Si cette malheureuse passion vue de loin dans deux personnes qui s’aiment, et dont on n’entend pas même les discours, est souvent capable de faire de vives impressions sur celui qui les observe ; qu’arrivera-t-il, lorsque, sur la scène, un jeune homme et une fille, avec toute la vivacité que l’art peut inspirer, font parade de leur tendresse dans un Dialogue, où les pensées étudiées du Poète sont toujours portées à l’excès ? […] Que dit une mère à sa fille pour la prévenir contre cette passion si dangereuse ?
On le faisoit passer pour impuissant, quoiqu’il eut une fille de son mariage, & sa fille pour illégitime, en disant que le Roi lui-même, qui vouloit à quelque que prix que ce fut avoir des enfans, avoit conduit son amant à la Reine, qui lui avoit donné sans peine son consentement. On prit ce prétexte pour le détroner, & pour exclure sa fille du trone. […] Sa fille fut déclarée batarde, & née d’adultere, & un jeune frere d’Henri, nommé Alphonse, fut couronné Roi à la place de celui que son impuissance rendoit, dit-on, incapable du trône. […] L’Archevêque bénit le le mariage ; le Roi détrôné, poursuivi par ses sujets, s’accomoda avec eux, & par le traité le plus honteux qui fût jamais, il reconnut Isabelle, au mépris des droits de sa propre fille. […] Ces amusemens firent place à une passion plus sérieuse, pour Madsle. de la Valiere fille d’honneur de Madame : ils avoient contribué à la faire naître en entretenant les amours d’un jeune Prince, depuis son enfance, le théatre en fut toujours son aliment, il en fit son étude & sa gloire.
Les Avis à son fils & à sa fille, sous un air empesé, peut-être trop sententieux, sont pleins de sagesse ; mais elle n’est pas suspecte de bigoterie. Croiroit-on que dans une longue instruction d’une mère chrétienne à son fils & à sa fille il n’y ait pas un mot de dévotion, d’exercice de piété, de sacremens, de prieres, de recours à la grace de Dieu, de foi, de charité, &c. ? […] Elle est éprise des Essais de Montagne, livre qu’une éducation chrétienne ne mettra jamais entre les mains de la jeunesse ; les obscénités, l’irréligion, l’égoïsme, la liberté des pensées & des expressions sur les choses les plus respectables, lui feroient acheter trop cherement quelques traits frappans, quelques termes énergiques, quelques naïvetés réjouissantes, que le vice fait dévorer avec avidité & prononcer avec enthousiasme, mais qui n’auroient pas dû chez une femme si sage être mis au rang des livres classiques d’une fille. […] Les inconvéniens de la nudité sont une suite du péché, & le péché à son tour est une suite de la nudité : l’indécence en est la fille & la mère trop féconde. […] Une fille sage & modeste élève par sa modestie des barrieres que le libertin n’ose franchir, & annonce une vertu qu’il n’ose ni attaquer ni révoquer en doute.
J’oserais dire que l’établissement d’un Théâtre en Langue Russe, mais d’un Théâtre tel que celui dont je présente le Plan à Votre Majesté Impériale, est une entreprise digne de l’Illustre Fille de Pierre le Grand ; puisque par là elle ferait goûter de bonne heure à la jeunesse une morale sensée, propre à former de sages Politiques, d’intrépides Soldats, de bons Citoyens, des Magistrats intègres et zélés pour l’Etat.
Ils n’ont aucun respect pour les femmes de leurs amis, ni pour leurs filles, ni pour un jeune époux, ni pour un jeune homme jusqu’alors vertueux. […] Ce savant Docteur suppose comme certain, ce qu’il a déjà prouvé dans la Question 87, art. 2, que ce sont des gens méprisables par leur état, la bassesse de leurs sentimens, & souvent par la corruption de leurs mœurs, qu’on peut regarder avec autant de mépris que les filles prostituées ; & que ce qu’ils ont gagné par leurs farces est un bien mal acquis. […] Un Oreste qui égorge sa mere, Rodrigue dans le Cid qui plonge le poignard dans le sein du pere de sa maîtresse ; Agamemnon qui immole sa fille à ses Dieux. […] D’où l’on ose conclure que deux heures par jour, données à l’activité du vice, sauvent une partie des crimes qui se commettroient ; & tout ce que les spectacles causent d’entretiens dans les cafés & autres refuges de fainéans & de libertins est encore autant de gagné pour les peres de famille, soit sur l’honneur de leurs filles ou de leurs femmes, soit sur leurs bourses & celle de leurs enfans.
Il se fait plusieurs mariages sans vraisemblance, & contre les bonnes mœurs, dans un pays où la religion est respectée, & que favorise un chevalier qu’on dit homme de bien, zélé pour la pureté ; toutes les intrigues amoureuses, la plupart mal assorties & burlesques, sont applaudies & protégées, & se terminent, comme sur le théâtre, par un mariage de libertinage ; des filles séduites, enlevées, des héros avec des laquais & des paysans se couvrent d’un voile, comme Didon dans la caverne, conjugium vocat hoc pretexit nomine culpam , contre la volonté des parens, avec des gens au-dessous d’elles : ce qu’on ne peut reprocher à Didon. Témoin ce mariage de Basile, qu’un curé imbécile ou prévaricateur bénit cavalierement sur un grand chemin, sans formalité, sans préparation, sans consulter les parens, parce que l’amant fait semblant de se tuer, quoiqu’il connoisse la fraude, avec une fille fiancée à un autre qui a fait à grands frais tous les préparatifs de la noce, & la conduit à l’autel pour l’épouser.
Mal-heureuses Méres, Méres cruelles & parricides, qui parez vos filles comme on faisoit autrefois les victimes, qu’on destinoit à la mort ; qui les parez, dis-je, avec tant de soin, pour les aller sacrifier de vôtre propre main à l’idole du monde & de l’impudicité. […] Quoi si cette fille n’est vaine & ne voit ce monde, elle ne sauroit rencontrer ce, que Dieu lui a destiné avant tous les siecles, & les decrets éternels de sa Providence ne seront jamais accomplis en elle, si elle ne paroit à tout les bals & à toutes les fétes d’une Ville : Prenez garde au contraire que le dessein, qu’il avoit de vous sauver avec elle, ne soit traversé par une conduite si peu Chrétienne.
Votre fille & mon fils se portent bien : la petite Sophie demande sa maman ; elle dit qu’elle la veut, du même ton dont elle se fait donner sa poupée.
Votre fille & mon fils ont fait bien des caresses à monsieur D’Alzan.
Puissé-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête, et qu'on la considère par la raison, on ne saurait rien s'imaginer de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature.
Puis-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête; et qu'on la considère par la raison, on ne saurait s'imaginer rien de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature.
Il forme le corps, dit-on, il débande l’esprit : Est-il besoin pour rendre une fille modeste et de belle taille de lui apprendre à sauter ? […] il n’en faut guère moins penser des filles : Toute leur imagination n’est que de ce qu’elles ont vu. […] Mon Gentilhomme, lui dit-il, vous pouvez penser à une autre femme, ma fille n’est point pour un Baladin : Vous savez trop bien cabrioler pour porter une Couronne. […] Une infinité d’autres filles ont dissimulé leur sexe pour conserver leur pureté ;Raderus in Viridario. […] Ne sait-on pas qu’une infinité de filles, et de femmes y ont été violées ?
Dans l’Ecole-des-Maris, Isabelle, en trompant son Tuteur, donne sa main à baiser à Valère ; cette action est indécente : aucun Spectateur ne voudrait que sa sœur ou sa fille en fissent autant. […] Nous regarderions ces Théâtres, comme destinés à récréer ceux des Citoyens dont les mœurs ne sont pas sévères : une mère saurait qu’elle ne doit jamais y conduire sa fille ; un père que ce Spectacle est dangereux pour son fils. […] Une femme a des occupations sérieuses qui lui interdisent cet amusement ; les grossesses, les soins respectables de mère de famille, succèdent à la liberté de fille*. […] « Nous n’admirons guères que ce qui est au-dessus de nos forces & de nos connaissances : ainsi l’admiration est fille tantôt de notre ignorance, tantôt de notre incapacité. […] On imitera cette règle si sage à des Spartiates, qui donnait aux filles toutes les occasions de paraître & de faire briller leurs attraits ; mais qui voîlait les femmes, & les obligeait à vivre retirées & modestes.
peut dire la même chose de la fille de Jephté, lorsqu’elle alla au devant de son Père, avec des semblables démonstrations de joie, pour montrer combien elle était touchée et satisfaite de sa victoire.
Et pour le regard des filles, on sait que les Hébreuxbi donnent nom aux Vierges, qui signifie39 Cachées, pource qu’elles étaient retenues en la maison de leurs pères, et ne se montraient point ès lieux publics, sinon pour les actes de Religion. […] L’avertissement du fils de Sirachbl était pratiqué41, « As-tu des filles ? […] Le même dit que « la fille estune veille secrète au Père ». […] Est-il pas bienséant à des femmes vertueuses, et à des filles sages, de voir et contempler sur le Théâtre des femmes, ou des hommes travestis en femmes, en habits de garces, et là former leurs voix, leurs paroles, et leurs actions pour donner du plaisir aux spectateurs ? […] Comprendre : les pères et maris doivent y penser, eux qui trouvent bon qu’on voie leurs femmes et filles au théâtre et qui, bien que la virginité se déflore par les yeux, permettent à leurs femmes et filles… bs.
Ils chercherent les Sujets les plus propres à les émouvoir, comme une fille immolée par son Pere, deux freres qui s’entretuent, un Mari égorgé par sa Femme, un Fils assassinant sa Mere, ce Fils poursuivi ensuite par les Furies, & quel Spectacle que celui de cinquante Furies si hideuses, que plusieurs femmes enceintes se blesserent de frayeur ! […] Dans les Pheniciennes, les cadavres d’Etéocle, de Polinice & de Jocaste sont apportés : Œdippe au milieu de ces trois cadavres, prie sa Fille, parce qu’il a les yeux crevés, de conduire sa main tremblante, sur le corps de ses Fils & sur le corps de celle qui a été sa Mere & sa Femme.
Valère Maxime vous dira qu’on exposait sur le Théâtre des filles nues avec de jeunes garçons qui se permettaient aux yeux du peuple d’être les Acteurs d’un spectacle le plus contraire à la pudeur, et que Caton, averti que sa présence gênait le goût du peuple, quitta le Théâtre pour n’être point spectateur de cette licence impudique qui était dégénérée en coutumeb. […] Qui eût pu conjecturer que de ce qu’une fille tracerait sur la muraille l’ombre de son amant, il en résulterait la Peinture pour être portée par les Raphaël, les Rubens, les Corrège et les Le Moine au degré auquel elle est parvenue depuis deux siècles.
Le Saint-Esprit dit ailleurs parlant des gens sans religion : leurs filles sont magnifiquement parées & ornées comme des temples filiæ eorum compositæ circum ornatæ ut similitudo templi , d’où est venue la façon proverbiale de parler : parée comme un autel ; le mot compositæ peut aussi signifier leurs filles sont belles, bien faites ; le mot temple doit se rapporter aux temples des idoles qui étoient richement ornés ; car du temps de David le temple de Salomon n’étoit pas bâti, ou au tabernacle qui étoit fort orné d’or, d’argent, de pierres, d’étoffes précieuses. […] Un Être en peinture qui n’existe plus depuis deux mille ans, un Être sorti de la fange, un fils de savetier, une servante de cabaret, une fille livrée au public. […] De retour au Palais, il donna un festin à cette troupe de Nains, il y avoit deux petits dais de soie au-dessus des places des nouveaux époux qui avoient une petite table séparée de celle des autres ; les filles Naines qui avoient servi de conductrices, avoient des couronnes de laurier ; il y avoit pour servir un Maréchal & huit sous-Maréchaux, tous Nains : l’Écuyer tranchant avoit une cocarde, cette troupe de petites personnes étoit au milieu de la salle, l’Empereur, les Princes, les Princesses & toute la Cour dînoient dans la même salle, à des tables rangées le long des murs, comme elles le sont dans un réfectoire de Religieux, & rioient des saillies de leurs Nains qui faisoient plus de bruit à mesure qu’ils buvoient les santés. […] On est chaque jour paré comme un jour de nôce, aussi chaque jour en effet on forma alliance avec le péché ; le prétexte ordinaire de la parure des filles est de chercher un mari, ainsi plutôt cherche-t-on & ne trouve-t-on que trop le péché en le commettant & le faisant commettre.
Ceux qui ornent leurs filles mettent le bois sec au feu, afin qu’il brûle mieux. […] La fête qui se célebre tous les ans à Salenci, la Rose dont on couronne la fille la plus sage de la paroisse, a été applaudie de tout le monde, & chautée par les Poëtes. […] Ce Seigneur veut choisir la fille à son gré. […] Qui peut connoître mieux qu’eux la sagesse de leurs filles ? […] qui attribue ce droit au Seigneur, & qui contre le sentiment de la paroisse préfere une fille galante, dont la conduité indécente devrois la priver de cet honneur.
Madame de Maintenon a fait composer pour sa communauté Esther et Athalie, qui ont été représentées par ses filles. […] Ces lois sont plus détaillées que les nôtres ; elles interdisent aux actrices les habits modestes des filles consacrées à Dieu. […] Ils ne croyaient pas convenable que des Actrices portassent des vêtements si opposés à leur profession, ce n’eût été sans doute que pour s’en moquer, peut-être pour se déguiser et n’être pas connues, et par là ouvrir une porte au crime, dont la honte eût rejailli sur les honnêtes filles, dont elles auraient profané la robe : « Mimæ, quæ ludibrio corporis sui quæstum faciant, habitu virginum non utantur. » On fait souvent dans le monde un parallèle malin de la conduite équivoque et des manières mondaines de quelques Prédicateurs, avec la divine parole qu’ils annoncent. […] 16.), quoique peut-être un peu trop fort, car Racine fut toujours honnête homme : « Racine aime Dieu comme sa maîtresse, il est pour les choses saintes comme pour les profanes, tout lui est égal. » Jésus-Christ allant chez le Prince de la Synagogue pour ressusciter sa fille, y trouva des joueurs de flûte et une troupe de gens qui la pleuraient, selon l’usage du temps, où l’on avait des pleureurs à gages, et un orchestre qui jouait des airs tristes et lugubres, Tibicines, et turbam, tumultuantem Tout ce qui sent la comédie n’est ni dévot ni sage. […] » Elle ne dira pas sans rire, en jouant le rôle de la fille de Jephté, « ut plangam paululum virginitatem meam ».
On donne en général le nom de Comédien aux Acteurs & Actrices qui montent sur le Théâtre, & jouent des Rôles, tant dans le Comique que dans le Tragique, dans les Spectacles où l’on déclame ; car à l’Opéra, on ne leur donne que le nom d’Acteurs, ou d’Actrices, Danseurs, Filles des Chœurs, &c.
Au même temps il entra une jeune Demoiselle de 24. ans, fille de condition : je lui donnai vôtre lettre.
L’amour qui se rapporte à l’union des deux sexes a donné lieu à beaucoup d’événements, dont le récit ne serait pas à son avantage : c’est lui qui força Médée, fille d’Œtès, roi de Colchide, à égorger aux yeux de Jason les enfants qu’elle avait eus de lui.
et la salle où se font les assemblées de garçons et de filles, où se lancent des œillades lascives, où se disent des paroles de gueule, où se forment des pensées de vanité, d’envie et de mépris du prochain, où s’engendrent des haines, des querelles et des duels ; cette salle, dis-je, ne sera pas la salle du diable, plus sale, plus impure et pleine d’immondices qu’une étable d’Augias ?
Qui voudroit laisser tenir à sa femme, à sa fille, les conversations du théatre, tout épuré qu’on le dit ? […] Quelle tournure à donner à l’esprit des filles, que de leur inspirer le goût du théatre, qu’on devroit leur faire craindre comme l’écueil le plus dangereux de la vertu ! Il faut que ce goût, ou plûtôt cette fureur soit bien dominante, pour avoir fait penser à une personne qui paroît d’ailleurs sage & pieuse, qu’une éducation théatrale formera de bonnes mœurs, qu’en dégradant l’Écriture on donnera de la religion, qu’une tête pleine depuis l’enfance de décorations, de parures, de farces, fera une bonne fille, une bonne mère, une femme chrétienne, & que les Communautés Religieuses porteront l’aveuglement jusqu’à adopter un systême d’éducation qui choque les premiers principes de la religion & de la vertu. […] S’il y avoit un simple artisan qui ne rougît pas de voir sa fille parmi les femmes de théatre, s’il aidoit au contraire à l’y placer, si sa conduite étoit vûe avec indifférence par ses égaux, cette révolution seroit digne de l’attention d’un État qui veilleroit à ses véritables intérêts.
La Gorgonne sur d’abord une tres-belle fille par la beauté de son visage & de ses cheveux, qu’elle entretenoit avec un grand soin. […] Les bêtes les plus féroces, dit le Prophete Jéremie dans ses lamentations, s’adoucissent pour leur petits, & leur donnent la mamelle à têter : mais la fille de mon peuple est cruelle comme l’autruche qui abandonne les siens. […] Les harpies sont venues de la même idée, & quoique leur figure soit differente, ce sont de belles filles selon Virgile : Virginei volucrum vultus. […] Il étoit si puissant & si accrédité qu’Octave, depuis Auguste, fut obligé de s’unit à lui, & de partager avec lui l’Empire du monde, & de lui donner sa fille en mariage. […] La fille d’un Savetier, une Blanchisseuse, une Ravaudeuse, est-elle faite pour porter des pierreries, des étoffes d’or, d’argent, des coëffures à l’Assirienne, non-seulement sur le Théatre, où elle ne devroit jamais monter, mais dans les compagnies, dans les maisons, où elle va de pair avec les Princesses ?
La mere perd sa fille, le mari sa femme, l’ouvrier ses pratiques. […] La voilà cette mere idolâtre de sa fille, dont elle contemple & adore la beauté. […] On rend à ses filles les beaux documens qu’on a reçu de sa mere. […] Le garçon ne veut point de femme, la fille ne trouve point de mari. […] Le portrait de la toilette des filles de son temps dans un Prophête, est très-singulier, ainsi que le détail des punitions relatives à chacune de leurs parures.
il en est encore un plus grand, c’est d’embrasser ta femme & ta fille (n’est-ce pas un désir bien édifiant ?) […] Au reste, il obtint comme une grande faveur d’y placer un groupe de quatre signes d’argent, celle Notre-Dame, sa femme, ses filles & la sienne avec leur nom ; cent autres choses de ce caractere. […] C’est une Communauté de Filles de qualité, qui y demeurent jusqu’à ce qu’elles en sortent pour se marier. […] L’assortiment des graces des filles avec le Service divin est admirable aux yeux d’un poëte comique : il forme une scène. […] Il y a plusieurs autres Chapitres de Filles, c’est-à-dire, de pieuses actrices, où l’en réunit les pompons & l’aumusse, les romans & les matines, les amans & l’Epoux des vierges.
Il devient amoureux d’une fille qui n’a rien. […] Il tâche de séduire la femme de son bienfaiteur ; il obtient d’Orgon la promesse d’épouser Marianne sa fille ; il persuade à Orgon de lui donner tout son bien ; & quand il est parvenu à le dépouiller de tout ce qu’il avoit, il l’oblige de sortir de sa propre maison.
« Comme on jouait à Amsterdam en 1772, la Fille mal gardée et le Déserteur, le feu prit à une ficelle tombée sur un lampion.
Je vis des Filles & des Histrions singer des Héros qu’ils deshonoraient ; j’entendis un Parterre tumultueux, se passionner pour quelques-unes de ces Princesses & deux ou trois de ces Pantins. […] Arrive-t-il souvent qu’un Père mourant laisse à un Tuteur étranger, tout pouvoir sur sa Fille, & que ce vieux Tuteur forme le dessein de la contraindre à l’épouser ? […] On sent bien que ce n’est pas le Vieillard qui doit exécuter : ses organes rauques & cassés sont peu propres à cette fonction : mais il a des fils, & surtout des filles, dont la voix gracieuse & flexible doit donner un nouveau prix à l’air qu’il a composé : les fils & les filles chantent alternativement sans doute ; voila déja, le Poème, la Musique & les Chœurs, avant qu’il y eût même des Temples. […] On connait ces Exercices des Etrusques 2, où celui des Jeunes-gens qui s’était le plus distingué choisissait pour son épouse la plus belle des filles. […] Ajoutez que Faydit, qui attaquait les mœurs des Prêtres, avait enlevé d’un Monastère une Fille de qualité, l’avait épousée, & que son mérite personnel le fesait bien recevoir par-tout.
Votre fille vous assure de ses respects : mon fils vous nomme ; c’est bien assez pour son âge.
Il ne dit pas : Ils s’entre-tuent ou ils se battent, ils se querellent, ils s’enivrent, ils cajolent les filles ; mais ils se réjouissent à jouer, ils se plaisent au son du tambour, du fifre et des violons ; ils se divertissent, ils passent le temps et ils descendent en enfer en un moment.
Ce Prince capable d’une si haute & si difficile entreprise, environné de tant de dangers, occupé de si grands intérêts, aura t-il le loisir de conter fleurettes à une fille ? […] Quelle est donc cette fille inconnue, une fille enfermée dans le serrail, qu’il n’a pu voir, & qu’il avoue n’avoir vu que par hazard, un moment ; il a pourtant avec elle, les plus longues, les plus doucereuses conversations ; il se trouve trop heureux de mourir à ses pieds. […] Jusques-là c’est son rôle : voici celui du François, il court dans la scéne suivante se déclarer amant d’une fille qu’il n’a jamais vue, & qui n’est pas moins étonnée de sa déclaration, que doit l’être un spectateur raisonnable, qui ne desire pas de voir par tout la passion dont son cœur est rempli, Racine se fait lui-même le procès, dans la préface de cette même Phedre, il convient (quel aveu pour un François, pour un poëte, pour un poëte de théatre !) […] Les femmes avorroient, les filles tomboient en pamoison. les enfans prenoient la suite, les hommes couroient aux armes : de bonne soi, sont-ce là des plaisirs ?
Hieron fit punir sévérement un comédien pour avoir récité devant sa fille, des vers qui respiroient la molesse. Caton le censeur, chassa Manlius du Sénat parce qu’en présence de sa fille, il avoit pris des libertés avec sa femme. […] Les meres pour former le cœur de leurs filles, mettent entre leurs mains, l’histoire & l’art du libertinage, & les exposent elles-mêmes à l’incendie des spectacles ; qui le croiroit ? […] Une fille qui trompoit son mari, en entrant dans le mariage sans être Vierge, devoit être lapidée, si son mari ne lui pardonnoit. […] Est-il besoin de dire que les filles du beau monde seroient long-tems célibataires ?
Virginie, fille noble, & d’une vertu reconnue, ayant épousé un Plebeyen, homme de mérite, voulut entrer dans ce temple. […] Tels étoient les idolatres qui chantoient les adulteres des Dieux, & châtioient deux des esclaves, adoroient une Venus impudique, & prêchoient la chasteté à leurs femmes & à leurs filles. […] Un mari mene sa femme, une mere sa fille à la comédie entendre la morale, voir l’exemple d’une actrice, & voudra qu’elle soit sage & modeste. […] Le péché est commis devant Dieu ; la loi de la pureté ne distingue pas les sexes, & quoique la conséquence des enfans étrangers, introduits dans une famille, rend l’adultere de la femme plus pernicieux, il n’est pas moins un crime, il n’est pas moins défendu à l’homme, ni l’obligation pour lui moins étroite de réparer le dommage, quoique l’honneur de la chasteté soit plus nécessaire à la fille qu’à l’homme, pour son établissement. […] Cyprien prétend qu’on peut au premier coup d’œil juger si une fille est vierge : Nemo te videns dubitet an virgo sis.
Ainsi la flûte & le flageolet avoient leur langage, c’est-à-dire sans doute, qu’ils y avoient des airs, des mouvemens qui exprimoient la joie, des airs tendres & languissans, des airs tristes & lugubres, ce qui se trouve dans tous les pays, parce que la nature l’enseigne, aussi bien que les gestes, les regards, les inflexions de la voix Les filles y étoient si accoutumées, qu’elles entendoient leurs amans, & leur rendoient réponse à la premiere entrevue, & souvent se rendoient sur le champ au rendez-vous, à l’invitation de la savante musique de leur Orphée. […] Sous le nom de Prêtresses du soleil il fonda une infinité de Couvens dans l’Empire où l’on tenoit enfermées toutes les belles filles plus étroitement que les Carmelites, soumises au célibat forcé, ainsi que leurs servantes, avec tant de rigueur, que si quelqu’une venoit à s’oublier, non-seulement elle étoit enterrée toute vive comme les vestales à Rome, & son galant pendu, mais encore leur famille étoit bannie & leur Ville détruite de fond en comble. […] Ces magasins de filles, comme des provisions de guerre & de bouche, étoient entretenus des offrandes faites au soleil, & des revenus attachés au sacerdoce. […] Les Incas ont défendu le fard par une loi expresse, comme nuisible à la santé, mais l’ont permis aux filles du soleil, quand elles sont présentée au Monarque Philosophe, parce qu’il aime les couleurs vives & brillantes. […] Dans cette maison, dont on voit l’intérieur, l’amant & la maîtresse, le mari & la femme font en conversation, un malade est dans son lit, tandis que la fille à son balcon fait des signes à son Sigibée.
Il alloit en coche (espece de cabriolet) dans les rues de Paris, avec la Reine son épouse, entroit dans les maisons & monastères d’hommes & de filles faire la quête des petits chiens de manchon qu’il aimoit à la folie, prenoit ceux qui lui plaisoient, & les portoit dans un panier pendu à son bras ou en écharpe à son cou. […] Parce que les filles de Sion se sont élevées, qu’elles ont marché la tête haute, faisant des signes des yeux & des gestes des mains, qu’elles ont mesuré tous leurs pas, & étudié toutes leurs démarches, le Seigneur rendra leur tête chauve, il arrachera tous leurs cheveux. […] Quoiqu’il puisse servir à l’embellissement, c’étoit plus pour le besoin que pour la parure que Suzanne le prenoit, & toujours seule avec ses filles. […] On rassemble de tous côtés les plus belles filles pour choisir une épouse au Prince, elles se préparent pendant plusieurs mois avant de paroître devant lui ; chacune emprunte de l’art tout ce qui lui paroît le plus propre à relever ses charmes. […] Quelque goût qu’une fille ait pour le mariage, aucune n’avoue qu’elle cherche un mari.
Mais pour pousser encore davantage cette matière sans sortir pour cela des bornes de la vérité, peut-on appeler tout à fait honnêtes des ouvrages dans lesquels on voit les filles les plus sévères écouter les déclarations de leurs amants, être bien aise d'en être aimées, recevoir leurs lettres et leurs visites, et leur donner même des rendez-vous ? […] Mais en vérité y a-t-il personne de tous ceux qui sont les plus zélés défenseurs d'une si mauvaise cause qui voulût que sa femme, ou sa fille, fût honnête comme Chimène, et comme toutes les plus vertueuses Princesses du théâtre. […] Pour l'ambition, qui est proprement la fille de l'orgueil, elle est trop honorée dans le monde pour ne l'être pas dans la Comédie.
« Quelle mère, s’écrie Bossuetm, je ne dis pas chrétienne, mais tant soit peu honnête, n’aimerait pas mieux voir sa fille dans le tombeau que sur le théâtre ? […] Madame Henriette de France, fille de Louis XV, disait à une personne qu’elle honorait de sa confiance, qu’elle ne concevait pas comment on pouvait goûter quelque plaisir aux représentations du théâtre, et que c’était pour elle un vrai supplice.
Mais en le foudroyant ce serait t’avilir ; Laisse aux Filles d’Enfer le soin de le punir.
Car n’est-ce pas comme si on choisissait une fille qui se serait laissé corrompre pour être le Symbole clair et expressif de la virginité ?
[NDUL] Il semble bien que, même à Paris, le clergé fût moins sévère dans la pratique, puisque Molière avait un confesseur attitré et qu’il avait fait ses pâques l’année qui précéda sa mort ; et six jours avant son décès, il avait été, en compagnie d’une actrice de sa troupe, admis, à Saint-Sauveur, comme parrain d’une fille du comédien Beauchamp.
Est-ce à l’imprudence de la fille de M. de Sottenville que le Parterre applaudit, ou à la punition de Georges Dandin ? […] Vous voudriez même, pour l’édification des mœurs, qu’à l’exemple des Anciens, les rôles des filles à marier ne représentassent jamais que des filles publiques. […] La passion de l’amour tendant à une union légitime, eût alteré les principes de sagesse d’un peuple dont les jeunes gens alloient prendre leurs femmes dans une maison obscure, où les filles renfermées attendoient qu’on vint les épouser sans les voir ; mais en récompense ils avoient des danses publiques, où les filles dansoient toutes nues avec les garçons : aussi avoient-ils des idées si relevées de la décence & de l’honnêté, que vaincus par Aristodeme Roi des Messeniens, qui les avoit taillés en pieces, ils ne firent pas difficulté de prostituer leurs femmes & leurs filles, pour favoriser la population.
Augustin, parlant des filles qui perdent le temps des jours de fêtes en folâtreries et en danses impudiques, dit qu’elles ne feraient pas tant de mal si elles filaient leurs quenouilles ; ni l’un ni l’autre ne vaut rien, mais la danse est un plus grand mal.
Sans chercher une époque plus éloignée, tout le monde sait que, depuis l’Empire des Perses jusqu’aux derniers temps de l’Empire Romain, et dans les premiers siècles du Christianisme, la profession de Danseuse et de Chanteuse n’était exercée que par des filles de mauvaises mœurs : aussi voit-on que les Chanteuses et les Danseuses étaient au même rang que les Courtisanes.
Afin que le Théâtre ne puisse jamais manquer de Sujets, outre les Comédiens de Province, sur lesquels il faut peu compter ainsi que sur les enfants de la Capitale, je crois qu’il serait de la prudence d’élever et d’instruire pour le Théâtre une demie douzaine de garçons, et autant de filles ; une ancienne Comédienne, et un ancien Comédien auraient le soin de les former dans des logements séparés ; on leur donnerait en même temps des principes de religion et de piété, et on leur ferait apprendre un métier pour leur préparer une ressource, si par hasard à un certain âge on ne leur trouvait pas les talents nécessaires pour le Théâtre, ou s’il leur survenait quelque défaut qui ne leur permit pas d’y jouer : dans ces deux cas la bonne éducation qu’ils auraient reçus, jointe aux secours qu’on leur procurerait, les mettrait en état de trouver un autre établissement que celui du Théâtre.
En voici l’explication par un long titre : Essai sur les plantes & les fleurs qui peuvent servir d’ornement aux Dames ; diverses manieres de faire les essences, pommades, huiles, eaux, rouge, poudre, fard ; recette pour enlever les taches de la peau, l’un régarde leur beauté, l’autre peut les amuser à la campagne, dans la belle saison, livres très utiles aux Dames, aux coëffeuses, filles de chambre, &c. […] Si les couleurs naturelles sont des signes équivoques des vices & des vertus, les couleurs artificielles dont on s’enlumine sont des témoignages certains de dépravation ; je sais qu’il y a quelques maris si corrompus, quelques meres si déraisonnables qu’elles exigent ces folies de leurs femmes & de leurs filles ; sans doute alors ces couleurs forcées n’annonçent rien de criminel, ce n’est que la violence d’une part, & la timidité de l’autre. […] Auguste voyant sa fille dans cet état, l’obligea de s’aller deshabiller, pour prendre une autre robe. […] Les enfers puniront rigoureusement les filles qui se fardent : Illis sub terrâ venient mala multo puellis, quæ mentita suas vertit inepta comes.
Isaie dit les filles de Sion se sont élevées, ont cheminé le cou étendu, les yeux affectés, se guindant & branlant. […] Ce Prince voulut encore que l’Acteur qui joueroit ce personnage fut habillé en homme du monde, l’épée au côté avec des dentelles , pour écarter toute idée d’état ecclésiastique ou religieux, & ne peut donner lieu de penser que tous ceux qui sont dans cet état sont des hypocrites ; car telle étoit la malice de Moliere en habillant son Tartusse en Abbé, ce qui étoit contre son plan même, puisque le Tartusse est destiné à épouser la fille d’Orgon ; sur quoi roule toute l’intrigue, il est supposé laïque, & non d’un état qui exclud le mariage. […] Pourquoi ne pas dire que Venus étoit fille d’un premier Roi de l’Univers, que les hommes ne connoissoient alors que les loix de la nature, ignoroient ce que c’est que le choix & le goût, se livroient à leurs besoins sans délicatesse comme les animaux, & se multiplioient en aveugles, sans que jamais les pères reconnussent leurs enfans, & les femmes leurs époux (ce temps n’a jamais existé, un Chrétien qui croit à la Genèse n’avance point de si grossières absurdités) ; que cette Venus que le Ciel avoit doué d’une beauté divine, sentant des sentimens bien différens des femmes, le dessein de faire connoître aux hommes une union plus parfaite, qu’elle assembla les plus belles femmes, & que connoissant son sexe moins difficile à conduire que les hommes (peu de maris en conviendroient) : elle commença à publier par lui les loix, persuadée que les femmes porteroient bientôt les hommes à les suivre, lorsqu’elles se donneroient la peine de les en instruire (ces institutrices de chasteté sont à naître, à moins que ce ne soit les Actrices de l’opéra), dans cette nouvelle école cette Princesse leur fit voir l’horreur de se livrer à la nature sans que le cœur y prit aucune part ; que cette partie étant la plus belle & la plus noble, devoit conduire toutes les actions de la vie (quand on n’a que des sentimens platoniques, on n’en veut pas plus à la femme qu’à l’homme, la femme touche le cœur par d’autres endroits). […] Godeau ne fut pas toujours le même, il se destinoit au monde, il eut une maîtresse qu’il aimoit beaucoup, pour qui il a composé des ouvrages tendres ; il est vrai, mais non pas licencieux, cette fille ne voulut point de lui, parce qu’il étoit laid & petit ; le mauvais succès de ses amours n’a pas peu contribué à lui faire quitter le monde, & il le fit de bonne foi, il embrassa l’état ecclésiastique & y mena jusqu’à sa mort une vie édifiante.
Il n’entrera jamais dans l’esprit d’une honnête fille de se faire comédienne, & la premiere résolution que prendra tout suppôt du théatre qui voudra sincèrement se convertir, sera de quitter la troupe. […] Sa fille, qui double la Clairon, appela de ce jugement au Maréchal de Richelieu, & cria à la calomnie. […] Mais la fille de Dubois est restée au théatre pour remplacer la Clairon, qui ne voit pas de trop bon œil cette jeune Actrice consoler le public d’une perte que ses infirmités & ses rides font regarder comme prochaine. […] Elle ne put digérer cet affront & se consoler du triomphe de Dubois & de sa fille.
Une mère honnête ne les donneroit pas à lire à sa fille ; elle la voit sur son théatre, apprendre par cœur, exercer avec soin, réciter avec passion, les mêmes Contes tournés d’une maniere plus licencieuse que dans l’original ; elle y applaudit, elle les verra bien-tôt réaliser. […] Turpin, homme sage & plein de zèle, dans la Préface de la Vie de M. de Condé : L’éducation actuelle de notre jeunesse est l’ouvrage d’un peuple de batteleurs & d’histrions aussi vils que ceux qui les payent ; une fille formée par de tels instituteurs semble être destinée à ranimer un jour les organes engourdis d’un Visir dédaigneux ou d’un Sultan stupide, pour quatre raisons ; 1.° la jeunesse va librement à la comédie, & se lie avec les Comédiens ; 2.° toute la tournure de son éducation la porte à goûter, à apprendre, à jouer la comédie ; 3.° la plûpart de ses maîtres & maîtresses sont dans leurs sentimens & leur conduite de vrais Comédiens ; 4.° tous ceux qui leur enseignent les choses d’agrément, la danse, la musique, les instrumens, la déclamation, &c. sont en effet des gens du théatre. […] l’eau manqueroit plutôt à la riviere que des adorateurs aux filles de Paphos. […] Il tombe sans connoissance au moment qu’il reconnoît sa fille.
Que plusieurs femmes & filles, qui ne sont formées ni savantes, par le babil & entretien des masques, usage & exercice de causer avec eux, esquels consistent tous arts, sont apprises, deviennent savantes, gentilles, galantes ; pareillement plusieurs jeunes levrons fréquentent les masqués, apprennent à deviser & bien parler, se façonnent, acquierent de l’esprit, deviennent serviteurs des dames. La masquerie leur sert de curée ; que par le moyen des masques se brassoient & marchandoient plusieurs bons mariages, parce que les masqués, après avoir entretenu une fille, & connu sa bonne grace & son savoir, la font demander, toutes lesquelles choses cèdent au profit & décoration de la chose publique. […] Les nouvellement imprimés Masqués ne doivent s’adresser de plein bond & premiere arrivée aux apparentes Damoiselles, mais par degrés doivent premierement faire la cour aux Damoiselles des Damoiselles, puis aux autres filles, & après avoir tenu ce train par un an ou deux, se poutront adventurer & se jeter sur les Damoiselles apparentes & bien honnêtes, pour ce que le masque est chose très-utile pour exerciter les gens au fait d’amours. […] Est expressément enjoint à toutes personnes qu’il aient à donner, confort, aide & faveur à tous les Masques, leur ouvrir la maison, sans les faire songer à la porte, sans faire dire qu’on n’y est pas, qu’on est couché, & faire céler, absenter & retirer leurs femmes & filles par l’huis de derriere.
Quand Agamemnon sacrifia sa propre fille, et une fille tendrement aimée, pour apaiser la colère des Dieux, ce sacrifice barbare fut regardé comme une pieuse obéissance, comme le dernier effet d’une religieuse soumission.
Une Fille est un oiseau, Qui semble aimer l’esclavage, Et ne chérir que la cage Qui lui servit de berceau ; Sa gaieté, son badinage, Ses carresses, son ramage, Font croire que tout l’engage Dans un séjour plein d’attraits ; Mais ouvrez lui la fenêtre, Zeste, on la voit disparaître, Pour ne revenir jamais. […] On est encore forcé de changer d’avis ; le pronom la, qui est dans l’avant dernier Vers, montre qu’on n’entend plus parler que d’une Fille ; car s’il s’agissait toujours d’un oiseau, il faudrait dire, zeste, on le voit disparaître. […] Pour moi, je suis persuadé que l’Ariette ne contient qu’une comparaison ; c’est comme si l’Auteur avait dit, une Fille ressemble à un oiseau qui paraît aimer l’esclavage, &c.
Syphax empoisonnant sa femme, le jeune Horace poignardant sa sœur, Agamemnon immolant sa fille, Oreste égorgeant sa mère, ne laissent pas d’être des personnages intéressants. […] On y apprend à ne couvrir que d’un vernis de procédés la laideur du vice, à tourner la sagesse en ridicule, à substituer un jargon de théâtre à la pratique des vertus, à mettre toute la morale en métaphysique, à travestir les citoyens en beaux esprits, les mères de famille en petites maîtresses, et les filles en amoureuses de comédie. » Aussi, dit Houdar de La Mothead, « nous ne nous proposons pas en composant des pièces de théâtres d’éclairer l’esprit sur le vice et sur la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs ; nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mélange de l’une et de l’autre, et les hommages que nous rendons quelquefois à la raison ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. […] Voudriez-vous avoir de pareilles héroïnes pour filles et pour femmes ?
En effet, sur l’article de la modestie, une simple Bergère doit penser comme la plus sage des Princesses ; et une pauvre fille ne doit céder en rien à la plus grande Reine : les principes et les motifs leur étant communs, ils doivent produire les mêmes effets. […] En effet, une fille qui consent que son Amant l’enlève, dans l’instant qu’elle est à l’Autel pour en épouser un autre que son père lui a destiné, et qui à la fin se trouve réduite par la mort de son mari à se tuer elle-même, ne peut, je pense, que présenter une leçon bien utile aux jeunes personnes ; puisque malheureusement il s’en trouve qui ne craignent pas de s’exposer au sort de Servilius et de Valérie. […] Après cette espèce de protestation, je dirais que le Brutus de M. de Voltaire me paraît composé précisément comme il doit l’être, pour nous fournir l’exemple d’un amour capable de corriger et d’instruire En effet, l’amour violent de Titus et de Tiberinus, tous deux fils de Brutus, pour Julie fille de Tarquin, est porté à un tel excès dans cette Pièce, qu’il mérite d’être présenté aux Spectateurs ; afin que chacun d’eux conçoive une juste horreur pour une passion capable d’entraîner après elle tant de crimes et tant de malheurs.
Mais Molière a ruiné tout ce que ce sage Politique avait ordonné en faveur de la Comédie, et d’une fille vertueuse, il en a fait une hypocrite. […] C’est par ces degrés que Molière a fait monter l’Athéisme sur le Théâtre, et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes, qui étouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des Coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pièces le caractère de son esprit : il se moque également du Paradis et de l’Enfer, et croit justifier suffisamment ses railleriesDans sa Critique. […] : un Libertin qui séduit autant de filles qu’il en rencontre : un Enfant qui se moque de son Père, et qui souhaite sa mort : un Impie qui raille le Ciel, et qui se rit de ses foudres : un Athée qui réduit toute la Foi à deux et deux sont quatre, et quatre et quatre sont huit : un Extravagant qui raisonne grotesquement de Dieu, et qui par une chute affectée « casse le nez à ses argumentsj » : un Valet infâme fait au badinage de son Maître, dont toute la créance aboutit au Moine Bouru : « car pourvu que l’on croie le Moine Bouru, tout va bien, le reste n’est que Bagatellek » ; un Démon qui se mêle dans toutes les Scènes, et qui répand sur le Théâtre les plus noires fumées de l’Enfer : et enfin un Molière pire que tout cela, habillé en Sganarelle, qui se moque de Dieu et du Diable ; qui joue le Ciel et l’Enfer, qui souffle le chaud et le froid, qui confond la vertu et le vice : qui croit et ne croit pas, qui pleure et qui rit, qui reprend et qui approuve, qui est Censeur et Athée, qui est hypocrite et libertin, qui est homme et démon tout ensemble : « un Diable incarné Dans sa Requête.
Les filles de Danaus, qui assassinent leurs maris, commettent ces massacres à la faveur des ténèbres, dans leurs chambres, sans que les yeux des assistants soient blessés par tant de massacres. […] Euripide a merveilleusement bien ménagé toutes ces circonstances dans la Tragédie d’Hercule ; il fait parler à Ulysse cette Reine infortunée, qui avait perdu ses Etats, son Mari, presque tous ses Enfants, et qui était prête de voir égorger à ses yeux sa fille Polyxène sur le tombeau d’Achille ; il la fait parler à Ulysse, d’une manière si touchante, qu’il n’y a point d’homme raisonnable, qui pût refuser ses larmes aux malheurs de la Mère et de la Fille. […] Sur ce principe il ne faut pas, sans nécessité, représenter une fille vaillante, qui fasse des actions de Héros ; ni une femme savante qui dogmatise au milieu des Docteurs, ni un valet instruit des secrets de l’Etat, qui donne des leçons de la politique la plus raffinée ; car quoique cela puisse arriver, ces exemples choquent la vraisemblance ordinaire. […] Les assemblées du Théâtre sont des assemblées d’impudicité, où l’on voir tout ce qu’il y a de plus infâme, où les Comédiens représentent tout ce qu’il y a de plus libre, avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; où les femmes perdant toute pudeur, font, à la vue de tout le monde, ce que les plus emportées osent à peine faire dans leurs maisons ; où les jeunes gens se prostituent à toutes sortes d’abominations ; où des filles sans pudeur donnent des leçons de libertinage à celles qui n’ont nulle connaissance, ni nul usage de l’impudicité.
Entr’autres pourquoi, j’avais demandé si c’est parcequ’on y joue Tartuffe qu’il fallait proscrire le théâtre : vous répondez que c’est parcequ’on joue Joconde et le mari à bonnes fortunes, « pièces qu’une fille chaste ne peut, dites-vous, entendre sans rougir. » Je ne sais, Monsieur, si vous avez assisté à la représentation des pièces dont vous parlez ; mais ce que je sais bien, et ce que savent toutes les mères de famille, c’est que de jeunes personnes apprennent la musique de Joconde ou de toute autre pièce, sans donner beaucoup d’attention aux paroles ; et pour qu’elles fussent capables d’en faire l’application, il leur faudrait une expérience, que vous avez sans doute, mais que n’ont point l’innocence et la candeur. […] Enfin, vous trouvez moins de péril au bal masqué où j’ai dit qu’une mère ne conduisait point sa fille, et vous préférez les loges fermées au bal ordinaire.
CaligulaDion. l. 58 donna toute sorte de spectacles à la naissance de sa fille Drussilla, et depuis à ses funérailles. […] d'un fils de l'Empereur Claude les Préteurs en firent autant ; et Philippe de Macédoine au mariage de sa fille Cléopâtre mêla les Jeux de Musique aux Sacrifices.
Mais pour pousser encore davantage cette matière sans sortir pour cela des bornes de la vérité : peut-on appeler tout à fait honnêtes des ouvrages, dans lesquels on voit les filles les plus sévères écouter les déclarations de leurs amants, être bien aises d’en être aimées, recevoir leurs lettres et leurs visites, et leur donner même des rendez-vous ? J’avoue que nonobstant tout cela elles sont tout à fait honnêtes, puis qu’il a plu ainsi au Poète : mais en vérité y a-t-il personne de tousceux qui sont les plus zélés défenseurs d’une si mauvaise cause, qui voulût que sa femme, ou sa fille fût honnête comme Chimène, et comme toutes les plus vertueuses Princesses du Théâtre ? […] « Pour l’ambition qui est proprement la fille de l’orgueil, elle est trop honorée dans le monde pour ne l’être pas dans la Comédie.
Que vous êtes différentes des anciennes Subines, (nous disons des véritables Chrétiennes,) elles avoient plus de soins de cultiver leur champs que d’enluminer leurs joues ; avec leur tein naturellement vif, & haut en couleur, elles coupoient le bois nécessaire à leur feu, elles enfermoient les brebis que leurs filles venoient de garder, & assises sur un escabeau leurs doigts grossiers filoient le reste du jour : Cum matrona premens actum rubicunda sedite, assiduo durum pollice nebat opus. […] Les filles du Soleil (les réligieuses du pays) n’en usoient jamais, non plus que les hommes, quoique Princesses du sang, qui étoient toutes Vierges, comme les Vestales à Rome, & devoient, sous les plus grandes peines, garder leur virginité pendant leur Sacerdoce ; mais après un certain tems, elles pouvoient quitter leur habit, & se marier comme les Vestales. […] Les filles de Pelias ayant tenté d’employer le même secret, ne réussirent pas. […] A-t-il jamais été permis d’abuser d’une fille ?
… Un jour la colère du peuple a éclaté « Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus…p. » Allez chez les Ursulines, et, du milieu de ces filles repentantes à qui il faut beaucoup pardonner parce qu’elles ont beaucoup aimé, se présentera un saint prélat attendant le martyre, et qui vous dira : Dieu vous assiste et vous bénisse… Il y a exagération, me dira-t-on, dans les conséquences que vous tirez des prédications menaçantes et des anathèmes des prêtres romains. […] L’ordre le plus régulier y règne ; il n’est pas une place où la mère de famille ne puisse se montrer avec ses filles, sans craindre de dangereux exemples : l’œil du public pénètre partout, et des flots de lumière rendent facile et efficace la surveillance de tous sur chacun. […] Que peuvent donc avoir de coupable aux yeux de Dieu les pleurs que nous versons avec Andromaque, avec Iphigénie, et les sanglots que nous arrache le désespoir de Clytemnestre, quand sa fille, sa fille chérie, enlevée à ses embrassements, marche à l’autel pour y être sacrifiée à l’ambition de son père par la main d’un prêtre… Que peut avoir de coupable aux yeux de la divinité notre rire, à la brusquerie d’un tuteur justement trompé ; celui qu’excite le désespoir d’un avare qui se croit volé, se fouille lui-même, interroge tout ce qui l’entoure, et nous aussi spectateurs ?
Telle Madame de Maintenon qui fit mettre en drame par Racine, Esther & Athalie, & les fit représenter par les filles de St. […] Sorti de prison, il s’expatria & s’en fut en Amérique avec sa famille, revenu en France, sa fille fut reçue par charité chez une de ses parentes qui exigeoit d’elle les plus bas services. […] Cet hommage lui plut infiniment, car quoique très-vertueuse elle n’étoit pas encore déclarée pour la haute spiritualité ; l’Abbesse de Salfines avec ses Religieuses, la plupart jeunes, jolies, & toutes filles de condition, se rendirent dans la salle du festin pour voir la fête, elle fut admise dans le cercle. […] Cyr, & delà dans toutes les Communautés de Filles du Royaume, & même leur en fournir la matière par les pièces qu’elle a fait composer & celles qu’elle y a fait représenter sous ses yeux ; la fête de Namur en fut le prologue, elle étoit infiniment moins dangereuse que les pièces données à St. […] L’Impératrice Reine a destiné un autre fonds à cette dotation, & s’est réservée l’entreprise du théatre qui monte bien plus haut que l’entretien de ces filles, qui dans les atteintes portées à l’état religieux, a bien l’air d’être supprimé ; mais le théatre toujours florissant ne craint point de suppression.
On y fait paraître jusqu’à des filles perdues, victimes infâmes de la débauche publique, d’autant plus misérables en cela qu’elles sont exposées sur le Théâtre à la vue des femmes qui ignorent le libertinage. […] ne vous sera peut-être pas suspect ; parlant toutefois de cet usage détestable qu’avaient les Romains d’exposer sur le Théâtre les corps nus des filles débauchées, et ceux des jeunes garçons, rapporte de M. […] « Parce que, dit-il, les filles de Sion se sont élevées, et qu’elles ont marché avec mesure et cadence, etc. Le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion, etc. »« Pro eo quod, etc. »Isaïe, 3. […] Il épousa, par contrat du 2 février 1638, Marguerite Baloré, fille d’un maître tailleur d’habits.
… O ma charmante amie, que cette fille me surprend !
Un mari ne se divertirait pas à voir jouer les amours de sa femme, ni un père à voir jouer les débauches de sa fille, etc. au contraire on fait ce que l’on peut pour s’ôter de la mémoire les spectacles qui nous affligent.
très bon, très grand, ains homme mortel, impie envers ses parents, et rempli de toute méchanceté, n’ayant épargné ni sa sœur Junon, ni sa fille Vénus : lequel mêmement avait ravi Ganymède de Phrygie, pour en abuser à son plaisir, sous couleur de le prendre pour son échanson. […] Or l’air qui est entre la mer et le ciel, ils le consacraient au nom de Junon, laquelle ils disaient être sœur de Jupiter, pour la semblance, et pour la conjonction grande, que l’air a avec le ciel, comme si elle semblait être femme à Jupiter, pour sa mollesse : et quant à l’air pur, ils l’ont appelé, Pallas, la disant être fille de Jupiter : pucelle, pour ce que l’air pur ne se corrompt nullement du monde : et née du cerveau de Jupiter, pour ce qu’il tient le plus haut lieu : ils la disent aussi Triple, à cause du Printemps, de l’Eté, et de l’hiver :Cælius Rho[diginus, Antiquæ Lectiones] li. 8. ch. 18. […] Orontes de Syrie Dedans ton Tibre est coulé jusqu’icy, Qui avec soi a apporté aussi La langue, et mœurs, les tambours et hautbois, Et les joueurs des délicats Grégeois : Jusqu’à montrer toute fille impudique S’abandonner en plein cirque publique. » 18.
Allons, avec Jephté, soupirer à l’autel, Où sa fille innocente attend le coup mortel.
Elle le verra, non plus dans les hommes à qui le monde permet tout, mais dans une fille qu’on montre comme modeste, comme pudique, comme vertueuse ; en un mot dans une héroïne : et cet aveu dont on rougit dans le secret, est jugé digne d’être révélé au public, et d’emporter comme une nouvelle merveille l’applaudissement de tout le théâtre.
Vous aimiez à voir et à entendre ces filles de Babylone, qui chantaient les cantiques de leur pays.
C’est une femme qui trompe son mari, et se livre à un amour adultère… Cependant, un père et ses enfants, une mère et sa fille, de graves sénateurs, se plaisent à ce spectacle immoral, repaissent leurs yeux de cette scène impudique. […] « Quelle mère, s’écrie Bossuet, je ne dis pas chrétienne, mais tant soit peu honnête, n’aimerait pas mieux voir sa fille dans le tombeau, que sur le Théâtre ? […] On y apprend à ne couvrir que d’un vernis la laideur du vice, à tourner la Sagesse en ridicule, à substituer un jargon de Théâtre à la pratique des Vertus, à travestir les citoyens en beaux esprits, les mères de familles en petites-maîtresses, les filles en amoureuses de Comédie. […] Dans une des notes de son Cours de Littérature, relative à une pièce de Favart, il s’exprime ainsi : « Quels parents sages et timorés conduiront leur fille à un pareil Spectacle ?
Leblanc, fut défendue à la huitieme représentation, parce qu’on y voyoit la fille d’un roi prenant l’habit des vestales, et que, par une circonstance singuliere, Madame Louise, fille de Louis XV, venoit de se faire carmelite. […] Ils y demeurent, pour 6 sols, jusqu’à l’heure de la sortie de l’opéra, tandis que beaucoup de leurs camarades perdent dans les billards, ou dépensent, avec des filles ou au cabaret, des sommes fort au-dessus de leurs facultés ; et ce dérangement les conduit souvent à des actions basses pour eux, et dangereuses pour leurs maîtres. […] MM. les comédiens Italiens ne sont donc pas fondés à empêcher le théâtre de Monsieur de s’établir, rue des filles Saint-Thomas, parce que cette rue est trop voisine de leur spectacle.
Ils appellent ainsi la robe que portoit Thamar, fille de David, lorsqu’elle fut violée par Amon, & que le livre des Rois déclare être la robe que portoient les filles des Rois avant leur mariage : Vestis Talaris . […] Ocyroé, fille d’Esculape, dit-il, connoissoit l’avenir, & en instruisoit les hommes.
Car si c’est une fille ; n’est-ce pas offenser la pudeur du sexe, et blesser l’honneur de la virginité, rachetée du Sang de Jésus-Christ, que de voir sur un Théâtre une Chrétienne se produire, pour faire le personnage d’une femme passionnée, coquette, effrontée, emportée ou furieuse, selon les diverses passions qu’exige son rôlet. Le Christianisme qui doit être une Ecole de pudeur et de modestie pour des filles, doit-il avoir quelque chose de commun avec le Théâtre, qui est une Ecole d’effronterie et d’impudence ? En effet, quelle doit être celle d’une fille qui se dispose à parler devant 2000. personnes, qui ont tous les yeux arrêtés sur elle ?
Ainsi donne-t-on des amants à Judith, à Suzanne, à la fille de Jephté, une maîtresse à Joseph, etc., et dans les pièces où il y a des crimes véritables, comme Dina, Samson, David, on fait parler les personnages de la manière la plus séduisante et la plus scandaleuse. […] Mais l’Abbé auteur donne prudemment à son drame un passeport sans lequel il n’eût pas été reçu ; c’est une intrigue amoureuse, de son invention, d’un Prince Ammonite avec la fille de Jephté : « Je n’ai point, dit-il, osé bannir tout à fait l’amour profane d’un théâtre qui n’est fait que pour lui. » Il tâche d’excuser les danses sacerdotales et pastorales qu’il y mêle ; il assure qu’une grande Princesse versa des larmes à la seule lecture qu’il lui en fit (il fallait qu’elle eût le cœur bien tendre). […] « Il fallait, dit-elle, des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion : la Chammêlé nous eût fait mal au cœur. » Madame de Maintenon, après la mort du Roi, apprit avec surprise que le théâtre s’était emparé de la pièce d’Athalie, et que le Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris, qui lui devait la mitre et la pourpre, et qui faisait profession d’une morale sévère, ne s’opposait pas à une représentation qu’elle traitait de profanation, quoiqu’elle lui eût autrefois paru une œuvre de piété dans ses filles.
Il était défendu aux filles de condition, surtout aux filles des Sénateurs, de se mésallier jusqu’à épouser des affranchis ; mais une fille de la plus haute naissance qui s’oubliait jusqu’à se rendre Comédienne ou femme publique (car aux yeux de la loi c’est la même chose), dérogeait si bien à la noblesse, que les honteux mariages avec des affranchis ne lui étaient plus interdits.
Je dis ceux qui les aiment ; parce qu’il se peut faire que quelques-uns y iront sans y avait d’affection, ou parce qu’une puissance absolue, à laquelle ils ne pourront résister, comme d’une mère sur sa fille, ou d’un mari sur sa femme, les y engagera contre leur inclination : ou parce qu’ils seront dans une dignité qui les obligera de s’y trouver, pour empêcher les troubles et les querelles qui accompagnent ordinairement ces actions. […] C’est dans ces pièces que les vices qui ont de l’éclat, et qui ont déshonoré les Princes qui les ont eus, sont élevés au-dessus des vertus abattues sous leurs pieds : que l’impudicité est appelée chasteté, et qu’elle passe pour telle dans une fille qui n’a qu’un amant, et qui lui abandonne son cœur et son corps sans lui donner de rival.
Il compare le fait des femmes et filles débauchées, qui sont au bourdeau, avec la représentation des vilénies, qui se montrent ès spectacles et jeux publics. […] Il compare le fait des femmes et filles débauchées, qui sont au bourdeau, avec la représentation des vilénies, qui se montrent ès spectacles et jeux publics.
Quand le patricien Manilius fut chassé du sénat de Rome pour avoir donné un baiser à sa femme en présence de sa fille, à considérer cette action en elle-même, qu’avait-elle de répréhensible ? Rien sans doute, elle annonçait même un sentiment louable ; mais les chastes feux de la mère pouvaient en inspirer d’impurs à la fille.
La qualité d’enfans de Moliere n’est pas honorable, on ne lui connoît d’enfans que la fille qu’il épousa ; qui voudroit avoir pour sœur la fille & femme de Moliere, qui par ses galanteries, remplit ses jours d’amertume ? […] Peut-être l’actrice est-elle une amazone, elle a soutenu plus d’une espece de combat, comme la fille d’Auguste, qui se donnoit autant de couronnes qu’elle avoit épuisé de guerriers. […] Comme il n’y avoit point de président dans ce corps acephale, l’un des plus petits, mais des plus éveillés, se leve & prend la parole : permettez-moi, Messieurs , dit-il à l’assemblée, d’être votre interprete , & se tournant vers l’auteur, incertain de son fort, comme un prévénu sur la sellette ; nous avons , lui dit-il, été par goût, à Richard III, nous irons par reconnoissance, cueillir les trois Roses Ils y vinrent en effet, en grand nombre ; mais ils eurent beau argumenter, le parterre, les sifflets n’eurent ni goût, ni reconnoissance, ils répondirent à tous les argumens, & les trois Roses ne furent pas moins sifflées entre les mains de la fille ainée des Rois, malgré l’amplitude de l’amplissime recteur.
Sa femme, qu’on disoit être sa fille, qu’il avoit formée avec soin, qu’il étaloit sur le Théatre avec complaisance, joua le rôle de la Princesse d’Elide avec tant de succès & de graces, qu’elle y sit à ses dépens bien de conquêtes. […] Ma fille est d’un sang fort noble ; c’est la seule chose que je lui ai toujours recommandée de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Il épousa cette fille dans la suite, quoique l’exception que la Bejar sa mère faisoit en sa faveur eût aisément pu l’en avoit rendu le père, ce qui n’a jamais été bien éclairci ; mais ce ne fut pas sans peine, la Bejar, qui le méprisoit, & qui connoissoit le mystère de la paternité, la lui refusa absolument. Il rendit le mariage nécessaire à l’honneur de la fille, & l’épousa clandestinement.
N’est-ce pas aussi à cause de cela, que dès qu’on voit une jeune fille monter sur le Théâtre, on dit d’abord, c’est une fille perdue ? […] Cela me fait souvenir d’une fille qu’on a vu monter sur le Théâtre de l’Opéra il y a quelques années. Presque tout le monde disait alors que c’était une vestale, une fille d’une vertu austère qui se garantirait infailliblement de l’infection générale et ferait honte aux autres Actrices. […] La Grange avec tout son argent ne fut-il pas obligé de reléguer sa fille unique en Basse-Bretagne ? […] Que dis-je, un simple Artisan pour peu de cœur et d’honneur qu’il eût, voudrait-il épouser une fille qui montât sur le Théâtre ?
Vous aimiez à voir et à entendre ces filles de Babylone, qui chantaient les cantiques de leur pays.
C’est une conjuration contre la vie d’Auguste, tramée par sa fille adoptive et ses deux favoris les plus comblés de ses bienfaits, qui, au moment d’être exécutée, n’est découverte que par la lâche jalousie de l’un d’eux, lequel veut enlever à l’autre sa maîtresse ; et toutes ces horreurs, loin d’être punies, sont récompensées par Auguste, qui voyant l’inutilité de ses rigueurs passées contre les conjurés, espère de ramener les cœurs par le pardon et de nouveaux bienfaits. […] Le ciel entre nos mains a mis le sort de Rome. » Cinna aime éperdument la fille d’Auguste, et ne veut pas la recevoir de sa main, quand son père voudrait la lui donner : « La recevoir de lui me serait une gêne. […] Caton même, Cicéron et sa fille Tullie, qui devaient être raisonnables, ne parlent qu’en forcenés, et n’ont d’autre vertu, si c’en est une, qu’un amour effréné de l’indépendance, et l’orgueil le plus outré. Une femme furieuse trahit lâchement le secret de son amant, pour le perdre, et le Consul emploie bassement la coquetterie de sa propre fille, pour pénétrer Catilina, comme les Philistins se servirent de la Courtisane Dalila pour découvrir le secret de Samson : tant la corruption des Auteurs, des Acteurs, des spectateurs, impose la nécessité de mêler l’amour partout, fût-il le plus inutile, le plus faux dans le fait, le plus abominable dans ses intentions et ses démarches, opposé même au caractère des personnages. […] La soif de te venger, toi, ta fille et mes Dieux.
La fureur des grands pour les filles de théatre est aussi singuliere que celle des Persans pour les femmes de Visapour ; l’ame des unes est aussi laide que la peau des autres. […] Il n’est pas étonant de voir une fille d’opéra, receveuse d’un grenier à sel, entreposeuse du tabac, associée au deux sols pour livre ; on sait qui a fait l’avance des fonds, & comment s’en acquite une actrice financiere : pourquoi non ? […] Dans le temple de la fortune, joli conte de M. la Dixmerie, il est dit qu’Aglaé jeune & jolie fille, & fort coquette, mais pauvre, se présente à la fortune & lui demande du bien pour faire briller ses charmes, & la route qu’il faut tenir pour y parvenir.
Cette fille est, à l’entendre, un prodige, elle fait le Grec & l’hébreu, (le Latin étoit la langue courante,) c’est le plus bel esprit, la plus savante, la plus sainte, la plus généreuse, c’est-à-dire, la plus romanesque, jusqu’à réfuser de se maner avec son ravisseur, après en avoir été deshonorée. […] La scéne se passe chez un Chanoine, l’actrice est sa niéce, ou selon quelques uns, sa fille naturelle : elle devient Réligieuse, elle est faite Abbesse, & avec le héros fondatrice d’une Abbaye. […] Un jour les artisants, un autre les bourgeois, un autre les filles, un autre les femmes, &c.
Pineda & Drexellius, dans la vie de Salomon, avancent que dans les voyages que fit ce Prince, & singulièrement lorsqu’il alla en Egypte chercher sa femme, fille de Pharaon, tous les peuples des environs se rassembloient sur la route pour répandre des fleurs & brûler des parfums en son honneur, ce qui est très-vraisemblable, puisque dans l’Orient c’est un honneur qu’on a toujours fait aux Princes ; que les Mages venant adorer le Sauveur du monde, lui porterent l’or, l’encens & la myrrhe, espece de parfum ; & la Reine de Saba en apporta à Salomon des chameaux & des charriots chargés en si grande quantité, que jamais on n’en avoit tant vu à Jerusalem : Non sunt ultra allata tanta aromata quantum Regina Saba detulit. […] Le voile, la guimpe, le bandeau, le bréviaire d’une Religieuse sont parfumées ; les sacristies des filles sont communément parfumées ; les livres, les linges, les ornemens, jusqu’aux essuye-mains, & à l’eau dont on se lave, surtout quand le Supérieur ou le Confesseur font l’office. […] Il y condamne le luxe ordinaire dans ces sortes de fêtes, habits, repas, meubles, parures, &c. qu’il interdit aux filles Chrétiennes.
La fille de Jephté, condamnée à mort, demande quelques jours pour pleurer sa virginité, avant l’exécution de cette sentence. Vous n’avez point à pleurer la vôtre, actrices, filles mondaines, qui prévenez vos amans, les cherchez des yeux, & plus encore du cœur ; qui craignant peut-être la honte que fait le péché, vous souciez si peu d’en éviter les approches, vous qui êtes si engageantes dans vos manieres, si libres dans vos paroles, si complaisantes dans vos enjouemens, si familieres dans vos privautés, si désireuses de voir & d’être vues ; qui, pour plaire aux hommes, avez recours à ces parures dont à peine on peut savoir les noms, tant elles sont bisarres, inconstantes, multipliées. […] La sensualité qui est l’aînée, entendant le résonnement des violons, gronde contre la raison sa cadette, & la délectation des objets qu’on y trouve, fait, comme la fille d’Hérodias, couper la tête au Précurseur du Sauveur, à nos bonnes résolutions.
On me faisoit cent amitiés ; & quoique la petite Brancas, qui étoit souvent avec moi, fût fort belle, les filles de la Reine m’aimoient plus qu’elle, parce que, malgré les cornettes & les jupes, elles sentoient en moi quelque chose de masculin. […] Il s’est trouvé dans les armées des filles déguisées pleines de valeur & de courage, qui, disoient-elles, ne suivoient pas leur amant, mais s’immoloient pour le service du Roi & de la patrie. […] Un usurier, un voleur, un homme d’intrigue se donne pour un honnête homme, un domestique frippon affecte une grande fidélité, une fille livrée à la galanterie joue l’Agnès ou la Lucrèce, un traître contrefait l’ami le plus tendre, un fils désobéissant fait des protestations de respect, &c.
Vous faites rougir votre fille par vos discours, & vous vous déshonorez vous-mêmes ; vous scandalisez vos domestiques en vous permettant ce que vous devriez châtier en eux. […] Un jeune homme se pare & se frise comme une coquette, & par les regards, les habits, les airs efféminés, s’étudie à paroître une fille, & à démentir son sexe.
On lit dans cet Auteur Italien que quoique la Musique soit un amusement dangereux, mais qui peut être innocent, on ne doit pas toujours l’interdire aux femmes que leurs richesses ou leur condition mettent à couvert de ses suites ; mais qu’il en faut défendre l’étude aux filles pauvres et de basse naissance, parce que cette science en fait des Chanteuses et des filles de Théâtre ; profession avec laquelle il est impossible d’allier la vertu et le Christianisme.
Je ne profite point de ce bel endroit de saint Chrysostome, lorsqu’il invective contre les Spectacles où l’on voyait des filles nues se baigner dans une Mer creusée à cet effet ; en disant, que jamais la mer rouge ne fit mourir tant d’Égyptiens que cette Mer faisait mourir de Spectateurs. […] voyant Pharaon et toute son Armée submergée, prit un tambour et chanta un Cantique avec les autres femmes : Que la fille de Jephté voyant son père retourner victorieux,Iudic. 11. alla au-devant de lui en chantant et jouant des instruments avec les autres filles ses compagnes. […] C’est pourquoi ces exemples sacrés ne doivent point être rapportés pour excuser nos Comédies, qui sont toujours profanes, si elles ne sont pas impures. » Et ce grand Cardinal est tellement persuadé que les hommes sont à présent incapables de rectifier le divertissement des Spectacles, qu’ayant rapporté dans ce même Livre toute sorte de raisons et d’autorités, pour montrer que c’est profaner les Dimanches et les Fêtes, d’en employer une partie à ces sortes d’amusements ; considérant enfin la Comédie dans les circonstances dont il semble qu’elle ne peut plus être séparée, il parle de la sorte dans le Chap. 16. « Alexandre Roi de Macédoine, ne voulut point voir les filles de Darius, de peur qu’ayant vaincu tant de Nations par la force de ses armes, il ne fût vaincu lui-même par les charmes des filles : Mais les Chrétiens, qui sont engagés par la grâce de leur Baptême à une vie bien plus sainte, dressent eux-mêmes mille pièges à leur pudeur : ils s’exposent sans crainte aux plus grands dangers, par un mépris horrible des enseignements du saint Esprit, de l’honneur de Dieu et de leur propre salut. […] Comment donc peut-on approuver ces Spectacles, où l’on voit paraître une fille parée de tous les atours qui la peuvent rendre agréable, au milieu d’une Salle magnifique, ou d’un Jardin de plaisance ; qui se croyant seule, quoiqu’elle soit en présence de trois ou quatre cens personnes, vient se soulager comme en secret d’une passion furieuse qu’elle a pour un jeune homme, et qui sans oublier les soupirs, les larmes, et toutes les marques de transport, exprime ce qu’elle souffre, de la manière la plus touchante ; tantôt s’en prend à Dieu, d’avoir fait des Lois qui lui paraissent si sévères ; tantôt murmure contre la modestie attachée à son sexe.
Quand Mitridate ordonne la mort de Monime, quand Agamemnon vient d’abandonner sa fille au couteau de Chalcas, on nous fera entendre des ariettes, des fanfares, des contredances ?
c’est sans le vouloir qu’il le fait : c’est par sa raison, sa vertu, son attachement, qu’il m’inspire un respect, une confiance, qui tiennent plus de la fille que de l’épouse.
Votre fille, que Mademoiselle *** caressait, ne m’avait pas encore aperçue ; le son de ma voix la frappe ; elle se dégage, & vient à moi, en me donnant tous ces noms charmans que nous lui avons appris.
Quelle mère, je ne dis pas chrétienne, mais tant soit peu honnête, n’aimerait pas mieux voir sa fille dans le tombeau que sur le théâtre ?
On les voit sortir des bras des Filles de l’Opera pour aller signer sur les Autels de Plutus qu’ils n’aiment pas les Commis pitoyables : un procès verbal doit toujours être prêt à les dédommager des frais d’une nuit voluptueuse. […] Les Anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement du Public et croyaient honorer leur modestie, en se taisant sur leurs autres vertus etc : De là venait que dans leurs Comédies les rôles d’Amoureuses et des filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves et des filles publiques, ils avaient une telle idée de la modestie du sexe qu’ils auraient cru manquer aux égards qu’ils lui devaient de mettre une honnête fille sur la scène, seulement en représentation.
Sa fille est amoureuse de quelque Colin, & il se trouve forcé de la lui donner. […] Une simple opposition de la part du Héros de la Pièce au dessein de sa femme, de sa fille ou de qui que ce soit, composera toute l’intrigue.
En troisiême lieu les femmes & les filles qui portent le sein decouvert, lorsqu’elles ont esté suffisamment averties du mal qu’il y a dans cette immodeste façon de se vestir. […] Mais l’experience fait voir qu’il y en a beaucoup d’autres à qui elle nuit plus qu’elle ne sert, & que tout consideré il y a de grandes raisons qui font voir qu’il seroit plus à propos sur tout pour les filles & pour les femmes que les confessions ne fussent point si frequentes.
A la mort de l’Empereur, Frederic envahit une partie des Etats de sa fille, en faveur de qui la succession étoit ouverte, & à qui la Pragmatique l’assuroit. […] L’Electeur trop foible prend la fuite aux approches de son Protecteur, & lui abandonne sa capitale ; sa petite armée est assiégée dans son camp de Pyrna, & se rend prisonniere de guerre ; il entre triomphant dans Dresde, va de suite à la Comédie, & force les filles de l’Electeur d’y venir avec lui les yeux baignés de larmes. […] J’ai tâché d’y remédier par une Académie, & en favorisant les filles grosses & les bâtards ; j’ai fait des loix exprès pour elles qui les invitent à se rendre fécondes, & leur en donnent toutes les facilités.
Partout où vous trouverez des hommes célestes ; partout où il y a des hommes sages, des pères et mères vertueux, c’est là, Monsieur, qu’on trouve des filles à marier sages et vertueuses, modestes et capables par leur exemple, leurs conseils et l’amour qu’elles inspirent, de porter au bien un jeune homme dont le penchant l’entraînait au désordre. […] La Signora de Cantelli, petite fille du célèbre Jacques de Cantelli si célèbre parmi les Géographes d’Italie et l’épouse de mon illustre ami M. de Tagliazucchi, Poète Italien de sa Majesté le Roi de Prusse, prouve à Berlin comme elle l’a fait à Rome dans l’Arcadie, que les femmes peuvent réussir dans les arts et les sciences aussi parfaitement que les hommes. […] Détrompez-vous par l’expérience ; vous entendrez toutes les mères non seulement vertueuses, mais tant soit peu sensées, prêcher toujours la raison et la pudeur à leurs filles ; tant qu’elles sont dans leurs mains, ces jeunes personnes sont des Agnès dont la simplicité, la candeur et la modestie annoncent la sagesse.
: « Voici ce que dit le Seigneur, parce que les filles de Sion se sont élevées, qu’elles ont marché la tête haute en faisant des signes des yeux et des gestes des mains, qu’elles ont mesuré tous leurs pas, et étudié toutes leurs démarches, le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion, et il arrachera tous leurs cheveux…. […] N’arrêtez point vos regards sur une fille ; plusieurs se sont perdus par de semblables regards, et c’est ce qui allume le feu de la concupiscence.
Ce foible avantage est balancé par une multitude de fausses maximes qui n’ont pas peu contribué au déreglement de son siécle & du nôtre ; l’indulgence des parens à souffrir les galanteries d’une fille, la scandaleuse liberté que les maris accordent à leurs épouses, sont un fruit des Œuvres de Moliere.
Voici les Noms des principaux : Mademoiselle Eulalie Audinot , fille du Directeur, pour l’Actricisme & la Danse.
Dans les plus illustres Familles Bien souvent aux Garçons, quelquefois même aux Filles Les conseils des Parents semblent hors de saison ; Et par les leçons du Théâtre Le Fat le plus opiniâtre Est d’abord mis à la raison. » C’est dans cette vue, Monseigneur, que j’ai choisi Esope pour le traduire partout où il y a des abus, et pour lui faire dire, sous les apparences des Fables, la Vérité à tout le monde, sans que personne puisse raisonnablement s’en offenser.
Mais qui en fera les plaintes, qui en poursuivra la justice, puisque les parents même donnent ouverture à cette prostitution, quand ils permettent que les Romans soient entre les mains de leurs filles ?
Tantôt on y représentera une fille, qui transportée de sa passion, et perdant toute honte, s’opiniâtrera à vouloir un mari contre la volonté de ses Père et Mère. […] Or voilà une belle école aux filles et aux femmes pour y apprendre à être honnêtes ? […] Ceux donc qui conduisent ou envoient là leurs filles, les remettent à de mauvais Maîtres, et les adressent à une école très dangereuse. […] bh : Mais vu l’infamie de cette profession, l’autorité publique empêchait qu’une telle alliance se pût contracter : selon qu’aussi la même Loi, et par la même raison, interdisait à tous ceux du Sénat, de bailler leurs filles à qui que ce fût qui eût exercé cet art. […] Là un adultère emploiera ses artifices pour séduire une femme, ou une fille raffinera ses ruses pour tromper son Père et sa Mère en faveur de son Amant ; Ces représentations, où sont données les leçons du mal, et les adresses pour le commettre, en peuvent causer cent et cent fois davantage, qu’il ne peut réussir de bien de ce que la Fable représentera à la fin que ces mauvaises pratiques n’ont pas eu un bon succèscw.
De là venait encore que, dans leur Comédie, les rôles d’amoureuses et de filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves ou des filles publiques. […] Mais les chastes feux de la mère en pouvaient inspirer d’impurs à la fille. […] Les femmes et les filles, de leur côté, se rassemblent par sociétés, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre. […] Dignité, fille de l’orgueil et mère de l’ennui, jamais tes tristes esclaves eurent-ils un pareil moment en leur vie ? […] Voyez la fin de cet essai, au sujet des filles de Lacédémone.
On pourroit vous adresser, Mademoiselle, ainsi qu’à votre troupe, & à tous ceux qui accourent en foule pour vous entendre, ces paroles de l’Evangile, avec bien plus de raison qu’aux filles de Jerusalem : Ne poussez pas des gémissemens sur les autres, réunissez toute votre compassion sur vous-mêmes, & reservez toutes vos larmes pour pleurer votre propre infortune.
On fesait la même chose dans les Daphnéphories ; les Jeunes-filles dansaient & chantaient des Hymnes, que par cette raison on nommait Parthénies (du Grec Parthenos, fille).
Les mimes sont ceux, ajoute ce Père, qui copient les actions humaines pour les tourner en ridicule dans la comédie ; leurs fables sont mêlées d’intrigues ; on y voit des filles séduites, et le commerce odieux des femmes galantes28. » Saint Bernard, qui vivait dans le douzième siècle, n’a pas laissé de condamner les représentations théâtrales, quoiqu’elles fussent alors très-rares, sous prétexte que ces sortes d’exercices flattent les passions en retraçant des actions criminelles29.
Il sera défendu, à l’avenir, aux filles et aux femmes de danser sur le Théâtre, sans en excepter même celles qui seraient Actrices.
Voyez son instruction chrétienne pour l’éducation des filles. […] Cet Empereur ordonna à la fin de septembre de la même année, que les filles des Comédiens ne pourroient être désormais obligées de suivre la condition de leur mere, quand elles auroient embrassé une vie plus grave. L’Empereur Gratien renouvelle cette loi, & ordonne que, si ces filles viennent à faire des actions plus dignes d’une Comédienne, que de la pureté du Christianisme, elles seront contraintes de servir au Théatre, pendant tout le reste de leur vie. […] Cet Académicien , ajoute-t il, est Auteur d’un excellent traité de l’Éducation des filles.
Parmi bien de choses outrées & même assez plates, il est des traits ingénieux & vrais, par exemple ce portrait du théatre, page 56 : on remettra cent mille livres entre les mains du Prevôt des marchands de Lyon ; cet argent sera placé & les revenus employés à établir une école de déclamation, on choisira dans l’Hôpital les sujets les mieux disposés pour le théâtre par les talens & la figure ; quatre garçons & quatre filles : ils auront 500 liv. chacun, & leur Professeur 1000 liv. : ce fera un comédien émérite & consommé ; il les exercera quatre heures par jour, & leur fera apprendre par préférence mes pieces dramatiques : Corneille est sublime, mais gothique. […] Je crains bien, dit le Roi, qu’il n’aime beaucoup le bal, & que ma fille ne danse trop. […] Une Actrice se croît fille de conséquence, L’Acteur se perd par sa fatuité, Le maître de musique est un homme fêté, Et jusques en carosse on voit rouler la danse.
Bien loin d’exiger à son entrée, ce feu d’artifice, ce bal, ce festin, il le désendit ; & préférant le plaisir d’être utile à la Gloriole d’une fête, qu’une nuit auroit terminée, il voulut que les sommes qui y étoient destinées, fussent employées à marier des pauvres filles. Ses vues bienfaisantes furent exécutées ; on assembla toutes ces filles & leurs fiancés, dans le Consistoire de l’Hôtel-de-Ville, les Capitouls les conduisirent à l’Autel, où M. de la Galaistere, l’un des Grand-Vicaires (à l’absence de M. de Lomenie, Archevêque, qui demeure depuis plusieurs années à Paris, & qui, sans doute, se seroit fait un plaisir d’assister à la cérémonie ;) après un discours où il joignit à une exhortation convenable, l’éloge le plus vrai, du Magistrat, auteur de la fête, leur donna la bénédiction nuptiale ; de l’Autel, les époux avec chacun quatre de leurs parents, passerent à la salle où on leur avoit préparé un repas, après lequel on leur permit de danser à leur maniere, jusqu’au soir ; la plus grande décence, & une parfaite tranquilité accompagnerent la franche & agréable gayété qui y regnoit.
Creuse, fille d’Erectée, Roi d’Athènes, se laissa séduire par Apollon qui en eut un fils.
Il seroit aussi à souhaiter que toutes les Comediennes fussent & jeunes & belles, & s’il se pouvoit, toûjours filles, ou du moins jamais, grosses.
Toutes deux passèrent leur vie dans un célibat de libertinage ; mais celle-là ayant refusé de se marier, celle-ci dans un long veuvage après avoir eu plusieurs enfans, & entr’autre une fille mariée à Henri IV, qui ne fut rien moins qu’une vestale. […] Charles IX eut une fille, & choisit pour marreine par le conseil de sa mère Catherine, cette même Elisabeth qu’il traitoit de bâtarde & d’usurpatrice, au prejudice de Marie Stuart, Reine de France, veuve de son frère François II, alors prisonnière à la Tour de Londres, même d’hérétique, & par conséquent excommuniée, avec qui il ne pouvoit communiquer in divinis ; une marreine est une seconde mère & une caution de la Religion de la baptisée. […] Elle en fit de même en France, avec qui elle n’étoit pas en guerre, où elle fut marreine de la fille de Charles IX, duquel elle promit d’épouser le frère ; malgré cette intelligence, elle fournit du secours au Prince de Condé, au Roi de Navarre, pour faire la guerre au Roi légitime ; un bras de mer change la morale, ce qui est un forfait à Londres, est une bonne œuvre à Amsterdam & à Calais. […] Quaud on vint le matin lui dire qu’il étoit temps de partir, elle se lève, prend son manteau, se couvre modestement de son voile, & marche vers l’échaffaud un crucifix à la main qu’elle ne cesse de regarder & de baiser avec le plus tendre respect ; quand elle y fut montée, ella adressa la parole à ses Juges & au peuple nombreux, que la curiosité y avoit attiré, elle proteste qu’elle est innocente du crime dont on l’a accusée, qu’elle meurt dans la Religion Catholique Apostolique & Romaine prête à perdre mille couronnes & mille vies pour cette sainte Religion qui fait tout son crime ; qu’elle pardonne de bon cœur tout le mal qu’on lui a fait ; qu’elle prie tous ceux qu’elle a pu avoir offensés de lui pardonner : le bourreau se jette à ses pieds pour lui demander pardon de ce que son devoir l’oblige de faire, elle lui pardonne volontiers, mais ne voulut point qu’il touchât à ses habits, se fit ôter son voile par ses filles, elle se mit à genoux, invoqua la Sainte Vierge & les Saints, pria Dieu pour le Royaume d’Écosse, de France & d’Angleterre pour le Roi son fils, la Reine Elisabeth, ses juges & ses persécuteurs, se banda les yeux, tend son cou au bourreau, récitant tout haut ses prières, & à ces paroles qu’elle répéta plusieurs fois : In manus tuas, commendo spiritum meum.
Ce temps si précieux est encore rempli par une galanterie entre la fille du maître du château royaliste & son amant ligueur, qui se termine par un mariage. […] Henri fit casser son mariage avec la Reine Marguerite, fille du Roi de France, qu’il devoit menager. […] Brulard de Silleri, son Ambassadeur à Rome & à Florence, obtint le Bref du Pape & la fille du Grand-Duc de Toscane. […] Marguerite de Montmorenci, fille du Conétable.
Vous suivrez des pythonisses, vous immolerez vos fils & vos filles aux démons, vous établirez publiquement des comédiens & des chanteuses effrontées, & vous vous associerez à toutes les abominations des païens. […] L’or & l’argent abonderent, mais le luxe courut sur les pas de la richesse (à l’exemple du prince le plus magnifique & le plus libertin), l’ancienne simplicité que l’on traita de rudesse & de grossiereté, disparut On trouva les habitations de ses peres trop étroites & ses possessions trop bornées, on joignit maison à maison, héritage, à héritage, on eut des palais, des jardins magnifiques ; les chevaux défendus par la loi, se multiplierent, & le pays se remplit de chars brillans & de superbes attelages, & les lits d’ivoire mollement garnis remplacerent les couches des anciens ; le bissus, le fin lin, les laines choisies furent employées dans les vêtemens ; l’hyacinthe, l’écarlate, la pourpre en rechausserent l’éclat & le prix ; les filles de Sion, autrefois si modestes, se montrerent dans les rues & dans les places, & y étalerent la richesse de leur parure ; les mantes, les écharpes, les dentelles précieuses, les colliers, les bracelets, les ceintures garnies de pandeloques, les ajustemens, les bijoux de toute espece, & plus encore leurs démarches & leurs regards, tout annonça leur désir de plaire, la vanité & la mollesse ; elles apprirent à relever leur taille par la hauteur de leur coëffure syrienne, ornée de rubans en forme de couronne, les pierreries brillantes dans leurs cheveux frisés, les anneaux à leurs doigts, & l’or à leurs chaussures ; à l’antique frugalité succederent de somptueux repas, où les vins exquis se servoient sans mesure dans des vases précieux, pour la matiere & pour la forme, couronnés de fleurs, parfumés d’essence ; les riches voluptueux les commencerent avec le jour, les prolongerent jusques dans la nuit, au son de la lyre, de la guittare, de la flûte, du tambour ; au son des instrumens ils joignirent la voix des chanteuses, & ils se flatterent d’égaler dans leurs concerts domestiques le goût & la magnificence des rois. […] On le voyoit dans les rues chanter & danser avec le premier venu, comme les bohémiens & les chantres du Pont-neuf ; il devenoit amoureux de toutes les jolies filles, se déguisoit de mille manieres, il faisoit cent folies pour leur plaire ou tromper leurs parens, en officier, en magistrat, en marchand, &c. […] Mais, sur le théatre public comme sur celui de collège, il résulte de ce choix le même inconvénient ; la représentation repêtrit le caractere & concentre les défauts, une fille galante se fortifie dans son libertinage, l’acteur prince est plus orgueilleux, le valet, la soubrette plus faquins & plus indécens.
Il est vrai qu’elle tient ici peu de place ; qu’il est traité décemment par la fille, mais petit & puérile dans l’amant. […] La fille, son amante, parle plus éloquemment que Demosthene. […] On auroit mieux fait de prendre quelque Calife, ou Sophi, ou Mogol, les faire voyager dans le Courasan ou dans le Ternate, où il auroit pu trouver quelque Laboureur Guebre, lui donner quelque fille à épouser, & débiter toutes les belles choses qu’on met dans la bouche de Galien, qui n’y pensa jamais, & qui seroit bien étonné, s’il revenoit au monde, de se trouver ces sujets & cette éloquence. […] Cela ne m’étonna point, tout jusques-là étoit conforme au caractère de la Colonie ; mais je ne fus jamais si surpris que de voir arriver aux entractes deux jeunes petites filles, habillées en Anges, qui se mirent à chanter les Litanies de Sainte Anne.
Telemaque, & George Dandin ; des savans & pieux Mandemens sur les matieres ecclésiastiques, & Pourceaugnac, Scapin, Sganarelle ; des Traités de piété, & l’Amphitrion, l’Education des Filles, l’Ecole des Femmes ; des Lettres pleines d’onction, & le Medecin malgré lui ; la Démonstration de l’existence & des attributs de Dieu, & le Tartuffe, le Festin de Pierre ; la parfaite soumission à la Bulle qui condamne les Maximes des Saints, & les scandaleuses déclamations, les insolens sarcasmes contre les plus respectables personnes qui condamnoient la licence de ses farces. […] Un débauché, soupçonné d’avoir épousé sa fille naturelle, brouillé avec elle pour un concubinage public, un corrupteur des mœurs publiques, qui se joue en impie de la religion, & meurt sur le Théatre en contrefaisant le mort, est-il le modelle du Christianisme ? […] Il épousa la fille de sa maîtresse, que tout le monde croyoit être sa propre fille, sans cesser d’entretenir commerce avec d’autres Comédiennes, ce qui causa les plus grandes brouilleries avec sa femme.
, le Cirque, car la licence y est si grande, que l’honneur des filles n’y est pas en sûreté, étant assises auprès des hommes qui leur sont inconnus. » Il ne s’ensuit pas non plus de ce que les Comédies et les Tragédies étaient représentées à l’honneur des Dieux, qu’il n’y en eût de très mauvaises remplies d’impiétés, d’erreurs, et d’impuretés, et qui par conséquent n’étaient pas des actes de Religion comme nous le ferons voir dans la 5. observation de ce chapitre.