Plusieurs troupes de différents Comédiens s’étant établis au Marais et ailleurs, Louis XIV. par un simple Brevet les remit tous en 1680. en une seule troupe : et c’est là l’unique titre de l’établissement des Comédiens d’aujourd’hui, qui n’a pas été suivi de Lettres Patentes ; parce qu’ils ne font aucun corps dans l’Etat ; d’où ils peuvent être chassés, comme le furent par saint Louis, ceux qui se trouvèrent alors dans le Royaume, où ils ne sont tolérés encore à présent que par des raisons de pure politique, comme d’autres maux y sont soufferts, aussi bien qu’à Rome même et ailleurs. […] Décembre 1588. contre une autre Troupe. […] Car peut-on être assez déraisonnable, pour attendre des entretiens innocents et modestes de la part d’une troupe de gens, que toutes les Lois Ecclesiastiques et civiles, déclarent infâmes : Ulpianus in leg.
Je dis encore que toute la France est enthousiasmée des spectacles : « Totam hodie Romam circus capit, et fragor aurem percutit. » Les théâtres publics, quoique innombrables, ne suffisent pas, on en construit dans les bourgades, dans les armées, dans les couvents, dans les maisons particulières ; on y court, on y monte, on y joue, on y passe la vie ; il se forme des troupes brillantes de citoyens distingués, dont les biens, les travaux, les talents, la mémoire, sont utilement employés à apprendre et à représenter des pièces de théâtre. […] Les petites villes trouvent des fonds pour bâtir des salles de spectacles, et s’abonnent avec des troupes de Comédiens, malgré la misère publique, qui rend et nécessaire et presque inutile, exerce et décourage le zèle des personnes charitables.
Comme si l’on ignoroit qu’il menoit avec lui Madame de Montespan & une troupe de femmes, & leur donnoit au milieu de son camp des fétes aussi brillantes qu’à Versailles. […] Dubois, l’un des acteurs de la troupe. […] Ils prennent sans respect le titre de Troupe Royale & de Comédiens du Roi : ce qu’ils n’ont jamais osé faire à Athenes ni à Rome, & ce que la majesté de l’Empire auroit pris pour un attentat & une insulte. […] La troupe des comédiens, qui fait partie de la garnison, joua une comédie allemande intitulée, l’Orgueil des Quartiers. […] La grave, la savante Université de Toulouse y avoit préludé en faveur du Parlement, faisant de ses écoliers une troupe d’acteurs, qui donna la comédie aux magistrats.
Cette grace fut à Toulouse le lien de la paix entre la troupe de comédiens & la troupe de collégiats ou boursiers de Saint Martial. […] Les acteurs & actrices qui ne veulent de directeur que Venus & Plutus, s’étoient réunis pour demander l’administration de leur tripot, comme les comédiens François ont celle de leurs affaires, & pour cela ils avoient déposé six cent mille livres pour cautionnement ; (qui le croiroit, une troupe de gueux qui n’auroient pas du pain chez eux,) mais malgré les charmes des actrices, & ceux de leur argent, un reste d’amour du bon ordre l’a emporté : l’expérience des acteurs de l’Hôtel de la comédie Françoise & Italienne, livrés à leur propre direction, a fait tout craindre pour l’opéra. […] Catherine de Médicis & le Cardinal Mazarin ont fait venir des troupes Italiennes à Paris ; personne n’y a fait venir des troupes Espagnoles, cependant les Italiens ne se sont jamais francisés, ils n’ont jamais pris le goût de la nation, ni la nation le leur ; ils ont toujours fait corps à part, & quoiqu’ils parlent François, ce sont deux spectacles toujours différents, qui n’ont pu s’incorporer, ni se fondre l’un dans l’autre.
Minerve tient la pensée La vertu l’âme enlasséeb, Les amours rient en l’œil, La troupe divine ensemble En ce bel esprit assemble Les clartés de ce Soleil.
En vain les Théologiens croyent-ils s’être assez rapprochés, & avoir suffisamment étendu leur charité, en établissant, que l’on peut tolérer ceux qui vont aux Spectacles ; & qu’à l’égard des Acteurs, dans les momens pressans, on est prêt à recevoir leur abjuration ; en vain d’autres Philosophes pensent-ils, d’après Pope, que tout est bien, tel qu’il soit, & qu’il faut des ombres au Tableau ; en vain la Politique croiroit-elle entrevoir, dans une innovation, quelques inconvéniens : il n’en est pas moins vrai, que de vouloir diffamer une Troupe de Gens à talens, que l’on reconnoît d’ailleurs être nécessaires, est une contradiction insoutenable, & qui ne peut pas long-tems subsister dans un Etat, dont le goût & les décisions sont des Loix pour toutes les autres Cours de l’Europe. […] Pour une troupe d’Acteurs imbécilles, qui paroissoient depuis quelque tems parmi nous, & qui prophanoient les Mysteres de la Religion, en les représentant au coin des rues & sur des échaffauts ? […] Que l’on nomme une Ville où jamais la plus petite Troupe de Campagne ne se soit établie : y verra-t-on les hommes moins brutaux, moins yvrognes, les femmes moins galantes ? […] On pourroit, au contraire, citer la Capitale d’une Province de France, du côté du Nord, où les bonnes mœurs se font remarquer ; où l’on remplit avec la plus grande piété, les devoirs du Christianisme ; où les hommes sont laborieux, & les femmes rarement infidelles, & où cependant l’inclination pour les Spectacles est si grande, que dans les tems où ils sont suspendus ailleurs, c’est-à-dire, dans les jours saints, ils y subsistent encore, & souvent alors quelques bons Acteurs de Paris s’y sont transportés pour s’y joindre aux Troupes qui y sont fixées.
Heureusement vous le voyez, mes arsenaux sont bien fournis, mes troupes auxiliaires bien armées. […] Les vertus et la sagesse, la religion et les mœurs ; l’Eglise et la noblesse me donnent dans les illustres pères de la patrie, réunis avec l’Académie, le collége des électeurs et celui des princes, soutenu d’un côté par les troupes légères des grâces, et l’autre par la puissante phalange de l’Academie et des Etats, que toutes les troupes des auteurs et des amateurs s’arment contre moi, je marche sans crainte à l’ennemi. […] Le théâtre est une république où tous les citoyens sont égaux, tous de la lie du peuple, du même métier, de la même troupe. […] Voyez une troupe de faunes et de satyres qui, le masque à la main, passe la vie à danser, rire, chanter, se moquer de tout : voilà le théâtre ; nos acteurs et nos actrices valent bien les satyres de la fable. […] Quelles obligations n’a-t-on pas à la troupe des comédiens, de cette brillante révolution dans la république des lettres ?
Jamais le théatre ne fit partie du Palais des grands Seigneurs, comme si une troupe de Comédiens étoient leur famille ; il ne simétrisa jamais avec leur palais ; le temple du vice pourroit-il en être l’ornement ? […] On ne voyoit point les hommes les plus distingués, former des troupes d’actionnaires & de fermiers, & se charger d’entretenir la Comédie, & se dégrader dans la loge des portiers, jusqu’à veiller sur la recette, & faire payer rigoureusement tout le monde, après avoir fait payer l’édifice au public. […] Une troupe de flagellants, fort communs en Espagne, se fouettent pour compatir aux douleurs du Sauveur. […] Une troupe de gens armés représentent les meurtriers ; & une grande statue creuse remuée par une personne qui y est enfermée représente le mort.
On l’a si bien cru à N…… où la Troupe en a donné plusieurs représentations, qu’on y a habillé les Vestales en Religieuses Bernardines, & le Grand Prêtre en Evêque, ce qui est absolument contre le costume. […] Ce Pontife trouve le séducteur dans le lieu saint qui lui étoit interdit ; il est témoin de la violence avec laquelle il le force, des attentats d’une troupe de jeunes insensés dont il se fait suivre, il entend les blasphemes contre tous les Dieux, contre cette même Vesta dont il venge l’honneur par le sang de sa fille. […] Comment donc trouver cette troupe de Vestales annoncée dans la piece, cette vingtaine de figurantes étalées sur le théatre ? […] comment de si bon matin, à la pointe du jour, se trouve-t-il un monde infini, & des troupes de soldats pour garder le Temple, qui cependant demeurent immobiles, en voyant le sacrilège y entrer, insulter les Dieux, troubler l’ordre de la justice & l’exécution d’un arrêt du Sénat, & enlever une Vestale condamnée.
« Le chef de cette troupe est un Prince qui porte la ruine des poêles et des marmites, il est né et nourri dans la confrérie des grosses bêtes, et n’a jamais étudié qu’en philosophie cynique ; il n’est savant qu’en la faculté des bas souhaits. C’est une tête creuse, une coucourdet coiffée, vide de sens, comme une cane, un cerveau démonté, qui n’a ni roue ni ressort entier, qui change comme la lune, etc. » Et ailleurs ce Mémoire attaque les mœurs de la troupe, qu’il fait voir « n’être composée que de débauchés qui mangent l’argent qu’ils ont amassé sans peine, et passent leur vie en débauches, tandis que leurs femmes et leurs enfants demandent inutilement du pain. […] Qu’on rabatte, à la bonne heure, de la grossièreté de ces termes, qui en effet ne sont pas du goût de notre siècle, qu’on accorde de la politesse, de la civilité aux Acteurs de Paris ; mais les mœurs des troupes sont toujours les mêmes, et les Etats du royaume n’auraient pas moins de doléances à faire que dans le seizième siècle. Le théâtre, comme tout le reste, doit sans doute, selon le génie des nations ou des siècles, le goût de la Cour ou de la ville, la diversité des modes, la variété des circonstances, le caractère des Auteurs, prendre des tons différents de modération ou de débauche, de différentes nuances de décence ou d’effronterie ; mais ce n’est que changer d’habit, le fond est toujours le même, c’est toujours une troupe de gens sans religion et sans mœurs, qui ne vit que des passions, des faiblesses, de l’oisiveté du public, qu’il entretient par des représentations le plus souvent licencieuses, toujours passionnées, et par conséquent toujours criminelles et dangereuses, et qui enseigne et facilite le vice, le rend agréable, en fournit l’objet, et y fait tomber la plupart des spectateurs.
Je ne veux point examiner la force de ce raisonnement que je renvoie à nos Docteurs de Médicine, il me suffit de dire que Luceïa et Galéria ne furent jamais deux Comédiennes ni Tragédiennes, car les troupes des Comédiens et des Tragédiens n'avaient point de femmes qui parussent sur la Scène, et n'employaient pour en représenter les personnages que de jeunes hommes, comme nous voyons dans Plutarque un jeune homme raillé par le Chorague ou l'Entrepreneur des Jeux, de ce que représentant une Princesse, il ne voulait pas venir sur le Théâtre, sans avoir beaucoup de femmes à sa suite ; « An melior cum Thaïda sustinet, aut cum Uxorem Comœdus agit, vel Dorida nullo Cultam palliolo, mulier nempe ipsa videtur. […] , qui étaient quatre de ces Acteurs célèbres de son temps, où sans doute il n'aurait pas oublié de mettre ceux des femmes, s'il y en eût eu dans les troupes des Comédiens pour agir en ces représentations.
« Comme Jésus parlait aux troupes, un Prince de la Synagogue vint à lui, et l’adorant lui dit : Seigneur, ma fille vient présentement de rendre l’esprit ; mais venez, touchez-la de votre main, et elle vivra. […] Jésus étant arrivé à la maison de ce Prince de la Synagogue, vit les joueurs de flûtes, et une troupe de gens qui faisaient grand bruit ; et il leur dit : Retirez-vous, cette fille n’est pas morte, mais elle dort : et ils se moquaient de lui.
Tout comédien qui pensera aussi sensément que lui, sera le premier à se moquer des champions qui voudront rompre des lances pour la dignité de la troupe, & la noblesse de ses exercices. […] elle a couru le pays, les actionnaires du spectacle ; ses compatriotes, instruits de ses talens, lui font un bon parti, ont payé son voyage, & un dédit de 2000 liv. qu’elle avoit promis à une autre troupe, qui lui donnoit moins. […] Par son crédit elle obtient tout, présens, considération, augmentation des gages, autorité dans sa troupe. […] Un plaisant la vit, & alla ramasser une troupe de poliçons qui vinrent chanter ses louanges, avec des huées, & à coups de poing ; on fit des informations, on ne put découvrir les coupables, & qu’auroit-on puni dans des enfans qui n’avoient dit que la vérité ? […] Un acteur des plus distingués de ces graves sénes, fit incognito un voyage à Bruxelles pour se divertir, le lendemain de son arrivée il se présenta au directeur de la comédie, pour entrer dans la troupe, & s’offrit à l’essai pour toute sorte de rôles d’homme ou de femme, dans plus de trente pieces qu’il savoit par cœur ; en effet, pendant un mois il joua le roi, le valet, l’arlequin, la soubrette, &c. parfaitement.
Henri de Transtamare, son frere naturel, qui lui avoit échapé, profita de ces dispositions, fit soulever les peuples, se mit à leur tête, & le détrona ; Pierre vint en Guyenne, où les Anglois regnoient, ils lui fournirent des troupes, & le rétablirent dans ses Etats. […] Il est vrai qu’on y trouve le fameux Connétable du Guesclin, qui mena les troupes Françoises & eut beaucoup de part à la victoire. […] Plus de voyage en France, nulle troupe Françoise, plus de révolution ; le Prince d’Angleterre se trouve là je ne sai comment, & fait tout ; c’est le héros de la piéce. […] La Troupe s’assemble, & à l’exemple des Parlements, arrête de faire au Roi de très-humbles remontrances pour soutenir la Dumenil. […] Dans le Parlement de …. le Roi ayant supprimé plusieurs Chambres des Enquêtes, les Conseillers de celle qui reste, ont destiné à leur divertissement, la plus jolie des Salles vacantes ; il s’y amusent avant & après l’audience, on y chante, on y danse, on y cabriole ; il y a d’excellens danseurs dans la troupe ; on y joue, on y fait des repas, on y représente de petites piéces ; aussi le Président de la Chambre est grand amateur, & excellent acteur.
Pour diriger une Troupe de province comme celle de Paris il faudrait que celle-là fût composée du même nombre de sujets que celle-ci, et c’est ce qui n’arrive jamais. […] Chaque Directeur entretiendrait une correspondance régulière avec elle et l’informerait de la conduite des sujets dans chaque Troupe. […] Aucune Troupe ne pourrait se former, aucun Comédien ne pourrait s’y engager que de l’aveu de la Direction générale elle-même, après avoir éprouvé les talents de chaque sujet. […] L’entreprise des spectacles étant déclarée Royale par tout le Royaume, les sujets seraient considérés comme pensionnaires du Roi et des Elèves destinés à le servir de plus près, lorsque leurs talents affermis par l’étude et l’exercice, les auraient rendus dignes d’être admis dans la Troupe du Roi. […] [NDE] Raimondo, comte de Montecuculli (ou Montecuccoli (1609-1680)), généralissime des troupes impériales et grand adversaire de Turenne lors de la guerre de Trente Ans et de la guerre de Hollande (où Turenne trouva la mort).
Louis XII, le Pere du Peuple, étoit l’ami déclaré, le protecteur, l’allié de Borgia, son zélé défenseur, qui lui fournit des troupes dans ses usurpations, l’attira en France, lui donna le duché de Valentinois, le maria, quoique bâtard & sous-diacre, avec la sœur du roi de Navarre, grand-pere d’Henri IV, il le fit dispenser de son vœu de continence, comme lui-même fit dissoudre son mariage avec la Bienheureuse Jeanne de France, fille de son prédécesseur, pour épouser sa maitresse, comme fit depuis Henri VIII, roi d’Angleterre. […] Le Machiavélisme joue sur le théatre quelques rôles à chaque scène : il n’est point de piece où on ne trompe, où l’on ne dépouille quelqu’un par violence ou par artifice ; la tragédie le fait en grand par des princes, des seigneurs, des ministres, des troupes, par l’effusion de sang. […] Ces deux talens sont souvent réunis, quoique dans des dégrés différent Racine & Moliere avoient l’un & l’autre : Racine forma la Champmelé & les Demoiselles de Saint-Cyr, Moliere étoit à la tête de sa troupe.
Dans cette troupe de Comédiens on n'aurait qu'à choisir et combiner les diverses espèces de folie, on ferait aisément une pièce régulière : voilà des Acteurs tout formés qui joueraient d'après nature. Ce serait un spectacle curieux, et digne du grand Corneille et de l'incomparable Molière, qu'une pièce formée de ces divers morceaux, et une troupe composée de ces Acteurs ; on verrait que les petites maisons et l'Hôtel ont une étroite liaison. […] L'adultère avec Bethsabée, le meurtre d'Urie, la perfidie pour le faire périr, l'adresse de l'enivrer pour le faire aller avec sa femme, et cacher le vrai père de l'enfant adultérin, le mariage avec la veuve adultère dont il avait tué le mari, le jugement contre Miphiboseth, les emportements contre Nabal, la retraite chez les ennemis de l'Etat, les invasions, du moins simulées sur les terres d'Israël, et la promesse de combattre son Roi légitime, le mensonge au grand Prêtre pour obtenir des provisions et des armes, l'assemblage d'une troupe de voleurs et de scélérats à la tête desquels il se met, font voir que dans ce Prince, non plus que dans Salomon son fils, plus grand homme que lui du côté des lumières de l'esprit, il s'en faut bien que tout doive servir de modèle.
Si l’on me fesait voir une troupe de muets, & qu’on s’éfforçat de me persuader que je les entens parler ; je me moquerais de la tromperie qu’on chercherait à me faire.
Aujourd’hui ces deux compagnies ne font qu’une troupe, composée d’Acteurs & d’Actrices. […] Les Anglois, qui y étoient en grand nombre, le régalèrent à son entrée par une piece de théatre ; ils exercèrent plusieurs de ces batteleurs, & se signalèrent par un spectacle nouveau pour l’Allemagne, d’où il se répandit dans toute l’Europe, & singulierement en France, où l’on vit depuis des troupes de Confrères qui représentoient des mystères. […] Quelques pieces Françoises & celles de l’Abbé Metastasio, qui pourroit employer ses talens à des ouvrages plus convenables à son état, en ont fait jusqu’ici les frais, & le tout rendu assez mal par des détachemens des troupes Françoises, car c’est toûjours en France que se font les recrues. […] Porée, Brumoy, les Abbés Abeille, Boyer & Pelegrin, Corneille même, Racine, Crébillon, Voltaire, quoique laïques, sont-ils jamais entrés dans aucune troupe ?
Il fut chargé par le Duc d’Orléans, Régent, de former une troupe de Comédiens Italiens qu’il mena en France, & a composé grand nombre de pieces qui ont eu du succès. […] Comme il n’y a plus d’esclaves, que les femmes publiques sont méprisées, & qu’il nous faut pourtant des intrigues, on a franchi les bornes que la décence Romaine respectoit, on a dégradé les femmes mariées & les filles de famille, en leur faisant jouer le rôle des Courtisanes & des esclaves, & on a établi dans toutes les troupes de comédie, comme un rôle essentiel, le rôle d’amoureux & d’amoureuse ; ce qui est un très-grand désordre, & qui achève de corrompre ces deux états, en ôtant le voile, & diminuant la honte de leurs foiblesses secrettes. […] C’est assurément le plus petit objet du monde dans la République qu’une Troupe de Comédiens ; mais c’est un des plus grands dangers pour la religion & les mœurs. […] S’il se dérange, & qu’on soit obligé de le congédier, il sortira sans récompense. 2.° L’amour fera exclus de toutes les pieces, à moins qu’il n’y soit puni & représenté avec horreur, comme les passions brutales de la haine & de la vengeance. 3.° On examinera les anciennes pieces, & on ne retiendra que celles qui ont ce caractère, ou qui du moins pourront être corrigées, & devenir propres à corriger les mœurs, faire aimer la vertu, & inspirer une bonne morale. 4.° Il n’y aura point de femme dans la troupe qui ne soit mariée & ne vive avec son mari.
Un jeune libertin, ou charmé du spectacle, ou séduit par quelque Actrice, se joint à une Troupe, court avec elle, monte sur le théâtre. […] La troupe des Comédiens voulut signaler sa reconnaissance en faveur de Crébillon, en lui faisant faire un service solennel dans l’Eglise de S. […] Il oublia que les Comédiens étant excommuniés, il ne pouvait pas leur donner cette marque authentique de communion, les recevoir en corps dans son Eglise, et faire à leur intention un service en faveur d’un Poète, qui à la vérité fut plus modeste qu’un autre, puisque la teinte sombre et lugubre de ses pièces inspire plutôt l’horreur et la crainte que la tendresse, mais Auteur tragique, uniquement connu et honoré comme tel dans cette occasion, et dans la vue de marquer par là qu’on ne tenait pas la Troupe pour excommuniée. […] On a prétendu qu’ils avaient affecté d’honorer ainsi sa mémoire, pour nous faire mieux sentir la barbare et lâche injustice qu’ils nous reprochent d’avoir jeté à la voirie le corps de la le Couvreur ; mais ils n’ont consulté que leur goût. » C’est apparemment sur ces pieuses réflexions de Voltaire, que la Troupe des Comédiens, après avoir fait faire à S.
L’Aurore amoureuse de Céphale, paroit endormie sur un lit de rose, dans son palais, au milieu de sa cour ; c’est-à-dire, d’une troupe d’actrices aussi libertines, aussi indécentes qu’elle. […] Il arrive enfin, la troupe discrete disparoit & les laisse seuls. […] Une dame avoit un fils fort débauché, qui s’étoit fait comédien par libertinage, comme bien d’autres ; la troupe vint jouer dans la ville ; son fils fut reconnu, elle en fut outrée, & alla à la comédie incognito. […] Une seconde troupe quelques années après, une troisieme ensuite, une quatrieme que Henri IV. […] Cette derniere troupe est moins grossierement corrompue, mais l’est toujours beaucoup encore : la dépravation est enracinée, essentielle, innée dans la profession de comédien ; ils ne sont pas plus sage en Italie qu’en France.
Tous les désordres que causent parmi le peuple ces hommes corrompus, ces femmes prostituées & toute cette troupe diabolique qui monte sur le théatre, tous ces désordres, dis-je, retombent sur vous : car s’il n’y avoir point de spectateurs, il n’y auroit point de Spectacles ni de Comédie.
Beauchâteau (François Châtelet de) gentilhomme de naissance, et comédien de la troupe de l’hôtel de Bourgogne, où il débuta en 1633, avait coutume d’entendre la messe, chaque jour, en l’église de Notre-Dame à Paris ; il y rencontra auprès d’un pilier une femme qui avait la tristesse imprimée sur le visage, et qui fondait en pleurs et en gémissements.
Si, au milieu des combats & des victoires, vous le faites chanter, danser, boire rasade, placer une cocarde, caresser une paysanne, vous en faites un imbécile : c’est un général à la tête de ses troupes, en bonnet de nuit & en robe de chambre. […] La satisfaction au Colonel Schomberg, qui commandoit les Reitres, troupes étrangeres que Henri avoit appellé contre le Roi, cette satisfaction est dans le même goût. […] Schomberg est plus héros que lui : un mot auroit fait déserter ses troupes, s’il eût voulu se venger ; il les retint, demeura fidele, combattit à ses côtés, & y perdit la vie. […] Il passa une grande partie de sa vie à la tête des troupes protestantes toutes composée de gascons : la Cour de France où il vint enfin ne le corrigea pas, il y porta son humeur & son jargon. […] Henri envoya des ambassadeurs à l’Archiduc Léopold, Gouverneur de Flandres, demander sa niece, leva des troupes pour aller l’enlever, fit intervenir le Pape.
Cette jurande des comédiens en France s’appelle troupe Il sera donc libre en Autriche à tout le monde de jouer toutes sortes de pieces, en toutes les langues, de la maniere qu’on voudra ; on élevera des théatres. on assemblera des acteurs, on invitera, on représentera, on dansera, on chantera, on cabriolera : liberté entiere. […] On eut d’abord cette liberté en France, on l’a encore dans les provinces, il y avoit plusieurs troupes à Paris & à la cour, & les meilleurs pieces ont été composées dans ce temps de liberté : elles doivent leur réputation aux acteurs dont les talens s’exercerent sans contrainte. […] Peut-être l’aboliition des autres jurandes entraînera-t-elle celle-ci : on y a fait bien des brêches, par le vaux-hal, les boulevards, le colisée, les théatres de sociétés, le théatre des petits-appartemens & singulierement par la troupe de Monsieur frere du Roi, qui sera à l’avenir un apanage du plus proche héritier de la couronne. […] Le libertinage le fit comédien, il courut le royaume avec la troupe, il eut cent aventures qui feroient un Gil Blas de Santillane, ou un Ragotin, ou Larancune du roman comique de Scarron. […] & cette troupe de nymphes qui ont rempli les rôles, ont une bonne part à l’admiration ou plutôt à l’adoration.
Zaraès au commencement du troisième, passant pour Iphis, apprend à Alzaïde qu’il s’est fait un parti puissant dans Mémphis, que sa conspiration va éclore, & que l’éloignement des Troupes qui gardoient la ville lui répond du succès.
Une seule représentation suffit pour dédommager la Troupe.
Ce talent méprisable fit sa fortune ; plusieurs Grands Seigneurs le prirent pour leur bouffon, le menoit à l’armée, le mettoient dans leurs fetes ; ils avoient en lui seul une troupe d’acteurs & une troupe complette ; sa faveur lui procura un bon Prieuré dont il recevoit les revenus en grimaçant & une place à l’Académie Françoise qu’il amusoit ; ainsi les biens ecclésiastiques & les honneurs littéraires sont souvent des présens de la fortune. […] On se lasse du métier ; on trouve une occasion favorable de s’établir, on en profite ; on a fait un amant riche qui veut épouser & faite la fortune de sa maîtresse, on ne le manque pas ; on étoit entré dans la troupe pour avoir du pain, on a fait quelque réserve, on a obtenu quelque pension, on quitte pour s’établir ; c’est un bien sans doute de quitter un mêtier scandaleux, de contracter un mariage légitime & d’y vivre en honnête femme. […] Quelques-unes se marient dans la troupe, souvent clandestinement, & continuent de jouer ; d’autres sortent de la troupe, & vivent dans le mariage comme elles avoient vécu sur le théatre.
Il y a en bas une troupe de gens debout qui se moquent de ceux qui sont sur le théâtre, et ceux-ci rient à leur tour de ceux qui sont en bas. […] Sans doute aujourd’hui on ne voit pas les Magistrats se donner à une troupe de Comédiens, et faire le métier de représenter pour de l’argent. […] Cependant comme le Prince ne s’est expliqué sur la tolérance que pour la capitale, quoiqu’il le laisse en effet dans tous les lieux où on le veut, il est du devoir d’un Magistrat d’empêcher son établissement partout où il n’est pas encore, et jamais ne le favoriser, arrêter les dépenses des villes qui voudraient l’établir, et refuser les permissions de représenter aux troupes de Comédiens qui voudraient l’introduire.
De Pelerins, dit-on, une troupe grossiere En public à Paris y monta la prémiere, Et sotement zélée en sa simplicité Joüa les Saints, la Vierge, & Dieu, par piété. […] Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.
Des troupes d’acteurs s’en mirent en possession, & les forcèrent de la leur abandonner, parce qu’ils la représentaient beaucoup mieux. […] Ceux qui fixent l’époque de notre Opéra en 1678, & qui disent que la troupe d’Alard & de Maurice en donna l’idée par une pièce qu’elle représenta sous ce titre ; Les Forces de l’Amour & de la Magie, se trompent, selon moi.
Peut-il déployer son génie, comme lorsqu’il s’agit de faire entendre un bruit de guerre, les cris furieux d’une troupe de combattans, les clameurs d’un peuple consternés, ou ses chants d’allégresse ?
Et pour s'y rendre d'autant plus experts, les Comédiens étaient des troupes séparées des Tragédiens et des Atellans, sans entreprendre les uns sur les autres ; les Comédiens ne jouant point de Tragédies, ni les Tragédiens point de Comédies, ni les Atellans aucun de ces Poèmes, faisant même assez souvent les Exodes de la Tragédie, pour adoucir la douleur ou l'horreur des Spectateurs par leurs agréables railleries.
[NDUL] Il semble bien que, même à Paris, le clergé fût moins sévère dans la pratique, puisque Molière avait un confesseur attitré et qu’il avait fait ses pâques l’année qui précéda sa mort ; et six jours avant son décès, il avait été, en compagnie d’une actrice de sa troupe, admis, à Saint-Sauveur, comme parrain d’une fille du comédien Beauchamp.
Il fut accueilli, dans ses premiers succès, par le prince de Conti, qui lui donna des appointements, et pensionna sa nouvelle troupe ; mais ce seigneur comprit depuis le danger de la comédie, et, pour réparer en quelque sorte la faute d’avoir donné asile au plus grand comédien, il se crut obligé d’écrire contre le théâtre.
Il se pourrait donc que les prologues aient été commandés par une troupe de Bourges ou de passage dans la ville.
Que la contagion de cet usage s’étende, comme elle s’étendra à coup sûr6, qu’elle s’asservisse les empires et les royaumes, que les troupes mimiques (il y en a aujourd’hui dans presque toutes les villes de l’Europe) s’emparent des enfans que des parens plus féroces que les ogres voudront leur abandonner : que fera l’Etat quand il faudra compulser la partie rédondante de la population pour renforcer ses légions, et repousser les ennemis de la patrie ? […] Mais que dans l’essor de la première jeunesse, dans la crise du développement des qualités qui font le Chrétien et le citoyen, un enfant soit arraché à ses foyers paternels pour passer sous la puissance d’une troupe errante, pour faire avec le sacrifice de sa patrie celui de ses mœurs et de son honneur ; c’est un vol réel fait à l’Etat, c’est un crime de lèse-société humaine, aussi odieux en lui-même, qu’effrayant pour la contagion de l’exemple… Si dans une république où l’esprit d’intérêt étouffe les sentimens de la nature, où l’on vend et achète les hommes comme les ballots de toiles d’Inde, où la valeur n’est comptée pour rien, où le plus actif guerrier est moins considéré que le banquier le plus indolent, la législation ne s’occupe point d’un abus de cette espèce, c’est dans la nature même de son gouvernement et dans le génie de ses peuples, qu’elle trouvera les raisons de son indifférence. […] On verroit d’honnêtes commerçans gémir sur les fraudes et les vols multipliés dont ces troupes errantes affligent leur négoce ; emportant de toutes les villes où ils ont gesticulé, les fruits de l’industrie et de la sollicitude des hommes laborieux, morguant dans leur fuite le ressentiment de la justice, et jouissant par surcroît de sécurité d’un titre reconnu à la violation de tous les droits. […] Mais je sais qu’aucun remède ne produira jamais d’effet solide et persévérant, tandis qu’il existera parmi nous un établissement autorisé, où l’imagination et le cœur reçoivent cette impulsion funeste qui prépare la dégradation des corps ; tandis qu’on verra dans chacune de nos villes ces troupes nombreuses d’histrions des deux sexes, qui avec des armes éprouvées contre la résistance des mœurs antiques, nous amènent une contagion composée du virus de toutes les nations ; qui couvrant une lépre hideuse sous des couleurs factices, provoquent l’imprudente incontinence d’une jeunesse étourdie et folâtre ; mettent publiquement à l’enchère la corruption physique et morale, et préludent à ce funeste triomphe par tous les artifices de la séduction….
Paris n’a peut-être jamais été aussi peuplé qu’il l’est aujourd’hui, on le remarque par le concours qu’on voit à tous les spectacles, (mauvaise preuve, il en résulte seulement que le nombre des gens frivoles est devenu plus grand ;) il s’y présente journellement un si grand nombre de personnes, qu’on est obligé de réfuser des billets, faute de places ; on parle à cette occasion, d’établir deux nouvelles troupes de comédiens, une dans le quartier du Marais, à l’Arcenal, l’autre au fauxbourg Saint Honoré ; il en faudra un aussi à la rue d’Enfer, & au fauxbourg Saint-Laurent, sans compter les théatres du centre de la Ville, & les théatres de société. […] Cet homme étoit amateur du théatre, & singuliérement idolâtre de Térence, il vouloit inspirer ce goût à tout le Clergé, à la vérité il ne fit pas bâtir de théatre public, & n’appella point de troupe de comédiens, qui n’ont jamais brillé dans le Querci ; il auroit par un tel éclat, reveillé l’Evêque Chartreux, trop dévot pour aimer la comédie, qui vraisemblablement l’eût condamné ; mais il imagina de faire étudier les comédies de Térence dans le Seminaire ; il fit entendre à l’Evêque que pour faire entendre le Latin d’Akempis à ses Ecclésiastiques, il faloit les obliger d’apprendre les bons poëtes Latins, Virgile, Horace, & sur-tout Térence. […] Conduite plus noble que celle des gentilhommes de l’hôtel de la comédie de Paris, qui très-roturiérement ont toujours fait payer à l’entrée : depuis une troupe de comédiens a pris la place de la société, & la générosité, la noblesse ont cédé la place à la roture. […] Le vin de Cahors vaut bien le théatre de Moliere ; l’hiver rassembla le peuple dramatique, que l’automne avoit dispersé : pour réparer le tems perdu, on joua tous les jours, fêtes & dimanches ; la coterie n’auroit pu fournir à un si grand travail, si elle n’eût été renforcée par une troupe de tabarins, que le bon vin de Cahors, & la grande réputation de la scéne Quercinoise attirerent, au nombre de vingt-cinq gens peu faits d’ailleurs pour amuser la bonne compagnie, qui n’avoient encore que débité de l’orviatan sur des théatres ; mais reçus avec enthousiasme, ils se sont évertués, ils ont pris, l’essor, par une noble émulation, & ont essayé des piéces régulieres ; on a dit qu’ils réussissoient, & la recette a été bonne, quoique la Ville soit déserte, misérable, chargée d’impositions, qu’elle ait souffert depuis bien des années, de grandes calamités, les bourses fermées aux pauvres, se sont ouvertes pour des charlatans, qui ne savent pas même leur métier, tant l’amour du théatre est une aveugle ivresse.
Maurice avoit toujours dans son camp une troupe de comédiens à ses pages ; il entretenoit ainsi la gaieté & avec elle la valeur, & faisoit diversion par ce libertinage aux raisonnemens politiques sur ses opérations. […] La Duchesse, instruire du danger d’être pris que couroit le Comte, lui envoya sa garde qui le sauva, lui donna un appartement dans son palais, le fit servir à ses dépens, eut pour lui les plus grandes attentions, envoyoit tous les matins à son lever un page pour s’informer de sa santé, & un officier prendre ses ordres ; elle fit un voyage à Riga, pour engager son concurrent à ce désister de ses prétentions sur le duché de Courlande, & à Petersbourg, pour calmer la Czarine, & la prier de retirer ses troupes qui s’étoient emparées du duché. […] Il jetta à la Comtesse un mouchoir richement brodé, & la fit asseoir avec lui sur un sofa, le reste de la compagnie s’assit sur des carreaux de velours ; une troupe de bateleurs & de sauteurs des deux sexes amuserent, en attendant la piece réguliere. […] Il étoit escorté de troupes bien armées, qui précédoient, accompagnoient & suivoient.
Ils ont même des dessinateurs & des tailleurs à gages, pour en faire tous les jours de nouveaux ; mais ce n’est que pour le service de la troupe, & il est rare qu’ils en louent ou en prêtent, tout au plus trouvoit-on de hasard quelques vieux habits de rebut chez les frippiers. […] Quand la scène vient à s’ouvrir & à vomir les personnages, on croit voir venir une troupe de démons, ou la bande des voleurs de la caverne de Gilblas. […] Aussi quel plaisir d’avoir à ses ordres une troupe de Nymphes, de vivre familièrement avec tant de Princesses, d’avoir droit à leur reconnoissance, de se trouver à leurs exercices, de présider à leur toilette, de décider de leur parure, d’apprécier leurs talens & leurs graces ! […] Dorbessan, dans son voyage d’Italie, nous apprend que les nobles Vénitiens ont des théatres à eux, qu’ils afferment à des troupes de Comédiens, & dont ils tirent un gros profit.
2. comme d’une troupe de Comédiens, ce qu’elle a été pendant plusieurs années, & qu’elle a cessé d’être depuis qu’on en a réprimé les excès. […] En 1548, Henri II levant des troupes, le Roi de la Basoche, à la tête de six mille Clercs, alla lui offrir ses services. […] quatre ou cinq cents Clercs fourniroient-ils six mille hommes de troupes réglées ? & quelles troupes !
La Parade est ancienne en France ; elle est née des Moralités, des Mystères, & des Facéties que les Elèves de la Bazoche, les Confrères de la Passion, & la Troupe du Prince-des-Sots jouaient dans les Carrefours, dans les Marchés, & souvent même dans les cérémonies les plus augustes, telles que les entrées & le couronnement de nos Rois.
Il ne pouvait mieux exprimer l’effet de ces réjouissances, qu’en disant qu’elles donnent entrée « à une troupe de vices » : ce n’est rien, pour ainsi dire, en particulier ; et s’il y fallait remarquer précisément ce qui est mauvais, souvent on aurait peine à le faire : c’est le tout qui est dangereux ; c’est qu’on y trouve d’imperceptibles insinuations, des sentiments faibles et vicieux ; qu’on y donne un secret appât à cette intime disposition qui ramollit l’âme et ouvre le cœur à tout le sensible : on ne sait pas bien ce qu’on veut, mais enfin on veut vivre de la vie des sens et dans un spectacle où l’on n’est assemblé que pour le plaisir ; on est disposé du côté des acteurs à employer tout ce qui en donne et du côté des spectateurs à le recevoir.
Il alloit de Bourg en Bourg, jouant ses Pieces sur le char qui voituroit sa troupe. […] Les troupes qui y étoient dispersées y faisoient représenter les jeux qui étoient le plus en usage à Rome, c’est-à-dire, ceux du Cirque, ceux des Pantomimes & les Mimes. […] Le Chef de cette troupe s’appelloit le Prince des Sots, & leurs drames étoient intitulés, la Sottise. […] On vit paroître vers l’année 1588 deux nouvelles troupes de Comédiens. […] La troupe qui étoit alors chargée des représentations dramatiques, se qualifioit de Comédiens de l’Elite Royale.
Si Sa Majesté donne des pensions aux Comédiens, & les soumer à la jurisdiction de quelques-uns de ses principaux Officiers, c’est pour que les amusemens de ses Sujets soient plus réglés & moins dépendans des caprices de la Troupe ; c’est pour en écarter les abus, qui se glisseroient dans un Spectacle sous l’autorité du public si facile à éluder ou à usurper ; c’est pour que la Troupe sente mieux l’étendue de ses devoirs, & ait moins de prétextes de s’en affranchir.
Les femmes n’étoient point encore admises dans les troupes ; depuis qu’elles en font le plaisir, la nudité des Satyres a passé aux Actrices. […] C’est une troupe de cyniques qui rient de tout, & ne cherchent qu’à faire rire. […] Quand le goût du spectacle s’est répandu, il n’a fallu que battre la caisse, il s’est formé de toutes parts cent troupes d’Acteurs pour les théatres particuliers ou pour les publics.
& à la Somme de Silvester, qui tous par le mot Histrions n’ont jamais entendu des Comédiens proprement dits, tels que les troupes que nous voyons, mais d’une maniere vague & générale des gens qui amusent le public par des jeux indifférens, que la simplicité des temps & le défaut de théatre rendoient alors bien plus nombreux & plus courus, & qui ne méritoient aucune animadversion, pourvu qu’ils ne s’échappassent point à dire ou faire rien d’indécent. […] Il en est ainsi à la Chine, au Japon, dans toute l’Inde, où l’on ne connoît point de théatre public, mais où l’on voit des troupes de Balladins qui vont dans les maisons où on les appelle divertir les gens par leurs bouffonneries, présentent un catalogue des pieces qu’ils savent, & jouent sur le champ ce qu’on leur demande. Il est vrai que comme tout dégénère, ces troupes sont ordinairement fort licencieuses, sur-tout dans ces pays idolâtres, & alors sans doute la conscience ne permet pas de s’en amuser.
On frémit à l’idée de l’arène des Romains, où les gladiateurs, tantôt corps à corps, tantôt troupe contre troupe, faisoient couler des ruisseaux de sang, tant les barbares Césars faisoient peu de cas de la vie des hommes ; mettons-nous les ames à plus haut prix ? […] Quoique sans doute ceux qui forment, qui appellent des troupes, ou quelque Acteur en particulier, ceux qui les font venir, jouer chez eux, soient incomparablement plus coupables, puisqu’ils sont cause de la représentation, les spectateurs qui payent à l’entrée d’un spectacle formé sans eux, ne sont pas innocens, puisqu’ils contribuent à son entretien. […] Comme si tout cela ne formoit pas l’entretien & l’encouragement d’une troupe de gens infames, dévoués par état à inspirer le vice, qui l’inspirent toujours & corrompent le cœur, même en représentant des choses saintes.
Ce prince ne se contentoit pas d’avoir une troupe de musiciens à son théatre de Dresde, d’y faire venir une seconde troupes de musiciens italiens, dans les fêtes qu’il donnoit, il envoya encore en Italie, & y entretint pendant un an le Giacon à la recherche de tous les chanteurs, pour en faire une recrue & les amener en Saxe. […] A l’arrivée de la grande Dauphine, une troupe de comédiens & de danseurs étoit allé à Châlons, où le Roi & le Dauphin allerent recevoir cette princesse. […] Le Dictionnaire de la Crusca, dit que c’est le nom qu’on donne aux Bergamasques, peuple naturellement comédien, qui fournissent des acteurs à toutes les troupes d’Italie. […] Ces troupes innombrables de barbares attaquent la vertu comme le débordement des visigots, vandales, lombards inonderent & détruisirent l’Empire romain. […] Cette farce rappelle le trait de la fameuse comédie des Courtisannes, qui troubla si fort la troupe des comédiennes par la vérité des portraits.
Cependant ce sage, cet excellent citoyen, peu reconnoissant de cette libéralité faite à son honneur, eut un démêlé très-vif avec la Troupe au sujet de ses droits sur la recette. […] Une Troupe de Comédiens étant venus dans la ville de… offrir au public ses Actrices, s’imaginant qu’en flatant les Protestans dont cette ville est pleine, le parterre & la bourse seroient mieux remplis, annonça l’Honnête-Criminel. Les Echevins, gens de bien, instruits des défenses de la représenter faites ailleurs, & craignant le scandale, menacerent de la prison le Directeur de la Troupe. […] Il n’y a aucune femme dans la Troupe Chinoise ; les rôles de femme sont joués par de jeunes garçons dont les déguisemens font illusion. […] Les Actrices sont ambulantes, comme dans nos Troupes de province, & ne valent pas mieux que celles qui sont fixes.)
Fenelon, Instituteur d’un grand Prince, avoit formé en lui les plus hautes vertus ; Moliere avoit rassemblé, traîné dans les provinces, formé au vice une Troupe ambulante de Comédiens, qu’ensuite il fixa à Paris. […] Cet éloge, qui dans un Sermon à Notre-Dame, fait une sorte de scene comique & une apologie authentique du Théatre, a dû peupler le parterre, & méritoit un remerciment & une récompense de la Troupe. […] La postérité saura peut-être la fin du Comédien, (& chef de la Troupe) qui en jouant le rôle du Malade Imaginaire, reçut la derniere atteinte de la maladie, dont il mourut trois heures après, & passa des plaisanteries de la scène, parmi lesquelles il rendoit les derniers soupirs, au Tribunal de celui qui a dit, Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez. […] Cela est si peu vrai, que personne ne s’est fait plus que Moliere des ennemis de toutes parts, à la Cour, à la ville, dans sa famille, dans sa troupe, précisément par cette parfaite imitation. […] Moliere fut un débauché depuis sa premiere jeunesse, où révolté contre son pere, qui vouloit le corriger, il quitta la maison paternelle, & se donna à une Troupe de Comédiens pour suivre une Actrice, & jusqu’à la fin de ses jours, qu’il termina sans donner aucun signe de religion.
Vous n’ignorez pas, Monsieur, que les deux Troupes. […] Nous voyons que le Parlement de Paris, instruit des Farces indécentes39 que représentait la Troupe des Enfans sans souci, fit fermer leur Théatre, par Arrêt du 6 Octobre 1584. […] Tabarin, Gauthier-Garguille, Turlupin, Gros-Guillaume, sont les noms des anciens Acteurs qui jouaient dans les farces & parades que donnait au Public la Troupe appellée : les Enfans sans souci. Le chef de cette Troupe s’appellait le Prince des sots, titre fort honorable sans doute ; les pieces de ce tems étaient intitulées : la Sotise. […] Les meilleurs Poëtes qui composaient pour la Troupe, étaient Clément Marot, & Villon.
Suite du Clergé Comédien, L E plus illustre ecclésiastique comédien a été Julien l’apostat : il aimoit le théatre à la fureur, son palais étoit plein de comédiens, il en avoit toujours des troupes à sa suite, dans ses voyages. […] Le trop fameux Paul Scarron, l’homme le plus comique & le plus comédien qui fut jamais, a composé beaucoup de pieces de théatre & de livres burlesques, en vers & en prose, qui ne sont que des farces la plupart très-plates, jusqu’à sa traduction de l’Enéide de Virgile, où il travestit en bouffon de guinguette le poëte le plus élégant & le plus sage ; jusqu’à son Roman comique, qui n’est que la suite des aventures d’une troupe de comédiens, toutes dignes d’eux & de lui, & ne peuvent amuser que les treteaux de la foire.
Les premiers Empereurs de Rome s’étaient trouvés assez souvent parmi les troupes de Comédiens pour leur plaisir ; et à leur exemple il n’y a point de doute que les enfants des meilleures et plus nobles familles eussent embrassé cette condition, si par le frein des lois on n’eût su dextrement arrêter la violence de cette inclination qui les y poussait, aussi bien qu’elle en pousserait encore beaucoup de notre temps, qui au lieu de s’occuper aux grandes et héroïques actions, où leur noblesse les destine, les ferait passer leurs meilleures années dans la douceur de cette vie voluptueuse. […] Et qui est-ce dans son âme qui soupçonne le moindre déshonneur parmi une troupe si belle, voyant les merveilles de leur Théâtre.
F. avec la plus vive douleur, le scandale qui vient de paroître dans cette Ville, par le séjour d’une Troupe de Comédiens ; de ces hommes pervers, qui n’emploient leurs talens qu’à corrompre les cœurs, & à répandre le poison dont ils sont infectés.
avec chacune sa piece à la main ; enfin, une troupe de génies de la philosophie avec des compas, de l’histoire avec le portrait de Charles XII, du Poëme Epique & du cheval d’Henri IV, de Louis XIV & de son siécle ; c’est ainsi que les Romains dans leurs funérailles faisoient porter les statues de leurs ancêtres, & que les triomphateurs trainoient à leurs chats les esclaves, & les dépouilles des nations qu’ils avoient vaincues. […] Les Bacchantes même n’étoient pas habillées de pampres & de lierre ; il faut que Voltaire & sa troupe soient surieusement affectés de l’envie qu’ils s’imaginent qu’on leu porte, & qui n’est que l’injure banale contre tous ceux qui ne l’admirent pas, qui la répétent à toutes les pages ; il y a sans exagération dans les œuvres de Voltaire deux mille traits contre ses ennemis, & tous avec ces propos des hâles ; il est si hors de lui-même, qu’on le prendroit pour une harangere. […] Du char sortoient nombre de grands drapeaux ainsi peints, qui pendoient jusqu’à terre après chacune des pauses déterminées par la trompette, la troupe chantoit en marchant, d’une voix tremblante, entrecoupée de soupirs, Miserere mei.
Moliere, sa femme, sa famille & sa troupe pratiquoient exactement ces leçons. […] Aussi ne le crois-je pas assez profondément méchant pour ourdir cette chaîne diabolique ; c’est une troupe de libertins qui donnent les plus mauvais exemples, tiennent les plus mauvais discours, offrent les objets les plus dangereux, mais n’agissent qu’au hasard, par goût & par passion, sans avoir en vûe aucun plan raisonné de conduite. […] Le grand grief de la Moliere étoit que son jaloux entretenoit dans sa maison, à la barbe de sa moitié, la de Brie autre Comédienne, qu’il avoit aimée en même temps que la Bejart, amenée à Paris, & incorporée dans sa troupe.
Une troupe de Dieux & de peuples qui sont à leur suite, applaudissent à cette belle œuvre, la célèbrent par leurs chants, & disent : Venez, tendres amours, couronnez ces amans, & régnez avec eux : plaisirs, assemblez-vous, &c. […] On a vû dans plusieurs pieces, dont le Mercure en 1764 a fait l’extrait avec complaisance, on a vû sur le théatre une troupe de Sultannes au-tour du Prince (les plus jolies Actrices, les plus éveillées, très-propres à jouer leur rôle d’après nature), dans l’habillement du sérail, pour suivre le costume, ce qui n’est rien moins qu’un habit de vierge. […] Quel soldat plus attentif à choisir, à fourbir ses armes, plus exercé à les manier, plus rusé à tendre des embuches, que ces troupes à la toilette ?
des plus rigides en ces occasions, mais il parle seulement contre les assemblées du Théâtre, où l'on introduisait des troupes de femmes débauchées, et des sujets d'autres crimes, qui faisaient horreur à la nature, des Danseurs et des Mimes qu'il appelle tous infâmesHom. 8. de pœnit.
Les conjonctures, quatre ans après, ayant obligé le roi d’en retirer ses troupes, la famille de Caffaro se réfugia en France, où elle a subsisté des pensions que la cour lui donna.
Si l’on ne voit pas dans les autres Cours, des troupes d’Acteurs d’Opéra-Bouffon, comme dans l’Empire, la difficulté d’en trouver de passables en est la seule cause. […] On est si accoutumé à voir la Scène-moderne remplie de savetiers, d’une troupe de manans, de misérables laboureurs, qu’on ne peut s’empêcher de s’écrier, lorsqu’il paraît un Poème à ce Théâtre dans lequel on fait agir des Acteurs d’une condition un peu distinguée ; nous serons donc enfin dans la compagnie d’honnêtes gens !
plus habiles d’entre les Trouveours, qui étaient les Poètes de ce temps, et les chefs de cette troupe moururent ; d’autres leur succédèrent, mais fort incapables.
Fort heureux d’épouser la fille d’un paysan, qui avoit quelque bien, il s’associa à une troupe de voleurs ; de débauchés, vola les daims du parc de son Seigneur. […] Il se donna à une troupe de comédiens à Londres. […] Etant poursuivi pour crime de vol, il n’avoit trouvé de ressource & d’asyle qu’une troupe de comédiens, & ayant dans ce métier acquis beaucoup de bien, il s’enveloppa dans sa philosophie, & fut le manger dans son village. […] Il s’en forma des troupes nombreuses qu’on nourrissoit aux dépens du public, & qui étoient toujours prêtes à donner de ces fêtes sanguinaires.
Si pour plaire à ses parens, il suivit quelque temps le College & l’Université, il ne s’occupa que de son plaisir ; il échappa dès qu’il le put, & se donna à une troupe de Comédiens ambulans, c’est-à-dire à la lie de la populace & du vice, & courut avec elle les provinces. […] Il n’étoit pas plus fidele ; sa moitié lui reprochoit qu’il entretenoit la Devrie comédienne de sa troupe, dont il ne voulut jamais se séparer. […] Il se mocqua de toutes les remontrances de son père, il le quitta, se donna à une troupe de Comédiens, pour suivre une Comédienne dont il étoit amoureux. […] Par-tout on retrouve la boutique où il est né, la troupe de campagne avec laquelle il a vécu, le jargon de province dont il amusoit la populace.
Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires. […] On voit dans la vie de Julien l’apostat, vrai comédien, qui aimoit éperdument les bouffons, en étoit environné, & en avoit rempli son palais, malgré l’hypocrisie philosophique qui lui faisoit blâmer les spectacles, comme contraires aux bonnes mœurs, & les défendre à ses Prêtres, comme contraires à la sainteté de leur état ; on voit dis-je qu’à ses funérailles, dont la pompe fut très-longue, il y avoit une troupe de Comédiens qui suivoient la biere. […] Dans les troupes le luxe fait une seconde armée, plus embarrassante que celle qui combat.
Les troupes des comédiens faisoient tous les frais, le public payoit à l’entrée, le Roi donnoit quelques pensions, la police y maintenoit l’ordre. […] Le pere prieur, dit-il, est le directeur de la troupe : il vous donne un emploi, il vous charge de quelque fonction : c’est votre rôle. […] Mais une circonstance à laquelle ne s’attend pas un homme qui a de la religion, de la vertu, & même du bon sens ; c’est que, dans ce vaisseau richement chargé, où l’on avoit embarqué des présens magnifiques pour quelque Nabab des Indes, & plusieurs compagnies de soldats, pour la garnison de Ponticheri, on avoit eu la précaution d’embarquer aussi une provision de femmes de bonne volonté, pour le service des passagers, des soldats & des matelots, & notamment une troupe de comédiens & de comédiennes, pour les divertir sur la route, & soutenir le théatre françois de la Compagnie des Indes, répandre sur les bords du Gange les grands noms de Moliere, Corneille, Racine, Crebillon, où ils étoient parfaitement inconnus, quoique leur gloire immortelle, disent nos oracles, ait rempli tout l’univers.
Un jeune homme entiché de la comédie Bourgeoise, a rejetté de sa troupe bénévole, un de ses amis à qui sans doute il croit peu de talent. […] je vous dirai qu’ils se promenent quelque tems de théâtre en théâtre sur le rempart, qu’il faut que les garçons entrent tôt ou tard dans les troupes ambulantes des Provinces ; que les filles qui ne peuvent s’élever au rang de courtisannes entretenues, peuplent les mauvais lieux ; qu’en général les efforts prématurés de toute espèce qu’on a fait faire à ces malheureux, altérent de bonne heure leurs facultés Morales et Phisiques, et qu’ils se traînent, dans le Marasme, à peu-près jusqu’à trente ans. […] Mais aujourd’hui, mais depuis que Monnet, le premier, eût décoré ses loges élégantes de taffetas bleu, bordé de franges d’argent, depuis que ces tréteaux ont eu des orchestres réguliers, qu’on y a eu recours à des danses volupteuses, à des évolutions militaires, à des patomimes ; depuis qu’on a eu la liberté de formes des troupes de comédiens-enfans, depuis enfin qu’au fonds des pièces qui a été constamment le même, c’est-à-dire, essentiellement ridicule, on a ajouté des accessoires propres du moins à flatter les passions, la bonne compagnie a appris le chemin du Préau de l’Abbaye, du fauxbourg Saint-Laurent et de la rue de Richelieu.
» me répondit-il. « Cette légende modeste convenait autrefois ; Michot, Damas, Varenne, Julie et les deux Tabraise étaient le noyau de cette troupe, que le père du Tonnelier 65, sous la protection d’un prince66, gouvernait avec un talent que, pour les progrès de l’art, Thalie devait éterniser comme le feu sacré de Vesta ! […] [NDA] Sauteur de la troupe Nicolet. […] [NDE] « Ecoute-nous comme des enfants » (sicut infantes audi nos), devise d’Audinot, qui commença par un théâtre de marionnettes à la Foire Saint-Germain puis fit jouer une troupe d’enfants à l’Ambigu-Comique, inauguré en 1769 sur le Boulevard du Temple.
Ce n’étoient que des Farces que jouoit la Troupe Comique de Sienne, Troupe si excellente que Leon X, qui molte di tali componimenti se dilettava, dit le P.
Or si la Troupe actuelle, chargée, outre ses Dépenses ordinaires, de 24,000 liv. de Pensions, parvient chaque année à mettre en caisse une somme à partager d’environ 100,000 liv.
Ce n’est pas tout : loin d’encourager la timidité d’un jeune Auteur, qui se distingue, par des honneurs publics, par une pension de l’Etat, on l’abandonne à une troupe de Harpies qui habite le Spectacle ; et lorsqu’il ne se trouve pas assez riche pour leur donner de la pâture, et les rassasier à une bonne table, ces animaux destructeurs déchirent son Ouvrage, et attaquent sa personne ; le Public s’en divertit, et l’Auteur sensé se retire.
Ces Comédies furent représentées par une troupe de jeunes gens, et ne parurent pas sur le Théâtre des Comédiens.
Ils reviennent deux jours après escorté d’une troupe de leurs camarades & soldats de leurs compagnies déguisés en bourgeois, pour tirer une vengeance éclatante. […] Le Commandant fit donner la retraite & renferma toutes les troupes. […] Voilà l’heureux effet que devroit produire la critique ; mais à Paris il y a actuellement quatre procès entre les Comédiens & les auteurs, parce que la troupe a cru que quelques-uns de ses membres y doivent être désignés par leurs pieces. […] 2.° Il y a des loges particulieres pour les Comédiennes qui ne jouent pas, où elles vont voir représenter la piece, juger leurs compagnes & s’instruire elles-mêmes ; on voit autour d’elles, dit l’auteur, une troupe de jeunes évaporés comme des papillons badiner, chuchoter, singer ; les autres se donnent mille ridicules que la fatuité du siecle met au nombre des belles qualités.
Je pris le parti de m’engager dans une troupe de Province à la sollicitation d’un de mes amis qui était actuellement à Rennes. J’arrivai donc, je débutai avec succès ; mais j’avoue en même temps que je trouvai la troupe composée de sujets si méprisables pour les mœurs et les talents, que je me reprochai ma précipitation ; si j’avais des chagrins à essuyer d’une association pareille, j’en étais bien dédommagé par les bontés, les politesses généreuses que je recevais d’une bonne partie des Magistrats du Parlement de la Province et particulièrement de l’illustre et respectable famille de Mr. le President à Mortier de C. […] Cet accident et l’indigne conduite de la plupart de mes Camarades me déterminèrent à revenir à Paris, sans renoncer cependant au Théâtre, parce que je n’ignorais pas que la troupe que je quittais était la plus mauvaise du Royaume, je reçus bientôt un engagement pour la Cour de Bayreuth et j’y vins me convaincre que les bonnes mœurs, la probité, la conduite se peuvent très bien accorder avec le talent et le métier de Comédien, j’avoue en même temps que je n’ai pas trouvé la même pureté dans les troupes dans lesquelles j’ai été engagé depuis, mais j’y ai cependant trouvé toujours un bon nombre de sujets capables de justifier la bonne opinion que j’ai de ma profession.
J’ose assurer qu’il y auroit parmi tous les sujets de la troupe une généreuse émulation pour justifier le discernement de leurs protecteurs. […] Nous en avons des certitudes par l’éloge que la troupe du sieur le Moine fait des Citoyens. […] Une troupe de quinze personnes en tout seroit suffisante à Genève. […] On vous en nommeroit en plus grand nombre sans épuiser toute la sagesse des différentes troupes du Royaume, si le nom des unes ne faisoit le procès aux autres. […] Les appointemens au taux que je les ai fixé, suffiront pour l’entretien convenable de la troupe.
Ce Sophiste prétendu, s’efforce de persuader au Vulgaire, que ceux de la Religion réformée, ne souffrent aucunement ce divertissement parmi eux, en quoi il montre une grande ignorance ; vu qu’il n’y a Royaume, Province, Contrée ou Ville, où ils ne soient bien reçus et approuvés de ceux qui ont l’autorité souveraine ; en Angleterre le Roi en entretient ordinairement deux troupes à ses gages, qui le suivent quand il va à ses progrèsl, et où j’ai vu même des Ministres assister à leur représentations, entre autre un nommé Joannes Davenantius Professeur de l’Académie Royale, et un certain Vardus Préfet de la même Académie, qui tous deux avaient été députés au Synode de Dordrecht, comme des plus notables du Royaume : Dans la Hollande j’ai toujours vu des lieux érigés pour cet exercice, et particulièrement à Amsterdam, où s’est fait depuis peu le plus magnifique Théâtre de l’Europe, pour la Jeunesse de la Ville. A La Haye où son Altesse le Prince d’Orange tient sa Cour, il y a une troupe de Français qui représentent quatre fois la semaine, et où la plupart de la Noblesse, tant de l’une que de l’autre Religion assiste, sans aucun scrupule.
» Un jour il demandait au Duc de Montpensier ce qu’il pensait de ces opérase : « Je pense, répondit-il, que Votre Majesté mérite tous les éloges qu’on lui donne, mais je ne puis comprendre comment elle peut souffrir qu’ils soient chantés par une troupe de faquins dans le temple du vice et de la débauche. » Quelle vertu, quelle vérité, quelle fermeté ! […] qui jamais a craint la mort jusqu’à ne pas la préférer au rôle d’un mari jaloux, ou au métier d’Acteur dans la troupe de Corinthe ?
FIN L’infâme troupe en France condamnée, Et malgré France en France ramenée, Entreprenant Salmonée imiter, Dedans Lyon voulut Dieu dépiter, Contrefaisant son magnifique ouvrage: Mais le loyer de ce félon ouvrage, Fut, est, sera honte et destruction De Salmonée et de sa nation.
L’illustre Grand Maître de l’Ordre Teutonique a eu fort longtemps une troupe à lui, & l’aurait encore sans les troubles de Westphalie. […] Mais une troupe formée d’honnêtes gens, chose moins difficile à faire que Jean-Jacques Rousseau se l’imagine (en ayant omis une grande partie qui pourrait la composer) l’alternative par ce moyen se trouvera éclipsée : Genève pourra pour lors adopter un spectacle, & le pratiquer sans crainte qu’il aliéne les mœurs des habitans. […] de vénérables Vieillards à la barbe blanche, au front chauve & ridé, qui gambadent comme une troupe de Calotins. […] Gherardy père, & Molin, tous deux Directeurs d’une Troupe séparément, faisaient des sommes. […] Plusieurs de ses gens qu’il y avait envoyé, & qui avaient été reçus dans la Ville, comme venant assister à cette fête, devaient la nuit se saisir des Portes de la Ville, pour en assurer l’entrée aux Troupes de Comanus qu’il avait fait avancer secrettement derrière une Montagne ; mais une Dame, parente du Roi, craignant de voir périr un jeune Grec qu’elle aimait éperduement, lui découvrit l’entreprise ; aussi-tôt les Magistrats avertis par ce jeune Grec, firent faire main-basse sur tous les étrangers qui furent trouvés en armes ; après quoi les Habitans marchèrent contre Comanus, qui demeura sur la place avec sept mille hommes de ses Troupes.
Ce n’étoit pas le moment de se flatter qu’il se prêteroit à examiner la nature des spectacles pour une troupe d’Acteurs imbécilles qui paroissoient alors depuis quelque temps. […] Qu’on se rassure, les Acteurs & les Actrices sont irréformables, même sur les idées d’un Comédien Italien, dont la troupe ne fut jamais accusée de sévérité.
Il faut que la pièce soit examinée par le colloque, qui assurément n’y passera rien de licencieux, d’impie, d’équivoque, comme le sont presque toutes celles que donnent les troupes. […] Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux, on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de Comédiens, qui n’ont de règle que leur profit et le plaisir des spectateurs ?
La troupe n’entend point faire de frais.
On pourroit vous adresser, Mademoiselle, ainsi qu’à votre troupe, & à tous ceux qui accourent en foule pour vous entendre, ces paroles de l’Evangile, avec bien plus de raison qu’aux filles de Jerusalem : Ne poussez pas des gémissemens sur les autres, réunissez toute votre compassion sur vous-mêmes, & reservez toutes vos larmes pour pleurer votre propre infortune.
De ces paroles il est facile de connaître combien les Scéniques ou Histrions étaient différents des Tragédiens : car ceux qui récitaient les Tragédies ne dansaient ni ne chantaient, et ces deux choses ne convenaient qu'aux Chœurs ; Mais ceux qui par leurs danses exprimaient les actions des Héros avec cette Musique impétueuse, et quelquefois en prononçant des vers, étaient les Mimes et Pantomimes que ce Philosophe nomme Scéniques par opposition formelle au Chœur de la Tragédie, qui faisait partie de la troupe des Tragédiens, à la société desquels les Mimes n'étaient point reçus.
Le vice en action est donc plus dangereux que tous les Peres de l’Eglise, tous les Prédicateurs, tous les Pasteurs ne peuvent être utiles ; Ainsi ces infâmes troupes d’hommes & de femmes, qui vendent leur tems, leurs talens, leur personne à la corruption publique, nourrissent, exaltent, allument dans les cœurs toutes les passions. […] Caihava, art. de la comédie, Ch. denier, attribue la décadence du théatre au privilége exclusif accordé à une seule troupe de comédiens. […] Une troupe munie d’un tel privilége, peut dire à la France entiere, nous ne voulons vous donner qu’une ou deux nouveautés, vous serez forcé de les prendre dans le genre qu’il nous plaira ; voulez-vous rire, nous voulons que vous pleuriez ; voulez vous pleurer, nous vous forcerons à rire, (Ces absurdités font rire & pleurer, choisissez ;) nous recevons ces mauvaises piéces, & rejettons les bonnes, dégoûtons les auteurs, enchaînons le génie du sieur Caihava.
Les Chinois n’ont pourtant pas de théatre fixe, & de troupes d’acteurs réglées, ce ne sont que des farceurs, qui courent les rues, dressent un théatre dans les places publiques, & vont dans les maisons où on les appelle, jouer pour de l’argent, ce qu’on leur demande. […] Le Chinois sans doute se réjouit comme le François, aux dépens des ridicules ; mais jamais n’a fait une affaire d’Etat d’un divertissement frivole ; jamais la ville de Pekin n’a fait bâtir une salle d’opéra, jamais la Cour Impériale n’a pensionné de troupe d’acteurs, jamais n’a proposé aux Lettres des récompenses pour l’éloge d’un comédien ; jamais on n’a disserté pour ou contre la comédie, en vaut-elle la peine ? […] Dans toutes les Indes, la Chine & le Japon on a des théatres, mais ce sont des théatres ambulant ; on ne va pas au spectacle, on fait venir le spectacle chez soi, des troupes d’acteurs courent les rues, & jouent par-tout, & a toute heure, pour de l’argent.
Il est inutile de répondre à ceux qui prétendent que les troupes seroient trop fatiguées par la garde qu’il faudroit faire. […] MM. les comédiens François, après avoir avancé dans leur adresse, page 7, qu’une seconde troupe nuiroit aux progrès de l’art dramatique, ajoutent : « On ne peut se rappeler, sans émotion, le succès momentané qu’usurpa Pradon sur le divin Racine ». Ils n’ont donc pas lu l’histoire de leur théâtre ; ils ne savent donc pas que la Phedre de Pradon, qui fut préférée par une cabale de beaux esprits à la Phedre de Racine, fut donnée pour la premiere fois en 1676, et celle de Racine en 1677 et qu’ainsi Pradon auroit toujours en l’avantage, et que Racine n’auroit pas réussi à faire jouer sa Phedre, s’il u’y avoit pas eu deux troupes.
commandait les troupes de la Mysie pour les assiégés. […] Penthée donc après un court récit de la situation des affaires se joint à la petite troupe d’Ænée, charge avec lui l’ennemi et meurt glorieusement dans l’action. […] Ce Polybœte est cité de compagnie avec les trois fils d’Antenor, avec Glaucus et avec Thersilocus qui commandait en chef les troupes auxiliaires pour Troie : de sorte qu’on peut juger de la qualité de Polybœte par le rang des personnes avec qui Virgile le place.
Le Dictionnaire Encyclopédique a blâmé la sévérité des Genevois, & leur a conseillé d’appeller des troupes de Comédiens, pour être dans leur ville les prédicateurs, les modeles de sainteté. […] Enfin peut-on prétendre de bonne foi que ce seroit pour prendre des leçons de sagesse, que tant de désœuvrés vont journellement courir aux spectacles, où peu attentifs à la Piece, nous les voyons perpétuellement voltiger autour d’une troupe de Syrenes, qui vivent du trafic de leurs charmes, & qui mettent tout en usage pour entraîner dans leurs pieges ceux dont elles ont irrité les desirs ?
C’est si bien un métier et des plus serviles, qu’on n’y a jamais employé que des esclaves, tandis que l’esclavage a été souffert, et depuis qu’on l’a aboli, on n’y a jamais vu que des gens de la lie du peuple, ou si quelquefois le libertinage a fait entrer un honnête homme dans quelque troupe, il n’a fait que se dégrader en y entrant ; et je demande aux plus grands amateurs s’ils voudraient se déshonorer jusqu’à se faire Comédiens, ou souffrir que leurs femmes, leurs enfants, leurs parents s’en fissent ? […] L’entrée dans la troupe est un renoncement solennel à la pénitence et à l’Eucharistie.
Ils ont tous des scapulaires, et portent au-dessous du genou des jarretières garnies de petits grelots ; ils ont en main une baguette ornée de rubans et sont accompagnés d’une troupe de petits danseurs, qui imitent après eux, les danses qu’ils viennent d’exécuter ; « 31. […] Augustin) et ses disciples : « Le lundi gras, 1651, sur le midi, on vit sortir de leur collège de Mâcon une procession dont ils avaient réglé la pompe de cette manière : la croix marchait en tête, suivie d’environ trente petits choristes tant de l’église cathédrale que des collégiales, tous écoliers des jésuites, qui étaient suivis du sieur Bazam, curé de Saint-Etienne, seul prêtre de toute cette troupe ; une cinquantaine d’écoliers marchaient ensuite travestis en Turcs, Japonais, Canadais, Allemands, Anglais, Suisses, et après eux paraissaient quatre estafiers portant un dais à quatre bâtons, sous lequel marchait un petit roi, le sceptre en main et la couronne sur la tête ; par là, ces pères voulaient, à ce qu’ils dirent depuis, représenter la grâce efficace ; derrière eux on voyait une centaine d’écoliers vêtus comme quelques autres nations plus civilisées et plus polies que les précédentes, qui marchaient devant quatre autres écoliers, vêtus en anges, chacun desquels soutenait le bâton d’un dais qui couvrait un petit écolier vêtu en ange, seul avec une croix en la main, et c’était la grâce suffisante ; il était précédé d’un autre écolier de l’âge de vingt-cinq à trente ans, habillé en femme qui avait une grande croix entre les bras ; mais les spectateurs n’en purent déchiffrer le mystère, sinon que l’on avait voulu marquer par là une âme pénitente. […] On voit d’abord paraître une troupe de jeunes garçons, les plus beaux et les mieux faits qu’on ait pu trouver, qui représentent des anges et des saints. […] Il y avait aussi une troupe d’ecclésiastiques grotesquement habillés, qui jouaient les prophètes de l’Ancien Testament, tels que Moïse, Aaron, Daniel, etc. ; venait ensuite Balaam monté sur son ânesse, qui s’efforçait à coups d’éperons de la faire avancer, mais un ecclésiastique glissé sous le ventre de l’ânesse disait pour elle à Balaam : Pourquoi me déchirez-vous ainsi avec l’éperon ? […] A Amiens, la fête des Fous était célébrée après Noël, par quatre danses qu’on faisait dans l’église ; la première troupe de ces danseurs était composée des diacres ; la seconde des prêtres, la troisième des enfants de chœur, et la quatrième des sous-diacres.
Il y a en effet quelque aventure pareille avec une troupe de comédiens qui représentoient les maures, & qu’il chargea vigoureusement : mais malheureusement il y fut bien battu.
Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de comédiens, qui n’ont point de règle que celles de leur profit et du plaisir des spectateurs ?
Peut-on admettre aux Sacrements une Troupe de Comédiens qui représentent et qui sont dans la disposition de représenter à l’avenir la Comédie qui a pour titre le Festin de Pierre, sous prétexte que les Princes qui les ont à leurs gages veulent qu’elle soit représentée devant eux ?
Et toutefois il y a là une grave erreur ; car si l’on suit avec attention l’histoire dramatique des siècles postérieurs, il devient évident que c’est par une fâcheuse méprise qu’on a cru voir le berceau de nos comédiens modernes parmi ces troupes d’histrions anathématisés dès les premiers âges de l’ère chrétienne ; qu’on ne peut, sans mauvaise foi, les regarder comme les successeurs de ces derniers, et qu’il serait tout au plus permis de considérer comme tels ces acteurs en plein air, dont les parades précèdent dignement la représentation en cire de la Chaste Suzanne ou du Jugement de Salomon.
Nos Salles actuelles ne sont pas adaptées à ces Drames majestueux : il leur faut un Théâtre, où la Scène ait l’étendue nécessaire pour représenter l’approche des Armées, les Siéges des Villes, des Combats, un Monarque fesant la revue de ses Troupes, des Fêtes &c. […] Il était bien capable de traiter ce sujet autrement, & je pense qu’il l’eût fait, s’il n’avait été qu’honnête-homme & auteur : mais il était Comédien, & Chef de Troupe ; la Recette imposait silence à la Gloire. […] Une troupe de Nymphes scandaleuses s’y font aggréger dans le seul dessein d’étaler de vénals appas : s’il est quelque différence entr’elles, & les Prêtresses de la Déesse de la Beauté, c’est que les dernières rendaient à Cypris un culte assidu, & que nos Filles d’Opéra ne sacrifient guères qu’à Plutus. […] Le Théâtre Français n’appartiendra plus à la Troupe des Comédiens, mais à l’Etat : les Sujets qui seront admis à y faire briller leurs talens, ne devront être que des Citoyens aisés. […] Et pourtant ces inconvéniens sont sans remède, avec une Troupe toujours peu nombreuse de Comédiens de profession, qui ne peuvent ni ne veulent apprendre un grand nombre de Pièces.
M. d’Apremont son pere, quoique Sujet du Duc, lui avoit fait la guerre jusques dans le centre de la Lorraine, aidé de quelques troupes que lui avoit fourni Louis XIV. […] A peine put-il débarquer quelques troupes & s’emparer d’un village, qu’il fallut se rembarquer & revenir en France.
Vous jugez bien que la plupart de ces troupes prennent plus de plaisir qu’elles n’en donnent. […] Les Comédiennes de la troupe Françoise disent que ce spectacle gâte les mœurs (elles les réforment).
Il faut même qu’on eût augmenté les appointemens depuis l’état que Pline en avait vu dressé, puisque Macrobe dit que ce Comédien touchait des deniers publics près de neuf cens francs par jour, & que cette somme était pour lui seul : il n’en partageait rien avec sa Troupe. […] Enfin il semble que ceux dont les Troupes dépendent immédiatement, pourraient y faire règner un ordre exact, sans employer la voie honteuse des châtimens, qui ne serait propre qu’à rétrécir le génie, & à abâtardir le talent : des hommes & des femmes comme la plupart de nos Comédiens formés, ne sont pas des machines qu’on ne remue que par la force : ils ont de l’esprit, du bon sens ; & la manière la plus efficace avec des gens de cette trempe, ce serait des distinctions flateuses, lorsqu’ils quitteraient le Théâtre.
Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ?
Ces vers sont pris du Divorce comique, petite farce où l’on suppose que la Troupe des Comédiens veut quitter Clomire (anagramme de Moliere) s’il ne corrige ses pieces. […] Ces vers sont pris du Divorce comique, petite farce où l’on suppose que la Troupe des Comédiens veut quitter Clomire (anagramme de Moliere) s’il ne corrige ses pieces.
Il se mit au sortir du College dans une troupe de Comédiens, contre la volonté de ses parens, qui s’en croyoient déshonorés ; il a parcouru plusieurs années la province, pour y jouer des farces ; il a préféré le métier de Tabarin à la place de Secrétaire du Prince de Conti ; il a paru à Paris & à la Cour, écrit & parlé avec impudence, se faisant honneur de ses talens & de ses succès, satyrisant tout l’univers, & il avoit raison, puisqu’il avoit obtenu tout ce qu’il vouloit, la faveur de la Cour, les applaudissemens de la littérature, & sur-tout beaucoup d’argent. […] Toutes les Troupes de Thalie ont également travaillé à établir les règles de la vertu, & doivent participer au beau titre de réformatrices.
Les Païens qui furent plus longtemps au théâtre qu’ailleurs après l’établissement du christianisme, et les mauvais Chrétiens, qui ont toujours composé les troupes, ne donnaient que des pièces comme les nôtres, où sous une enveloppe légère de galanterie, on lançait des traits contre la religion et la vertu. […] Comédie) a blâmé la sévérité des Genevois, et leur a conseillé d’appeler des troupes de Comédiens pour être dans leur ville les prédicateurs et les modèles de la sainteté.
Voici la satyre du Théatre, ou plutôt de la Cour & de la Litterature, qui ne peuvent être mieux ridiculisées qu’en faisant des courtisans & des Auteurs, une troupe de Comédiens Ces peuples surpassent toutes les nations pour l’adresse & la magnificence. […] S’il vivoit aujourd’hui, une troupe d’Acteurs ne manqueroit pas de s’y rendre. […] Le peu de monde qui assistoit aux représentations de ses pieces a engagé la Troupe à faire un Catalogue qui instruisît le public des seuls jours où l’on donnera du Moliere, & chacune de ses pieces ne sera donnée que deux ou trois fois par an, au jour nommé.
Lorsqu’on aura voulu établir des fêtes prophanes, ce qui se passait dans les Temples aura conduit naturellement à composer un genre de Spectacle dans lequel des troupes d’hommes chantaient ensemble. […] Les Athèniens, jaloux d’imiter les Tragédies d’Egypte, qui consistaient en des chœurs de musique très nombreux, & en plusieurs troupes de Danseurs, établirent dans leur Ville de pareils Spectacles, environ l’an 320 du monde. […] Lorsque la douleur occupe la Scène, ils sont arriver une troupe de Bergers, ou de plaisirs personnifiés, qui se livrent à l’allégresse.
., et 282 ; le clergé emploie deux poids et deux mesures dans sa conduite envers les comédiens ; cette divergence tourne contre lui, par les preuves singulières qu’on en fournit, pag. 159 ; les cardinaux, princes de l’Eglise, sont les protecteurs de nos premiers comédiens, pag. 164 ; l’abbé Perrin est lui-même directeur de l’Opéra de Paris, pag. 167 ; les papes, chefs de l’Eglise, instituent des théâtres de leurs propres deniers, et les organisent, pag. 168 ; les cordeliers, les capucins, les augustins, tous prêtres de l’Eglise romaine, présentent des placets aux comédiens, pour en obtenir des aumônes, et ils promettent de prier Dieu pour le succès de leur troupe, qu’ils ont la politesse de nommer chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés ne sont point soumis aux anathèmes de l’Eglise, et les prêtres qui les leur appliqueraient devraient être, selon les lois ecclésiastiques, suspendus de leurs fonctions, pag. 182 ; processions, messes et autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, qui sont remplies d’obscénités et de scandales, et bien plus nuisibles à la religion que les comédies, pag. 201 ; élection des archevêques et évêques des fous, dans les orgies des diacres et sous-diacres, pag. 280 ; le clergé en habits de mascarade et de théâtre, pag.
Jésus-Christ même a toléré Judas, c’est-à-dire un démon, un voleur, un traître, par qui il savait qu’il devait être vendu ; il le laissa participer avec la troupe innocente des Apôtres à ce prix de notre Rédemption qui est connu des Fidèles ?
Quel désordre ne porte pas dans une Ville l’arrivée & le séjour d’une Troupe de Comédiens !
Quel désordre ne porte pas dans une Ville l’arrivée & le séjour d’une Troupe de Comédiens !
Mademoiselle ***, chez qui toute la Troupe était déja rassemblée, me dit, qu’elle voulait m’accoutumer à ceux qui je devais jouer, en fesant une Répétition chez elle.
On ferait une édition de toutes les Pièces telle qu’il serait permis de les jouer ; et les Troupes de Province, seraient obligées de s’y conformer sans réserve.
Le roi, qui fait tant de choses avantageuses pour la religion, comme il l’avoue lui-même, ce monarque qui occupe tous ses soins pour la maintenir, ce prince sous qui l’on peut dire avec assurance que l’hérésie est aux abois et qu’elle tire continuellement à la fin, ce grand roi qui n’a point donné de relâche ni de trêve à l’impiété, qui l’a poursuivie partout et ne lui a laissé aucun lieu de retraite, vient enfin de connaître que Molière est vraiment diabolique, que diabolique est son cerveaul, et que c’est un diable incarné ; et, pour le punir comme il le mérite, il vient d’ajouter une nouvelle pension à celle qu’il lui faisait l’honneur de lui donner comme auteur, lui ayant donné cette seconde, et à toute sa troupe, comme à ses comédiens.
Mais en paraissant moins prévenu que vous pour la modestie de leur sexe, je serai plus favorable à leur conservation ; et malgré la bonne opinion que vous avez de la bravoure d’un régiment de femmes, je ne croirai pas que le principal moyen de les rendre utiles, soit de les destiner à recruter nos troupes. […] Je n’ai point prétendu qu’il y eût à Genève un spectacle tous les jours ; un ou deux jours de la semaine suffiraient à cet amusement, et on pourrait prendre pour un de ces jours celui où le peuple se repose ; ainsi d’un côté le travail ne serait point ralenti, de l’autre la troupe pourrait être moins nombreuse, et par conséquent moins à charge à la Ville ; on donnerait l’hiver seul à la Comédie, l’été aux plaisirs de la campagne, et aux exercices militaires dont vous parlez. […] Au reste vous ne devez pas ignorer, Monsieur, que depuis deux ans une troupe de Comédiens s’est établie aux portes de Genève, et que Genève et les Comédiens s’en trouvent à merveille.
La marche partit à la pointe du jour, & dura toute la journée, des troupes innombrables de gens de toute nation & de tout état, des animaux de toute espèce, de jeunes garçons, de jeunes filles, des Faunes, des Satyres, des Nymphes, des Bacchantes, des danseurs, des danseuses, des Musiciens, des joueurs d’instrumens sur des théatres élevés sur des roues, traînés par des chevaux, qui dansoient, chantoient, jouoient continuellement, & faisoient retentir l’air ; des statues de tous les Dieux & de toutes les Déesses, avec leurs autels, leurs Temples mobiles, leurs Prêtres & Prêtresses, leurs victimes & sacrifices traînés par des lions, des tigres, des éléphans ; des forêts ambulantes, des parterres, des champs, des vignes, des tonneaux immenses comme des foudres d’Allemagne, remplis de vin & de lait, qui dans toute la marche en faisoient couler des fontaines ; des cuisines, des tables mouvantes pour donner à manger ; toute sorte de meubles, d’armes, d’ustenciles, tous les habits d’or ou de soie, tous les effets d’or ou d’argent, on eût dit que c’étoit la marche de la Nation entiere ; son Roi à la tête, qui avec sa Cour & sa Famille la terminoit. […] Un Ecclésiastique à essence, à pâtes, à pommade, à flacon, à bonnes odeurs, est l’objet de la raillerie & du mépris de tout le monde, qu’on renvoie unanimement aux coulisses & aux foyers avec les Acteurs & les Actrices, dont ils grossissent la scandaleuse troupe.
Jadis aux cieux, la fable au moins le dit, La pomme d’or échut à la plus belle : Mais n’étant point de la troupe immortelle, A la plus sage une rose suffit. […] La troupe de miliciens & de la maréchaussée ne font qu’embarrasser le théatre.
Ce Prince efféminé, au lieu de se mettre à la tête de ses troupes, se renferma encore plus étroitement, & quand il se vit resserré de près dans sa capitale, & au moment d’être pris, il fit allumer un grand bucher, & s’y jeta avec ses trésors, ses femmes & ses eunuques. […] Enfin la Comtesse des Barres se laissa vaincre, & après bien des délais & des combats, donna son consentement ; mais pour assurer du pain à la petite créature, qui n’avoit ni père ni mère, la Comtesse voulut qu’elle fût reçue dans la troupe.
N’oublions pas, encore une fois, que la musique, lorsqu’elle est adaptée à un Drame, fait partie de l’illusion théâtrale, ainsi que ce qu’on voit sur la Scène : or les accords mélodieux d’un violon, ou les sons délicats d’une flûte, ne sont pas trop bien placés dans une campagne, au milieu d’une troupe de Paysans ; il me semble que je devrais plutôt entendre un chalumeau ou une musette ; ou du moins les sons qui me frappent doivent avoir de l’analogie avec ceux des instrumens champêtres.
Parce qu’à la tête des armées, ils ne sacrifient pas des milliers d’hommes à leur fortune, par de coupables connivences avec ces bêtes féroces chargées d’alimenter les troupes ?
Elle est fille de Maître et dès son enfance elle a été dressée à cette profession où elle a réussi avec des avantages incomparables, son Père est un des principaux de la troupe de qui cette fille est la prunelle de l’œil il en est plus jaloux que de sa femme, et ne vous imaginez pas que cette fille soit autre chose qu’une perle de vertu car outre que son Père et sa mère la veillent comme des dragons elle a toujours eu une inclination si forte à la pureté et à la piété que tous ceux qui ont voulu donner des atteintes à son honnêteté n'y ont perdu que leurs pas et leurs espérances.
Ces étrangers qui ont réduit la comédie à un « cloaque d’impudicité » sont les Italiens, qui jouent aussi à Bourges en 1607 : sur le conflit entre le comédien et le jésuite se greffe la rivalité entre troupes et répertoires.
De tels partisans sont peu propres à recruter les troupes du Déisme.
Cette vile troupe d’Acteurs & d’Actrices rentre dans le néant ; dépouillés de leur fausse grandeur, ils n’en imposent plus par la décoration, ils se montrent ce qu’il sont.
Enfin, l’on peut m’objecter que la Troupe de Genève, étant bien moins nombreuse que celle de Paris, pourra subsister à bien moindres frais. […] Ajoutez qu’une Troupe plus nombreuse a aussi l’avantage de pouvoir jouer plus souvent, au lieu que dans une petite Troupe où les doubles manquent, tous ne sauraient jouer tous les jours ; la maladie, l’absence d’un seul Comédien fait manquer une représentation, et c’est autant de perdu pour la recette. […] Je ne dis rien de nos troupes. […] Souvent les Généraux faisaient à pied les mêmes journées que leurs Troupes. […] Une bonne Troupe viendra-t-elle de but en blanc s’établir dans une ville de vingt-quatre mille âmes ?
Elle fut obéie à l’instant : la troupe des Nimphes qui la servoit, avoit une facilité admirable pour composer in-promptu, & jouer parfaitement toute sorte de roles. […] Tout cela qui est très-édifiant dans le sage Ulysse, dans le divin Homere, & la sage d’Acier, est servi sur des tables & dans des Urnes d’argent, & des coupes d’or ; il boit cependant la liqueur enchantée, il est aussi libertin que les autres ; mais il se possede mieux, il obtient le rétablissement de ses compagnons ; ils furent comme lui, mis dans le bain par les Nymphes, qui selon le modeste homme étoient par leur beauté, dignes des vœux de tous les mortels, & par consequent plus propres que d’autres à être les baigneuses de cette troupe guerriere.