Il m’exhortoit à changer de vie, & me disoit que je tiendrois quelque jour compagnie à Beelzebuth. […] Chacun a son genre qu’il ne faut point changer. […] Ces bons peuples auroient dû aussi changer la marche des Prélats, & leur donner plus de gravité, comme au Roi qu’ils ne devoient pas quitter comme leur Conseiller ; au lieu que cette piece va comme un fou, à travers champs, à droite & à gauche, fort près & fort loin, ce qui lui a donné le nom de fou, & ce qui ne convient poin à la sagesse episcopale. […] Du reste Santeuil changea de conduite, & mourut chrétiennement.
Aussi prenez garde à ce que le Sauveur des hommes ajoute pour la consolation de ses disciples : c’est, leur dit-il, qu’après avoir vécu dans les pleurs, votre tristesse se changera en joie, mais dans une joie solide, durable, éternelle ; leur donnant à entendre par une règle toute opposée, que les joies trompeuses du siècle n’aboutiront qu’à un souverain malheur : Sed tristitia vestra vertetur in gaudium. […] Je ne dis pas que ç’a été leur morale dans un temps, et qu’elle a changé dans un autre : de siecle en siecle ils se sont succédés, et dans tous les siecles ils ont renouvellé les mêmes défenses, débité les mêmes maximes, prononcé les mêmes arrêts. […] Qu’auroient-ils dit de ces promenades, dont tout l’agrément consiste dans l’appareil et dans le faste ; des ces promenades pour lesquelles on se dispose comme pour le bal, et où l’on apporte le même esprit et le même luxe, de ces promenades changées en comédies publiques, où chacun, acteur et spectateur tout à la fois, vient jouer son rôle et faire son personnage ? […] parce que toutes ces joies du monde finiront bien-tôt, et qu’elles seront suivies d’un malheur éternel, au lieu que vos peines passageres se changeront dans une félicité parfaite qui n’aura jamais de fin : Sed tristitia vestra vertetur in gaudium.
Ayez bon courage, dit-elle, comptez sur la protection du Dieu du ciel ; sa miséricorde changera vos larmes en joie : Dominus cœli det tibi gaudium pro tædio. […] Plagiaires éternels les uns des autres, & d’eux-mêmes, les pieces, les rôles, les scènes, sont comme les Acteurs, qui ne font que changer de noms ou d’habits, se placer à droit ou à gauche, sur-tout pour le mariage, qui est le fond de toutes les comédies. […] Deux mariages illustres, célébrés presque en même temps dans l’été de 1765, ont été troublés par les plus tristes événemens ; celui du Duc de Parme, par la mort de Dom Philippe son père, qui étoit dans une autre ville ; & celui de l’Archiduc Léopold, par la mort de son père, l’Empereur François I, qui étoit à la fête ; l’un & l’autre le lendemain des noces, au milieu des plus grandes réjouissances, des bals, des comédies, des festins, qu’elles changèrent en deuil.
Le théatre, souple & accommodant, pour se mettre en vogue, changera tous les jours de masque. […] Non, les Apologistes ont beau dire, le théatre n’est point changé, il est toûjours dans le même état, si même il n’a empiré ; les Actrices n’ont jamais été plus immodestes dans la représentation, ni plus dérangées dans leur conduite ; la compagnie qui s’y rend, est toûjours aussi libertine. […] Tous ceux qui entreprennent la défense du théatre sur la prétendue décence, trompeurs ou duppes, prennent le change ou veulent le donner.
Ce qui est pur sur le papier change de nature en passant dans la bouche des Actrices, & devient criminel quand il est animé par l’exécution théatrale. […] Malheureusement le vice a trouvé le moyen d’éluder les loix, d’altérer la nature, de changer les coutumes ; les femmes ont pris des professions qui font les délices des hommes. […] Il en eut honte, & changea de vie (Ce moyen est bien critique ; au lieu de réussir, il occasionneroit les plus vives querelles.
Le Public ne gagnerait pas au change ; il ne lui serait pas plus avantageux de voir transformer Philinte en hypocrite, en indifférent, en bavard, comme vous prétendez qu’il est : croyez-moi Monsieur, dispensez-vous d’enseigner à Molière comme on traite bien un caractère et comme on fait une bonne Comédie, et souvenez-vous de ce que vous avez dit vous-même et que j’ai déjà cité, « que de petits Auteurs comme nous trouvent des fautes »dg où les gens d’un vrai goût ne voient que des beautés. […] En eusses-tu fait une à te casser le nez. » pointe d’autant plus déplacée dans la bouche du Misanthrope, qu’il vient d’en critiquer de plus supportables dans le Sonnet d’Oronte. »dh Rien n’est moins réfléchi que ce reproche : ce que vous appelez une pointe dans la bouche d’Alceste n’en est pas une ou du moins c’en est une qui devient un bon mot par la circonstance ; telle que ces pointes qu’on lâche dans la conversation et qui font tout l’effet des bons mots, eu égard à l’impromptu, au geste, au ton, à la circonstance qui les accompagnent ; exemple : Lorsque le Cardinal Janson, disait à Boileau qu’il devait changer de nom et au lieu de Boileau se faire appeler Boivin, c’était une pointe froide et plate. Le Cardinal voulait faire rire, on le sentait, on ne rit pas ; mais lorsque Boileau lui repart, à l’impromptu, « Monseigneur, votre Eminence devrait aussi changer de nom et au lieu de Janson, se faire appeler Jean Farine. »di , on rit sans doute beaucoup parce que sa pointe avait le mérite de l’impromptu que n’avait pas celle du Cardinal.
Pour vos histoires elles sont poétiques, vous les avez accommodées au Théâtre, et il n’y a personne qui ne sache que vous avez changé un Cordelier en Capucinab. […] Est-ce point cette surdité politique que vous trouvez si admirable dans les Jésuites, et qui vous fait dire « J’admirais en secret la conduite de ces Pères, qui vous ont fait prendre le change, et qui ne sont plus maintenant que les spectateurs de vos querellesah. » On ne peut pas vous répondre plus doucement, qu’en disant qu’il est très faux que les Jésuites aient fait prendre le change à Port-Royal, et qu’au contraire le P.R. a toujours eu une constance invincible en défendant la vérité contre tous ceux qui l’attaquent.
Jamais profanation plus éclatante que celle du théâtre ; ce n’est pas une conversation particulière, où quelque bouffon détourne à un sens profane quelque mot de l’Ecriture, c’est ici une pièce entière, où de propos délibéré, avec le plus d’art et de réflexion, on change, on ajoute, on retranche, on altère, uniquement pour amuser le parterre, le texte, les pensées, les événements des livres saints, souvent avec la plus grande indécence, par des épisodes et des personnages qui y mêlent la galanterie et le crime. […] Judith met en prières tout le peuple, qui jusqu’aux enfants se prosterne devant Dieu : c’est trop de sérieux et de piété pour le théâtre, il faut quelque chose de plus amusant ; toute cette dévotion se change en un colloque de Judith avec son amant, elle n’est occupée qu’à calmer ses transports, son dépit, sa jalousie, et au moment même qu’elle achève l’œuvre de Dieu, où le Saint Esprit dit qu’elle était seule avec sa servante, son Mizaël s’y trouve encore. […] Pour faire passer le poison comme on prend les oiseaux et les poissons à l’amorce : « Veritati quasi esca utitur ad fallendum. » L’Ange de ténèbres se change en Ange de lumière pour mieux tromper, ses bienfaits sont pires que des blessures : « Beneficia Dæmonis, nocentiora vulneribus. » (S.
Mais le ministère public pourrait-il tolérer que victimes d’un privilège extorqué par la débauche du théâtre, une honnête fille, un fils de famille, séduits et changés en bête par quelqu’une de ces Calypso, plus dangereuses enchanteresses que celle de la fable, portassent le déshonneur dans leurs familles, qui n’auraient pu ni prévenir ni connaître ces unions infâmes et ces scandaleux commerces ? […] Un mois après il change de langage, reconnaît son sang, qu’il avait désavoué, et reprend la qualité de tuteur. […] La scène change encore ; il désavoue la fille, et prétend que c’est le fruit de la prostitution de sa mère.
Je conviens qu’ils n’ont pas la même forme ; qu’ils sont destitués de l’appareil majestueux des Théâtres, des Cirques et des Amphithéâtres ; et c’est peut-être ce qui empêche qu’on ne les reconnaisse : mais, si ces magnifiques monuments, dont nous avons encore de si beaux restes, étaient rétablis, et si on en bâtissait d’autres sur leur modèle, on serait forcé de convenir que les Spectacles, en passant des Payens aux Chrétiens, n’ont fait que changer de nom.
Car leurs sceances ont souvent changé. […] Le changement des temps leur fit changer les manieres.
Il eût été sans doute plus avantageux de changer en nous cette complaisance vicieuse, en une pitié philosophique ; mais on a trouvé plus facile & plus sûr de faire servir la malice humaine à corriger les autres vices de l’humanité ; à-peu-près comme on emploie les pointes du diamant à polir le diamant même. […] Dès que l’abondance & le luxe eurent adouci les mœurs de Rome, ou plutôt énervé les Romains, la Comédie changea son âpreté en douceur ; & comme les vices des Grecs avaient passé chez les Romains, Térence, pour les peindre, ne fit que copier Ménandre.
Or, ce qui réprime cette passion est une certaine horreur que la religion, la coutume et la bonne éducation en donnent ; mais rien n’affaiblit tant cette horreur que les spectacles ; parce que cette passion y paraît sans honte et sans infamie, parce qu’elle y paraît même avec honneur, d’une manière qui la fait aimer ; parce qu’elle y paraît si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire, qu’on lui applaudit, et qu’on se fait gloire d’en être touché. […] C’était des Pénélope que les spectacles ont changées en Hélène. » « On y contracte l’habitude des pensées fausses et libertines ; on y attise, on y reçoit les premières impressions de l’amour, ou on les augmente.
Mais quelque spécieux que soit le prétexte dont les auteurs de ces pièces veuillent se couvrir, et quelque pures et saintes que puissent être leurs intentions ; il y a néanmoins tant de mélange dans leurs ouvrages, et les Saints qu’ils font paraître sur le théâtre y témoignent tant de faible touchant l’amour, qui est la passion dominante des comédies, qu’il est bien difficile qu’on ne prenne pas le change, et qu’au lieu de sanctifier le théâtre par les actions des martyrs que l’on y représente, on ne profane la sainteté de leurs souffrances par les fictions amoureuses que l’on y mêle. […] Et ne reconnaît-on pas qu’ils ont changé de vie, et qu’ils sont pour ainsi dire, devenus Chrétiens une seconde fois, en ce qu’ils refusent de se trouver dans ces lieux, qu’ils ne savent que trop leur avoir été funestes ?
Nos décorations auroient aisément servi à la scene Grecque & Romaine, & les décorations Grecques & Romaines formeroient aisément nos théatres ; il n’en est pas de la Peinture comme du langage & du style ; celui-ci se diversifie, & prend différentes nuances, selon les lieux & le caractère des peuples ; le pinceau rend toujours les objets tels qu’ils sont, ce fut toujours une Venus : le corps humain ne change pas, le peintre ne peut représenter que les mêmes carnations, & les mêmes formes, Laïs & la Couvreur, Phriné & la Clairon seront toujours des portraits très-dangereux. […] Que gagne-t-on au change ? […] Outre les décorations analogues, qui changent dans chaque piéce ; celles qui sont stables n’offrent que des nudités. […] Donnons à Venus une jupe pour remplir toute justice, & changeons son nom qui est un peu d’écrié ; nous l’appellerons la Sagesse.
Mais ce merveilleux talent, si rare ailleurs et si commun chez nous, ne s’y produit pas toujours sous la même forme : tantôt on exténue le mot affreux, auquel on change quelque lettre sans altérer par là le sens ; comme si on voulait éluder le crime, bien que l’on viole la loi : tantôt on ne fait que bégayer, on ne prononce le mot qu’à demi ; mais on laisse toujours assez entendre la chose : c’est comme une pièce de monnaie qui n’est point si tronquée tout autour qu’on n’y voie et la figure et le nom. […] Mais, loin que Juvénal perde quelque chose de son obscénité par la version Anglaise, il gagne à cet égard beaucoup au change ; la sixième et onzième Satires en sont des preuves trop visibles : ce sont des ordures capables de diffamer, pour ainsi dire, les lettres qui les expriment, et de flétrir à jamais notre langue : on s’affligerait presque d’avoir sur les bêtes l’avantage de l’expression, lorsqu’on en voit un si monstrueux abus. […] dans Eschyle s’emporte, se déchaîne contre le Ciel, et ne veut pas démordre de sa révolte ; il ne changerait pas sa condition pour celle de Mercure ; il aime mieux vivre misérable que de se soumettre à Jupiter même. […] En effet, le Poète, pour ne manquer à rien qui soit de son devoir, fait conduire Prométhée au supplice : il lance les foudres et les carreaux sur la tête du criminel : il ébranle son rocher par un affreux tremblement de terre : il change l’air qui l’environne en un tourbillon effroyable ; il emploie en un mot tous les sujets de terreur pour faire de Prométhée un exemple mémorable.
Par cette conduite on convertit, dit Saint Thomas3, les productions de l’iniquité en des fruits de salut, on se fait des amis avec un lucre deshonnête ; les indigens que l’on assiste de ces biens, qui sont leur partage naturel, ouvrent aux pécheurs les célestes Tabernacles, quand ceux-ci ayant changé de vie, & fait pénitence, comme Zachée & Saint Mathieu, quittent enfin cette vallée de larmes & de miséres.
– Mais comme leur caractère change en présence de l’autre, ce ne sont plus les mêmes hommes.
La multitude des coupables peut arracher la tolérance ; mais elle ne change ni le vice ni la vertu, et la sagesse, supérieure à tous ces nuages, n’a garde d’abandonner la sainteté des règles à la corruption de leurs transgresseurs.
Il ne m’a pas été difficile de changer mon premier sentiment sur la Comédie, et de prendre celui où je suis présentement.
Il est vrai que tous les cœurs étoient changés, jusqu’aux Protestans, les Calvinistes aussi opposés que les Catholiques à la Religion Anglicane, faisoient plus du bruit qu’eux, & menaçoient d’un soulevement général ; elle s’imaginoit qu’un mari pourroit rétablir ses affaires, appaiser ou contenir les mécontens ; quand elle vit manquer cette ressource, elle tomba dans une espèce de désespoir ; & dans sa maladie, lorsqu’on lui présentoit des remèdes, elle disoit avec douleur ces mots singuliers qui la trahissoient & démontroient ses éloges dont on la combloient encore : Laissez-moi mourir en repos, les Anglois sont las de moi, & je suis lasse d’eux, il est temps de nous séparer. […] Depuis dix-sept siècles on n’a vu dans toutes les Églises chrétiennes, même d’Angleterre & dans les pays où l’on n’observe point la loi salique pour la succession au trône, ni Pape, ni Évêque, ni Prêtre, que des hommes ; de quel droit l’Église Anglicane change-t-elle l’ordre établi par un Dieu, suivi sans exception dans tout l’univers, & par elle-même jusqu’à la débauche d’Henri VIII, suivi encore par elle-même & par toutes les communions Protestantes pour les Ministres inférieurs y auroit-il plus d’inconvénient qu’une femme fut Chef & Gouvernante de l’Eglise particulière de Cantorbery sous le nom d’Archevêque, qu’il n’y en a qu’elle soit Chef & Gouvernante de toute l’Église Anglicane, dont l’Église de Cantorbery ne fait qu’une partie. […] Le massacre de la Saint Barthelemi, dont en bonne Protestante, elle devoit avoir horreur, étoit tout recent, mais c’étoit une occasion d’étaler du faste, & de montrer sa beauté sous un habit de deuil qui lui étoit favorable ; le théatre change de décoration, c’est une pièce nouvelle, où elle joue le plus beau rôle. […] Elle en fit de même en France, avec qui elle n’étoit pas en guerre, où elle fut marreine de la fille de Charles IX, duquel elle promit d’épouser le frère ; malgré cette intelligence, elle fournit du secours au Prince de Condé, au Roi de Navarre, pour faire la guerre au Roi légitime ; un bras de mer change la morale, ce qui est un forfait à Londres, est une bonne œuvre à Amsterdam & à Calais. La décoration change, & l’Actrice joue un rôle différent.
Quoi qu’il en soit de la malignité du censeur, de la réticence du panégyriste, de l’équité du distributeur des honneurs littéraires, sur quoi le public ne prend point le change, du moins le Gazettier est-il croyable dans la justice qu’il rend & l’apologie qu’il fait de la religion du Prélat, contre les imputations du sieur de la Harpe, qui d’un éloge faisant une insulte, veut à toute force faire du Prélat un Philosophe du temps, c’est-à-dire un déiste, intimement persuadé qu’on ne peut qu’à ce titre avoir du mérite, espérer & obtenir en effet les palmes littéraires, ce que la récompense peu méritée de son discours paroît n’avoir que trop justifié. […] La raison qu’il en donne carractérise le délire philosophique : dans tous les caractères qu’en général rien ne change, il y a une impulsion irrésistible dont on ne peut briser les ressorts, mais que l’on peut tourner & détourner par dégrès en la dirigeant vers un but. […] L’homme passe, ses mœurs, ses défauts changent encore plus vîte. […] On en a été si vivement & si justement frappé à Toulouse, que l’Académie a rétracté sa scandaleuse proposition, & dans un nouveau programme a déclaré que par des raisons particulieres elle a changé le sujet du Discours, & qu’à la place de l’Eloge de Baile, elle propose l’Eloge de S. […] Si l’avarice est le défaut de l’âge avancé, peut-il changer la nature ?
Vous en allez juger par ses propres paroles, auxquelles je me ferais un scrupule de rien changer, tant elles sont justes et expressives : je me contenterais de les pouvoir bien rendre, et de ne vous rien dérober de leur beauté. […] Et ce grand homme répond : « qu’il est vrai que toutes choses ont été instituées de Dieu, mais qu’elles ont été corrompues par le Démon : Que le fer, par exemple, est autant l’ouvrage de Dieu que les herbes et que les Anges ; que toutefois Dieu n’a pas fait ces créatures pour servir à l’homicide, au poison et à la magie, quoi que les hommes les y emploient par leur malice : et que ce qui rend bien des choses mauvaises, qui de soi seraient indifférentes, c’est la corruption et non pas l’institution. » D’où appliquant ce raisonnement aux Spectacles et à la Comédie, il s’ensuit que considérée en elle-même, elle n’est pas plus mauvaise que les Anges, les herbes et le fer, mais que c’est le Démon qui la change, l’altère et la gâte. […] Ce n’est pas pour cela que les derniers le cèdent en science et en sainteté aux premiers, c’est que la Comédie se change Introd. ad vit. devot. […] Comme le temps qui change fait tout changer avec lui, les gens équitables doivent regarder les choses dans le temps où elles sont.
Vous l’êtes justement, et c’est sans attentat Que vous avez changé la forme de l’Etat, etc. » Et son complice, qui ne médite pas moins la mort de son Prince, lui dit : « Oui, j’accorde qu’Auguste a droit de conserver L’empire où sa vertu l’a seule fait monter : Il a fait de l’Etat une juste conquête. » S’il est Monarque légitime et vertueux, quel droit, quel prétexte a-t-on pour l’assassiner ? […] La pompe des paroles, l’enflure du style, de longues tirades, changent-elles la lâcheté en courage, la bassesse en sublime, les assassinats en vertus ? […] Quelle gloire pour vous en domptant les Romains, Que sans avoir des Dieux emprunté le tonnerre, Un seul homme ait changé la face de la terre ! […] Quel trône subsisterait, si ces sortes de raisons suffisaient pour chasser un Roi et sa famille, et changer la constitution d’un Etat ? […] Il convient qu’il a totalement changé l’histoire, qu’il n’a pas « mettre sur la scène une action vraie, mais des mœurs vraies ».
Cor. 11 aj , il devrait suffire, au moins à ceux qui croient, que Dieu même a distingué les œuvres, en la première Création ; et que vouloir par tels déguisements, confondre, ou changer, et contrefaire les sexes, n’est autre chose, que remuer les bornes de l’ordonnance Céleste, faire la guerre à Dieu, et à la Nature : Mais quand outre cette raison générale, et empreinte naturellement en toute âme raisonnable, nous avons d’abondantak un Commandement en termes autant exprès, et clairs, qu’aucun autre, qui soital en tout le reste de l’Ecriture, lequel défend, que l’homme ne soit vêtu de vêtement de femme, ni la femme de vêtement d’hommeDeut. 22. […] bb ; voire leurs Poètes Comiques, témoin celui, qui se moque d’un certain Clisthène, de ce que par ses habits il se montrait si efféminé, comme s’il eût voulu changer de sexeAristop. […] Que sicx c’est à propos et justement, que nous alléguons les passages des Pères contre les Idoles de l’Eglise Romaine ; certes nous avons la même raison, voire plus apparente, de produire leurs témoignages, contre les Jeux Comiques et Tragiques de ce temps ; auquel on joue les mêmes Comédies et Tragédies, que jouaient les Païens, à savoir, celles de Plaute, Térence, Euripide, Sophocle, Eschyle, Sénèque, etc., et n’y change-t-on un seul mot ; au lieu que les Papistes, changent au moins les noms de leurs idoles, et ne gardent pas, au moins n’adorent pas celles, qui restent du Paganisme, les statues d’un Jupiter, Vénus, Diane, etc. […] Car, comme ci-dessus nous avons dit ; outre ce, qu’ès Ballets, on contrefait quelquefois les anciennes Comédies, qu’on appelait, Palliatas, Togatas, Prætextatas, Trabeatas, Tabernarias, Atellanas, Fescenninos, Mimos, Satyras, etc., on essaie à en inventer toujours de nouvelles, se déguisant tantôt en Turcs, en Egyptiens ; tantôt en Sauvages, tantôt en Bergers ; quelquefois en Sorciers ; bien souvent en Diables où il faut représenter plus de chiffres, et de figures, que les anciens n’en connurent onc : Tous ces Ballets sont estimés comme la moelle, l’infusion, et quintessence, comme un nouveau sirop magistral, pour empoisonner les âmes : Car on commence à se dégouter des Comédies, et Tragédies simples ; et crois, qu’à la fin on surmontera l’horreurez des Bacchanales, et des Florales ; dont les Païens mêmes eurent honte : Est aussi à craindre qu’on ne se contentera plus, dans quelque temps, de déguiser les habits ; mais qu’on essaiera de changer le sexe tout à fait, à l’exemple de NéronDio in Ner fa , prenant à femme son Sporus, et se donnant pour femme à Pythagore : ou à celui d’Héliogabale, qui fit tout ce qu’il put, pour devenir femme.
Le théâtre est-il donc changé de nos jours, reprenoit un Docteur plus moderne ? […] Mais que vous changerez un jour, au Tribunal de Jesus-Christ, de sentiment & de langage ! […] Mais je raisonne en vain, je tâche en vain à émouvoir ; je suis presque certain que je n’ai persuadé, changé personne.
Je ne garantirois pas que la couleur indicat, avec la même certitude les infirmités de l’ame ; du moins elles en ébauchent les portraits ; & quoiqu’un homme vertueux ou vicieux puisse se posseder assez, pour ne pas changer de couleur, il est difficile que quelque legere nuance ne le trahisse. […] Une fenêtre, une porte, une cheminée, un lieu sombre ou éclairé, devant ou derriere, ou à côté, changent tout. […] Une beauté qu’il faut envoyer à la blanchisseuse, le fard dont Laïs & Thaïs ornent leur visage, sont les livrées d’une femme prostituée ; elles ne changent point le visage, elles le souillent, disoit Petrone : Medicamenta non probæ, corpus inquinant non mutant.
On n’a qu’à transporter l’Orateur de la Grèce en France, le faire monter dans les chaires de Paris, de Rouen, de Bordeaux, de Toulouse, de Lyon, de Marseille, &c. il ne faudra ni modérer son zèle, ni changer son langage ; c’est par-tout le même scandale. […] La différence des lieux en change-t-elle la nature ?
Les Chef-d’œuvres de notre Théâtre ne parurent sur celui de Londres que si changés, qu’ils n’étoient plus reconnoissables. […] Trois jours après, le Parfumeur étant venu lui demander son payement, en eut pour réponse, qu’il avoit changé de sentiment, & qu’il pouvoit faire du corps ce qu’il voudroit.
Il suffit souvent que notre attention change d’objet, & qu’elle soit moins forte.
Que le Musicien ait soin que chacun des Interlocuteurs parlant à son tour, toute la suite du Dialogue ne forme qu’une mélodie, qui sans changer de sujet, ou du moins sans altérer le mouvement, passe dans son progrès d’une partie à l’autre, sans cesser d’être une & sans enjamber.
Dans la fable, c’est à la plus belle, mais comme cette inscription ne revenait point au sujet il a bien fallu changer plus belle en plus digne.
L'esprit de l'Eglise n'est point changé.
Depuis la renaissance des Lettres, que notre état est changé !
Tout à coup l’objet change, ce n’est plus une conjuration, c’est une intrigue amoureuse ; sans à propos, sans vraisemblance, on met gratuitement sur le compte de l’amour les crimes de l’ambition ; et M. de Voltaire se résout à s’écarter d’une histoire connue en faveur d’une épisode qui détruit le fonds de son sujet.
Elle la punit par l’endroit qui avoir le plus allumé la passion du prophanateur, son visage & ses cheveux ; elle la rendit difforme, & changea ses cheveux en serpens. […] La Sagesse se venge, elle change ses graces en serpens, ses plaisirs en remords ; la beauté rendoit comme stupide, par l’ivresse de l’admiration & de l’amour ; elle pétrifie par la douleur, la frayeur & le désespoir. […] Pour Scylla, à qui on donne des chiens pour ceinture, & tant d’autres changées en arbre, en araignée, en vache, en grenouille, &c. il est inutile de s’y arrêter ; c’est toujours la même leçon de morale sur le danger & les suites de la volupté, ou la beauté naturelle, relevée par le fard, la parure, l’indécence, qui le font si fort redouter à la vertu, surtout sur un Théatre où on étale avec le plus d’art tous les charmes du vice. […] Elle est changée de pierreries, son col, ses cheveux, ses habits en sont si garnis qu’elle a sur elle des trésors, la multitude de ses parures l’accable : Collo comisque divitias gerit, cultuque laboret.
Elles vont fondre dans un torrent de poix bouillante, d'où sortent les violentes ardeurs de ces noires, et de ces sales voluptés : Et c'est en ces actions vicieuses que cet amour se convertit et se change par son propre mouvement, lorsqu'il s'écarte et s'éloigne de la pureté céleste du vrai amour. […] Combien est changé cet autre qui aimait et qui louait si fort ce chasseur, ou ce Comédien ?
Il faut qu'on ait bien changé dans cette ville ; les papiers publics ont appris à toute la France qu'on fit venir à grands frais la Gaussin en équipage de Princesse de Paris à Marseille, pour jouer sur un théâtre qui n'est plus fermé à personne. […] La Princesse, vertueuse en y entrant, en sortit toute changée, et ne fut plus la même personne, etc. […] Mais le public, qui savait bien que ce n'était qu'une adresse pour attirer la Reine et les Dames de la Cour, et en obtenir bien des aumônes, le public n'a pas pris le change et n'a pas même cru que cet exemple, malgré la piété reconnue de S.
Doux saisissement qui se change enfin en une source pure de volupté.
Il y fait changer, retrancher, transposer ce qui lui plaît.
Mais le lieu & le nom ont esté bien-tost changez ; & il n’en reste d’apparence ny de vestige, qu’vn souvenir & qu’vne idée.
Combien aussi que la fin au regard de quelques-uns des joueurs soit lamentable, néanmoins, attendu le profit qu’y ont fait les maîtres, et que tout cela s’est tourné en risée de la part du peuple, des joueurs, et des fatistesj qui ont fait nouvelle moisson, je ne changerai point ce titre.
Pour ce qui est de la querelle entre le père et le fils à propos de l’usure et du mariage du Vieillard avec Marianne, il faut en supprimer et changer plusieurs expressions qui sont trop fortes, et même très indécentes dans la bouche d’un fils, quelque sujet de plainte qu’il puisse avoir contre son père.
Là se débitent les impitoyables maximes des tyrans, confirmées par des exemples qui donnent de l’audace aux moins résolus, avec espérance que la nature des choses n’étant point changée, on peut encore, aujourd’hui faire ce qui s’est fait autrefois.
Est-ce que le lieu change tout à coup la disposition de leur cœur, et convertit en objet de plaisir ce qui était un objet d’aversion pour elles ? […] Cependant les lois de la modestie sont si sévères à l’égard des femmes, que ce leur est presque un crime d’apercevoir trop qu’elles sont mal observées : elles ne peuvent quelquefois témoigner sur cela leur répugnance ni changer de visage, sans qu’il en naisse quelque sentiment désavantageux à leur vertu : pour peu qu’elles paraissent comprendre en ces occasions, c’est dans l’esprit des autres comme si elles avaient part au mauvais discours qui se tient, ou comme si elles dissimulaient mal qu’elles y entendent finesse. […] Lors donc que Phèdre se trouve l’esprit tout occupé d’Hippolyte, elle s’efforce de substituer des raisons solides à ces idées frivoles, elle donne à celles-ci le change par des invectives contre les femmes déréglées ; elle conclut à plutôt mourir que d’être infidèle à son époux et que de devenir une tache à sa famille : la honte des pères, ajoute-t-elle, passe et reste aux enfants, qui ne la portent guère écrite sur le front sans qu’elle leur soit une flétrissure personnelle aux yeux des hommes. […] que l’essence de l’homme a changé ?
Son genre a changé de nos jours, elle est présentement consacrée à la galanterie. […] Que les Vers en soient tous de la même mesure, sur-tout lorsqu’elle èxprime la tendresse, ou un sentiment de douceur ; le Compositeur n’est point alors contraint de changer souvent le mode convenu ; il conserve mieux l’air primitif.
Il convient au Dialogue, parce que cette variété de Césure & cette facilité d’enjamber, donne aux Vers la liberté de la Prose, introduce nel dir legato, la liberta del dir sciolto, c’est-à-dire, selon moi, change la Poësie en Prose. […] Nous lisons même les Vers qui sont sans passion, tout autrement que ne le croient les Etrangers, Oui, je viens † dans son Temple adorer l’Eternel † Je viens † selon l’usage antique & solemnel † Célébrer avec vous † la fameuse journée Où sur le mont Sina la Loi nous fut donnée † Que les tems sont changés !
On en donna avis à la mère Angélique : et comme on lui demanda si l’on ne leur ferait point quelque réception extraordinaire à cause de M. de Bagnols ; elle répondit qu’on ne devait rien ajouter pour cela à la manière dont on avait accoutumé de recevoir les religieux, et que M. de Bagnols ne voulait point qu’en sa considération on changeât, même dans les moindres choses, les pratiques du monastère. […] L'imagination change terriblement les objets.
Je n’impute pas à Mazarin, comme on le soupçonnait de Richelieu, d’avoir voulu changer les mœurs de la nation et l’amollir, pour l’asservir, lui forger des fers dans le théâtre, et la désarmer par les mains de la frivolité. […] Belle chimère, que le théâtre ne vit et ne verra jamais, et qui donnant le change sur le véritable état des choses, fait sentir des gens embarrassés, qui ne veulent que se tirer d’affaires dans une occasion critique où ils n’osent ni blesser la vérité, ni déplaire en la disant nettement.
Pour ceux qui coopèrent à la Comédie d’une manière prochaine et déterminée, ou qui y assistent de leur plein gré, quoiqu’ils ne soient pas si coupables que les Comédiens : néanmoins les mêmes Docteurs ont décidé qu’on doit leur refuser l’Absolution, si les uns et les autres ne veulent point se corriger et changer de conduite, après avoir été suffisamment avertis. […] On a même changé la marche de la Procession de S.
La malice de l’usure consiste à changer la nature d’un contrat qui devroit être purement gracieux.
Je ne dit pas que ç’a été leur Morale dans un tems, & qu’elle a changé dans un autre : de siécle en siécle, ils se sont succédez ; & dans tous les siécles, ils ont renouvellé les mêmes defenses, debité les mêmes maximes, prononcé les mêmes arrêts.
Les sentiments les plus corrects sur le papier changeront de nature en passant dans la bouche des Acteurs, et souvent deviendront criminels, quand ils seront animés par l’exécution théâtrale.
La Comédie des Femmes Savantes est une production du génie de Molière uniquement : et il me paraît que dans cette Pièce il n’y a rien qui puisse être exclu du Théâtre de la Réformation, à l’exception cependant de deux ou trois expressions trop hardies et qu’il sera facile de changer.
Toute sa vie fut une comédie perpétuelle, & elle a introduit en France la comédie Italienne, qui a changé la face de la scene Françoise, & l’a rendue très-dangereuse. […] On a depuis changé ce systeme critique ; les femmes mariées occupent toutes les charges de la Cour. […] Nous ajoutons ici que quoique la Comédie Italienne ait toujours eu son théatre separé, & ne se soit jamais établie hors de la capitale, elle a pourtant changé en France la face du spectacle, & l’a rendu beaucoup plus dangéreux qu’il n’étoit. […] Elle a traversé & fait manquer ses propres projets ; elle abandonne ses amis, se livre à ses ennemis, suscite des obstacles, change à tout moment, ne sait ce qu’elle veut.
Qu’on n’attribue donc pas au Théâtre, le pouvoir de changer des sentimens ni des mœurs, qu’il ne peut que suivre & embellir. […] Les hommes se sont multipliés, ils se sont rapprochés ; l’agriculture a succédé à la vie pastorale : les bourgs se sont formés, & commencent à se changer en cités. […] de représenter la Souveraine puissance comme un Roi qui séduit des femmes, & s’est matériellement changé en pluie d’or pour Danaé, en taureau pour Europe ? […] Les idées vont changer : sera-ce la Comédie, ou si ce seront les Acteurs qui produiront cet effet ? […] Formey dit que si Nicole avait vu les Pièces de Lachaussée, de Boissi, & la Cénie, il aurait changé de langage.
Un homme sans passions, ou qui les dominerait toujours, n’y saurait intéresser personne… Qu’on n’attribue donc pas au théâtre le pouvoir de changer des sentiments ni des mœurs, qu’il ne peut que suivre et embellir. […] Un peu plus, un peu moins de vivacité ou de raffinement, ne change rien à cette impulsion universelle. […] Voilà ce qui manque à nos mœurs, ce qui serait à souhaiter que pût nous donner le théâtre ; et ce n’est pas à nous à craindre que la faible illusion qu’il nous cause ne se change en égarement. […] D’un amour sans objet, sans motif, sans caractère, et qui, dans son âme, va se changer en vice ? […] Les mœurs de la scène ont changé ; et si M.
Par ordre du Conseil suprême, qui étoit à la place du Parlement, on choisit pour modele les cérémonies pratiquées à la mort de Philippe II, Roi d’Espagne, on avoit représenté Philippe en purgatoire, pendant deux mois, pour expirer ses fautes légeres ; car il n’en avoit point de considérables ; on le mit dans un appartement tendu de noir, éclairé de peu de flambeaux, on y alloit prier pour lui : après avoir fait sa pénitence, il sortit du purgatoire, la décoration changea, & on le mit dans le Ciel. […] L’institution d’un Ordre de Chevalerie, pour célébrer une obscénité plus grossiere que celle de la jarretiere, & dont il a fallu changer l’idée, n’est-elle pas un sacrilége ? […] Dans les Diocèses à nouveaux Bréviaires on a changé les couleurs des ornemens, pour employer plus souvent que les autres celle de la livrée de l’Evêque.
L’Héroïne Favard est la premiere qui ait changé cet usage absurde, ce qui lui fit des affaires avec ses camarades. […] Ces Magistrats municipaux, qui changent tous les ans, communément des étrengers qui achêtent la noblesse, attachée au Capitoulat, & viennent passer une année à Toulouse, plus occupés de police que de littérature, furent flattés d’une épitre dédicatoire qui les combloit d’éloges, quoiqu’ils fussent inconnus à l’Ecrivain, & croyant illustrer leur regne par un ouvrage immortel où leurs noms sont imprimés, accepterent la dédicace, & donnerent au Sieur Durosoi le titre pompeux de Citoyen de Toulouse, ce que plusieurs d’entr’eux ne sont pas, comme la ville de Calais donna le titre de Bourgeois de Calais au Sieur du Belloy. […] Ils en présentent la liste au maître de la fête, qui choisit celle qui lui plait, & ils la jouent sur le champ, & peut-être y ajoutent ou changent quelque chose dans la représentation.
L’Auteur & l’Acteur, intéressés à ne pas le lever, seroient bien fâchés qu’il fût assez peu transparent pour donner le change. […] on a beau l’élaguer dans la suite, le changer de sol, améliorer la culture, il se sent toûjours de sa racine.
Dans presque tous les hommes l’absence de l’objet aimé, l’impossibilité de le posséder, rallentit les passions les plus vives ; le temps change tout. […] Dieu ne peut changer mon ame ; pour me vaincre, il faut tout son pouvoir.
Ces manieres de jeux ont esté plûtost deguisées que changées, & tout ce qu’on a veu de nouveau dans le Cirque a esté plustost une addition qu’une nouveauté, & un embelissement qu’une invention. […] Par exemple, quand apres avoir parcouru un certain espace, le Cavalier s’apercevoit que son cheval s’afoiblissoit, il estoit de sa dexterité de sauter subtilement sur vne espece de relais qui l’attendoit, & de changer ainsi de coureur avec tant de prestesse, que le changemẽt fût presque imperceptible & sans perte de tẽps.
Nous verrons ; je l’observe, je l’encourage par un air d’amitié, de confiance…… il sera du moins persévérant à changer… Ne serait-il fidèle que pour nous desespérer ! […] Je conviens encore que l’Auteur d’un Drame sachant que ce n’est pas dans sa Pièce seule qu’est la source du plaisir qu’on va chercher au Spectacle, il peut légitimement compter sur le jeu des Acteurs & les grâces des Actrices ; supposer que sa Pièce tirera son principal agrément & sa plus grande force, de la bouche qui doit la débiter : mais, par cette raison même, c’est à lui, s’il prétend au mérite solide d’être un Citoyen utile, estimable, à ne fournir au Comédien qu’un jeu décent ; à ne rien mettre dans la bouche des Actrices qui puisse par elles se changer en poison pour les Spectateurs.
Les temps ont bien changé : une fête publique, la plus simple entrée de quelque Seigneur dans une ville, le jour de dimanche ou quelque autre (car qui songe à la fête ?) […] Le théâtre change-t-il la nature de l’œuvre ?
Ce sont là les sentiments de l’Eglise ; sentiments dans lesquels elle n’a jamais changé : Elle a toujours cru que les divertissements de la Comédie étaient condamnés par l’Écriture, quoique le Texte sacré ne prononce point le mot de Comédie. […] elles vont fondre dans un torrent de poix bouillante d’où sortent les violentes ardeurs de ces noires et de ces sales voluptés ; et c’est en ces actions vicieuses que cet amour se convertit et se change par son propre mouvement, lorsqu’il s’écarte et s’éloigne de la pureté céleste. […] Enfin aprés un recit assez long de deux actions admirables qu’il avait faites étant voleur, dont l’une était d’avoir conservé l’honneur d’une jeune vierge consacrée à Dieu, qui était tombée entre les mains de ses compagnons voleurs ; l’autre d’avoir donné à une pauvre femme trois cens pièces d’argent, pour délivrer de prison son mari et ses enfants : Saint Paphnuce lui ayant communiqué sa révélation, et l’ayant exhorté de prendre soin de son âme ; cet homme jetta aussitôt les flûtes qu’il avait entre ses mains, et le suivit dans le désert, où il changea l’Art de la Musique dont il faisait profession, en une harmonie spirituelle, par laquelle il régla tellement tous les mouvements de son âme, et les actions de sa vie, qu’après avoir durant trois années entières vécu dans une très étroite abstinence, passant les jours et les nuits à chanter des Psaumes et à prier, et marchant dans le chemin du Ciel par ses vertus et par ses mérites, il rendit son esprit entre les Chœurs des Anges. » Ce ne fut donc point comme Comédien, mais comme Pénitent, qu’il eut une gloire égale à celle de saint Paphnuce ; puisque pour y arriver, il renonça à un métier qu’il reconnut lui-même être honteux. […] Je réponds à cela : Premièrement, que ceux qui ouvrent leur maison pour en faire des Académies scandaleuses de jeu, sans distinguer les personnes qui y vont : qui souffrent qu’on s’y emporte en jurements et en d’autres excès ; qui sont cause qu’il y en a qui se ruinent en jouant plus gros jeu que leur bien ne peut souffrir ; que ces personnes-là, dis-je, ne sont pas moins blâmables que les Comédiens ; que l’Église à présent comme autrefois déteste ce désordre, et ne juge pas ceux qui y tombent dignes d’approcher des Sacrements, jusqu’à-ce qu’ils aient promis de changer de vie. […] Il avait bien raison de parler de la sorte ; car Dieu a tellement fait suivre les plaisirs et les douleurs, que les douleurs du monde, quand on les supporte avec patience, se changent enfin dans une consolation éternelle ; au lieu que les joies dégénèrent en des pleurs qui ne finiront jamais.
Si, cependant, vous me demandiez si la comédie est propre à faire mourir en nous l’esprit du péché, & à nous faire rentrer dans la voie du salut, je vous avouerai franchement que je la crois peu capable d’opérer ces miracles ; je la regarde comme un objet indifférent en soi qui peut servir de délassement aux personnes occupées, & d’occupation aux personnes qui n’ont rien à faire ; mais vous auriez tort, je le répete encore, de vous imaginer que je regarde le théâtre comme une école de religion ; Non, pour changer leurs mœurs & régler leur raison, Les chrétiens ont l’Eglise & non pas le théâtre.
Le beau est un Protée qui semble ne changer de forme que pour dérober son éclat.
Il en est encore une qui merite une serieuse reforme, c’est de changer souvent de Jeu, & de Piece : car non-seulement du costé des Comediens le métier s’oublie, la paresse bannit l’estude, & la memoire s’affoiblit, mais le Spectateur est furieusement ennuyé de voir durant deux mois une mesme chose, qui bien souvent & sans aucun merite, & qui ne dure que par la cabale de quelques sots, ou de quelques Coquetes, ou par l’opiniastreté des Comediens.
Les Comédiens ne sont pas justifiés en disant que cette Comédie se joue à Paris et à Rome ; comme si on ne savait pas que l’Eglise condamne bien des choses qui se font publiquement par un usage, ou plutôt par un abus qu’elle ne saurait empêcher : comme si de semblables abus pouvaient changer la loi de Dieu, et rendre innocent et licite ce qui est mauvais de sa nature.
On a allégué contre les Comédiens et les Comédiennes, qu’ils changeaient les habits de leur sexe, et que cela est défendu par les saintes Ecritures : Mais s’il faut représenter une Histoire où une fille prenne l’habit d’homme, comme de la Pucelle d’Orléans, comment feraient-ils pour s’en acquitter ?
Une jeune personne est encore toute attendrie de la mort de Polyeucte, toute édifiée de la vertu de Pauline : le Théatre change ; on joue l’Ecole des Maris. […] Que la face des spectacles change ; que le Théatre devienne une Ecole de vertu ; la profession de Comédien n’aura plus les caractères qui la dégradent. […] Les mots, ces signes représentatifs de nos pensées, & qui les représentent si imparfaitement, ont beau varier à l’infini, suivant le génie ou le caprice des diverses Nations, ils ne changent rien aux pensées, aux sensations, ni aux sentimens. […] Il est vrai que de cette petite ruse il naît des situations, de l’interêt, de la terreur, & que nous lui devons ce moment théatral, si heureusement dépeint dans ces quatre mots : Seigneur, vous changez de visage !
Paul ; & quand ils seront éclairez par la parole de Jesus-Christ, peut-estre serez-vous assez sages pour changer de sentiments. […] Souvent les Temples des Idoles ont esté changez en Eglises Chrétiennes, le Démon cédant la place à Jesus-Christ. […] Les Gaules ont presque changé tous leurs habitants en soldats, & semblent ne plus connoître d’autre profession que celle de la guerre.
Il convient lui-même que le Duc d’Ormont, autre partisan du Prétendant, quoique Anglican aussi, & même le Ministre Anglican Lesbi, lui disoient qu’il en demandoit trop sur la religion ; il croyoit que la tolérance promise devoit suffire, & qu’on ne devoit pas exiger qu’il changeât lui même de créance. […] Madame de Gomez, dans ses Journées amusantes, a fait aussi des vers galans à l’honneur d’une Marie ; mais par respect pour un si saint nom, elle l’a changé en Miraé, comme elle a changé le nom de Nogaret, qui alla insulter & emprisonner le Pape Boniface VIII à Anagnie, en celui de Ganoret, pour en sauver la honte à sa famille.
Ce Peuple tout guerrier, tout savant qu’il était, se livrait à mille préjugés, à mille ridicules, il s’avisa tout-à coup de se persuader que les règles de la musique, une fois établies, ne devaient plus être changées. […] d’Aubignac changerait bientôt d’avis, il s’èxprimerait d’une autre manière, s’il vivait de nos jours. […] Que les choses sont changées !
Mais tout changea de face par sa faute. […] Il se trompoit, tout étoit changé, le peuple, la fortune, lui-même.
Mais plus ce sens est actif, plus il a besoin de changer d’objet ; aussitôt qu’il a transmis à l’esprit l’image de ceux qui l’ont frappé, son activité le porté à en chercher de nouveaux, & s’il en trouve, il ne manque point de les saisir avidement. […] Ainsi qu’un mauvais estomac change en poisons les mets les plus salubres, de même, les Spectacles ne sont pour plusieurs qu’une Ecole de persiflage, de fourberie, d’audace, d’indépendance & de volupté.
C’est une tête creuse, une coucourdet coiffée, vide de sens, comme une cane, un cerveau démonté, qui n’a ni roue ni ressort entier, qui change comme la lune, etc. » Et ailleurs ce Mémoire attaque les mœurs de la troupe, qu’il fait voir « n’être composée que de débauchés qui mangent l’argent qu’ils ont amassé sans peine, et passent leur vie en débauches, tandis que leurs femmes et leurs enfants demandent inutilement du pain. […] Le théâtre, comme tout le reste, doit sans doute, selon le génie des nations ou des siècles, le goût de la Cour ou de la ville, la diversité des modes, la variété des circonstances, le caractère des Auteurs, prendre des tons différents de modération ou de débauche, de différentes nuances de décence ou d’effronterie ; mais ce n’est que changer d’habit, le fond est toujours le même, c’est toujours une troupe de gens sans religion et sans mœurs, qui ne vit que des passions, des faiblesses, de l’oisiveté du public, qu’il entretient par des représentations le plus souvent licencieuses, toujours passionnées, et par conséquent toujours criminelles et dangereuses, et qui enseigne et facilite le vice, le rend agréable, en fournit l’objet, et y fait tomber la plupart des spectateurs.
On changea dans la suite ; le rouge fut destiné à Mars, le blanc aux zéphirs, le verd à la terre ou au printemps, l'azur au ciel ou à la mer, ou à l'automne. […] Telle est la vérité, la pureté de la morale Chrétienne, l'exactitude de la crainte, la fidélité de l'obéissance ; elle ne change point : la nature du bien et du mal, du vice et de la vertu sont inviolables, comme la vérité qui les détermine.
D’autre part quelquefois ils le descrivent filant la quenouille comme une femme, et faisant sa tâche que Omphale Reine de Lydie lui commandait, laquelle avait changé ses paniers, quenouille, fuseaux, et habits de femme, contre les flèches, la masse, et la peau de lion d’Hercule. […] lequel apporta maintes utilités aux humains, rédigea par ordre les mots, institua les Sacrifices et cérémonies, inventa plusieurs harmonies, enseigna aux Grecs les interprétations des mots, dont il est appelé Hermès, c’est-à-dire, interprète, et disent fabuleusement qu’il fut changé en une Planète.
Quand il y est dit : « Parce que les filles de Sion se sont emportées au-delà de la modestie de leur sexe, qu’elles ont affecté de se tenir droites, faisant des signes des yeux et des gestes des mains, qu’elles ont étudié leurs pas et mesuré leurs démarches, le Seigneur rendra leur tête chauve, et il arrachera leurs cheveux ; il les dépouillera de leurs vains ornements, et il changera leurs parfums en puanteur. » Car enfin, est-ce pour rien que le Seigneur devait traiter ces filles avec tant de rigueur et d’ignominie ? […] Et ce grand Homme répond, qu’il est vrai que toutes choses ont été instituées de Dieu, mais qu’elles ont été corrompues par le Démon ; que le fer, par exemple, est autant l’ouvrage de Dieu que les herbes et que les Anges ; que toutefois Dieu n’a pas fait ces créatures pour servir à l’homicide, au poison et à la magie, quoique les hommes les y emploient par leur malice ; et que ce qui rend bien des choses mauvaises, qui de soi seraient indifférentes, c’est la corruption et non pas l’institution. » « D’où, ajoute notre Docteur, en appliquant ce raisonnement à la Comédie, il s’ensuit que considérée en elle-même, elle n’est pas plus mauvaise que les Anges, les herbes et le fer ; mais que c’est le Démon qui la change, l’altère et la gâte. » Après quoi il conclut enfin, « que la Comédie, suivant Tertullien, doit être mise au nombre des actions indifférentes, et que ce n’est pas la condamner que d’en reprendre seulement l’excès comme il a fait». […] Il ne fait pas plus de justice à saint Cyprien, quand il lui attribue le même sentiment : et c’est ce qui m’oblige de le démasquer encore une fois, pour faire réparation à ce Père, et pour empêcher les simples de prendre le change sur le récit d’un Docteur de Théâtre. […] « Le temps, dit-il, qui change, fait tout changer avec lui ; ainsi tel était autrefois infâme, qui ne l’est plus aujourd’hui. […] Le Cardinal de Richelieu avait cru que ces conditions était compatibles avec les divertissements qu’on cherche à la Comédie : mais l’expérience a fait voir le contraire ; la Scène depuis ce temps-là n’a point changé de face, on a représenté depuis comme auparavant des Pièces purement Comiques, on a joué des farces, on a dansé des ballets, les décorations ont été également pompeuses, les Acteurs et les Actrices ont paru avec les mêmes airs et les mêmes ajustements, les passions les plus vives et les plus piquantes, ont éclaté dans les Pièces les plus sérieuses ; et quand on pense dire son sentiment là-dessus, on répond que sans tout cela les Acteurs et les Spectateurs se morfondraient également au Théâtre, tant il est vrai que la Comédie sera toujours Comédie, et les Comédiens toujours Comédiens, c’est-à-dire, toujours infâmes.
Au fond, n’y ayant rien de changé, sinon les mots, et quelque chose en la forme, et la matière y étant toujours la même, tout ce que la jeunesse, surtout, y voit et y oit, est comme qui battrait le fusil sur de l’esmorchead bien sèche. […] Mais des lieux qui ont pris possession durant plus de deux mille ans d’être des écoles pour gâter les mœurs, ne sauraient avoir changé si soudain. […] Tout autant qu’il y en a qui se rendent coupables de la même profanation des Ecrits sacrés, et les changent en des jeux, seraient tout à fait dignes de ce même jugement. […] Mais quant aux règlements Ecclésiastiques, ils ne changent pas la nature de la chose sur laquelle on les fait, qui en soi demeure toujours la même, et ne devient nécessaire que par une nécessité d’ordre ; d’où vient que comme ces règlements sont établis sur de certaines raisons, qui regardent les temps, les lieux, les personnes, ces raisons cessant et changeant, on peut aussi les changer. […] Nous avouons bien, que comme il y a de la différence entre les péchés, il ne faut pas mettre cetui-ci en un même rang avec les vols et les meurtres ; mais si ceux qui commettent ces derniers ont le plus grand blâme, ce n’est pas à dire que ceux qui trempent en l’autre en soient tout à fait exempts ; le plus et le moins ne changent jamais l’espèce : sans doute il n’y a pas la même horreur à aller au Théâtre qu’à brigander et à assassiner, mais il n’y en a toujours que trop à fouler aux pieds l’ordre saintement établi en la Maison de Dieu, et en la rébellion contre l’autorité que lui-même a voulu y être respectée, et que nous lui rendissions obéissance selon luiey.
Les Dieux mêmes ne peuvent changer leurs decrets, comme il est dit dans Ovide Metam.
Affligez-vous volontairement vous-mêmes, soyez dans le deuil et dans les larmes : que votre ris se change en pleurs, et votre joie en tristesse.
C’est à mon avis une calamité, dans un état, de changer souvent de ministres.
Or si le Prophète appelle les Juges, « des Dieux, et les enfants de Dieu », n’est ce pas pour les engager doucement et agréablement à se conduire dans l’exercice de leurs Charges chrétiennement, saintement de sans reproche ; puisque ce serait une chose tout à fait honteuse, que des personnes si élevées et qui portent des qualités si glorieuses, se laissassent aller à des injustices, qui leur fissent changer leur nom de Dieux, en celui d’Antéchrists ?
Mais depuis tant de siécles les choses ont bien changé de face. […] On n’a jamais vû personne se convertir au sortir d’une comédie par la force de ces critiques que l’on compare aux morales les plus intéressantes, comme on en voit changer de conduite & réformer leurs mœurs après une éloquente & patétique prédication : & c’est une erreur de croire que la comédie soit un plaisir innocent & même avantageux, parcequ’on y censure tous les vices.
Pour mieux ressembler à ce qu’on aime, il semble qu’on affecte de changer de sexes. […] Rien de plus aisé ; la queue traînante de sa robe, changée en longs crins, y suffira : Longæ pars maxima pallæ cauda fit.
Si elle a quelque défaut naturel, on supplée à tout, les poudres changent la couleur des cheveux, le fard et les pommades unissent les visages, qui ne le sont pas ; les corps de jupes sont pleins d’artifice, pour corriger les défauts, et pour couvrir les difformités de la taille ; on charge ensuite le corps de rubans, dont la diversité des couleurs répond à la diversité des passions. […] Quand vous êtes aux pieds des Confesseurs, vous changez bien de langage ; la vérité et votre conscience vous contraignent d’avouer tout ce que nous venons de dire, et souvent votre plus grand malheur et celui des autres femmes, ou des Filles vient d’un premier entretien dans un bal, ou de quelque autre divertissement, dont on leur a donné le régal, et qui les a fait tomber.
Thésée, dans le premier moment, dévoue son fils à la vengeance des Dieux et ce fils en devient la victime » ; il est certain que sur une pareille exposition tout homme tant soit peu raisonnable et vertueux frémira d’horreur et regardera Phèdre comme un monstre abominable : mais il changera d’avis après la représentation, parce qu’il verra dans Phèdre une femme malheureuse par sa passion, et chez qui la Vertu est presque aussi puissante que le Vice : elle est justifiée de la persécution qu’elle a fait essuyer à Hippolyte par ces vers où respire la Vertu : « Toi-même en ton esprit rappelle le passé. […] Ce n’est point la grandeur d’âme qui le porte à se donner la mort, c’est le désespoir, c’est la rage de n’avoir pas réussi dans son affreux projet ; situation de son cœur qu’il peint si bien dans les derniers vers qu’il prononce en faisant encore un effort pour poignarder quelqu’un : « Cruels, qui redoublez l’horreur qui m’environne, Qu’heureusement pour vous la force m’abandonne : Mais croyez qu’en mourant mon cœur n’est point changé. » bv Qui voudrait-il assassiner, ce prétendu grand homme ?
On en est peu à peu revenu au concile de Constance, et il est aujourd’hui généralement établi qu’on n’est obligé d’éviter les excommuniés qu’après une dénonciation expresse, quelque notoire que soit leur censure, à l’exception néanmoins de la percussion notoire des Clercs, sur laquelle ni le concile, ni la France n’ont point changé l’ancienne discipline. […] Depuis que par la publication des décrétales et l’introduction de la théologie scolastique, la discipline des excommunications a été réglée avec la précision qui y règne aujourd’hui, les termes ont changé pour les Comédiens, comme pour les autres pécheurs scandaleux.
Le goût du Prince ayant changé à leur égard, ils n’y paraissent plus, ils y seraient sifflés, et leur banc a été donné aux Officiers des Gardes du corps, auxquels il convient mieux. […] Le public ne changea point de sentiment, la justesse de la critique n’empêcha personne d’admirer le Cid.
C'est l'antre de Circé, où les hommes sont changés en toutes sortes de bêtes. […] Quelque vérité dans la bouche couvre son jeu théâtral, comme dans celle de Tartuffe elle donne le change à la femme qu'il veut séduire.
Le vice change-t-il de nature en passant par la bouche d'une Actrice ? […] Dans les pièces les plus épurées, ces prétendus Prédicateurs de théâtre composent et débitent des préceptes à leur mode et des sentences à leur goût, ajoutent, retranchent, changent, adoucissent à leur gré la doctrine chrétienne, et la donnent pour la pure vérité, avec une assurance qui étonne.
Ainsi fit-il perdre la tête à son sécretaire Tarassoni insatué de la musique, où il n’entendoit rien ; jusqu’à l’établir Surintendant de la musique, & chef de tous les Musiciens de Rome ; & au poëte Burabassi, jusqu’à le faire entre en triomphe dans Rome, monté sur un Elephannt ; & inviter tous les poëtes d’Europe à se rendre à la Fête, & lui mettre la couronne poëtique sur la tête, & donner un grand festin à lui, & à tous les poëtes, dans le Palais du Vatican ; cette farce eut un dénouément tragique, l’Elephant, éffarouché du bruit des acclamations jetta le poëte par terre, & changea les lauriers en ciprès. […] Les étonnantes révolutions, & les affreuses dévastations qui ont tant de fois changé la face de ce beau pays, & malgré tous les anathêmes de l’Eglise, à laquelle pourtant il est, & doit être, & par intérêt & par réligion, plus soumis que tout autre ; mais la volupté en est la divinité dominante : aussi est ce le seul pays chrétien où la prostitution publique soit ouvertement tolérée par les loix & les magistrats ; car quoique Paris & Londres ne soient pas moins corrompus que Naples, Venise, & peut être dans le fond le soient encore d’avantage, les loix n’y ont pas encore déchiré le voile de la pudeur, jusqu’à protéger les lieux infâmes. […] Ils ont tout pris sans rien changer du Journal de Trevoux, Avril 1758.
Je ne pouvois changer leur nature. […] Il est vrai qu’il l’a élaguée du fatras de Cyranno, & qu’il a changé les nom des Acteurs. […] c’est-à-dire, à la Princesse, dont le nom change avec l’habit.
On croit que Moliére a depuis changé Panulphe en Tartuffe, par rapport à Montufar, imposteur ainsi nommé dans une Nouvelle que Scarron a tirée de l’Espagnol, & qu’il a intitulée les Hypocrites.
Depuis sa mort tout a changé, Thalie & Melpomene ont étendu leur empire sur les glaces des trois Russies, & en dépit du fondateur de l’Empire, elles y ont une cour brillante, depuis que le sceptre est tombé en quenouifle.
Si elles voulaient au moins commencer à régler leur conduite par changer de Dictionnaire, et s’en tenir à celui de l’Académie, qui a ménagé la pudeur de la Langue Française ; nous commencerions à bien espérer de leur conversion.
., société de pèlerins qui s’était réunie pour jouer les saints mystères, pag. 85 ; obtiennent en 1402 des lettres patentes de Charles VI, pag. 90 ; et de François 1er en 1518, pag. 94 ; sont obligés par arrêt du parlement de Paris, de 1548, de ne plus établir leurs comédies que sur des sujets profanes, pag. 101 ; succèdent entièrement aux confrères de la Passion, pag. 103 ; obtiennent des privilèges, p. 107 ; leurs pièces soumises aux procureurs du roi, pag. 108 ; ils sont admis au Louvre et protégés du roi Louis XIV, pag. 112 ; la législation change en leur faveur, pag. 114 ; jouissaient à l’exclusion des autres classes du privilège de conserver leur noblesse, pag. 116 ; leurs droits comme citoyens dans l’Etat, pag. 125 ; leur profession étant instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes du prince, ils n’en sont plus comptables au clergé, pag. 131 ; l’abjuration que le clergé exige de leur profession, ainsi que le refus de sépulture, qu’il leur fait à leur décès, sont des délits que les procureurs du Roi doivent poursuivre devant les tribunaux, pag. 134 et 282 ; ils font l’aumône aux cordeliers, aux capucins, aux augustins, qui la leur demandent par placet, et qui promettent de prier Dieu pour leur chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés, le clergé ne peut leur faire l’application des anathèmes, pag. 182 ; saints et saintes honorés par l’Eglise romaine, et qui ont été comediens, pag. 193 ; piété et bienfaisance de Beauchâteau comédien, pag. 365*.
Les Allemands, les Anglais, les Italiens, les Grecs, tous empruntèrent cet usage des Français ou du moins les lois et les règles que les Français en avaient prescrites ; et quoique partout7 on n’eût d’abord dessein que d’en faire un jeu ; très souvent le feu de l’action, et la jalousie des combattants changeaient le jeu en un vrai combat, d’où plusieurs sortaient blessés.
Si le géant ne réussit qu’à se retourner et à changer de côté ; l’aimable enfant aura bien de la peine à se dégager tout à fait d’un fardeau plus pesant que des monts entassés.
Et j’admirais en secret la conduite de ces Pères qui vous ont fait prendre le change, et qui ne sont plus maintenant que les spectateurs de vos querelles.
Si elle a quelque défaut naturel, on supplée à tout ; les poudres changent la couleur des cheveux ; le fard unit le visage ; l’habillement est plein d’artifices pour corriger les défauts, & pour couvrir les difformités de sa taille : on charge ensuite le corps de rubans dont la diversité des couleurs répond à la diversité des passions ; on met enfin mille autres agrémens, où l’on croit qu’ils auront de l’éclat. […] Ne dites donc pas que le théâtre n’émeut les passions, que par hasard & indirectement ; il faudroit changer la nature des choses pour avoir raison de le prétendre : tant que son principal but sera de vous remuer & de vous rendre sensibles, bien loin de penser qu’il n’excite les passions que par hasard, il faudroit croire au contraire que ce seroit par hasard, s’il ne les excitoit pas. […] Le théâtre est-il donc changé de nos jours, reprenoit un Docteur plus moderne ? […] Mais que vous changerez bien un jour au Tribunal de Jesus-Christ de sentimens & de langage ! […] Mais je raisonne en vain, je tâche en vain d’émouvoir : je suis presque certain que je n’ai convaincu, changé personne ; du moins je vous prends à témoin que je ne vous ai rien caché de tout ce qui pouvoit vous inspirer de l’horreur pour les spectacles profanes.
Ces circonstances diminuent la faute de Térence, et en changent presque la nature si on la rapproche de celles de notre Poète. […] Quoiqu’il en soit, un pareil spectacle doit produire de terribles effets sur des libertins et des incrédules qui voient changer la face de l’enfer en une Scène comique. […] . »Sa passion change en un tour de main ; il est métamorphosé en admirateur de la vertu, et s’en retourne néanmoins aussi corrompu qu’on peut se l’imaginer. […] La différence des sens ne change pas la nature du crime au point que vous vous l’imaginez peut-être. […] Il appuie fort sur cela ; il ne craint pas même de dire que changer les notes, et étendre trop cet art, c’est le moyen de renverser bientôt toutes les lois du Gouvernement.
Il n’est rien de vilain dans les Métamorphoses, qui ne fournit la matière à une action publique : Aujourd’hui le plus grand de leurs Dieux se changeait en une pluie d’or pour avoir entrée dans la chambre de Danaé. […] Un homme qui s’est lassé à chanter peut se divertir en écrivant, comme un autre qui aura beaucoup écrit, peut se divertir en chantant : Notre gêne et notre chagrin viennent de la continuation de quoi que ce soit, nous nous dégoûtons de tout : Le moindre changement nous soulage : Une personne à qui les yeux font mal pour avoir cousu en linge, trouvera la décharge de sa peine en cousant en drap ; C’est pourtant le même métier ; mais l’objet est changé. […] Bien qu’il n’eût pas toujours du bon en son Jeu, il n’en changeait point, ni d’humeur, ni de visage ; s’il avait fait un mauvais coup, il était le premier à rire, s’il avait bien rencontré, il n’en insultait point ; au contraire il se tenait dans le silence. […] Sardanapale, quoiqu’il fût Roi, est encore l’opprobre des Assyriens pour avoir vécu sous une robe de femme, et d’avoir travaillé de l’aiguille et du fuseau en une compagnie de filles : C’est la marque d’un courage efféminé, et d’un cœur qui n’aime que l’ordure : Pour peu qu’on porte l’habit d’un autre sexe, on se sent changé. […] NDE change = échange, de sentiments, d'idées.
Blaise le Savetier fit prendre une forme différente à l’Opéra-Comique, & changea même notre Littérature.
Quant aux changemens des Théâtres, Servius nous apprend qu’ils se fesaient ou par des feuilles tournantes, qui changeaient en un instant la face de la Scène, ou par des châssis qui se tiraient de part & d’autre, comme ceux de nos Théâtres.
Elles ne la déshonoraient point ; elles rendaient seulement authentique le déshonneur qui en est inséparable : car jamais les bonnes lois ne changent la nature des choses ; elles ne font que la suivre ; et celles-là seules sont observées.
Il y a longtemps que j’ai observé que nos anciennes pièces de théâtre qui ont le plus réussi il y a 80 ans mériteraient d’être perfectionnées quelque temps après la mort des Auteurs, du moins par rapport aux mœurs, d’un côté la langue change et de l’autre la raison croît et le goût se raffine ; il nous paraît aujourd’hui dans ces pièces des défauts, qui ne paraissaient point à nos pères, gens d’esprit, il y a cinquante ans : or ces pièces ainsi perfectionnées vaudraient ordinairement beaucoup mieux, soit pour le plaisir, soit pour l’utilité de l’auditeur, que les pièces nouvelles, c’est qu’il est bien plus facile au même Auteur de perfectionner un ouvrage qui a déjà plusieurs beautés et d’en faire un excellent que d’en faire un tout neuf qui soit exempt de défauts, et rempli de plus grandes beautés et en plus grand nombre que l’ancien qui était déjà fort bon.
Il y a un terme par-delà lequel nos lumieres se changent en ténebres, & notre zele dégénere en fanatisme. […] Annoncer la vertu, c’est rappeller l’homme à lui-même : le vice, dans quelque attitude qu’on le place, ne peut changer de nature : dès qu’il se montre, il excite notre aversion, & l’on ne peut trop connoître les déguisemens qu’il employe pour nous séduire, cette connoissance sert à nous précautionner contre ses surprises. […] Il faudroit un public composé de Souverains, pour tirer quelque utilité d’un poëme qui ne seroit fondé que sur les situations prises dans les intérêts de l’État ; encore en faudroit-il de nouveaux à tous les changemens de circonstances, pour en pouvoir recueillir quelque fruit : chaque mutation exigeroit une production nouvelle : la leçon du jour ne seroit plus celle du lendemain : les évenemens ne sont jamais les mêmes ; mais la vertu ne change point, & son influence sur les mœurs est invariable.
Cela est si vrai, qu’au milieu des pleurs que nous donnons à Bérénice, le bonheur du monde attaché au sacrifice de Titus, nous rend inexorables sur la nécessité de ce sacrifice même dont nous le plaignons ; l’intérêt que nous prenons à sa douleur, en admirant sa vertu, se changerait en indignation s’il succombait à sa faiblesse. […] Mais son effet n’est pas pour cela de nous faire préférer le vice au ridicule ; elle nous suppose pour le vice cette horreur qu’il inspire à toute âme bien née ; elle se sert même de cette horreur pour combattre nos travers ; et il est tout simple que le sentiment qu’elle suppose nous affecte moins (dans le moment de la représentation) que celui qu’elle cherche à exciter en nous ; sans que pour cela elle nous fasse prendre le change sur celui de ces deux sentiments qui doit dominer dans notre âme. […] Personne, Monsieur, ne prétendra le contraire ; des hommes assez heureux pour se contenter des plaisirs offerts par la nature, ne doivent point y en substituer d’autres ; les amusements qu’on cherche sont le poison lent des amusements simples ; et c’est une loi générale de ne pas entreprendre de changer le bien en mieux : qu’en conclurez-vous pour Genève ?
Si nous jettons ensuite les yeux sur la Tragédie & sur l’Opéra, nous conviendrons qu’il y a des changemens bien plus considérables à desirer ; puisque ce n’est pas seulement la forme de la Scène, mais la Scène elle-même qu’il faut changer. […] La Scène change souvent dans un Opéra : tantôt elle présente des Jardins, des Campagnes délicieuses, de sombres Forêts : il faut que l’agréable y soit plus riant qu’aux autres Spectacles, le sérieux plus foncé, que les Deserts y soient effrayans ; les Temples & les Palais d’une magnificence digne des Dieux ou des Fées : la Scène y doit être vaste, & libre à cause des Danses ; mais qui empêcherait qu’on ne plaçât plus agréablement & plus naturellement les Chœurs ? […] Car il faut toujours que dans la Comédie le vicieux soit ou puni, ou changé ; le vernis de ridicule qu’on est obligé de répandre sur lui, fait qu’on ne peut le laisser triompher, comme dans la Tragédie, sans inconvénient. […] Dans ces deux Pièces, on ne voit presque rien qui ne puisse servir de modèle ; le Personnage vicieux y est corrigé, non par un plus vicieux que lui, comme dans les Pièces de Molière, mais par un homme de bien, une femme tendre & sensible ; ce Personnage est puni, & changé ; ce qui constitue les mœurs les meilleures, & do ne le dénoûment le plus parfait de la Comédie. […] J’ai remarqué, que dans la lecture du Sonnet d’Oronte dans le Misanthrope, la disposition des personnages était vicieuse, & je ne crois pas que l’on puisse en disconvenir ; j’imagine que pour y remédier, il faudrait les placer autrement, & même changer entièrement leur situation : par exemple, qu’ils fussent assis durant la lecture, & qu’une table séparât Oronte d’Alceste & de Philinte ; Oronte un peu en avant ; Alceste, impatient & distrait, tout près de Philinte, &c.
Il cessa dès ce moment de se regarder comme chevalier, et accusoit la dureté du sort qui en peu d’heures avoit changé cet état honorable contre celui de saltimbanque : Eques Romanus lare egressus meo, Domum revertar mimus. […] On a vu changer en un sol aride et brûlant des retraites ravissantes que d’antiques ormes couvroient de leurs feuillages épais ; on a vu démolir sans aucun profit réel ou même apparent pour l’Etat, d’augustes et d’imposantes ruines qu’on pouvoit appeler veterum decora alta parentum.
Il doit donc avoir été bien changé depuis 67 ans qu’il a demeuré enseveli dans les ténébres : ce n’est assurément rien de bien merveilleux. […] Arnaud quoique fort irrité, ne peut s’empêcher de convenir, que Nicole avoit pris le change, que ce n’est point à l’art qu’on doit faire le procès, mais à l’ouvrier qui péche contre le but & l’intention de l’art.
Il est inutile de pousser plus loin ce détail de tout ce que le libertinage des écrivains a fait rapporter, ajouter, changer à ces avantures galantes, qui n’ont rien que de fort ordinaire ; tous ces ouvrages, d’ailleurs mal écrits, n’en valent pas la peine. […] Sans doute, cette censure publique & si éclatante ; corrigeroit quelqu’un, & rendroit plus circonspect ; encore même est il rare que de pareilles corrections changent le cœur.
Ce seroit un vilain nom d’appeler une fille une prise de casse, à moins que le climat ne l’eût fort changé. […] Point de perte au monde plus domageable à la Cité, que de laisser la liberté à la jeunesse de changer ses accoutremens, dans les gestes, chansons, d’une forme à une autre, tournant son jugement tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, tantôt en cette assiette, tantôt en celle-là, courant après les nouvelletés, par où les mœurs se corrompent, & les anciennes institutions deviennent à dedain.
Moliere eût manqué son but s’il n’eut fait ressembler son imposteur aux hommes de bien ; on n’est hypocrite que pour avoir l’extérieur & l’apparence de la vertu qui cachent le vice, mais cette ressemblance tournée en ridicule, rend suspect le véritable homme de bien, & dégoûte de la vertu qui peut si aisément être suspecte ; quand ensuite Louis XIV la permit, il fit changer le nom de Tartuffe en celui d’Imposteur, parce que ce mot qui est de son invention est un de ces mots imitatifs qui peuvent s’appliquer au bien & au mal ; ce mot peint un homme doucereux & affecté, qui peut être bon ou mauvais, & qui fait une confusion dangereuse du vice & de la vertu. […] Mais dans cette leçon si pompeuse & si vaine, Le profit est douteux, & la perte certaine ; Ce remède y plaît moins que n’y fait le poison, Elle peut réformer un esprit idolâtre, Mais pour changer les mœurs & régler la raison, Les Chrétiens ont l’Église & non pas le théatre.
Quand on lui représentoit le scandale honteux de cette vie, c’est , disoit-il, pour donner le change à l’envie . […] Tout changea bientôt de face : cette mere infortunée eut une maladie dégoûtante dont on n’a jamais pu la bien guérir.
Porée Jésuite, recommandables par leur piété, qui ont pû prendre le change & avoir quelque indulgence pour le théatre. […] La Clairon ravie, extasiée, hors d’elle-même, laissant dans ce palais enchanté tous les habitans ravis, extasiés, hors d’eux-mêmes, est allée en Provence, où les rayons d’un soleil brulant lui préparent des têtes faciles à enthousiasmer, cueillir à pleines mains de nouveaux lauriers malgré les ordonnances Iroquoises du Docteur de Genève, sans craindre de les voir changer en ciprès.
La mort de sa mère ne changea point la décoration, l’habitude en étoit prise. […] Ces chapelles ayant été détruites lors de la guerre des Anglois, & ces cimetieres changés, on n’y alla plus par dévotion, mais on alla s’y promener par plaisir.
Il portoit sur sa teste une Couronne, qui au commencement n’estoit que de laurier, & que l’avarice ayant fasciné l’opinion des hommes & des temps, a fait changer pour une de métail, & d’or. […] Ce dernier honneur estoit le plus durable de tous en apparence, car il n’estoit pas permis d’arracher les marques Triumphales qu’on y avoit une fois attachées, quelque changement qui arrivast dans la proprieté ou dans la possession du fonds : & les Palais avoient beau changer de proprietaire, & appartenir à de simples Citoyens ; ils ne laissoient pas de conserver les honneurs & les caracteres immortels de leur premier Maistre.
Qu’on change l’ordre de ces mots, comprobavit Filii temeritas, plus d’Harmonie. […] Platon étoit si attentif à arranger ses mots, qu’il changea plusieurs fois l’ordre des quatre premiers mots de ses Livres de la République : ce qui étoit cause que du tems de Quintilien ces mots ne se trouvoient pas rangés de même dans tous les Exemplaires.
Quel est mon étonnement de reconnaître dans celle, que je prenais tout au moins pour la femme d’un agent de change ou du plus en réputation des courtiers du commerce, ma blanchisseuse ! […] Six ou huit mille francs de traitement, ajoutés au budget de chacun d’eux, paieraient ces commissaires, qui changeraient de théâtre tous les ans ; rendraient un compte fidèle de leurs opérations au commissaire-général, surintendant des Menus-plaisirs, et demeureraient responsables des fautes commises sous leur commissariat.
Aussi voyons-nous que les Spectacles changent comme les mœurs, et qu’il n’y a point d’Auteur qui n’étudie le goût dominant de sa nation pour le bien rendre ; point d’Acteur qui ne fasse tous ses efforts pour entrer dans les sentiments du rôle qu’on lui donne, et pour les communiquer à tous ceux qui l’écoutent. […] Mais qui est-ce qui ne sait pas que les hommes changent ; que la loi de Dieu demeure éternellement, et que par conséquent il est aussi certain aujourd’hui qu’il l’était autrefois, que l’innocence fait presque toujours naufrage au milieu des Spectacles ; qu’on en revient avec le cœur rempli des plaisirs et des vanités du monde, et qu’il n’y a rien qu’on doive plus redouter que leur fréquentation.