., ou le peuvent laisser, et garder, quand bon leur semble, ayant pleine et entière liberté, de l’un et de l’autre : comme ils peuvent librement manger du lièvre, et du pourceau, ou bien s’en abstenir, selon que bon leur semble : Si le premierar ; tous ceux qui portent habits convenables à leur sexe, Judaïsent ; et n’y aura plus de vrais Chrétiens, que les Bateleurs, qui se déguisent ; Ceux que les lois politiques déclarent infâmes, que l’on ne daignait enrôler au nombre des Citoyens à Rome, auquel lieu toutefois y avait tant de milliers de méchants garnements jouissant de ce droit, seront seuls bourgeois de la cité de Dieu, seuls héritiers du règne céleste, et cohéritiers de Jésus Christ ; mais encore ne sera ce, qu’à la charge, qu’ils soient perpétuellement sur l’Echafaudas ; ou pour le moins, qu’ils se transformeront toujours par les habits, d’hommes en femmes : Si le secondat ; Il est donc en la liberté d’un Ministre, de monter en chaire, en habit de femme, tout aussi librement, qu’en habit d’homme ; comme ils veulent, qu’il soit libre, à un Menestrierau, de monter sur l’Echafaud, en habit déguisé : Et vouloir astreindre le Ministre, à se vêtir d’habit d’homme ; ce sera le contraindre de Judaïser ; ce sera lui ravir la liberté Chrétienne. […] Et pourra être vêtu d’habit de femme, un roi en son Trône, un Juge en son Siège, un Ministre en sa chaire, sans aucun blâme, avec toute honnêteté, et bienséance ; pourvu qu’ils protestent, que ce qu’ils en font, n’est pour tromper personne, mais pour user de la permission, et liberté Chrétienne ; voire il suffira, de laisser seulement le masque de femme, et montrer la face, afin qu’étant connus, un chacun voie, et juge, par charité Chrétienne, qu’ils n’usent point de fraude. […] restreignant à celle-là, tous les passages, qui nous la défendent, pour maintenir, et établir celle-ci, en l’Eglise Chrétienne ; Comme naguères y a tâché un misérable Apostat, par une Requête adressée à la Cour de Parlement de Paris, pour le rétablissement des Bordeauxcs, au même temps, qu’il alla se rendre au Bordeau spirituel de l’idolâtrie, y cherchant aussi la liberté du corporel. […] Lo ep : Et voyant, qu’à Constantinople, on jouait des jeux, auprès d’une statue de l ’Impératrice, et qu’à cette occasion, le peuple se détournait des assemblées Ecclésiastiques, il l’en reprend vivementSocr. li. 6 ca. 18. et Sozom. l. 8 c. 20 et 21 et 22 eq : on le calomnie envers l’Impératrice, qui l’avait déjà une fois banni de la ville ; il ne rabat rien de sa liberté, et sainte hardiesse : Elle ne pouvant supporter la vérité, et sévérité de ce S.
Rapin, 269 De Ben Jonson, 270 D’Aristote et de Quintilien, 273 Il est dangereux et déraisonnable de faire du divertissement le but principal de la Comédie, 277 Incongruités de nos Dramatiques par rapport à la poésie du Théâtre et à la politesse convenable, 283 Jusqu’où nos Poètes se guindent, 287 Jusqu’où nos Poètes rampent, 289 Leur rusticité à l’égard du Sexe, 292 La liberté qu’ils se donnent à l’égard des Seigneurs d’Angleterre, 296 Il n’y a que nos Modernes qui en aient usé de la sorte, 299 CHAPITRE cinquième.
Que n’a-t-on pas dit de la liberté du sexe à Sparte ? […] Mais ne nous flattons pas de conserver notre liberté en renonçant aux mœurs qui nous l’ont acquise. […] Avec la liberté, partout où règne l’affluence, le bien-être y règne aussi. […] Où sont la paix, la liberté, l’équité, l’innocence ? […] Il mourut comme doit mourir un martyr de la liberté.
L’Auteur aime les révolutions, les conjurations, les élans de la liberté & de l’indépendance : sujets peu propres à réussir, dit Voltaire, quoique fort dans son goût. […] Les Grecs si passionnés pour la liberté, qui ont dit si souvent qu’on ne peut penser avec hauteur que dans les Républiques, apprendroient à parler dignement de la liberté dans quelques pieces de nos jours (Catilina, Mahomet, Brutus), quoique écrites dans le sein d’une Monarchie.
Rendons cet honneur à la vérité d’en respecter jusqu’à l’image, & de laisser la liberté de se faire entendre à tout ce qui se renomme d’elle. En imposant silence aux Poëtes, accordons à leurs amis la liberté de les défendre & de nous montrer, s’ils peuvent, que l’art condamné par nous comme nuisible, n’est pas seulement agréable, mais utile à la République & aux Citoyens. […] Autrement, mon cher Glaucus, comme un homme sage, épris des charmes d’une maitresse, voyant sa vertu prête à l’abandonner, rompt ; quoiqu’à regret, une si douce chaîne, & sacrifie l’amour au devoir & à la raison ; ainsi, livrés dès notre enfance aux attraits séducteurs de la Poësie, & trop sensibles peut-être à ses beautés, nous nous munirons pourtant de force & de raison contre ses prestiges : si nous osons donner quelque chose au goût qui nous attire, nous craindrons au moins de nous livrer à nos premieres amours : nous nous dirons toujours qu’il n’y a rien de sérieux ni d’utile dans tout cet appareil dramatique : en prêtant quelquefois nos oreilles à la Poësie, nous garantirons nos cœurs d’être abusés par elle, & nous ne souffrirons point qu’elle trouble l’ordre & la liberté, ni dans la République intérieure de l’ame, ni dans celle de la société humaine.
» Le Dialogue des nouveaux Drames ennuirait bientôt s’il se donnait la liberté d’être trop-long. […] Il est étonnant qu’on laisse prendre à la Tragédie plus de libertés.
On poursuivit les auteurs d’un si grand scandale : le peintre prit la suite, le graveur fut mis en prison, Arétin par la faveur des Médicis obtint sa liberté. […] Pour être plus libre, il passa la plus grande partie de sa vie à Venise, asyle assuré contre la bigoterie , disoit-il ; c’est-à-dire, pays où la corruption des mœurs & la malignité de la saryre jouissent de la plus grande liberté, & garantissent le prompt débit des écrits les plus licencieux. […] C’en étoit une en effet ; & le Tasse, par une autre imbécillité, s’imagina que, pour faire excuser sa passion & obtenir sa liberté, il falloit entrer dans les idées du Duc, s’avouer insensé, & attribuer tout à sa folie, qui par une nécessité invincible, lui avoit arraché ses sentimens. […] Enfin, après trois ans de remedes inutiles, on lui accorda la liberté, à condition qu’il ne paroîtroit plus sur les terres de Ferrare. […] La liberté du célibat étoit plus de son goût.
Il n’est donc pas si étonnant que la Poésie de ces Idolâtres ne fût pas toujours régulière, et qu’ils se permissent pour le Théâtre quelques libertés : ils trouvaient dans leur Théologie du fondement à cette conduite. […] Ce Poète donc sur ce pied-là est fort circonspect pour ses personnages de femmes : ni Glicerium dans l’Andrienne, ni Pamphile dans les Adelphes, ni Phanium dans le Phormion, ni Philumène dans l’Hécyre n’ont part à l’entretien sur le Théâtre : c’eût été en ce temps-là trop de liberté pour de jeunes personnes dont on attendait beaucoup de réserve. […] Aristophane se donne de grandes libertés, et ses personnages de femmes s’en ressentent aussi bien que les autres. […] Aristophane se fait lui-même un crime de ses libertés dans ses intervalles lucides. […] Nous voyons donc qu’Aristophane se réfute lui-même et passe condamnation sur ses libertés.
La seule différence que je remarque entr’elle & une brigade de Forçats, est que ceux-ci ne sçauroient rompre leurs chaînes, & il ne tient qu’à vous dès aujourd’hui de vous remettre en liberté.
Nous vous dirons encore avec la liberté d’un saint Prophéte, & plaise au ciel que ce soit avec le même succès : Vous ne pouvez servir deux maîtres.
Il est vrai que pour ce qui regarde les Fêtes, quelques Casuistes ont ajouté, par une condescendance excessive, des exceptions très dangereuses, par lesquelles ils donnent aux Chrétiens une liberté contraire aux sentiments de l’Eglise, et à l’esprit de leur profession.
b Je prendrai, Madame, la liberté d’appeler de votre critique, quelque respect que j’aie d’ailleurs pour vos sentiments ; mais ce sera en la manière qu’on appelle quelquefois des sentences qu’on ne trouve pas assez rigoureuses.
Quoique je me sois scrupuleusement attaché dans mes Ouvrages aux règles d’Aristote, et que j’en ai même fait le fondement des préceptes que j’ai pris la liberté de donner ; j’ose pourtant dire qu’on aurait tort de me reprocher d’avoir changé d’avis, si je critiquais aujourd’hui ces mêmes règles.
A-t-on la liberté & le loisir d’en faire l’arrangement ? […] Le monde qui s’y rend, qui n’est rien moins que choisi ; le spectacle qui s’y donne, qui n’est rien moins que dévot ; la liberté dont on y jouit, ou plutôt la licence qui y regne, la facilité de s’y cacher dans la foule, & celle d’y trouver qui l’on veut ; que d’écueils pour la vertu ! […] Une pluye de bombes, une grêle de coups de canon, qui portoient par tout la désolation & la mort, avec le plus grand fracas, laissoient à peine la liberté de traverser les rues, & d’entendre parler. […] La conversation de la Reine Mere & des Dames de sa Cour firent goûter cette fleur de galanterie Espagnole qu’elle avoit apporté, à laquelle elle joignit les graces & la liberté Françoise, devenue une vraie licence.
L’exemple des comédiens publiquement étalé, les graces séduisantes que les actrices doivent à la licence, que chaque femme voudroit avoir, & tache d’acquérir en étudiant ce modele, le succès de leur liberté qui seul vaut tant de conquêtes & de profit ; qui peut resister à ces attaques, quelle pudeur n’y succomberoit ? […] Oser se produire sans défense, se livrer à sa propre conduite, annonce une pureté mourante, ou déjà peut-être éteinte, qui ne peut souffrir le joug, & veut pouvoit en liberté franchir toutes les barrieres. […] La premiere leçon qu’on donne à un débutant c’est de ne rien craindre, de ne rougir de rien, de se rendre maître du théatre, & d’y agir avec une entiere liberté. […] Le cœur s’épanouit & respire un air de plaisir & de liberté ; telle une femme parée s’empare des sens, & fait glisser la volupté.
Il paraît portant la parole au Tyran par l’ordre du Roi : Œdipe dans le feu de la colère traite durement Tirésias ; celui-ci réplique avec résolution et avec liberté, et dit nettement à Œdipe qu’il est un des serviteurs d’Apollon et non l’un des siens. […] Et quel autre motif que le respect pour la Religion aurait pu l’empêcher d’user d’une liberté fondée sur la pratique de ses prédécesseurs ? […] Shakespeare se donne la liberté de faire entrer des gens d’Eglise dans plusieurs de ses pièces : mais il en soutient d’ordinaire la dignité, et ne leur attribue rien qui ne soit dans les règles. […] Mais, comme Dieu n’use pas de son pouvoir absolu pour nous réduire, et qu’il laisse aux hommes l’usage de leur liberté ; il est sûr que la reconnaissance et l’obéissance qui lui sont dues se perdent à mesure qu’on affaiblit son autorité par le mépris de ceux à qui elle est commise en ce monde.
Nombre infini de mauvaises pensées, de mauvais desirs, de paroles, de libertés dans ceux à qui on a le malheur de plaire, ou pour ceux qui nous ont plu. […] Les cheveux chez nos bons ayeux du tems de Clodion, étoient regardés comme le simbole de la liberté ; le respect pour la chevelure étoit même si grand, que la loi des Allemans, de 1630, prononce une très-grosse amande contre quiconque est assez téméraire pour couper les cheveux d’un homme libre, sans son consentement : Quand on se faisoit Réligieux on coupoit ses cheveux ; on le fait encore ; un moine par ses vœux se rend serf de Dieu, il étoit juste de lui faire le sacrifice du simbole de la liberté.
Sa mere lui laissa la liberté de suivre son goût. […] Les premiers acteurs se donnent aussi quelquefois de pareilles libertés. […] Cet air d’adoration est si deplacé, cette attitude, cette proximité est une occasion si prochaine de mauvais regards & de libertés criminelles que la vertu ne se les permet, ni ne les laisse représenter.
Je ne sai quelles sont les modes de son pays : il faut que ces libertés y soient bien fréquentes, pour en avoir si fort pris l’habitude, & les multiplier dans tous ses chants. […] Il n’est pas moins vrai qu’on trouve dans son ouvrage, 1°. la licence de la galanterie ; 2°. la fadeur de la flatterie ; 3.° les puérilités de la féerie ; 4.° les feux folets des Concetti ; 5°. les libertés du plagiat ; 6°. l’indécence du mélange du sacré & du profâne, dans un sujet chrétien & dévot, & que lui-même donne pour tel. […] Zeno ne fit non-plus aucune Histoire de l’Empire ; mais, après onze ans de travaux dramatiques, qui forment huit gros volumes d’Opéras, il vint comme l’Arioste finir sa vie à Venise, pays de liberté, où il fit un Journal, & recueillir des Anecdotes.
La doctrine générale qui en résulte, c’est que la bonne éducation des filles consiste à leur donner une entiere liberté, les laisser courir seules, sur leur bonne foi, le bal, la comédie, les compagnies, & voir qui bon leur semble, comme la Léonor, dont cette conduite indulgente a fait une héroïne, tandis que la vigilance & la retraite ont fait de sa sœur Isabelle une intrigante & une effrontée ; que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & leur faire chercher les moyens de se satisfaire, & que la sévérité même qu’on a pour eux, les autorise à secouer le joug, & leur est une excuse légitime ; que ces sévères instituteurs en sont toûjours la duppe, & se couvrent de ridicule ; que malgré toutes leurs mesures, l’amour, inépuisable en ressources, rend inventifs les plus innocens, & trouve enfin mille moyens pour réussir ; qu’après tout c’est un vain scrupule de se refuser à la galanterie, mal commun, dont personne n’est exempt ; qu’il est de la sagesse de ne pas être plus sage que les autres ; qu’on ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles ; qu’il faut s’y attendre, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] Vous souffrez que la vôtre aille leste & pimpante, Vous souffrez qu’elle coure, aime l’oisiveté, Et soit des damoiseaux fleurée en liberté ; Et si vous l’épousez, vous serez complaisant Jusques à lui laisser & mouches & rubans, A courir tous les bals & les lieux d’assemblée ? […] joindre l’usage des plaisirs permis avec l’éloignement parfait des illicites, la modération avec la liberté, le soin des biens au détachement du cœur : aimer tendrement sa compagne, sans partager ses défauts.
S’ils ne purent remplir entierement leur objet, c’est que l’on étoit prévenu qu’une liberté cynique constituoit ce genre, & en étoit le caractère distinctif (quelle honte & quelle perversion, de s’appliquer de propos délibéré à un genre dont le caractère distinctif est une liberté cynique). […] Le plus grand mal du théatre ne fut jamais précisément l’indécence grossiere des expressions, on y a toûjours parlé comme l’on parle dans le monde ; son danger, son crime est dans l’assemblage artificieux d’une infinité de choses mauvaises, dont l’union rend nécessairement vicieux, les sentimens de toutes les passions, les exemples de tous les crimes, l’irréligion, la morale corrompue, l’immodestie, le jeu, la mollesse, les intrigues des Actrices, la mauvaise compagnie qui s’y rassemble, la liberté des foyers & des coulisses.
ce Prince, par pudeur, ne veut pas dire à sa sœur quel crime a commis sa mère Clitemnestre : que les Poètes de l’Opéra-Bouffon se proposent un si bel éxemple de modestie ; qu’ils gravent aussi dans leur mémoire ces sages préceptes de Boileau : Le Latin dans les mots brave l’honnêteté ; Mais le Lecteur Français veut être respecté ; Du moindre sens impur la liberté l’outrage, Si la pudeur des mots n’en adoucit l’image (5). […] Dans le badinage, L’amour se plaît, Comme un enfant qu’il est ; Sous ses loix si jamais je m’engage, Ce sera par la gaieté : Je veux trouver dans l’esclavage Tous les agrémens de la liberté. […] Il règne dans cette pièce une chaleur, une liberté cinique que bien des gens ont dû applaudir.
Comment voulez-vous que ces personnes, qui la composent, qui ont la même passion infiniment plus vive et plus ardente, dont le corps est nourri si délicatement, vêtu avec tant de mollesse, et de luxe, assiégées de jeunes gens, qui abandonnent tous leur sens, pour en boire le poison avec plus de liberté, qui jettent mille regards malhonnêtes, leurs yeux étant comme des canaux voluptueux par où passe l’amour, et comme les ambassadeurs de cette infâme passion, qui ont des entretiens pleins de tendresse, et souvent pleins de dissolutions : quand il ne se passerait point autre chose, pouvez-vous dire en bonne foi, que les uns et les autres sont chastes ? […] Avouez que voilà un esprit bien affligé et bien accablé de douleur, son corps ne l’est pas moins, un ulcère le couvre tout entier, ses douleurs et l’infection semblaient le devoir garantir des insultes de la chair ; cependant il s’y fie si peu, que pour s’en défendre au milieu de sa misère, il fait une convention secrète avec ses yeux, de leur donner quelque liberté, à condition qu’ils ne regarderaient jamais ni femme, ni Fille, afin de conserver la pureté de son cœur. […] J’avoue que vous sentirez des peines par les respects humains, et par la contradiction, que vos inclinations y apporteront : mais la liberté des Enfants de Dieu mérite bien que vous souffriez cette peine pour l’obtenir : le Ciel ne se donne pas pour rien, il faut l’acheter bien cher ; les pénitents l’ont acheté aux dépens de leurs larmes, et les Martyrs l’ont payé de leur vie et de leur sang.
Et si dans ce moment on jouissait de la liberté, comme on en jouit au théâtre, si on excitait volontairement ces mauvais songes, comme on excite le rêve du théâtre, ne serait-on pas véritablement criminel ? […] La liberté, l'indépendance, la galanterie, voilées d'un air de politesse, règnent sur la scène Française. […] » Un amateur, selon l'expression même du théâtre, est un papillon charmé de l'éclat de la lumière, qui voltige autour de la chandelle, et s'y brûle : Et si l'un y brûle ses ailes, l'autre engage sa liberté.
Je crus qu’un homme qui se mêlait de railler tant de monde, était obligé d’entendre raillerie, et j’eus regret de la liberté que j’avais prise dès qu’on m’eut dit qu’il prenait l’affaire sérieusement.
On ne fut pas longtemps à s’apercevoir que le talent de censurer le vice, pour être utile, devait être dirigé par la vertu ; & que la liberté de la Satyre accordée à un malhonnête-homme, était un poignard dans les mains d’un furieux : mais ce furieux consolait l’envie : voila pourquoi dans Athènes comme ailleurs, les Méchans ont trouvé tant d’indulgence, & les Bons tant de sévérité : témoin la Comédie des Nuées ; exemple mémorable de la scélératesse des envieux, & des combats que doit se préparer à soutenir celui qui ose être plus sage & plus vertueux que son siècle… […] Les Romains, sous les Consuls, aussi jaloux de leur liberté que les Athéniens, mais plus orgueilleux, n’auraient jamais permis que la dignité de leur Gouvernement fut livrée à la critique amère de leurs Poètes, & qu’on l’exposat en plein Théâtre, au mépris des Spectateurs.
Elle jouoit avec la même facilité toute sorte de rôles, prenoit toute sorte de visages, de figures, d’habits, de maintien, pleuroit, rioit, portoit le deuil, & donnoit des fêtes, louoit, blâmoit, caressoit & faisoit enfoncer le poignard ; dévotion & débauche, magnificence & simplicité, hauteur & bassesse, licence & modestie, tout lui étoit bon, tout lui étoit familier, elle étoit propre à tout, parloit avec la même aisance & la même hardiesse d’affaires d’Etat & de mascarades, de guerre & de galanterie ; le plus fin Conrtisan ne pouvoit la penêtrer, les plus rares politiques étoient ses dupes ; elle faisoit la guerre au Prince de Condé, & lui écrivoit pour le remercier d’avoir pris les armes contre le Roi son fils, armoit contre le Roi d’Espagne, & lui demandoit sa protection, faisant massacrer les Protestans, & leur accordant la liberté de conscience, manquant à toutes les promesses avec la même facilité qu’elle les avoit faites. […] Cependant cette Princesse ingrate favorisa le Calvinisme, causa les guerres de religion, procura tous les édits qui donnoient la liberté de conscience, fit tenir malgré le Pape Pie IV le Colloque de Poissi, où la religion fut mise en probleme, & comme si le Calvinisme en fut sorti triomphant, elle lui fit deux jours après donner la liberté de conscience. […] Personne ne la crut ; elle avoit été suspecte à tous les partis, elle ne reçut point les derniers sacremens, & donna pour dernier conseil à son fils, qu’il n’eût garde de suivre, d’accorder à tous ses Sujets la liberté de conscience. […] Il est vrai que la galanterie de François I a été l’époque de la liberté des femmes en France, qui auparavant étoient presqu’aussi retenues qu’en Italie ; mais jamais il n’a porté la licence aussi loin que sa Bellefille.
, qui fait que l’on plaît à ceux qui écoutent : que si Saint Thomas par l’autorité d’Aristote, dont on avait peine à se départir en son temps, semble peut-être pousser un peu plus avant dans sa somme la liberté des plaisanteries ; il y réduit néanmoins 2. 2. q. 168. art. 4. c.
Ils ne furent pas longtemps sans abuser de cette liberté ; les obscénités et les insolences qu’ils mêlerent dans leurs récits et dans leurs postures, les rendirent enfin odieux, et attirèrent également contr’eux l’indignation de l’une et de l’autre des deux Puissances, la spirituelle et la temporelle.
Il faut être de bronze ou de marbre pour résister à tant d’appas, et j’avoue que les plus grands Saints auraient peine à conserver leur liberté au milieu de tant d’agréables tentations.
Chénier, De la liberté du théâtre en France, 1789 • Chénier, Marie-Joseph de (1764-1811) : De la liberté du théâtre en France, s. l., s. n., 1789, in-8º, 46 p. […] Autres titres : « Sur la liberté du théâtre », « Considérations sur la liberté du théâtre ». […] Voir Huerne de La Mothe , Libertés de la France, contre le pouvoir arbitraire de l’excommunication, 1761. […] Voir Huerne de La Mothe , Libertés de la France, contre le pouvoir arbitraire de l’excommunication, 1761. […] Millin de Grandmaison, Sur la liberté du théâtre, 1790 • Millin de Grandmaison, Aubin-Louis (1759-1818) : Sur la Liberté du Théâtre, Paris, Lagrange, 1790, in-8º, 60 p.
La liberté que tant de Chrétiens se donnent est une preuve de leur relâchement ; mais elle ne justifie ni l'Opéra, ni la Comédie.
C’est, Monseigneur, ce qui me fait prendre la liberté d’écrire à VOTRE GRANDEUR vous reconnassant pour mon Juge né et d’institution divine en matière de Doctrine, comme vous l’êtes aussi de tout le Troupeau qui vous est confié, dont je me fais honneur d’être, et auquel le saint Esprit vous a donné pour Pasteur, établi par Jésus-Christ même, et me tenant par cette raison obligé de faire cette déclaration de mes sentiments entre vos mains, pour la rendre publique sous votre autorité, si vous le jugez convenable.
Que le Ciel parle pour retirer un homme d’un poste si dangereux, l’esprit est si partagé entre les yeux, les oreilles, & soy-mesme, qu’il n’a point d’attention pour tout ce que la grace peut luy representer ; le plaisir tient les sens & l’esprit tellement attaché, qu’il ne luy laisse ny la pensée, ny presque la liberté de se retirer, de se rendre à soy-mesme, & de rentrer dans le devoir. […] Pelage voyant qu’il ne pouvoit plus disputer contre la necessité de la Grace, sans estre condamné d’heresie, se servit de plusieurs subtilitez pour faire accroire à toute la terre qu’il n’enseignoit point ce que ses ennemis luy imputoient, qu’il reconnoissoit la necessité des Puissances naturelles, & des lumieres de l’Evangile pour s’abstenir du mal, & pour pratiquer le bien, que la raison & la liberté ne pouvoient estre effacées du nombre des graces, qu’il faudroit n’estre pas moins infidelle & superbe qu’ingrat pour ne pas reconnoistre les instructions, les exemples, & la Passion de Nostre Seigneur pour des graces necessaires, qu’il estoit bien éloigné mesme de nier que les bons mouvemens que ses ennemis mettoient au nombre des graces necessaires, le fussent en effet pour agir avec plus de facilité & avec plus de perfection, que tous les mouvemens qui venoient des lumieres & des exemples de Jesus-Christ, ne pouvoient estre que tres-bons. […] Il sçavoit bien que plusieurs de ces mouvemens n’attendent pas les ordres de nostre liberté, & que par consequent ils ne sont pas des pechez, quand ils panchent du côté du crime, comme ils ne sont pas des vertus, quand ils panchent du côté de l’innocence, si la volonté ne se laisse aller où ils l’attirent, ou si elles n’y vont à sa suite, & qu’elle ne les y entraîne. […] Vostre negligence seroit cause que l’Estat perdroit ceux qui ne laissoient pas à Dieu la liberté de le punir ; vostre negligence osteroit à Dieu la liberté de vous pardonner, & le ressentiment de n’estre plus contraint de faire misericorde au peuple le contraindroit de n’avoir aucune pitié de vous.
Un homme qui est à Dieu par son état, soit Ecclésiastique, soit Religieux, quelque besoin qu’il ait de se divertir, ne pourra pas se donner la même liberté, ni d’actions, ni de paroles qu’un homme laïc pourrait prendre sans déshonorer sa condition. […] Cela me fait dire qu’il n’est point d’entretien, si ce n’est des Anthropophages ou des Lamies, qui n’ont que des discours de meurtre et de carnage, qui ne nous tire de nos pensées ordinaires, et ne nous laisse dans une plus grande liberté d’esprit, qui est ce que nous prétendons du divertissement. […] Ce n’est point remédier au mal, si on ne leur ferme la bouche autant de fois qu’ils sont pour mal parler : La honte de leur condition n’empêche pas que leur liberté de tout faire et de tout dire ne porte son coup, et ne perde la jeunesse qui les voit et qui les entend. […] car après leur avoir dit un mot ou deux de bonne grâce pour les relever de leur lenteur, il les laissait agir à leur liberté sans les presser. […] Les premiers Momons ne paraissaient que sous une figure de Satyre pour avoir plus de liberté de mordre, et de planter la dent sur la réputation de qui que ce fût.
La préférance qu’elle donne au célibat, sur le mariage, non par un principe de réligion, comme l’Evangile y invite, mais par un rafinement de volupté, pour rendre plus piquant des plaisirs que la decence assaisonne, & que la liberté & la légitimité du mariage rend insipides, principe des Philosophes ennemis de l’état Réligieux, dont cette admirable Abbesse du Paraclet ne rougit pas de faire l’aveu. […] Une Eglise tapissée, richement parée de tableaux de dévotion, des Messes toute la matinée, Vêpres, plusieurs Sermons l’un après l’autre, la Bénédiction, un monde infini toute la journée, laissent-ils la liberté de jouer la comédie ? […] A Athenes, où d’abord on avoit la liberté de tout dire, les Magistrats furent obligés d’y mettre des bornes, pour arrêter un si grand désordre.
« La colère suffit et vaut un Apollonk. » Au reste il serait inutile de leur permettre d’autre vengeance ; la plupart s’embarrassent peu d’une infidélité dont ils profitent, et accordent de bonne grâce une liberté qu’ils savent prendre pour eux-mêmes. […] Les Préteurs et les Ediles, chargés des lois des théâtres, avaient droit, ainsi que les Consuls et tous les autres Magistrats chargés de la police, de faire fustiger les Comédiens, sans autre forme de procès, partout où ils les trouvaient coupables de quelque faute, de même que les maîtres avaient la liberté de châtier leurs esclaves. […] Auguste, qui dans les commencements de son règne, pour gagner l’amitié du peuple, favorisait les Comédiens, trouva cette liberté de punir trop étendue : il la borna au théâtre, et ne voulut point qu’on les fît fouetter ailleurs, et aux fautes commises pendant le spectacle, qu’il laissa punir comme auparavant sur le champ devant tout le monde.
Pour lors ils estoient veritablement tenus de se batre & de s’exposer à la rage de ces animaux en faveur du Peuple & des Spectateurs ; mais ils avoient la liberté de se deffendre, & d’user de leur vertu & de leur adresse pour se tirer du peril & pour éviter la mort. […] Quelquefois on leur laissoit la liberté de la suite ou de la deffense, sans armes, & on les exposoit ainsi en proye à des Lyons affamez & irritez par leurs gardiensCaij. l. 5. c. 42.
Ce qui ne peut assez me surprendre, est que quand il ese trouvait à ces Comédies quelque Personnage recommandable par sa vertu, et dont le respect empêchait le Peuple de s’abandonner à une pareille infamie ; au lieu de demeurer jusqu’à la fin de l’Assemblée, il se retirait pour laisser le monde dans une entière liberté. […] Et Cicéron au lieu déja cité, dit que comme nous ne donnons pas aux enfants la liberté de prendre toute sorte de divertissement, mais seulement ceux qui ne s’écartent pas de l’honnêteté ; ainsi dans nos jeux même on doit toujours appercevoir quelque rayon d’un esprit de probité. […] Et en tant que cette vertu l’empêche de prendre des divertissements immoderés, elle est comprise sous la modestie. » Qu’est-ce que saint Thomas dit en tout cela de favorable à la Comédie, ou plutôt ; que ne dit-il pas qui la condamne ouvertement, puisqu’il renferme toute la liberté que l’homme sage se peut donner, à une gaîté toute modeste ? […] Le repos qu’il est permis à l’homme de prendre, pour honorer celui de Dieu, n’est pas afin qu’il s’abandonne à la fainéantise, qu’il donne toute liberté à ses yeux, qu’il s’expose à des objets capables d’émouvoir ses passions ; mais afin qu’il rentre en lui-même, qu’il médite la Loi du Seigneur, qu’il interrompe les idées terrestres dont il a été occupé les autres jours ; pour rendre à son Créateur ce culte que les vrais adorateurs lui doivent rendre en esprit et en vérité. […] Ne vous servez point ici de la liberté que les Comédiens ont, de faire ce qu’ils font, comme d’un voile pour couvrir le péché.
Ces anciens Romains, à qui l’amour de la liberté & de la Patrie, inspiroit les actions les plus héroïques ; Horace, Pompée, Sertorius, sont au-dessus deux mêmes dans Corneille.
La personne, à qui elle parlait ainsi, ne put s’empêcher d’en marquer de l’étonnement, et prit la liberté de lui en demander la raison.
., il peut les priver de leur royaume, donner leurs états à un autre prince, et dégager leurs sujets de l’obéissance qu’ils lui doivent, et du serment qu’ils lui ont fait11. » Et après la mort de ce monarque, Busenbaum, célèbre jésuite, ne craignit pas de publier dans un de ses ouvrages : « Que l’action de Jacques Clément, dominicain, est une action mémorable, par laquelle il avait procuré à sa patrie et à sa nation le recouvrement de sa liberté ; que le massacre du roi lui fit grande réputation, et qu’étant d’une complexion faible, une vertu plus grande soutenait son courage. » De tels préceptes et de tels récits excitent l’indignation de tous les hommes de bien, en même temps qu’ils méritent toute la répression de l’autorité séculière.
Exigeons cet effet, et laissons la liberté des moyens.
Le séjour de cette ville, que bien des Français regardent comme triste par la privation des spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs honnêtes, comme il est celui de la philosophie et de la liberté ; et les Etrangers ne seraient plus surpris de voir que dans une ville où les spectacles décents et réguliers sont défendus, on permette des farces grossières et sans esprit, aussi contraires au bon goût qu’aux bonnes mœurs.
Plaute est le seul Païen qui ait eu la hardiesse d’introduire Jupiter sur le Théâtre : encore son Amphitryon le cède-t-il de beaucoup en libertés à l’Amphitryon Anglais. […] de ce qu’ils les privaient de la liberté ; et qu’ils en faisaient des étrangers par rapport au Gouvernement. […] Les Epicuriens se donnaient bien la liberté d’établir une notion du plaisir et d’en déterminer l’objet ; pourquoi n’aurions-nous pas sur cela le même droit qu’eux ? […] Ils en flétrissent le métier, et les privent de la liberté commune, des emplois, des Charges, des honneurs. […] Ces bouffons ne se donnent-ils pas toutes sortes de libertés ?
Il vous répondra : c’est1 le consistoire de l’impureté, un lieu où l’on approuve des libertés qu’on n’oseroit se promettre ailleurs ; où l’on voit des femmes se produire en public avec moins de honte qu’elles ne feroient dans le sécret de leur maison, & avec une contenance dont elles rougiroient en tout autre endroit que sur un Théâtre. […] Tandis que l’ambition allume par-tout le feu de la guerre, qu’elle forme les Conquérans, établit les Empires sur les ruines de la liberté ; le Chef de la Nation sainte attiré des bords de l’Euphrate aux rives du Jourdain, en parcourt les Déserts montueux, logeant sous des tentes : Dieu lui découvre sa nombreuse postérité dans la sombre succession des tems à venir ; au fond de ce divin miroir, Abraham apperçoit le Libérateur promis, ses enfans passent en Egypte, pour s’y former en corps de Nation ; la plus dure servitude n’empêche pas leur population miraculeuse.
Mais sans remonter aux premiers siècles de l’Eglise, où les Basile et les Chrysostome parlaient aux Grands de leur temps avec tant de courage et de zèle, on n’a qu’à ouvrir les sermons de Bourdaloue, de la Rue, de Massillon, et en particulier le petit carême de ce dernier, pour se convaincre que la religion et la vertu n’ont aucun besoin du théâtre pour annoncer la vérité aux Grands, que les Orateurs Chrétiens le font avec plus d’autorité, de liberté et de fruit que tous les Corneille et les Racine du monde. […] A peine laisse-t-on aux Comédiens la liberté de se trouver à l’enterrement de leurs camarades, qu’une sincère conversion a fait rentrer dans l’Eglise ; encore n’est-ce qu’à titre de parent ou d’ami, dont on ignore la profession.
C’est à quoi conduisent les principes par-tout établis de cette morale lubrique, qu’il faut obéir à l’amour, que c’est le privilège du bel âge & tout le bonheur de la vie, que ses chaînes sont préférables à la liberté, ses loix à la raison, ses douceurs à la vertu. […] Mariana, célèbre par de bons & de mauvais livres, par la beauté de son style & la témérité de ses opinions, par la liberté de ses censures contre son propre Corps, Mariana a composé un traité contre les spectacles. […] La personne à qui elle parloit ainsi, ne put s’empêcher d’en marquer de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison : Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la comédie, si-tôt que je vois les premiers Acteurs paroître sur la scène, je tombe tout-à-coup dans la plus profonde tristesse.
Dans l’un & l’autre cas, on à beau s’échauffer, donner l’essor à son esprit, appeller à son secours son propre génie ; il semble que ce génie jaloux de l’invention de ses sujets & de la liberté de les traiter, se refuse à la moindre contrainte, & prend en aversion tout ce qui a l’air du commandement.
Ce foible avantage est balancé par une multitude de fausses maximes qui n’ont pas peu contribué au déreglement de son siécle & du nôtre ; l’indulgence des parens à souffrir les galanteries d’une fille, la scandaleuse liberté que les maris accordent à leurs épouses, sont un fruit des Œuvres de Moliere.
Il faut encore représenter aux très-pieux Empereurs qu'on ne doit point contraindre les Chrétiens d'assister aux Spectacles, ou d'en être les acteurs; car il ne faut persécuter personne, pour l'obliger de faire des choses qui sont contraires aux Commandements de Dieu; mais on doit laisser chacun dans la liberté qu'il a reçue de Dieu pour en user comme il faut; surtout on doit considérer le danger où sont ceux qui sont du corps de ces personnes qui sont chargées du soin des Jeux publics, qu'on contraint par la terreur des peines, de se trouver aux Spectacles contre les Commandements de Dieu.
Où sont la paix, la liberté, l’équité, l’innocence ?
) qu’il n’y a point de véritable liberté dans l’homme, & qu’on ne peut se former aucune idée de ce mot appliqué à la volonté , Phédre & Oedipe nous apprennent que le Ciel punit l’homme des péchés qu’il lui fait commettre. […] Toute liberté est si précieuse à ceux-là , que selon eux, (p. 15.) […] A tant de battemens & des piés & des mains prodigués à l’erreur & au mensonge, on voit assez triompher le sentiment de cette liberté si précieuse & tant vantée ; mais comment y reconnoître cet amour gravé dans tous nos cœurs pour un Souverain, pour un Pere à qui nous avons donné le titre de Bien-aimé ? […] d’écrire, sous quelque dénomination que ce soit, contre la Religion, l’Etat & les bonnes mœurs , ce n’est pas nous ôter la liberté de penser (p. 15.) que la justice travaille à nous donner un moyen d’accorder nos plaisirs publics avec le respect que nous devons à notre croyance & à notre culte : moyen qui est si fort à souhaiter, puisqu’il est unique pour la découverte & le triomphe de la vérité, & pour la tranquillité publique, sans laquelle il n’y a point de bonheur ni pour le Philosophe, ni pour le Peuple : moyen qui est tellement du ressort de cette justice, que nous ne pouvons le tenir que de sa main, (quelque soit le Tribunal à qui il appartient d’en connoître ; ceci soit dit, Chers François, pour vous fournir de quoi fermer la bouche à tout iroquois qui se donnera la liberté de dire en votre présence que je fais ici quelqu’attribution de Juridiction.)
Il convient au Dialogue, parce que cette variété de Césure & cette facilité d’enjamber, donne aux Vers la liberté de la Prose, introduce nel dir legato, la liberta del dir sciolto, c’est-à-dire, selon moi, change la Poësie en Prose. C’est ce que je pense, parce que je suis persuadé que dans les Langues où l’on ne se régle pas sur la quantité breve ou longue des Syllabes, il n’y a point de Vers sans Rimes ; & la Beauté de ces Vers, quand ils sont faits par un bon Poëte (les autres n’en devroient point faire) est que la Rime ne fait jamais rien dire, & se présente si naturellement, que le discours quoiqu’enchaîné dir legato a toute la liberté d’un discours qui ne l’est pas, & paroît dir sciolto.
Par la loi des 12 tables la réputation des citoyens n’est pas abandonnée à la licence des Poètes il n’est permis de parler de personne qu’en justice, avec de bonnes preuves, et donnant à l’accusé la liberté de se défendre. […] En permettant de diffamer les Dieux par la représentation de leurs crimes, ils laissaient la liberté de diffamer les hommes : les hommes méritent-ils plus de respect que les Dieux ?
Plus bas, Cornelie parle à César2 : Et parmi ces objets ce qui le plus m’afflige, C’est d’y revoir toujours l’ennemi qui m’oblige Laisse-moi m’affranchir de cette indignité, Et souffre que ma haine agisse en liberté.
Ce qu’Horace ne peut pardonner, tant il est éloigné de penser que le caractere des personnages excuse les libertés qu’on leur fait prendre, les impiétés, les obscénités qu’on leur fait vomir.
Mais Sylvestre ouvre encore davantage la porte au relâchement de la discipline Ecclésiastique, que cet Auteur a commencé d’introduire ; et donnant plus d’étendue à la fausse liberté que désirent ceux qui ne cherchent que leur plaisir ; il condamne l’opinion d’Angélus d’une excessive sévérité, pour avoir mis au rang des divins Offices les Vêpres et les Sermons, et parce qu’il n’excuse pas de grief péchéb, ceux qui auraient employé quelque temps notable, c’est-à-dire la plus grande partie du jour dans cette sorte d’exercices.
Ceux qui savent combien Tertullien est obscur, me pardonneront la liberté que j’ai prise de paraphraser un peu cet endroit, pour le rendre plus clair.
Telles sont la valeur, la générosité, la grandeur d’ame, l’amour de la patrie, la haine de la violence & de la cruauté, l’horreur de la servitude & le goût de la liberté. […] Nous trouvons même un plaisir secret à en gémir ; & nous sommes quelquefois les premiers à les déplorer ; notre amour propre se flatte qu’il commence par-là à s’en guérir, & comme il n’y a personne qui ne se repente dans certains moments de la servitude des passions, le Poëte possede l’art d’amener, si j’ose le dire, ces moments de repentir, de nous faire sentir la pesanteur de nos chaînes, la douceur de la liberté, & de nous plaire ainsi par sa morale dans le temps même que sa morale nous condamne. […] C’est encore plus par la noblesse des pensées, par la hardiesse de l’expression, par la vivacité des images, par la variété des figures, & par la liberté des mouvements, que la Poësie s’éleve au-dessus du langage vulgaire, & qu’elle fait sur nous des impressions si sensibles. […] Si je parlois donc de l’Histoire en traitant cette matiere, il me semble que je n’appliquerois ce qui regarde le plaisir propre à l’Imitation, qu’aux ornements & à ce qu’on peut appeller l’accessoire de la narration, je veux dire, à la beauté du style, aux harangues, aux descriptions, aux portraits, où l’Historien se donne la liberté d’entreprendre sur l’Art du Peintre, & quelquefois sur celui du Poëte même, Verba prope Poetarum , comme Ciceron le dit des Orateurs.
Je ne veux pas vous laisser la liberté d’appuyer la preuve de ses dangereux effets par l’impression qu’elle fera sur l’esprit, j’ai démontré qu’elle n’en pouvoit faire qu’une très-bonne sur le cœur. […] Je suis persuadé qu’il ne se fera pas de mal ; j’ai la liberté de rire de son adresse à en faire accroire aux simples. […] Qu’ils soient admis dans les compagnies où l’on auroit honte du concubinage, ils cesseront de donner dans ce vice, il faudra donc laisser la liberté de se marier. […] Qu’a donc de commun la Comédie avec la liberté publique ? […] N’allez pas au reste me faire un crime de la liberté que je prends, lorsque je fais envisager les abus dont vos cercles sont susceptibles.
Il est pourtant certain dans le christianisme que toutes les libertés qu’on ose prendre, toutes les pensées qu’on se permet, sont de vrais péchés jusqu’à ce que le sacrement ait béni l’union conjugale. […] La Loi Julia sur les Adulteres admet ces libertés au nombre des preuves. […] Quoi de plus scandaleux que de faire prendre toutes ces libertés sur le théatre, aux yeux de tout le monde, de les y faire, je ne dis pas seulement excuser, comme dans Annette & Lubin, mais autoriser & couronner, comme une vertu distinguée ?
Tout ce qui a rempli le Théâtre long-tems après, n’en étoit pas plus digne, à commencer par les Bandes Italiennes, amenées sous Henri III, qui ne jouoient que des Farces remplies de libertés. […] Mais l’Epoux qui devient le tyran de sa Femme, & qui est si bien contrasté dans l’Ecole des Maris, par le galant homme qui laisse une honnête liberté à la sienne ; Celui qui abuse d’un dépôt confié, qui veut séduire, en sa faveur, une Enfant qu’il a mal instruite, & qui compte lui enlever & les douceurs de la vie & les biens ; Un faux Philosophe, rempli de lui-même, qui se complaît dans le mérite sauvage de détester l’humanité ; Un avare sordide, ingrat envers ses Enfans : Tous ces objets ne sont-ils pas vicieux ?
Ils ne les effacent jamais de leur mémoire ; … ils y voient des Grands, des personnes élevées en dignité, des vieillards, &c. y applaudir ; ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir ; … ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, & les voilà corrompus dans le cœur & dans l’esprit pour le reste de leur vie ; … ils perdent leur innocence sans en connoître le prix ; & néanmoins les parens qui ignorent eux-mêmes combien cette perte est affreuse & irréparable, sont ensuite au désespoir, quand leurs enfans donnent dans des désordres si préjudiciables à leur fortune, & dont ils sont cause, & qui leur fera bien verser de trop justes larmes ! […] Madame Anne-Henriette de France disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de sa confiance, qu’elle ne concevoit pas comment ou pouvoit goûter quelque plaisir aux représentations du Théatre, que pour elle c’étoit un vrai supplice : la personne à qui elle parloit ainsi, marqua de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison ; je vous avoue (lui répondit cette excellente Princesse) que quelque gaie que je sois en allant à la Comédie, si-tôt que je vois les premiers acteurs paroître sur la scene, je tombe dans la plus profonde tristesse : voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré pour me divertir ; cette réflexion m’occupe & m’absorbe toute entiere pendant le spectacle, quel plaisir pourrai-je goûter ?
Les fautes où il est tombé, soit par la foiblesse humaine, soit par la liberté qui régnoit de son temps, ne sont pas des titres pour ses successeurs. […] Enfin, pour ne rien perdre de cette gloire brillante, la nation paye chèrement un Mercure & plusieurs Journalistes pour en ramasser ponctuellement & étaler pompeusement les petites étincelles : Le François né malin forma le vaudeville : La liberté Françoise en ces vers se déploie.
Plusieurs fois défendue & permise, elle est enfin demeurée au théatre, & quoique moins courue depuis qu’on a la liberté de la jouer, elle est toûjours un vrai scandale. […] Il fait beau voir cette honnête personne écouter nonchalamment dans quatre-vingt vers les plus honteuses déclarations, entremêlées de plusieurs libertés criminelles, & se contenter de dire d’un air indifférent : D’autres prendroient cela d’autre façon peut-être ; Mais ma discrétion veut se faire paroître.
Polyeucte), l'Auteur de ce bon livre dit très sensément : « Corneille a fait du martyre de ce Saint le sujet d'une tragédie qui est un chef-d’œuvre dramatique ; mais les personnes pieuses ont été choquées de la liberté que le Poète s'est donné de faire monter les Saints sur le théâtre, d'altérer la vérité de l'histoire, de corrompre les vertus chrétiennes, et de mêler la tendresse de l'amour Romain à l'héroïsme de l'amour divin. […] » Ce pompeux panégyrique du théâtre est bon à faire à quelqu’un qui ne l'a jamais vu ; il fait rire ceux qui le connaissent, si l'enthousiasme ne leur met sur les yeux un verre coloré. « Lorsque Julien (on l'a appelé l’Apostat dans tout l'univers pendant quatorze siècles, il a cessé de l'être depuis que toutes les religions sont indifférentes) défendit aux premiers Chrétiens d'enseigner les lettres humaines, et à la jeunesse de les étudier ailleurs que dans les écoles payennes, (les jeunes gens eurent toujours la liberté d'apprendre ce qu'ils voulurent, il n'y eut que les Régents Chrétiens interdits.
On ne veut point qu’il en coute à la liberté avec laquelle on se livre à tous ses penchants.
Ici leurs vertus & leurs vices ont plus de liberté & de force.
Mais que dirons-nous de ceux qui ne vont au bal que pour contenter les passions déréglées de leur cœur, afin d’y voir les personnes pour lesquelles ils ont de l’attachement, et afin d’avoir la liberté de s’entretenir avec elles, de les cajoler, et de leur communiquer leurs mauvais sentiments ?
De pensées, désirs, paroles, chansons, regards, attouchements lascifs, et autres impuretés, à raison de la familiarité et grande liberté qui se pratiquent entre garçons et filles dans la danse. 4.
Nous lisons encore dans l’Histoire du droit canonique, 1 vol. in-12, pages 385 et 393, au chapitre de la puissance des rois comme protecteurs des canons ; « Que le prince temporel ne peut pas faire la discipline ecclésiastique, mais qu’il doit la maintenir ; « Que les puissances temporelles sont nécessaires dans l’Eglise, afin de suppléer par leur pouvoir à ce que l’étendue de la parole ne peut faire ; « Que le prince a la liberté de choisir, parmi les différents usages, ceux qui sont plus conformes au bien de son Etat ; qu’il peut rejeter tout à fait, ou modifier les décrets de discipline faits par des conciles, même généraux ; pag. 394 ; « Que les ecclésiastiques ont un double lien qui les soumet à l’autorité royale ; 1° leur qualité de citoyen qui les soumet à la puissance politique comme tous les autres sujets ; 2° leur qualité d’ecclésiastique qui les soumet au prince qui, comme protecteur des saints canons, doit veiller à leur exécution ; pages 400, 401 ; « Que cette même qualité de protecteur des saints canons donne droit au roi de veiller sur les mœurs des ecclésiastiques, afin de s’opposer au relâchement de la discipline de l’Eglise » ; pag. 402.
Il est vrai que le Cardinal de Richelieu de son temps avait purifié le Théâtre, et en avait entièrement banni les Farces ; mais elles ont recommencé depuis quelques années avec plus de liberté qu’auparavant.
Les Protestans lui sont redevables d’une liberté de conscience qui dureroit encore, si Louis XIV eut pensé comme son grand-père. […] Il fit Evêque, Archevêque, Cardinal, son Ambassadeur à Rome, David du Perron, le plus zélé défenseur des prétentions ultramontaine, le plus grand adversaire de Richer & des Libertés de l’Eglise Gallicane, qu’il fit condamner dans le Concile de Sens. […] Il s’émancipa pendant le repas, faisant semblant de ne pas connoître le Roi ; ensuite le connoissant lui demanda pardon de sa liberté ; mais afin que la gloire de la majesté ne soit pas ternie, pour avoir mangé avec un faquin, il le prie de lui accorder des lettres de noblesse, comme Durozoi en fait demander & obtenir au marchand d’Ivri. […] Jamais Charles ne changea de religion ; il donna la liberté de conscience, & Henri l’Edit de Nantes, après avoir fait toute sa vie la guerre de religion.
Moliere, dit-il, est un grand Poëte comique ; mais ne puis-je pas parler en liberté de ses défauts ? […] Il a mieux réussi dans l’Amphitrion, qui est en vers irréguliers ; mais en général, jusques dans sa prose, il ne parle pas assez simplement ; d’ailleurs il outre les caracteres ; il a voulu par cette liberté plaire au Parterre, frapper les spectateurs les moins délicats, & rendre le ridicule plus sensible. […] Mais si le serment de la continence nécessite le parjure, si la force du penchant est invincible, si l’homme le plus vertueux n’a ni le vouloir ni la puissance, les engagemens religieux sont insensés, la liberté une chimere. […] Né dans une famille chrétienne, éleve en Chrétien, professant vingt ans le christianisme, c’est par choix, avec réflexion & une entiere liberté qu’il se jette dans les plus pitoyables égaremens de l’esprit humain, veut y entraîner tout le monde, & meurt enfin dans l’idolâtrie & le blasphême, que la philosophie elle-même condamne.
C’est-à-dire : J’estime que la liberté qu’on se donne d’assister aux Spectacles du Théatre, est assurément une peste pour les mœurs chrétiennes. […] M. le Maréchal de la Feuillade le trouva trop sévere, & il prit la liberté d’en dire son sentiment au Roi. […] Qu’importe en effet de n’avoir point de liberté, pourvu qu’on ait des Comédiens » ! […] Miltiade assura la liberté des Athéniens par son courage. […] Le Peuple suivit l’exemple des Grands, & la fin des troubles de la République fut celle de la liberté.
Son masque est levé, je la vois ; Zéphirs, apportez nous ses loix, Faites entrer la liberté ; Cet air pour eux est l’air natal, Concert ici, plus loin le bal. […] Notre ivresse n’est pas si grossiere, elle n’a pas le même objet, les goûts sont différens ; mais j’ose dire que la plupart de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions, paîtris de vices, apres y avoir pris les libertés, entretenu des pensées, formé des desirs, jeté les regards, tenu les discours, présenté les objets, formé les intrigues les plus mauvaises, c’est-à-dire, commis & fait commettre des péchés sans nombre contre la pureté. […] Montezuma, Prince d’un caractere sérieux, & meme sévere, sentoit parfaitement la frivolité, l’indécence, le danger de ces jeux, dont il laissoit la liberté.
Il faut être de bronze pour résister à tant d’appas ; les plus grands Saints auraient peine à conserver leur liberté au milieu de tant de tentations agréables. […] Telle était la politique des Romains, qui dans les guerres civiles amortissaient par des spectacles le feu de la division, et surtout celle d’Auguste, à qui le fameux Comédien Pylade disait avec autant de liberté que de vérité : « Laissez le peuple s’occuper des factions du cirque, il s’occupera moins de l’établissement de votre autorité, il y mettra moins d’obstacles. » Les autres Empereurs, au commencement de leur règne, ne manquaient pas, pour calmer la fermentation des divers partis, de donner des jeux magnifiques.
» Il est inutile d'aller chercher des autorités dans les ouvrages de Tertullien sur le luxe et la parure des femmes, de habitu muliebri, de cultu fœminarum, de velandis virginibus, il faudrait transcrire ces traités en entier ; ils ne sont faits que pour montrer le danger infini pour les mœurs, qu'entraînent l'affectation des habits, l'indécence des parures, la mollesse des démarches, le feu des regards, la douceur de la voix, la liberté des discours, les flatteries, les caresses, etc. […] Qu'y a-t-il de plus délicieux que l'amour de Dieu, le discernement de l'erreur, la révélation de la vérité, la liberté de l'esprit, la paix de la conscience, une vie pleine de bonnes œuvres, une mort sainte et tranquille ?
pris une merveilleuse hardiesse et liberté de s’attaquer aux vices. […] « Aristophane, Eupolis, et Cratin, Entre les Grecs eurent l’esprit certain, A composer Comédies m »ordantes, Et autres vieux, qui de langues piquantes, Peindaient au vif en grande liberté Les malfamés pleins de méchanceté, Comme larrons, adultères, paillards, Voleurs, meurtriers, et semblables pendarts.
Aussi cet Auteur prédisoit-il dès-lors la chûte des mœurs, en voyant la liberté qui s’introduisoit au Théâtre.
D'où vient que Justinien par ses nouvelles Lois, condamne en de grosses peines ceux qui faisaient jurer ces femmes de ne point quitter la scène ; et pour leur donner la liberté de se convertir, il déclare ce serment nul et de nulle obligation.
Ils reprenaient avec une entière liberté, dit Horace, tous ceux qui méritaient d’être notés pour leurs malices, leurs rapines, leurs débauches, et leurs autres crimes.
car, de grâce, quelle est la pratique, quelle est la fin, quel est le fruit de ces gens qui paraissent sur les Théâtres, sinon les mêmes que l’Ecriture marque de cet homme de perdition, et dont ils sont les avant-coureurs, à savoir d’arracher les âmes d’entre les mains de Dieu, pour les faire les esclaves de Satan, par la liberté que Messieurs les Juges leur ont donnée ?
Ceux même qui, donnant dans un genre moins relevé, s’attachaient spécialement à la comédie, devaient nécessairement, avant qu’elle dégénérât en une horrible licence, être regardés comme exerçant une profession vraiment utile et propre à maintenir la liberté dans l’état, ou à fortifier ses ressorts politiques. […] Le désir immodéré d’une injuste domination, ou celui d’une stupide vengeance, n’ont-ils pas plus d’une fois déployé dans les champs de Rome les enseignes de la République, et pour trois Décius qui se sont dévoués au salut de la patrie, combien de Marius et de Sylla ont, en ruinant sa liberté, souillé leur triomphe du sang des proscrits. […] Ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir : ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, et les voilà corrompus dans le cœur et dans l’esprit pour le reste de la vie…. […] C’est du barreau d’Athènes, c’est du sein des orateurs, dont s’illustrait l’aréopage, que sortit et s’éleva tout à coup cet illustre et généreux défenseur de l’état qui combattait avec tant de puissance et de courage les projets ambitieux de ce roi de Macédoine, dévoré de la soif d’asservir dans toute la Grèce la liberté publique. […] Si l’énormité du crédit ou de la puissance étaient capables de l’ébranler, l’indépendance et la liberté de son état le rassurent.
Je ne garantis pas les faits qu’il rapporte, mais il y auroit de la cruauté de refuser à ceux qui en ont le goût la liberté d’y suppléer par une belle queue traînante avec un joli caudataire, ou du moins un joli chariot & de petits rubans, comme aux moutons d’Affrique, ce qui feroit un très-bon effet sur le théatre. […] Le goût de la liberté, qui croît avec la frivolité, ne peut s’accommoder de ce qui gêne, & on met de la dignité à s’embarrasser dans de longues queues.
Dans ce nouveau Palais de noble architecture Nous jouirons tous de la liberté pure. […] Il n’y a point de liberté.
Ils hériteront du pécule de leurs pères & méres morts avant l’affranchissement, comme ils succéderont à leur fortune, lorsqu’ils auront été mis en liberté XIV. […] On procurera aux Comédiens & aux Comédiennes toutes les douceurs de la vie, hors la liberté, dont ils seront privés ; comme ou l’a vu plus haut, ne pouvant disposer ni de leurs biens, ni d’eux mêmes, ni même recevoir & rendre de visites, que sous le bon-plaisir, du Superieur, qui ne les permettra, aux hommes seulement, que lorsqu’elles lui paraîtront utiles aux progrès de l’art.
est-ce un point de discipline que les libertés de l’Eglise Gallicane ne permettent pas de recevoir ? […] Il est vrai que comme il ne les nomme pas, il nous laisse la liberté de douter du poids de leur décision.
Mais Montaigne jugeait du goût et des idées du public par les siennes, et appelait passetemps bien réglés une liberté pareille à celle qu’il se donne dans son livre, où l’obscénité, l’irréligion et la hardiesse des sentiments sont répandues à pleines mains, et souvent d’une manière plus révoltante que dans nos comédies, dont le grand nombre est plus châtié que ses essais. […] Depuis ce refus authentique, ils n’ont plus osé se présenter, ni obtenir des lettres, qui sans doute leur auraient été refusées ; mais ils s’en consolèrent aisément par la liberté que le Roi leur laissa de jouer, l’honneur qu’il leur faisait de venir à leurs pièces, la pension qu’il leur payait, et l’argent que l’affluence du peuple leur apportait.
La gravité y est rare, la modestie ne s’y trouve pas, la frivolité, la vanité, les folies, les mensonges, les paroles inutiles, y sont communs ; là se trouvent la dissolution, les mauvais regards, les libertés indécentes. […] Domitien, malgré sa dépravation et ses fureurs, interdit le théâtre, et ne laissa aux Comédiens que la liberté d’aller jouer chez les particuliers (Suét.
Cependant, comme tout le monde a droit au mariage, on le leur permet ; mais le Curé à qui se sont adressés des gens à tous égards si suspects, avant que de faire aucune publication de bans, prendra toutes les instructions possibles dans le lieu de leur naissance et de leurs principaux séjours, sur leur conduite, leur état, leurs engagements ou leur liberté, extrait baptistaire, mortuaire, ou consentement des parties, attestations des Curés des lieux ; et enfin il fera part de tout à son Evêque, et n’agira que par sa permission. […] Le premier, sans s’arrêter à des fins de non-recevoir, cherche la vérité dans le tribunal de la pénitence, et s’il trouve qu’il n’y a pas eu de mariage par le défaut de quelque condition essentielle à sa validité, il ordonne la séparation et rend la liberté aux parties.
Ce mêlange détruit absolument le recuillement, la modestie, la dévotion, occasionne des conversations & des libertés criminelles, presente aux yeux l’objet de mauvaises pensées & de mauvais désirs, fait de nos temples des salles de spectacle. […] comment les personnes les plus jalouses de leur liberté peuvent-elles se charger de tant de liens ? […] Ce luxe rend les femmes inutiles à leur famille, & incapables d’affaires, leur esprit occupé, leur cœur rempli de ces bagatelles, tout leur temps employé ou à les préparer, ou à les étaler ; il n’y a plus ni loisir, ni liberté, ni goût, ni lumiere pour rien de serieux.
Le Roi qui étoit instruit de la fête, mais non de la galante contribution que ses troupes avoient levé, vint à Sarfines avec M. le Dauphin & les Officiers généraux pour se divertir, en entrant dans la salle du festin ce coup d’œil le surprit si fort qu’il s’arrêta tout court sur le seuil de la porte pour contempler ce dévôt & galant mêlange ; on lui conta toutes les opérations de cette petite campagne & les conquêtes des Officiers : il en rit beaucoup, félicita les Officiers, & applaudit à l’esprit & au goût de Madame de Maintenon, il se retira quelque temps après & amena avec lui les Dames de la Cour : Je veux , dit-il aux Officiers, vous laisser en liberté avec vos saintes hôtesses, vous n’êtes pas moins bien partagés que moi. […] Cet ouvrage est écrit d’un style aisé, libre, simple, d’un homme de Cour que donne l’usage du grand monde plus que l’étude, le travail & même le génie, mais plein de traits hardis & mordans contre tout ce qu’il y a de respectable : le premier y donne du poids, mais le second les décrédite, ils sont préférables à quantité d’autres Mémoires qui ne sont que des romans, il y a réduit en système la morale lubrique ; les principes des actions humaines ne sont pas, selon lui, le vice ou la vertu, la tentation ou la grâce, le bon ou le mauvais usage de la liberté, ce sont les appetits naturels ; les passions ou la raison, le tempérament ou la fortune & l’habitude ; un vrai méchanisme ; distinction peu philosophique, les passions ne sont que les appetits naturels portés à l’excès ; l’un & l’autre effet naturel du tempérament, c’est à quoi il attribue tout ce qui s’est passé dans les événemens qu’il raconte, il suppose dans la Cour de France le système suivi du despotisme absolu dont il attribue le principe à Henri IV, malgré sa popularité souvent poussé trop loin par Richelieu, par Mazarin, & enfin consommé par les Colberts & Louvois & autres Ministres de Louis XIV pendant un long règne qui y a accoutumé pour toujours un peuple foible & docile. […] Cazimire, Roi de Pologne parut en France à peu-près dans le même temps que Christine, Reine de Suède ; c’étoient deux phénomènes, tous deux avoient abdiqué leur Royaume par des motifs fort semblables, quoiqu’ils fussent d’un caractère fort différent, l’amour du plaisir & de la liberté.
Le théatre françois semble s’être ligué contre lui : de cinq cens pieces qui sont restées, dont tous les almanachs donnent la liste, il n’y en a qu’une douzaine de Moliere ensévelies sous un monceaux d’autres, qui laissent à peine la liberté de se souvenir de lui, pour l’aller pêcher dans ce gouffre. […] Les situations toutes critiques ne présentent aux yeux & aux cœurs que des images voluptueuses ; une nymphe dans un bois écartés, désarmée & sans défense, dans l’état le plus galant, se cache pour contempler avec liberté un jeune homme qu’elle aime, qui s’y trouve seul aussi Elle se montre, l’aborde & l’invite à l’aimer. […] Milton, le Tasse, le Camoëns se sont écartés de la route battue ; ils ont su mêler habillement l’intérêt de la religion dominante à l’intérêt nationnal, ou à un intérêt plus universel ; presque tous les dramatiques anglois ont puisé leurs sujets dans l’histoire de leur pays ; la plupart de leurs pieces sont appropriées aux mœurs angloises ; elles ne présentent que le zele pour la liberté, l’amour de l’indépendance.
Il est vrai que les Poètes lyriques se permettent quelques libertés qui seraient ridicules sur d’autres Théâtres ; mais le genre de ce Spectacle semble les éxiger, & veut en même-tems que ses Pièces soient soumises aux règles. […] Ils donnent à l’action de leurs Drames toute la durée qu’ils jugent nécessaire ; mais rien n’annonce les libertés qu’ils se permettent. […] A peine un petit nombre d’Acteurs ont-ils la liberté de se mouvoir sur le Théâtre, qui devrait être le plus vaste de France.
Quelle plus grande volupté peut-on sentir, que celle qui nous dégoûte de toutes les autres voluptez ; qui nous fait mépriser le siécle ; qui nous établit dans une veritable liberté ; qui conserve la pureté de nostre conscience ; qui nous rend satisfaits de nostre condition presente, qui fait que nous n’avons aucune crainte de la mort ; qui nous fait fouler aux pieds les idoles des païens ; qui nous rend victorieux des demons ; qui fait que nous ne vivons que pour Dieu ? […] Juin 1513. cet Arrest fut derechef publié. » Ce n’est pas de ces sortes de mascarades dont je veux parler, mais de celles qui se font en bien des lieux au temps du Carnaval & en quelques autres occasions, pour le pur divertissement, ou pour avoir plus de liberté d’aller joüer, ou danser, dans les maisons & dans les assemblées. […] Et certes c’est là que l’impureté triomphe souvent d’une maniere plus ingenieuse & plus subtile que par tout ailleurs sous le nom specieux d’honnête liberté, de belle humeur, de galanterie & d’enjoûment.
Il s’ensuivra delà que le but de la Comédie est de ne rien corriger, puisqu’on ne lui laisse la liberté que d’attaquer des défauts qui n’ont aucune qualité nuisible à la Société, & auxquels il me paroît fort difficile d’assigner un rang dans le genre vicieux.
Je sens que je prouverois trop contre la Comédie, si je développois ces réflexions ; je laisse donc au Lecteur la liberté de les pousser jusqu’où elles peuvent aller : d’ailleurs mon sentiment n’étant point de bannir la Comédie d’une République, mais seulement de la rendre utile aux Mœurs, quand j’aurois démontré que telle ou telle Comédie est une école du vice, il ne s’ensuivroit autre chose, sinon que telle ou telle Comédie ne devroit point être représentée.
Pour prévenir ici toute maligne interprétation, nous déclarons qu’en traitant cette matiére, nous n’avons en vûe que ce public qui abuse chez nous, comme ailleurs, de la liberté des suffrages, pour les prodiguer sans raison, ou pour en faire une mauvaise distribution, de quelque maniere que ce soit.
Si Corneille eût pris cette liberté dans le Cid, le mariage de Chimène s’accomplirait aux yeux des Spectateurs, qui n’auraient plus rien à désirer.
On reconnaîtra dans le style de la Mimographe la négligence d’une femme, & son insouciance dans le néologisme : elle s’est donnée de ce côté-là, des libertés qui scandaliseront plus d’un Grammairien puriste.
qui assurent que l’ancienne croyance de l’Eglise, est qu’aux renonciations du Baptême contre le Démon, ses pompes, et ses œuvres, les Spectacles et les Comédies y sont comprises, et ajoutent, qu’on manquerait beaucoup de conduite d’exorciser d’une part le Démon, si d’ailleurs on laissait aux Chrétiens pleine liberté d’assister à telles occupations, et de renoncer par là à Jésus-Christ, ainsi qu’ils auraient avant fait au Diable.
Le bon goût ne renaîtra que lorsque tant de méchants auteurs prosateurs n’auront pas la dangereuse liberté de faire figurer sur les tréteaux des hordes d’assassins et des turpitudes indignes de Taconeth.
L’empire qu’ils ont usurpé sur les auteurs dramatiques, le despotisme avec lequel ils l’exercent, la liberté qu’ils s’attribuent de rejetter ou d’admettre les pieces qu’on leur presente, d’exclure tout acteur dont les talens éclipsent ou balancent la réputation que quelques-uns ont acquise, & qu’ils ne doivent qu’au défaut de concurrence, l’injustice de leurs arrêts a soulevé contre eux les gens de Lettres. […] On n’a pas besoin en France de ces artifices ; les femmes y ont la plus grande liberté, & les maris beaucoup d’indifférence. […] L’humiliation des gens de lettres, la corruption, la partialité des juges, la manière d’opiner, le jugement des pieces, la liberté d’entacher, flétrir les auteurs, de refuser leurs ouvrages, de leur fermer la carriere, de décourager les talens, &c. demandent la plus prompte réforme. […] Je veux bien supposer cependant, pour éviter d’importunes discussions, qu’il a porté quelquefois trop loin une liberté que nous devions tous regretter.
C’est M. la remarque que je fais dans nôtre Histoire Sainte, où nous lisons que Moyse ayant fait quelques miracles en presence de Pharaon, pour le convaincre que sa mission & que le commandement qu’il luy faisoit de donner la liberté aux Enfans d’Israël, venoit de Dieu ; ce Prince rebelle à la grace des miracles, aussi bien qu’au commandement de Dieu, appella promtement à son secours les plus fameux Magiciens d’Egypte, lesquels per incantationes Ægyptiacas, & arcana quadam similiter fecerunt , par la force de la magie, & par l’operation du demon, luy firent un spectacle de divertissement par une fausse imitation des miracles de Moyse, afin que son esprit seduit par ce plaisir enchanté, resista toûjours à la puissance de Dieu, retint son peuple dans l’esclavage, & mit un nouvel obstacle à son salut. […] Il ne nous conduit aussi, & ne nous conserve dans cét état que par l’esprit de penitence & de mortification, qui fait mourir le vieil homme avec toutes ses passions, & qui crucifie la chair avec toutes ses concupiscences : mais comme l’homme a une aversion naturelle pour tout ce qui gene sa liberté, & qui fait violence à la nature, & que d’ailleurs il a un furieux panchant pour tout ce qui peut flater ses inclinations corrompuës, & luy donner du plaisir : que fait le demon, il se met entre deux, & prend une conduite qui contrarie les desseins de Dieu, & qui flate les passions de l’homme : & afin d’empêcher, ou de corrompre cette sainteté à laquelle nôtre profession nous oblige, il nous attire si fortement à luy par l’amorce des plaisirs de la vie, qui sont les veritables poisons de la sainteté, que Tertullien nous assure que dans la naissance de l’Eglise plusieurs furent detournés de se faire Chrétiens plutôt par la crainte de renoncer au plaisir, que de perdre la vie, plures invenias quos magis periculum voluptatis, quam vitæ avocet ab hac sectaL. de spect. c. 2. […] N’est-il pas veritable enfin que vôtre volonté se trouve comme abandonnée au pillage de mille appetits dereglés, & de mille desirs illicites, qui comme autant de tyrans domestiques, ne luy laissent plus la liberté de se donner à Dieu, ny la force de rompre ses fers, ny le courage de renoncer au monde ; en sorte que tel qui a été à la comedie chaste, devot, penitent, en revient impenitent, indevot, & impudique : témoin Seneque qui parlant de luy-même a fait cette confession sincere que, redeo crudelior , que quoy que mon humeur ne soit point portée au sang & au carnage, disoit-il, je n’assiste neanmoins jamais au combat des Gladiateurs, que je ne sorte de l’amphiteatre plus cruel & plus inhumain que je n’y suis entré, parce que mes yeux venant insensiblement à apprivoiser mon esprit aux meurtres & au carnage, il n’a plus tant d’honneur de ces spectacles sanglans. […] Enfin, qua major voluptas quam fastidium ipsius voluptatis quam vera libertas, quam conscientia integra ; quel plus grand plaisir que le mépris du plaisir, que la veritable liberté, & que la pureté de la conscience.
Désordres & libertés qui se commettent dans les assemblées de bals. […] Si quelqu’un approuve le théâtre, ce ne sera pas ce grand Législateur qui regardoit la seule liberté de fictions introduite dans les spectacles, comme une source intarissable de perfidie & de mauvaise foi dans la société. […] De-là cette magnificence, cette pompe de décorations pour leur donner plus d’appareil, un éclat frappant ; de-là cette liberté de fiction pour en dégager la représentation de tout ce qu’ils eurent dans la réalité de rebutant & d’hideux. […] Vous regardez les rendez-vous les plus concertés, comme un délassement d’esprit ; vous traitez la liberté, la licence des conversations, de gayeté, de sel & d’enjouement aimable ; & tout ce que les saints Peres ont appellé voies du péché, occasions de péchés, avant-coureurs du péché, tout cela passe parmi vous pour politesses, pour belles manieres : voilà votre innocence. […] Désordres & libertés qui se commettent dans les assemblées de bals.
C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant été banny du Theatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour.
Je parviens, non sans peine, à modérer ses transports ; il se résout à m’écouter ; mais je vois aux mouvemens qui l’agitent, aux impatiences qu’il ne peut s’empêcher de faire paraitre, qu’il lui tarde furieusement de pouvoir en liberté produire un de ces merveilleux Drames, dont le succès est si rapide, & les avantages si considérables.
Rowe, qui ne fut pas inférieur à Congrève, saisit en particulier toutes les occasions qui se présentèrent de faire servir le Théâtre à inspirer les grands principes de la liberté civile.
Ce peuple, enthousiaste de sa liberté jusqu’à croire que les Grecs étaient les seuls hommes libres par nature, se rappelait avec un vif sentiment de plaisir ses anciens malheurs et les crimes de ses maîtres.
» Or il faut convenir, qu’on ne peut aller à la Comédie sans exposer son cœur au péril de la tentation, au lieu de le conserver avec soin ; on y regarde avec une entière liberté, des femme qui font tous leurs efforts pour plaire ; et presque toutes réussissent, car on sait leur conduite.
Quant à la liberté des mouvemens sur le Théâtre, elle a été portée fort loin dans les Tragédies de monsieur de Voltaire, & dans quelques autres Pièces nouvelles ; la vraisemblance de position y a beaucoup gagné ; mais on pourrait rendre cette liberté plus grande encore dans les Drames à composer. […] Ces Théâtres libres seraient substitués à ceux des Baladins ; chaque Archimime viendrait acheter du Directorat du Théâtre national, la liberté de représenter durant le cours de l’année, telles & telles Pièces de rebut. […] Une femme a des occupations sérieuses qui lui interdisent cet amusement ; les grossesses, les soins respectables de mère de famille, succèdent à la liberté de fille*. […] Rousseau, l’existence est le premier comme le plus grand des biens : il est même le seul réel : un homme qui jouit de ses cinq sens & de la santé, est plus riche que Crésus : l’opulence, les honneurs, les divertissemens, la liberté même si naturellement aimable pour tout être pensant, ne sont que des accessoires du bonheur, auxquels l’imagination seule donne un prix plus ou moins grand. La preuve, c’est qu’un esclave Asiatique se trouve heureux sans la liberté, & que le Sauvage l’est réellement sans rien posséder.
On y reçoit des lettres, on y lit des Romans, on y donne de rendez-vous ; les adorateurs qui l’assiegent, auxquels on étale negligemment les charmes, y offrent leurs cœurs, & les brûlent à ces charmantes flammes ; on y reçoit des faveurs, on y prend des libertés, auxquelles l’état où l’on se montre invite, & qu’il facilite, en faisant semblant de refuser ; on loue, on admire, on éleve jusqu’aux cieux la beauté, les graces, les talens, les succès Dramatiques de la nouvelle Thalie, on avale à longs traits, on est ennyvré de la fumée de tant d’encens ; c’est un Ministre qui donne audience, c’est un Roi sur son Trône, qui reçoit des hommages, c’est une Déesse élevée sur l’Autel, à qui l’on rend un culte religieux, à quoi pense donc l’indiscret Daillion, d’abréger des momens délicieux, qu’on ne sauroit faire trop durer. […] Ce passage des funérailles à la toilette, & de la toilette aux funérailles, en rappellant l’idée de la mort, devroit fournir matiere à bien de réflexions, si la vanité laissoit la liberté de réflechir.
Hébreu, Grec, Latin, Allemand, on ne voit rien de si ridicule dans aucune langue ; on ne le connoît qu’en France, soit qu’on y croye les complimens sans conséquence, & un verbiage frivole qui semble tout dire, & ne dit rien comme ils le font en effet sur-tout en galanterie, soit que l’entousiasme pour les femmes y soit porté à l’excès & à une sorte d’adoration ; l’usage a consacré ces termes, ils sont devenus de style ; c’est le protocole de Cithère, platitude puérile, plus basse que respectueuse de se mettre à genoux devant les femmes, qui ne convient qu’envers Dieu & à un criminel qui demande grâce : cette attitude a un autre principe, c’est pour les contempler à son aise, & être à portée de prendre avec elle des licences ; les femmes sont communément assises, il faut se baisser pour les mieux voir, prendre & recevoir avec plus de facilité des libertés indécentes dont elles peuvent moins se débarrasser. […] Godeau ne le connoissoit pas, ou faisoit semblant de ne pas le connoître pour lui prodiguer avec plus de liberté les éloges les plus outrés qui lui attirèrent des satyres fort vives sur les talens littéraires ; on fut sur-tout choqué de ce qu’il traite l’Auteur de défenseur, très-zélé de la vérité, veritatis vindex acerrimus , & d’homme élevé dans le sein de l’ancienne théologie, avitæ theologiæ in sinu éducatus .
Tels sont l’Histoire des Flagellans, Traité de l’habit court des Ecclésiastiques, des libertés impudiques, où il prouve que ce sont des péchés mortels : ce qui est très-vrai. […] Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles.
Les femmes y deviennent plus dangereuses par l’état où elles s’y montrent, par l’esprit de liberté, de hardiesse, qu’elles y prennent, le goût de parure, de mollesse, de vanité. […] Toûjours prêts à leur obéir & à sacrifier pour leur service nos biens & nos vies, nous n’avons garde d’élever nos yeux jusqu’à eux, & de censurer leur conduite, nous ne prenons pas même la liberté de l’examiner ni d’en parler ; c’est à Dieu qu’ils en doivent rendre compte : Nolite tangere Christos meos.
Pour un trait de morale froidement débité par quelque Acteur subalterne, souvent ridicule, quelle liberté de tout dire ! […] Le goût de la liberté séduit tout : l’obligation de s’aimer toute la vie est un esclavage effrayant.
Vne Reine appellée Orgiagontis s’abandonna aux brutalitez d’un Officier, pour en obtenir sa liberté & celle de son mary ; mais n’ayant rompu que ses fers, & ayant apperceu que ceux de son Epoux duroient encore, & sans aucune esperance : Elle se sentit obligée de reparer la secrette honte où elle s’estoit exposée, pour épargner à son mary la publique, dont il couroit hazard, & luy porta la teste de celuy qui l’avoit abusée. […] Les Soldats Vainqueurs, quoy que compagnons de la Victoire & du Triomphe, & mesme, quoy que favorisez des biens de l’Empereur, ne laissoient pas de mesler leurs voix parmy celles des autres Chantres, & avoient la liberté de debiter dans leurs Chansons les plus fortes railleries qui eussent esté faites contre leur General.
Et comme il y en a toujours eu qui ne les ont pu trahir, ils ne pouvaient parler sur cette matière avec quelque liberté, sans s’attirer la haine du Peuple, et sans être accusés d’impiété ; ce qui me fait regarder la 34e Ode du Ier Livre d’Horace, Parcus Deorum cultor, etc. comme une espèce de rétractation de toutes les libertés qu’il s’était données : car on sait que jamais homme ne fut plus libre en matière de Religion, aussi passa-t-il dans l’esprit du Peuple pour un impie. […] C’est pour cette raison que je ne dirai rien de tout ce que je pourrais trouver de malin dans les Pièces de Molière ; il me suffit de faire remarquer que ce Poète moderne a si bien réussi à imiter Plaute, que quiconque blâmera les libertés qui se trouvent dans cet Ancien, ne pourra pas justifier celles dont les Pièces de ce Moderne sont remplies. […] 29 » C’est pour cela que je n’ai garde d’en faire ici le moindre détail, elles ne sont que trop connues, et ceux qui les commettent avec tant de liberté, n’en parlent pas avec moins de facilité. […] A ce caractère je reconnais vos Farceurs, qui paraissent sur le Théâtre après la Pièce sérieuse, où l’on voit souvent les hommes changer d’habit, et prendre celui des femmes pour les mieux contrefaire, et prendre des libertés qui ne conviendraient pas à une femme quelque immodeste qu’elle fût. « Impudicas foeminas in honestis gestibus mentiuntur.
C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant esté banny du Théatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour.
Elles punissent encore rigoureusement le Soldat qui vend sa liberté, ou qui exerce l'art des bouffons, sans rien dire contre ceux qui récitaient les Poèmes Dramatiques.
Son père et sa mère en sont au mourir et offrent tout leur vaillantf pour la marier et lui laissent la liberté de choisir tel de ses Amants qui lui plaira le plus pour être son Epoux, mais elle n’a pour eux que de l’indifférence.
La licence que sa bonté nous a concédée jusques ici de tirer l’épée et de mettre toutes sortes d’armes à la main en sa présence, avec autant de franchise et de liberté que en ce lieuah, nous lave de toutes calomnies, montrant la créance qu’il a que nos armes non plus que nos âmes ne sont faites que au détriment et à la ruine de ses ennemisai.
D’ailleurs ce serait donner un grand avantage aux libertins, qui pourraient tourner en ridicule, à la Comédie, les mêmes choses qu’ils reçoivent dans les Temples avec une apparente soumission, et par le respect du lieu où elles sont dites, et par la révérence des personnes qui les disentc Mais posons que nos Docteurs abandonnent toutes les matières saintes à la liberté du Théâtre, faisons en sorte que les moins dévots les écoutent avec toute la docilité que peuvent avoir les personnes les plus soumises : il est certain que de la doctrine la plus sainte, des actions les plus Chrétiennes, et des vérités les plus utiles, on fera les Tragédies du monde qui plairont le moins.
Cette crainte retient la liberté de plusieurs, qui en cela et autres choses, connaissent le mal, et ne l’osent reprendre. […] Je ne dirai rien d’Aristophane, qui est la bouche connue de l’ancienne Comédie, on sait sa liberté, ou plutôt licence, turpitude et impudence de ses paroles. […] Les pays fertiles sont réduits en déserts ; les villes autrefois peuplées, sont abandonnées de leurs habitants ; le service de Dieu banni de plusieurs lieux où il s’est exercé n’a pas longtemps, avec grande liberté, et ce qui reste d’entier, ou moins endommagé, menacé de mêmes visitationsev ; et les avant-coureurs de ces malheurs, déjà sont à nos portes. […] Toute la tête est en douleur, et tout le corps est amatti fa. » Gardons qu’il n’ajoute, pour nous comme pour les autres, « Votre pays n’est que désolation, et vos villes sont en feu ; les étrangers dévorent en votre présence votre terre. » Or pource que ces temps sont semblables à ceux auxquels les Goths et les Vandales Aryens, ravageaient tout l’Empire Romain, et auquel cependant, on ne pouvait obtenir de ceux qui portaient le nom de Chrétiens Orthodoxes, un vrai amendement de vie : tellement, que comme on fait à présent, aussi se jetaient-ils en toutes sortes de dissolutions ; auquel temps, sous le règne de l’Empereur Zénon, l’an CCCCLXXX Salvien Prêtre de Marseille, représenta la justice des jugements de Dieu, et sa providence au milieu de toutes ces confusions, rédargantfb avec une sainte liberté, les excès et égarements semblables à ceux de notre temps, même en ce qui concerne les jeux publics des Théâtres. […] Je demanderais volontiers, à tous les puissants et riches de ce monde, de quel crime serait coupable ce serviteur, qui machineraitfo du mal contre son seigneur doux et bénin ; qui dirait des injures à celui qui aurait bien mérité de lui ; et pour la liberté qu’il en aurait reçue, lui rendrait du déshonneur, et le desservirait ?
Les Césars faisaient eux-mêmes tous les frais des spectacles, parce que tous les gens suspects, occupés des plaisirs qu’ils leur procuraient, n’étaient plus alors disposés à prêter l’oreille aux partisans de la liberté. […] Secondement, la liberté qu’on laisse aux Comédiens de mener à peu près la vie qu’ils veulent. […] J’ôte en même temps à des gens sans talent, sans capacité, sans crédit, et sans moyen la liberté de s’établir effrontément Directeurs de spectacles et, par conséquent, de tromper des sujets qu’ils sont hors d’état de payer et avec lesquels ils osent contracter des engagements que rien ne cautionne.
Je ne veux pas, M. le Grand-Vicaire, énumérer tous vos droits à notre reconnaissance, je craindrais de blesser votre modestie ; mais ils ne peuvent que m’encourager à vous soumettre la réplique que je fais à la réponse du Laïc ; je prends donc la liberté de vous l’envoyer avec quelque étendue, et comme si je l’adressais à l’auteur même de la réponse.