La mode & les temps se moquent de nos Leçons & de nos Dictionnaires.
On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.
Tous les hommes qui ont vu jouer la Tragédie vous ont-ils assuré que les leçons d’humanité qu’ils y ont reçû ont glissé légérement sur eux, et; qu’ils n’en ont jamais fait aucun acte relativement à ces leçons ? […] Vous êtes le seul qui n’avez par apperçu ou voulu épercevoir toutes les leçons que la Tragédie fournit à cet égard. Vous avez vû jouer Mérope, et; vous demandez des leçons d’humanité ! […] Fut-il jamais de leçon plus instructive que son Tartufe ? […] On donneroit des leçons de morale aux hommes.
On n’offroit à leurs yeux que des Acteurs modestes : leurs oreilles n’entendoient que des leçons de vertu : le cœur en recevoir l’empreinte, elle s’étendoit sur toutes les actions. […] Sont-ce-là des leçons pour rendre les hommes meilleurs ?
L'intrigue de cette comédie aurait été mieux conduite, s’il n’y avait paru pour tous personnages qu’un père qui eût fait des leçons à son fils et qui eût invoqué la colère de Dieu pour l’exterminer lorsqu’il le trouvait sourd aux bonnes inspirations. […] Il a cru vous devoir la même charité ; mais si par hasard il arrive que ceux qui liront ce qu’il a fait contre vous connaissent qu’il s’est mépris, et qu’ils ne vous viennent point vous faire de leçons, ne laissez pas de lui savoir bon gré de son zèle ; et puisqu’il vous en coûte si peu, servez-lui sans murmurer de moyen pour gagner le paradis, ce sera là où nous ferons tous notre paix.
On y fait avec éclat et avec succès des leçons publiques de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; on y apprend à conduire habilement une intrigue ; à éluder la scrupuleuse vigilance des parents ; à surprendre par mille ruses la bonne foi ; à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence ; à se défaire en habile homme d’un concurrent ; à se venger à coup sûr d’un ennemi ; à élever sa fortune sur les débris de celle d’autrui, et tout cela en habile homme. Et comme ce sont des leçons flatteuses, auxquelles les acteurs donnent un merveilleux relief, quel progrès une passion vive et ardente, insinuée avec tant d’artifice, ne fait-elle pas dans un cœur où elle trouve déjà de si grandes dispositions ?
L’admiration de ses compatriotes s’est manifestée de toutes les manieres possibles, statues, fêtes, dédicaces, éditions multipliées & magnifiques, commentaires sur tout ses ouvrages, où on a cru trouver la pierre philosophale de l’art dramatique ; on a établi une chaire & des professeurs, & ouvert dans les Universités un cours de leçons publiques, pour expliquer les aphorismes de ce grand homme, comme ceux d’Hypocrate dans la Faculté de Médecine, & on y prend les dégrés de licencié & de docteur de théatre qui rendent habile à posséder des bénéfices. L’Italie a fait de pareilles folies pour le Dante, on a eu le même respect pour Aristote, l’oracle de la Philosophie, le philosophe tout court ; & certainement il le méritoit mieux que tous les poëtes à qui il a donné des leçons, qu’ils ne négligent pas impunément, dont il a créé l’art dans sa Poëtique, & établi les regles : ce qui est d’un plus grand génie que tous leurs théatres ensemble. […] La nuit est l’aliment des réflexions galantes, & produit des rêves dont sans doute la sagesse de la dame ne feroit pas une leçon de morale. […] Pour une ame bien née qui écoutera, qui goûtera ces leçons & en profitera, cent & cent cœurs dépravés qui ne les écouteront pas, qui s’en moqueront, & ne s’arrêteront qu’au mauvais, dont ils se repaîtront avec délices. […] On ne peut danser sans avoir un bon-sens exquis : chaque pas, chaque mouvement, chaque attitude est une leçon, une image de vertu.
Elevée dans le sein de l’Eglise, vous vous faites gloire d’en écouter les Leçons. […] Ils obtinrent des Lettres patentes : le Parlement les rebutta comme personnes, que les bonnes Mœurs, les Saints canons, & les Peres de l’Eglise avoient toujours réputées infames, & leur défendit de jouer, ni de plus obtenir semblables lettres, sous peine de dix mille livres d’amende. » Il est donc constant, que les Comédiens voisins du dix-septieme siécle, n’enseignoient que Paillardises, & que leurs piéces, toutes d’intrigues, n’étoient que de pernicieuses leçons d’impudicité. […] Fagan, de M. le Président Henault &, que les Comédies n’ont été que des leçons de Paillardises & d’impudicité, jusqu’au dix-septieme siécle. […] 7° N’est-ce pas un péché, que de mépriser les leçons & les loix de ceux, que Dieu nous à donnés pour guide dans les voies du salut ? […] Or, direz-vous qu’on peut aller, de plein gré, aux spectacles, sans mépriser les leçons & les défenses des prémiers Pasteurs de l’Eglise, & de l’Eglise elle-même ?
L’Académie de Toulouse a donné, par l’onction de cette charge, une leçon & un exemple aux théatres de la Capitale, qui n’ont point de pareille charge, quoiqu’ils en aient une infinité, dont leur almanac rapporte la liste.
Une passion aveugle, une bassesse imbécile ont rendu arbitres ceux qui ne sont faits que pour obéir & exécuter, comme s’il appartenoit à des écoliers qu’un Régent fait déclamer, de prononcer sur sa composition ; comme s’il convenoit aux Maçons, aux Charpentiers, de donner des leçons à l’Ingénieur & à l’Architecte. […] On sifle, on baille, on s’ennuye, on cause, on s’endort, & on renvoye le patient avec des huées, avec des leçons, des exhortations à mieux faire ; trop heureux encore si on y joint quelque politesse, & quelques lueurs d’espérance.
Le bal, les spectacles sont une académie publique pour apprendre l’impureté & donner des leçons d’une malheureuse science qui ne s’apprend que trop d’elle-même ; les jeunes gens s’y accoutument à prendre des libertés avec les femmes, & les filles auparavant sages & modestes à perdre la modestie & la pudeur ; où personne n’entre sans le plus grand danger de perdre l’innocence. […] Ce ne sont point là les leçons du théatre.
En sont-ils moins malins & des leçons de malignité ? […] Ne lui en donne-t-on pas publiquement des leçons ? […] Les Prédicateurs auront beau prêcher, l’Évangile aura beau enseigner la charité, tandis qu’on ira prendre au théatre des leçons de moquerie, des modelles de médisance.
quelle leçon ! […] On veut faire voir une conversion parfaite des deux amans, ce qui seroit sans doute une bonne leçon à donner. […] Est-ce là de la contrition, & n’est-ce pas se jouer du public, renverser toutes les idées de la pénitence, & donner la plus scandaleuse leçon, que de louer comme une conversion parfaite dans un Religieux, un Prêtre, ce tas d’impiétés & d’extravagances ?
A la bonne heure : admettons le plaisir comme délassement nécessaire ; les danses & la Musique comme procurant ce délassement : les Drames Français, comme renfermant toujours quelque leçon utile, comme éclairant l’esprit, formant le cœur, nous apprenant à nous tenir sur nos gardes ; le Théâtre de la Nation comme une Ecole du monde, où les jeunes-gens achèveront leur éducation avec moins de danger qu’au milieu de bien des cercles. […] En eux-mêmes, les Spectacles sont bons, louables, utiles : tout ce qu’on a dit jusqu’à présent tend à le prouver : & si cela ne suffit pas, le Sage de Genève, lui-même, dans une Note tirée de l’Instruction Chrétienne, convient que non-seulement les Spectacles en général sont bons (ce qui ne pouvait être révoqué en doute) ; mais que nos Pièces de Théâtre, « en tant qu’on y trouve une peinture des caractères & des actions des hommes, peuvent donner des leçons utiles & agréables pour toutes les conditions ». […] Si la Pièce est sage, instructive, comme le Misanthrope, le Menteur &c. en elle-même, elle doit corriger, épurer les mœurs : Si l’Acteur, si l’Actrice ont un autre but que de seconder le but du Drame ; si l’envie de plaire, de séduire leur fait chercher à réveiller dans les sens une volupté dangereuse ; si leur conduite expose à la dérision les maximes que le Poète met dans leur bouche, c’est alors l’Histrionisme qui devient contraire aux mœurs ; c’est lui qui ne peut manquer de vicier & d’anéantir l’effet naturel qui devait suivre le Drame ; non que ce soit un inconvénient réel, que la plupart des Spectateurs se trouvent attirés aux représentations dramatiques par le plaisir que donne le jeu de tel Acteur ou de telle Actrice ; cet attrait non-seulement augmente leur nombre, mais contribue infiniment à leur faire goûter la morale & les leçons : cependant s’il est nécessaire que l’attente ne soit pas trompée, & qu’on trouve ce genre de plaisir à nos Théâtres, il est clair en même-temps qu’une Pièce est bien imparfaite, & loin du but où doit tendre la bonne Comédie, lorsque son Auteur, sacrifiant le principal à l’accessoire, n’a cherché qu’à donner le plaisir résultant de la Représentation : la Pièce est dangereuse, lorsqu’elle nous divertit par des scélératesses* dans le Drame ; elle est inadmissible, lorsqu’elle ne plaît que par la volupté qu’y réveillent à chaque mot les mines provoquantes de l’Actrice, ou le jeu libre & sémillant de l’Acteur.
Je ne parlerai point des Scènes d’amour qui, peut-être, leur apprendront, pour la première fois et toujours trop tôt, à connaître cette passion ; car, quand même il serait vrai de dire que, tôt ou tard, il faut bien qu’ils la connaissent, (ce que je suis très éloigné de croire) il n’y aurait pas pour cela moins d’inconvénient et, si je l’ose dire, moins de cruauté à leur donner, sur une matière si délicate, des leçons prématurées et du moins infiniment dangereuses, et à leur faire courir le risque de perdre leur innocence, avant même qu’ils sachent quel est son prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable.
Cependant dans ces premiers Poèmes dramatiques, ainsi que dans ces derniers, l’Auteur se proposait pour but principal de plaire à ses Spectateurs : car soit qu’il voulut les corriger, soit qu’il voulut simplement les amuser, il est certain qu’il ne pouvait réussir ni dans l’un ni dans l’autre de ces projets, qu’en faisant sur leurs esprits une impression, qui leur rendit aimables ou ses leçons ou ses jeux ; si quelques Poètes n’ont pû arriver à ce but ce n’est point la faute du Théâtre, mais uniquement de l’Auteur ou de l’Acteur, comme on va tâcher de le faire sentir.
Il n’y avoit pas dans la Judée de maître à danser, & il n’est pas apparent qu’avant deux ans on leur en eût donné des leçons. […] Toutes ces folies renferment de grandes leçons. […] S’ils apprennent à déclamer, sur-tout s’ils prennent leçon d’une Actrice, ils apprennent à danser. […] Sur-tout il doit savoir l’histoire & la fable (mieux que Scaliger & Petau) depuis le développement du cahos & la naissance du monde jusqu’à nos jours, & pour lui donner la leçon, on lui fait le détail d’une infinité de sujets qu’il doit représenter.
Qu’au sortir du bal ce Magistrat examine les proces, que ce Jurisconsulte travaille à défendre ses Parties, que ce Médecin aille visiter ses Malades, cet homme pieux s’applique à l’oraison, cet écolier étudie ses leçons, de quoi seront-ils capables ? […] A la Visitation, aux Bénédictins, &c. on ne permet pas aux Pensionnaires, de l’un ou de l’autre sexe, d’apprendre à danser ; ailleurs un Religieux, une Religieuse, sont présens aux leçons, & veillent sur le Maître à danser, qui très-souvent entremetteur d’une intrigue, porte les lettres, les paroles, les présens. Un Maître de musique, quoique aussi peu scrupuleux, est moins à craindre, on prend leçon à travers une grille ; il faut sortir pour danser. […] Eh quel emploi pour une Religieuse d’assister à des leçons de danse !
Eût-il composé celle-ci, ses vers n’en sont pas moins beaux, ses talens moins brillans, les sentimens moins héroïques, les leçons de fidélité moins utiles, sa réputation moins éclattante. […] Ce n’est qu’en jouant avec leur précepteur qu’ils écoutent leurs leçons & qu’ils en profitent. […] Si le délire du Théatre laissoit réfléchir, n’auroit-il pas senti l’absurdité de cette affection générale : Il faut nous amuser pour avoir droit de nous instruire ; ce n’est qu’en jouant avec les Précepteurs qu’on écoute les leçons, & qu’on en profite. Que les Evêques, les Curés, les Prédicateurs, les Professeurs dans toutes les sciences, les Régens dans les écoles, les gouverneurs, les instituteurs, les maîtres en tout genre, commencent donc par donner la comédie, pour avoir droit d’instruire, afin qu’on écoute leurs leçons & qu’on en profite, ou plutôt qu’ils transforment l’Evangile, le droit, la théologie, la réthorique, les sermons, les plaidoiries, en comédie, que tous les maîtres se fassent Arlequins, car le Théatre est la meilleure école & donne les plus utiles leçons. […] Ce rapport plein d’indulgence, & même de connivence, ne laisse pas douter que ce drame ne donne des leçons de duel, n’en soit l’apologie & l’éloge, comme une chose dictée par l’honneur, exigée par nos mœurs.
Nous nous amusons d’abord des leçons que la réfléxion nous fait ensuite paraître sérieuses.
La plaie que les théâtres ont faite à la France n’est point encore fermée ; elle s’entretient et s’agrandit chaque jour par les leçons d’indépendance et d’insubordination qu’y reçoivent des hommes qui ne sont déjà que trop disposés à secouer le joug de l’obéissance.
Un Coëffeur de Paris, Baigneur des Dames, a fait annoncer dans les Gazettes qu’il a fondé chez lui, outre un riche magasin de toute sorte de coëffures, une vraie Académie de toilette, où il y a trois Professeuses de coëffure, la plus belle, la médiocre, la commune, qui en donnent des leçons, en font des expériences (& y mêlent de pieux sermons aux femmes en les coëffant). […] des victimes de la passion, des esclaves de la volupté, exercées à l’inspirer, payées pour la faire goûter, ne respirant, ne travaillant qu’à l’allumer, des maîtresses d’impureté, qui en débitent, assaisonnent, pratiquent & font pratiquer les leçons. […] Il en coûte peu à une danseuse de jouer tout naturellement un rôle qui lui est si familier ; mais on sent bien aussi que ce chef-d’œuvre de l’art n’est ni un tableau ni une leçon de vertu.
On s’accoutume par-là à bien faire, plus que par toutes les leçons du monde. […] On y fait des leçons publiques de galanterie. […] dites-nous donc depuis plus d’un siecle que nous prenons de vos leçons, avons-nous fait bien des progrès dans le chemin de la vertu ? […] Les érudits en antiquité prétendent que ce fut d’un nommé Andron, Sicilien, que les Grecs en reçurent les premieres leçons. […] Elles sont des leçons de volupté, de folie & d’indécence.
Louis, où, sous les loix & les auspices de la pieuse fondatrice, on donne à la noblesse françoise les plus belles leçons les plus beaux exemples de la piété chrétienne, si on en excepte les égaremens du spectacle. […] Maman n’a qu’à venir me faire la leçon, Qu’il faut fuir l’opéra, le bal, la comédie, Dans la chambre passer sa vie.
Ce lui sera une leçon qu’il ne pourra jamais soutenir une mauvaise cause sans être mauvais Orateur ; puisqu’il ne peut y avoir d’évidence dans la fausseté. […] Mais il faut exciter sa curiosité, et lui faire regarder ce qu’on lui apprend en cela comme une récompense, et non pas comme une leçon.
Précisément ce qu’il voudrait trouver partout, des leçons de vertu pour le Public, dont il s’excepte, et des gens immolant tout à leur devoir tandis qu’on n’exige rien de lui. […] Rousseau croit superflu de prouver ce qu’il avance à la multitude (c’est-à-dire, à nous autres) : mais il trouve convenable de donner plutôt des leçons sur le Tribunal des Maréchaux de France.
On y trouveroit de leçons de tout, bien mieux que dans la Choregraphie, où l’on trouve les danses écrites. […] Les Favards y donnerent des leçons. […] Le Théatre & Voltaire en donnent peu de leçons ; c’est ce que montrent les quatre articles insétés dans ce Mercure. […] belle leçon, beau modèle pour la jeunesse !
Quelles leçons pour nos Abbés comédiens, qui ne rougissent pas d’allier l’Autel & les coulisses, reçoivent de la même main le patrimoine des pauvres & la portion d’une representation de leurs Drames ! […] Son fils qui nous a transmis le détail de sa vie privée, instruit par les exemples & les leçons de son pere, n’eut garde de s’engager dans une carriere que le pere converti arrosoit de ses larmes. […] Parmi les leçons que cet illustre pénitent donnoit à son fils, il lui recommandoit de ne point faire des vers par une raison prise de sa propre expérience. […] Quelle leçon pour ce Prélat Distributeur des Prélatures, qu’un jeune Poëte ne voye dans ces honneurs que l’étendue des devoirs qu’ils imposent, qui vinrent le chercher, que la résistance par probité aux offres les plus avantageuses, & dont cet Académicien étoit bien éloigné de se croire digne , tandis que lui, Prince de l’Eglise, y voit la récompense de quelques comédies, & deux Princes de l’Eglise en font l’éloge !
Le grand maître dans l’art d’aimer & de plaire, le galant Ovide ne cesse de donner à ses éleves des leçons de parure, & de leur en inculquer la nécessité. […] Les exemples du Sauveur confirment ses leçons. […] Ce n’est qu’une figure de la beauté intérieure de l’ame, & des ornemens des vertus, dont il veut qu’elle soit couverte : & c’est dans ce sens qu’il parle de la nécessité de laver les pieds, pour se préparer à la communion ; ce qui ne fut jamais pris à la lettre, mais comme une leçon de la pureté de l’ame dans les moindres choses : Qui lotus est non indiget, nisi ut pedes lavet.
Une piece, pour être bonne dans l’ordre des mœurs, doit être une leçon de vertu & une censure du vice. […] Ils ne sont pas en état d’en suivre l’intrigue, & de faire réflexion à la morale ; s’ils avouoient la vérité, nous verrions avec douleur qu’ils n’en ont retenu que le mauvais ; ils en rapportent les plus pernicieuses impressions, ils y apprennent toujours trop tôt à connoître & à sentir l’amour ; & quand même il seroit vrai qu’il faut que tôt ou tard ils le connoissent, ce que je suis très-éloigné de croire, il n’y auroit pas moins d’inconvénient & de cruauté de leur donner sur une matiere si délicate des leçons prématurées, infiniment funestes à leur innocence, avant qu’ils sentent quel est son prix, & combien sa perte est affreuse & irréparable. […] Que la douceur tempère l’amertume des leçons, & plaise pour persuader : le plaisir doit en être l’attrait, & servir à corriger l’amour du plaisir.
Ce seront des femmes qui gouverneront les Filles : chaque jour elles s’assembleront dans une Salle commune, où deux de leurs Gouvernantes présideront toujours, pour y recevoir les leçons des Professeurs, de la même manière que les Garsons. […] Outre ces Exercices ordinaires, deux fois la semaine les Acteurs & les Actrices qui lors occuperont les Théâtres de la Capitale, viendront donner des leçons aux Elèves, sur un Théâtre construit à cet effet dans une des Salles du Collége : ce seront ces Acteurs qui décideront, d’après les dispositions des Sujets, à quel genre ils devront s’appliquer, & qui prescriront à chaque Elève la Pièce qu’il doit apprendre. […] Lorsque les Acteurs & les Actrices mariés auront joué le temps convenable, ils seront enfin affranchis par la Direction, du consentement du Public, auquel cet affranchissement ne sera proposé que lorsque de bons Acteurs pourront remplacer les anciens : les Acteurs retirés jouiront, non d’une pension, mais de leurs gages accumulés, & des intérêts, qui leur procureront le moyen de finir dans une tranquille obscurité le reste de leurs jours : ils n’auront d’autre obligation, envers le Public, que celle de donner des leçons aux jeunes Elèves.
M. de Crébillon n’y était pas, ou ne voulut pas y être : on me remit ma critique avec cette note au bas : « ceci n’est qu’une critique très mal à propos et très injuste de M. de Voltaire : la police n’en passe pas. » Un Auteur de dix-huit ans environ ne se rend pas à de pareilles leçons, et piqué contre M. de Crébillon, que j’accusais de mauvais goût, je courus faire imprimer courageusement ma lettre ; elle eut, comme vous jugez bien, à peu près le succès qu’elle méritait2. […] Le goût et les lumières de Madame D., digne nièce du plus célèbre des Oncles, suppléait à la privation des leçons de notre cher maître. […] Encouragé par les suffrages et les leçons de M. de Voltaire aux répétitions, appuyé de ses avis lumineux, j’étais parvenu à seconder passablement les talents de mon camarade ; et malgré tout ce qui manquait à mon extérieur pour me donner l’air d’un Héros, notre Auditoire me fit l’honneur de pleurer et de frémir en m’écoutant.
parler le langage du vice, en prendre les allures, en peindre les horreurs, en excuser les excès, en inspirer le goût, en faire sentir les mouvements, en ouvrir l'école, en donner des leçons, l'ériger en vertu, tromper, aveugler les hommes, fixer leur attention sur des objets méprisables et criminels, effacer les idées des biens et des maux éternels, pour ne mettre le bonheur ou le malheur que dans le succès ou les obstacles de la passion, s'en faire un art, un métier, un état de vie, y consacrer tous ses talents, ses moments, ses forces, sa santé ! […] La mémoire trop fidèle, le cœur trop sensible, l'imagination trop vive, les objets trop séduisants, et jusqu'aux chimères, tout sert si aisément une concupiscence trop redoutable, que les Solitaires même, ensevelis dans les antres de la Thébaïde, les Religieux de la Trappe, selon la tragédie du Comte de Comminge, dont nous avons parlé ci-dessus, ne sont point en sûreté contre cet agréable ennemi (leçon que le sieur Arnaud n'a pas prétendu donner, puisqu'elle doit faire abandonner le théâtre). […] apprendre à vaincre les passions et à les exciter, donner des règles de modération et des leçons du vice, crier à l'humanité, à la probité, et se plaire à la représentation des fripponneries et du suicide !
Il y pose pour base ce raisonnement qui lui a paru être sans replique : « Pour que la Tragédie fût une leçon d’exemple, il faudroit que la vertu y fût récompensée, & le vice puni. […] S’il y a des leçons, il faut avouer qu’elles sont bien cachées, & qu’il ne faut pas un art médiocre pour les en tirer. […] « Qu’un Poëte philosophe ou flatteur ait quelquefois fait sortir d’un Drame ou de quelques Scenes des éloges indiscrets ; qu’il ait présenté des caracteres, des mœurs, des sentimens qui pouvoient servir de leçons ; en un mot, qu’il ait incliné le miroir, de maniere que le Spectateur ait pu y voir & prendre des avis : c’est l’art de l’homme, & non l’art du genre. […] Or, la sensation d’horreur & de désespoir qu’on dit en résulter, est-elle nécessaire pour éloigner du crime un cœur vertueux qui n’a pas besoin de ces horribles leçons ? […] Quelles en sont les leçons & les préceptes ?
On a beau dire en faveur du Théâtre qu’on l’a rendu chaste, et que l’on y entend plus de leçons de vertu, que l’on n’y voit d’exemples de vices, on dira si l’on veut que les passions n’y paraissent animées que pour la défense de l’honneur, et que l’on n’y produit pas d’autres sentiments que ceux de la générosité.
On ne reçoit aux spectacles que de dangereuses leçons.Voilà les leçons qu’on reçoit souvent aux spectacles, presque sans le vouloir ; c’est-à-dire, que tout ce qui peut satisfaire les passions, est enseigné dans cette funeste école. […] Ces motifs sont de se former l’esprit en le délassant des occupations sérieuses, & même de prendre, dit-on, des leçons de vertus. […] Dites donc, il faut le dire pour vous justifier, que si vous allez au théâtre, c’est pour y prendre des leçons de vertus. […] On ne reçoit aux spectacles que de dangereuses leçons.
Celui qui a sçû le mieux donner des leçons de tromperie, remporte la palme. […] Dans la seconde piece une maîtresse, dont il est indigne, va le chercher, & s’abaisse pour lui à des avances très-indécentes (autre leçon de vertu), & son rival, qu’il a trompé, la lui cède lâchement.
On me dira peut-être que le Théâtre doit instruire, & qu’il faut absolument qu’un Drame, de quelque nature qu’il soit, renferme une leçon utile ; j’avourai qu’on a raison. « Eh bien, me demandera-t-on, trouve-t-on qu’il y ait un grand mérite de placer sur la Scène un Bucheron, un Tonnelier, &c. ne vaudrait-il pas mieux les laisser dans leur obscurité ? […] Le Spectacle est fait pour amuser, ou plutôt pour instruire ceux qui sont censés pouvoir y venir chaque jour ; il est clair que le menu Peuple ne se soucie guères de porter son argent à la Comédie : c’est donc donner des leçons à des gens qui ne viennent point les entendre ».
Quel est le genre de vertu dont elle n’insinuë pas adroitement des leçons ? […] Mais d’où la Scéne rire-t-elle ses leçons ? […] Voilà, Messieurs, les sujets & les sources des leçons que peut donner le Théatre. […] Du moins ne peuvent-ils refuser le tribut de leur estime & de leurs éloges à l’adresse des Maîtres qui s’efforcent d’enseigner en amusant, & de faire des leçons importantes d’un jeu puerile en apparence. […] Entre ces deux groupes, imaginons quantité d’éleves des deux sexes, jeunes sur-tout, peu instruits, & par là susceptibles de toutes sortes de leçons, sur-tout de celles du plaisir.
Serai-ce dans un Livre tel que le mien, que le Machiniste viendrait chercher des leçons ?
[NDUL] Commentaire sur l’Epître de saint Paul aux Ephésiens, chapitre V, leçon 2.
Je ne te réponds pas, qu’au retour moins timide, Digne écolière enfin d’Angélique et d’Armide, Elle n’aille à l’instant, pleine de ces doux sons, Avec quelque Médor pratiquer ces leçons. » Boileau, Sat.
La Comédie, plus douce dans son stile, plus simple dans sa marche, fait agir l’humble habitant des Villes ; elle donne des leçons à tous les hommes en général, & sur-tout aux particuliers.
Si les comédies ont fait une leçon, les farces font un jeu des impuretés ; les rapts et les adultères y passent pour des galanteries, on les représente avec quelques rencontres lascives qui gagnent l’attention, et qui font passer l’effronterie pour une subtilité : l’esprit se fait insensiblement des habitudes du mal, par ces pernicieux exemples, et la grande compagnie qui les regarde avec plaisir, fortifie les âmes encore timides, contre les sentiments de la honte.
Dorat, grand amateur du théâtre, nous dit dans ses réflexions sur l’art dramatique, qu’on va aux spectacles pour y retrouver ses penchants et ses vices. « Si les pièces présentent quelquefois des leçons de vertu, dit M. […] D’ailleurs quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le théâtre, il n’y aurait pas moins d’inconvénient, et si j’ose le dire, moins de cruauté à leur donner sur une matière si délicate, des leçons prématurées et infiniment dangereuses, et à leur faire courir le risque de perdre leur innocence avant même qu’ils sachent quel en est le prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable ; mais les parents s’intéresseront-ils à conserver cette vertu, s’ils n’en connaissent pas eux-mêmes l’excellence ? […] Quel témoignage et quelle leçon !
Ces motifs sont de se former l’esprit en le délassant des occupations sérieuses, & même de prendre, dit-on, des leçons de vertu. […] Dites donc, il faut le dire pour vous justifier, que si vous allez au théâtre, c’est pour y prendre des leçons de vertu. […] dans les sentiments, dans les pensées d’un auteur tout profane que la passion seul inspire, on puise plus de leçons de vertu que dans cette parole que vous nous mettez à la bouche, que dans les sentiments & les pensées des Peres, que dans notre Evangile !
Mais ce qui paroît plus étrange encore, c’est que l’homme qui écrit pour préserver ses lecteurs de ces écueils, les envoie tous au théâtre comme à l’école des mœurs où l’on trouve des leçons continuelles de sagesse. […] L’école des mœurs, des leçons de sagesse ! […] On verroit des familles respectables rougir de l’opprobre que la contagion du théâtre a répandu dans leur sein ; des enfans élevés dans les leçons de la vertu, perdre tout sentiment du devoir pour fournir à l’entretien d’une comédienne, dissiper la fortune de leurs pères, usurper l’héritage de leurs frères, se jouer de la confiance publique et envahir la possession de l’Etat13, porter par une société toujours funeste avec les histrions, dans l’enceinte d’une maison vertueuse et paisible tous les effets du vice et de la plus incorrigible licence.
Les Dames Indiennes n’ont pas cette variété, qui occupe une infinité de Coëffeuses à Paris, & dans les Provinces, mais elles l’emportent pour l’arrangement des cheveux, les Françoises seront bientôt de pair avec le sérail d’Agra & de d’Eli, & même elles enchériront sur toute l’Inde, à la faveur des leçons du sieur le Gros, célébre & immortel Coëffeur des Dames ; il vient de donner un grand Traité de son art, que l’Académie des Sciences joindra aux Traités des arts & métiers, qu’elle donne à ce Traité de la coëffure des Dames, il vient de joindre un beau Supplément, car c’est un art infini, qui jamais ne sera parfait, ne fût-ce qu’un Dictionnaire des termes de toilette. […] Je ne sais pourtant si elles ne seroient pas plus en état de lui donner des leçons, que d’en recevoir de lui. […] On n’oseroit paroitre dans le monde, si on n’est coëffé en Comédien ; aussi les Baigneurs & les Coëffeuses vont assidument au spectacle, & par libertinage, & par intérêt, pour prendre des leçons de leurs bonnes amies, car personne ne porte plus loin la finesse de l’art, & les coups de maître.
Cette science coûte au guerrier bien du tems & de l’étude, la nature la donne aux femmes ; c’est l’instinct le plus sur, & le coup d’œil le plus rapide, & si elles vont à la comédie, quelles habiles maîtresses, quelles savantes leçons, quel parfait modele elles y trouvent ! […] Ces fleurs, si elle vouloit réfléchir, lui donnent de grandes leçons ; leur fragilité, leur peu de durée, image naturelle de la beauté des femmes, lui en fera sentir la vanité : elle doit se dire avec Racine, dans Esther, c’est un oracle pour elles : Je tomberai comme une fleur qui n’a vu qu’une aurore ; leurs couleurs naturelles, qu’elles n’ont jamais pensé à farder, & qui n’en sont que plus belles, quoiqu’infiniment variées, leur disent que le blanc & le rouge ne parent pas, mais plutôt défigurent ; que cette beauté étant purement superficielle, n’est rien de réel ; objet le plus mince, qui ne passe pas l’épiderme, que la moindre chose efface : biens étrangers, dont jouissent ceux qui les voient, non ceux qui les possedent. […] On ne cherche tant d’inspirer l’amour, que pour satisfaire sa propre passion ; pour entretenir la blancheur, la fraîcheur, l’éclat de son teint ; cette Princesse voluptueuse se baignoit tous les jours dans du lait d’ânesse, & pour n’en point manquer, elle nourrissoit cinquante ânesses, qui la suivoient dans tout ses voyages ; elle les mena dans son exil, c’étoit la partie la plus chere de sa famille ; elle ne paroissoit que rarement en public, & toujours à demi voilée, ne laissant voir que le bas de son visage, & avec un voile fort transparent, afin de ne pas diminuer la réputation de sa beauté, en la prodiguant, mais plutôt l’augmenter, en donnant carriere à l’imagination, en faisant juger par ce qu’on voyoit à travers la gaze, que ce qu’on ne voyoit pas étoit encore plus admirable : Ne satiares aspectum , dit Tacite, ne soyons point dupes des apparences, dans cet art recherché, de se cacher ou de se découvrir à propos ; dans ce choix réfléchi de linge & d’étoffe transparante, dont le théatre donne tant de leçons ; il y a plus d’artifice que de modestie, on cherche plus à irriter la passion, par ces demi-confidences, qu’à lui en soustraire l’objet par une véritable pudeur.
Sulpice, si respectable par les vertus qu’on y pratique, les sciences qu’on y enseigne, les services qu’on y rend à l’Eglise, où l’on se fait gloire d’aller puiser l’esprit Ecclésiastique, & où l’on trouve en effet les plus belles leçons & les plus grands modeles, le croiroit-on ? […] L’homme meurt à tout moment en détail ; les odeurs lui en donnent les plus vives leçons. […] Dieu donne aux hommes de grandes leçons dans la distribution des odeurs ; les bonnes ne sont accordées qu’avec une sorte d’économie, ce ne sont que quelques fleurs qui en en exhalent, les végétaux, les mineraux n’en ont point ; chacune ne se répand que dans une fort petite sphere ; sa durée est fort courte.
Quelles leçons dans le nouveau Plutarque ! […] En formant l’Ecole militaire, dont elle se donne la gloire dans une de ses lettres, elle auroit dû, selon ses principes y faire bâtir un appartement pour les beaux visages, où la Divinité brille avec plus d’éclat que dans toutes les découvertes mathématiques ; ses éleves y seroient allés prendre des leçons d’héroïsme. […] Mais elles sont très-propres à former à la débauche un bâtard né sous ces auspices, élevé dans ces principes, à qui on donne ces leçons & ces exemples.
Cet héritage passe de main en main à la derniere postérité ; les premiers maîtres ont formé leurs successeurs, leurs élèves perpétuent leurs leçons & leur esprit, & depuis le tombereau de Thespis jusqu’aux boulevards & aux parades de Vadé, c’est une chaîne de mauvaise doctrine & de mauvais exemples. […] Les jeunes gens s’y perdent par les leçons qu’on leur y donne, les pieges qu’on leur y tend, les essais qu’on leur fait faire. […] La Fontaine que j’attribue au théatre, puisqu’il a composé plusieurs drames, & que ses Contes irréligieux & infames ont été presque tous mis sur la scene par des Auteurs aussi méprisables par leurs talens que par leurs mœurs ; la Fontaine qui avoit protesté de son repentir devant des Députés de l’Académie appelés exprès (ce qui pour le Corps étoit une belle leçon), qui avoit à grands frais acheté pour les brûler tous les exemplaires qu’il avoit pû trouver de ses Contes, qui avoit parcouru les rues sur un tombereau comme un criminel, la corde au col, pour demander pardon au public du scandale qu’il lui avoit donné ; la Fontaine avoit depuis long-temps dans son épitaphe fait le portrait des Auteurs dramatiques & de bien d’autres : Jean s’en alla comme il étoit venu, Mangeant son fonds après son revenu, Jugeant le bien chose peu nécessaire : Quant à son temps, bien le fut dispenser ; Deux parts en fit dont il souloit passer, L’une à dormir, & l’autre à ne rien faire.
Les Romains, par des loix expresses, sans distinguer les pieces indécentes de celles qu’on dit châtiées, condamnoient généralement tous les Comédiens à l’infamie, & cependant non-seulement ils y assistoient, mais comme s’ils eussent conspiré contre la pudeur de leurs femmes & de leurs filles, ils leur laissoient la liberté de venir à ces pernicieuses écoles prendre des leçons de volupté de ces maîtres scandaleux, qu’ils avoient authentiquement chargés & déclarés dignes du mépris public. […] & quelle femme ne se croiroit heureuse de danser comme elles, & n’acheteroit leurs leçons au plus haut prix ? […] Il ne peut y avoir de plus touchante leçon ni de plus grand exemple : qu’il seroit heureux de l’imiter !
Dans cet état on court les rues, on va au spectacle, on monte à cheval, on prend des leçons à l’Académie, on conduit un cabriolet, &c. […] Il est une autre sorte de masque moral, cher & familier au théatre, qui donne les plus efficaces leçons d’hypocrisie dans tous les autres gens de bien : hypocrisie de probité, de fidélité, de pudeur, de respect, de soumission, de douceur, &c. […] Mais en peignant le vice, devroit-on le rendre agréable, en déguiser les horreurs, en donner des leçons, en faciliter le succès ?
N’étoit-ce donc qu’un Chanteur que Ciceron admiroit dans Roscius, dans cet homme qui avoit mis par écrit les principes de la Déclamation, & qui en avoit donné des leçons à Ciceron ? […] Ces deux grands Orateurs qui regardoient la Déclamation comme la premiére, la seconde & la troisiéme partie de l’Eloquence, auroient-ils été en demander des leçons à des Chanteurs ? […] Ils prenoient d’abord des leçons d’un Maître à former la voix, apellé Phonascus, & nous lisons dans Ciceron qu’avant que de monter sur le Théâtre, ils déclamoient chez eux plusieurs années, en se tenant assis & élevoient peu à peu la voix, la ramenant du son le plus aigu, au plus grave.
Une vive indignation s’empara de moi, qand j’entendis les leçons que l’on donnoit à ces petits garçons et à ces petites filles. […] Une des principales sources de ces opinions nouvelles est à la foire, aux boulevards & autres lieux semblables, c’est là que l’on puise des leçons depuis plus de vingt ans, c’est là que se forme une génération qui va dominer à son tour et qui est si ignorante, si inappliquée, si présomptueuse qu’en vérité elle sera pire que celle qui l’a précédée. […] Vous savez, Monsieur, sur quoi roule le sujet de toutes ces pièces, le jeu répond au sujet ; la volupté, pour mieux séduire, met ses conseils dans la bouche de l’innocence ; et de peur que les leçons qui se débitent sur la scène ne soient perdues, il arrive de tous les quartiers de la ville, d’amples recrues de filles qui se répandent dans l’amphithéâtre, dans les loges, dans l’orchestre ; et font ensorte de se partager les spectateurs.
N’y eût-il que le goût du théâtre et l’envie d’y aller, qu’ils ne peuvent manquer de leur donner, ce seraient les leçons les plus pernicieuses. […] Quelque attention qu’on voulût avoir, que l’on n’a jamais, et que l’on ne veut pas avoir sur le choix et l’éducation des débutantes, en qui l’on ne demande que les talents et les grâces, c’est-à-dire les dangers et les moyens de séduction, bientôt les leçons et les exemples les monteraient sur le même ton. […] Cette Nymphe, célèbre par ses intrigues, son luxe, et ses amants, qu’elle avait ruinés pour y fournir, qui même par ses talents en coquetterie avait mérité que les autres Actrices vinssent recevoir ses leçons, et la prendre pour modèle ; cette fée, dis-je, comme l’Auteur l’appelle, avait tellement enchanté un riche Financier, que par ses profusions excessives il la mit sur le pied des Dames du plus haut rang, lui assura par contrat, sous le titre de dette une pension considérable, et enfin fut accablé de dettes.
Ie voudrois bien que cette inuention fust du cru de vostre amy, car je la trouue digne du Regne d’Auguste, & d’vn Courtisan de Mecenas, & d’vne personne qui vous est chere : Mais ce qui me fait croire qu’elle n’est pas originaire de Rome, & qu’elle est venuë de de-là la Mer, comme quantité d’autres pareilles inuentions, c’est qu’il y a encore en nature vne pierre precieuse, je croy que c’est vne Chrysolite, grauée auec beaucoup de delicatesse, où Bacchus est representé en homme qui fait leçon, & les Nymphes d’vn costé & les Satyres de l’autre, qui luy prestent vne attention merueilleuse, & semblent escouter auidement toutes les choses qu’il semble dire. […] Vne tromperie si ingenieuse & si honneste, est particulierement tromperie, en ce qu’elle enseigne sans dogmatiser, & fait des leçons, en faisant des contes ; en ce qu’elle déguise les medecines en viandes, & donnent aux sausses & aux ragousts la vertu de purger & de guerir.
Comme si ce n’estoit pas assés à l’homme d’estre aucunement porté de son naturel à la barbarie, sans reueiller encore ses humeurs & ses passiõs, & exciter dans son cœur vne funeste rage par céte leçon publique. […] On se presse pour auoir place dãs vn consistoire de l’impudicité ; de crainte que si on ne commettoit point de mal en public, on fût soupçonné de n’en pas assez commettre, ou dépecher contre les leçons qu’on en fait au Spectacle : car à la face des loix mesme, on enseigne la pratique de tout ce qu’elles défendent.
Voilà ce qu’on nous dit dès l’âge le plus tendre, et ce que nous apprenons dans nos premières lectures ; or cet avis d’une source divine et pure que tant d’exemples malheureusement justifient et rappellent continuellement à tout le monde, et que, d’ailleurs, on peut souvent renouveler par cette méthode calme qui réveille l’attention sans réveiller les passions et les porter à confondre l’apparence avec la réalité ; cet avis, dis-je, était suffisant à cet égard, et rendait inutiles les leçons magiques et inflammatoires du théâtre. […] Mais ce plaisir ne m’a jamais empêché de voir le côté dangereux de la leçon ; c’est pourquoi je n’en demeure pas moins convaincu que sous le rapport que je le considère, l’art dramatique, bien que le plus ingénieux et le plus piquant que l’esprit humain ait inventé, divertit mieux qu’il n’instruit, mieux qu’il ne réforme, si l’on veut ; que l’amusement qu’il procure a coûté infiniment aux mœurs ; qu’il est un obstacle à leur restauration, et que, par conséquent, il est nécessaire au retour de l’ordre si ardemment désiré, non pas de le proscrire, comme il y en a qui le prétendent, je crois cela aussi difficile à présent que de faire reculer la civilisation, mais d’en modifier le système, d’en borner et régler plus sévèrement la jurisdiction, pour arrêter ici la tradition de ses mauvais résultats.
Voilà ce qu’il pense des tragédies, même de celles où le crime est puni : en quoi, je le trouve d’accord avec La Mothe, qui dit : « Quelque sorte que soit la leçon que puisse présenter la catastrophe qui termine la pièce, le remède est trop foible & vient trop tard. » Mais on a combattu l’idée de M. […] Je vois encore ici la marquise de Lambert favorable à ce frondeur déterminé : « On reçoit au théâtre de grandes leçons de vertu, & l’on en remporte l’impression du vice » : Telle femme y est entrée Pénélope, & en est sortie Hélène *.
Le péché vous met même au-dessous des plus vils animaux, je vous renvoie à leurs leçons avec l’Ecriture ; les oiseaux, les poissons, les reptiles, sont plus chastes que vous. […] Prenez leçon des barbares, qui savent bien s’en passer.
Voyez ces loges peuplées d’amateurs, qui viennent à l’envi puiser à la source ; ils écoutent religieusement leurs savantes leçons, forment leur goût à leur toilette, se familiarisent avec leurs fonctions religieuses, apprennent à secouer le joug d’une incommode décence, à braver les lois gênantes de l’Evangile et de l’honneur, à se débarrasser d’un importun remords, et employer mille ruses pour faire réussir leurs projets, tromper la jalouse vigilance d’un père, d’une mère, d’un mari, d’un maître, et tourner en ridicule leur gothique régularité et leur dévot radotage. […] Combien même de pièces ne sont que des leçons d’irréligion !
Outre qu'on y trouve des leçons de galanterie, on y en trouve d'envie, de fourberie, d'avarice, d'orgueil.
Si les spectacles sont aussi innocents qu’il le prétend, si bien loin d’y courir aucun risque pour l’innocence, on y prend au contraire, les plus belles leçons de vertu, pourquoi serait-on étonné et même scandalisé d’y voir des personnes, qui font profession d’une plus grande régularité ?
Ainsi quand un jeune homme a été prendre quelques malheureuses leçons à la comédie, et qu’on lui a, par exemple inspiré, ou l’amour des plaisirs ou du luxe, ou de l’ambition, ou de la vengeance, il est après cela bien difficile de l’en guérir.
« Le clergé pour qui j’ai eu tant d’égards, auquel j’ai cherché à m’associer, jusqu’à avilir dans cette vue la majesté royale, s’est laissé aveugler, il y a déjà longtemps, par un faux zèle pour la religion, et donne aujourd’hui au peuple français l’exemple de la révolte. » Quelle leçon pour les rois !
Quand même l’effet de cette Pièce serait assuré par rapport au vice de l’avarice ; quand même on supposerait qu’elle doit faire une égale impression sur l’esprit de tous les jeunes gens, (et il pourra s’en trouver plusieurs pour qui l’avarice aura de l’attrait, malgré le tableau affreux qu’on leur en aura présenté) il n’en est pas moins incontestable que le mauvais exemple des deux enfants de l’Avare est un poison mortel pour la jeunesse, devant qui cette Pièce est représentée : les jeunes personnes de l’un et de l’autre sexe n’effaceront jamais de leur esprit ni de leur cœur les idées et les sentiments que les enfants de l’Avare y auront gravés ; et ils s’en souviendront jusqu’à ce qu’ils aient fait l’essai d’une leçon si pernicieuse.
Ce n’est pas tout : peu à peu l’exemple des Comédiens de Genève, la régularité de leur conduite, et la considération dont elle les ferait jouir, serviraient de modèle aux Comédiens des autres nations et de leçon à ceux qui les ont traités jusqu’ici avec tant de rigueur et même d’inconséquence.
Ce n’est pas l’Ecriture sainte, à laquelle il ne pensoit pas ; c’est l’expérience de tous les hommes, & la sienne, qui lui ont donné ces leçons. […] Loin de recourir à la sagesse, il en méprise les leçons, il en trasgresse les loix, il la tourne en ridicule. […] Pour Scylla, à qui on donne des chiens pour ceinture, & tant d’autres changées en arbre, en araignée, en vache, en grenouille, &c. il est inutile de s’y arrêter ; c’est toujours la même leçon de morale sur le danger & les suites de la volupté, ou la beauté naturelle, relevée par le fard, la parure, l’indécence, qui le font si fort redouter à la vertu, surtout sur un Théatre où on étale avec le plus d’art tous les charmes du vice. […] C’est le portrait de nos Actrices, qui sont sans doute moins riches & moins puissantes que cette Reine : mais pour l’indécence, la coquetterie, le raffinement de la parure, les pieges tendus à la vertu, il semble qu’elles aient pris des leçons de Cléopatre, & plusieurs d’entr’elles pourroient-lui en donner.
Sur mille pieces de théatre qui ont paru depuis un siécle, il n’y en a pas une où la jeunesse joue un rôle d’une parfaite modestie, où on ne lui donne des leçons de vice, où on ne l’y fasse tomber. […] Ses conseils, ses leçons, ses exemples, les remplissent du même esprit ; elle les mene dans les compagnies, au bal, au spectacle, & les entraîne dans le même désordre. […] Quelle autre leçon y entendent, quel autre modele y voient les enfans que l’imprudence des parens mene au théatre ? […] Le tendre Ovide leur donne des leçons ; elles ajoutent au ridicule.
L’idolatrie de la Tragédie met le sceau aux plus pernicieuses leçons du vice ; la Comédie ne lui prête pas moins des armes, non pas la dignité, mais par le nombre, le commerce, la familiarité des coupables : elle montre le libertinage commun dans le monde, & si accrédité, que les vertus chrétiennes sont des singularités ridicules. […] Ils ne s’attendoient pas à une pareille leçon, & le Théatre n’est pas l’école où on la donne. […] Hermetaire directeur du théatre & auteur de la complainte, ne donne pas toujours de bonnes leçons. […] Mais, ajoute-t-il, il est d’autres passions que la raison condamne ; parmi celles-ci, il en est qui ont quelque chose d’horrible, on peut les mettre sur la scene pour en donner horreur, comme les Lacédémoniens montroient à leurs enfans des esclaves ivres qu’ils faisoient même enivrer à dessein pour leur donner des leçons de sobriété.
Cette politesse, dit Dom Ramire, dans son triomphe, en 1751, « ces grandes leçons, sont des fleurs agréables, sous lesquelles le serpentest caché. […] Augustin, vouloir mettre en question, si l’on doit se conformer aux leçons, aux loix & à la discipline générale de l’Eglise, c’est se rendre coupable de la démence la plus insolente. […] Si vers la fin du sixieme siécle, la Comédie n’étoit qu’une pernicieuse leçon d’impudicité, comment a-t-elle pu avoir alors tant de partisans ? […] Si les piéces des Gilosi n’étoient que des leçons d’impudicités, &c &c. […] C’est la leçon qu’il avoit apprise à la Comédie du pere de famille.
Dans les provinces, soit qu’il y reste plus de retenue et de timidité, soit qu’on y soit moins libre et plus observé que dans l’immense forêt de la capitale, le Clergé n’a pas encore si bien pris les leçons du monde ; il paraît peu au théâtre. […] Point de Régent de rhétorique qui ne compose quelque drame, et n’en donne des leçons à ses écoliers, comme d’une partie très essentielle à l’éducation ; ce qui, selon la remarque du judicieux M.
Elles vont la chercher, la ramenent dans leur carrosse, lui cedent le fonds, lui donnent des fêtes ; à leurs exemples toutes les femmes des actionnaires & bien d’autres se font honneur de la société des actrices, sur-tout de celle-ci, on les voit par-tout avec elle ; mais jamais à l’Eglise : ces Dames se trouvent à la toilette de la Princesse, disputent aux femmes de chambre, l’honneur de la servir, en prenent des leçons de parure, cependant c’est la plus dangereuse rivale auprès de leur mari & de leurs amants ; la plus séduisante maîtresse de leurs enfans, le plus contagieux exemple pour leurs filles ; mais sa mere, sa sœur, elle-même ont été autrefois leurs femmes de chambre ; mais les comédiens furent toujours, & sont encore infâmes. […] Votre Paysan parvenu par des intrigues galantes aura beau prêcher la modestie qu’il n’a pas pratiquée, & exagérer les suites funestes de l’amour, il trouvera plus de gens disposés à copier ses intrigues, que de ceux qui viendront profiter de ses leçons. […] Je crois bien que les acteurs font moins bons, & les actrices moins belles, les décorations moins brillantes qu’à la comédie française ; mais c’est toujours une bonne école de mœurs & de réligion dans le goût du Prélat ; on y représente les mêmes pieces, on y donne les mêmes leçons de vertu, on y inspire à la jeunesse le même amour du plaisir, le même esprit du monde : c’est un second Collége sous le même toit qui met la perfection au premier, & y fait fleurir les études, & de concert avec lui, forme à l’Etat de graves Magistrats, de pieux Ecclésiastiques, d’excellens peres de famille.
Il n’est pas nécessaire de donner ces leçons aux actrices, elles en donneroient à tout le monde ; mais je suis trop jaloux de leurs droits, pour souffrir qu’on leur dispute aucune de leurs prérogatives. […] Le chant, la danse, le geste, le ton de la voix, tout cela énerve l’ame, & porte à l’amour ; enervant animos citharæ choreæ, & vox & numeris brachiæ mota suis , tout y en donne des leçons & des modeles, le fond même des piéces n’est que l’amour ; illic assiduè ficti luctantur amantes, actor quid juvet arte docet : un si grand maître seroit-il suspect ? […] Ce n’est pas par la volupté que les libertins sont changés en bêtes, ce qui seroit une leçon de morale ; c’est par la vengeance de Circé, leur rétablissement n’est pas un retour à la vertu, ils ne font que se plonger dans le vice ; le théatre offre par-tout de débauches & des extravagances.
Les leçons de son poëme ne sont qu’un cadre pour enchasser leurs portraits, où l’on revient toujours : mais ces portraits flatteurs pour leurs graces, ne sont pas honorables pour leur vertu ; on n’a jamais dit plus de mal de ces princesses, même en les louant sans mesure. […] Bellecour de ses traits a saisi la finesse ; Son bachique enjouement n’est jamais sans noblesse, Soit que quittant la table encor tout délabré, D’un essain de buveurs il se trouve entouré, Etourdit un vieillard par des discours sans suite, Et lui balbutiant des leçons de conduite. […] Toute la poétique d’Horace, de Vida, de Boileau ne valent pas leçons de Claude & de Messaline.
Il a assez compté sur sa piété, pour se livrer sans scrupule au milieu d’une foule de jeunes Demoiselles les plus aimables, leur apprendre ses vers, les exercer à la déclamation, leur inspirer, leur faire exprimer les mouvements les plus vifs et les plus tendres, leur donner les mêmes leçons qu’il avait données à la Chammelé sa maîtresse, sans rien craindre ni pour lui ni pour elles. […] Jérôme, aux intempérants à prêcher le jeûne, aux voleurs à exhorter au désintéressement, aux Actrices à donner des leçons de chasteté : « Delicatus magister es qui pleno ventre de jejuniis disputat, accusare avaritiam et latro potest. » Dieu a donné à son Eglise, dit S. […] Voyez cette Actrice ; elle rit, elle pleure, s’irrite, s’apaise ; tantôt les charmes de la douceur, bientôt les emportements de la colère, on la prend tour à tour pour une grande Princesse et pour une misérable soubrette ; c’est une prude qui fait des leçons de modestie, une Agnès, qu’un mot, un regard font rougir ; une coquette qui tend des pièges à tout le monde ; une effrontée qui se permet les paroles, les parures, les manières les plus licencieuses.
Ils y donnent des leçons de goût, de Philosophie, & d’une judicieuse littérature.
Vous étonnez-vous, si vos enfants pèchent contre ce qu’ils vous doivent de respect, s’ils des déshonorent vos familles par des mariages désavantageux, et par quelquechose de pis, quand vous les menez vous-même à cette leçon publique de désordres ?
Quelquefois des musiciens de Cathédrale en vont donner des leçons. […] Sans monter sur la Scène, ce sont des vraies actrices : il est juste que la gloire en revienne aux maîtresses dont elles prennent les leçons. […] Le vice ne peut souffrir les portraits qui le démasquent, ni les leçons qui en donnent horreur. […] Peut-être en croira-t-on un homme du métier, à qui l’expérience a appris à donner des leçons, & à qui la vérité & le zele sans doute les arrache ? […] Et pourquoi, comme les autres ordres de la Société, ne vous feriez-vous pas un devoir de concourir, du moins par les leçons du Théatre, à l’accomplissement d’un désir aussi respectable ?
Ce ne peut être que dans les forêts de l’Amérique, & ceux-là n’ont pas de théatre & ne sont pas en état d’en prendre les leçons. […] Quelles leçons d’honneur !
Dans le Cid on parle d’un parricide commis, en ces termes : « Enfin n’attendez pas de mon affection, Un lâche repentir d’une belle action, Je la ferais encore, si j’avais à la faire. » Et la Fille du Père assassiné, loue l’assassin, « Tu n’a fait le devoir que d’un homme de bien. » On y trouve des Leçons de vengeance d’un Père à son Fils : « Va contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs, ou tue. » Dans Polyeucte cette Pièce prétendue sainte, on voit une Fille qui parle d’un Amant que ses parents ne voulaient pas qu’elle épousât : « Il possédait mon cœur, mes désirs, ma pensée, Je ne lui cachais point combien j’étais blessée, Nous soupirions ensemble et pleurions nos malheurs, Mais au lieu d’espérance il n’avait que des pleurs. » On dit qu’on a combattu le faux dévot dans le Tartuffe ; cependant après qu’on a détrompé Orgon, on le fait ainsi parler contre tous les gens de bien : « C’en est fait, je renonce à tous ces gens de bien, J’en aurai désormais un horreur effroyable, Et m’en vais devenir pour eux pire qu’un diable. » Dans le Festin de Pierre, on expose les maximes les plus impies ; et le tonnerre qui écrase l’Impie, fait moins d’impression sur les méchants qui assistent à cette malheureuse Représentation, que les maximes détestables qu’on lui entend débiter, n’en font sur leurs esprits. […] » Voilà assez d’exemples pour faire voir combien les leçons du Théâtre sont funestes aux jeunes gens.
Dans le siècle suivant, saint Thomas a jugé les spectacles vicieux par le scandale qu’ils donnent, et par les leçons de cruauté et d’incontinence qu’on y reçoit30.
Jupiter, Mars, Venus ne sont que trop puissants sur les passions, pour réaliser leurs crimes, ce n’est que pour y accoutumer, & apprendre à les réaliser, qu’on y donne des leçons & des modeles, & qu’on les pare de tous les agrémens, de tout le fard, c’est-à dire de tous les traits les plus empoisonnés. […] Quoiqu’il en soit, ce sont certainement de fort mauvaises leçons à donner à des enfans. […] La jeunesse n’est-elle pas assez portée au vice, faut-il lui en donner des leçons, & les lui faire apprendre par méthode ?
Apelles & les grands peintres de l’antiquité lui en avoient donné l’exemple, & les Ecoles de Peintures donnent ces modestes leçons à leurs éleves. […] Plusieurs ont dit & plusieurs disent encore que les spectacles sont les meilleures leçons pour élever l’ame des jeunes gens, & la former ; par conséquent qu’il faut s’en reposer sur ses exercices par rapport aux sentimens. […] Les leçons qu’on donne à la jeunesse ne doivent être ni pompeuses, ni tumultueuses ; on ne s’attache qu’aux dehors qui frappent : ainsi la Comédie Françoise, qui quelquefois débite une bonne morale, ne fait aucune impression ; l’attention se partage entre les gestes & la déclamation, les habits, les visages, au lieu de se réunir toute vers les préceptes qu’on y débite.
Enfin peut-on prétendre de bonne foi que ce seroit pour prendre des leçons de sagesse, que tant de désœuvrés vont journellement courir aux spectacles, où peu attentifs à la Piece, nous les voyons perpétuellement voltiger autour d’une troupe de Syrenes, qui vivent du trafic de leurs charmes, & qui mettent tout en usage pour entraîner dans leurs pieges ceux dont elles ont irrité les desirs ? […] Un cœur vertueux a-t-il besoin de ces horribles leçons ?
Cette seconde partie est très-bien rendue, d’une très-bonne morale, touchante & édifiante, sur le modele du Livre de Tobie : elle peut être extrêmement utile dans toutes les familles, c’est une bonne leçon à ceux qui les composent. […] L’Evêque du Bellay (Leçons exemp.
Qui doute que les leçons d’un maître à danser, d’un maître de musique, du violon, du clavecin, etc., ne soient des œuvres serviles ? en est-il aucun qui aille donner ses leçons les jours de fête ?
n’est-ce pas là que s’allume une passion que la vue et les regards enflamment de plus en plus ; car chacun y voit de quoi il est capable, chacun approuve et désire de faire ce qu’il voit devant ses yeux, il n’y a personne qui ne sorte de là tout en feu ; je n’en excepte ni les enfants à qui on ne devrait pas donner ces leçons prématurées, ni les vieillards, que la seule bienséance devrait détourner de semblables désordres.
Beaucoup très certainement ignorent que telle est la base des principes qui leur ont été transmis et qui règlent leur conduite ; mais enfin il ne peut y en avoir d’autre, et c’est réellement parce que Charlemagne a proscrit quelques bateleurs du huitième siècle, qu’au dix-neuvième nous refusons d’invoquer la miséricorde divine, dans nos temple, en faveur de ceux qui ont consacré leur vie à charmer nos loisirs, en nous faisant entendre de beaux vers et de grandes leçons !
Que chez des Payens, des barbares, des scélérats, des enfans qui n’ont vu que des exemples & reçu des leçons de crimes, on puisse tenir ce langage ; mais que dans la religion Catholique, au milieu de Paris, dans un Couvent, parmi de gens de condition, une jeune fille qui a été élevée religieusement, a toujours vécu pieusement, tout-à-coup se livre à des fureurs dont elle n’a pas l’idée, & dont elle doit avoir horreur, c’est choquer gratuitement toutes les règles de la décence & de la vraisemblance. […] Tout cela est dans les mœurs Romaines, & présente des leçons de vertu bien différentes de Mélanie, où l’on ne voit que des crimes, sans vrai-semblance, & une mort détestable. […] Une telle Novice dans le monde, comme dans la religion, feroit la leçon aux Clélies & aux Astrées. […] L’amour est un grand maître ; dans une seule leçon il fait d’une Religieuse une grande maîtresse : son noviciat est court.
Il n’y a pas aparence que M. de Bussi-Rabutin, Évêque de Luçon, eût assez peu profité des leçons de son père, Académicien comme lui, dans ses instructions à ses enfans, qui sont entre les mains de tout le monde, pour mettre la couronne sur la tête d’un Comédien, lui qui condamne si sevérement le bal, les romans & la comédie. […] Il n’y eut plus de mœurs, dit Titelive, dès qu’ils préférerent les spectacles aux études, & les voix des Comédiens aux leçons des Philosophes : Vos enfans se forment aux danses Ioniennes, ils étudient l’art de séduire, ils achetent à grands frais les instrumens du luxe & la honte de la débauche : Motus Ionicos de tenere meditatur unque. […] Il s’enivre du plaisir d’être aimé, idée plus juste qu’il ne pense, puisque l’orgueil est une véritable ivresse dans le maître & dans le disciple, & n’est-il pas un délire dans celui qui s’égare jusqu’à en faire une leçon, & un mérite ? […] On ne peut excuser les Jeux Floraux qu’en disant qu’on a voulu faire la leçon à l’Académie Françoise, en proposant l’éloge d’un Savant qui valoit cent fois son Tabarin, ce qui cependant a causé le plus grand scandale.
N’écoutez plus la voix d’un Tyran qui vous aime Et veut vous faire part de son pouvoir suprême. » Les leçons qu’on donne aux Monarques ne valent pas mieux : « Tous les crimes d’Etat qu’on fait pour la Couronne, Le ciel nous en absout alors qu’il nous la donne, Et dans le sacré rang où la faveur l’a mis, Le passé devient juste, et l’avenir permis. […] Sont-ce là des leçons qui forment des sujets fidèles ? […] Sont-ce là des leçons et des exemples à mettre sous les yeux du public ? […] Et je serai toujours persuadé que si on a dû supprimer les livres des Casuistes qui enseignent cette doctrine, on doit, à plus forte raison, abolir un spectacle où on en donne publiquement des leçons.
L’Auteur a ramassé tout ce qu’il a pu découvrir de galanteries, & les a détaillées pour faire voir le caractere & la corruption des femmes du monde, & donner d’utile leçons à ceux qui s’y engagent sans défiance. […] Au milieu de l’esprit du monde qui regne dans cet ouvrage, on voit de grandes vérités & de sages leçons sur les mœurs, confirmées par l’expérience ; il la doit à ses malheurs qui le font rentrer en lui-même, & arracher le voile que la passion a mis sur ses yeux.
C’est un tissu d’obscénités depuis le commencement jusqu’à la fin (dont on donne des leçons aux femmes). […] On ne sauroit leur donner de plus mauvaises leçons que ses tragédies.
nous admirons vos leçons ; & nous n’attendons, pour les suivre, que de voir comment vous les pratiquez vous-même ; si vous êtes réellement ce que vous vous efforcez de paroître ; si vos imitations n’ont pas le troisiéme rang, mais le second après la vérité, voyons en vous le modèle que vous nous peignez dans vos ouvrages ; montrez-nous le Capitaine, le Législateur & le Sage, dont vous nous offrez si hardiment le portrait. […] Ainsi l’égalité, la force, la constance, l’amour de la justice, l’empire de la raison, deviennent insensiblement des qualités haïssables, des vices que l’on décrie ; les hommes se font honorer par tout ce qui les rend dignes de mépris ; & ce renversement des saines opinions est l’infaillible effet des leçons qu’on va prendre au Théâtre.
Il fournit des leçons à la Morale ; enfin il participe à la politique & au gouvernement de l’Etat.
Il nous importe enfin, d’apprendre toujours par leurs leçons et par leur exemple, que la douceur et l’humanité sont aussi les vertus du Chrétien. […] Précisément ce qu’il voudrait trouver partout ; des leçons de vertu pour le public dont il s’excepte, et des gens immolant tout à leur devoir, tandis qu’on n’exige rien de lui. […] Les quatre premiers Actes subsisteraient à peu près tels qu’ils sont, et cependant on en tirerait une leçon directement contraire. […] Voilà donc, assurément des leçons très énergiques. […] Il est sûr que des Pièces tirées comme celles des Grecs des malheurs passés de la patrie, ou des défauts présents du peuple, pourraient offrir aux spectateurs des leçons utiles.
On dit même, qu’il a mal profité des leçons de son maitre, dans le point le plus essentiel ; il est moins sage que lui, quoique fort supérieur, plus véhément, plus tragique, & ayant pénétré plus loin. […] Le théatre lui-même donne de pareilles leçons.
Tous les deux conviennent que l’Opéra n’est qu’une leçon de volupté, dont les ames les plus pures ne peuvent se défendre. […] La moitié des Tragédies est un tissu d’invectives contre les puissances, & de leçons d’ambition & d’orgueil.
C’est un professeur qui analyse la science de l’amour, en donne des leçons, forme des élèves, en fait de grands maîtres. […] Tout cela peut être bon, donner des leçons utiles, être aisément saisi & joliment exécuté, pourvu qu’on n’y glisse pas de la galanterie & de la licence ; mais le théatre peut-il s’en passer ?
M. de Champfort ne trouvera pas mauvais que la balance penche en faveur de ces grands hommes, & qu’on ne regarde pas comme un grand Philosophe celui qui donne des leçons pernicieuses aux mœurs, un Auteur dont les ouvrages sont pleins d’impiétés & d’infamies, où la vertu est toujours ridicule, la corruption excusée, la pudeur toujours offensée. […] Cette écorce de pudeur, ce fard de retenue n’en rend que plus redoutables les leçons de péché.
A cinquante ans il apprend à lire, il apprend la Philosophie, il apprend à tirer des Armes, il apprend à chanter, il s’habille comme les grands Seigneurs à ce qu’il croit, il a la sotte vanité de penser de lui qu’il est un habile homme en tout dès la première leçon, au point de vouloir déjà montrer aux autres, et cela me fait bien rire. » Vous avez raison de rire, tout cela est en effet très ridicule, mais si l’on n’a pas de plus grands reproches à faire à M. […] qu’une femme Demoiselle est une étrange affaire, et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les Paysans qui veulent s’élever au-dessus de leur condition, et s’allier, comme j’ai fait, à la maison d’un Gentilhomme etc. »cp Avouez donc Monsieur que, si vous eussiez porté de meilleurs yeux, ou plus de bonne volonté pour l’Auteur à la représentation de cette pièce, vous auriez mieux senti son objet, qui était d’avertir tous les roturiers opulents que leur richesse et leur vanité ne doivent pas les faire aspirer à des alliances nobles, s’ils ne veulent s’exposer aux mêmes chagrins que le pauvre George Dandin.
Ce n’est que peu à peu, à mesure que l’esprit de frivolité et le goût du vice ont pris le dessus, qu’on a souffert, après bien des oppositions des voisins, et des gens de bien, que la folie et le scandale eussent des établissements fixes et des maisons publiques, où tout le monde fût reçu et invité à en aller prendre des leçons et voir des exemples. […] Je ne sais si l’on peut plus vivement et plus ingénieusement peindre et le mérite personnel de Roscius et la bassesse de sa profession : « Cum Roscius artifex hujusmodi sit, et solus dignus videatur qui in scena spectetur, tunc hujusmodi vir probus, ut solus dignus videatur qui eo non accedat. » Je ne puis m’empêcher de rire quand j’entends l’éloge de la comédie sur les leçons de morale qu’elle débite et les exemples de vertu qu’elle donne.
Descartes interrompit ses leçons & ses méditations, & eut la foiblesse de composer un drame, il ne réussit pas sans doute, il devoit s’y attendre, il voulut la brûler, M. […] C’étoit un phénomène fort singulier, & comme une aurore boréale dans un climat & dans un siècle fort peu éclairé, qu’une jeune Reine des Goths fit cas de la science, se piquât d’être savante, & sut en effet quelque chose au milieu des neiges du pole ; les annales de la Suède n’offroient rien de pareil depuis le déluge, il en coûta cher à Descartes que cette Princesse voulut apprendre la philosophie des tourbillons, elle voulut très-gothiquement recevoir ses leçons à cinq heures du matin ; où le froid se fait vivement sentir. […] Descartes accoutumé à des climats plus doux, & à des leçons plus chaudes, mourut de froid, six mois après.
Ces sentimens, ces cantiques ne sont pas des leçons de vertu. […] Ce tableau trop vrai est-il encore une leçon de vertu ? […] C’est une exagération plus qu’oratoire, de mettre l’ame entiere de la nation aux pieds du théatre y prenant des leçons d’héroïsme.
C’est en quoi consiste l’avantage qu’on lui donne sur tous les Comiques modernes, sur ceux de l’ancienne Rome, & sur ceux même de la Grece : de sorte que s’il se fût contenté de suivre les intentions de Mr. le Cardinal de Richelieu, qui avoit dessein de purifier la Comédie, & de ne faire faire sur le Théâtre que des leçons de Vertus Morales, comme on veut nous le persuader, nous n’aurions peut-être pas tant de précautions à prendre pour la lecture de ses Ouvrages.
Cette maxime leur enseigne à semer quelques fleurs sur le chemin de la sagesse & de la vertu, dans lequel ils veulent les faire marcher : cette maxime condamne ces maîtres durs & impérieux, qui dégoûtent de faire le bien par la maniere dont ils le dépeignent, & qui semblent avoir moins à cœur d’inculquer dans l’esprit de leurs Disciples les divines leçons de la sagesse, que de leur prouver qu’ils sont eux-mêmes des sages par excellence.
Vous m’allez demander peut-être qui l’a donc si fort ruiné : je ne crois pas que le Docteur Molière y ait perdu ses soins ; il a par ses belles leçons mis les maris sur un certain pied de commodité, qu’ils sont les premiers à faire les honneurs de leurs femmes, quand elles-mêmes n’ont pas la charité de leur en épargner le soin : voilà peut-être un des endroits où Molière a le mieux réussi, et sur lequel sa morale a fait le plus de progrès ; car je crois que c’est sur Molière que vous voulez faire tomber toutes ces belles œuvres que la Comédie a faites.
, je quite & j’abandonne derechef ce monde ; pour nous apprendre qu’il a abandonné deux fois le monde ; la premiere fois à sa naissance ; & la seconde fois à sa mort ; dés le moment de sa naissance il commença de quiter le monde en se separant de luy, de ses maximes & de ses coûtumes, par la saintete de sa vie, & par un dégagement de cœur & d’affection, & iterum relinquo, & à sa mort il se separa tout à fait de luy, de sa presence visible & corporelle, & par un abandon de cœur & d’esprit ; & afin d’inspirer son esprit à ses Apôtres & à ses élûs, & les obliger à suivre son exemple, voicy la belle leçon qu’il leur fit avant que de mourir. […] Ainsi le service divin est abandonné, la Religion est deshonorée, les Sacremens sont profanés, il faut que Dieu sorte d’une ville, si-tôt que les Comediens y seront entrés, & il faudra desormais fermer toutes les Eglises où l’on celebre nos mysteres, & toutes les écoles où on enseigne la vertu, sitôt qu’on ouvrira la sale de la comedie, parce qu’elle est, privatum consistorium impudicitiæ , le serrail privé où l’on donne des leçons du crime, & la Synagogue du diable où on celebre des mysteres d’iniquité. […] quoy, faut-il que je vous appelle à l’école des Payens pour vous y faire des leçons de vertu & de sagesse. […] Voilà, M. les exemples que les Payens nous ont donnez ; voilà les leçons de pieté & de religion qu’ils nous ont laissez ; jugez aprés cela si je n’ay pas sujet de m’emporter avec Tertullien, & de m’en prendre à toutes les puissances de la terre comme il a fait, voyant la comedie tolerée dans le monde au prejudice de la religion.
Après avoir fait éclater son zèle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matière les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des mœurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Après avoir fait éclater son zéle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matiére les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des moeurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Il parle encore d’un philosophe qui se vantait que personne ne sortait chaste de sa leçon ; jugez de son crime par son insolence à le publier et si nous ne punirions pas plus rigoureusement que ceux qu’il nous cite un coupable qui se vanterait d’un tel crime.
« Le luxe, dit Mézerai, qui cherchait partout des divertissements, appela du fond de l’Italie une bande de comédiens dont les pièces, toutes d’intrigues, d’amourettes et d’inventions agréables pour exciter et chatouiller les douces passions, étaient de pernicieuses leçons d’impudicité.
Elle quitte, en atteignant la coulisse, la morale du théâtre, aussi bien que la dignité ; et, s’il était vrai qu’on prît quelquefois des leçons de vertu sur la scène, on va bien vite les oublier dans les foyers.
telles sont les leçons du Théâtre. […] Lorsque vous sortez du Spectacle, dit Saint Chrysostome, et que vous revenez dans vos maisons, brûlant du feu de cette concupiscence que le Théâtre a allumé dans vos veines, vous méprisez une femme sage et modeste, et vous n’êtes remplis que des airs lascifs que vous avez entendus : que des visages immodestes que vous avez vus ; que des leçons de vanité qu’on vous a données.
Il y a plus de sûreté à recevoir des leçons qu’à vouloir en donner23. […] Ce ne sont point des leçons seches qui sentent l’autorité d’une mere ; ce sont des avis que vous donne une amie, & qui partent du cœur. […] Les meilleures Pieces peuvent bien donner quelques leçons de vertu ; mais elles laissent en même temps l’impression de quelque vice. […] Voilà donc des leçons très-énergiques. […] Et ne sont-ce pas les premieres leçons que l’on donne aux enfans, avant même qu’ils sçachent lire » ?
N’est-ce pas aussi une leçon qui montre aux jeunes Auteurs non-seulement qu’un usage trop fréquent des billets dans les Tragédies, en affoiblit les effets ; mais encore, que les Scènes touchantes qu’ils produisent, sont presque toujours achetées aux dépens de la vérité de l’action tragique ?
Les leçons de morale y sont d’ordinaire d’un froid à glacer l’auditeur, il ne se plaît que dans l’intrigue, qu’à voir surmonter par des personnes passionnées, l’une pour l’autre les divers obstacles qu’oppose la prudence de ceux qui ont autorité sur elles, dans les larmes qu’ils versent lorsqu’ils sont forcés de se séparer.
Livre III, Leçon X LA COMEDIENNE CONVERTIE.
Lisez les premières vous y trouverez des leçons de volupté et de débauche ; parcourez les secondes, vous y verrez le vice flétri et la vertu exaltée.
Ainsi auraient répondu avec confiance ces premiers Chrétiens, à qui on n’avait rien à reprocher, si ce n’est qu’ils ne paraissaient jamais dans le cirque, qu’ils fuyaient le théâtre, et les spectacles publics ; qu’on ne les voyait, ni couronnés de fleurs, ni vêtus de pourpre ; qu’une modestie inaltérable régnait dans tous les états ; qu’ils ne connaissaient point dans les âges, de saisons de plaisirs ; que leurs divertissements toujours honnêtes et toujours purs, étaient autant de leçons de vertus et de bienséance, et qu’en tout temps ils étaient Chrétiens.
[NDE] Boyer transcrit « eschionneux » mais le Ms 2427 donne la leçon « eschionnez ».
La Cour étoit une académie de galanterie, on y en donnoit des leçons ainsi que de tous les arts agréables. […] On sent combien le défit de faire sa cour, l’espérance d’une brillante fortune, l’air & les maximes, & l’exemple du grand monde, l’élévation de ceux dont on leur ordonnoit de faire la conquête, le penchant de la nature, la foiblesse du sexe, des passions naissantes & bien cultivées, le désir de plaire, & la coquetterie naturelle à toutes les femmes devoient faire écouter ces écolieres avec avidité, & goûter avec plaisir des leçons si agréables, & faire les plus grands progres dans leur art. […] Cette fille d’honneur mourut bientôt après, & fit une fin digne des leçons qu’on lui avoit données.
L’école des meres, des filles, des garçons, des jaloux, semblent promettre de sages leçons sur le mariage.
Ce sont de pareilles leçons qu’on donne dans les Comedies, où l’on ne remplit que de mauvaises choses l’imagination des spectateurs.
On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.