Il n’importe que l’on compare dans un écrit les fêtes retranchées avec les auvents retranchése ; il suffit que cet écrit soit contre M. l’Archevêque, ils le placeront tôt ou tard dans leurs recueils : ces impiétés ont toujours quelque chose d’utile à l’Eglise. […] Ce fut dans ce même temps que parut l’ordonnance de l’Archevêque de Paris, qui supprimait un certain nombre de fêtes.
En vain, Prince, prétendez-vous accabler ce peuple par la force de vos armes, et par les superstitieuses malédictions d’un Prophète, forcé à se démentir, et à changer en bénédictions les anathèmes que vous vouliez lui faire lancer ; pour vaincre sûrement vos ennemis, rendez-les voluptueux, envoyez dans leur camp des femmes Madianites, belles, parées, faciles, séduisantes (des Comédiennes) ; que par leur chant, leur danse, leurs fêtes, leurs jeux, (les spectacles), elles excitent les passions et fassent pécher Israël, la victoire est à vous : « Balaam docebat Balac mittere scandalum in Israel. » (Apoc. […] Le triste événement qui irrita si fort la colère de Dieu, et coûta la vie à vingt-quatre mille personnes, est d’autant mieux approprié au théâtre, que c’était la célébration de la fête de Belphégor, aux mystères duquel ses criminels Acteurs se firent initier : « Et initiati sunt Belphegor », dit le Prophète (Psal. […] De sorte que cette nombreuse troupe de Dieux et de Déesses du plaisir ne sont que le Dieu Belphégor décomposé ou réuni sous divers noms et par diverses fêtes, exerçant ses divers emplois dans les provinces de son empire. […] Tout le monde sait que c’est là ce qui peuple nos théâtres ; voilà l’objet du culte, des sacrifices, des désirs, des fêtes du monde dramatique.
« La maison du seigneur est déserte, et tu te rues avec fureur vers les plaisirs, les fêtes, les bals et les spectacles !… « Anathème donc contre les plaisirs, les fêtes et les bals ! […] Comme tous se connaissent, ce n’est qu’une fête de famille…. […] Ainsi donc, riches, renoncez à vos festins sensuels, à vos réunions corruptrices… Princes : pourquoi ces fêtes brillantes dans lesquelles les femmes disputent entre elles de grâce, d’élégance, de toilettes et peut-être de coquetterie, fêtes qui ne sont autre chose que les pompes du démon auxquelles les chrétiens ont renoncé à leur baptême… C’est en vain que vous allégueriez la raison politique, la raison d’Etat qui vous force à protéger, autant qu’il peut dépendre de vous, tous les arts et toutes les industries qui font fleurir une nation ; c’est en vain que vous prouveriez que ces fêtes ont pour résultat de faire circuler dans toutes les veines du corps social l’argent qui en est le sang, pour le faire parvenir de mains en mains jusqu’à celles du pauvre. […] Dans l’ancienneté, elles faisaient partie des cérémonies consacrées aux dieux et des fêtes dédiées à la patrie.
Il parut en 1742 un livre intitulé, Histoire de la fête des Fous, où M. du Tillet ramassa grand nombre de ces extravagances, en inventa beaucoup, et, par une dépense bien inutile, les fit représenter dans quantité d’estampes grotesques. […] C’est bien là la véritable fête des fous, elle n’a mérité ce titre que parce qu’on a transporté le théâtre dans l’Eglise. […] Genest, on demande pourquoi les troupes de Comédiens ne font pas célébrer une fête, comme les corps de métier ; ils auraient dans ce Saint un patron de leur corps, comme les Savetiers dans S. […] ils ne célèbrent que les fêtes de l’amour et de Bacchus. […] » Ne peut-on pas dire que c’est substituer une autre fête de fous à celle qui a été abolie, mais fête plus artiséei, plus régulière, plus systématique, plus criminelle ?
Ses profusions en habits, meubles, pierreries, fêtes, étoient immenses. […] Ce voyage sous une apparence de fête, couvrit les conférences & les négociations secrettes avec le Duc d’Albe, où fut conclu, dit-on, le massacre de la S. […] Le Cardinal Mazarin fut accusé d’avoir donné cette éducation à Louis XIV., & d’avoir même dans ces vues multiplié les fêtes, favorisé la comédie, & même introduit l’Opéra en France, comme Cathérine avoit introduit la Comédie Italienne. […] Sans être étrangeres dans leurs habits, elles seroient les dignes Hebés de pareilles fêtes. […] Voici la description de quelqu’une de ces fêtes.
Dans les Fêtes solemnelles on représentoit devant les Rois & les Seigneurs de la Cour des Tragédies & des Comédies, dont les intermedes contenoient des choses graves & sententieuses. […] Une Tragédie qui est l’imitation d’une Action grande, est exécutée les jours de Fêtes, par des Acteurs d’une condition estimable, qu’un vil intérêt n’engage point à divertir le Peuple.
prirent dans la suite ce nom de Jongleurs comme le plus ancien, et les femmes qui s’en mêlaient celui de Jongleresses : ils se retirèrent à Paris dans une seule rue qui en avait pris le nom de rue des Jongleurs, et qui est aujourd’hui celle de saint Julien des Ménétriers ; on y allait louer ceux que l’on jugeait à propos pour s’en servir dans les fêtes ou assemblées de plaisir. […] Tous sont renfermés dans celui du mois de Janvier 1560. aux Etats d’Orléans ; il fait défenses à tous Joueurs de farces, « Bateleurs, et autres semblables gens, de jouer les jours de Dimanches et de Fêtes, aux heures du Service divin ; de se vêtir d’habits Ecclésiastiques, et de jouer des choses dissolues, ou de mauvais exemple ; à peine de prison, et de punition corporelle : il fait aussi défenses à tous Juges de leur donner permission de jouer que sous ces conditions. » Ces mêmes défenses furent réitérées par Arrêt du Parlement du 15.
Des Spectacles les jours de fête, 158 Chap.
Ainsi rappelait ses Citoyens par des Fêtes modestes, & des Jeux sans éclat, cette Sparte, que je n’aurai jamais assez citée pour l’exemple que nous devrions en tirer… C’est à Sparte que dans une laborieuse oisiveté, tout était plaisir & Spectacle… C’est-là que les Citoyens, continuellement assemblés consacraient leur vie entière à des amusemens qui fesaient la gloire de l’État.
Il n’y eut d’abord que des théâtres mobiles que faisaient construire ceux qui voulaient donner quelque fête au peuple, et d’abord après les fêtes ils étaient détruits.
Notre carnaval n’en est qu’une copie imparfaite ; il commence la seconde fête de Noël, & dure jusqu’au carême. […] Dans les autres villes d’Italie on voit différentes sortes de fêtes, comme les Cocugnes de Naples, &c. qui en approchent ; mais aucune n’est poussée aux plus grands excès comme à Venise. […] Ce Seigneur conduisoit la fête, & en faisoit les honneurs ; les habits & les machines lui coutèrent trente mille écus. […] Ce pieux pélerinage est devenu une fête purement profane. Il est vrai que les Eglises paroissiales des cinq fauxbourgs où l’on court le fenetra font ce jour-là une fête ; on y prêche, on y donne la bénédiction du Saint Sacrement, & quelques personnes pieuses s’y rendent.
L’Impératrice-Reine défendit en 1754 les Comédies, Opéras, Concerts, & autres Spectacles publics ; 1°. tous les vendredis de l’année ; 2°. dans l’Avent, à commencer au 14 Décembre ; 3°. le jour de Noël, tout le Carême, le jour de Pâques, les jours des Rogations ; 4°. les jours de la Pentecôte, Trinité, Octave de la Fête-Dieu ; 5°. les Fêtes de la Sainte-Vierge & leurs veilles, quand même ces dernières ne seroient point fêtées ; 6°. les jours des Quatre-Temps, de la Toussaint & la veille des Trépassés, des Rois ; 7°. le premier Octobre & le 14 Novembre, jours anniversaires de la naissance & du nom de l’Empereur Charles VI ; le 28 Août & 19 Novembre, jours de la naissance & du nom de l’Impératrice Elisabeth ; & le 20 Octobre, jour de la mort de l’Empereur Charles VI. […] Théodose le jeune & Valentinien défendent de représenter aucuns jeux, soit du Théâtre, soit du Cirque, les Dimanches, les jours de Noël, Epiphanie, Pâques, & les cinquante jours jusqu’à la Pentecôte ; les Fêtes des Apôtres, afin, dit la Loi, que le peuple n’étant point distrait dans ces saints jours par des plaisirs profanes, puisse appliquer tout son esprit au service de Dieu : ils soumettent à cette Loi les Payens & les Juifs. […] Les derniers Conciles de Rouen 1581, de Tours 1583, de Bourges 1584, défendent les spectacles aux jours de Dimanches & de Fêtes.
Les désordres causés par ces sortes de Jeux, furent représentés au Parlement de Paris d’une manière très vive et très forte en 1541 par le Procureur du Roi.« Pendant lesdits jeux, dit-il, parlant du Mystere de la Passion, et des Actes des Apostres), le commun peuple dès huit à neuf heures du matin ès jours de Fêtes délaissait sa Messe Paroissiale, Sermon et Vêpres pour aller èsdits jeux garder sa place, et y être jusqu’à cinq heures du soir ; eutd cessé les Prédications, car n’eussent eu les Prédicateurs qui les eût écoutés. […] Et le plus souvent les Prêtres des Paroisses pour avoir leur passe-temps d’aller èsdits jeux, ont délaissé dire Vêpres les jours de Fête, ou les ont dites tout seuls dès l’heure de midi, heure non accoutumée : et même les Chantres ou Chapelains de la Sainte-Chapelle de ce Palais tant que lesdits jeux ont duré (il avait dit auparavant qu’on les avait fait durer l’espace de six ou sept mois), ont dit Vêpres les jours de Fêtes à l’heure de midi, et encore les disaient en poste et à la légère pour aller ès dits jeux, etc.
Profanation de la sainteté des fêtes et du jeûne introduite par l’auteur : ses paroles sur le jeûne.
Sa vie n’est qu’un tissu d’intrigues galantes, de promesses, de dédits, d’oppositions, de divorces, & en même temps de fêtes, de bals, de comédies. […] Pour fournir à tant de folles dépenses, il ruina son peuple, il occasionna des guerres qui, pendant plus de quarante ans, désolerent tout son pays, & au milieu de ces horreurs, malgré l’invasion de la Lorraine, dans le temps qu’elle étoit le théatre de la guerre, qu’on y exerçoit des cruautés inouies, que les peuples & lui même étoient errans & fugitifs, dans le temps qu’on négotioit pour son rétablissement, au lieu de s’occuper de ces objets importans, & de pleurer sur tant de maux dont il est cause, dominé par ses passions, il donna des fêtes, des bals, des carrousels, des mascarades, des comédies, des tournois à Selle Dessanglée, au risque de tomber à chaque pas de cheval. […] La fête des noces, non-seulement fut célébrée par des comédies, mais fut-elle même une farce. […] C’est toujours le même caractere respectable de l’auteur, plein d’honneur, de religion & de probité ; il y parle du théatre à l’occasion des fêtes données aux noces du Duc avec la veuve du Roi de Pologne, & de celles du Dauphin, où l’on voit que ni la misere du peuple, ni la sainteté de l’action, ni le caractere des personnes, rien ne peut diminuer la fureur des spectacles. […] Voici quelque trait singulier de cette fête.
Cette Princesse passoit sa vie à donner des fêtes, des divertissemens, des spectacles, dans sa belle maison de Sceaux. […] Toutes ces fêtes ne sont qu’un déguisement, c’est à-dire, une comédie perpétuelle, où la Princesse joue toujours quelque rôle. […] Parmi plusieurs hommes & femmes d’esprit qui composoient cette Cour, il y en avoit deux sur lesquels rouloit cette chaîne de fêtes, M. […] Il plut à son épouse, qui pour se le mieux attacher, lui procura une terre aux environs de Sceaux, dans laquelle il lui donna des fêtes. […] Malezieux étoit en société de composition avec l’Abbé Genest, homme aimable, doux & liant par caractère, poli, homme de Cour, propre à figurer dans de pareilles fêtes par sa facilité à trouver des rimes.
D'où vient que Saint Augustin parlant des Jeux funéraires sacrés aux Divinités infernales, et qui furent renouvelés après une longue intermission, comme un remède aux malheurs publics, et à cette grande défaite qui les affligea en la première guerre Punique, les blâme d'avoir rétabli des réjouissances lors qu'ils avaient à pleurer tant de morts dont les Enfers s'étaient enrichis ; Misérables, de faire de grands Jeux et des Fêtes magnifiques agréables aux Démons parmi des guerres furieuses, des combats sanglants et des victoires funestes. […] ayant remporté le prix de la tragédie aux Fêtes Lénéennes, en rendit grâces aux Dieux par des Sacrifices ; où assistèrent ceux qui en avaient fait le chœur. […] seul nous doit convaincre de cette doctrine par ces paroles ; « Les Fêtes, dit ce savant Païen, sont des jours consacrés aux Dieux avec Sacrifices, Festins, Jeux ou Féeries, car les solennités sont sanctifiées quand le jour se passe en festins sacrés, quand on donne quelques Jeux en l'honneur des Dieux ou quand on fait cesser toutes les Juridictions et des Ouvroirs. » Qu'il demeure donc pour constant que les spectacles des anciens n'étaient pas de simples divertissements que l'on donnait au public ; mais des actes de Religion.
Sans doute il va gagner sa maîtresse par des caresses & des fêtes, corrompre ses domestiques par des promesses & des présens, faire agir des amis par des sollicitations, employer des hommes d’intrigue, tromper les parens, se déguiser, cacher sa marche, &c. […] On célèbre la fête par des repas honnêtes, où l’on invite les parens & les amis. […] Tous répondent à cette priere pat le mot amen, ainsi soit-il, que l’Église en a emprunté, & toute la fête se passe de la maniere la plus sainte : Cum timore Dei nuptiarum convivium exercebant. […] Deux mariages illustres, célébrés presque en même temps dans l’été de 1765, ont été troublés par les plus tristes événemens ; celui du Duc de Parme, par la mort de Dom Philippe son père, qui étoit dans une autre ville ; & celui de l’Archiduc Léopold, par la mort de son père, l’Empereur François I, qui étoit à la fête ; l’un & l’autre le lendemain des noces, au milieu des plus grandes réjouissances, des bals, des comédies, des festins, qu’elles changèrent en deuil. […] Dans les descriptions de ces fêtes nuptiales qui ont couru toute l’Europe, & où par-tout l’opéra, le bal, la comédie sont des cérémonies essentielles qui doivent précéder la bénédiction nuptiale, on parle d’un opéra nouveau de l’Abbé Metastasio (Romulus & Tersine), dans lequel, quoique l’ouvrage d’un Ecclésiastique, on chercheroit inutilement quelque trait d’un mariage chrétien, & même afin qu’on ne s’y trompe pas, & qu’on ne soit pas tenté d’y chercher des vestiges du christianisme, on y joignit un ballet, apparemment du même Auteur, dont le sujet étoit : Le Mariage d’Énée avec Lavinie, fait par Venus.
Pour les Acteurs, c’est toute la vie ; pour les spectateurs, quatre ou cinq heures de suite, plusieurs fois la semaine, les fêtes, comme les autres jours, etc. […] Les grands Seigneurs solennisent leurs fêtes en donnant la comédie au public, et dans les occasions importantes les Comédiens font au public la galanterie de lui donner le bal et la comédie gratis, et Brioché les marionnettes, à peu près comme sur le Pont-Neuf le gros Thomas montre sa joie pour la convalescence de quelque Prince, en arrachant les dents gratis. […] Ce grand homme vit avec tant de dégoût des objets si frivoles, qu’il félicite son ami, à qui il écrit, d’avoir préféré la tranquillité de la campagne, et la douceur de la lecture, aux fêtes bruyantes dont l’éclat frappe le peuple, mais ne peut plaire à un homme sage : « Lætor te animo valuisse ut ea quæ cæteri mirantur, neglexeris. » Dans le livre de la corruption de l’éloquence, que quelques-uns attribuent à Cicéron, et qui n’est pas indigne de lui, on assure que le théâtre est une des principales causes de cette corruption. […] On voit seulement trois siècles après la fête des Fous introduite dans quelques Eglises, qui semblait être un rejeton du théâtre. […] Séguier, Avocat général, « il fut défendu aux Comédiens Italiens ou Français de jouer aucune comédie, soit aux jours de fêtes, soit aux jours ouvrables, sous peine d’amende arbitraire et de punition corporelle, quelques permissions ou lettres patentes qu’ils eussent obtenues. » En 1594, par autre arrêt de la Chambre des Vacations, qui dans cette saison aurait dû être plus indulgente, à la requête du Procureur général, il fut défendu aux Comédiens, qui jouaient alors à l’hôtel de Cluny, « de jouer leurs comédies, et de faire aucune assemblée en quelque lieu de la ville ou faubourgs que ce fût, à peine de mille livres d’amende ».
Celui qui les jours de Fête, quitte l'Assemblée solennelle de l'Eglise pour aller aux Spectacles, qu'il soit excommunié. […] Il faut demander aux très-pieux Empereurs Théodose et Valentinien, qu'ils défendent les Spectacles des Théâtres, et des autres Jeux les Dimanches et les autres Fêtes que la Religion Chrétienne solennise; principalement, parce que comme pendant l'Octave de Pâques, le Peuple se trouve au Cirque, au lieu d'aller à l'Eglise, si la représentation des Spectacles qu'on a accoutumé de donner au Peuple, se rencontre en ces saints Jours, on doit remettre ces Jeux à un autre temps.
Son discours et son autorité furent si efficaces, que le Sénat fit enlever tous les sièges que l’on avait préparés pour voir le spectacle : « Hujus verbis commota senatoria providentia, etiam subsellia quibus in spectaculo civitas uti cœperat, prohiberet apponi. » Avec quel zèle eût-il totalement aboli ces jeux, si éclairé des lumières de la foi, il eût connu combien étaient méprisables les dieux que le peuple croyait honorer par ces fêtes ! […] Il parle d’abord des infamies qui se commettaient sur les bords du Tibre dans la fête de la grande Déesse, et il remarque que les Comédiens étaient chargés de ce cérémonial, et s’en acquittaient si bien que leurs propres mères (c’est beaucoup dire) auraient eu honte d’entendre dans leurs maisons ce qui se disait dans les rues : « Scenicos ipsos domi suæ proludendi causa coram matribus suis agere pudet, etc. » Il passe de là au théâtre. […] Ce n’est pas dans leurs temples et leurs fêtes, on n’y en parle jamais, comme chez les Chrétiens, où l’on prêche la plus pure morale. […] Que d’abondantes richesses fournissent à nos profusions, en nous mettant en état d’opprimer les pauvres et les faire servir à notre faste ; que le peuple applaudisse, non aux Magistrats qui cherchent ses intérêts, mais à ceux qui font de la dépense, et lui donnent des fêtes.
La fête des foux, celle des ânes étoient établies dans presque toutes les Eglises ; on créoit en ces jours solemnels un Evêque des foux, on faisoit entrer dans la nef un âne en chape & en bonnet quarré ; les danses dans l’Eglise, les festins sur l’Autel, les dissolutions, les farces, souvent obscenes, étoient les cérémonies de ces fêtes, dont l’usage extravagant dura plusieurs siécles. […] A la faveur de cette couche légere, le désordre ne fait que plus de progrès, les fêtes théatrales ne sont pas moins des fêtes de foux, la folie n’en est que plus incurable. […] Une actrice française sa maîtresse, que Charles II avoit amenée de Paris, plusieurs enfans naturels, un théatre brillant, des bals, des fêtes sans nombre, un luxe qui épuisa toutes les finances ; production naturelle du païs d’où il venoit, & où il avoit demeuré depuis la mort de son pere, signalerent un regne, que de si tragiques événemens auroient du rendre sage. […] La Cour s’occupoit de jeux, de ballets, de la comédie, qui n’étoit pas encore un art, & de la tragédie dont Corneille fit un art sublime ; ce ne fut qu’un enchaînement de plaisirs, de fêtes, de galanteries, de spectacles, & pour en faire part à tout le monde, il y eut à la comédie un banc distingué, pour l’Académie Françoise, un autre pour les Evêques, Mazarin y ajouta des opéras Italiens qu’il fit exécuter à ses dépens, disoit-il, par des voix venues d’Italie.
Le Docteur n’en demeure pas là, il étend son indulgence jusqu’au saint temps des Fêtes et des Dimanches, et jusqu’au temps consacré à la pénitence et aux pleurs : il faut l’entendre prêcher là-dessus. […] Son entêtement va encore plus loin : il ne respecte pas plus les Fêtes et les Dimanches que le Carême : il tâche même de faire entrer la Comédie dans la sanctification des Fêtes et des Dimanches : et il abuse encore de l’autorité de saint Thomas pour soutenir cette vision, comme il a fait pour la précédente. […] Il confirme la même chose par les Lois des Empereurs, qui défendent absolument les Spectacles aux jours de Fêtes, et il en marque deux qui sont trop belles et trop précises pour ne pas les rapporter ici. La première est insérée au titre 5 du quinzième Livre du Code Théodosien : « Nous voulons, dit l’Empereur, que les plaisirs des Spectacles cessent les jours de Fêtes dans toutes les Villes de notre Empire, afin que les Fidèles s’occupent TOUT ENTIERS au Service de Dieu : Omni theatrorum atque circensium voluptate per universas urbes earum populis denegata, TOTÆ CHRISTIANORUM ET FIDELIUM MENTES Dei cultibus occupentur. » La seconde est la Loi dernière au Code de Feriis, dont voici les termes : « Nous ne voulons pas que les jours de Fêtes qui sont dédiés à la Majesté souveraine de Dieu, soient employés A AUCUNS DIVERTISSEMENTS. […] Et il est à remarquer que ce dernier Concile qui fut approuvé par le saint Siège, défend de représenter des Comédies les Fêtes et Dimanches, « sous peine d’excommunication ; Sub anathematis poena.
Lupus, fameux & saint prédicateur de Rome, apprenant qu’on préparoit de grandes fêtes de carnaval, bals, mascarades, carrousels, alla trouver le F. […] Une circonstance fort singuliere, c’est que le saint prélat fut si rempli de joie de la conversion de Pélagie, que le jour de son Baptême il voulut se régaler par une grande fête : il dit à son diacre, qui faisoit toute sa maison : Voici le plus beau jour de ma vie ; livrons-nous à la joie. […] Les pénitens sont galans, & ne voudroient pas troubler les fêtes de Thalie. […] Le palais épiscopal de N. a quelque chose de théatral aussi : il est plein de femmes, & on y fait des nôces & les fêtes qui les suivent, avec l’appareil le plus brillant. […] Les jours de fêtes, le triomphe est encore plus brillant, & depuis quelques années les Dignitaires & les Chanoines ont changé la couleur de leurs habits, & viennent certains jours, non-seulement dans la plus élégante parure, mais le uns en soutane rouge & les autres en habits violets.
Sommes-nous moins vicieux que n’étoient nos ancêtres, lorsque des femmes sans pudeur, la honte de leur sexe, formoient un corps distingué des autres femmes, avoient leurs coutumes, leurs loix, leurs privilèges, leur demeure dans des rues d’où il ne leur étoit pas permis de s’écarter, & prenoient la Magdeleine pour patrone ; car elles prétendoient que la fête avoit été instituée à la requête de leurs devancieres. […] Elles ont leurs fêtes, nos saintes Nones, qui à la vérité ne sont pas dans le calendrier de l’Eglise, ni dans celui du vieillard de la Fontaine, mais qui n’en sont pas moins dévotement solemnisées. […] Tout est à leurs pieds & les adore ; pour elles on célèbre des fêtes, pour elles on chante des cantiques, pour elles se débite une morale de leur goût & un langage qui ne fait qu’établir leur empire. […] Lorsque Madame Infante Duchesse de Parme vint à Versailles, il se fit une grande fête. […] On auroit dû terminer la fête en l’envoyant à la Salpétriere.
Point de fête chez eux sans comédie.
Ils ont leurs fêtes, & dans les fêtes les plus saintes, un mariage, un Te Deum. […] Une de ses fonctions étoit de donner au carnaval des comédies au peuple par des Acteurs qu’on appeloit les Moines ; & pour entretenir des liaisons avec les villes voisines, il les invitoit à venir à ses fêtes, & il alloit aux leurs avec sa troupe. […] C’est une fête de dévotion ; on y allume beaucoup de flambeaux, pour imiter les cérémonies de l’Eglise, quoique le soleil donne à plomb sur les Comédiens, & fasse fondre les bougies.
On y supplée en France par les danses, les fêtes des entr’actes, & la petite piece à la fin. […] Ceux qui contribuent au culte de Dieu, fruits d’une sainte joie, comme les fêtes de l’Eglise, les Cantiques, les décorations des Temples, les feux de la S. […] Personne n’a porté l’irréligion jusqu’à faire de la comédie une partie du cérémonial & du culte public, ou si dans quelques Eglises on a eu l’imbécillité de le défigurer par un si profane mélange, on l’a appelé la fête des foux : nom très-convenable, qui en donne l’idée qu’on doit en avoir, & que tout le monde en avoit. […] Qu’on réunisse toutes ces conditions, qu’il n’y ait rien de mauvais, d’indécent ou de dangereux, jamais d’excès ni dans la chose ni dans l’affection qu’on y a ; que la gravité chrétienne la modestie, la piété s’y conservent ; qu’on ne se le permette que comme un besoin, un soulagement à la foiblesse humaine ; qu’on se traite comme les enfans, à qui on permet des récréations, mais sans excès, sans danger, sans indécence ; qu’on n’y souffre rien que de convenable aux temps, aux lieux, aux caractères des personnes, aux jours de fête & de pénitence, & on verra que si ce Saint paroît, dans la spéculation d’une abstraction métaphysique, avoir quelque légère indulgence pour le spectacle en général dans sa nature, personne n’en est en effet un censeur plus sévère dans la réalité & la pratique, où jamais ne sont ni ne peuvent être observées les sages loix qu’il a prescrites.
n’est-ce pas une chose lamentable, de voir qu’un si grand nombre de Chrétiens emploient les Fêtes et les Dimanches, surtout depuis la Septuagésime jusqu’au Carême, au jeu, au bal, à la danse, et à la comédie, ou à voir, ou donner d’autres semblables spectacles, d’une manière très indigne, et pour ne pas dire avec impiété, ou au moins avec un mépris intolérable des Canons de l’Eglise, des Ordonnances des Princes, et de la loi de Dieu même, qui nous oblige de passer les Fêtes saintement ?
On voit par tout ce qui vient d’être dit, combien est frivole et mauvaise l’excuse que les Comédiens en question apportent pour justifier leur long séjour parmi les hérétiques, où ils sont privés du culte que l’Eglise Catholique rend à Dieu, et qu’elle ordonne de lui rendre les Dimanches et Fêtes ; car ils n’allèguent point d’autre raison que leur Profession qu’ils exercent en ce Pays-là, et le gain considérable qu’ils y font : comme si une Profession que l’Eglise réprouve pouvait rendre un tel gain légitime, et excuser devant Dieu le violementc qu’ils font du précepte de l’Eglise, qui leur ordonne d’entendre la Messe les jours de Dimanches et Fêtes, sans considérer que volontairement ils se sont jetés dans cette nécessité, et qu’il ne tient qu’à eux d’en sortir.
» Sans m’amuser à leurs risées, je prie les fidèles, de considérer, si les contredisants ont autant de sujet de se rire de moi, comme ils en donnent à Satan, de se moquer d’eux, s’étant laissé persuader, de tenir pour indifférent, voir pour bon, utile, et louable, un Exercice que les anciens Chrétiens appelaient peste des Esprits, chaire de pestilence, subversion d’honnêteté, boutique de turpitude, fêtes de Satan, Abrégé du service que rendaient les Païens à leurs faux Dieux, lesquels en temps calamiteux, ils estimaient ne pouvoir mieux apaiser, qu’en leur vouant et jouant des Comédies et Tragédies. […] Il faut garder selon la lettre toutes ces choses, et semblables : Ajoute, que entre les Païens, à certaines fêtes de Mars, les femmes portaient l’équipage des hommes ; et aux fêtes de Vénus, les hommes portaient les hardes des femmes, la quenouille, le fuseau, et autres telles choses : Est aussi à noter, que le terme Hébreu, dont use Moïse est plus général, que ne porte ce mot de vêtement ; dont appert, que la défense est encore plus rigoureuse, que nous ne la prenons, la restreignant seulement aux vêtements ; au lieu que Dieu nous déclare, qu’il abhorre généralement toute confusion, jusques à la moindre, qui se commet, quand un sexe s’attribue quelque chose qu’il a ordonné à l’autre. […] Or la susdite réplique, ne procède pas tant d’un homme qui tente Dieu, comme d’un qui se moque de lui, et de sa Loi, par un tel argument : Il est permis de se déguiser pour éviter un danger ; Ergo, il l’est aussi, pour se donner du plaisir pour faire rire les autres, pour représenter un adultère, pour déguiser l’Eglise Chrétienne en un Théâtre Païen ; pour convertir le temple de Dieu en un temple d’idoles : Car ils ne peuvent ignorer, que les jeux Comiques et Tragiques, étaient partie du service que les Idolâtres rendaient à leurs idoles, en la solennité de leurs fêtes ; aussi est-ce pour cette raison, que S. Chrysostome les appelle fêtes de Satan. […] Chrysostome les appelle fêtes de SatanHom. 45. in act. et hom. 31. in 4.
Ils ne faisaient pas non plus la plus solennelle partie des Fêtes. […] C’est pourquoi je n’y vais que rarement ; à savoir les jours de Fête. » D’où il s’ensuit qu’il y avait des Jeux et des Spectacles en d’autres jours qu’aux jours de Fête. […] Il est question de savoir quelle était la plus solennelle partie de la Fête du Cirque. […] , qu’on élût un Dictateur pour établir les Fêtes ; et P. Valérius Publicola fut élu. » De sorte que les Jeux n’ayant aucun avantage en cela sur les Fêtes, on ne peut pas dire que les Jeux fissent une plus grande, et plus solennelle partie de la Religion que les Fêtes.
La Loi qui interdisait les spectacles le jour du Dimanche, ne faisait aucune mention des Fêtes, on les y avait sans doute sous-entendues ; quelques-uns prétendirent qu’elles n’y étaient pas comprises ; les Juifs et les Païens soutenaient, que du moins à leur égard ces Lois, qui avaient pour fondement le Christianisme,L. 5. […] ne les regardaient point, et s’émancipaient d’y contrevenir ; cela donna lieu à une Loi de Théodose le Jeune, et de Valentinien de l’an 425. « Elle porte de nouvelles défenses, de représenter aucuns jeux, soit du théâtre, soit du cirque le jour du Dimanche, et y ajoute les jours de Noël, de l’Epiphanie, de Pâques, les cinquante jours d’entre Pâques et la Pentecôte, et les Fêtes des Apostres, afin, dit cette Loi, qu’en ces saints jours, le Peuple n’étant point distrait par des plaisirs profanes, put appliquer tout son esprit au service de Dieu.
C’est le temple du Démon, ce sont ses fêtes & son culte, ce sont ses Prêtres & ses Prêtresses, & tous ses dévôts, ses sectateurs & ses esclaves. […] Leur conduite n’est pas moins insensée, la première Adoratrice, c’est elle-même qui rend à son corps un vrai culte, & plus qu’à la divinité ; on s’est toujours fait un point de religion d’orner les Temples & tout ce qui sert au culte de Dieu ; mais jamais on n’a tant fait pour aucun Dieu, qu’une Actrice en fait pour sa parure ; jamais autel n’a été paré avec autant de soin que sa tête, jamais Prêtre n’a montré plus de zèle que la femme de chambre & qu’elle-même, jamais dans aucune Religion les Fêtes où on les honore n’ont été aussi fréquentées que la toilette qui revient tous les jours avec la même solennité. […] C’est l’amour & les grâces, c’est la vanité, c’est son amant, c’est le financier qu’elle ruine, le Seigneur qu’elle déshonore, le jeune homme qu’elle corrompt ; c’est le temple de Paphos, c’est pour ces Divinités qu’elle se pare ; ce n’est pas pour le vrai Dieu, pour le Sauveur du monde, ce n’est pas le culte qu’il demande, les ornemens qui l’honorent, les fêtes qu’il accepte, circumornatæ est similitudo templi . […] Pour favoriser la population des Nains, ce Prince si grand & si petit qui a joué tant de rôles sur la scène du monde, fit en 1710 une fête solennelle sans exemple dans l’histoire, ayant eu la fantaisie de voir un mariage de Nains, il en assembla soixante-douze pour la cérémonie, qu’il fixa au 24 novembre : la veille, deux Nains de taille égale, richement vêtus, se mirent dans une petite voiture à trois roues, tirée par un petit cheval orné de rubans de différentes couleurs, & allèrent précédés de deux Maréchaux Nains, montés sur de très-petits chevaux, inviter ceux que l’Empereur vouloit admettre à la nôce ; le lendemain tous les Nains étant assemblés, la procession défila vers l’Église de la Forteresse où le mariage devoit être béni par le plus petit Papa (Prêtre Grec) qu’on avoit pu trouver dans l’Empire : un Maréchal Nain portant un bâton orné de rubans, ouvrit la marche, il précédoit le fiancé & la fiancée qui marchoient devant l’Empereur, les Ministres, les Knées, les Bojards, les Officiers & les autres personnes de la Cour ; les soixante-dix Nains restans venoient ensuite, ayant un Nain à leur tête, & marchant deux à deux ; la procession étoit suivie d’une foule immense, contenue par les Soldats de la garde. […] Ce fut le Maréchal & les huit sous-Maréchaux qui commencèrent, ils allèrent en cérémonie se mettre à genoux devant l’Empereur, & bûrent à sa santé ; les autres vinrent ensuite faire de même au bruit des timbales, des trompettes & d’une musique choisie, placée dans un appartement voisin : il y eut ensuite bal pour les Nains, le soir les deux époux furent conduits en cérémonie au lit nuptial qu’on avoit préparé dans la chambre à coucher de l’Empereur qui vouloit se réjouir & voir toute la fête, les autres Nains s’en retournèrent chez leurs maîtres.
Non, tu ne nous dis rien Qui ne soit bien décent et qui ne mène au bien ; Et tu nous donne ensuite une fête galante.
En second lieu, l’Eglise des derniers siècles a toujours gardé une grande modération à ne condamner la Comédie que pour les jours de Fêtes, comme il paraît par les Conciles4 de Milan sous saint Charles, et par d’autres Conciles5 du dernier siècle. […] Dans le même Concile, Titre onzième de la célébration des Fêtes, on appelle les Comédies54 des charmes trompeurs de Satan. […] » Après cela on ne sait pas comment on peut avancer, comme on a fait, que saint Charles n’a jamais condamné la Comédie et les Comédiens, que lorsqu’ils la représentent aux jours de Fêtes et aux heures du Service divin. […] L’on ne peut pas dire que le Rituel doive s’entendre des Comédiens qui jouent aux heures du Service divin, les Fêtes et Dimanches ; à cause qu’il est porté dans l’endroit du Prône, que l’on excommunie tous ceux qui vaquent aux Spectacles des Farceurs et Bateleurs auxdits jours et heures. […] [Ibid., titre « Du culte, les jours de fête »] 68.
Riccoboni a fait graver les habits de la Mere folle, & de tous les Acteurs des anciennes Fêtes des fous, des masques qui courent dans les ruës, & de ceux qui font des charivaris. […] On les joüe dans les Fêtes d’éclat ; le courant n’est qu’une farce perpetuelle. […] Ce fut alors que pour marquer sa réconnoissance il donna à ses frais des Fêtes du goût de son Protecteur. […] Il y a une différence infinie entre l’homme en place qui fais ses fonctions, & le particulier qui se livre à son plaisir ; entre le Juge qui prononce un Arrêt, & un libertin qui entretient une actrice : entre un Pasteur qui dans un Mandement ordonne une Fête, un jeune, une abstinence, & un voluptueux, ou un petit-maître qui ne vient point à l’Eglise ; entre Léon X. qui parle ex Cathedra contreLuther, & Jean de Medicis qui fait jouer des comédies. […] Que le Penulus de Plaute fut joué dans la fête que donna Julien, frere de Leon, au peuple Romain qui lui avoit donné le droit de Citoyen, & qu’il le fit avec tant de magnificence, qu’il ne pensa pas que les Romains eussent des spectacles plus magnifiques.
Ayant obtenu tout ce qu’elle vouloit, Cléopatre donna les fêtes les plus somptueuses à son amant, plus méprisable par ses foiblesses, que grand par ses conquêtes. […] Elle lui donna le même jour un repas somptueux, & au lieu d’un jugement auquel elle s’attendoit sur des accusations intentées contre elle, tout le tems de son séjour à Tharse se passa en fêtes. […] 4.° Toute la fête brillante des attraits & des parures de Judith ne dura que trois jours. […] Les Actrices font durer autant qu’elles peuvent la fête de leurs charmes, & même après avoir perdu leurs amans ou quitté le Théatre, la galanterie survit à la profession & au veuvage : les habitudes ne se déracinent pas aisément. […] Elle jeûne tous les jours, à l’exception des Sabbats & des Fêtes, ne quittant point ses habits de deuil, & portant toujours un cilice.
Pour se mettre à la portée du peuple, ce Saint représente la joie, le plaisir, les fêtes des bien-heureux dans le ciel par des idées de danse, de bal, d’instrumens, de musique, &c. […] Fut-il jamais, a-t-on jamais imaginé une si belle une si délicieuse fête ? […] Le théatre est leur temple, l’opéra leur culte, les chansons lascives leurs cantiques, & les danses leurs fêtes, les Actrices leurs Prêtresses ; à la place du nom de Jesus, de la croix, de la crêche, on voit la coquille de Venus, ses amours avec Mars, de Ganimede & Jupiter, la pluie d’or de Danaé. […] S. les femmes parvenoient à la couronne, tout se passeroit en fêtes, en décorations, en bijoux. […] Le mariage s’accomplit-il, la fête des nôces, la toilette, la garde-robe, les bijoux de l’épouse consument sa dot, & au-de-là.
Lorsqu’on aura voulu établir des fêtes prophanes, ce qui se passait dans les Temples aura conduit naturellement à composer un genre de Spectacle dans lequel des troupes d’hommes chantaient ensemble. […] Le Prologue des Fêtes de l’Amour & de Bachus 49 est tout-à-fait dans le goût des Poèmes dont nous fesons nos délices. […] Les Fêtes Vénitiennes 57 ont dix Entrées ; & le Triomphe de l’Amour 58 en a jusqu’à vingt : je demande quel intérêt on peut prendre à une action si souvent interrompue ? […] Ce qui distingue encore les Opéras-Balets des autres sortes de Poèmes lyriques, c’est que dans chacun des Actes qui les composent, on amène ordinairement deux divertissemens, au lieu qu’on n’est point même obligé de placer une seule Fête dans le cours d’un Acte d’un Opéra-Tragédie. Ai-je besoin de faire observer qu’on appelle divertissemens les danses des Opéras-Balets, & qu’on donne plus particulèrement le nom de Fêtes à celles qui sont mêlées dans l’action des Opéras-Tragédies.
Les Juifs n’avaient de spectacles pour se réjouir que leurs fêtes, leurs sacrifices, leurs saintes cérémonies : gens simples et naturels par leur institution primitive ; ils n’avaient jamais connu ces inventions de la Grèce : et après ces louanges de Balaam, « il n’y a point d’idole dans Jacob, il n’y a point d’augure, il n’y a point de divination »Num.
Les Statuts Synodaux de vos Evêques et la voix de tous vos Prédicateurs nous font entendre qu’on vous a fait une plaie sensible, en laissant ouvrir le Théâtre plusieurs jours de Fête, et que toute votre consolation est d’attendre que les fidèles seront détournés des Spectacles par les pressantes exhortations des Prêtres. […] Canon VI. et plusieurs autres Conciles ont fait les mêmes défenses30, et ils n’ont fait en cela que renouveler les Lois des Empereurs Chrétiens, qui disaient avec tant de religion et de justesse à ceux qui demandaient des spectacles les jours de Fête, « aliud supplicationum noverint tempus, aliud voluptatum ». […] » C’est pourquoi il ne voulut pas même permettre aucun plaisir public pendant les cinquante jours depuis Pâques jusqu’à la Pentecôte, parce que ces jours étaient regardés comme des jours de Fête, et ils furent ainsi compris dans la dernière Loi de feriis ; où il est dit si expressément : « Dies festos majestati altissima dedicatos nullis volumus voluptatibus occupari.
Il n’y avait point alors d’autres divertissements publics que ces fêtes nationales, qui étaient données à l’occasion d’événements intéressants, auxquelles les grands de la nation étaient invités. Telles étaient ces fêtes qui avaient lieu lorsque nos rois tenaient leurs cours plénières.
Il y a des Rituels particuliers, qui excommunient ceux qui assistent aux Spectacles les jours de Fêtes et de Dimanches, pendant le Service divin ; c’est ce qu’on publie au Prône de tous les Dimanches, dans toutes les Paroisses de Paris, pour faire souvenir les peuples, que c’est encore un plus grand péché d’assister aux Spectacles les jours de Fêtes, pendant le Service divin.
Nous avons parlé de la seconde qui regarde les bouffonneries, et la troisième paraîtra quand nous traiterons des circonstances du temps par rapport aux fêtes et au Carême.
On ne vous demande pas que vous l’eussiez répétée trente-six fois, comme on fit alors : une seule aurait suffi pour vous mettre au moins à couvert du juste reproche que l’on vous peut faire, de n’avoir pas dit un seul mot ni de Dieu, ni de Jésus Christ dans toute cette fête.
[NDE] Fête de l'Epiphanie, considéré comme une occasion de goinfrerie et de beuverie.
3 : Telle qu’une Bergere aux plus beaux jours de fête, De superbes rubis ne pare point sa tête, Et sans mêler à l’or l’éclat des diamans, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens. […] Les femmes avoient l’impudence de se coëffer avec ces rubans, & d’aller les étaler jusques dans les Eglises des Jésuites, à la fête de Saint Ignace, &c. mais le principal emploi des rubans, c’est de relever ou d’adoucir le teint ; toutes les couleurs selon qu’elles tranchent ou se fondent l’une dans l’autre, le favorisent ou le ternissent, & l’un des grands objets de l’art de la toilette est de savoir si bien les marier & les assortir, qu’elles se donnent mutuellement de l’éclat. […] Ce n’est pas la seule bergere qui, aux jours de fête, comme dit Boileau, cueille en un champ voisin les plus beaux ornements. […] Le premier mari de Poppée, Crispinus, Chevalier Romain, homme simple & modeste, n’aimoit point le luxe & le faste, Poppée s’en dégouta, & s’en sépara pour épouser le jeune Othon ; petit, assez mal fait, mais petit maître élégant & libertin en petit maître ; il dépensa un bien immense en habits, en meubles, en équipages, en festins, en jeux, en fêtes ; il mourut accablé de dettes ; mais quelle femme peut tenir contre l’élegance & la dépense ?
Il fut surtout donné une fête superbe aux noces du Duc de Joyeuse, un des mignons d’Henri III, qui coûta plus de douze cen mille écus, ce qui revient à six millions de notre monnaie. […] Il donna en effet plusieurs fêtes ; mais la vertu et la fierté de la Reine le déconcertèrent. […] Le Roi, la Reine, toute la Cour, toute la France, furent enchantéeso de la nouveauté et de la beauté de ces fêtes : elles effaçaient celles du Cardinal.
L’admiration de ses compatriotes s’est manifestée de toutes les manieres possibles, statues, fêtes, dédicaces, éditions multipliées & magnifiques, commentaires sur tout ses ouvrages, où on a cru trouver la pierre philosophale de l’art dramatique ; on a établi une chaire & des professeurs, & ouvert dans les Universités un cours de leçons publiques, pour expliquer les aphorismes de ce grand homme, comme ceux d’Hypocrate dans la Faculté de Médecine, & on y prend les dégrés de licencié & de docteur de théatre qui rendent habile à posséder des bénéfices. […] Statues, estampes, éditions, fêtes, dédicaces, rien n’est oublié. […] Les bals sont des fêtes nocturnes, les rendez-vous aiment les ténebres, l’amour comme les voleurs s’enveloppe des ombres : celui qui fait mal, dit l’Ecriture, ne peut souffrir la lumiere. […] L’Angleterre s’honore de l’avoir produit, & le met à côté de Neuton : elle a institué pour lui une fête dramatique, que notre théatre a imité en l’honneur de Moliere, quoiqu’avec moins de pompe & d’enthousiasme. […] Il s’en forma des troupes nombreuses qu’on nourrissoit aux dépens du public, & qui étoient toujours prêtes à donner de ces fêtes sanguinaires.
Pourra-t-on croire un jour que dans le siècle le plus ressemblant à celui d’Auguste, dans la fête la plus solennelle, le manque de goût, l’ignorance & la malignité aient fait admettre & représenter une Parade de l’espèce de celles que nous venons de définir ?
» Mais ce n’est pas le seul défaut de cause légitime qui se rencontre dans la Translation qui fait le sujet de votre fête.
Il suffit d’avoir observé ce qu’il y a de malignité spéciale dans les assemblées, où comme on veut contenter la multitude, dont la plus grande partie est livrée aux sens, on se propose toujours d’en flatter les inclinations par quelques endroits : tout le théâtre applaudit quand on les trouve ; on se fait comme un point d’honneur de sentir ce qui doit toucher, et on croirait troubler la fête, si on n’était enchanté avec toute la compagnie.
Il n’y avoit point alors d’autres divertissemens publics que ces fêtes que des Auteurs ont appellées des Fêtes nationales, parce qu’elles étoient données à l’occasion d’événemens intéressans, & qu’on y invitoit Majores, c’est-à-dire, les Grands de la Nation : telles étoient celles qui avoient lieu lorsque nos premiers Rois tenoient leurs cours plénieres, où, relativement à la forme primitive de notre Gouvernement, les Prélats étoient obligés d’assister. Ces fêtes n’avoient rien de ce goût de galanterie que l’esprit de l’ancienne Chevalerie introduisit, ni de celui qu’on a connu dans les siecles suivans ; mais elles avoient un ton de grandeur & de majesté. […] Il y a des Ecrivains qui ont donné comme des images des anciennes fêtes nationales les Tournois & les Carrousels, dont on sçait quel étoit l’appareil. […] Un Envoyé du Grand Seigneur sous Charles VII, disoit très-sensément de ces fêtes militaires, que si c’étoit tout de bon, ce n’étoit pas assez, & que si ce n’étoit qu’un jeu, c’en étoit trop 43. La Cour abandonna ces divertissemens, où il arrivoit toujours malheur ; & on les vit remplacés par les jeux de Théatre & les Ballets, où le Roi, les Princes & les Seigneurs étoient Acteurs : mais ce n’étoit que des fêtes extraordinaires, qui n’avoient lieu que dans des événemens qui rassembloient à la Cour les personnes d’état à y paroître.
Le Roi de Pologne étoit un homme de plaisir, un homme de Théatre, livré à la mollesse, gouverné par les femmes, toujours en fête, & par conséquent peu propre à combattre & à régner. […] Les Demoiselles du Séminaire ou Collége féminin, qui s’est établi à Petersbourg, ont joué le jour de la fête de l’Impératrice, une Comédie françoise, un Opéra comique, qui ont été fort applaudis ; sur quoi le Gazetier d’Avignon, qui le rapporte, 19 juin 1776, ajoute : Ce succès doit engager les Auteurs françois à suivre les modeles du siecle de Louis XIV, & à traiter des sujets qui puissent être entendus & goutés de toutes les Nations.
En second lieu, l’Eglise des derniers siècles a toujours gardé une grande modération à ne condamner la Comédie que pour les jours de Fêtes, comme il paraît par les Conciles Concil. […] » De la manière dont ce Saint parle de la Comédie, on ne peut pas dire qu’elle ne soit défendue qu’aux Clercs : de même quand il dit au titre de la Célébration des Fêtes, nomb. 11. et 12. du III. […] Charles n’a jamais condamné la Comédie et les Comédiens, que l’on la représente aux jours de Fêtes et aux heures du Service. […] Antoine Séguier Avocat du Roi, parlant au lieu du Procureur Général, et ayant égard aux conclusions par lui prises, le Parlement de Paris fit défenses à tous Comédiens, tant Italiens que François, de jouer aucune Comédie, soit aux jours de Fêtes ou ouvrables, à peine d’amende arbitraire, et de punition corporelle, s’il y échoit, quelques permissions qu’ils eussent impétrées et obtenues. […] L’on ne peut pas dire que le Rituel doive s’entendre des Comédies qui se jouent aux heures du Service Divin, les Fêtes et Dimanches, à cause qu’il est porté dans l’endroit du Prône, que l’on excommunie tous ceux qui vaquent aux spectacles des Farceurs et Bateleurs auxdits jours et heures.
Les Pères de l’Eglise, qui supposent que les Séculiers, sont suffisamment occupés durant toute la semaine, chacun dans les exercices particuliers de sa vacation, se sont toujours contentés dans les Conciles de leur défendre seulement d’aller à la Comédie aux saints jours des Dimanches et des fêtes.
On a réglé une grande fête à l’occasion de son Baptême solemnel ; d’un côté l’Evêque lui suppléera les cérémonies, de l’autre il y aura un grand bal paré au Palais, & un bal masqué sur le théatre. […] Le 14 Mai 1618 Jacques I, Roi d’Angleterre, donna un Édit pour autoriser les danses & autres divertissemens innocents, qui servent les jours de fête de délassement au peuple. […] Les non conformistes qui passent leur tems dans les plaisirs, & ne se font pas scrupule de manquer le Service Divin les jours de Fête, passeront leurs jours dans un grand serieux, sans danser, ni aller à la comédie. […] Cette salle de récréation & damusement, servoit depuis long tems aux fêtes joviales des Magistrats, elle s’appelle la Salle du Capricorne, parce que au plafond il y a une figure d’un Bouc à longues cornes, qui régarde une Satue de la Justice, placée dans un coin, avec sa balance & son épée, que le Capricorne semble ménacer avec les cornes.
La fête qui se célebre tous les ans à Salenci, la Rose dont on couronne la fille la plus sage de la paroisse, a été applaudie de tout le monde, & chautée par les Poëtes. […] Jamais les fêtes des Bacchantes, les Saturnales, les Bacchanales ne furent plus extravagantes. Le bal est cependant la partie brillante des plus grandes fêtes ; il n’en est point où l’on ne donne le bal & la comédie. […] On y travaille nuit & jour, fêtes & dimanches.
Anne de Boulen, pour qui on avoit frappé des medailles, & fait les plus belles fêtes, ne jouit pas long temps de ses crimes. […] Elle n’étoit occupée que de faste, de parure, de bonne chere, de fêtes, de jeu, de bal, de comédie ; elle n’a laisse que des garderobes & des toilettes, des robes, des rubans, de pierreries. […] La vie de ce Duc eut tout le merveilleux des romans, & le ridicule de la comédie : agents secrets qui entretiennent l’intrigue, Ambassadeurs qui font la proposition, commerce de lettres les plus tendres, fêtes les plus magnifiques, rivaux les plus redoutables qui allarment, la mere du héros qui le traverse. […] Ce ne sont que bals, fêtes, spectacles, réjouissance ; je vais jusqu’à vous donner une bague. […] On s’attendoit qu’un Prince si galant, & qui avoit réellement obligation à Elizabeth, ne se refuseroit point à cette fête.
Si c’est une folie, elle est au moins riante & sociable ; elle forme des fêtes, des amusemens de toute espèce. […] On ne célébroit pas seulement les fêtes, on les représentoit. […] C’étoit renouveler la fête.
On sait que la fameuse ligue formée contre Louis XIV fut formée à Venise, que le carnaval, les fêtes, les spectacles, furent le prétexte que prirent les Princes ennemis pour cacher leur marche. […] « Il y a un grand mal qui se tolère à Paris (il n’y avait point de théâtre réglé ailleurs) les jours de fête et dimanche ; ce sont les spectacles publics par les Français et les Italiens, et par-dessus tout un cloaque et maison de Satan, nommée l’Hôtel de Bourgogne (l’ancien théâtre). […] Auguste, moins grand que son père adoptif, se prêta au goût de son temps, parut aimer, peut-être aima-t-il les spectacles, donna beaucoup de fêtes, pour amuser un peuple remuant, dont sa domination naissante avait à craindre les cabales.
Après que Tertullien a fait voir au commencement de son Livre des Spectacles, que les Chrétiens n’y pouvaient assister, tant parce que c’étaient des Fêtes consacrées à l’idolâtrie, qu’à cause des infamies qui se commettaient ou que l’on représentait dans ces Fêtes ; il pousse la chose plus loin, et prouve au Chapitre 14 que ces Spectacles ne sont pas seulement défendus à cause de l’idolâtrie ; mais à cause de la concupiscence du siècle qui y régnait, et répond en même temps à ceux qui prétendaient que ces Spectacles étaient permis, parce que l’Ecriture ne les défendait pas, que leur défense est renfermée dans celle des concupiscences du siècle. « Quasi parum etiam de Spectaculis pronuncietur, cum saeculi concupiscentiae damnantur. […] A votre avis ceux qui vont à la Comédie ou les Dimanches et Fêtes, ou les autres jours sont-ils les plus réguliers à s’acquitter des devoirs de Chrétiens ? […] Les Pères nous ont sans doute laissé de belles déclamations contre la Comédie ; mais il ne paraît pas qu’ils reprochent aux Chrétiens de leur temps d’y assister les Dimanches et les Fêtes, ce qui me fait croire que dans les premiers siècles le dérèglement n’allait guère jusqu’à ce point. […] C’est ce que font les Chrétiens, qui les Dimanches et les Fêtes n’abandonnent leurs occupations ordinaires que pour être assidus au Service divin, dans lequel même ils trouvent du soulagement pour leur corps et leur esprit, et de nouvelles forces pour remplir leurs emplois. […] Voyez ce que Saint Charles dit dans son 3e Synode de Milan, dans la première page des Actes au titre F, du Culte des Fêtes.
On s’attend bien que dans ces fêtes, que donnent tant de Princes & de Princesses, il y a des diamans, des perles, des robes magnifiques, & sans fin, des meubles d’or, des palais de cristal, &c. […] Ils en présentent la liste au maître de la fête, qui choisit celle qui lui plait, & ils la jouent sur le champ, & peut-être y ajoutent ou changent quelque chose dans la représentation. […] Alteum-Can, Roi de la Chine (nom & qualités qui ne sont pas encore naturalisés à la Chine), donna une grande fête à un Prince étranger. […] Les papiers publics ont annoncé, le 4 mars 1773 la fête que le Duc de Virtemberg a donnée à Stutgard, pour célébrer l’anniversaire de sa naissance.
) Les Empereurs chrétiens, plus attentifs aux bonnes mœurs des Magistrats que la plupart des païens, ne leur ont permis de paraître au théâtre que dans certaines fêtes publiques où le spectacle faisait partie du cérémonial, et seulement avant midi, soit pour empêcher qu’ils n’y demeurassent longtemps, soit pour éviter les inconvénients qui pourraient naître de l’intempérance, s’ils y venaient après dîner, à peu près comme dans les affaires criminelles les lois veulent que les Juges soient à jeun quand ils prononcent : « Nullus omnino Judicum ludis theatralibus vacet, nisi illis tantum diebus quibus in lucem editi vel imperii sumus sceptra sortiti, hisque ante meridiem tantum ; post epulas vero ad spectaculum venire desistant. » (L. […] Libanius répond ensuite au prétexte de la nécessité, dont on se servait ; les spectacles faisaient alors partie des fêtes que tout l’empire célébrait à l’honneur de l’Empereur le jour de sa naissance et de son avènement au trône. […] Ce furent plus de fêtes, de festins, d’aubades, de montres, de régiments, de compagnies, entre autres ils devinrent Comédiens et Poètes, composèrent et représentèrent des pièces de théâtre.
Il est des fêtes réglées qu'on célèbre en leur honneur, et des jours fixés pour faire régulièrement le service. […] Dans les Fêtes de la Paix (juillet 1763.) par Favart, farceur célèbre, il paraît sur le théâtre, contre toutes les ordonnances, un Ecclésiastique qui dit cent sottises à une femme mariée, pour la séduire. […] Eh on ose les provoquer, se jeter entre leurs bras, et s'en faire une fête !
« Encore que nous ayons aboli les cérémonies profanes, nous ne voulons pas néanmoins détruire la joie de vos Sujets dans les assemblées qu'ils font aux jours de Fêtes.
On voit en une infinité d’endroits de leurs écrits, surtout de ceux de saint Chrysostome, les marques d’un zèle Apostolique contre cette pernicieuse inclination qui commençait déjà à corrompre l’innocence des fidèles, ils les ont considéréb comme une invention du diable pour amollir le courage des soldats de Jésus-Christ, ils déplorent l’aveuglement extrême de ceux qui croient qu’on peut assister à ces représentations dont on n’a guère coutume de remporter que des imaginations honteuses, ou des desseins criminels, ils font voir l’obligation indispensable qu’on a de quitter ces occasions prochaines d’incontinence, ils appellent ces assemblées des sources publiques de lubricité, où la grande Babylone mère des fornications de la terre fait boire le vin de sa prostitution, ils les décrient comme des fêtes du diable, et obligent ceux qui y ont assisté de se purifier par la pénitence avant que de rentrer dans l’Eglise, enfin ils font des peintures si affreuses de l’état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements profanes, qu’on ne peut les voir sans frémir et sans s’étonner de l’éffroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands dérèglements ne font horreur, que lorsqu’ils sont rares, mais qui cessent d’en être choqués dés qu’ils deviennent communs. […] Le temps ne permet pas de m’étendre sur les désordres et les inconvénients du bal, la plupart des raisons qui prescrivent l’un, condamnent l’autre, les danses sont aussi bien que les comédies un reste du paganisme, car les idolâtres croyaient rendre par là un grand honneur à leurs fausses divinités dans leurs fêtes solennelles.
Il ne faut que voir les richesses des habits, la multitude des bijoux et des pierreries, la somptuosité des meubles des Comédiens et des Comédiennes sur le théâtre et dans leurs maisons, leurs fêtes continuelles, leurs repas, leur jeu, leur débauche, pour juger de leurs immenses profits. […] Pierre (Annales politiques, année 1663.) parlant d’une grande famine pendant laquelle Louis XIV fit un magnifique carrousel : « On trouva à redire à cette grande dépense ; effectivement, quoique les particuliers qui y faisaient de la dépense n’eussent peut-être rien donné aux pauvres qui mouraient de faim, il semble qu’il sied mal de donner des fêtes et de faire faire des dépenses superflues dans un temps de misère publique, que l’on voit dans les rues et les grands chemins des malheureux mourir de faiblesse. » Sur l’année 1664, il dit : « La peinture, la musique, la comédie, prouvent les richesses présentes d’une nation, mais non pas son bonheur.
Ce furent les confrères de la Passion qui les premiers, en 1402, élevèrent un spectacle public où ils jouaient, les jours de fête, les Mystères de la Passion, auxquels ils mêlèrent plus tard les plus basses plaisanteries, pour égayer les spectateurs et réveiller leur curiosité.
Ainsi les bons esprits ne verront dans ces fêtes que l’occasion de faire le bien, ne rougiront pas d’y paroître, & la folie aura été du moins une fois d’accord avec la raison. […] Ce prince ne se contentoit pas d’avoir une troupe de musiciens à son théatre de Dresde, d’y faire venir une seconde troupes de musiciens italiens, dans les fêtes qu’il donnoit, il envoya encore en Italie, & y entretint pendant un an le Giacon à la recherche de tous les chanteurs, pour en faire une recrue & les amener en Saxe. […] Bien des gens font une fête après cinquante ans de mariage, & l’on vient de célebrer la centième année de Moliere, à l’exemple des jeux séculaires des romains. […] deux dénouemens imprévus & bien tragiques viennent troubler la fête. […] Dans l’Eloge du Chancelier de l’Hôpital, par l’abbé Remi, Avocat au Parlement, couronné à l’Académie Françoise & justement condamné par la Sorbonne, on trouve ces mots, p. 10 : Catherine de Médicis, investie par des hordes d’histrions & d’esclaves, qui nous apportoient de l’Italie tous les vices d’une nation dégénérée, toutes les fourberies d’une politique monstrueuse, tous les besoins du luxe, l’art meurtrïer de la finance, la fureur épîdémique du jeu, le goût de la débauche que la nature abhorre, & la lâche audace des empoisonnemens & des assassinats, jusqu’alors inconnus chez un peuple qu’honoroient la bravoure & la loyauté ; Catherine de Médicis, insensible sur les calamités publiques, ne songeant qu’à ses plaisirs, à sa vanité, à son ambition, multiplia les spectacles, ordonna des fêtes, prodigua l’or à ses bouffons, tourmenta ses ministres, se repentit & s’applaudit tour-à-tour d’avoir choisi l’Hôpital pour Chancelier.
Chez elle tout est fête, appareil, magnificence. […] Aux temps, pour qu’on ne joue pas toute l’année, & à toute heure comme autrefois, & qu’on aille seulement aux spectacles au sortir de l’office divin ; attention toujours gardée par les comédiens, qui ne jouent qu’entre cinq ou six heures, & qui donnent relâche au théâtre à la fin du carême, & à toutes les grandes fêtes de l’année.
Tout est plein dans l’Écriture des consolations spirituelles que Dieu promet à ses serviteurs : Venez à moi, & je vous soulagerai : Mon joug est doux, & mon fardeau léger : Venez, & voyez combien le Seigneur est doux : L’accomplissement de la loi est plus délicieux que le miel le plus exquis : Le cœur qui m’aime est dans une fête continuelle, tandis qu’il n’y a aucune paix à espérer pour l’impie. […] Cette multitude d’objets charmans, dont la peinture cent & cent fois retracée répand des graces toûjours nouvelles & toûjours riantes dans les chefs-d’œuvre de la poësie & de la peinture, & jusques sur le théatre, dont elle forme les plus agréables fêtes, n’a pas besoin, pour nous charmer, du tumulte & du fard de la scène : Beatus ille qui procul negotiis, paterna rura bobus exercet suis.
Nous n’avons eu longtems d’autres Spectacles que ces pieuses mascarades, par lesquelles sous prétexte de célébrer les Fêtes, on profanoit les Eglises. […] Les Princes d’Italie en faisoient quelquefois représenter dans leurs Palais ; c’étoient des Fêtes particuliéres : mais le premier Opéra donné au Public, fut joué à Venise en 1637.
Convient-elle à des Chrétiens qui sont des enfants d’un Dieu, et à la sainteté des jours de Dimanches et de Fêtes, et au temps de l’Avent et du Carême, pour lesquels nos Pères ont toujours eu tant de vénération ? […] Secondement il ordonna à ses Suffragants d’avoir grand soin d’empêcher qu’aux saints jours des Dimanches et des Fêtes, on ne jouat aucunes Comédies ; et qu’on ne fît même aucunes sortes de représentations. […] Si l’assemblée des Chrétiens dans l’Eglise aux jours des Dimanches et des grandes Fêtes, peut même être exposée aux tentations ;Cypr. de sing. […] Où se trouvent les livres saints, et les lectures sacrées ; là se trouve la joie des Justes ; et le salut de ceux qui les écoutent, joint à la confusion du diable ; mais où sont les Guitares, les danses et les battements des mains, là sont les ténèbres de l’homme, la perdition des femmes, la tristesse des Anges, et la fête du démon.
Il est vrai que Varron dérive ce terme du verbe ludere, jouer, c’est-à-dire, badiner, se divertir ; comme on disait autrefois les jeux Luperciens, parce que la jeunesse les célébrait d’une manière folâtre : ce qui n’empêche pas que l’auteur n’attribue l’origine de ces jeux et de ces divertissements à la célébration de quelque fête, à la dédicace de quelque temple, ou à quelque autre semblable motif de religion. […] Les autres moins fixés doivent leur origine ou à la naissance, ou au couronnement des rois ; ou aux prospérités de la république, ou aux fêtes superstitieuses des villes municipales. […] Ainsi qu’on célèbre ces fêtes ou en l’honneur des Dieux, ou pour l’apothéose des défunts, c’est toujours la même chose, la même idolâtrie, et nous devons y renoncer également. […] Pour nous le temps de fête, et de réjouissance n’est point encore venu.
Concile de Carthage tenu l’an 398, condamne pareillement les Spectacles, & ménace d’Excommunication2 quiconque désertant l’assemblée des fidéles un jour de Fête, va contenter sa curiosité dans l’Amphithéâtre, quoique ce Canon ne sévisse pas directement contre les Comédiens, il n’a pas laissé d’y supposer un vice, en tenant leurs Spectacles pour un amusement incompatible avec le Service divin. […] Louis, le Debonnaire, ordonne aux Laïques d’honorer les Prélats, d’observer les jeûnes1 ordonnés par ceux-ci, & de les faire observer aux personnes qui leur sont soumises, de veiller à l’observance des jours de Fêtes, & pour y vaquer en toute liberté, de faire cesser le commerce ces jours-là, & les exercices du Barreau.
S'il arrive qu'en un jour de Fête on fasse des Jeux publics, les Eglises seront elles plus remplies, que les Lieux destinés aux Spectacles ? […] Si un jour de Fête on apprend dans les Eglises, où l'on ne va bien souvent que pour adorer les créatures, qu'il y a de ces divertissements en quelques lieux, l'on méprise le Temple, et l'on court au Théâtre; l'on quitte le Ciel pour aller aux Enfers.
Les beaux esprits du temps se signalaient à l’envi par de pareilles futilités qui ne devaient pas durer plus que la fête. […] 5.), parlant du Roi de Babylone : « Il ne garda pas longtemps, dit-il, la réputation d’un bon Prince ; il donna des fêtes plus longues que la loi ne le permettait, il représenta des comédies qui faisaient pleurer, et des tragédies qui faisaient rire ; ce qui était passé de mode à Babylone. » Comment ce même homme qui dans le siècle de Louis XIV fait un mérite à ce Prince d’avoir favorisé le théâtre, d’y avoir lui-même paru, et ajoute que ce serait une idée d’Attila, Roi des Huns, de vouloir le supprimer, comment a-t-il pu faire un crime au Roi de Babylone d’avoir fait représenter des comédies ?
Un Peuple intrépide, grave et cruel, veut des fêtes meurtrières et périlleuses, où brillent la valeur et le sang-froid. […] Nous avons déjà plusieurs de ces fêtes publiques ; ayons-en davantage encore, je n’en serai que plus charmé. […] Non, Peuples heureux, ce ne sont pas là vos fêtes ! […] où sont les jeux et les fêtes de ma jeunesse ? […] Je donnais les fêtes de Lacédémone pour modèle de celles que je voudrais voir parmi nous.
n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables.
Où, si l’on ne se met point en peine de nous prouver la nécessité de travailler aux jours de Dimanche , non plus que celle de supprimer nombre de Fêtes, ni de supputer la perte que fait le commerce par l’inaction des Ouvriers , des Ouvriers d’iniquité, semblent redoubler d’action en ces saints jours pour nous les faire profaner & assurer par cela seul, autant qu’il est en eux, la perte de nos ames. […] Et sans égard pour Fêtes ni Dimanches, prévaudront-ils toujours contre toi, ces hommes qui (Ps. 73. v. 9.) ont dit tous ensemble au fond de leurs cœurs : faisons cesser de dessus la terre tous les jours de fêtes consacrés à Dieu… (v. 23.) […] Déploye, s’il le faut, toute la force de ton bras, & qu’elle retombe dans les enfers l’affreuse tyrannie de nos fêtes profanes ! […] Au moins est-il certain que nos Cités qui gémissent sous la tyrannie de nos fêtes prophanes, deviendront alors le séjour des plaisirs honnêtes… & que les étrangers ne seront plus surpris de voir que dans un Royaume où l’on fait profession de la morale évangelique, & où l’on se pique de finesse de tact & de délicatesse de sentimens, on permette des spectacles indécens & irréguliers, des farces grossières & sans esprit, aussi contraires au bon goût qu’aux bonnes mœurs.
Mais sitôt que ce même peuple commença à s’agrandir par ses victoires qu’il se vit obligé d’étendre l’enceinte de ses murs, & qu’il se donna impunément la liberté de passer les jours de fête à boire & à se divertir, la licence s’empara des Vers & de la Musique ; car que pouvait-on attendre d’un Villageois ignorant qui n’avoit plus rien à faire, & qui se trouvait mêlé avec le citoyen ? […] « Le même Poète (dit Horace) vit bien qu’il falloit retenir par quelque charme extraordinaire & par quelque agréable nouveauté, un Spectateur qui venait d’offrir des sacrifices, qui avait bu, & qui était en état de se porter aux excès les plus condamnables. » Le déréglement du peuple au jour des fêtes, fut la première cause. […] Au surplus, je conviens que toute fête où Silène préside, sera du goût de la Nation. […] 17.] « Ils représentaient aux jours de fêtes des Tragédies & des Comédies qui n’avaient rien de bas ni de rampant. […] Il choisit pour cela le jour qu’on y célebrait la fête de Flore.
« Autour de Carême-prenant, dit-elle, et de la fête des Rois, on représente quelques petites histoires de dévotion. […] Bouvet, Jésuite, faisant voyage, fut régalé par un Mandarin, qui pour l’honneur de la fête fit venir pendant le repas une de ces troupes ; on présenta la liste des pièces au P.
La profanation des Dimanches et des Fêtes, et du Jeûne, par l’assistance aux Spectacles, y est parfaitement prouvée. […] Sulpice à la Fête du Saint Sacrement, pour ne pas passer devant le Théâtre des Comédiens Français ; pour apprendre aux Fidèles combien l’Eglise a en horreur ces Théâtres.
Il compare le poëte, non à un actrice, mais à une femme honnête, qu’on obilgeoit quelquefois de danser aux fêtes de la grande Déesse, & qui, bien loin de se faire gloire d’étaler ses charmes, en danseuse de théatre, n’y paroissoit que malgré elle, modeste & confuse, ut sacris matrona moveri jussa diebus interevit satyris paulum pudibunda protervis .
Le second menace d’une pareille35 censure les fidèles mêmes, qui, désertant les saintes assemblées en un jour de fête, vont contenter leur curiosité dans l’amphithéâtre.
Les pièces dramatiques font les délices des gens de goût, nulle fête n’est bien solennisée sans elles ; en être le spectateur, c’est un devoir ; amateur, un mérite ; auteur, quelle gloire !
Il sera défendu d’ouvrir le Théâtre, ni de donner aucun Spectacle, de quelque genre que ce puisse être, les jours de Fêtes et de Dimanche, et tout le temps de Carême.
A Salenci, dans le Soissonnois, on fait tous les ans, depuis plusieurs siecles, une fête singuliere à l’honneur de la vertu, pour l’inspirer à la jeunesse. […] De cette fête établie pour célébrer la plus pure vertu, on a fait une intrigue galante & licencieuse. […] Cette scene pourroit être trés-instructive, & devroit l’être dans l’esprit même de la fête, qui donne la Rosiere pour un modelle de vertu, Cette folle plaisante le Bailli, se moque de lui, déclare sans façon qu’elle aime Colin, que Colin seul lui rend agréable la clarté de la lune , car tout se passe au clair de la lune.
Il en partit la nuit en fugitif, pour venir prendre possession du royaume de France à la mort de son frere, & quoique tout y sur dans le trouble & dans le désordre, il s’amusa plusieurs mois dans la route à une multitude de fêtes qu’on lui donna sur son passage. […] Une passion violente le transporte à la vue de ce qu’on étale à ses yeux ; il donne des fêtes, se livre à la joie, se prépare au dernier crime ; enseveli dans l’ivresse, il reçoit le coup de la mort. […] L’opulence où le vice les fit vivre, fond entre leurs mains, évanouie en parures & en fêtes, & passant dé leurs têtes chez le frippier, à peine sauvent-elles des débris de leurs graces de quoi acheter des haillons.
T ous les peuples de la terre ont des fêtes publiques et des spectacles ; toutes les nations policées ont des théâtres, qu’elles regardent à la fois comme des lieux de plaisir et d’instruction. […] C’est qu’il se formoit aux théâtres, où tous les citoyens, sans distinction, étoient admis ; dans les fêtes publiques, où les grands poëtes et les grands historiens récitoient leurs belles compositions et disputoient le prix ; et dans les places publiques où il entendoit l’éloquence, tantôt douce, tantôt foudroyante, de ses orateurs. […] Leurs spectacles étoient des fêtes nationales, où un peuple entier pouvoit assister, et ils ne sçauroient être comparés aux nôtres.
Que peuvent produire des paysans, des ivrognes grossiers, médisans, républicains, qui n’ont ni loi, ni décence ; & le Dieu dont on célébroit la fête, dont l’intempérance & la folie font tout le culte, l’emportement, la débauche, la malignité, jusqu’à la plus révoltante nudité, dit Horace, bon Juge & peu scrupuleux : Mox etiam agrestes Satyros nudavit & asper jocum tentavit, & potus, & ex lex. […] Nous en avons aussi dans des conversations de valets, de soubrettes, de paysans, qui se mêlent aux scènes les plus sérieuses, dans la farce qui suit la tragédie, dans les chœurs, les danses, les fêtes, les pantomimes qu’on y entremêle, par exemple, dans la Princesse d’Élide de Moliere, où les Princes & les foux vivent très-familierement ensemble.
C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que l’église ait improuvé en général tout ce genre de plaisirs : car encore qu’elle restreigne ordinairement les punitions canoniques qu’elle emploie pour les réprimer, à certaines personnes, comme aux clercs ; à certains lieux, comme aux églises ; à certains jours, comme aux fêtes ; à cause que communément, ainsi que nous l’avons remarqué, par sa bonté et par sa prudence, elle épargne la multitude dans les censures publiques : néanmoins parmi ces défenses, elle jette toujours des traits piquants contre ces sortes de spectacles, pour en détourner tous les fidèles.
J’établirois dans Paris, dit-il, quatre endroits (il en faudroit bien de pareils dans les villes de province) où tous les dimanches (pour bien sanctifier la fête) on donneroit au public le divertissement d’un duel (n’est-ce pas un divertissement bien amusant ?). […] il prétend que c’est un mal nécessaire, qu’on les a souffertes pendant quatre cent ans ; qu’elles faisoient corps, étoient imposées aux taxes, avoient leurs Juges & leurs statuts, célébroient une fête, faisoient une procession solemnelle (l’édifiante procession !) […] Les amoureuses de notre siecle ont leurs statuts qui ne sont pas, il est vrai, dressés par les Evêques, elles ne célèbrent la fête d’aucun Saint & ne font point de procession ; mais quoiqu’elles aient un lieu fixe, elles se répandent par-tout : il n’y a plus de honte à se rendre dans leurs coulisses & à les fêter chez soi.
Le jour choisi pour l’exécution est le jour d’une grande Fête, afin que le Temple soit rempli de fidelles Hebreux. […] Les Chœurs d’Athalie sont amenés encore plus naturellement, ou plutôt le Poëte ne les amene point, il les trouve au lieu de la Scene, dans un Temple toujours rempli de Musiciens & de Musiciennes ; l’Action se passe le jour d’une grande Fête destinée à des Cantiques, & le premier Cantique de cette Piéce a rapport à cette Fête.
Et notez qu’on suppose que c’étoit la fête des Vestales, pendant laquelle on ne faisoit jamais des exécutions, sur-tout sur une Vestale, comme si parmi nous on vouloit faire mourir un Prêtre le jour de Pâques, & que cette fête se célébroit au mois de juin, où les nuits sont les plus courtes.
Le théâtre a même des fêtes bachiques du nom de leur auteur. […] Ce Magistrat punit l'homicide, et il oblige à coups de fouet un Gladiateur son esclave à s'aller faire tuer ou à tuer les autres, et l'en récompense, et se fait une fête de la mort de celui qu'il n'aurait pas voulu perdre.
Destinée à l’amusement d’une vile Populace, elle étoit grossiere dans ses discours : & dans ses bouffonneries, se permettoit toute médisance, toute obscénité, & que d’obscénités devoient remplir un Spectacle consacré à la joie, chez un Peuple qui dans sa Religion avoit des Fêtes si impures & si extravagantes !
Ils ont à leur tour subjugué leur vainqueur, les parfums ont été leurs armes, le luxe asiatique des odeurs passa tellement à Rome après les victoires de Scipion l’Asiatique, que tout y fut embaumé ; les personnes, les cheveux, les maisons, les bains, le théatre, on y mêle le parfum avec le suif, & la cire dans les flambeaux avec l’huile dans les lampes, afin qu’en brûlant elles en remplissent toute la chambre ; on en mêloit dans les boissons & les alimens pour les flairer en mangeant & buvant ; les domestiques ne servoient leurs maîtres que parfumés, il n’y eut plus de fête & de partie de plaisir où les odeurs ne fussent prodiguées ; les tables, les vaisselles, les lits étoient couverts de fleurs, les planchers en étoient jonchés ; les convives en étoient couronnés. […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles.
On l’a tellement pris, que dans les fêtes données à Vienne pour la fête du mariage du Roi des Romains, l’Impératrice a fait représenter plusieurs comédies par les Archiduchesses ses filles ; ce que ni Charles V, ni Charles VI, ni les Ferdinands, ni les Maximiliens n’avoient jamais eu la pensée de faire.
Y voit-on ces préliminaires romanesques, qui sement les fleurs sur les routes du vice, & ces fêtes voluptueuses où l’on boit à longs traits le poison ? […] une ariette, une scène, une danse, une fête, un spectacle, c’est un habit d’Arlequin.
Je dis une peinture des mœurs communes ; parce que la Comédie-Ariette, qui peint les mêmes conditions, ne les envisage pour ainsi dire que dans leurs jours de fêtes : au lieu que les Parades du Baladin, prennent le Savetier, le Cordonnier, le Tailleur, le Cocher, &c. dans leur ménage, leur travail, dans leurs ribotes, dans leurs querelles, &c. […] Ses Fêtes ?
On voit des femmes et des Filles si entêtées, et si passionnées du jeu, qu’elles n’ont que cela dans l’esprit, elles en perdent le boire et le manger, et passent en cet excès les jours et les nuits, sans se mettre en peine de s’acquitter de leurs devoirs essentiels ; elle négligent même leurs prières, et souvent perdent la Messe les Fêtes et le Dimanches ; on les voit toujours occupées de leur perte ou de leur gain, du lieu où elles iront jouer, où l’on tiendra table ouverte, et où l’on s’assemblera ; enfin, elles sont si souvent dans l’exercice du jeu, qu’elles courent risque de mourir les cartes à la main ; jusques là même que j’ai ouï dire, qu’une femme de qualité étant en couche, demandait sans cesse à sa garde, quand elle pourrait jouer, ne s’affligeant d’autre chose, que de ce que ses Médecins ne lui permettaient pas de battre des cartes, ou de remuer des dés. […] , qui les ont tous vigoureusement défendues, particulièrement les jours de Fêtes et Dimanches.
Mais indépendamment de ces raisons générales de sagesse, ceux-mêmesj qui voudraient le plus accorder à tout le monde la lecture des Ecritures, doivent convenir qu’elle n’est pas faite pour le théâtre ; que c’est la défigurer, l’avilir, la déshonorer ; que bien loin d’en faire la nourriture de l’âme fidèle, on en fait l’amusement de la frivolité, souvent du vice et de l’impiété ; qu’au lieu de servir à la sanctification des fêtes, elle en devient la profanation ; que les Pères, en conseillant cette lecture aux âmes bien disposées, n’ont jamais entendu qu’on dût la livrer au parterre, la couper en actes, la cisailler en scènes, la travestir en comédies, la faire jouer par des hommes et des femmes sans mœurs, avec des habits, des gestes, des discours pleins de mollesse et de dissolution. […] Qui peut ne pas rire entendant une Comédienne dire fort dévotement à Dieu : « Pour moi que tu retiens parmi ces infidèles, Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles ; Que cette même pompe où je suis condamnée, Ce bandeau dont il faut que je paroisse ornée, Dans les jours solennels à l’orgueil dédiés, Seule et dans le secret je les foule à mes pieds ; Qu’à ces vains ornements je préfère la cendre, Et n’ai de goût qu’aux pleurs que tu me vois répandre. » Athalie eut d’abord le même sort, dit la Baumelle, par la même raison.
Voyez le bien que cela fait pour la conscience de ces Messieurs ; pour la consolation des Ecclésiastiques, et des Religieux qui se réjouissent, et toujours à la gloire de Dieu, de voir le beau monde à leurs Fêtes, pour l’édification du bon peuple qui s’en retourne admirablement content du beau Sermon, du beau Salut, de la belle Messe !
Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.
Je veux dire, l’usage de lire & de couronner les Poémes, les Histoires, les piéces d’Eloquence, dans les Fêtes publiques & solemnelles.
Puisque l’on prend celle des autres Spectacles dans les danses, dans les fêtes des Anciens, je puis trouver aussi le germe de l’Opéra-Bouffon dans la danse des Rats.
Comme le Spectacle chez les Anciens, se donnait dans des occasions de Fêtes & de triomphes, il demandait un Théâtre immense, & des Cirques ouverts ; mais comme parmi les Modernes, la foule des Spectateurs est médiocre, leur Théâtre a peu d’étendue, & n’offre qu’un édifice mesquin, dont les portes ressemblent parmi nous, aux portes d’une prison, devant laquelle on a mis des Gardes.
dites-nous, infortunée Dina, combien les fêtes de Sichem coûterent de regrets & de larmes à votre cœur, de honte & de crimes à votre famille, de sang à Sichem même. […] Ce fut en introduisant à Jérusalem les jeux, les fêtes & les spectacles de la Grece.
.… Si les temples du Dieu vivant avoient en si peu d’années causé tant de ravages parmi les hommes ; si le fer, le feu, l’enfoncement des pavés ou la chute des voûtes y avoit fait périr à diverses reprises quelques-uns de ces Chrétiens lestes qui vont aux grandes fêtes entendre la dernière et la plus courte Messe, on les fermeroit, on les détruiroit : les plus dévots craindroient d’y entrer ; tous se croiroient dispensés de s’y rendre. […] On y dresse des tentes ; ces jeux sont des espèces de fêtes qui doivent se renouveler toutes les semaines ; ils attirent une affluence prodigieuse.
C’est à eux qu’on peut dire avec le Prophète : Si vous regardez Baal comme votre Dieu, attachez-vous à lui, suivez ses maximes, adoptez ses loix, prenez part à ses fêtes sacriléges : si Baal Deus est, sequimini illum. […] Ce Sermon fut prêché pour la première fois le jour de Saint Joseph, Fête des Dames de la Charité, en l’Eglise de Saint Séverin, avec la Péroraison précédente.
Les comédies entrent si fort dans l’étiquette & l’ordonnance du cérémonial Chinois, qu’on en voir à toutes les fêtes publiques & particulieres, jusques dans les funérailles. Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires.
Elle en consuma une infinité dans la fête qu’elle donna à César, dont Lucain fait la description. […] Il y condamne le luxe ordinaire dans ces sortes de fêtes, habits, repas, meubles, parures, &c. qu’il interdit aux filles Chrétiennes.
Dans une de ces fêtes dont l’énorme magnificence a été le modelle de tant de contes de Fées, Louis XIV fit faire pour la jouer dans les jardins de Versailles un théatre exprès qui coûta des millions. […] L’épouse, dans l’intention du Créateur, devoit être une compagne fidèle qui partageât les biens & les maux, les devoirs & les travaux, qui consolât dans les peines, soulageât dans les infirmités, aidât dans les affaires ; ce n’est plus qu’un objet odieux, un tyran intraitable, une source de chagrin & d’ingratitude, dont on ne peut trop tôt se débarrasser, dont le trépas est une fête, qu’on craint de retrouver jusques dans les enfers.
La liberté lève toutes les barrieres du respect humain ; un Prêtre, un Religieux, un vieux Magistrat, une personne pieuse, qui ne vont point au spectacle, voient impunément la comédie dans les maisons particulieres ; il s’y en trouve grand nombre, la pruderie, la gravité, la dévotion, n’ont rien à craindre quand il ne faut que passer d’une chambre à l’autre ; les domestiques, qui ne vont guere au théatre, ne manquent point la fête, ils y travaillent avec ardeur. […] L’Entrepreneur, pour célébrer à sa maniere la fête de la Victoire, fit construire un petit vaisseau monté sur quatre roues, comme un carrosse, garni de poupées pour marelots : il le fit rouler, comme les vaisseaux de la Religion voguent sur la Méditerranée.
Les Opéra se passent presque tous en fêtes & divertissemens, & dans le petit nombre de tragédies qu’ils donnent, le chant, la danse, les décorations éteignent tous les sentimens tragiques. […] Son voyage est une fête continuelle, ou plutôt un triomphe par-tout où il passe.
» Peut-être, comme les Païens qui croyaient honorer par là leurs Divinités, nous imaginons-nous que ces fêtes sont agréables à Dieu. […] » S’il nous arrive quelque bonheur, si nous remportons quelque victoire, si nous célébrons les noces, le sacre, l’entrée de quelque Prince, ou quelque autre fête, on ne manque pas de donner (le bal) et la comédie : o folie monstrueuse !
…… c’est elle…… Je voi, Ce présent qu’une épouse avoit reçu de moi, Et qui de mes enfans ornoit toujours la tête, Lorsque de leur naissance on célébroit la fête.
Dans les fêtes que les prémiers Bergers se donnaient entr’eux, ils pouvaient chanter en dialogue une petite aventure arrivée sous leurs yeux ; voilà la Pastorale.
Un jour de Fête j'avais été curieux d’ouïr plusieurs sermons pour remarquer les façons de faire et de dire des Prédicateurs Espagnols, sur le soir Monsieur l’Ambassadeur et Madame sa femme furent invités d’aller au Palais du Roi où se devait faire une excellente Représentation du Martyre de Sainte Cécile.
» Néanmoins, quoique l’argument et toute la composition en fût honnête, les temples où Dieu est servi, et où sa parole se prêche, ne doivent pas être employés à cela, comme ils font en quelques lieux, mêmes ès jours des fêtes, pour y représenter les mêmes choses que sur les Théâtres ordinaires ; ce que quelques Gentils ont jugé indigne des Temples de leurs Dieux. Et le Philosophe Aristides27 a tâché de le dissuader, remontrant que les comédies n’étaient point convenables aux fêtes des Dieux, pource qu’en icelles il faut toujours dire choses bonnes et honnêtes, et que puisqu’il n’est pas permis d’offrir ès sacrifices, ce que la loi défend, il a aussi jugé que les Dieux ne peuvent être honorés par l’art et l’industrie de ceux qui sont destitués de toute probité, comme sont les comédiens et bateleurs. […] 30 « Quelques-fois se font ès Eglises des jeux de Théâtres, où non seulement pour spectacle ridicule sont introduites des monstrueuses mascarades : mais aussi en quelques fêtes, les Diacres, Prêtres, et sous-Diacres présument d’y exercer les jeux de leurs folies ». […] Il affirme que les jeux de théâtre (ludi theatrales), même sous le prétexte de l’habitude, ne doivent pas être pratiqués par les clercs dans les églises et il condamne ces spectacles qui ne visent qu’à la dérision et sont parfois pratiqués, à l’occasion de certaines fêtes, par les diacres, sous-diacres et prêtres. […] Les Enfants-sans-souci sont une confrérie joyeuse qui défile les jours de fête et jouent des pièces profanes – farces, soties et moralités.
Le même auteur nous apprend, quoiqu’il soit opposé à la danse, que dans plusieurs villes les fidèles passaient une partie de la nuit, la veille des fêtes, à chanter des cantiques et à danser devant les portes des églises ; qu’on dansait à Limoges dans l’église de St.