussi, tout ce que tu appelles progrès de la civilisation, tout oppose de nouveaux obstacles au salut de ton âme. […] Ainsi donc, riches, renoncez à vos festins sensuels, à vos réunions corruptrices… Princes : pourquoi ces fêtes brillantes dans lesquelles les femmes disputent entre elles de grâce, d’élégance, de toilettes et peut-être de coquetterie, fêtes qui ne sont autre chose que les pompes du démon auxquelles les chrétiens ont renoncé à leur baptême… C’est en vain que vous allégueriez la raison politique, la raison d’Etat qui vous force à protéger, autant qu’il peut dépendre de vous, tous les arts et toutes les industries qui font fleurir une nation ; c’est en vain que vous prouveriez que ces fêtes ont pour résultat de faire circuler dans toutes les veines du corps social l’argent qui en est le sang, pour le faire parvenir de mains en mains jusqu’à celles du pauvre. C’est en vain que vous démontreriez que notre France, par les produits de nos arts, de nos manufactures, exerce un puissant empire dans l’étranger, et que le monopole de nos modes frivoles le rend tributaire de notre légère industrie. […] Ce sont des temples élevés à la morale, depuis que l’architecture, la peinture, la sculpture, et tous les arts, se sont, à l’envi, empressés de les décorer. […] Avec quel art, quelle magie, tous les portraits sont présentés à nos regards par notre inimitable auteur comique, quel contraste heureux il leur oppose, et comme tous les vices et les travers sont livrés à notre risée.

258. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Il condamne les obscénités de Plaute ;De Art. […] En effet la poésie étant un art, doit être utile par la qualité de sa nature et par la subordination essentielle que tout art doit avoir à la Politique, dont la fin générale est le bien public. […] C’est ainsi que ces Maîtres de l’art qualifient le plaisir de la poésie et qu’ils le resserrent dans des bornes qu’un Poète ne doit jamais franchir. […] De Art.

259. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

La Signora de Cantelli, petite fille du célèbre Jacques de Cantelli si célèbre parmi les Géographes d’Italie et l’épouse de mon illustre ami M. de Tagliazucchi, Poète Italien de sa Majesté le Roi de Prusse, prouve à Berlin comme elle l’a fait à Rome dans l’Arcadie, que les femmes peuvent réussir dans les arts et les sciences aussi parfaitement que les hommes. […] Oseriez-vous deviner qui des femmes ou des hommes a porté l’art de la Déclamation à un plus haut degré d’élévation ? […] Nous aurons des Doctoresses en Médecine, en Droit, en Théologie même : pourquoi non, si nous trouvons déjà parmi elles de grandes Héroïnes militaires et des modèles pour les Rois dans l’art de gouverner ? […] Est-il plus facile de confondre la Politique d’un Philippe II et de se faire admirer dans l’art de bien gouverner par Henri IV et Sixte Quint, que de faire une Tragédie comme Corneille ou Racine ? […] De légers coups de bec le réveillent ; s’il se retire, on le poursuit ; s’il se défend, un petit vol de six pas l’attire encore ; l’innocence de la Nature ménage les agaceries et la molle résistance, avec un art qu’aurait à peine la plus habile coquette.

260. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIX. Autre principe de Platon sur cette matière. » pp. 69-71

Par un principe encore plus universel, Platon trouvait tous les arts qui n’ont pour objet que le plaisir, dangereux à la vie humaineDe Rep.

261. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Aucun des Medicis n’a été savant ni n’a eu du goût pour les sciences, & n’a cessé, pour tout cet appareil de littérature & de beaux arts, de se plonger dans la volupté. […] La Cour étoit une académie de galanterie, on y en donnoit des leçons ainsi que de tous les arts agréables. […] Quel besoin a l’Etat de perfectionner un art dangereux, qu’il devroit proscrire, & dont la perfection augmente le danger ? C’est assez de le tolerer en le laissant dans sa grossiereté ; comme si on vouloit perfectionner l’art du poison. […] Ce systeme, ce goût de vice, qu’on honnore du beau nom de perfection de l’art, est devenu dominant.

262. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

C’est-là, où le poison entre par nous les sens dans l’ame, où tout l’art se réduit à inspirer, à reveiller & à justifier les passions que Jesus-Christ condamne &c. […] Despreaux, dans le troisieme chant de l’Art Poëtique. […] L’Art des Comédiens , ajoute-t-il, n’a d’autre fin, que de corrompre les mœurs. […] C’est donc combattre les régles de l’art, & les principes des maîtres, que de dire… Que le Théatre n’excite que par hazard & par accident, les passions qu’il entreprend de traiter. […] Art. 2.

263. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Sa Politique n’est qu’un extrait de l’histoire fait avec trop de vérité, dans le goût de malignité qui lui est propre : il déchire les voiles de la politique & la réduit en art trop à découvert : sans doute ce qui l’a rendu odieux, & a fait passer son nom en proverbe. […] Machiavel, avec plus d’art, d’ordre & de suite, a mis en système le principe général, plus politique que chrétien, que les princes doivent tout sacrifier à leur intérêt fortune, honneur, vie des hommes, mœurs, religion, probité, bonne foi, pour régner sous les dehors de la vertu. […] C’est le grand art des plaideurs & l’objet des procès.

264. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

Ceux qui savent apprécier l’heureux accord des talens Littéraires & des sentimens de sagesse & de retenue que la Religion & la vraie philosophie inspirent, verront avec plaisir cet illustre Ecrivain, autrefois néanmoins si injustement outragé, traiter avec autant de goût & de lumière, que d’aisance & de précision, les Principes de l’art dramatique, & les resserrer dans les justes bornes de la décence & de l’utilité.

265. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Ces divisions, qui par les différentes espèces développent les diverses branches de l'art dramatique, nous paraissent propres à en dévoiler le dangereux crime.

266. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

On y censure les vices, dit-on ; mais c’est d’une façon à ne les rendre que plus aimables, par les descriptions agréables qu’on en fait : il n’y est parlé que d’intrigues & d’amourettes, qui enseignent à de jeunes cœurs l’art d’aimer avec politesse, & de faire de criminelles conquêtes. […] Saint Cyprien dans son épitre à Eucratius, qui l’avoit consulté pour savoir comment il devoit en user avec un certain comédien, qui avoit à la vérité quitté le théatre, mais qui continuoit à y en former d’autres, & à leur apprendre son art, lui répond en ces termes : «  Consulendum me existimasti, frater carissime, quid mihi videatur de histrione quodam, qui in ejusdem adhuc artis suæ dedecore perseverat, magister & doctor, non erudiendorũ, sed perdendorum puerorum, … an talis debeat communicare nobiscum. […] Vous avez jugé à propos de me consulter au sujet d’un comédien qui persévére toujours dans la honte de son art, comme un docteur & un maître qui instruit les autres, non pour les former au bien, mais pour les perdre ; & vous demandez s’il doit communiquer avec nous. […] Dieu a fait les négocians & les marchands, pour fournir aux hommes tous les besoins différens de la vie : mais il n’a jamais fait les comédiens, pour les faire rire, & moins encore pour leur enseigner l’art de pécher avec méthode & de se damner avec quelque sorte d’agrément.

267. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Cet ornement d’une belle robe est devenu chez les Dames de haut parage une piéce importante de la parure, & l’art du caudataire un des beaux arts, un des arts libéraux, qu’on a grand soin de leur faire apprendre, & exercer, pour bien imiter toute la grace & l’adresse des animaux. […] Ce bel art a une autre branche.

268. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

O vous, qui gouvernez au grè du spectateur, Les jeux de Terpsicore & ceux de Polimnie, Les pleurs de Melpomene & les ris de Thalie, Lequel de ces plaisirs pourroit, selon mes vœux, Contribuer le plus à faire des heureux ; Tourner vers le spectacle enchanteur & magique, Où l’optique, la danse & l’art de la musique, De ces plaisirs divers ne forment qu’un plaisir. […] Il n’a jamais connu Vauban, Folard, Euclide, Son Code Militaire est l’art d’aimer d’Ovide. […]     Avec plus d’art encore se font les grands trumaux, Dont la glace polie, égale & sans défauts, Vous reud exactement comme un portrait fidelle. […]     Enfin donc votre Academie Va faire un couvent de dévots ; L’art de penser & le génie En sont exclus par des cagots.

269. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Jamais homme n’a mieux possedé l’art de bien conduire une piece de théatre. […] La premiere de ses pieces l’éleva au comble de la gloire musicale, parce qu’il travailloit de génie sans connoître les regles de l’art, & que le Poëte devoit tout à l’art & à l’usage du monde. […] Sa musique tendre & touchante va au cœur par la douceur & la mélodie, & plait aux amateurs par la variété, les saillies, le naturel de son chant, & l’art assez rare, avec lequel il ajuste les sons aux paroles Latines & Françoises, & par une espece de langage énergique en exprime le sens avec justesse.

270. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Heureux celui de nos successeurs qui le premier aura le plaisir d’annoncer la fin de nos erreurs sur nos opinions par rapport à l’art du théatre ! […] Par rapport à l’art du théatre, c’est une erreur sur une opinion. L’art de faire des poëmes dramatiques, l’art de les déclamer, n’est point infame ; mais ceux qui font métier de l’exercer, le furent toûjours par leur libertinage scandaleux & notoire.

271. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

L’art de corrompre les cœurs est porté à la plus haute perfection. […] Sans sortir des bornes de la paisible modestie du sexe, & donner dans les bruyans mouvemens du spectacle, on y apprend une bonne morale & l’art de converser avec grace & avec fruit. […] Si l’amant d’une de ces femmes déshonorées par le commerce de leurs attraits, au lieu de rougir de son choix, le confioit insolemment au public, en offrant l’image de la courtisanne dans le temple des arts ; s’il avilissoit ces arts mêmes en exigeant d’eux qu’ils éternisassent ces traits par le marbre & le bronze (le portrait, l’estampe, le buste & la médaille de la Clairon) ; s’il donnoit enfin au vice le prix de la vertu, je m’écrirois, qu’êtes-vous devenu, &c.

272. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Un poëte comique, fameux en Italie, est le Comte Carlo Golli, rival du célebre Goldoni ; il ne pensoit à rien moins qu’à ses rôles, sous les drapeaux de Thalie, lorsque se trouvant par hazard un jour avec Goldoni, celui-ci donnoit une grande importance à son art, & en faisoit valoir les difficultés, il disoit avec chagrin, qu’il étoit aisé de censurer les pieces de théatre, mais qu’il étoit fort difficile d’en faire une. […] de vrais contes de vieille, dont on amuse de vieux enfants, & la plupart des spectateurs, des vieux enfants, qui rient d’un conte de vieille ; pour peu qu’on ait l’usage du monde, la conversation aisée, le tâlent plus mince, ou plutôt l’instinct des singes, de contrefaire les gens, l’art de coudre des conversations qu’on fait venir, comme on veut, les comédies naissent sous la plume & sous les levres. […] Ce Programme est un long verbiage assez mal écrit, on y fait une espece de traité de l’art dramatique, dont on donne des regles fort triviales, ce qui n’est ni l’usage des programmes, ni le style des Princes ; il y en a même d’assez peu justes. […] La protection des arts & des sciences dont on fait tant de bruit, est un trait de flatterie, c’est son pere Laurent, qui les protégeoit, & qui étoit en état de les protéger. […] avec des bonnes pensions, & s’en fit beaucoup aimer ; il éléva dans son art le fameux Abbé Metastasio, qui lui a succedé, ou plutôt l’a debusqué, & effacé par des talens un pathétique, un stile, une élégance, qui ont rendu l’éléve fort supérieur à son maître.

273. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Notez bien, qu’il faut autant d’art pour terminer un Acte, que pour faire sortir les Acteurs à la fin d’une Scène. […] N’arrêtons jamais les progrès d’un art par des règles trop rigoureuses ; permettons-lui de les enfreindre, lorsque sa témérité le conduit à des beautés nouvelles.

274. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

Rien n’est moins fondé que l’opinion de ceux qui prétendent que l’art dramatique, Ficta voluptatis causâ, a pour objet primitif & essentiel l’utilité morale.

275. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

Aussi Lactance ne blâme la Comédie et la Tragédie, que pour les sujets qui contenaient quelquefois des Fables malhonnêtes, et non pas l'art du Poète, ni l'exercice des Acteurs « Omissis Evangeliis Comœdias legere, amatoria bulicorum versuum verba canere, Virgilium tenere et Mimorum turpia scripta cantare. » Can.

276. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Si Lulli a excellé dans son art, il a dû proportionner, comme il a fait, les accents de ses chanteurs et de ses chanteuses à leurs récits et à leurs vers : et ses airs tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions les plus décevantes, en les rendant les plus agréables et les plus vives qu’on peut par le charme d’une musique, qui ne demeure si facilement imprimée dans la mémoire, qu’à cause qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur.

277. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

La douceur du poison en fait oublier les funestes suites ; on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dès qu’elles ont été déguisées sur le théâtre, & embellies par l’art ; & à force d’admirer & d’applaudir, on apprend à ne rougir de rien. […] Or, sans m’arrêter ici à vous retracer les tristes effets dont ces représentations sont les suites ; sans vous dire qu’on n’eût jamais connu parmi nous l’art odieux de laver une injure dans le sang, si le théâtre ne l’avoit peint avec tant d’avantage, revenons à notre principe. […] De-là cette exactitude de proportions, de vraisemblance pour exciter plus sûrement à l’imitation ; de-là cette politesse de langage, ces vers nombreux composés avec art pour aider à les retenir plus aisément. […] Allez cependant leur faire apprendre à cette école de vertu l’art de conduire habilement une intrigue, de vous dérober les secrets de leur cœur, l’art de nourrir, d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent. […] Mais comme parle un Auteur Romain même, dès que la Grece conquise lui eut fait présent de cet art funeste, elle lui fit présent en même-temps de tous ses vices.

278. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Si tout son art consiste à nous montrer des malfaiteurs pour nous les rendre odieux, je ne vois point ce que cet art a de si admirable, et l’on ne prend là-dessus que trop d’autres leçons sans celle-là. […] Ah si la beauté de la vertu était l’ouvrage de l’art, il y a longtemps qu’il l’aurait défigurée ! […] Il n’y a point d’art pour faire naître cet intérêt, mais seulement pour s’en prévaloir. […] Encore une fois, cet art ne tient point à la violence. […] L’art de se connaître en petites choses.

279. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Elle mit à profit son art funeste pour enflammer le Roi, & l’aveugla jusqu’à l’épouser. […] Cet art d’aimer, qu’Elizabeth appeloit divin, s’est envolé avec Astrée. […] Son premier amant ne lui fut si cher que parce qu’il avoit l’art si rare, plus divin qu’humain, qui avoit fait de l’amour un Dieu, & de sa mere une Déesse, l’art d’aimer incognito comme les Anges . […] Il n’y a eu que Devonshire qui fût l’art d’aimer comme il faut. […] Ce n’étoit pas un Ovide, savant dans l’art d’aimer, qui en eût donné des leçons à sa Thémire au sortir du berceau.

280. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Les maladies ont fait naître la médecine, la chymie, la botanique ; on tire des remedes du poison, l’ambition a fait naître l’art de la guerre, l’injustice a fait porter des loix & établir la jurisprudence. […] Le théatre fût-il un remede & l’art dramatique un art utile, ce qui est bien éloigné de la vérité, ce seroit toujours une folie de s’empoisonner pour user d’un antidote. […] Les arts y ont pénétré. […] Tous les arts à la fois séduisent tous mes sens. […] Art funeste de la peinture, s’il ne s’apprend, s’il ne s’exerce qu’aux dépens de la conscience !

281. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

« Tous les Savans en l’Art, dit l’Abbé d’Aubignac, nous apprennent que les Fables polymythes, c’est-à-dire, chargées d’un grand nombre d’incidens, ou sont vicieuses, ou ne sont pas des meilleures. » C’est parce qu’elles sont toutes occupées par les actions, qui ne laissant point de place au discours, tiennent le sujet comme étouffé, sans air & sans mouvement.

282. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XV. Des nouveautés & de leur nombre. » pp. 2-7

Le secret de former un grand Artiste, c’est de lui faire aimer son art dès le commencement.

283. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre V. Du nombre des Acteurs. » pp. 252-256

En un mot, ce n’est qu’au dénouement qu’on voit avec plaisir un grand nombre d’Acteurs occuper la Scène ; l’art veut même alors qu’on fasse paraître généralement tous ceux qui ont agis dans le cours de la Pièce ; ainsi que je l’ai recommandé plus haut.

284. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seizième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 278-281

Cependant deux fois la mémoire m’a manqué : on ne s’en est pas aperçu : j’ai déja l’art de remplir les silences forcés par des mouvemens naturels & pathétiques… Mais de quoi vous entretiens-je là ?

285. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

» Aristote, qui, dans son Art Poétique, a donné des règles pour le théâtre, sur lesquels nos grands maîtres, surtout Pierre Corneille, se sont modelés, n’a pas laissé, dans sa Politique, de supposer un certain danger dans les représentations.

286. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Ai-je eu l’art d’y joindre la délicatesse et l’agrément du style ?

287. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Chaque volume in-4 contiendra quatre pieces de cinq actes, ou l’équivalent en petites pieces ou discours qui feront un traité de tout l’art dramatique. […] Qu’on n’attende pas de lui des dissertations sur ces trois arts, ni même les termes de l’art, qui vrai-semblablement lui sont aussi peu familiers que les langues vivantes, qu’il substitue au Grec & au Latin. […] On leur enseigne toutes les sciences & arts convenables à leur profession, sur-tout la musique, la danse, l’art dramatique ; car il est de l’essence d’un bon Guerrier de savoir jouer la comédie.

288. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Toutefois l’inconvénient étoit moindre pour les Spectateurs qui voyent aujourd’hui paroître sur la scéne des Actrices vêtues avec une pompe & un art enchanteur, qui joignent toute la beauté & toutes les graces aux parures indécentes ; le maintien, la demarche, le son de la voix, les regards passionnés, tout parle, tout émeut en elles, dit S. […] Elles sont versées dans l’art de plaire, & c’est à la Comédie ou bien à l’Opera qu’elles mettent toute leur science en exercice ; tout est étudié dans leurs gestes, dans leur attitude, elles paroissent dans une immodestie qui choque les libertins même : si leur rencontre n’est pas une espéce de scandale qu’on doive éviter, il faut jetter au feu les Ouvrages des SS. […] Ordonn. de Blois, Art. 80.

289. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Je sçai que le mélange de la Réligion avec l’indécence, est une profanation qui forme un second crime ; que cette profanation est contraire aux régles de l’art & au Costume, c’est-à-dire, à l’usage & aux mœurs de la personne représentée ; mais outre cette multiplication de crime, la seule immodestie forme le même danger, & le même péché. […] Le second Concile de Constantinople avoit fait les mêmes défenses, c’étoit dans la Grece, dans le centre des arts, l’empire des Appelles & des Praxitelles. Les Conciles de Saint Charles les ont renouvellés dans une autre contrée des beaux arts, l’Italie, sous les yeux de Médicis : Si in hortis, ædibus, aliisve locis statuæ imagines, figuræ procaces, ullomodo speciem turpitudinis præ se ferant, tollantur vel deleantur in omnibus.

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