Il suit à la lettre le précepte d’Aristote qui dit ; « La seconde chose qu’il y a à observer dans les mœurs, c’est qu’elles soient convenables7. » Les passions des Héros de la Tragédie ont une certaine convenance ensemble ; elles se rapportent également au Prince & à son Confident.
Ce grand Prince les aimait avec passion, et Suétone dit qu’il ne dissimulait pas cette faiblesse. […] Le peuple abhorrait le libertinage de ce Prince. […] , il avoue que les jeux sont une semence de corruption, il exhorte ce Prince à supprimer les Théâtres. […] Saint Louis était peut-être le seul Prince qui regardait tous ces plaisirs comme de vains amusements. […] Ainsi il n’y eut jamais d’Auteurs Comiques ou de Poètes récréatifs dans la Cour de ce grand Prince.
Il y auroit même un grand inconvénient, on auroit la facilité de blâmer le Prince, de satyriser les Ministres, de décrier le gouvernement, d’entretenir le mécontentement du peuple sous le voile de quelques traite historiques ou de quelque négociation. […] Il dût toute sa réputation & sa fortune à la protection d’un Prince qu’il amusoit alors, dans un âge ou l’art d’amuser fait le plus grand mérite, & donne la plus grande vogue. […] Jamais Prince ne le porta si loin ; on ne pouvoit sans l’imiter, l’approcher & lui plaire. […] Le Prince les congédia, & fit distribuer aux pauvres tout ce qu’on eût pu dépenser pour eux : Histrionibus nec cibum nec pecuniam dedit, quæ in eis impendenda erant pauperibus erogare præcepit. […] Fagan, l’un de ses admirateurs, & un des zélés défenseurs du Théatre, souscrit à la condamnation du Prince des comiques (Observ. p.
Croyez-moi, Monsieur, attaquez nos Tragédies et nos Comédies, puisqu’elles sont ordinairement fort vicieuses : mais n’attaquez point la Tragédie et la Comédie en général, puisqu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes, comme le Sonnet et les Odes, et qu’elles ont quelquefois rectifié l’homme plus que les meilleures Prédications : et pour vous en donner un exemple admirable, je vous dirai qu’un très grand Prince,Louis XIV.
C’est un plaisir de Prince, & des tours que je voi Je me donne souvent la comédie à moi. […] Dans le premier mariage, on venoit de la comédie, quand un courrier extraordinaire qui apporta la nouvelle de la mort du Prince, fit succéder une scène bien lugubre aux arlequinades dont on venoit de s’amuser. […] Les nouvelles publiques, qui n’osent parler qu’à demi d’une mort si frappante, pour en adoucir la terreur, qu’elles ne peuvent se dissimuler, ajoûtent que ce Prince étoit très-pieux, qu’il s’étoit confessé & qu’il avoit communié le même jour, qui étoit un dimanche. […] Je ne sais comment la piété du Prince a pû les accorder, & je présume que s’il avoit sçû sa derniere heure si prochaine, il eût pris d’autres mesures pour s’y préparer, que de passer de la sainte table au théatre, & du théatre au tombeau.
Je ne vois que les Enfans-trouvés, qui, nourris par le Prince, n’apartenant qu’à lui, étant sans biens, sans famille, puissent être destinés à un état où l’on n’est pas à soi-même ; où l’on ne vit, où l’on ne respire que pour plaire aux autres & les amuser. […] A quinze, les Filles pourront monter sur le Théâtre de la Nation, & les jeunes-hommes à dix-huit ; & les unes & les autres ne pourront le quitter que de l’ordre du Prince, ou des personnes préposées par lui, dans le cas où les Théâtres n’appartiendraient pas à la Ville ; ou de celui des Magistrats-municipaux, si les Villes font bâtir les Théâtres à leurs dépens, & se chargent de la Direction. […] Les Théâtres seraient donc, ou immédiatement sous la direction de Personnes publiques préposées au nom du Prince, ou laissés aux Magistrats-municipaux ; il semble même que la partie des Spectacles publics regardant plus particulièrement ces derniers, le soin de vrait leur en être confié : Dans ce cas, la Ville percevrait le produit des Représentations, & fournirait à la dépense, tant pour l’ordonnance générale des Spectacles, que pour l’entretien & l’habillement des Acteurs & Actrices. […] Dans le cas où les talens distingués d’un Acteur ou d’une Actrice les éléveraient à la perfection de l’art, & mériteraient l’attention du Prince & des recompenses de la part de la Direction, leurs gages pourront être augmentés ; l’on pourra leur permètre de disposer de quelque somme &c.
Dugué, Institution d’un Prince. […] On a beau les parer de la pompe des vers, et les mettre dans la bouche de quelque Prince ; sont-ce moins des infamies, et n’en sont-elles pas plus dangereuses ? Les ordures des halles dans la bouche d’un Prince seraient-elles bien reçues ? […] Les Anglais respectaient alors le Roi ; ils ne voulurent pas qu’on parlât d’excommunier ce même Prince à qui depuis ils firent couper la tête.
Cette loi supposait une double défense aux Comédiens d’approcher des sacrements, tant on les en croyait indignes, l’une de l’Eglise, et l’autre du Prince, puisqu’elle exige, pour pouvoir les leur accorder même à la mort, l’approbation de l’Evêque et la permission du Magistrat : « Si Antistites probant ad Judices perferatur, et sedula exploratione quæratur an indulgeri possit ». Le Prince était même plus sévère que l’Eglise, puisque c’est l’Eglise, comme nous l’avons vu ci-dessus, qui a demandé au Prince la liberté d’administrer à ceux qui voulaient sincèrement se convertir, des sacrements dont ils étaient tous rigoureusement exclus. […] Les Comédiens représentaient que ce spectacle, quoique étranger, tronqué, passager, leur faisait tort, en diminuant le nombre des spectateurs, qu’ils n’avaient pas besoin de lettres patentes, que dans les plaisirs du Roi, bal, comédie, etc., il suffit que le Prince marque son goût, sans aucune formalité.
Les États mécontens de sa conduite & de sa résolution pensoient à la forcer au mariage ; ou à se donner un maître ; le Prince Palatin lui déplaisoit d’ailleurs par sa figure, ce Prince n’étoit rien moins qu’un Adonis, il étoit grave, sérieux, sévère, vivoit dans la retraite, il n’eut jamais souffert la vie licencieuse de sa femme qu’il eut obligé de vivre dans le devoir ; il étoit économe, & n’eut jamais prodigué les finances à entretenir des baladins. […] Le Prince & la Princesse s’encensoient mutuellement, & se détestoient très-sincérement. Enfin on lut à haute voix l’acte d’abdication qu’elle signa, & que le Prince & les États acceptèrent, & la toile fut baissée. […] Ce ruisseau étoit comme une coulisse d’où une Actrice sort habillée en homme pour jouer quelque Prince ou plutôt quelque Arlequin. […] Bien loin de faire chercher & d’introduire dans son Royaume un ouvrage si pernicieux qu’on n’osoit montrer, un Roi vraiment Chrétien l’auroit empêché d’entrer dans ses États, & s’il y avoit pénétré malgré lui, le Prince l’auroit proscrit & fait brûler.
Dans le Cid, le Roi de Castille est un Prince sans élévation d’ame, sans dignité, qui n’a presque rien à dire ni à faire ; témoin oisis qui ne paroît que pour ennuyer. […] Un Prince qui veut la guerre pour le bien de l’Etat ; qui déteste son fils, parce qu’il est aimé d’Antigone, qu’il aime lui-même, & qui, quelques Scènes après, veut la paix pour n’avoir pas à combattre ce même fils.
Etourdi par les cris, le bruit et les injures, Je traverse au milieu de six rangs de voitures, Pour demander quel est ce Spectacle nouveau : J’entends crier : Entrez, c’est ici Ramponeauxa, Monseigneur ; Ramponeaux : voyons : entrez, mon Prince ; Me dit le harangueur : arrivant de Province Je crus tout bonnement que quelque rareté, Excitant du Public la curiosité, Attirait ce concours de filles désœuvrées, De Ducs, de Freluquets et de Femmes titrées ; Là : près d’une Intendante assise en rang d’oignons Figurait sur un banc la Marmotte Fanchon La Fille d’Opéra coudoyait la Duchesse, Et Damis séparait sa femme et sa maîtresse : Mais on lève la toile, et Ramponeaux paraît. […] Ainsi dans ces jardins embellis pour te plaire, Qu’on prendrait pour Paphos, Amathonte, ou Cythère ; Couppée, ac quand un regard lancé de tes beaux yeux, A donné le signal d’un combat amoureux ; Sous ces ombrages frais, asiles du mystère, Sur un lit de gazon qui touche à la fougère, Tu suis un Prince aimable, et les jeux, et les ris, Tandis que chaque mois, pour cinq fois dix louis, D’un paillard impuissant, Poupone avec adresse.
Alexandre, jeune Prince dévoré d’ambition, qui n’aime que la gloire, est à la veille de donner une bataille décisive, à un Roi très puissant ; il doit être amoureux puisqu’il paroît sur le théatre François. […] Ce Prince capable d’une si haute & si difficile entreprise, environné de tant de dangers, occupé de si grands intérêts, aura t-il le loisir de conter fleurettes à une fille ? […] Il est sans vraissemblance qu’à l’âge de treize à quatorze ans, où l’on ne sait ce que c’est que l’amour, Britannicus ait formé une passion violente, capable de braves l’Empereur ; que Néron, qui ne voyoit en lui qu’un concurrent dangereux à l’Empire, dont il songeoit à se défaire, se soit avisé d’être jaloux de sa maîtresse, & que cette prétendue maîtresse, bien plus âgée que lui, qu’il n’avoit peut-être jamais vu, puisqu’elle est absente depuis plusieurs années, soit une libertine décriée, déjà mariée à une autre, par lui répudiée pour ces incestes, & chassée d’Italie ; cet amour puéril dans le Prince, sans attraits pour l’Empereur, deshonorant pour tous les deux, chimérique chez toutes les personnes raisonnables, ne peut trouver place que sur le théatre François ; trône ouvert à toutes les folies. […] Dans Eustache de Bellay, qui s’attend de voir une Bourgeoise en commerce réglé avec un Prince, sur le pied de mariage ? […] L’homme toute sa vie le plus pieux & le plus sage, dans un âge très-avancé, devient amoureux, & fait mille folies, dans le plus fort des horreurs de la guerre, dont il est un des chefs, devient rival d’un jeune Prince, & l’appelle en duel ; ce qu’à peine la fougue d’une aveugle jeunesse pourroit faire croire.
Le Prince tolére la vente des poisons, est-on excusable de le servir ou de le prendre ? Le Prince tolére une mauvaise réligion ; est-on excusable de l’enseigner ou de l’embrasser ? Le Prince tolére les lieux de débauche, peut-on excuser la courtisanne qui s’abandonne au public, le libertin qui a commerce avec elle ? On auroit donc beau dire le public a besoin de spectacle, la coutume lui en fait une nécessité, le Prince est forcé de le tolérer. […] Ne confondons pas deux choses très-différentes : le Prince peut n’être pas coupable dans la tolérance des dangers & des crimes ; le particulier ne peut être innocent dans sa témérité, à s’exposer à l’un & à l’autre.
La richesse, la chaleur du pays, le mêlange avec les Barbares, le service des esclaves de toutes les couleurs, l’éloignement du Prince, la tolérance nécessaire du Gouvernement, le changement continuel des Vices-Rois, l’esprit primitif des Pyzarros & des autres usurpateurs qui n’étoient que des avanturiers, des libertins, des corsaires, sans mœurs, sans religion, sans probité, sans humanité, qui eurent & avec les habitans & entr’eux les guerres les plus cruelles ; cet esprit qu’ils y apportèrent, qu’ils y établirent, & qui subsiste encore, quoiqu’adouci par un gouvernement régulier, par la religion, par le Clergé, par l’état religieux, tout doit nécessairement entretenir dans le pays la plus grande débauche. […] De ces pépinieres destinées à ses plaisirs, le Prince faisoit venir les plus beaux astres selon son besoin, & les y renvoyoit quand il n’en vouloit plus. […] Ce sage Prince a laissé dans tous les états une liberté entiere aux femmes publiques ; mais par un trait de sagesse qui a formé les gens les plus honnêtes, il n’a pas voulu qu’elles fissent leur métier dans les Villes ; il leur a abandonné la campagne ; chacune s’y bâtit une cabane, ou maison de plaisance. […] A la place des foux, ils mettent des Evêques avec la mitre & la crosse, à côté du Roi & de la Reine, disant qu’il est plus raisonnable & plus utile au bien de l’Etat de mettre pour Conseillers auprès du Prince des gens sages & religieux, que des foux sans religion. […] Farinelli, Musicien célebre, & castrato d’Italie, plus si fort au Roi d’Espagne, que ce Prince le fit Chevalier de l’Ordre de Calatrava, sans doute pour faire honneur à l’Ordre, en lui donnant un si grand Sujet.
L’Abbé de Besplas, dans son Traité du Bonheur public, conseille au Prince d’empêcher qu’on n’accoutume la nation aux spectacles atroces qui offensent encore plus , dit-il, le caractere national que le bon goût. […] Il eût mieux fait encore de conseiller au Prince d’arracher la racine du mal en détruisant le théatre. […] L’Abbé de de Besplas auroit dû ajouter : Le Prince doit empêcher qu’au théatre on n’accoutume la nation aux spectacles galants ; ils sont plus dangereux que les spectacles atroces. […] Parmi les folies de Neron, il dit que ce Prince institua des jeux à Rome de cinq en cinq ans sur le modele des jeux olimpiques. […] J’aurois cru déshonorer l’amour de le placer dans le cœur d’un Prince barbare.
Voici la réponse de Sathan : Prince denfer tes cris as faict estendre Si tresavant qu’ils sont venus descendre Jusques au fons des noires regions Nos vils manoirs tu as presque faict fendre Que te fault-il ? […] Autre Réponse de Sathan : » Prince dampne de tenebre & bruyne » Loup ravissant, ton hurlement ne fine » Que te fault-il ?
Ainsi, en voyant ce Prince, l’homme faible, l’homme ignorant l’avenir, l’homme sentant l’empire de la Divinité sur lui, craint, tremble pour lui-même, & pleure sur Œdipe : c’est l’autre partie du Tragique, la pitié qui accompagne nécessairement la terreur, quand celle-ci est causée en nous par le malheur d’autrui. […] Comme Melpomène se plaît à parer ses Personnages de couronnes & de sceptres, il arriva dans ces temps d’horreurs & de persécutions, qu’elle choisit dans cette Pièce Dramatique pour sa victime, un Prince contre lequel les Spectateurs étaient révoltés.
Malachie, « Qu’il n’avait pas seulement été amateur de la pauvreté, mais qu’il en avait été le chef et le Prince, ayant voulu quitter son Siège Archiépiscopal qui était riche pour retourner à sa première et à sa chère Epouse qui était pauvre.
On trouve encore dans l’Ouvrage de ce pieux Prince autant de preuves de son zèle que de la beauté de son esprit.
C’est , dit le Prince, depuis, que nos femmes se donnent à des laquais. […] Il en fait même un honneur à la femme d’avoir gagné le cœur de Jupiter, & au mari d’être entré dans une maison de qualité, les loix le condamnoient à mort ; mais soit indulgence du Prince, soit négligence du Magistrat, à qui l’on disoit comme le Sauveur, que celui qui est sans peché, lui jette la première pierre l’adultere étoit impuni. […] Prince vainqueur de la Saxe, de la Pologne, de la Russie, qui détrônoit les rois, devoit-il être traité en petit-maître des coulisses qui traite avec une actrice ? Prince le plus chaste, le plus frugal, le plus austere, qui menoit la vie la plus dure, & ne vouloit voir aucune femme : il faut avoir toute l’ivresse de la passion pour croire qu’il remettra ses intérêts entre les mains d’une femme ; eh !
A l’exception des premieres années de son règne, qu’il donna à la religion, ce Prince fut presque toujours dans l’ivresse des passions, parce qu’il fut dans l’enchantement du théatre. […] L’éloge de Baron, Acteur célèbre dans les rôles de Prince, porte : Il conservoit son rang aux pieds de ses Maîtresses, & se donnoit les airs de tromper les Duchesses. […] Elle étoit suivie d’un bain dans l’eau rose, dont elle remplissoit un petit canal, autour duquel elle se promenoit avec le Prince. […] Le Prince eut bien de la peine à s’empêcher de rire ; J’approuve leur piété, dit-il avec un sérieux forcé, qu’ils enterrent si bien leur mère, qu’elle ne paroisse jamais plus.
L’horreur qu’on a pour les Comédiens est si grande, qu’on ne souffre pas même leur portrait ni leur statue dans un lieu public où se trouve l’image du Prince. […] Car en tolérant les spectacles pour éviter un plus grand mal, aucun Prince, aucune loi ne s’est jamais avisé de les déclarer innocents, encore moins la profession de Comédien, que toutes les lois civiles et canoniques sans exception ont condamnée, même en la tolérant ; surtout un Prince aussi pieux que Louis XIII, qui n’avait point de goût pour la comédie, et désapprouvait la conduite et les dépenses énormes du Cardinal à cet égard, oserait-il tenir un langage si contraire à la religion. […] C’est comme si un Prince, en tolérant les courtisanes, déclarait leur métier innocent.
Ce ne fut que dans le neuvieme siecle, au commencement du schisme des Grecs, que Michel III, Prince sans religion & sans mœurs, fit jouer S. […] La tolérance civile & extérieure du Prince est bien différente de la tolérance intérieure & théologique du Pasteur. […] Mais pourquoi dissimuler que ce Prince prouve par une infinité de passages des Pères & de Canons des Conciles, que c’est un véritable péché d’aller à la comédie ?
Denis d’Halicarnasse dit qu’elle est très-utile au gouvernement politique, & indispensable à un Prince ; il ajoute ensuite, qu’on ne peut entendre la République de Platon sans savoir la musique. […] On trouve dans la Musurgie de Kircher un air noté de la composition de Louis XIII, & un autre de l’Empereur Léopold : ce dernier Prince composait sur-tout avec plaisir des morceaux de musique qu’on appelle Canon. […] Timothée, le même qui fut mis à l’amende par les Lacédémoniens, pour avoir ajouté une corde à la lyre, joua un jour à Alexandre, dans le tems qu’il était à table, un air Phrigien sur sa flûte : ce Prince en fut si transporté, que mettant le sabre à la main, il se leva tout-à-coup pour aller combattre ; sa fureur ne se calma que lorsqu’on lui eut joué un air sous-Phrigien. […] Ce Prince se répentit de sa curiosité. […] Plutarque rapporte qu’Isménias, fameux joueur de flûte, le même peut-être qu’on nomma Ambassadeur de Perse, fut fait prisonnier de guerre par Athan, roi des Scytes, & qu’il se mit aussi-tôt à jouer de sa flûte devant ce Prince, se flattant de se procurer un sort heureux : le fameux Isménias se trompa dans son attente.
Il n’aurait pas fait dire à Antigone mourante tout ce qu’elle dit de l’amitié qu’elle a pour son frère ; elle n’aurait pensé en mourant qu’au jeune Prince Hémon ; et ce jeune Prince aurait soulevé toute l’armée en faveur de sa maîtresse ; et serait venu expirer à ses pieds. […] Mais quand on voit un Prince dont tous les sentiments sont généreux, et toutes les actions honnêtes ; l’estime que nous avons pour lui nous dispose à le suivre dans ses faiblesses, et l’on croit qu’il est permis d’être amoureux, en voyant des Princes illustres et d’une si haute vertu, qui n’ont pas fait scrupule d’avoir de l’amour. […] Avons-nous vu des Scènes plus admirables que celle où Auguste délibère dans Cinna s, s’il doit quitter l’Empire ; ou que l’entrevue de Sertorius et de Pompée dans Sertorius t ; ou que, dans le Mithridate u, le dessein que prend ce Prince de porter la guerre jusques à Rome. […] Dans la dernière Sophonisbe w qui a paru sur le Théâtre, on n’est point touché du malheur de Syphax, parce que ce Prince hasarde sa réputation, son Etat, et sa vie pour plaire à sa femme, dont il est amoureux ; on est fort touché au contraire du malheur de Sophonisbe, qui ne meurt que parce qu’elle aime la gloire, et qu’elle ne veut pas survivre à la perte de sa liberté. […] Si je vous disais le nom du Prince dont j’ai parlé, vous verriez aussitôt qu’il y a dans l’Histoire assez de choses conformes à ce que j’ai dit pour en fonder un sujet de Tragédie : Car vous savez bien, que pourvu que l’action principale soit conservée avec les circonstances que l’on connaît, il est permis d’ajouter et de changer comme l’on veut ce que l’on ne connaît pas, ou ce qui n’est connu que d’un petit nombre de curieux et de Savantsak.
Dans le Prologue, qui est un des plus beaux morceaux de l’antiquité, le Poëte exhala sa douleur d’une maniere fort touchante, Macrobe, qui nous l’a conservé tout entier, nous apprend aussi que ce Chevalier Romain, pour venger sa vieillesse, inséra malignement dans le cours de l’ouvrage quelques traits picquans contre ce Prince. […] Cependant lorsque la piéce fut finie ce Prince, comme pour le réhabiliter dans la dignité de Chevalier Romain, à laquelle il avoit dérogé par complaisance, le gratifia d’un anneau, qu’on pouvoit regarder comme de nouvelles Lettres de Noblesse.
On dira peut-être, ajoute ce Pere, que cette défense ne regarde que les Pécheurs publics à qui on refusoit les recréations les plus innoncentes ; mais je vous assure que l’éloignement des Spectacles est un preservatif nécessaire à quiconque est jaloux de conserver son innocence : si Dina n’étoit point sortie de la tente de Jacob, son pere, sa pudeur n’eût point eu de combat à soutenir ; une vaine curiosité la fit entrer dans la Ville de Sichem, pour y voir les femmes du pays, elle fut malheureusement rencontrée par le jeune Prince, & cette fatale entrevûe causa la ruine de tout un peuple & de sa propre vertu. Comment osez-vous fréquenter les Spectacles, s’écrie Salvien1, après avoir reçu le Baptême, vous n’ignorez pas que l’on y rencontre des représentations diaboliques, que le Théâtre est de l’invention du Prince des ténébres, & que sa fréquentation entraîne une sorte d’apostasie : confrontez ses maximes au symbole de la foi, conciliez ses mystéres avec ceux de la Religion, avec la participation des Sacremens ; pouvez-vous vous flatter d’y rencontrer Jesus-Christ ?
Un Prince qui regne depuis vingt ans, aimé dans sa Ville & dans sa Famille, se trouve un objet d’horreur pour ses Sujets, pour tous les hommes, pour sa femme, pour ses enfans, pour lui-même : & parce que ce Prince ne mérite pas ses malheurs, & cependant s’y est précipité par son emportement, son imprudence, & sa curiosité, il excite à la fois la Terreur & la Compassion.
Ce jeune Prince, dit-il, malgré la faiblesse de l’âge, faisait les actions les plus héroïques. […] Cette fille ayant dansé devant Hérode, avec les grâces et l’indécence d’une Actrice (et sans doute beaucoup moins, c’était une jeune Princesse plus noblement élevée qu’une vile danseuse), elle séduisit ce Prince, jusqu’à lui arracher ce serment, si ordinaire aux amants, de tout sacrifier pour l’amour d’elle, et enfin à sa prière d’immoler le plus saint des hommes.
Grand Duc de Toscane, qui avait été dans sa jeunesse Partisan déclaré des Spectacles, ne cessa pas de les proscrire ensuite ; et, si quelques fois il les permit dans le Carnaval, ce fut avec la condition expresse qu’il ne paraîtrait jamais de femmes sur la Scène : Cependant les Florentins ne marquèrent aucune répugnance à se conformer aux ordres de leur Prince.
Quand la Comédie de Tartuffe, écrite soixante ans auparavant, fit marcher la Nation vers la vérité, d’une manière aussi forte & plus directe, Molière déchiré, calomnié par la cabale des Prêtres, Molière insulté en pleine Eglise par Bourdaloue, Molière, en insérant dans sa Pièce un Panégyrique de Louis XIV, sut intéresser l’orgueil de ce Prince, & s’assurer de son appui. […] Ainsi, le moindre ami du Prince, un Valet-de-chambre, une Courtisane en faveur, la Maîtresse d’un Ministre ou d’un premier Commis, persécutoit insolemment la Philosophie, ou la protégeoit plus insolemment. […] Est-ce bien sous le règne d’un Prince équitable, d’un Prince qui a senti lui-même le besoin de limiter son pouvoir, qu’on peut trouver de l’indécence à faire justice d’un Tyran, deux siècles après sa mort ?
Ce Prince eut encore la foiblesse de faire insérer cette loi dans son Code, & d’immortaliser sa honte, au lieu de justifier l’infamie de sa jeunesse, & de dégrader son autorité l’égislative jusqu’à renverser à perpétuité la Jurisprudence, dont il étoit le restaurateur, par des loix infâmes dont il devoit rougir d’avoir eu besoin, & d’avoir osé les accorder à la sollicitation d’une actrice. […] Voici une Anecdote théatrale, d’un Prince, que depuis quelques années on se tue de dire grand, parce qu’il n’avoit ni mœurs, ni réligion ; qui, à la vérité, a fait de grandes choses ; mais en a bien ternir la gloire par des cruautés attroces, & des vices honteux, & des petitesses ridicules. […] Ce Prince avoit pourtant promis à la Sorbonne, qu’il étoit allé voir par curiosité, de travailler à réunir son Clergé & son peuple à l’Eglise Latine ; on avoit eu la facilité de le croire, & de lui fournir des mémoires, & tous les efforts aboutirent à tourner en dérision le Pape & le sacré Collége, plus maussadement que les Anglois qui brûloient un Pape de paille ; & même sa propre Réligion Greque, en prophanant dans la Cathédrale de Moscou, le Sacrement de mariage que les Grecs reconnoissent, & le ministere d’un prêtre dont ils réverent le caractère, par des bouffonneries aussi plates qu’indécentes, plus digne d’un Tabarin, sur le Pont neuf, que d’un Empereur qu’on dit philosophe, & à qui cette conduite puérile & sacrilége, n’en assure que trop le titre. […] La ville de Verone dont il a écrit au long l’histoire, idolâtroit son citoyen, entr’autre hommage, elle lui dressa une statue avec cette inscription simple, mais profonde, au Marquis Maffei vivant, elle est dans le goût de celle que Montpellier dressa au feu Roi, à Louis XIV après sa mort ; l’une & l’autre idée est également vive, la flatterie ne loue guere après la mort un Prince qu’on n’a plus intérêt de ménager, l’envie ne souffre guere qu’on loue pendant la vie un grand homme qui peut effacer ses rivaux, la vérité seule dicte ces éloges, Maffei eut la modestie de faire ôter la statue de la salle de l’Académie où on l’avoit placée, & où on la remise après sa mort, ce trait lui fait honneur, on doit, dit-on, en ériger une à Voltaire dans la salle du spectacle, avec la même inscription à Voltaire vivant, je doute qu’il la refuse, il y a même bien de l’apparence qu’il a mis une bonne somme dans la souscription que ses amis ont ouverte pour fournir aux frais.
» Dans l'Eloge historique du Duc de Bourgogne, fait en 1761, le célèbre le Franc de Pompignan rapporte que ce jeune Prince ayant entendu lire la tragédie d'Athalie, l'avait fort goûtée, l'avait fait déclamer en sa présence, avait voulu y jouer un rôle, et avait choisi pour lui celui du petit Joas, qui était en effet le mieux assorti à son âge et à ses sentiments, et qu'il l'avait parfaitement rendu. […] Pierre, qui au milieu de bien des visions politiques, dit pourtant des vérités, mais les dit quelquefois brutalement, attribue à la comédie le peu d'éducation de Louis XIV, et sa négligence pour les affaires dans les premiers jours de son règne, ainsi que son goût pour le luxe, le plaisir et la dépense, et tout cela par l'ambition du Cardinal Mazarin, qui pour gouverner sans obstacle, amusait ainsi ce jeune Prince (Annal polit. tom. […] Ce Prince, à qui l'âge, la dévotion, la satiété rendaient les plaisirs insipides, s'ennuyait beaucoup, et ennuyait Madame de Maintenon, chargée de l'entretenir. […] Elle introduisit cette nouveauté, dont elle ne prévoyait ni ne redoutait les suites, et fit sans peine goûter ces jeux à une femme de la Cour qui l'estimait et qui voulait plaire au Prince.
Pendant qu’un Prince du milieu des délices de la Cour, se déclare par ses écrits contre le Théâtre profane, et en découvre les désordres ; un Religieux du fond de son Cloître en prend le parti, et ranime son zèle pour les Spectacles. […] Et il a fait cette réflexion qui lui paraît « assez judicieuse » que ce qui se fait avec « le Privilège d’un si grand Prince ne peut être mauvais ». […] Ainsi, le Prince voyant que la plupart de ses sujets n’ont pas l’éducation qui convient à des Chrétiens, et craignant que faute d’occupation l’activité de leur esprit ne les portât à des excès qui renverseraient toute la société, il tolère la Comédie telle que nous la voyons accommodée aux sens et aux passions, comme un mal beaucoup moindre que ceux qu’il appréhende. […] Ce serait une chose étrange que l’ambition, l’avarice, l’ivrognerie, l’impureté fussent permises, parce que le Prince ne les défend pas.
L’état religieux n’est qu’un brigandage, & le Prince souffre cet affreux désordre dans tout son royaume, où il en est des milliers ; les parens sont des scélérats qui abusent de leur autorité pour immoler leurs enfans. […] Que sont donc les vœux de baptême, l’union indissoluble de l’homme & de la femme dans le mariage, le serment de fidélité au Prince, celui de remplir son devoir quand on prend une charge, le ferme propos dans un acte de contrition ? […] La cérémonie de la profession, le noviciat, l’influence des vœux sur le temporel par la mort civile, autorisés par les loix du Prince, &c. sont des choses nouvelles. […] Le Prince, le Magistrat, n’ont pas droit d’ordonner l’exil, la prison, les galeres, la mort ! […] Elle connoît le caractère violent de ce Prince, il n’aura aucun égard à la sainteté de Vesta, & en viendra aux dernieres violences pour satisfaire sa passion.
Fenelon, Instituteur d’un grand Prince, avoit formé en lui les plus hautes vertus ; Moliere avoit rassemblé, traîné dans les provinces, formé au vice une Troupe ambulante de Comédiens, qu’ensuite il fixa à Paris. […] Tous deux répondirent au choix du Prince, celui-ci par des pieces de théatre qui corrompent les mœurs, celui-là par les plus beaux ouvrages qui forment l’esprit & le cœur à la vertu. […] Louis d’éloges pour l’avoir aboli dans ces mêmes lieux, où on l’a proposé à la vénération de la France, dans la personne du Prince des Histrions. […] Il va se faire entendre à l’ame du Prince, & créer en elle un monde, tout ce qu’il a conçu en faveur du genre humain, & pour cela il y imprimera les traits de sa ressemblance ; rien de plus parfait que lui-même, telle étoit la pensée du Créateur quand il disoit faisons l’homme à notre image. […] Elle peut dire, comme Acomat dans le Bajazet de Racine : Prince aveugle, ou plutôt trop aveugle Ministre !
Et encore le Prince ne peut donner ce qu’il n’a pas ; Je veux dire qu’il ne saurait prolonger nos jours, quoiqu’il puisse honorer notre vaillance.
A la foire saint Germain, à l’Hôtel des Monnoies, à la place Dauphine, vis-à-vis Henri IV, à l’Hôtel de Condé c’est celui qu’on doit suivre, pour ne priver ni le Prince, ni la Comédie, de l’honneur mutuel d’être logé sur l’olimpe pour les plans proposés. […] Ce Prince ayant considéré que la décoration de cet édifice devoit correspondre à celle de son palais, a choisi pour en faire l’extérieur & la premiere cour. […] Celui-ci s’épuise en complimens, en promesses, en rodomontades, le Prince y répond parfaitement ; il finit par donner un grand festin, en abandonnant tout ce qu’il a dans sa cabane, & le jour se passe en danses, en chansons à son honneur & gloire.
Qu’on s’attende de voir paraitre un Tiran, un Usurpateur, un Prince mal’heureux, une Princesse qui aime & qui hait ; on ne se trompera pas de beaucoup. On n’apréhende point d’être mis au rang des plagiaires, quand on donne au Hèros d’une Pièce nouvelle, les mêmes passions qui ont déja servi de matière à cent Tragédies : il suffit que le Héros qu’on fait agir soit d’un pays éloigné du Prince dont il imite les mœurs, & qu’il s’exprime différemment.
Ovide, dans sa fameuse apologie adressée à l’Empereur Auguste, avoue que les jeux sont des semences de corruption, & il exhorte ce Prince à supprimer les théâtres. […] Tels sont les Officiers d’un Prince, & les autres personnes qui sont obligés de suivre leurs Maîtres ou Maîtresses ou de mener leurs enfans aux spectacles.
Mais ils disent vrai ; le Prince, le père, le mari, ont tort. Cela est rare ; on déchire un bon Prince, un père sage, un mari fidèle, dont tout le crime est de s'opposer à une vie licencieuse ou à une folle passion.
Il a fallu, ce me semble, pour imaginer un pareil genre de divertissement, que les hommes en eussent auparavant essayé et usé de bien des espèces ; quelqu’un qui s’ennuyait cruellement (c’était vraisemblablement un Prince) doit avoir eu la première idée de cet amusement raffiné, qui consiste à représenter sur des planches les infortunes et les travers de nos semblables pour nous consoler ou nous guérir des nôtres, et à nous rendre spectateurs de la vie, d’acteurs que nous y sommes, pour nous en adoucir le poids et les malheurs. […] Je vois dans Œdipe un Prince, fort à plaindre sans doute, mais toujours coupable, puisqu’il a voulu contre l’avis même des Dieux, braver sa destinée ; dans Phèdre une femme que la violence de sa passion peut rendre malheureuse, mais non pas excusable, puisqu’elle travaille à perdre un Prince vertueux dont elle n’a pu se faire aimer ; dans Catilina, le mal que l’abus des grands talents peut faire au genre humain ; dans Médée et dans Atrée les effets abominables de l’amour criminel et irrité, de la vengeance et de la haine. […] En vain Racine même, tout habile qu’il était dans l’éloquence du cœur, eût essayé de nous représenter ce Prince, entre Bérénice d’un côté et Rome de l’autre, sensible aux prières d’un peuple qui embrasse ses genoux pour le retenir, mais cédant aux larmes de sa maîtresse ; les adieux les plus touchants de ce Prince à ses sujets ne le rendraient que plus méprisable à nos yeux ; nous n’y verrions qu’un Monarque vil, qui pour satisfaire une passion obscure, renonce à faire du bien aux hommes, et qui va dans les bras d’une femme oublier leurs pleurs.
C’est l’intérêt propre que l’on a préféré à celui de l’État ; ce motif plein de force sur l’esprit humain, étouffe les leçons de la justice & de l’honnêteté ; mais dans la défense des Spectacles, l’ambition ne se trouve nullement intéressée, la tolérance n’est pas une dérogation aux droits du Prince, le peuple songeroit moins à la révolte, seroit moins occupé d’intrigues & de cabales, s’il étoit amusé dans un Amphithéâtre.
; mais encore par un Prince aussi grand par sa piété & ses vertus, que par son auguste naissanceM. le Prince de Conty.
Si de la belle Esther un Prince est enchanté, C’est sa vertu qu’il vante et non pas sa beauté, Rien du profane amour n’y ressent la licence ; Tout respire en Esther la paix et l’innocence.
Convient-il, Mes très chers Frères, d’étaler sur des Théâtres un attirail de vanité, d’y jouer des scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjonctures où chaque Citoyen doit prier pour son Prince ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes, et touché d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière, et fait passer de son cœur Royal dans celui de tous ses sujets, son humble confiance en Dieu, et sa charité pour son peuple.
Un Prince si efféminé ne pouvoit manquer d’être vaincu ; il le fut en effet, les parfums le perdirent, sa Capitale fut prise & son Palais pillé. […] Ce fut pour ce Prince un coup de poignard, quand il apprit ce désastre, il ne pouvoit s’en consoler, & avouoit que la perte de sa couronne lui étoit moins sensible. […] Ce Prince de la scène, ces merveilleux du logis ; victimes infortunées des maux innombrables aussi honteux que douloureux, fruits amers de leur corruption traînent des corps blasés des membres infects ; une salle de spectacle seroit pire qu’une salle d’hôpital, si la décoration des odeurs plus nécessaire que celles des peintures ne trompoit l’odorat, comme la perspective trompe les yeux, & ce n’est pas moins dans le physique que dans le moral que se vérifia la parole de Saint Paul.
Pour la rendre moins indécente, le Prince ceéa pour lui les charges de Poëte & d’Historiographe de la Cour. […] Un Ambassadeur de Spire est fort indifférent à l’Etat : cependant comme il est dangereux de permettre qu’un Sujet soit attaché à un Prince étranger ; ce qui dans bien des occasions, & de la part de plusieurs Princes pourroit tirer à conséquence, le Roi a déclaré qu’il ne vouloit pas que dorénavant aucun de ses Sujets représentât en France un Prince étranger.
Racine étendit cette idée, & dans Bajazet fit paroître des Sultannes amoureuses, mais avec dignité, & qui n’avoient que des vûes de mariage, encore même leurs projets étoient traversés par l’indifférence du Prince, l’intrigue du Visir, les horreurs & les risques d’une conjuration, qui par des diversions continuelles émoussoient les traits d’une passion si agitée. […] On a vû dans plusieurs pieces, dont le Mercure en 1764 a fait l’extrait avec complaisance, on a vû sur le théatre une troupe de Sultannes au-tour du Prince (les plus jolies Actrices, les plus éveillées, très-propres à jouer leur rôle d’après nature), dans l’habillement du sérail, pour suivre le costume, ce qui n’est rien moins qu’un habit de vierge. […] Plus le Prince est pieux, & plus on s’observe : ce seroit faire mal sa cour de prendre l’essor du vice.
Ce bon Prince, après avoir travaillé dans son cabinet aux affaires de son état, voulut aller prendre l’air sur un balcon de son Palais qui était fort élevé, de là portait ses yeux sur la campagne, ils tombèrent malheureusement sur une belle femme, qui était dans un jardin disposée à se rafraîchir dans un bain. […] Ce bon Prince voit en un seul jour périr tous ses Enfants, il se trouve tout d’un coup dépouillé de tous ses biens, et réduit à se jeter sur un fumier par l’abandon que tout le monde fit de sa personne. […] , sa puissance est infiniment plus grande que celle du monde, et du Prince qui le gouverne.
Nos revenus ne nous y feraient briller qu’aux yeux des paysans ; une résidence trop constante nous éloignerait des occasions qu’on peut saisir et faire naître en demeurant à la Cour ou dans la Capitale ; allons-y donc, affermons nos terres, achetons au prix de la moitié de notre revenu le plaisir de briller dans l’Antichambre du Prince ou dans celle du Ministre. […] Ce ne sont point ces Gentilhommes respectables que des paysans fortunés se félicitent d’avoir pour Seigneurs depuis 300 ans3, ce n’est point cet aimable buveur, arbitre équitable et Bachique de tous les différends de son Canton que Molière a joués ; ce sont ces Gentilhommeaux ridicules qui, le nez collé sur leurs Titres, croient y trouver des raisons suffisantes pour mépriser tout ce qui n’est pas noble, qui tapis dans leurs Chaumières oublient que leurs égaux et leurs Supérieurs sont logés sous la Toile en rase campagne, prêts à répandre leur sang pour l’Etat avant qu’on ait publié l’arrière-ban, au lieu que nos Hobereaux l’attendent pour se souvenir de ce qu’ils doivent à la mémoire de leurs ancêtres, à leur Prince et à la Patrie. […] Il ne convient point à des gens que le Prince et l’État ont nommés leurs défenseurs, de ne pas remplir ce titre, et de vouloir en conserver les honneurs et les privilèges.
» Voyez ce grand Prince, avilit-il sa majesté, affaiblit-il son autorité par les petitesses de la légèreté ? […] Mais il est habillé en Prince, elle joue le rôle d'une Lucrèce ; ils sont élevés sur des planches, comme sur une chaire ; ils parlent d'un ton d'autorité, c'est cela même qui fait rire et en empêche le fruit. […] Il joue tous les rôles : Prince, valet, Théologien, Arlequin, Magistrat, amoureux, scélérat, honnête homme.
C’est M. la remarque que je fais dans nôtre Histoire Sainte, où nous lisons que Moyse ayant fait quelques miracles en presence de Pharaon, pour le convaincre que sa mission & que le commandement qu’il luy faisoit de donner la liberté aux Enfans d’Israël, venoit de Dieu ; ce Prince rebelle à la grace des miracles, aussi bien qu’au commandement de Dieu, appella promtement à son secours les plus fameux Magiciens d’Egypte, lesquels per incantationes Ægyptiacas, & arcana quadam similiter fecerunt , par la force de la magie, & par l’operation du demon, luy firent un spectacle de divertissement par une fausse imitation des miracles de Moyse, afin que son esprit seduit par ce plaisir enchanté, resista toûjours à la puissance de Dieu, retint son peuple dans l’esclavage, & mit un nouvel obstacle à son salut. […] Et pour vous faire voir que je n’outre pas la matiere, & que je ne vous impose point, ç’a tirés ce rideau & levés cette tapisserie, qui voyés-vous paroître sur le theatre, sinon les faux dieux, & les ridicules deesses de l’antiquité, c’est à dire des hommes vicieux & des femmes prostituées, qui ont étés érigés en divinités par les Gentils, ou bien on y voit paroître un illustre Payen, un Prince malheureux, ou un amant infortuné, dont le Poëte fait le Heros de la piece, qu’il resuscite par une espece de negromantie, & auquel il fait rendre plus de culte, & brûler plus d’encens qu’à tous les saints canonizés de l’Eglise, écrits dans nôtre martyrologe, & invoqués par les Fideles. […] , comme un soldat est censé deserteur de milice, perfide à l’état, & traître à son Prince, qui passe dans le camp des ennemis, aprés avoir quitté son baudrier & ses armes, aprés avoir abandonné son drapeau & son étendart, & aprés avoit violé le serment de fidelité qu’il avoit prêté à son Capitaine ; de même le Chrétien est coupable d’une pareille trahison qui va à la comedie : car si l’Eglise est semblable à une armée rangée en bataille, ut castrorum acies ordinataCantic. 6. […] Cependant M. d’où vient qu’il y a si peu de sainteté dans le monde, & si peu de Saints parmi les Chrétiens, qui sont neanmoins cette nation sainte dont parle le Prince des Apôtres, gens sanctaEpist. can. 1. […] ; crainte que la Republique qui avoit déja beaucoup perdu de sa vigueur sous le regne de ce Prince voluptueux par les divertissemens du theatre & du cirque, n’acheva de se perdre tout à fait dans la mollesse & dans la volupté.
Enfin il sort, et à peine la Vieille s’est-elle écriée, « Je ne sais plus que dire, et suis toute ébaudie », et les autres ont-ils fait réflexion sur leur aventure, que Valère l’amant de Mariane entre et donne avis au mari, que « Panulphe par le moyen des papiers qu’il a entre les mains, l’a fait passer pour criminel d’État près du Prince ; qu’il sait cette nouvelle par l’Officier même qui a ordre de l’arrêter, lequel a bien voulu lui rendre ce service de l’en avertir ; que son carrosse est à la porte, avec mille louis, pour prendre la fuite ». […] Chacun éclate contre l’Hypocrite en reproches de diverses manières, à quoi étant pressé il répond que « la fidélité qu’il doit au Prince est plus forte sur lui que toute autre considération ». […] L’Officier déclare donc que « le Prince ayant pénétré dans le cœur du fourbe par une lumière toute particulière aux Souverains par-dessus les autres hommes, et s’étant informé de toutes choses sur sa délation, avait découvert l’imposture, et reconnu que cet homme était le même, dont sous un autre nom il avait déjà ouï parler, et savait une longue histoire toute tissue des plus étranges friponneries et des plus noires aventures dont il ait jamais été parlé : que nous vivons sous un règne, où rien ne peut échapper à la lumière du Prince, où la calomnie est confondue par sa seule présence, et où l’hypocrisie est autant en horreur dans son esprit, qu’elle est accréditée parmi ses sujets ; que cela étant, il a d’autorité absolue annulé tous les actes favorables à l’Imposteur, et fera rendre tout ce dont il était saisi ; et qu’enfin c’est ainsi qu’il reconnaît les services que le bonhomme a rendus autrefois à l’État dans les armées, pour montrer que rien n’est perdu près de lui, et que son équité, lorsque moins on y pense, des bonnes actions donne la récompense ». Il me semble que si dans tout le reste de la pièce l’Auteur a égalé tous les anciens, et surpassé tous les modernes, on peut dire que dans ce dénouement il s’est surpassé lui-même, n’y ayant rien de plus grand, de plus magnifique et de plus merveilleux, et cependant rien de plus naturel, de plus heureux et de plus juste, puisqu’on peut dire, que s’il était permis d’oser faire le caractère de l’âme de notre grand Monarque, ce serait sans doute dans cette plénitude de lumière, cette prodigieuse pénétration d’esprit, et ce discernement merveilleux de toutes choses, qu’on le ferait consister ; tant il est vrai, s’écrient ici ces Messieurs dont j’ai pris à tâche de vous rapporter les sentiments, tant il est vrai, disent-ils, que le Prince est digne du Poète, comme le Poète est digne du Prince.
On trouve dans l’ouvrage de ce Prince religieux autant de preuves de son zèle, que de la beauté de son esprit.
Or il est impossible que la loi du Prince ait été intimée dans cinq jours à toutes les provinces, et il serait ridicule qu’on n’eût fait la loi qu’après la fête, pour la réformer. […] Le sanctuaire et le cloître font, dit-on, perdre au Prince des milliers de sujets.
Ce Prince rétablit les jeux gymniques du pugilat, de la course, des athlètes, etc. comme des exercices utiles au corps ; mais seulement autant que quelque riche particulier en voudra faire la dépense. […] Nicole Gilles, dans la vie de Philippe Auguste, dit : « Ce Prince voyant que des robes et des deniers qu’on donnait alors aux Comédiens, plusieurs pauvres eussent été entretenus pour bien longtemps, il fit vœu que pendant toute sa vie cet argent et ces robes seraient distribués aux nécessiteux. » Ce fut un des plus grands et des plus heureux Princes qu’ait eu la France.
Et n’est-on pas contraint de supposer qu’une autre fille aime éperdument le jeune Prince qui a une passion violente pour la Sainte ; et qu’une mère furieuse n’épargne pas le sang de cette Sainte pour satisfaire la passion de cette pauvre malheureuse ? […] Et le jeune homme qu’elle aime, tout chrétien qu’il est, et prêt de souffrir la mort pour la défense de la foi et de la pureté même de cette Sainte, ne laisse pas de lui persuader d’épouser ce jeune Prince païen qui l’aime, et de la faire assurer de sa part que, « C’est tout ce que veut d’elle Le souvenir mourant d’une flamme si belle. » De sorte que si l’on voit dans cette pièce en la personne d’une Sainte, la foi triomphante des supplices les plus honteux ; on y voit en même temps l’amour profane triompher de plusieurs misérables qu’il s’est assujettis, et poursuivre jusqu’à la mort une Sainte Vierge, et un généreux martyr.
Un Auteur Dramatique dans une Monarchie doit un respect aveugle aux volontés du Prince, comme le reste des sujets, il ne se permettra pas de traiter des affaires d’Etat sur la scène, et ne fera parler ses Acteurs qu’avec respect des personnes qui en ont l’administration, dans une Démocratie au contraire, on peut en tous temps et en tous lieux attaquer l’inconduite des Chefs du Gouvernement. […] Le Prince n’est donc comptable à personne qu’à Dieu et aux lois, de ses démarches. […] Ils en deviendraient à la vérité plus sociables et plus polis, mais il en résulterait en même temps qu’ils le seraient trop vis-à-vis de leur Ministère et qu’ils perdraient cette fermeté si redoutable aux Chefs de leur Gouvernement, et si utile à la conservation des privilèges de la Nation : néanmoins si le penchant d’un Peuple est absolument vicieux on doit l’attaquer sans ménagement, c’est servir le Prince et le Peuple ; si le mauvais goût prévaut, on doit s’efforcer de le détruire, et c’est ce que Molière a fait. […] Ce courage ne doit avoir lieu que vis-à-vis les ennemis du Prince, et dès qu’on l’emploie contre un de ses compatriotes on devient criminel envers l’Etat, puisqu’on s’expose à le priver d’un bras destiné pour sa défense. […] Gardez-la toujours, vous vous ajusterez avec le Prince, on n’y regardera pas de si près avec vous.
Dans Electre du même auteur, le Gouverneur d’Oreste, en arrivant avec lui sur le scène, l’explique en même tems au spectateur en ces termes : « Illustre rejetton de ce Prince qui conduisit l’armée grecque à Troye, fils d’Agamemnon, il vous est donc permis de revoir l’objet de vos desirs. […] On compte encore Philippe V, dit le Long, Roi de France, dont tous les Officiers, à l’exemple du Prince, étoient Poëtes. […] Le sujet étoit, pour l’ordinaire, un mariage ou quelques grandes réjouissances ; la durée, une semaine, le lieu, tantôt le Palais du Prince, tantôt une Ville célebre, quelquefois une pleine campagne, toujours un endroit vaste & capable de loger commodément toute la Noblesse du Royaume. […] » Ces Spectacles, toujours très-coûteux pour le Prince, n’étoient pas un des moindres amusemens de ces assemblées.
C’est, MONSEIGNEVR, cette voix publique, qui m’apprit encore dans mes deux voyages à Turin, qu’estre desinteressé, qu’estre sincere, laborieux & zelé pour le seruice & la gloire de son Prince sont de rares qualitez essentiellement attachées à VOTSRE EXCELLENCE, & bien connues de SON ALTESSE ROYALE, qui estant vn Prince actif & magnamine, veut vn Ministre qui soit vigilant & genereux. […] Philippin Prince. […] Le Prince deguisé. […] La Cour de ce Grand Prince estant tres polie, & pleine de gens d’esprit, la Comedie y est bien goustée, & les Comediens, s’ils n’estoient habiles, n’y plairoient pas. […] Ceux qui connoissent Monsieur Pasturel luy rendent ce juste eloge, & nôtre Theâtre François, ou, pour mieux dire, le Parnasse entier, luy est aussi redeuable des beaux ouurages qu’il a faits pour le Prince qu’il a l’honneur de seruir.
Convient-il, Mes très-chers Frères, d’étaler sur des théâtres un attirail de vanité; d’y jouer des Scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjoncturesh où chaque citoyen doit prier pour son Prince j ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute-puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes ; et touchék d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière Prières ordonnées partout.
De toutes les qualités qui peuvent rendre une femme aimable, il ne lui manquoit, dit Tacite, que la chasteté, c’étoit un phenomêne de luxe & d’amour de la parure ; son unique divinité étoit son corps ; elle engagea ce Prince à massacrer Agripine sa mere, Séneque & Brutus ses précepteurs, qui n’approuvoient pas ses excès, à répudier sa femme Octavie, & à la faire mourir, pour prendre sa place : elle quitta deux fois ses maris ; Crispinus dont elle avoit un enfant, pour épouser Othon dont elle étoit amoureuse, & ensuite Othon lui-même, pour épouser Néron qui étoit amoureux d’elle, & le fit releguer en Lusitanie, sous prétexte de l’en faire Gouverneur. […] Il étoit favori de Néron, parce qu’il étoit complice de ses débauches, soit par une vanité indécente d’un jeune homme qui se vante des faveurs des femmes, soit par une adresse criminelle de courtisan qui veut s’attacher un Prince, en lui donnant des maîtresses de sa main, Oihon vanta si fort la beauté de sa femme, que Néron voulut la voir, en devint amoureux, & la lui enleva, & pour se débarrasser d’un rival dangereux, l’envoya à quatre cent lieues de Rome, Gouverneur du Portugal. […] Ce Prince l’avoit toujours à la main, c’étoit son bouclier & son épée, il s’y contemploit sans cesse, & lorsqu’il alloit commander les légions, il regardoit soigneusement si les armes lui alloient bien : Quo te videbat armatum, cum tolli venilla juberet.
Ils avoient pris des habits pareils à ceux du Prince & de sa Cour, ils contrefaisoient sa voix, son style, ses allures, & dans le chemin représentoient toute sa vie. […] On l’habille, ou la farde, & le fard qu’on lui applique est si corrosif, qu’il la décharne & la rend hideuse, & propre à effrayer les yeux du Prince qui avoit désiré de la voir. […] Ce jeune Prince fort aimable parut dans le Senat & ne sut que dire.
Louis il loue ce Prince d’avoir chassé tous les Histrions de son royaume. […] La présence du Prince en impose, & ce n’est pas sous ses yeux qu’on oseroit s’émanciper. […] Pensons-nous même que le Prince vueille faire une loi de son exemple ?
Servir le Prince & la patrie, dit-il, par des exploits glorieux, rendre sa mémoire à jamais illustre, laisser à la postérité l’empreinte de ses belles actions, que je me retrace avec joie cette belle époque ! […] Ce Prince, que ce travestissement bizarre divertissoit, leur donna, non des titres militaires, mais les noms de Chancelier, Avocat, Procureur Général, &c. […] Il raconte que dans une partie de débauche Denys le tyran ayant voulu faire masquer les convives, pour danser (ce que nous appelons bal masqué) Platon le refusa absolument, au risque de la colère du Prince, ne voulant pas, dit-il, pour lui plaire, se dégrader à cet excès.
Les Clercs de la Bazoche donnerent des Piéces qu’ils intitulerent Moralités, & les Enfans sans souci, Société dont Marot étoit un digne Confrere, donnerent d’autres Piéces intitulées sotties ou sottises, parce qu’on y représentoit les sottises humaines : & par cette raison le Chef des Enfans sans souci s’appelloit le Prince des Sots. […] Aux Farces de Turlupin, gros Guillaume, Guillot Gorgus, qui avoient succédé à celles du Prince des Sots, avoient succedé les Jodelets de Scarron, & des Piéces d’intrigues dans le goût Espagnol.
» Le même Prince, à la Cour du Roi Athis, contrefit le fou et l'épileptique, et se fit chasser honteusement. […] L'adultère avec Bethsabée, le meurtre d'Urie, la perfidie pour le faire périr, l'adresse de l'enivrer pour le faire aller avec sa femme, et cacher le vrai père de l'enfant adultérin, le mariage avec la veuve adultère dont il avait tué le mari, le jugement contre Miphiboseth, les emportements contre Nabal, la retraite chez les ennemis de l'Etat, les invasions, du moins simulées sur les terres d'Israël, et la promesse de combattre son Roi légitime, le mensonge au grand Prêtre pour obtenir des provisions et des armes, l'assemblage d'une troupe de voleurs et de scélérats à la tête desquels il se met, font voir que dans ce Prince, non plus que dans Salomon son fils, plus grand homme que lui du côté des lumières de l'esprit, il s'en faut bien que tout doive servir de modèle.
Il se plaît à parler de la mère Sotte et du Prince des sots, ainsi que du contrat d’un mariage mystique d’une pénitente avec Jésus-Christ ; de frère Arnoux, carme déchaussé, confesseur de cette dévote, qui joue le rôle de notaire pour apposer sa signature à cet acte bizarre ; mais M.
Voilà qui est digne d’un grand Prince. […] Siége, il se livra à tous ses penchans, donna dans le plus grand faste, comme son pere ; il ordonna dès le prémier jour qu’on le traitât en grand Prince, & on n’eut garde d’y manquer. […] Je ne doute pas que la sale de l’opéra n’imite enfin celle du théatre de Parme, elle mérite de voir servir tous les élémens à sa décoration, & ses murailles sont dignes du grand Prince qui daigne loger dans son Palais les divinités qui y étalent leur gloire. […] Un habile historien qui a beaucoup écrit sur l’histoire, & a eu une bonne pension, & le titre d’historiographe de l’Empereur dont il n’a jamais fait les fonctions, n’ayant jamais rien écrit sur la vie de ce Prince.
C’est ce qu’il a fait voir en la personne de ce Prince. […] ; ce Prince s’était proposé celui du Roi S. […] , que ce Prince a en peu d’années rempli plusieurs siècles ; car son âme était agréable à Dieu. […] Cela nous fait connaître clairement, que le menu peuple même est capable de se régler sur la bonne vie du Prince, et que tout le monde se porte à la vertu, quelque sévère qu’elle soit, lorsque le Prince la pratique. […] Mais que dit dans la Tragédie le Prince des Argonautes ?
A peine ce grand Prince eut les yeux fermés, que son éclat s’évanouit, & qu’on le perd entiérement de vue. […] L’amour qu’il ressentit pour les Lettres lui fit engager Louis XIV. à les chérir ; il sut démêler dans l’âme de ce Prince un penchant qu’on aurait peut-être toujours ignoré : souvent les vices & les vertus des Rois sont l’ouvrage de leurs Ministres.
Toutes ces décisions peu honorables au spectacle sont moins utiles en France, parce que le Prince le tolérant par des raisons particulières, les Magistrats ne peuvent l’abolir. […] Cependant comme le Prince ne s’est expliqué sur la tolérance que pour la capitale, quoiqu’il le laisse en effet dans tous les lieux où on le veut, il est du devoir d’un Magistrat d’empêcher son établissement partout où il n’est pas encore, et jamais ne le favoriser, arrêter les dépenses des villes qui voudraient l’établir, et refuser les permissions de représenter aux troupes de Comédiens qui voudraient l’introduire.
Le nom de Henri a été le passe-port de la licence : on l’étaye encore, contre toute sorte de vraisemblance ; par les ordres d’un Prince dont le pere est mort à Sainte Génevieve en odeur de sainteté. […] La Reine prit ce Prince, jetta son éventail, & se mit à danser. […] Le Prince a jetté son chapeau, en criant, Vive les Varrieres.
Dangers extrêmes, dont on ne se tire que par quelque ridicule miracle ; valeur bien différente de celle des Héros Grecs & Romains, qui ne combattoient que pour la patrie, ceux-ci contre les droits de l’humanité, les lumieres de la raison, les préceptes de la religion, les intérêts de la patrie, les ordonnances du Prince, vont en insensés répandre leur sang, & faire couler celui des citoyens. […] Comme si de pareilles levées faites pour des Courtisannes, des Ministres hérétiques, des sujets rébelles au Prince, pouvoient être excusés, sous prétexte de la modicité de la somme. […] Comme s’il étoit permis d’entretenir les femmes publiques, les rébelles au Prince, les Ministres hérétiques, les jours où par hasard ils n’exercent pas leur criminelle profession.
Ainsi continuant par cette méthode, il va jusqu’à la mort de quelque Prince, & la pièce est faite ».
Tout ce qu’ils en disent n’est qu’vne espece de Cavalcade de ce Prince, qui se fit de deux iours de suite, & en deux diverses manieres.
Zozime, Suidas, & plusieurs autres rapportent l’origine des Pantomimes au temps d’Auguste : peut-être par la raison que les deux plus fameux Pantomimes, Pylade & Bathylle, parurent sous le règne de ce Prince, qui aimait passionnément ce genre de Spectacle.
Ce ne fut d’abord qu’un long récit en vers héroïques, d’un grand sujet qui était souvent tiré de quelqu’un des Mystères de notre Religion, avec une apostrophe à la fin au Prince, ou au Seigneur auquel il était dédié.
dans un jeune homme d’une fortune peu considérable, qui vivoit dans le grand monde, qui accepta, si même il ne sollicita, des Abbayes & la qualité d’Envoyé & de Ministre d’un Prince étranger, (l’Evêque de Liege,) à la Cour de France, que Louis XVI a cru devoir dêfendre à tous ses Sujets d’accepter, dans un Abbé petit maître, dont le mérite étoit de faire des comédies, des vers galans quelquefois licentieux ? […] La Fée méchante est amoureuse du Prince, Tarare Pompon qui aime Fleur d’Epine & en est aimée ; la bonne Fée protege leurs amours & les fait enfin réussir. […] En voici un qui a plut, quoique fort commun, Fleur d’Epine, pour amuser un Prince imbécile, lui propose de lui conter des histoires comme dans les mille & une nuit, il lui dit, elles m’ennuient , elle veut lui chanter des chansons, elles m’endorment, vous êtes donc bien difficile à amuser , lui dit-elle ; est-ce pour rien répond-t-il, que je suis un grand Seigneur , ce qui n’est pas trop imbécile.
On rassemble de tous côtés les plus belles filles pour choisir une épouse au Prince, elles se préparent pendant plusieurs mois avant de paroître devant lui ; chacune emprunte de l’art tout ce qui lui paroît le plus propre à relever ses charmes. […] des airs de Prince, & à peine un morceau de pain sur la table. […] Paîtrie d’orgueil, elle croit faire honneur à Dieu, comme au Prince, de venir parée dans son Temple.
Il s’est trahi lui-même par un trait de l’équité suprême, s’est découvert au Prince un fourbe renommé : Quel galimatias ! Est-ce par un trait de l’équité du Prince que Tartuffe s’est découvert ?
La fureur du théâtre est si grande, que le Prince a cru n’en pouvoir exiger davantage : ce n’est qu’à regret sans doute que sa religion aura été forcée de se renfermer dans ces bornes. […] A quel titre récuserait-on l’autorité d’un si grand Prince ?
Il leur semble, dis-je, que pour faire ou choisir un Sujet, ils n’ont qu’à detacher quelque trait de la vieille Fable, quelque poinct de l’histoire moderne, où quelque nouvelle bizarrerie de leur imagination, de les distribuer en quelques entrées, de les soustenir ou revêtir de quelques visions extravagantes, & enfin de les enrichir aux dépens du Prince. […] Quand un Prince paroistra, on aura soin d’y observer de la Majesté. […] Mais quand l’engagement d’un Prince, le voisinage d’une maison, ou enfin le sejour de la Campagne, exigent de tels divertissemens, il faut que le Poëte choisisse son Camp, se poste & prenne ses alignemẽts, mais avec tant de force & tant de dexterité qu’il surmonte tout ce que la nature peut oposer à son Art, & que son invention l’emporte sur les obstacles, & qui plus est encore, fans faire paroistre d’effort. […] Ce grand Prince qui se connoist parfaitement à tout, & qui a de grandes pensées jusques dans les petites choses, en donna l’ordre & le soin au sieur Gaspar Vigarani. […] Je ne puis toutefois passer sous silence les accompagnements exterieurs pratiqués dans le Pavillon qui joint la Salle, tant pour la commodité du Prince, quand il fait quelque Balet, que pour celle de ses Danceus.
mauvais Prince, par la seule raison qu’il se trouverait à l’instant de la catastrophe dans une situation délicate qui semblerait le contraindre d’agir de la sorte ?
Car ce Prince si plein de Dieu, et qui par le témoignage de Dieu même était selon son cœur, pour avoir jeté et arrêté ses yeux sur Bersabée, se rendit coupable de deux crimes horribles, d’un adultère et d’un homicidee.
Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices.
On demande si ces Comédiens peuvent s’engager au service d’un Prince hérétique par avarice ou par ambition, quoiqu’ils y passent plusieurs mois sans faire aucun exercice de la Religion Catholique, sans y recevoir les Sacrements, sinon en péril de mort, et sans entendre la Messe que rarement et en cachette ?
Enfin un grand Prince poussé d’un bon zèle a fait un Traité pour condamner nos Comédies ordinairesb, et il s’est trouvé qu’au même temps un des bons Esprits de ce sièclec a voulu montrer qu’il n’y a que les Comédies infâmes qui doivent être condamnées.
Acte mémorable de son zele contre les Comédiens, a, 518 Conti (Armand Bourbon, Prince de). […] Son sentiment sur les Duels, & notice sur son courage, a, 232 Ligne (le Prince de). […] Preuve des sentimens admirables de ce Prince, b, 170, 513 & 515 Louis XVI. […] Réflexion relative à la publication du premier tome de son Ouvrage intitulé : Devoirs du Prince réduits à un même principe, b, 345 Mornay (Philippe, Marquis de).
Cette conduite étoit digne d’un Prince dont la corruption est si connue. […] Au milieu de la Cour, & dans chaque Province, Ils couroient à la mort, mais non pas pour leur Prince. […] Ayant eu l’honneur d’approcher de ce Prince pendant long-temps, la vérité que je devois par état lui dire à lui-même, je vous la dirai de lui avec la même sincérité. […] Il y donne à ce jeune Prince les meilleurs conseils pour le préserver des écueils, auxquels le séjour qu’il alloit faire à Rome exposeroit ses mœurs. […] C’est la Religion qui rend un Prince selon le cœur de Dieu.
Quelques Acteurs s’étaient préparés à représenter une Naumachie ou combat naval : La mer y devait paraître avec tous ses flots et toutes ses richesses : « Isti crastina die habent mare in theatro, et nos habeamus Christum in portu. » Pierre de l’ancre liv. du Prince p. […] Ce Prince qui avait été travaillé d’une assez longue infirmité d’esprit, ayant quelque commencement de santé en voulut donner la joie au public de l'avis de ses meilleurs amis, y pouvait-il avoir une intention plus légitime ? […] Ceux-ci ne se défendent qu’à la fuite, celles-là se présentent quelquefois au combat, et comme des sujets rebelles veulent disputer la victoire avec leur Prince, mais parce qu’elles ne savent pas toujours bien user de leurs armes, à cause que la raison leur manque, elles sont souvent contraintes bon gré mal gré qu’elles en aient de se rendre entre les mains du vainqueur. […] Le grand Alphonse Roi de Naples et de Sicile, qui a eu autant de sagesse qu’il en peut tenir dans la tête d’un Prince, formait la plus noble jeunesse de ses Etats aux exercices de la Chasse, et disait qu’il n’avait point de meilleurs Soldats, que ceux qui avaient été bons Chasseurs. […] « Isti crastina die habent mare in theatro, et nos habeamus Christum in portu. » Pierre de l’ancre liv. du Prince p.
On y voit saint Jean, condamner par l’austérité de sa vie la mollesse de ceux, qui vivent à la Cour des Rois : égaler par sa constance la fermeté des rochers où il habite ; s’élever par un mérite sublime au dessus de tous les hommes ; se rendre digne par ses vertus d’estre loué de celuy dont les Anges & les Saints chanteront éternellement les louanges ; sanctifier par sa présence la prison que son zele luy a attirée de la part d’un Prince contredit ; continuer malgré les persecutions & les chaînes de faire son office de Précurseur ; moins occupé du péril où il est, que des interêts de son maître, & du salut de ceux qu’il luy a confiez, luy envoyer des Disciples prévenus afin qu’il se fasse connoître à eux par luy même. […] C’est là, que le démon, Prince du monde & Dieu du siecle, est comme dans son palais & dans son temple ; & Tertullien appelle effectivement le théatre, l’Eglise du démon, où se rendent ses adorateurs, par opposition à l’Eglise sainte, où s’assemblent les membres de Jesus-Christ, Ecclesia diaboli. […] S’il est donc vray, que toutes les concupiscences y soient comme sur le thrône, & tous les vices comme sur l’autel ; que la malignité y soit répanduë dans toute sa plénitude ; que la haine du monde pour Jesus-Christ y soit assouvie ; que le vin empoisonné de Babylone y soit rendu délicieux ; & que le démon son Prince & son Dieu y trouve une infinité de sujets & d’adorateurs ; qui doute, que ce ne soit là une des plus dangereuses pompes du monde ?
On croiroit devoir trouver quelque ressemblance entre Heraclius & Athalie, parce qu’il s’agit dans ces Piéces de remettre sur un Trône usurpé, un Prince à qui ce Trône appartient, & ce Prince a été sauvé du carnage dans son enfance. Ces deux Piéces n’ont cependant aucune ressemblance entre elles, non seulement parce qu’il est bien différent de vouloir remettre sur le Trône un Prince en âge d’agir par lui-même, ou un Enfant de huit ans : mais parce que Corneille a conduit son Action d’une maniere si singuliere & si compliquée, que ceux qui l’ont lue plusieurs fois, & même l’ont vue représenter, ont encore de la peine à l’entendre, & qu’on se lasse à la fin, D’un divertissement qui fait une fatigue.
Vous trouvant en ces récréations qui se font par paroles, ayez égard, 1. à votre qualité et condition, de ne dire rien indigne de votre vocation ; « Le Prince parlera en Prince, et selon la dignité du Prince »,67 disait le Prophète : Ainsi le Religieux, le Prêtre, celui qui fait profession de la vertu et de la dévotion, doit parler selon sa qualité, car la récréation ne lui ôte pas son honorable qualité, il la faut garder, et la témoigner en cette action aussi bien qu’aux autres.
Le Prince de … a donné ce carnaval deux bals par semaine, l’un paré, l’autre masqué. […] L’Empereur Justinien étoit un Prince méprisable, qui vendoit les loix à tout venant, au gré d’une fille de théatre qu’il avoit épousée, l’Impératrice Théodore, dit Procope, auteur suspect, qui n’a fait qu’une satyre.
L’Eglise & le Prince l’approuvent, l’autorisent ; est-il permis d’en être l’ennemi, & d’en éloigner personne ? […] Si le serment fait à Dieu ne tient pas contre l’amour de la liberté, le serment de fidélité fait au Prince tiendra-t-il davantage ?
Il est aisé par là de reconnaître que plusieurs des Tragédies modernes sont mal nommées, et que d’autres le sont exactement : par exemple, dans Héraclius, c’est ce Prince sur qui tombe la catastrophe, quoique ce soit Phocas qui meure ; parce que l’action et tout le mouvement des Acteurs n’ont pour objet que la reconnaissance du fils de Maurice, et non pas la punition et la mort de Phocas, sur lequel cependant on dit abusivement que la catastrophe tombe. […] Les Modernes pourraient critiquer l’Auteur de la Tragédie de Géta ; parce que ce Prince, ainsi que Justine sa maîtresse, sont représentés trop vertueux, sans donner lieu à la compassion des Spectateurs de s’affaiblir par la vue de quelque défaut, suivant qu’ils soutiennent que les Anciens ont fait : je pense, pour moi, que les Anciens n’ont jamais songé à diminuer la compassion des Spectateurs ; car ce serait avoir entrepris de faire violence à la nature, chose qu’on ne peut leur reprocher.
Servius Tullius eut deux filles de Tarquinie, fille de Tarquin l’ancien ; il les maria aux deux petits-fils de ce Prince, Lucius & Aruns, cousins germains de ses filles ; la plus âgée à l’aîné, & la plus jeune au cadet. […] Comme ce jeune Prince ne paraissait point, & que la nuit approchait, ses Officiers se partagèrent pour le chercher. […] Il courut porter cette affreuse nouvelle au Duc ; ce Prince soupçonna sans peine d’où le coup était parti : il eut assez de force pour dissimuler. […] Après s’être enfermé, il lui demanda ce qu’était devenu son Frère, ce Prince lui répondit froidement qu’il l’avait perdu de vue dans la poursuite du Cerf. […] Mainfroy, Fils naturel de l’Empereur Fréderic II, fut voir ce Prince qui était malade, & sous les déhors d’une feinte tendresse, l’étouffa dans ses bras en l’embrassant.
Cet exemple terrible est tout récent, & je ne crains pas d’affirmer qu’il faut être pervers, & l’ennemi de son Prince & de sa Patrie, pour oser nier les funestes conséquences de ce Spectacle, & prétendre qu’il produit quelque bien. […] Celui qui l’indiquera, aura bien mérité du Prince & de la Patrie. […] Le chef de cette Troupe s’appellait le Prince des sots, titre fort honorable sans doute ; les pieces de ce tems étaient intitulées : la Sotise. […] L’ami du Prince & de la Patrie, ou le bon Citoyen, par M. de Sapt. […] Dans l’ami du Prince & de la Patrie.
Qu’ils ne nous allèguent point que ces gens là ont la permission du Prince : s’il connaissait que toute leur intention n’est que pour tirer de l’argent de ses sujets, et pour cela se servir des moyens les plus infâmes ; il ne leur accorderait jamais cette permission.
Un acte de la volonté du Prince suffiroit pour l’abolir, une simple soustraction de pension l’anéantiroit. […] Le Prince le fit jouer sur le théatre, il fit faire une comédie d’un vieillard amoureux.
« Liberalitates illas omni reipublica valde suspectas, quæ civitati nullum ornatum, nullam plebi utilitatem, solam dumtaxat voluptatem et delectationem afferant et otio favent, placuit tolli: » Et dans le beau panégyrique de ce Prince, Pline le loue d’avoir chassé les Comédiens de Rome, et inspiré au peuple le dégoût du théâtre, l’aversion pour ces molles et indécentes représentations, qu’il applaudissait dans les autres Empereurs : « Idem populus scenici aliquando Imperatoris spectator et applausor, nunc in Pantomimos adversatur artes effeminatas damnat, et indecora studia. » Les mauvais Princes même, dans des instants de raison et de vertu, rendaient justice à l’infamie de ce métier. […] Antoine Guevara, fameux Ecrivain Espagnol, Evêque de Guadix, Historiographe de Charles-Quint, a fait la vie de l’Empereur Marc-Aurèle, et par un jeu d’esprit a composé des lettres au nom de ce Prince, relatives aux événements de son règne.
On a même la témérité d'avancer ce que mon respect pour le Roi ne me permettra jamais de croire, que Sa Majesté a fait la dépense de la peinture et de la gravure, que la Princesse Galitzine est venue du fond de la Russie pour faire présent de son portrait à la Clairon, comme l'Impératrice donne le sien à un Ambassadeur, à un Prince, pour lui marquer son affection. […] Qu'un Prince formé par le théâtre serait odieux et méprisable !
Je ne blâme pas ce portrait qui est très-juste ; mais je vois avec peine qu’on profane le nom du Prince, pour le faire servir de cadre. […] Ce conseiller d’un ancien parlement, que sa disgrace n’a pas rendu sage, a-t-il pu ne pas sentir qu’il justifioit par-là la sévérité du Prince sous laquelle il gémissoit alors ; qu’un corps qui seroit composé de comédiens ne peut être trop-tôt supprimé. […] Charles, dont le Prince gouverneur porte le nom ; & comment ?
Il prévoyait déjà, malgré la jeunesse de ce Prince, ce que Louis serait un jour. […] Ce superbe Théâtre doit beaucoup aux bontés de l’auguste Prince qui se plaît à rassembler auprès de lui les Arts & les talens ; & que les Muses ne cesseraient de louer, si sa modestie ne leur imposait silence. […] Philippe Duc d’Orléans, Régent de France, dont nous avons encore sous nos yeux les grandes qualités & l’amour des Arts & des Lettres ; le trouvait si beau, si capable d’éxciter en nous des mouvemens de surprise & de joye, qu’il s’écriait souvent ; qu’il lui serait impossible, malgré son rang & ses richesses, de procurer aucun plaisir à celui qui n’en ressentirait pas à l’Opéra : ce Prince èxprimait par ces paroles tout ce qu’on peut dire à la louange du Théâtre lyrique.
Ce Père, qui est le plus célèbre de tous les historiens d’Espagne, parle fortement contre la Comédie et les Comédiens dans son livre de la bonne éducation d’un Prince, qu’il dédia à Philippe III. […] Il ajoute que rien n’étant plus pernicieux aux bonnes mœurs, ni plus injurieux au Christianisme, que la licence qu’on prend dans les Comédies, un Prince doit bien se donner de garde de les autoriser par son exemple et par sa présence. […] Magistrats ne défendent point la Comédie ; donc ils l’approuvent. » Il est indubitable que les Magistrats qui sont revêtus de l’autorité du Prince, ne doivent pas moins travailler à conserver la Religion dans son lustre qu’ils s’occupent à maintenir l’Etat en paix et en tranquillité.
., & M. le Duc de Laval, premier Gentilhomme de la Chambre du Prince, lui fit réponse par écrit & de vive voix, que ce n’étoit point l’intention de Monsieur.
Prince des sots et ses sujets, sorte de farceurs, associés aux confrères de la Passion, pag. 97.
auroit dit le Prince des Orateurs, qui le premier porta le titre plus glorieux encore de Pere de la Patrie, si ce genre de plaisir n’eût pas été réservé pour nous. […] Vraiment ils y consentiront volontiers, leur grandeur d’ame va jusques-là ; mais heureusement pour eux & pour nous la Déclaration va plus loin, puisqu’elle enjoint aux Juges, chacun dans son district, de tenir la main à ce que la volonté du Prince soit religieusement exécutée, & d’interdire le Théatre aux contrevenans, pour procéder contr’eux par telles voyes que de droit . […] Ils vont donc frapper enfin dans toute la sévérité de la puissance que le Prince leur confie, ainsi que le bien de la Religion l’exige de l’attachement de tous les Magistrats à ses dogmes & à sa morale . […] Pourquoi donc la pure vérité se tairoit-elle sous le regne d’un Prince autant l’Ami de la vérité que le Pere de son peuple, & sous des Magistrats également défenseurs de l’une & de l’autre ?
Ce Prince né le 5 Septembre 1638, à Saint Germain en Laye, parvint à la Couronne le 14 Mai 1643. […] Armand de Bourbon, Prince de Conti, âgé de 37 ans, après avoir observé, tant à la Cour qu’à la Ville, les effets du Théatre, dit, que l’Instruction n’est point la fin d’une piéce de Théatre ; cette fin, ajoute ce Prince, n’est véritable, ni dans l’intention du Poëte, ni dans celle du Spectateur… « Le désir de plaire est ce qui conduit le prémier ; le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes les passions semblables aux siennes. […] Entre tous les plaisirs dangéreux pour la vertu, dit ce Prince, entre tous ceux, qu’on a inventés, il n’y en a pas qui soient plus à craindre, que ceux des Théatres. […] Cet homme illustre, & devenu sans peine, mais malheureusement pour lui, le Prince des Poëtes… fit longtems retentir les Théatres, des applaudissemens, qu’on donnoit à ses piéces… Mais détestant dans l’amertume de son cœur, les applaudissemens profanes, qu’il ne s’étoit attirés, qu’en offensant Dieu, il en auroit fait une pénitence publique, s’il lui eut été permis. » Ce sont les termes de Mr. […] C’est la décision du Prince des prétendus Philosophes de nos jours, du Héros de Mrs. les Encyclopédistes, & du Théatre, en un mot de Voltaire.
Le chef de cette troupe s’appelait le Prince des sots, et leurs drames étaient intitulés la sottise.
Ce Prince voulut encore que l’Acteur qui joueroit ce personnage fut habillé en homme du monde, l’épée au côté avec des dentelles , pour écarter toute idée d’état ecclésiastique ou religieux, & ne peut donner lieu de penser que tous ceux qui sont dans cet état sont des hypocrites ; car telle étoit la malice de Moliere en habillant son Tartusse en Abbé, ce qui étoit contre son plan même, puisque le Tartusse est destiné à épouser la fille d’Orgon ; sur quoi roule toute l’intrigue, il est supposé laïque, & non d’un état qui exclud le mariage. […] Marot étoit un débauché & un impie, emprisonné pour ses crimes, il n’évita le dernier supplice que par la fuite, & alla mourir de misère en Piémont, il plut à quelque Prince & dût sa réputation à l’irréligion & à l’obscénité, il a des saillies, des tours ingénieux, des naïvetés agréables ; en élaguant ses poésies & en ramassant ce qu’il a de bon, on feroit une vingtaine de pages, tout le reste mérite le sort que sa personne avoit mérité ; il a osé toucher aux Pseaumes de David, & en a traduit quelques-uns, ou plutôt les a défigurés & prophanés, on n’en peut pas lire un seul, il n’est pas moins barbare qu’Hétérodoxe.
Pineda & Drexellius, dans la vie de Salomon, avancent que dans les voyages que fit ce Prince, & singulièrement lorsqu’il alla en Egypte chercher sa femme, fille de Pharaon, tous les peuples des environs se rassembloient sur la route pour répandre des fleurs & brûler des parfums en son honneur, ce qui est très-vraisemblable, puisque dans l’Orient c’est un honneur qu’on a toujours fait aux Princes ; que les Mages venant adorer le Sauveur du monde, lui porterent l’or, l’encens & la myrrhe, espece de parfum ; & la Reine de Saba en apporta à Salomon des chameaux & des charriots chargés en si grande quantité, que jamais on n’en avoit tant vu à Jerusalem : Non sunt ultra allata tanta aromata quantum Regina Saba detulit. […] Ce Prince venant avec précipitation à Jérusalem pour massacrer tous les Juifs, tombe de son char, & se brise tout le corps.
La couronne de rose, d’abord fort simple, est garnie d’un Ruban bleu à boucles flottantes, & ornée d’un anneau d’argent, depuis que Louis XIII, Prince recommandable par ses mœurs, voulut faire donner la couronne à la Rosiere en son nom, & chargea le Marquis de Gordes, son premier Capitaine des Gardes, de lui remettre de la part de Sa Majesté cette marque distinctive de sa vertu, qu’elle porta le reste de sa vie, comme les Commandeurs de l’Ordre du S. […] Louis XIII, Prince recommandable par sa chasteté, voulut assimiler la Rosiere avec les Commandeurs de l’Ordre, croyant que la vertu valoit bien la noblesse, & méritoit des distinctions.
Ce Prince étant à Toulouse accorda aux femmes publiques des lettres de faveur. […] Ce Prince, autrefois venu à Paris, pouvoit avoir pris du goût pour les spectacles, & s’être amusé, comme mille autres, avec la Frétillon.
Lorsque ce Prince chassa les Comédiens de Rome, & y ferma les théatres publics, les Seigneurs Romains se dédommagèrent en faisant jouer chez eux. […] Ces citoyens zélés ont fait des offres avantageuses, ont imploré la protection d’un grand Prince, ont député à la Cour pour obtenir la préférence.
Est-ce exciter l’ambition d’un usurpateur que de lui représenter Polifonte justement mis à mort par le jeune Égiste son Prince légitime ? […] S’intéresse-t-on pour lui, jugez en au plaisir que tout le Parterre témoigne, quand par un juste Arrêt du Prince, on le conduit en Prison et; qu’on restitue au bon homme Orgon tous les biens dont ce traître le vouloit dépouiller ? […] Le Prince, dites-vous, en décernant un arrêt de mort contre toute personne convaincue de combat assigné, n’a pas remédié au mal. […] Pourquoi ce changement de mœurs ne peut-il s’attribuer aux impressions que l’Edit du Prince a fait sur les esprits ? […] Les Loix peuvent donc, sinon abolir entiérement et; tout d’un coup le préjugé, du moins le diminuer, puisque si l’Edit du Prince n’a pas changé totalement l’opinion qu’on avoit des duels, il l’a beaucoup rectifié.
De même qu’un Prince s’èxprime autrement que de simples Bergers, tâchons que la musique usitée dans les Drames sérieux du grand Opéra, n’ait aucune ressemblance avec celle qu’on employe dans la Pastorale, soit par son chant, soit par son harmonie.
Parce qu’ils n’abusent pas de la faveur du Prince, pour perdre l’homme de bien ?
La loi du Prince la permettrait-elle jamais ainsi qu’elle fait ?
Un Prince n’oserait faire le Comédien, un simple Bourgeois croit qu’il y a des divertissements indignes de sa condition : un Religieux se rendrait infâme en se divertissant comme la plus grande partie des Chrétiens ; et un Chrétien se persuade qu’il n’y a rien de messéant à un si grand nom, il n’a point de honte de se divertir en Païen.
Ainsi donc notre profession est et utile et délectable et au Prince et à ses sujets, nous purgeant outre tout cela de tous attentats, de tous crimes de lèse-majesté divine et humaine, qui ne nous banniront jamais, aidant Dieu, de l’agréable clarté de ce grand soleil de clémenceag, aussi doux et prompt au pardon que vaillant et courageux aux alarmes.