Mercure vient au bruit du tonnerre annoncer à un pauvre Bucheron, de la part de Jupiter, qu’il ne tient qu’à lui d’être heureux.
Monsieur , malgré ses défauts, il est encore le seul homme capable de rendre Ursule heureuse.
Mademoiselle De Liane se liera mardi par des nœuds éternels : puissent-ils être heureux !
Vous êtes le plus heureux mortel, interrompt-elle, si votre bonheur dépend de ce retour. […] N’importe, le succès a passé son espérance ; il revient avec toutes les rançons, & dit à Orosmane : Mais graces à mes soins, quand leur chaîne est brisée, A t’en payer le prix, ma fortune épuisée ; Je ne le cèle pas, m’ôte l’espoir heureux, De faire ici pour moi, ce que j’ai fait pour eux.
C’est ordinairement le dénouement légitime de toutes leurs intrigues, l’heureux terme des artifices des auteurs & des acteurs, la récompense & le couronnement de deux amants. […] Les empereurs chrétiens ne furent ni plus indulgents, ni plus heureux.
ce fidelle qui imite la candeur & la bonne foi des premiers Chrétiens, qui marche sur leurs traces : un homme qui n’est vigilant que pour empêcher que le vice n’entre dans son ame, qui n’est juste que pour abandonner lui-même ses droits temporels & soûtenir ceux de ses Freres, qui n’est puissant, grand, élevé en autorité que pour défendre ceux qui ont besoin de son appui, & proteger le foible & l’innocent : heureux que pour combler les pauvres de ses bien-faits : sincere qui n’entretient pas le vice en le dissimulant : désinteresse qui ne trahit pas son ministere pour un vil interêt : charitable qui ne fait pas ses largesses du bien d’autrui ; mais qui fait de son bien propre le patrimoine de l’indigent : patient qui ne murmure pas contre la main Toute-puissante qui le frappe, & qui pardonne une injure si-tôt qu’il l’a reçuë : doux & affable au milieu de l’éclat & de la pompe qui l’environne, pénitent dans la prosperité comme dans l’adversité, joïeux dans les maux comme dans les biens. […] Je vous adorerai dans la sincerité de mon cœur : je tournerai vers vous seul tout mon culte : on traittera de foiblesse ma devotion & ma pieté ; mais heureuse foiblesse qui me donnera la force de resister aux attaques de Satan, & de ne me pas laisser surprendre aux vains charmes de la seduisante Babilone ; & comme j’espere en vous seul, je veux n’adorer & ne servir que vous.
Saint Jerome au milieu de la Terre Sainte, où tout inspira de la pieté, sentit toute la peine du monde pour se recueillir ; & il avoue lui même, que l’importune imagination emporta souvent son esprit au milieu des divertissemens de Rome : & cette personne, plus heureuse que saint Jerome, ne souffre rien, quoi qu’elle se trouve présente à ce dangereux divertissement : quand elle veut prier le soir, elle sçait faire revénir, & se fixer l’imagination pour l’attacher à Dieu, laquelle n’étoit occupée, il y a peu d’heures, que de tout ce qui flattoit les sens. Je vous avouë ingenument, Madame, que je n’ai pas eu jusqu’ici le bonheur de rencontrer un caractére si heureux, & une ame aussi extraordinairement favorisée du ciel. […] « quiconque cherche le péril, y perira », & qu’on y ajoute le sentiment de tous les Docteurs, que de rechercher une occasion où l’on commet ordinairement le crime, c’est être dans le dessein de le commettre : & quelle sera la personne si heureuse, pour qui ces spectacles ne sont pas des pechés, & des pêchés griefs, & des pechés dignes de la reprobation éternelle ?
L’autorité s’est abusée cruellement en perdant de vue que les souverains ne parviendront jamais à perfectionner l’art de bien gouverner, si ce n’est en faisant triompher la saine morale, et en instruisant les peuples pour les rendre plus heureux. […] Les mauvais prêtres n’ignorent donc pas que la servitude et le manque d’instruction avilissent les hommes, abrutissent les peuples et les rendent tous malheureux : tandis qu’au contraire, la science, la raison, le bon sens et la liberté tempérée par les lois, corrigent nécessairement la nature humaine et rendent meilleures et plus heureuses toutes les classes de la société. […] C’est cet heureux accord d’intérêts qui a toujours produit cet ascendant inconcevable dont les prêtres abusèrent en tout temps.
Heureux siècle, où l’on respectait le grand précepte de la sanctification du sabbat, et où les autres jours même il fallait user de violence pour forcer les Chrétiens de paraître à la comédie ! Cet heureux temps n’est plus, les Acteurs et les amateurs connaissent-ils des temps consacrés au service de Dieu ? […] C’étaient, dit-il, des jours destinés à célébrer la régénération des fidèles dans le baptême, et l’heureux établissement du christianisme par la descente du Saint Esprit, pendant lesquels les nouveaux baptisés sont revêtus de blanc pour célébrer leur naissance spirituelle.
que sont-ils devenus, ces tems heureux, si proches encore !
Heureux est celui qui n’est pas allé à l’assemblée des méchants, et qui ne s’est pas arrêté dans la voie des pécheurs, d’où il tire cette conséquence, que celui là est donc malheureux qui va à ces assemblées.
Car les amours les plus irréguliers sont toujours heureux à la fin par le mariage.
Sous quelque rapport qu’on l’envisage, il demeure prouvé qu’il n’y aurait pas de prodige plus étonnant que les heureux résultats de cette méthode de correction. […] Elle aurait encore l’effet salutaire de pouvoir peu à peu s’étendre à la foule immorale des particuliers inattaquables autrement, des parasites et làches complaisants qui flattent les vices, qui fréquentent et caressent les fripons heureux qu’ils encouragent, dont ils soutiennent l’impudence, par qui le crime est sciemment plus honoré, mieux défendu que l’innocence même. […] Cet éloignement, ce mépris des heureux scélérats, ou cette indirecte et irrépréhensible censure des chefs de file des vices et des honteuses industries, si elle pouvait être ramenée par ce moyen, avec la maxime oubliée, dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es, deviendrait un des plus puissants ressorts de l’amélioration. Les premières attaques publiques, en réparation de la sorte de calomniés que les auteurs commettraient parfois ainsi, loin d’alarmer, devront faire présager une heureuse révolution.
La jeune d’Aubigné fut trop heureuse d’épouser Scarron, vieux débauché, bouffon, perclus, Cudejatte qui voulut bien la prendre, il n’étoit rien moins qu’un maître & un modèle de vertu : Je lui apprendrai bien des sottises , disoit-il, après la mort de cet homme burlesque ; ne sachant que devenir, elle fut reçue quelque temps chez Ninon Lenclos, la plus fameuse courtisanne à qui elle plut, & avec qui elle vécut si familièrement qu’elles couchoient ensemble ; ce qui n’étoit rien moins encore qu’une école de vertu : enfin la veuve Scarron entra comme une espèce de femme de chambre chez Madame de Montespan, autre modèle de vertu dont elle devint la confidente, la commissionnaire auprès de Louis XIV, & enfin la Gouvernante de ses enfans naturels, dont l’éducation lui fut confiée ; elle s’acquitta si parfaitement de tous ces emplois, qu’elle plût au Roi, supplanta sa maîtresse, la fit retirer de la Cour, & devint femme du Prince, le rendit pieux, & lui fit fonder la fameuse Maison de St. […] Un Régiment heureux & courageux avoit emporté, l’épée à la main, le Fort de la Cassotte, d’où les Gardes Françoises avoient été deux fois repoussées ; le Roi fut si content de cette prise importante qui facilitoit celle de la Ville, qu’il y envoya des rafraîchissemens aux Officiers & aux Soldats, qu’il y alla lui-même avec la Cour les louer de leur valeur & de leur victoire, & les remercier de leur zèle, il vousut bien employer ces termes ; Madame de Maintenon y vint ensuite avec toutes les Dames : nouveaux éloges, nouveaux remerîmens de la bouche des grâces ; on visite les brêches, les fortifications, les tentes ; on combla de caresses tous les Officiers. […] Chacun de ces grands Artistes donna son dessein & s’épuisa pour tracer le plus beau ; on cherche avec le plus grand soin dans quel heureux quartier on pourroit le construire, chacun choisit, selon son goût, le spectacle, se promena dans tout Paris, chaque quartier plaida pour être enrichi de ce chef-d’œuvre. […] Le Cardinal Mazarin disoit à Dom Louis de Haro, Ministre d’Espagne : vous êtes heureux, vous avez en Espagne deux sortes de femmes, des coquettes en abondance qui ne songent qu’à plaire à leurs galans, & n’écrivent que des poulets ; quelques femmes de bien attachées à leurs maris & à leurs familles, toutes sont sans ambition, n’aiment que le luxe & la vanité. […] Les Duchesses de Longueville & de Chevreuse, la Princesse Palatine seroient capables de renverser dix États ; il est vrai, répondit le Ministre Espagnol, que je suis fort heureux que les femmes ne se mêlent point eu Esp gne des affaires d’État, elles y gâteroient tout, comme elles font en France ; c’est une des raisons pour lesquelles on les tient si enfermées, la raison d’État y a autant de part que la jalousie.
Dès que les bals sont pour le profit des pauvres , ont-ils dit, nous serons trop heureux de pouvoir faire ce brin de charité. […] Auguste fut un monstre heureux : ses dernieres annés, las enfin de tant d’horreurs, il vêcut & mourut en paix. […] Il avoit une oreille & une mémoire musicale si heureuse, qu’après avoir entendu un motet, un opéra, un concert, il alloit chez lui l’écrire, & ne manquoit gueres de le faire fidellement, comme ceux qui retiennent un sermon en l’entendant, & vont l’écrire. […] A cette idée heureuse, sublime, divine, il ne se sent pas d’aise ; il va, il vient, se leve, s’assit & trace avec transport le plan de ce drame merveilleux à l’honneur du dieu Voltaire. […] Ce qu’ils appellent un joli conte, une jolie piece, une heureuse découverte : il n’y a que le vice qui puisse souscrire à ces beaux titres.
Elles y sont heureuses, y vivent, y meurent saintement. […] Le tissu du Roman est plus raisonnable ; la fille est long-temps amoureuse, souvent visitée de son amant, leur passion devient plus vive ; son frere lui parle honnêtement & généreusement, quoiqu’en l’exhortant à perséverer dans un parti plus saint & plus heureux que les établissemens du monde. […] Dieu, à qui l’on doit tout, est trop heureux qu’on daigne lui accorder ce qui n’est plus bon à rien. […] Elle préfére son honneur à sa vie, comme Lucrece ; mais plus heureuse que Lucrece, elle prévient par sa mort un crime que Lucrece ne sit qu’expier. […] La partie littéraire est moins défectueuse ; il y a de beaux vers, des portraits bien dessinés, des tours heureux, des tirades éloquentes.
Les suites de ces éloges n’ont pas été heureuses. […] Tout l’Olympe, qui fait les frais du panégyrique, est trop heureux d’orner la couronne de Moliere. […] Fenelon se croit heureux, & l’accepte avec transport. […] Ses innombrables antitheses ne sont pas heureuses, la plûpart des ridicules du temps de Moliere sont passés ; les Medecins, les Marquis, les Precieuses, les Agnez, Pourceaugnac, &c. […] Par exemple, qu’un Apothicaire vienne avec sa seringue donner un lavement sur le théatre, dans cette bouffonnerie platte & dégoûtante le docte Commentateur trouve quelque chose d’ingénieux & de noble qui amene le dénouement le plus heureux.
Vertus infortunées, crimes heureux, on ne vous lit que trop dans les Fastes de toutes les Nations. […] La Scéne au contraire (semblable à la peinture qui entend le ton des couleurs & l’heureux mêlange du clair & de l’obscur) fait dans la même action le contraste interessant du vice & de la vertu. […] Heureux d’avoir été moins propre à traiter des sujets d’un caractere tout oppose ! […] Vous sçavez, Messieurs, l’issuë d’une si brillante Victoire : cette heureuse audace produisit une foule d’imitateurs. […] C’est pour cette fin qu’Apollon vous accorde des Vers si heureux, si aisés, si dociles à la Lyre.
Cette déclaration ingénieuse, tendre, écoutée, heureuse, leur trace la route qu’ils cherchent, les flatte du même succès. […] L’amour au Théâtre est toujours heureux, du moins dans les Comédies ; il y est peint comme un sentiment naturel, souvent comme une vertu. […] Il pourrait naître encore une infinité de sujets des événements, comme l’heureux Retour. […] Il en est de même des traits de Turpilius qu’il aura employés ; il peut s’être trouvé dans les Pièces de ce Poète des expressions heureuses, qui pouvaient trouver place ailleurs sans conséquence : saint Jérôme s’en sera servi. […] On les voit si tendres, si passionnées, qu’on désire être l’objet heureux de tant de sensibilité, de réaliser des fictions si charmantes, et de goûter des plaisirs si bien assaisonnés.
Son sort a été plus heureux en province ; les Entrepreneurs des spectacles, en relation avec toute la nation dramatique, ne douterent pas qu’il ne fût très-bien accueilli & très-lucratif, puisqu’il méritoit l’improbation des Censeurs. […] Votre heureuse innocence Le peint d’après l’erreur qui suit toujours l’enfance. La sainteté de cet état n’est donc qu’une illusion, une erreur : le monde est bien plus heureux & plus saint, l’empire des passions est bien plus désirable.
Cette pointe est heureuse d’être ancienne. […] Votre fils n’aimera que les choses qui pourront lui servir à remplir 1es devoirs de son état, et à devenir solidement heureux.
De plus grands intérêts, de plus beaux sentiments N’excitent dans l’esprit que d’heureux mouvements.
Dites-moi, que veut un Corneille dans son Cid, sinon qu’on aime Chimène, qu’on l’adore avec Rodrigue, qu’on tremble avec lui, lorsqu’il est dans la crainte de la perdre, et qu’avec lui on s’estime heureux lorsqu’il espère de la posséder ?
O vous, qui gouvernez au grè du spectateur, Les jeux de Terpsicore & ceux de Polimnie, Les pleurs de Melpomene & les ris de Thalie, Lequel de ces plaisirs pourroit, selon mes vœux, Contribuer le plus à faire des heureux ; Tourner vers le spectacle enchanteur & magique, Où l’optique, la danse & l’art de la musique, De ces plaisirs divers ne forment qu’un plaisir. […] Heureux sont les Plaideurs, Dont le sort dépendra de pareils Rapporteurs. […] Depuis cet heureux moment il n’est plus connu à Berlin.
Il avoit de l’esprit ; on trouve quelquefois des vers heureux, des scenes bien dialoguées, des intrigues ingénieusement développées ; de l’invention dans quelques plans, en géméral, un style lâche, diffus, dur, prosaïque, plein de lieux communs, point d’élévation, de force, de coloris. […] On le menaça, on le maltraita, il fut heureux de n’être qu’un enfant, il eût risqué pour sa vie. […] On ne peut sans horreur lire les Philippiques ; mais les Epitres dédicatoires, qui avancent que la Regence de ce Prince fut toujours paisible & heureuse, qu’il réunit toutes les Puissances de l’Europe, trouveront-elles quelque créance quand on se souviendra de la guerre d’Espagne, des entreprises d’Alberoni, du systeme des billets de banque, des troubles de la Constitution du proces des Princes legitimés, de l’exil du Parlement de Paris ?
L’habile Auteur qui a fait ces belles découvertes sur les saveurs n’a pas été moins heureux pour les odeurs, il a trouvé leur proportion & leur analogie ; il a composé l’échelle ou la gamme odorante, l’odeur de rose répond à l’ut, le jasmin au mi, la tubereuse au sol, & leur accord forme une harmonie délicieuse. […] Ces profusions impossibles dans nos climats ne sont ni difficiles ni extraordinaires dans toute l’Asie ; depuis la Palestine jusqu’à la Chine il y a des cantons comme une partie de l’Arabie qui en a pris le nom d’heureuse où tout est parfumé & aromaté. […] 5.° La célèbre Judith dont la bonne intention & l’heureux succès peuvent seuls faire excuser ses démarches, employa cet artifice pour séduire Holopherne ; elle prit ses plus beaux habits, ses plus riches pierreries, mais sur-tout elle se baigna soigneusement, & s’oignit tout le corps d’un parfum exquis, lavit corpus suum & unxit se myrrho optimo .
Rien de plus légitime, que le gain que fait un Artiste intelligent, inventeur d’un ouvrage au-dessus des vues communes ; & rien de plus naturel que la curiosité de l’homme qui cherche à s’instruire, à acquérir de nouvelles lumières : la vue d’une machine quelconque, inutile en elle-même, a souvent fait naître les idées les plus heureuses pour les commodités de la vie. […] Heureux Peuple, qui pour s’amuser, n’a plus besoin ni des Arts, ni des Talens, ni même de la Musique, pour laquelle on croit qu’il se passionne ; mais qui se contente du spectacle tout pur de ses ridicules ! […] PRÉVILLE, début en 1753 : Il plaît toujours ; ses fautes même sont d’heureuses négligences, que le Public ne voit que du bon côté.
Andromaque, Iphigénie, Bérénice, ne firent jamais un bon mari, un bon père, un bon maître ; trop heureux, s'ils ne le rendent infidèle, dur, intraitable, prodigue, et ne font détester leurs héroïques transports ! […] L'Orateur Chrétien se trouve heureux, s'il inspire ces sentiments à ses auditeurs. […] Tout n'est pas aussi heureux que Mithridate, qui se rendit inaccessible au poison à force d'en prendre, et peu de gens voudraient en faire l'essai.
Thespis fut le premier qui, barbouillé de lie, Promena par les Bourgs cette heureuse folie, Et d’Acteurs mal ornés chargeant un tombereau, Amusa les passans d’un spectacle nouveau. […] Elle excite en nous les passions ; c’est-à-dire, qu’elle arrose des plantes qu’il faudroit laisser sécher ; elle donne le commandement à ce qui ne devroit qu’obéir : elle met ce qui nous rend malheureux & vicieux à la place de ce qui seul peut nous rendre heureux & meilleurs. […] La bonne Comédie n’y fut pas plus heureuse. […] Ces conditions étoient pour le commun des spectateurs ; mais pour les gens d’esprit, ils recherchoient soit une ressemblance parfaite de la Piece avec l’état actuel de la Grece entiere, soit d’heureuses allusions tantôt aux circonstances particulieres du temps où ils écrivoient, tantôt à eux-mêmes. […] Il avoit été le Gouverneur de M. le Président Le Peletier de Saint Fargeau ; plante heureuse qui lui fut confiée, & sur laquelle il n’eut pas beaucoup d’efforts à faire pour développer toutes les qualités dont elle étoit douée, & qui en ont formé un Magistrat éclairé, vertueux & integre.
Pour nous, pauvres François, tout enveloppés que nous sommes dans la matière, la jouissance de nos plaisirs théatraux, jointe à votre ascendant naturel, Dames Françoises, ne servira jamais qu’à faire de nous des heureux à bonne fortune, que vous croirez vous-mêmes avoir un droit acquis sur la plus belle portion de votre appanage. […] Un dernier coup ne peut être qu’un coup de grace & de faveur, dont les heureux effets seront bientôt sensibles. […] Pardon, Génie heureux & bienfaisant, si la crainte (pag. 264.) […] caracteres propres à vous priver de nos plaisirs, que nous ne vous voyons pas partager avec nous, & à saisir sans nous les pratiques austères de la dévotion , que vous êtes heureux ! […] O temps heureux, où ne faisant plus de nous ni les uns ni les autres, un peuple de prévaricateurs, nous dirons : qu’ils restent au milieu de nous ces hommes de Lettres & ces hommes de Théâtres, les uns si propres (p. 13.)
La Suivante demeure avec ce Frère, dont le personnage est tout à fait heureux dans cette occasion, pour faire rapporter avec vraisemblance et bienséance à un homme qui n’est pas de la maison, quoique intéressé pour sa sœur dans tout ce qui s’y passe, de quelle manière Monsieur Panulphe y est traité. […] » La Suivante revient d’abord à l’incommodité de sa Maîtresse, par trois fois est interrompue de même, répond de même, et revient de même, ce qui est la manière du monde la plus heureuse et la plus naturelle de produire un caractère aussi outré que celui de ce bon Seigneur, qui paraît de cette sorte d’abord dans le plus haut degré de son entêtement : ce qui est nécessaire, afin que le changement qui se fera dans lui quand il sera désabusé (qui est proprement le sujet de la pièce) paraisse d’autant plus merveilleux au Spectateur. […] Cela semble affecté, non nécessaire et hors de propos à quelques-uns ; mais d’autres disent que, quoique ces deux hommes aient à parler ensemble d’autre chose de conséquence, pourtant la constitution de cette pièce est si heureuse, que l’Hypocrite étant cause directement ou indirectement de tout ce qui s’y passe, on ne saurait parler de lui qu’à propos : qu’ainsi ne soit, ayant fait entendre aux Spectateurs, dans la scène précédente, que Panulphe gouverne absolument l’homme dont est question, il est fort naturel que son Beau-frère prenne une occasion aussi favorable que celle-ci pour lui reprocher l’extravagante estime qu’il a pour ce Cagot, qu’on croit être cause de la méchante disposition d’esprit où est le bonhomme touchant le mariage dont il s’agit, comme je l’ai déjà dit. […] Il me semble que si dans tout le reste de la pièce l’Auteur a égalé tous les anciens, et surpassé tous les modernes, on peut dire que dans ce dénouement il s’est surpassé lui-même, n’y ayant rien de plus grand, de plus magnifique et de plus merveilleux, et cependant rien de plus naturel, de plus heureux et de plus juste, puisqu’on peut dire, que s’il était permis d’oser faire le caractère de l’âme de notre grand Monarque, ce serait sans doute dans cette plénitude de lumière, cette prodigieuse pénétration d’esprit, et ce discernement merveilleux de toutes choses, qu’on le ferait consister ; tant il est vrai, s’écrient ici ces Messieurs dont j’ai pris à tâche de vous rapporter les sentiments, tant il est vrai, disent-ils, que le Prince est digne du Poète, comme le Poète est digne du Prince. […] Que si la corruption qui s’est glissée dans les mœurs depuis ce temps heureux, a passé jusqu’au Théâtre et l’a rendu aussi profane qu’il devait être sacré ; pourquoi, si nous sommes assez heureux pour que le Ciel ait fait naître dans nos temps quelque génie capable de lui rendre sa première sainteté, pourquoi l’empêcherons-nous, et ne permettrons-nous pas une chose que nous procurerions avec ardeur, si la charité régnait dans nos âmes, et s’il n’y avait pas tant de besoin qu’il y en a aujourd’hui parmi nous, de décrier l’hypocrisie, et de prêcher la véritable dévotion ?
C’est pourquoi Jésus dit, « bien heureux sont ceux qui pleurent, car ils seront consolez ».
Trop heureux d’essuyer leur censure à ce prix.
Voici les vers qu’il fit effacer : Dans cet azile heureux, la vertu raménée… par les mains de Fiot, est de fleurs couronnée…. […] On en a déjà vu d’heureux effets, & depuis qu’il a été prononcé au Prône, on a remarqué en plusieurs d’entr’elles plus de modestie & de vertu qu’auparavant.
Il ne reste plus qu’à parler de la superbe entreprise & de l’heureuse execution du Theatre de Pompée. […] Il y avoit en ce temps des prodigues & des menagers ; il s’y trouva des Pieces heureuses qui engagerent à la dépense, & d’autres, qui quoy qu’avec un pareil merite furent recitées sans ces extraordinaires ornemens de Musique & de Symphonie, & où l’on se contenta d’un seul Instrument.
Il appuie toute cette Doctrine sur les paroles de David : « Heureux est celui qui ne se laisse point aller au conseil des impies, qui ne marche point dans la voie des pécheurs, et qui ne s’assied point dans la chaire des moqueurs. […] Puis il cite en cet endroit les paroles de Tertullien, si dignes d’un Chrétien des premiers siècles, et dont nous ne sentons plus la vérité, parce qu’en nous éloignant de ces temps heureux, nous avons toujours dégénéré de la vertu de nos Pères.
Heureux dans sa Jeunesse, Qui prévoit les remords de la sage vieillesse, Mais plus heureux encor, qui scait les prévenir, Et commence ses jours, comme il veut les finir. […] Il faut avouer qu’ils ne sont pas plus heureux en prophéties, qu’en époques, qu’en mensonges, qu’en dissimulations. […] Heureux dans sa Jeunesse, Qui prévoit les remords de la sage vieillesse ; Mais plus heureux encor, qui sait les prévenir, Et commence ses jours, comme il veut les finir.
Avec quelle avidité un paresseux indigent toujours amateur du plaisir, ne se porte-t-il pas à favoriser des nouveautés qui pourraient lui procurer, à ce qu’il s’imagine, un sort plus heureux et des plaisirs qu’il désire sans cesse, sans pouvoir se les procurer ? […] Ce n’est pas à vos heureux Montagnards, à qui la culture de leurs Coteaux laisse le temps de faire des horloges de bois, ce n’est pas à ces Michels Morins, Serruriers, Menuisiers, Vitriers, Tourneurs, et Musiciens qui comme les Gens de qualité de Molière, « savent tout sans avoir jamais rien appris »ex , à qui le spectacle est destiné : avec tant de talents à exercer, ils n’auront pas de temps à donner à leurs plaisirs. […] Mais il s’en faut bien que le spectacle ait cette faculté, il ne sert, au contraire qu’à indiquer la félicité du Peuple : ce n’est que lorsqu’il est heureux que les salles sont pleines ; ce n’est que lorsqu’on est en état de le faire qu’on donne de l’argent à ses plaisirs : donc plus le spectacle sera fréquenté, plus on en doit conclure que le Peuple est heureux. […] Ce n’est assurément pas l’intention de ce grand Roi que ceux qui l’ont servi vingt ans et que l’âge prive de cet honneur ne soient pas heureux dans leur retraite : afin donc que ceux-ci jouissent de ses bontés sans abuser de sa générosité, voici le moyen que j’ai imaginé pour tirer encore parti de leurs talents même dans le temps qu’ils ne les exerceront plus.
D’ici vous découvrez le tombeau d’Agamemnon, &c. le même Sophocle n’est point si heureux au commencement d’Œdipe.
Heureux certains Comédiens nouveaux & le Public, & le masque cachait encore l’altération hideuse des traits !
Nos premiers Rois tout occupés à conserver, ou à étendre leurs conquêtes, et à s’affermir sur leur nouveau Trône, plus souvent à la tête de leurs Armées que dans leurs Palais, négligèrent longtemps les jeux et les plaisirs, qui ne sont ordinairement que les fruits d’une heureuse et parfaite tranquillité.
Un Etourdi, un Misantrope, un Avare, un Tartuffe, un faux Savant, un Médecin, un George Dandin, un Bourgeois Gentilhomme passent en revue, tiennent des discours, & font des actions qui les caractérisent, & donnent une idée de la piéce, dont ils sont le sujet ; ils ajoutent même des traits de la façon de l’auteur, souvent assez heureux, ce qui forme un spectacle assez varié ; comme le Facheux, la Femme d’intrigue, & tant d’autres drames à tiroir. […] Les statues de Corneille, Racine, Voltaire orneroient le péristille de la nouvelle salle, que l’on projette de bâtir, & la France depuis long-tems, la plus heureuse rivale d’Athenes, dans les beaux arts, le seroit aussi dans les honnuers rendus à ceux qui les cultivent. […] La seconde représentation qu’on osa risquer, ne fut pas plus heureuse, quoiqu’il eût fait bien de corrections, ces malheurs lui sont communs avec plusieurs autres, même d’un plus grand nom que lui. […] Il n’y a pas de spectacle au Cap, & on ne l’y désire pas, chacun in voit dans sa maison de fort touchants ; des domestiques heureux, des enfans bien élevés, des femmes fidelles ; voilà des plaisirs que la fiction ne donne pas .
Il avoit loué près d’Orleans une habitation enchantée, où il passoit des jours heureux, dans les bras de la philosophie, des muses & de la volupté. […] L’ouvrage de M. de Boissi, quoique très-bon, ne sera pas plus heureux que ceux du Prince de Conti, de M. […] L’empire du Mexique dans l’Amérique septentrionale, peut être aussi puissant que celui du Pérou, n’étoit pas aussi bien policé quand il fut conquis par Fernand Cortez, soit que les peuples y fussent moins spirituels & moins traitables, soit que les Princes eussent été moins heureux, & moins Philosophes que les Incas ; peut-être que n’ayant pas eu d’Historien comme Garcilasso de Vega, du sang royal, fort instruit des affaires du Pérou, nous ne connoissons point l’histoire du Mexique ; du moins est-il certain par tout ce que nous en savons, qu’on n’avoit point à Mexico, comme à Cusco & à Lima, un théatre régulier, où l’on représentât de vrais drames selon les regles de l’art, soit dans le genre noble entre des grands & des Héros, les seuls que permettoient les Princes Péruviens, soit dons le genre subalterne, bourgeois & bousson, comme en ont tous les théatres d’Europe. […] Des Thespis, qui n’avoient pas donné la dignité à Melpomene, à cette heureuse folie selon les termes de Boileau, folie en effet, malgré ses brillans succès, qui l’eut fait passer au détriment des mœurs, aux vices rafinés & pernicieux, puisqu’en perfectionnant le vice & ses attraits, ils en augmentent les dangers & le font aimer.
La plus heureuse Reconnoissance est celle qui cause la Péripétie. […] [J’appliquerai ces Reflexions à la reconnoissance de Joas.] » Aristote donne le premier rang à une Action qui finit par le malheur d’un homme qui n’est ni bon ni méchant, & qui s’est attiré son malheur par quelque faute : il ne met qu’au second rang celle dont la Catastrophe est heureuse pour les bons, & funeste aux méchans. […] A la vérité la Catastrophe est heureuse pour les bons, & funeste pour les méchans ; elle remet l’ame des Spectateurs dans la tranquillité : mais une Tragédie, peut, comme je l’ai dit, être parfaite, sans exciter la Terreur : & quand on ne mettroit celle-ci qu’au second rang, pour obéir à Aristote, on ne l’admirera pas moins. […] Si l’Auteur est un de ces hommes heureux & si rares, il ne pechera jamais contre la quatriéme Partie de son Poëme, qui est pour lui la plus facile ; s’il n’a pas la force de la bien exécuter, il n’a point de génie, il n’est point Poëte, & il est certain qu’il n’a pas bien exécuté les trois autres Parties, qui sont plus difficiles.
Les Empereurs Chrétiens ne furent ni plus indulgents ni plus heureux.
Les disgrâces qui entrecoupent les grands desseins ; contentent, parce qu’elles excitent la miséricorde dont la nature a mis les semences dans notre cœur ; elles servent de consolation à la misère des affligés, et de lustre à la fortune des plus heureux : la magnificence des Théâtres, les changements des scènes ; la beauté, les ornements des personnages, contribuent beaucoup au plaisir, et une secrète sympathie fait que les mouvements du cœur sont plus forts, néanmoins plus doux, en ce qu’ils paraissent plus justes étant communs dans les assemblées.
Heureux Initiés, s’écrioit Saint Jean Chrysostome, ignorez-vous à quelle condition le Seigneur vous adopta pour fils ? […] mes chers Freres, rendez grace à Dieu, que vous êtes heureux ! […] Tandis que nous par une simple lecture de ce que vous voyez représenter, malgré toute la pureté de nos intentions, nous nous trouvons presque toujours coupables ; tandis qu’une simple lecture encore plus innocente fit trouver au grand Jérôme dans le fond de son cœur un sujet continuel de regrets & de larmes ; que vous, mes Freres, que vous êtes heureux !
C’étoit mal connoître ce Seigneur, qui étoit la vertu, la probité, la sagesse même : J’avoue, dit-il, que vous êtes belle, Monsieur ou Mademoiselle, car je ne sais comment vous appeler ; mais n’avez-vous pas honte de porter un pareil habit, & de faire la femme, puisque vous êtes assez heureux pour ne l’être pas ? […] Aucune qui n’assure très-sérieusement & ne s’imagine faire croire que plus chaste & plus heureuse que Lucrece, elle a passé plusieurs années sous la même tente & dans le même lit avec ses camarades, sans que jamais aucun ait pris la liberté d’examiner, ni se soit apperçu de son sexe, ni elle-même ait eu la plus légère distraction qui ait pu la trahir. […] La plupart des mariages qui en sont l’heureux dénouement sont l’ouvrage de ces masques perfides.
n’est-ce pas encore un badinage fort heureux, que le projet de rendre les vers de Racine, sans parler, uniquement par le moyen des doigts ? […] Il dit, quelque part, à son valet : laisse là tes raisonnemens saugrenus , le valet répond : sot cornu vous-même ; et en montrant la petite fille à son maître, il ajoute : que vous êtes heureux ! […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique.
Heureux qui se nourrit du lait de ses brebis, Et qui de leur toizon voit filer ses habits ; Qui ne sçait d’autre Mer que la Marne ou la Seine, Et croit que tout finit où finit son domaine. […] C’est vne bonace pleine de charmes, & l’image d’vne heureuse paix, dans laquelle il est bien moins aysé à l’esprit humain de se retenir, estant, comme il est, naturellement ambitieux & inquiet, que d’exciter des troubles & du tumulte, & de faire le mauuais & le violent.
Saint Chrysostome répond : Que vous êtes heureux de pouvoir marcher au milieu du feu, sans crainte de vous brûler, sans que le feu fasse sur vous aucune impression !
qu’ils s’imaginent que le monde est heureux, lorsque ceux qui l’habitent, ne travaillent qu’à embellir leurs maisons ; et qu’ils ne font pas d’attention à la ruine de leurs âmes, lorsqu’on s’amuse à bâtir des Théâtres magnifiques, et qu’on détruit les fondements de la vertu ; lorsque les riches dans l’abondance des biens où ils se trouvent, mettent leur gloire à entretenir les débauches des Comédiens, pendant que les pauvres gémissent dans la misère, et que les choses les plus nécessaires à la vie leurs manquent.
Je n’ignore pas combien cet écrit, si loin de ce qu’il devrait être, est loin même de ce que j’aurais pu faire en de plus heureux jours.
Heureux le Mortel ici-bas, Qui le suit quand sa voix l’appelle ! […] Il n’y a que la vertu la plus pure qui ait pu vous soutenir dans un travail aussi heureux & aussi complet. […] On s’égare quand on les suit ; Heureux qui n’en est pas séduit. […] Je m’instruis moi-même par ces réflexions : peut-être serai-je assez heureuse pour changer un jour mes préceptes en exemple. […] Leur nom change, s’ils sont heureux.
Ce qu'on entend par le terme de Tragédie, est la représentation sérieuse d'une action funeste, et considérable, par l'imitation réelle des malheurs de quelques personnes de grande qualité, ou de grand mérite ; et celui de Tragi-comédie signifie la représentation d'une aventure dans laquelle les principales personnes sont menacées de quelques grands malheurs, qui sont effacés à la fin par un événement heureux. […] N'est-ce pas ce sentiment qu'Alcionée mourant par sa propre main, dit à Lidie : « Vous m'avez commandé de vaincre, et j'ai vaincu, Vous m'avez commandé de vivre et j'ai vécu : Aujourd'hui vos rigueurs vous demandent ma vie, Mon bras aveuglément l'accorde à votre envie, Heureux et satisfait dans mes adversités, D'avoir jusqu'au tombeau suivi vos volontés. » Rodrigue ne parle-t-il pas de même à Chimène, lorsqu'il va combattre Dom Sanche.
Aujourd’hui que j’y porterais d’autres yeux, faut-il ne revoir plus cet heureux pays ? […] Deux jeunes pigeons, dans l’heureux temps de leurs premières amours, m’offrent un tableau bien différent de la sotte brutalité que leur prêtent nos prétendus sages. […] Heureux qui sait se reconnaître au bord du précipice et s’empêcher d’y tomber ! […] Non, Peuples heureux, ce ne sont pas là vos fêtes ! […] J’exhorte cette heureuse jeunesse à profiter de l’avis qui termine votre article.
De pareilles insultes, ainsi que des gazettes piquantes, contribuerent à faire entreprendre à Louis XIV la guerre de Hollande, dont le succès ne fut pas plus heureux. […] Ils parurent tout-à coup dans leurs loges, leur aspect imprévu remplit tout le monde de joie ; mais lorsque après avoir marqué sa satisfaction, l’Impératrice annonça elle-même cet heureux évenement, avec cette beauté qui la caractérise ; les acclamations redoublerent, les Ministres, les Ambassadeurs volerent à sa loge ; parterre, emphithéatre, loges, acteurs, danseurs, tout étoit dans l’ivresse. […] Son amour pour la S… lui a fait oublier sa Demasse, celle-ci avoit succedé à la Florence, danseuse de l’opéra, & lui faisoit infidélité en faveur de Baron, fameux comédien ; elle l’a avoué, il lui a ôté un fils qu’elle lui avoit fait, & tous les présens dont il l’avoit comblée, elle a tout rendu avec joie, s’estimant fort heureuse de se donner toute entiere à son cher Baron.
Tout le monde, dit-on, y applaudit ; l’exécution fut heureuse & brillante. […] On ne connoit dans ces heureux climats ni le luxe dévorant, qui dépouille la nature de tout ce qu’il prodigue à la vanité, ni cette licence d’opinions, qu’on peut appeler ce second luxe de notre siécle le luxe des esprits, parce qu’il marche toujours à la suite du premier, mais encore parce qu’il est le grand abus de la raison, comme l’autre est le grand abus des richesses. […] C’est bien mal entrer dans les sentimens d’une si religieuse Princesse, qui, comme on le dit avec raison, a respiré toute sa vie l’air le plus pur de la religion & de la vertu, dans un heureux climat, qu’a épargné la corruption qui inonde le reste de l’Europe .
Le Philosophe Sans-souci a joué trois rôles dans le monde ; celui d’écrivain n’a pas été heureux. […] Cette guerre ne fut ni heureuse ni longue. […] J’ai fait tout ce que j’ai pu pour acquérir la réputation d’homme de lettres ; j’ai été plus heureux que le Cardinal de Richelieu.
L’idée du Directeur de l’Ambigu-Comique est des plus heureuses : elle doit intéresser le Gouvernement & les Amateurs du Théâtre.
Aussi ne doit-on pas s’étonner, si, sentant trop tard la nécessité des beaux Arts, les erreurs de leur esprit s’opposèrent souvent à la distinction exacte qu’ils auraient dû faire des expressions les plus essencielles, les plus vraies & les plus heureuses, d’avec celles qui ne pourraient avoir le même avantage.
« Heureux, si le Théâtre au bon sens ramené, N’avait point, de l’amour aux intrigues borné Cru devoir inspirer d’une aveugle tendresse Aux plus sages Héros la honte et la paresse : Peindre aux bords de l’Hydaspe Alexandre amoureux, Négligeant le combat pour parler de ses feux, Et du jaloux dessein de surprendre une ingrate Au fort de sa défaite occuper Mithridate : Faire d’un Musulman un Amant délicat Et du sage Titus un imbécile, un fat, Qui coiffé d’une femme et ne pouvant la suivre Pleure, se désespère, et veut cesser de vivre … … … … … … … … … … … … Mais on suppose en vain cet amour vertueux : Il ne sert qu’à nourrir de plus coupables feux L’amour dans ces Héros plus prompt à nous séduire, Que toute leur vertu n’est propre à nous instruire. » Au regard des Anglais, que la paix multiplie chaque jour dans le Royaume, ils seront bien aises d’avoir un excellent Auteur de leur nation traduit dans une langue qu’il leur est nécessaire de savoir pour vivre en un pays étranger avec quelque plaisir et quelque satisfaction.
seul bonheur que la plupart des hommes connaissent, est d’être estimés heureux.
Heureux si l’amour & le theatre n’avoit tout perdu en lui. […] Heureux si, comme le Tasse, cet homme de théatre peut retrouver sa raison, détester ses erreurs, & terminer par une sainte mort la vie la plus dissipée & la plus frivole. […] Plus heureux que le Tasse, qui, avec autant d’esprit & beaucoup plus de science & de génie, moins de corruption dans les mœurs & d’irréligion dans la créance, fut après lui fort bien dans cette cour, mais lui déplut enfin, & y reçut les plus mauvais traitemens. […] Cette occupation étoit fort de son goût, & il disoit que c’étoient les plus heureuses années de sa vie.
La sienne est de braver la sagesse incommode, & chacun a le droit d’être heureux à sa mode. […] Palissot est heureux qu’on s’en tienne au refus de sa piece. […] La Clairon fit de même un Mémoire, & obtint une longue Consultation du Sieur Huerne : le succès n’en fut pas heureux. […] L’Opéra ne s’est pas élevé contre son maître : heureux s’il en profite ! […] Je prie pour ce censeur, quel qu’il soit, de vouloir bien me dire s’il a jamais vu rouer quelques corrupteurs des mœurs, & s’il n’a pas rencontré souvent, même en bonne compagnie, de ces prétendus Mentor, qui, faisant profession de mépriser tous les préjugés, & de croire au système dangereux de l’égalité des conditions, ont entraîné de jeunes gens dans des démarches inconsidérées, & même les ont affranchis des remords, en leur persuadant que tout homme est libre d’être heureux comme il lui plaît.
Que ce tableau doit faire d’heureuses impressions ! […] La preuve, c’est qu’un esclave Asiatique se trouve heureux sans la liberté, & que le Sauvage l’est réellement sans rien posséder. […] Heureux pères, d’avoir donné le jour à de tels enfans ! Heureux enfans d’être nés dans un Pays, où tout était Fête, Spectacle, moyen d’acquérir de la gloire ! […] On dit que le succès ne répondit pas à cette heureuse idée, proposée dès 1765 : ce que j’attribue au peu de dignité des accessoires.
Je ne sais en quel heureux climat est située cette ville si pure, si dévote, & cependant si enthousiasmée de la comédie, qu’on l’y joue par dévotion la semaine sainte, pour se disposer à faire ses Pâques, tandis que les villes les plus licencieuses respectent ces saints jours. […] L’idée est téméraire, le trait impie, n’importe, le vers est heureux, on ne peut se résoudre à le sacrifier.
« De quelque sens qu’on envisage le théâtre, dans le tragique ou le comique, on voit toujours que, devenant de jour en jour plus sensibles par amusement et par jeu, à l’amour, à la colère et à toutes les autres passions, nous perdons toute force pour leur résister, quand elles nous assaillent tout de bon ; et que le théâtre animant et fomentant en nous les dispositions qu’il faudrait contenir et réprimer, il fait dominer ce qui devait obéir ; loin de nous rendre meilleurs et plus heureux, il nous rend pires et plus malheureux encore, et nous fait payer, aux dépens de nous-mêmes, le soin qu’on y prend de nous plaire et de nous flatter. » « En effet, que voyons-nous dans la plupart des pièces qu’on représente sur la scène ? […] Qu’on ait donc soin d’inculquer de bonne heure aux jeunes gens qu’ils ne sont point faits, comme de vils animaux, pour se procurer des sensations voluptueuses ; que leur raison est le flambeau qui doit les éclairer ; que cette raison, épurée par la religion, dicte des devoirs ; que la satisfaction qui provient des actions vertueuses est le plus grand de tous les plaisirs, et le seul permanent ; qu’un homme qui néglige sa raison est plus à craindre que celui qui renoncerait volontairement à l’usage de ses yeux ; qu’il est aussi impossible d’être heureux avec une âme souillée de vices, que de se bien porter avec un corps couvert d’ulcères ; que la science est la source des biens, comme l’ignorance est la source de tous les maux. » « On nous dira peut-être que le théâtre épuré par le goût et la décence est devenu pour les modernes une école de mœurs.
Je ne sais si je me trompe ; mais il me paraît que la Tragédie d’Andromaque est très convenable pour nous faire sentir de quelle manière on peut traiter la passion de l’amour sur le Théâtre : on pourrait ajouter même qu’Euripide nous a laissé, dans Andromaque un modèle parfait pour présenter cette passion sur la Scène avec toute la circonspection que la Réforme ou plutôt la raison demande, et avec l’heureux avantage de corriger et d’instruire les Spectateurs. […] Il arrive presque toujours, dans les Ouvrages dramatiques d’aujourd’hui, que les désordres de cette passion sont récompensés ou conduisent à une fin heureuse : dans Andromaque, au contraire, ils sont punis avec toute la sévérité qu’ils méritent.
Heureux encore s’ils les entrevoient dans le reste de la Piéce !
Tel est le malheur attaché à la Poésie, cet Art si dangereux, dont l’Histoire est beaucoup plus la liste des fautes célèbres & des regrets tardifs, que celle des succès sans honte & de la gloire sans remords : tel est l’écueil presque inévitable, sur-tout dans les délires de la jeunesse ; on se laisse entraîner à établir des principes qu’on n’a point ; un vers brillant décide d’une maxime hardie, scandaleuse, extravagante : l’idée est téméraire, le trait est impie, n’importe, le vers est heureux, sonore, éblouissant, on ne peut le sacrifier, on ne veut que briller, on parle contre ce qu’on croit, & la vanité des mots l’emporte sur la vérité des choses.
Je ne m’érige point en juge de leurs mœurs ; mais l’expérience ne fait pas leur apologie : ils sont fort heureux quand on peut au moins citer leur pénitence, comme celle de Racine, Quinault, Lafontaine.
« Heureux celui, dit le Prophète15 , qui n’est point entré dans le conseil des impies, qui n’a point marché dans la voie des pécheurs !
Il y a cinquante ans que le seul soupçon d’une fortune si éclatante eût été pris pour une injure ; on rendait encore justice au métier de Comédien, on le méprisait ; aujourd’hui c’est un état brillant dans le monde : un Acteur est un homme de conséquence, ses talents sont précieux, ses fonctions glorieuses, son ton imposant, son air avantageux ; on est trop heureux de l’avoir, on se l’arrache.
Si elle a quelques moments heureux dans lesquels elle pourra se dire, quel bonheur pour moi de n’avoir pas épousé le Chevalier !
Je ne prétends pas pénétrer les mysteres du cabinet d’Espagne, mais il faut convenir que sa mere ne l’avoit pas élevée à l’Espagnole, & ne lui prépara pas un sort heureux en lui donnant ces goûts & ces manieres, qu’elle ne suivit que trop. […] Ce Palladium, enfermé dans une boëte, qui, comme celui des Romains, devoit donner à la Reine une vie de plusieurs siecles toujours heureuse, fut par elle confié dans une grande maladie à M. de Mesmes, un de ses favoris, avec défenses de jamais l’ouvrir, disant que c’étoit son plus riche trésor. […] Bien heureux qui pouvoit être touché de leur amour ; bien heureux aussi qui en pouvoit échapper.
Voltaire est heureux qu’ils soient morts ;) tous deux ayant le même défaut, l’intempérance de l’imagination, & le romanesque incroyable ; Arioste a racheté ce défaut par des allégories si vraies, des satyres si fines, (c’est pour Voltaire un grand mérite) une connoissance si approfondie du cœur humain, par les graces du comique, & des beautés innombrables qu’il a trouvé le secret de faire un monstre admirable, (c’est à peu près le caractère des œuvres de Voltaire. […] On se rassemble dans des sales immenses, appellées Maisons à caffé, où les uns prennent cette liqueur, les autres jouent, chantent, lisent, écoutent, regardent des joueurs de gobelets ; dans un bout de la sale des Tabarins jouent des farces, dans l’autre un Ecclésiastique en chaire prêche, dit-on, pour de l’argent : (nos Vauxhals, nos Caffés ne sont pas si devots : cet assemblage est ridicule, & ne conduit pas à la vertu ;) tout cela , dit Voltaire, annonce un peuple sociable qui mérite d’être heureux . […] Madlle. de Montespan, enlevée à son mari, entretenue pendant 15 ans, mere de six à sept Princes, promenée en triomphe dans toute la Flandre, avec des Gardes du Corps aux portieres de son Carosse, logée dans toutes les Villes comme une Reine, avec les plus beaux meubles de la Couronne, qu’on portoit par-tout, des bals masqués, des bals parés, des comédies, des feux d’artifice, recevant tous les honneurs, tous les hommages en présence du Roi & de la Reine qui accompagnoient la favorite, & pour comble de gloire, justifiée par le plus saint Prédicateur, Pocquelin de Moliere ; dans les beaux sermons de George Dandin & d’Amphitrion, qui peut méconnoître les heureux fruits du théatre ?
Ces idées se retrouvent, & sont comme fondues, non dans nos mœurs, qui leur font bien contraires ; car on ne sauroit plus mépriser les femmes, que d’aspirer à en abuser, que de les croire capables de s’abandonner à la passion ; mais dans nos complimens, notre politesse, nos usages, c’est-à-dire, dans la superficie, ces portraits si flattés comme ceux de la plupart des peintres, qui embellissent pour se faire mieux payer, accoutument les femmes à régarder le théatre comme leur empire, & les hommes leurs sujets ; c’est leur empire en effet, & par conséquent celui du vice ; & les hommes sont des idolâtres, jusqu’à prendre hautement parti pour les femmes ; chacun est un Dom Quichotte, heureux d’être leur victime, pourvu que la nuit suivante il soit couronné de leurs mains ; Car aucun n’a le désintéressement de Dom Quichotte, auprès de Dulcinée. […] C’est un vice de climat : vraisemblablement il durera toujours, à moins que quelque heureuse révolution dans la mode, ne fasse abolir la comédie, que la frivolité & le vice sont parvenus à faire croire nécessaire. […] Ce n’est point dans le sable que le Caffé croit & murit, c’est dans une bonne terre : la ville de Moka est dans l’Arabie heureuse, très-bon païs : c’est un bon port à l’entrée de la mer rouge.
On apprendra de Corneille à donner au style une majesté simple, au dialogue une vigueur pressante, &c, de Racine, un choix heureux des expressions pures & élégantes, insinuantes, &c. de Voltaire, à donner une couleur mâle, une philosophie touchante, &c. de Marmontel, tout, &c. […] Toutes ces fripponneries sont impunies, heureuses & couronnées dans le dénouement, & même justifiées. […] Richard III n’a pas été plus heureux à la seconde représentation, qui a été la derniere, malgré la protection des graves approbateurs, qui entendent aussi peu le théatre que le digeste, & ne peuvent l’entendre.
Enmontrant les hommes heureux ou malheureux par les biens & les maux sensibles, on les trompe ; le vrai malheur, le vrai bonheur ne sont que dans le pêché & la vertu. […] que mon bonheur vous rende heureux ! […] Il n’est pas heureux en apologies ; la légereté libertine avec laquelle il la traite suffiroit pour la décréditer, elle ne fait honneur ni à son jugement ni à sa morale.
Les Drames de ce Chanoine se ressentent de sa fécondité, il est bas, bouffon, souvent guindé, sans regle, négligeant le naturel, la vérité, la vraisemblance, ignorant l’histoire & le costume ; il faut acheter cherement des traits heureux, des intrigues bien conduites, c’est à-peu-près le Poëte Hardi que l’on a cru en france qui faisoit bien ou mal une comédie tous les huit jours. […] Heureux ceux qui, comme à lui, Dieu fait la grace de connoître & d’expier leur égarement, soit ignorance de la vérité, soit malignité, car il eut des ennemis, soit pour épargner au Théatre cet exemple & cette condamnation. […] Son mari comédien comme elle & auteur de plusieurs pieces de Théatre, ne fut pas si heureux, il mourut subitement trois ans après sortant du cabaret.
On prévit que l’avenir le plus heureux devoit être le fruit d’une union aussi-bien assortie, tant pour la grandeur mutuelle de la naissance des deux augustes Epoux, que pour leurs qualités personnelles. […] Tels furent les justes & heureux préjugés avec lesquels les François accueillirent l’avénement de Louis XVI au Trône. […] » Heureux le Peuple dont le Roi aura été prévenu sur la supériorité de sagesse qu’il doit avoir au dessus de tous ses Sujets, & de laquelle un Platon faisoit dépendre le bonheur d’un Empire. […] Quel heureux présage pour la renaissance des mœurs ! […] Trop heureuse la société, si leur stérilité est la suite de ce nouveau genre d’incontinence….
Elle est enfin arrivée, ô jour trois fois heureux ! […] L’Abbé le Noir fut moins heureux, ou moins tranquille.
Chacun admirant ou approuvant la mine des combatans ou la propreté de leur équipage, faisoit des vœux pour leurs succez, les chargoit de leurs bons soûhaits, & croyoit les rendre heureux par l’abondance & par l’empressement de leurs desirs. […] *Les premiers courans s’estimoient les plus heureux, soit qu’ils creussent qu’il y eust de l’avantage à donner le premier plaisir, à prevenir le goust, & à saisir l’opinion & le suffrage des spectateurs, soit qu’en effet les seconds objets & les plaisirs reïterez soient sujets à trouver plustost de la satieté, & du rebut parmy les spectateurs, si l’on en croit Symmachus, le dernier lieu fut aussi favorable, & mesme plus avantageux que le premier.
L’Auteur de l’Écrit n’est pas plus heureux quand il se retranche sur les immodesties prétendues de toutes les Comédies d’autrefois, en comparaison desquelles il prétend que les nôtres, ou plûtôt les siennes, sont conformes aux bonnes mœurs et à la droite raison. […] Adam n’eût point été chassé du Paradis, s’il n’eût été séduit par la volupté ; c’est pourquoi David, qui avait éprouvé combien les regards sont dangereux, dit avec raison que l’homme est heureux lorsque le nom du Seigneur est toute son espérance, et qu’il n’a nul égard aux vanités, et aux folies trompeuses du Siècle. […] Heureux est l’homme qui a mis son espérance dans le nom du Seigneur, et qui n’a point arrêté ses yeux sur les vanitez et les folies du mensonge. […] Joignez à tout cela les oppositions qui naissent des parents et des rivaux, les entrevues échappées qui paroissent venir du hasard, les déclarations d’amour ; enfin l’heureux succès, comme ils disent, dans leur passion. […] Et encore : Heureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés.
Le Poëte a donc à sacrifier une pensée heureuse & sublime à une foible & médiocre, & vingt vers à refondre.
Je ne vous blâme pas du desir que vous avez de la rendre heureuse dés cette vie : mais vous êtes bien miserable, si vous pensez qu’il faille hazarder & son salut & le vôtre, & son éternité & la vôtre, pour une felicité si vaine si chimerique, pour une felicité qui ne doit durer qu’un moment.
Après le Bal, un esprit mondain, mille pensées des objets, qui ont frappé les yeux, des attachemens le plus souvent criminels… Le Bal & les Danses, tels qu’ils se pratiquent en ce tems sont criminels, parce qu’ils sont contraires à la profession du christianisme étant défendus par les Conciles, & par la Doctrine de l’Eglise, & une occasion de plusieurs pechez, & qu’il est rare, qu’on s’en retourne aussi pur, & aussi innocent qu’on y est allé… On ne peut nier que les Saints de l’ancien Testament, n’ayent quelque-fois témoigné leur joye par une espece de danse, mais c’estoit pour rendre graces à Dieu de quelque heureux succés, ou de quelque signalée faveur, qu’ils en avoient reçuë, & ces marques de rejoüissance étoient accompagnées d’un culte religieux, qu’ils rendoient au Seigneur.
Quand imiterons-nous cette heureuse précision ?
L’homme se fut estimé heureux par l’exemption de tous les maux et des besoins de cette vie.
Celle-ci ne peut être appellée, avec le Journaliste de Trévoux, heureuse & intéressante, qu’autant qu’on la prendra, selon l’intention vraisemblable de l’auteur, pour une satyre des nobles & de leurs armoiries. […] La France sera toujours heureuse, quand ses Rois ressembleront à Saint Louis. […] Cette Princesse ne fut pas plus heureuse après sa mort : poursuivie, éloignée de la Cour, brouillée avec son fils, en butte au Cardinal de Richelieu, elle alla mourir dans la misere, manquant de tout, à Cologne. […] Henri ne fut pas si heureux : la moitié du royaume étoit contre lui ; on fit une foule de pasquinades.
Il fut fort heureux d’avoir paru dans un temps où étonnés du crime de Damiens, & de la suppression des Jesuites, les esprits étoient montés & tournés singulierement du côté de la fidélité dûe au Prince, comme Corneille fut en partie redevable de ses succès à la situation des esprits, montés & tournés de son temps vers l’indépendance, par les mouvemens de la ligue & de la fronde. […] Quelques vers sont heureux, quelques sentimens nobles, quelques scenes assez bien dialoguées. […] Autre singularité théatrale, l’Heureuse Pêche, comédie pour les ombres. […] Le Mercure de juillet 1770, qui rapporte très-sérieusement cette folie, comme une invention fort ingénieuse, prétend que par un heureux artifice on pourroit faire du Théatre un lieu enchanté, & rendre plus vraies & plus frappantes les scenes de magie & de diablerie, le manoir de Pluton, le Tartare, le regne des Gnomes, les décorations lugubres des funerailles, &c.
Terence, dans l’apologie de l’Andrienne, dit qu’il aime mieux imiter l’heureuse négligence des uns, que d’observer l’exactitude des autres. […] Fort heureux d’épouser la fille d’un paysan, qui avoit quelque bien, il s’associa à une troupe de voleurs ; de débauchés, vola les daims du parc de son Seigneur. […] Un poëte inspiré, applaudi par une muse dont le trône est le parnasse, n’a point d’égal ; & en effet, aucun des misérables versificateurs qui barbotoient alors au-delà des mers dans le limon de l’Hypocrene, ne pouvoit se mesurer avec lui : en cela plus heureux que Corneille, qui lui étoit si supérieur, & qui eut à combattre des ennemis, des rivaux, l’Académie, la Cour & le Ministre.
Sans doute encore qu’un Berger mettant à profit son heureuse oisiveté, s’avisa de vouloir imiter sans l’aîde de la voix le chant du rossignol. […] Tandis que l’homme de Lettres languit, souvent dans l’obscurité, & dans le besoin, l’heureux musicien est chéri, caressé ; il reçoit tour-à-tour les faveurs des Grâces, & celles de Plutus. […] Plutarque rapporte qu’Isménias, fameux joueur de flûte, le même peut-être qu’on nomma Ambassadeur de Perse, fut fait prisonnier de guerre par Athan, roi des Scytes, & qu’il se mit aussi-tôt à jouer de sa flûte devant ce Prince, se flattant de se procurer un sort heureux : le fameux Isménias se trompa dans son attente.
Nous avons vu avec quelle fureur le Public s’est porté aux représentations du siége de Calais, Piéce qui n’a mérité son succès passager que par l’heureux choix de son sujet. […] Ces transports pour les jeunes Militaires, seroient l’heureux présage des victoires signalées qu’ils remporteroient un jour dans les armées sur les ennemis de leur pays. […] En Russie le gouvernement despotique est assez heureux, & quelquefois assez malheureux dans les momens d’un besoin pressant, pour que son despotisme fasse qu’il n’ait aucun crédit pour emprunter des sujets de l’Empire.
autre parole d’heureux présage ! […] Le Colonel Sancho apprend à Carlos la mort du vieux Juif qu’il appelle une heureuse nouvelle. […] Les oracles de la vérité, les Ordonnances du Seigneur, le sort heureux ou déplorable d’un éternel avenir sont devenus un amusement de Théâtre et une matière de mépris.
Voltaire va vous l’apprendre : C’est un palais magique, où les beaux vers, la danse, la musique, l’art plus heureux de séduire les cœurs, de cent plaisirs font un plaisir unique. […] Cette jeune & belle étrangère fut fort heureuse de n’avoir pas été à la comédie, elle y auroit perdu sa vocation.
Plus heureuse que je n’eusse oser le penser, j’ai trouvé chez la plus sage & la plus délicate des Nations, la réalité de mes rêveries. […] Sois heureux ; jouis des biens qui te sont prodigués par la Nature ; goûte l’inexprimable volupté d’être homme & le roi de la moitié de la création ; aime tes parens, ton ami, ton concitoyen ; chéris celle dont le chaste sein renferme le plus grand des trésors, des hommes qui te devront le nom de père ; vis avec elle, dans une tendre, une paisible union ; voila les seules bonnes œuvres qui plaisent à l’Éternel, à ce Brama que tu révères.
La Tragi-Comedie nous met deuant les yeux de nobles auantures entre d’Illustres personnes menacées de quelque grande infortune, qui se trouue suiuie d’vn heureux euenement. […] Les François ont sceu tenir le milieu entre les vns & les autres, & par vn heureux temperament se former vn caractere vniuersel qui s’éloigne egalement des deux excez. […] Il y a d’heureuses memoires, a qui vn rôle quelque fort qu’il soit ne coûte que trois matinées. […] L’heureux Policrate. […] Il y a entre eux des memoires tres heureuses, & il se trouue des Acteurs qui sçauent par cœur la piece entiere, pour ne l’auoir oüie que dans la lecture & dans les repetitions.
J’ajoute, qu’on y doit entendre une musique efféminée, capable d’anéantir ce qui restera de force & de courage ; que les Amans téméraires continueront d’y devenir heureux : aussi le Poète Ovide suggère-t-il le Spectacle comme un moyen de corruption. […] L’amour furieux est propre à la Tragédie, soit ; mais, loin qu’il doive exclure l’amour tendre, la peinture de ce dernier est d’une utilité plus générale ; parce que plus de gens aiment comme Britannicus, que comme Hermione ou comme Phèdre : ce n’est que la fadeur, le Céladonisme que l’on doit éviter : l’amour de Zamore & celui d’Orosmane, sont une perfection dans Alzire & dans Zaïre : en voici la raison ; dans la Tragédie, la tendresse est heureuse ou malheureuse ; si elle est malheureuse, c’est par des fautes qu’on apprend au Spectateur à éviter ; si elle est heureuse, elle présente le tableau ravissant d’une passion légitime, dont le Sage souhaite les douceurs à tous les hommes ; il est beau, il est utile, de leur enseigner non-seulement comme on est malheureux par l’amour, mais par quelles routes, cette passion, la plus noble de toutes, peut les conduire à la félicité. […] Ce jour est le plus heureux de ma vie, puisque je suis sûr de vous avoir plu & de vous avoir divertis. […] La réalité des Mariages succédant souvent au jeu de la Comédie : d’heureux parens s’ennivrant les premiers de la fumée de l’encens prodigué à leurs fils, à leurs filles : une bouche honnête, jamais souillée ; un cœur innocent & pur, d’accord pour dire un Je vous aime, qui portera dans l’âme des Spectateurs, non des desirs effrénés, mais, une douce, une délicieuse émotion. Méprisons l’anathême que les Interprêtes atrabilaires d’une Religion instituée pour le bonheur des hommes, ont osé dire à toutes les douceurs de l’amour vertueux : il est permis à ces Mystiques de se rendre heureux par leurs anagogies, leurs extases & leurs chimères ; à nous, de l’être par les plaisirs de la nature, qui ne firent jamais de fanatiques ni d’insensés.
Son amant en fut irrité, & pour la consoler s’écria avec chagrin : Honni soit qui mal y pense ; je jure que tel qui se moque de cette jarretiere se trouvera fort heureux de la porter ; & aussi-tôt il créa un Ordre de Chevalerie, dont la marque est une jarretiere bleue, couleur de la Dame. […] L’homme vertueux, comme un voyageur courageux, franchit tous les obstacles pour arriver au terme heureux de l’éternité.
Cette guerre n’a pas été heureuse : la Pologne a subi le joug. […] Son fust étoit divisé en sept tableaux qui représentoient les principaux événemens de la guerre, heureuse pour la Russie : quatre batailles, la prise de Bender, &c. c’est-à dire, la défaite de la Pologne.
Voilà qui donne une juste idée de l’opéra : il nous la donne lui-même dans le prologue : De ce séjour heureux la tristesse est bannie, Le devoir n’y fait point sentir sa tyrannie, Le penchant du plaisir y tient lieu de raison. […] Il y a même des prix fondés, comme dans les Académies, pour celui qui y fera les plus heureuses découvertes, bien-tôt on y donnera le degré de Docteur, la licence y est déjà établie ; la morale y est toûjours aussi corrompue, les choses saintes aussi peu respectées.
Tout n’est pas à ce point de perfection ou de méchanceté ; la plupart des pieces de théatre sont mi-parties ; il y a des vertus récompensées, des vices punis dans les premiers rôles ; mais dans les seconds rôles toujours quelque vice impuni, même heureux, quelque vertu méprisée ; ce sont ces branches pourries que la réforme doit couper, & le théatre ne présentant rien que de bon, pourroit devenir utile. […] Le Poëte, au lieu d’en rougir, s’en applaudit, en est admiré, & enfin les coupables sont heureux, au lieu d’en être punis ; d’où l’on conclud que ce n’est point un mal, mais une persécution, & qu’on peut en espérer la récompense, comme d’une vertu persécutée.
Augustin, dans cette vie accompagnés de cet ennemi dans la nécessité de le vaincre, et c’est être heureux : ou d’en être vaincu, et c’est être réprouvé. […] Mais celui du saint homme Job me semble encore plus fort pour prouver cette vérité : c’est un homme qui tenait le rang d’un prince dans son pays, comblé de richesses, d’honneurs, d’amis, et d’autorité, au au milieu d’une famille la plus heureuse qui fût au monde, par le moyen du nombre des Enfants bien nés et bien faits, que Dieu lui avait donnés.
« Je comprends bien qu’il ne faut pas toujours regarder à la catastrophe pour juger de l’effet moral d’une Tragédie, et qu’à cet égard l’objet est rempli quand on s’intéresse pour l’infortuné vertueux plus que pour l’heureux coupable. »cu Or on plaint George Dandin et l’on méprise, on déteste Angélique, on voudrait qu’elle fût punie : donc Molière était de votre avis, sa pièce ne mérite aucun reproche, si vous voulez vous accorder avec vous-même. Un critique bien plus éclairé que vous, un Philosophe qui loin d’être un Cynique sauvage s’est attaché à mériter par ses écrits le titre d’ami des hommes, qui ne veut que les rassembler en Société et non pas les disperser dans les glaces du Canada ou des terres Australes ; cet Auteur respectable dis-je, a trouvé de quoi reprendre dans la pièce de George Dandin : ce n’est ni l’infortune de celui-ci, ni l’heureuse méchanceté de sa femme qu’il a trouvé digne de blâme, c’est le caractère de Sotenville : il craint que par ce rôle on n’ait rendu la noblesse rurale ridicule, et qu’on ne l’ait dégoûtée par-là du séjour sur ses terres.
Mais elle ne fut pas plus heureuse que l’autre, elle s’évanouit bientôt, malgré cette royale protection, et si parfaitement, qu’on n’en trouve ni détail ni vestige (Histoire du Théâtre, ibid. […] La Comédie Française ne fut pas plus heureuse dans son établissement ; elle fut chassée de cinq ou six quartiers de Paris, où elle avait successivement acheté des maisons, jusqu’à ce qu’enfin elle trouva plus accommodants et plus faciles à vendre leur consentement, les habitants de la rue des Fossés, où elle a bâti son hôtel, et lui a donné pompeusement le titre de la rue de la Comédie.
Heureuse, si le jugement qui la condamnera lui apprend à respecter la bonne foi, la religion et les bienséances ! […] Ce second mariage ne fut pas plus heureux que le premier.
Plusieurs furent fort heureux de se sauver par une prompte suite. […] Heureux les Evêques, qui savent la demêler, du moins qui savent reparer leurs fautes, & rendre enfin justice à la vérité. […] Trop heureuses quand elles savent se moderer, & ne pas aller au théatre en entretenir le goût, & chercher les modeles !
Charge volontaire, dont personne n’auroit à se plaindre, dont la levée facile ne coûteroit rien, & produiroit le plus heureux effet, si elle pouvoit dégoûter d’une occasion prochaine de tant de péchés. […] Des intrigues heureuses, les plaisirs de l’amour, les débauches des dieux & des héros, la morale licentieuse, les sentimens étudiés, &c. aulieu de détourner du vice, par ces vues comme le peintre, on l’enseigne, on le saisit, on y invite par l’étalage de ses attraits les plus séduisans. […] Vous m’offrez vainement d’être heureux dans les cieux, je n’y veux pas régner sans elle.
Les Opéras qui portent parmi nous le titre de Balets, sont ordinairement gracieux & rians ; ils ne renferment que des aventures amoureuses, dont le dénoument est toujours heureux : on prétend que le nom d’Opéras-Balets, qui tire son origine du vieux mot François Baller, qui signifiait sauter, danser, se réjouir, vient de ce qui s’observait dans les Fêtes que donnait Louis XIV. […] Des raisons encore plus fortes me feraient appréhender la ruine de l’Opéra-Sérieux, si les talens & l’attention des Compositeurs de nos jours ne nous donnaient lieu d’espérer un heureux changement. […] Il est tout simple de mettre la musique avec la musique ; on formerait par cet heureux èxpédient un Spectacle lyrique complet.
Quoi de plus naturel cependant que ces vers dans la bouche de l’Acteur qui les prononce ; au lieu de faire une allusion absurde, un bon Chrétien ne verrait dans ces mêmes vers qu’une pensée heureuse et très propre à démontrer l’imbécilité de la crédulité Païenne. […] Né de parents beaucoup plus distingués par leur probité, que par leur fortune, j’ai reçu par leurs soins plus d’éducation, que leur médiocrité n’aurait dû les porter à m’en accorder ; leur tendresse généreuse et paternelle s’est privée du nécessaire pour me mettre en état de prendre un parti, qui me rendit plus heureux qu’ils ne l’ont jamais été. […] J’aurais été trop heureux si le goût que j’avais pris pour les lettres et qu’il m’avait inspiré lui même m’eut abandonné en même temps que je me résignais à ses vues.
« Heureux dit-il, celui qui n’est point allé aux assemblées des impies, qui ne s’est point arrêté dans la voie des pécheurs, et qui ne s’est point assis sur une chaire empestée. […] Je veux même qu’une personne assiste aux spectacles avec la gravité, et la modestie qu’inspire ordinairement une dignité honorable, ou un âge avancé, ou un heureux naturel ; il est néanmoins bien difficile, que l’âme ne ressente alors quelque agitation, quelque passion secrète. […] Quoi de plus heureux pour nous, que d’avoir été réconciliés avec Dieu le père, et avec Jésus son fils ?
Le Pere Rapin prétend, que l’ordonnance de ses Comédies est toujours défectueuse en quelque chose, & que ses dénoumens ne sont point heureux.
Je n’ignore pas que cette ardeur pour les découvertes, en a présenté d’assez heureuses.
» Monsieur, Frere du Roi, ajoute-t-il, peut faire cet heureux changement ; il en a le droit, & je supplie ici les personnes qui l’entourent, de suggérer à S.
Dès que le Spectacle est légitime, la Religion n’en peut improuver que les accessoires, tels que le Drame, l’Etat de Comédien, le Jeu de Théâtre : Si l’on desinconvéniente ces trois objets, les plaisirs du Théâtre cessent d’être contraires à la Religion établie ; nos loix & nos usages ne contrastent plus ; nous pouvons être heureux & vertueux sans inconséquence.
sur tant d’horreurs qui me font dire que notre siècle serait en quelque manière heureux, si l’honnêteté des mœurs en était quite pour les atteintes qu’elle reçoit de ces autres dérèglements.
» Il y a aussi quelquefois des moments heureux, où la grâce de Jésus-Christ opère dans un seul sermon, ce qui pendant plusieurs années avait paru impossible.
Cependant ce qu’ont dit les Philosophes se trouva véritable ; il dévint heureux lorsque ses disgraces furent à leur comble : il fut réuni à ses adversaires, c’est-à-dire au Théâtre-Italien9.
Je veux plaire à mon époux ; je veux le subjuguer, le rendre heureux par moi seule : qui me dira que j’ai trop osé ?
Voyez un peu quel heureux raisonnement !
Pascal n’a que l’avantage d’avoir eu des sujets plus heureux que lui.
Si dès à présent on établit dans un grand Etat un Bureau pour diriger les spectacles vers les mœurs désirables de la société, si par les prix qu’elle distribuera aux Poètes qui plairont le plus et qui dirigeront le mieux leurs ouvrages vers la bonne morale, il arrivera avant trente ans que les pères et les mères les plus sages mèneront leurs enfants à la Comédie comme au meilleur Sermon, pour leur inspirer des sentiments raisonnables et vertueux, il arrivera que dans toutes les villes, de trente mille habitants il y aura aux dépens du public des théâtres et des Comédiens, afin qu’avec peu de dépense les habitants médiocrement riches puissent assister au spectacle, et l’on verra ainsi le plaisir contribuer au bon gouvernement, ce qui est le sublime de la politique ; car qu’y a-t-il de plus estimable que de mener les hommes par le chemin des plaisirs innocents et actuels, à une diminution de peines, et même à d’autres plaisirs futurs, la nation se polirait de plus en plus jusques parmi le peuple, les sentiments de vertu entreraient avec le plaisir dans les cœurs des Citoyens, et par le perfectionnement de nos mœurs, la société deviendrait tous les jours plus douce, plus tranquille et plus heureuse, et c’est le but que je m’étais proposé dans ce Mémoire.
De sorte que son génie heureux semble l’abandonner dès qu’il veut en faire un indigne usage. […] Les Euménides souhaitent entre autres choses que toutes les jeunes personnes s’engagent par les liens légitimes d’un heureux hyménée, et qu’Athènes ne compte dans les enceintes de ses murs que de véritables Citoyens. […] Ce qu’il a de particulier et de personnel c’est la netteté du style ; ce sont certains principes, certains retours heureux de morale ; c’est l’art de remuer à coup sûr les passions, et surtout celle qu’on nomme la Pitié : c’est une étendue d’esprit qui le fait approfondir et épuiser un objet de quelque côté qu’il le saisisse.
Encore quelques années et vous serez si contentes, si heureuses d’avoir résisté à toutes les sollicitations du siècle. […] Ils avaient renoncé aux plaisirs dangereux, qui souillent l’âme, qui énervent et corrompent le cœur, tous leurs souhaits étaient de mener une vie chrétienne, heureuse et calme au sein de leur famille, ils s’étaient seulement réservé ces plaisirs purs et innocents, qui ne laissent après eux ni troubles ni remords ; vous leur avez ravi le bonheur qu’ils se promettaient ; sous prétexte de les établir, de les préparer au mariage, vous les avez précipités au milieu du tourbillon du monde et vous n’avez, fait usage de l’autorité, que vous aviez sur eux, que pour les conduire forcément dans le chemin de la perdition.