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124. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Il faut que dans toutes ses études il ait pris bien peu, et du goût de la science qu’il professe, et de l’esprit de la Religion de Jésus-Christ, pour entreprendre la défense de ces spectacles, que les Pères et les Canons de l’Eglise ont condamnés comme contraires à la sainteté des mœurs et à la pureté du cœur, que nous veut inspirer Jésus-Christ par ses paroles et par ses exemples.

125. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Le licite et le régulier le ferait languir s’il était pur : en un mot, toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer : on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants : et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après.

126. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Rousseau, que les spectacles ne sont nécessaires que pour y rassembler « des gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise et l’amour du plaisir n’engendre que des monstres et n’inspire que des forfaits ; or sied-il bien à des personnes vertueuses d’aller se confondre avec ces gens oisifs et corrompus » ? […] Il ne sert de rien de répondre qu’on n’est occupé que des spectacles sans songer au sens des paroles, ni aux sentiments qu’elles inspirent **. « Car c’est précisément là le danger, pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense, et plaisent sans être aperçus. […] Non content de s’être expliqué plusieurs fois sur cette matière, il engagea les plus habiles théologiens d’Italie à découvrir à leurs compatriotes le poison des spectacles et à leur inspirer l’horreur qu’il en avait lui-même. […] On vous dira, chères enfants, qu’on vous a fait tourner la tête, qu’on vous a portées à une dévotion outrée, qu’on vous a inspiré de vains scrupules, qu’aujourd’hui les enfants se croient plus sages que leurs parents et veulent se conduire selon leurs caprices.

127. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Les principes de votre religion ne vous inspirent que l’humanité & la douceur ; & vous vous repaissez du spectacle affreux d’une mère qui égorge ses propres enfans, d’un frère qui boit le sang de son frère. […] En vain, nous dit un partisan du théâtre, en vain s’efforce-t-on de me convaincre du danger des Spectacles ; mon expérience me rassure contre les terreurs que l’on veut m’inspirer. […] Croyez-vous que votre ame, ébranlée par des mouvemens si violens, n’en devient pas plus foible dans des tentations analogues à ces mouvemens même ; qu’elle n’en est pas plus disposée à concevoir pour un objet réel cette vive tendresse qu’une fiction a su vous inspirer ? […] Mais plus vous devez de reconnoissance à l’Auteur de tout bien qui vous les a inspirées, plus aussi vous devez vous éloigner du monde son ennemi.

128. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Car que voit-on en ce temps autre chose, que des objets capables de nous seduire, & de nous inspirer l’amour de la vanité ? […] En un mot, tout ce que l’on voit, & tout ce qu’on entend dans ces cercles si galants & si enjouez, n’est-il pas capable d’inspirer une passion, que l’on cache avec tant de soin, & que l’on déguise sous des noms spécieux, pour en cacher la honte ? […] Or, s’il y a du danger de s’accoûtumer à entendre des sentimens & des maximes contraires à la Religion que nous professons, si l’Eglise même employe son authorité, pour défendre la lecture des livres suspects, si la compagnie des personnes qui ont toûjours ces maximes dans la bouche, ou qui reglent leur vie selon ces sentimens, est dangereuse, parce qu’ils les inspirent à ceux qui les frequentent ; y aura-t-il moins de danger à les voir exprimer, representer, approuver, écouter les applaudissemens que l’on donne à ceux qui les font le mieux sentir, & qui les font entrer dans l’esprit par la beauté des vers, & des pensées si noblement exprimées ? Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui vous fait fermer les yeux au danger present ; & je ne doute point que vous n’en portassiez tout un autre jugement, si je pouvois vous découvrir un autre spectacle, plus triste, & plus lugubre, qui est ce qui se passe dans le cœur de ceux qui sortent de ces assemblées, l’esprit rempli de ce qu’ils ont vû & entendu, qui approuvent la vengeance, qu’on leur a fait paroître si juste, qui entrent dans les sentimens d’orgueil & d’ambition, qu’on leur a fait passer pour une grandeur d’ame, & sur tout, qui sont touchez des disgraces d’un Amant maltraité d’une personne fiere, qui n’a pas répondu aux vœux ni aux soins de celuy qui luy a marqué une fidelité, & un attachement si inviolable, ainsi que Saint Augustin le témoigne de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspirer une veritable.

129. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Elles en inspirent le goût à leur famille & à leurs amis, elles y attirent leurs amans, pour qui c’est le plus favorable & le plus ordinaire rendez-vous ; elles forment des troupes d’Acteurs & d’Actrices dans les maisons particulieres. […] Mais s’il s’agit de parler le langage, de peindre les folies, d’inspirer des sentimens d’amour, les voilà dans leur centre, tout est facile, tout est agréable, foiblesse, timidité, pudeur, religion, elles bravent tout. […] On ne sauroit vivre sans sentimens, c’est l’aliment du cœur d’une femme : ici tout ressent, tout exprime, tout inspire les plus vifs & les plus délicieux, de toute espèce ; pitié, fureur, langueur, fierté, chaque scène en fait naître. […] Elles sont infiniment susceptibles de tendresse, & portées à la passion : tout ici respire la licence, en offre les objets, en découvre les moyens, en inspire les sentimens, en lève les obstacles, en ôte la honte ; & ce qui les enchante, c’est que jetant un voile transparent sur le crime, on y familiarise en le déguisant, on soulage la pudeur en l’affoiblissant, on les flatte d’assez de vertu pour en éviter la grossiereté, d’assez de bonheur pour sauver les apparences, & d’assez d’indulgence dans le monde pour n’en être pas moins estimées ; leurs exploits font bien-tôt voir de quels lauriers méritent de ceindre leur front des guerrieres si bien exercées.

130. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

C’est introduire la licence dans l’asyle de la pureté, & devenir tentatrices de celles qui quittèrent le siecle pour n’être point tentées, enlever à Dieu des cœurs qui lui furent consacrés, & rappeler au monde des vierges qui y ont renoncé, ébranler leur vocation, inspirer des regrets, affoiblir la pudeur, faire gémir sous le joug de la clôture & de la règle. […] On participe toujours aux fautes qu’on fait faire ; favoriser inspirer l’impureté, est-ce être bien chaste ? […] Dira-t-on que les nudités édifient, qu’elles inspirent, fassent goûter & pratiquer la vertu ? […] Quelque engageans que soient les agrémens du visage, il porte son antidote ; une sage modestie, une prudente gravité en imposent ; la vertu s’y peint avec les traits les plus respectables, l’ame se montre toute entiere sur ce miroir ; elle inspire l’estime, la crainte, le respect ; elle édifie, elle gagne, arrête, refuse, défend, exerce une sorte d’empire : un coup d’œil suffit pour déconcerter les plus téméraires & étouffer tous les sentimens corrompus que la beauté pourroit faire naître.

131. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Car que voit on en ce tems autre chose, que des objets capables de nous seduire, & de nous inspirer l’amour de la vanité ? […] En un mot, ce que l’on voit, & tout ce qu’on entend dans ces cercles si galants & si enjouez, n’est-il pas capable d’inspirer une passion, que l’on cache avec tant de soin, & que l’on déguise sous des noms specieux, pour en cacher la honte ? […] Or, s’il y a du danger de s’accoûtumer à entendre des sentimens & des maximes contraires à la Religion que nous professons, si l’Eglise même employe son authorité, pour défendre la lecture des livres suspects, si la compagnie des personnes qui ont toûjours ces maximes à la bouche, ou qui reglent leur vie selon ces sentimens ; est dangereuse, parce qu’ils les inspirent à ceux qui les frequentent ; y aura-t-il moins de danger à les voir exprimer, representer, approuver, écouter les applaudissemens que l’on donne à ceux qui les font le mieux sentir, & qui les font entendre dans l’esprit par la beauté des vers, & des pensées si noblement exprimées ? Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui vous fait fermer les yeux au danger present ; & je ne doute point que vous n’en portassiez tout un autre sentiment, si je pouvois vous découvrir un autre spectacle, plus triste, & plus lugubre, qui est ce qui se passe dans le cœur de ceux qui sortent de ces assemblées, l’esprit rempli de ce qu’ils ont vû & entendu, qui approuvent la vengeance, qu’on leur a fait paroître si juste, qui entrent dans les sentimens d’orgueil & d’ambition, qu’on leur a fait passer pour une grandeur d’ame, & sur tout, qui sont touchez des disgraces d’un Amant maltraité d’une personne fiere, qui n’a pas répondu aux vœux ni aux soins de celuy qui luy a marqué une fidelité, & un attachement si inviolable, ainsi que Saint Augustin le témoigne de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspirer une veritable.

132. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Aprés les Apôtres, fut-il jamais des personnes, que l’on puisse dire avoir esté inspirées, comme eux, du S. […] Cela veut dire enfin, que ce n’estoir pas assez au Démon, que les gens d’une conscience toute perdue fussent à luy, par le scandale d’un Thêatre infame ; si ceux, que quelque pieté rend recommandables, n’en estoient faits encore les victimes, par le poison inspiré de l’amour, qu’un nouveau Théatre aprend aujourd’huy, plus modestement, mais aussi plus malicieusement, qu’il ne fist jamais.

133. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Sinon un vain plaisir qui sera d’autant plus vif que la pièce tracera plus fidèlement le portrait de nos maladies secrètes, dont elle est l’attrait et la pâture, « plena, comme dit saint Augustin, fomitibus miseriarum mearum », j’avoue que l’histoire intéresse de même le lecteur dans les actions qu’elle représente, et qu’il est malaisé de lire la Romaine, sans détester les cruautés de Marius et de Sylla, la profonde dissimulation de Tibère, aimer la clémence d’Auguste, sans grossir le parti de Pompée contre César, mais quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de décrire les méchantes actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre des passions tendres, agréables, délicates, d’une manière qui en fasse goûter le plaisir, ne doit-on pas avoir quelque honte de confondre deux choses si opposées ? […] Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fureur brutale des duels s’y voit non seulement justifiée, mais louée, la patience qui ferait souffrir une injure sans la repousser, serait traitée de lâcheté, de bassesse d’âme et d’infamie, des sentiments impies ou dénaturés qui ne seraient capables que d’inspirer de l’horreur s’ils étaient représentés tels qu’ils sont, produisent un effet tout contraire, et attirent l’affection plutôt que l’indignation par le tour ingénieux de l’auteur et par le moyen du fard dont il les peint.

134. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Quel zèle, quelle force le Ciel n’inspire-t-il pas à Néarque et à Polyeuctef ; et que ne font pas ces nouveaux Chrétiens pour répondre à ces heureuses inspirations ? […] C’est peut-être par là que les Athéniens devinrent si susceptibles des impressions de la peur ; et que cet esprit d’épouvante inspiré au Théâtre avec tant d’art, ne devint que trop naturel dans les Armées.

135. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Non seulement les romans et les pièces de théâtre éloignent l’âme de tous les actes de religion et de piété, mais encore ils tendent, en quelque manière, à nous inspirer une profonde aversion pour toutes les actions ordinaires et sérieuses. […] Les maximes impies qu’elles renferment tendent à inoculer de mauvais principes aux hommes et à affaiblir en eux ce respect et cette crainte religieuse que la Divinité et les choses divines doivent inspirer ; le libertinage qu’on y rencontre à chaque pas est éminemment propre à infecter l’esprit des hommes, et à les disposer à la débauche et à la dissolution. […] Nous devons empêcher qu’elle ne se laisse guider par son imagination et ses passions ; nous devons enfin jeter dans son cœur des semences de modestie, d’humilité, de modération, et lui inspirer, de bonne heure, du respect pour la piété et la vertu.

136. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Apollon lui même, & les Muses inspirent les poëtes. […] Ils s’écrient comme Boileau, touchant à tes lauriers craindroit de les fletrir  : Comme ce n’est que par modestie que l’auteur traite de canevas une piéce si bien travaillée, il continue son exposition, & rassure les acteurs, il veut faire revivre Moliere, & veut que sa présence idéale, sans doute ; car il ne prétend pas faire le miracle d’une résurrection réelle, elle n’arrivera qu’au jour du jugement, où les hommes auront alors bien d’autres affaires que l’apothéose de Moliere ; il veut donc que cette présence inspire de nouveau les poëtes, & leur apprenne l’art qu’il avoit d’observer & de peindre les caractères comiques : il doit recourir à une magicienne pour évoquer l’ombre de ce grand homme. […] Car il ne se donne pas pour Jupiter, Mars, Apollon, qu’il invoque, & dont il se dit inspiré. […] Si l’Apollon Voltaire inspire de tels galimathias, ce n’est assurément qu’un idôle, & un idôle bien ridicule. […] C’est un recueil d’événemens romanesques, peu vraissemblables, dont le fond est bon, mais le détail licencieux, que le théatre semble lui avoir inspiré ; il veut faire sentir l’influence du théatre sur les mœurs, qui est réellement très-grande ; ou sous des conversations entre trois femmes, où chacun raconte son histoire, comme dans le Décameron de Bocace, ou Septameron de la Reine de Navarre.

137. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Cependant j’ai cru devoir examiner si mes idées, qu’on traitoit de préjugés inspirés par des Précepteurs, étoient fondées sur de bons principes. […] On se trouve au sortir du College dans un monde où les bons principes qui nous ont été inspirés, ne sont pas fort accueillis. […] L’art n’y est employé que pour inspirer de l’horreur pour le crime, & de l’amour pour la vertu. […] Et cette satyre du mariage achevera-t-elle les beaux sentimens que la vertu de Pauline auroit commencé d’inspirer ? […] Voilà quel respect on inspire aux jeunes gens, pour l’âge de la sagesse, de l’expérience & de l’autorité.

138. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Ainsi par des effets contraires, mais qui naissent de la même cause, la Comédie nous inspire l’estime de nous-mêmes par le mépris des défauts dont nous croyons être exempts, & la Tragédie ne nous l’inspire pas moins par l’admiration des vertus que nous nous flattons de posséder, ou dont nous trouvons au moins les semences dans notre ame. […] Je vais encore plus loin, & il me semble que dans ce plaisir, je reconnois la main & la bonté du Créateur qui a voulu que tout ce qui est parfait, ou qui approche de la perfection, répandit dans notre ame une satisfaction sensible pour nous en inspirer le respect, la vénération, l’amour, & afin, si j’ose hazarder ici cette pensée, que nous pûssions connoître la Vertu par un sentiment d’admiration, comme nous découvrons la Vérité par ce repos d’esprit qui accompagne l’évidence. […] Aussi les premiers Poëtes ont-ils passé pour des hommes inspirés : leur enthousiasme a paru avoir quelque chose de plus qu’humain, & leur langue a été appellée la langue des Dieux. […] La Musique excite & attache notre attention comme la Poësie, par une espéce de langue qui lui est particuliere, & qui ne nous parle que par les rapports des sons : elle nous affecte encore plus que la Poësie, même par la douceur du nombre & de l’harmonie, qui n’a tant de charmes pour nous que parce qu’en ébranlant avec une justesse & une convenance parfaite les cordes de cet instrument naturel qui y répond dans nos oreilles, elle cause dans notre ame une émotion aussi douce qu’agréable ; elle frappe, pour ainsi dire, les ressorts de toutes les passions par des accords qui les excitent ou les rappellent : elle les justifie aussi en un sens & les authorise comme la Poësie dramatique, par la douceur qui est attachée aux dispositions qu’elle inspire dans l’ame, qui en s’y livrant a de la peine à croire que ce qui lui paroît si innocent & qui est si agréable, puisse jamais lui être funeste, ni qu’un plaisir dont elle fait son bonheur actuel, soit capable de la rendre moins parfaite. […] Il en est de même à proportion du plaisir que la Musique nous fait ; une ame délicate & sensible à l’harmonie, ne pense point d’abord à examiner si un air tendre & touchant exprime bien le sentiment d’un cœur foible & passionné : elle se livre naturellement & presque machinalement à l’impression que cet air fait sur elle ; elle devient elle-même ce cœur touché dont le Musicien a voulu faire sentir l’état par des modes propres à inspirer la tendresse & la douleur ; le plaisir de comparer le rapport de ces modes avec la disposition de notre ame, qu’ils peignent, pour ainsi dire, par le son, ne vient qu’après-coup ; c’est un plaisir réflechi qui ne se fait sentir qu’en second.

139. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

Ce qu’ils ont fait par l’instinct du Diable, qui dans le dessein de tromper les hommes, et les perdre, et par l’ambition qu’il a de se rendre semblable à Dieu, et de se faire adorer, a voulu qu’on employât dans l’exercice de la superstition, et de l’idolâtrie, tout ce que les hommes inspirés du S.

140. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Elle inspire la ruse, la défiance, le mépris d’autrui, la satire, non la charité ; elle a fait commettre des millions de péchés, et jamais elle n’en a fait détester un seul.

141. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Néanmoins, ajoute-t-elle, cette Croix m’a quelquefois inspiré du respect & de l’effroi. […] Fatime marque à Zaïre que la joie & les nouveaux sentimens que le Sérail lui inspire, lui causent à elle-même de l’étonnement.

142. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

S’ils étoient bons, ils étoient applaudis ; ces applaudissemens devoient inspirer du goût pour leur profession ; mais cela étoit contre l’esprit de la loi, qui ne vouloit pas qu’on s’exagérât le mérite des Acteurs. […] Ne reconnoit-on pas les traces de leur politique à cet égard, dans l’usage où étoient les Lacédémoniens d’inspirer de l’aversion pour l’yvrognerie, par le tableau des excès mêmes de ce vice ?

143. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Bien loin d’avilir ce lien, inspiré par la nature, rien n’est plus propre à en faciliter le succès. […] Il est digne de nos autels ; son tonnerre inspire l’effroi : il prend soin du bonheur de la terre.

144. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Ce qui sert le plus à la tenir en bride, est une certaine horreur que la bonne éducation & le Christianisme en inspirent. […] Bien loin de détester cette impression, on met son plaisir à la sentir, & son honneur à suivre les mouvemens qu’elle inspire : & pourquoi s’y abandonne-t-on ?

145. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

il approuveroit ces chansons lascives qui n’inspirent qu’un amour profane, il voudroit qu’on lui rapportât un art funeste qui lui ravit tant d’Adorateurs, qui seduit tant d’ames innocentes. […] Souffrés, mes Freres, que je finisse mon Discours par ces paroles : au sortir de ce Temple vous allés rentrer dans le monde figuré par l’infidelle Babilone : vous y allés voir ces Dieux d’or & d’argent, postés dans les places publiques, devant qui presque tout le monde est prêt de fléchir le genoüil : vous y allés trouver les Idoles vivantes de luxe & de vanité, ces hommes & ces femmes revêtus d’habits riches & pretieux qui brillent par la pompe de leur train, & la magnificence de leur équipage, devant qui tout le monde rampe & se prosterne : vous y allés trouver ces marques d’orgueil dont tous les riches & les grands se parent ; pour inspirer du respect & de la crainte aux petits : ces plaisirs que tout le monde se permet, ces richesses que tout le monde adore, ces voluptés aprés lesquelles tout le monde soupire, ces honneurs & ces dignités que tout le monde brigue, ces usages que tout le monde embrasse ; prenés bien garde de vous laisser entraîner à ces exemples de mondains : ne vous laissés par aller au torrent de la multitude ; & si vous voulés être du petit nombre de ces Israëlites fidelles, dites comme eux dans vôtre cœur : oüi, mon Dieu, il n’y a que vous qu’il faille adorer, te oportet adorari Domine .

146. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

On suivrait apparemment l’usage universel de l’Europe, qui a consacré l’habit noir à la décence, et l’on obligerait tous les danseurs et danseuses de s’habiller de cette couleur, et pour que tout répondît à la gravité de l’habit, on interdirait aux jeunes garçons cet air de dissipation et de folie que la danse et la musique leur inspire : on leur prescrirait d’avoir la vue toujours fixée sur le Seigneur Commis, comme le Soldat Prussien sur le Flügelmann 5 en sorte qu’ils s’exerceraient sans cesse à accorder leur maintien avec la gravité de leur habit. […] Croyez-vous le vin capable de lui avoir inspiré toutes ces belles actions ?

147. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Avec ces sentiments, on voit bien qu’il ne pouvait pas être partisan du théâtre, où l’on enseigne une morale toute opposée, où le célibat est un ridicule, le nom de virginité inconnu, où l’amour est le bien suprême, l’union avec ce qu’on aime, le comble du bonheur, où tout ce qui peut inspirer la volupté est étalé avec toutes ses grâces, beauté, nudité, danse, chant, parures, attitudes, vers, sentiments, intrigue, etc. […] Détournons donc nos yeux de toutes ces folies, de peur que la vue ne nous en inspire le désir.

148. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Il est même si incompréhensible, qu’il fait par un étrange renversement, que ces portraits deviennent souvent nos modèles, et que la Comédie en peignant les passions d’autrui, émeut notre âme d’une telle manière qu’elle fait naître les nôtres, qu’elle les nourrit quand elles sont nées, qu’elle les polit, qu’elle les échauffe, qu’elle leur inspire de la délicatesse, qu’elle les réveille quand elles sont assoupies, et qu’elle les rallume même quand elles sont éteintes. […] Le Sieur de Voisin a mis ensuite un Abrégé très édifiant de la vie de Monsieur le Prince de Conti, où les principales actions de ce pieux Prince sont décrites, principalement celles que la piété lui a fait pratiquer, et les sentiments chrétiens qu’elle lui avait inspiré. […] Voilà Pères et Mères ce que vous devez inspirer de bonne heure à vos Enfants.

149. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

A deux cens lieues de son pays, elle entre par curiosité dans une Eglise, démêle la voix de son amant parmi les Religieux qui chantent, et se fait Religieux pour vivre avec lui : « … Près de lui je vivrai, L'air qui vient l'animer, je le respirerai. » Bien plus, pour le séduire, si elle peut, et s'enfuir avec lui : « Je conçois le projet d'enlever à son Dieu Une âme qu'il semblait échauffer de son feu. » Une hypocrite sans religion, sans pudeur, qui se joue des choses les plus saintes, et persévère jusqu'à la mort dans ses sacrilèges : « C'était d'un homme, ô Dieu, que j'encensais l'image, … Il n'était point d'autre Dieu pour mon cœur. » Un personnage si méprisable peut-il intéresser personne, inspirer ni amour ni pitié ? […] Toutes les tragédies, tous les romans sont pleins d'aventures et de décorations lugubres ; le tragique lui-même n'est qu'un sombre, il ne représente que des objets tristes et terribles, capables d'inspirer la terreur et la pitié (il n'y a que ceux là qui l'inspirent), de saisir, de déchirer, de faire verser des larmes. […] On voit par expérience que la société des gens tristes inspire la tristesse, que la vue des objets affligeants répand l'amertume.

150. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Les Actrices Chrétiennes n’ont ni moins de goût pour le vice, ni moins d’adresse à l’inspirer. […] Mais pour sa personne & celles de ses compagnes, leurs nudités, leurs attitudes, leurs fards, leurs gestes, leurs ton de voix, leurs chants, leurs danses, leurs paroles, leurs regards, la corruption de leurs cœurs, tout ce qui montre & inspire la passion, c’est Venus elle-même sortant de l’onde. […] Grand nombre d’interpretes attribuent tous à l’inspiration divine ; c’est une défaite générale & commode, comme les miracles dans la Physique, qui ne sert qu’à montrer l’impuissance de résoudre la difficulté, comme si Dieu pouvoit inspirer des péchés. Sans doute le fond de l’événement, l’entreprise, le courage, la fermeté d’une femme qui, pour délivrer sa patrie, s’expose à tout dans le camp ennemi afin de surpendre le Général, & lui ôter la vie, ont été inspirés de Dieu. Mais quelle preuve a-t-on qu’il en ait inspiré tous les moyens ?

151. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

On ne peut faire parler des conjurés qu’en leur faisant débiter des maximes et des sentiments conformes à leur dessein, pour s’y affermir, le justifier, l’inspirer à d’autres, en ménager le succès. […] Le doucereux, le courtisan, le dévot Racine, Pensionnaire du Roi, Historiographe de France, inspirerait-il la révolte, le mépris des Rois, le tyrannicide ? […] Qu’on est à plaindre, si l’on aime à éprouver les sentiments qu’ils inspirent ! […] A quel titre donc, par un privilège exclusif, attribuer au Corps du Clergé des vices communs à tout le monde, et qui communément ne sont dans le Clergé que parce que le monde les lui inspire ? […] comme si la révolte et le tyrannicide étaient plus permis en Angleterre qu’en France, et si un Chrétien pouvait jamais les approuver et les inspirer !

152. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Nos femmes et nos enfants se moquent des Croix et des tourments, montrent un visage assuré devant les bêtes farouches, enfin souffrent la douleur sans gémir, par la patience que Dieu inspire.

153. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

quelle dévotion elles doivent inspirer au Maître & aux élèves, qui par dévotion encore imitent en cadence par symmétrie, ces gestes, ces attitudes, ces mouvemens célestes ! […] Si donc on l’emploie pour peindre, pour inspirer la passion, combien n’est-il pas dangereux ? […] des victimes de la passion, des esclaves de la volupté, exercées à l’inspirer, payées pour la faire goûter, ne respirant, ne travaillant qu’à l’allumer, des maîtresses d’impureté, qui en débitent, assaisonnent, pratiquent & font pratiquer les leçons.

154. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

L’auteur poissard de Dom Japhet d’Arménie lui en inspira si bien le goût, qu’elle l’introduisit dans la communauté de S. […]         J’aime à descendre du donjon,         Voir mes gens en robe de chambre,         Et sans tous ces airs de glaçon         Qu’inspire le mois de décembre.

155. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Quoi qu’il en soit, le but, le propre objet des spectacles, n’est autre que d’exciter, de nourrir & d’enflammer les passions, l’orgueil, l’ambition, la haine, la colere, la vengeance, & sur-tout l’amour profane qui paroît sur le théâtre comme une noble foiblesse, & avec tous les agrémens les plus capables de l’inspirer. […] En un mot, le théâtre le plus épuré n’est autre chose que l’art réduit en pratique de farder les passions, pour les inspirer plus sûrement, & les faire triompher avec moins de peine des résistances de la pudeur.

156. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Ils inspirent la confiance en soi-même, comme si l’homme tirait la vertu de son propre fond, et l’âme enchantée par leurs vains discours se repaît de vaines idées, et prend un esprit tout Païen. […] Cependant cette fausse éloquence n’est rien en comparaison de l’orgueil qu’elle inspire.

157. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] Si la Pièce nous arrache des larmes, ou de pitié pour un innocent malheureux, ou de joie pour un opprimé qui triomphe ; si elle peint dignement quelque vertu ; si elle inspire de l’horreur pour quelque vice, elle aura les applaudissements qui lui sont dus ; les Acteurs jouiront de ceux qu’ils méritent ; le Spectateur lui-même s’applaudira d’avoir été sensible.

158. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Nous n’entrerons pas dans le détail de tous les motifs, qui doivent vous inspirer une sainte horreur des spectacles & en particulier de la Comédie.

159. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Pour donner à son culte un air plus magnifique, Dieu sans doute inspira les vers et la musique.

160. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Nous avons le chant de l’Eglise, les Hymnes, et les Processions pour exprimer la véritable joie, que le saint Esprit inspire à nos cœurs ; et ce sont les seuls témoignages de joie que l’Eglise a reçus, et approuvés ; Au lieu qu’elle a traité les danses, lorsqu’elle en a parlé dans ses Canons, comme des divertissements indécents, et entièrement honteux.

161. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de représenter les mauvaises actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre les passions agréables d’une manière qui en fasse goûter le plaisir ?

162. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

s’ils en eussent fait une étude particulière, s’ils les eussent méditées en s’éclairant au flambeau de la morale évangélique, et en se réchauffant au foyer divin de la charité chrétienne, ils ne commettraient pas si souvent des fautes qui leur sont inspirées par l’orgueil, et ils ne feraient pas de fausses applications des saints canons et décrets des conciles.

163. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Comme la nature nous a faits les uns pour les autres, elle nous a liés par cette sympathie ou communication réciproque de nos passions ; de sorte qu’une personne vicieuse qui nous parle fortement, ne manque point de nous tourner l’esprit et le cœur comme le sien, et par consequent de nous infecter de son venin, à moins que nous nous tenions attachés à la vérité pour n’être pas ébranlés par ses paroles, et que nous n’excitions en nous-mêmes des passions opposées à celles qu’elle nous inspire.

164. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Les Grecs se servaient de la Musique dans le combat, et ils jugeaient que ses accords plus puissants que les fanfares des Trompettes inspiraient à leurs Soldats un généreux mépris de la mort.

165. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Il faut tout l’aveuglement de l’enthousiasme théatral, pour préférer les comédies de Térence aux offices de Cicéron, dans l’éducation de la jeunesse, afin de lui inspirer de bonne heure les bonnes mœurs & la vertu, comme si on préféroit les Comédies de Moliere au Télémaque de Fénélon, le théatre d’Aristophane aux dialogues de Platon. […] Est-ce là le germe des mœurs & des vertus qu’on doit leur inspirer ? […] La science, l’amour, l’exercice du théâtre, ne furent jamais mis au nombre des choses utiles à une bonne éducation ; il est bien plutôt essentiel dans ce siécle de la Scénomanie, d’en inspirer la crainte, le mépris & l’horreur. […] Pour qui inspire-t-on de la pitié, puisqu’on n’en donne point pour un mari égorgé par sa femme, pour une mere assassinée par son fils ?

166. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Celle-ci suffit pour amuser, & c’est tout ce qui en est permis : mais il ne suffit pas pour en faire un spectacle ; elle doit peindre les passions & les inspirer, imiter leurs excès, ce n’est plus danser qu’imparfaitement : c’est un pantomime, une partie de la piece. […] Ces idées sans doute inspirent le courage, la valeur, & annoncent les victoires de l’Amour & les mysteres de Cythere, au lieu des lauriers de Mars. […] Le saint Pape profita des dispositions de son peuple, que la venue d’Attila avoit allarmé, & que la merveille de son départ remplit d’admiration & de recconnoissance, pour réformer les mœurs & inspirer la piété. […] Pour augmenter l’embarras, on introduit dans la maison de Moliere, je ne sai à quel titre, de domestique, d’ami, de pensionnaire, qui tous sont faux, lequel suborne la servante qui est vieille & fort laide, & inspire à la fille Bejard des soupçons affreux contre son amant, qu’on accuse de vouloir l’enlever : l’intrigue se découvre, Moliere est furieux, & veut se venger.

167. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

C’est pour vous inspirer une juste horreur du théatre & de ses spectacles, que je me sers des paroles du grand Apôtre : Considerez-vous, M.  […] Ne corrompent-ils pas les mœurs par tant de mauvais sentimens qu’ils inspirent, si contraires aux maximes de l’Evangile ? […] Mais ces portraits, pour être trop ingénieux, n’en sont que plus condamnables : la fin qu’on s’y propose, les intrigues qu’on y représente ordinairement entremêlées d’amourettes, loin d’inspirer de l’horreur du vice, le fomentent & le rendent plus aimable.

168. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

quelle pensée de religion inspirent ces paroles : Honni soit qui mal y pense ? […] C sur la croix, la mort prochaine des agonisans, forment dans un Chrétien qui baise les pieds du crucifix, & reçoit le Sacrement de l’Extreme-Onction, des idées bien differentes, mais bien utiles, & plus justes que celles que les pieds d’une danseuse inspirent aux amateurs du théatre. […] Ces allusions ne sont aucun mal, & inspirent de bonnes pensées.

169. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Le Mercure de décembre 1763 nous dit que dans une entrée d'une pièce de théâtre on peignit, « avec les traits les plus forts et les plus vrais, les jeux des athlètes et des gladiateurs », par les plus vigoureux Acteurs, « ainsi que celle des furies » par un des gladiateurs déguisé en femme et deux Actrices vigoureuses, « ce qui était d'un grand effet » ; que l'entrée des démons par des athlètes déguisés en démons « inspirait le trouble et la terreur» ; et que tout y était « caractérisé avec feu », et jusques aux gladiatrices. […] Ressentant les premiers et tâchant d'inspirer les passions par tous les moyens dont ils peuvent s'aviser, les Comédiens ne copient que trop leur original. […] que peut y gagner, ou plutôt que n'y perd pas, l'homme d'Eglise qu'on y dégrade, le Magistrat qu'on y tourne en ridicule, le Militaire qu'on y amollit, le fils de famille, le domestique qu'on rend fripon, le petit qu'on dégoûte de son métier, qu'on apprend à mépriser ses maîtres, à supporter avec peine la dépendance, le grand dont on nourrit l'orgueil, la profusion, la dureté, à qui on inspire le goût du luxe, de la fatuité, de la débauche ?

170. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

parler le langage du vice, en prendre les allures, en peindre les horreurs, en excuser les excès, en inspirer le goût, en faire sentir les mouvements, en ouvrir l'école, en donner des leçons, l'ériger en vertu, tromper, aveugler les hommes, fixer leur attention sur des objets méprisables et criminels, effacer les idées des biens et des maux éternels, pour ne mettre le bonheur ou le malheur que dans le succès ou les obstacles de la passion, s'en faire un art, un métier, un état de vie, y consacrer tous ses talents, ses moments, ses forces, sa santé ! […] L'Orateur Chrétien se trouve heureux, s'il inspire ces sentiments à ses auditeurs. […] Le spectacle s'en occupe, s'en divertit, les enseigne, les justifie, les embellit, les inspire.

171. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

car les Mimes exposent un adultère, ou le montrent aux yeux ; et ces Histrions efféminés inspirent l'amour qu'ils représentent, et se revêtant de l'image de vos Dieux, ils font honneur au crime qu'ils leur imputent ; et vous font pleurer par des mouvements de tête, et les gestes qu'ils emploient pour exprimer une douleur imaginaire. » Où nous ne voyons pas une parole qui concerne le Poème Dramatique.

172. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

On ne sauroit croire le bien que font ces prix, l’émulation qu’ils inspirent aux deux sexes pour le travail & la vertu. […] Nous avons parlé ailleurs de la Fête êtablie depuis peu par le Comte & la Comtesse de Roule dans leur terre de Rouville en Beausse à l’instar de celle de Salenci, qui vient d’être honoré du témoignage public, d’approbation de Monsieur & de Madame (le Comte de Provence, frere du Roi ;) ils ont donné à un établissement aussi propre à inspirer l’amour de la vertu ; en conséquence la Marquis de Noailles, premier Gentilhomme de la Chambre de Monsieur, & la Duchesse de Lesparre, Dame d’atour de Madame, s’étant rendu le 22 septembre 1776 au Château de Rouville, remirent de la part de Monsieur un Cordon bleu qu’il avoit porté, & de la part de Madame une Couronne de rose pour la Rosiere de Rouville.

173. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Le propre de la tragédie est d’inspirer la terreur et la pitié : elle manque son but, si elle n’excite ces mouvements tendres qui arrachent les larmes, ces violentes agitations qui font frémir à la vue d’un grand danger ou d’un grand malheur. […] Il en est le destructeur : c’est lui qui inspire ce goût puérile de parure, ce goût lâche de mollesse, ce goût efféminé de plaisirs, ce goût insensé de profusion et de superfluité, qui tourne tout en décoration, en frivolité, en volupté.

174. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

 » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom. […]  » Il faut donc ma Sœur, inspirer à vos enfants de l’horreur de la comédie ; parce que elle est un divertissement dangereux, et indigne d’un Chrétien.

175. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Nul n’est plus pénétré que moi d’amour et de respect pour le plus sublime de tous les Livres ; il me console et m’instruit tous les jours, quand les autres ne m’inspirent plus que du dégoût. […] Voilà sous quel honorable aspect on montre la vieillesse au Théâtre, voilà quel respect on inspire pour elle aux jeunes gens. […] Le mal qu’on reproche au Théâtre n’est pas précisément d’inspirer des passions criminelles, mais de disposer l’âme à des sentiments trop tendres qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu. […] Mais les chastes feux de la mère en pouvaient inspirer d’impurs à la fille. […] Si mes écrits m’inspirent quelque fierté, c’est par la pureté d’intention qui les dicte, c’est par un désintéressement dont peu d’auteurs m’ont donné l’exemple, et que fort peu voudront imiter.

176. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Il est certain que tous les Machinistes font perdre l’illusion qu’on s’éfforce tant d’inspirer, lorsque par le moyen d’un coup de sifflet ils avertissent de faire partir les changemens.

177. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Elle confirme donc tout ce que j’ai avancé sur la Tragédie, & en même-tems ce que j’ai dit sur son utilité, puisque ne pouvant jamais inspirer que l’horreur du crime & l’amour de la vertu, elle peut être lûe sans aucune crainte par un homme même qui penseroit comme Socrate [p. 75.]

178. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

La dernière sorte de masques, ne représentait que des figures affreuses, telles que les Gorgones & les Furies… En général la forme des masques comiques portait au ridicule, & celle des masques tragiques inspirait la terreur*.

179. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Jamais ils n’oseraient le regarder en face ; ils craindraient de porter leurs regards trop bas, ou de laisser apercevoir cette fourbe noblesse plus propre à inspirer l’indignation et le mépris, que le respect et la vénération.

180. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

dans les sentiments, dans les pensées d’un auteur tout profane que la passion seul inspire, on puise plus de leçons de vertu que dans cette parole que vous nous mettez à la bouche, que dans les sentiments & les pensées des Peres, que dans notre Evangile ! […] Allez à présent, sur-tout, allez dans vos sociétés particulieres les donner devant vous, & pour peut-être vous donner vous-mêmes devant eux en spectacle : amusement nouveau, nouvel artifice mis à la mode dans notre siecle ; sans doute pour arracher tout-à-fait un reste de répugnance qu’on avoit jusqu’à présent conservé pour le théâtre & ses acteurs ; mais sur-tout, infaillible moyen de rendre la séduction plus certaine encore & plus prompte, en imprimant plus fortement des passions, dans lesquelles on est obligé de mieux entrer pour les représenter soi-même ; en donnant plus de liberté & de hardiesse à parler le langage de la volupté ; en mettant dans l’occasion la plus prochaine d’inspirer & de prendre des sentiments, mieux réglés peut-être dans leur objet, mais aussi déréglés dans leur principe ; & communément plus dangereux encore dans leurs suites : désordre contre lequel nous ne voyons pas que se soient élevés les saints Docteurs, sans doute parce que les Chrétiens de leur siecle en étoient incapables ; mais désordre que nous avons la douleur de voir déploré par des sages du Paganisme, comme le présage le plus certain de le prochaine & de l’entiere décadence des bonnes mœurs. […] Du moins, mes Freres, je vous prend à témoins devant Dieu, que je ne vous ai rien caché de tout ce qui pouvoit vous inspirer de l’horreur des spectacles profanes.

181. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Non, c’est un Payen, & un libertin à qui la lumiere de la raison a inspiré des sentimens si justes. […] Les femmes qui en usent se rendent, malgré elles, justice sur leur laideur ; elles sentent qu’elles ont grand besoin du secours de l’art, mais elles ne veulent pas sentir le tort qu’elles se font ; elles défigurent le peu d’agrément qu’elles ont, par les ravages que le blanc & le rouge font sur leur visage, & par le mépris qu’elles inspirent à ceux qui s’en apperçoivent. […] On ne cherche tant d’inspirer l’amour, que pour satisfaire sa propre passion ; pour entretenir la blancheur, la fraîcheur, l’éclat de son teint ; cette Princesse voluptueuse se baignoit tous les jours dans du lait d’ânesse, & pour n’en point manquer, elle nourrissoit cinquante ânesses, qui la suivoient dans tout ses voyages ; elle les mena dans son exil, c’étoit la partie la plus chere de sa famille ; elle ne paroissoit que rarement en public, & toujours à demi voilée, ne laissant voir que le bas de son visage, & avec un voile fort transparent, afin de ne pas diminuer la réputation de sa beauté, en la prodiguant, mais plutôt l’augmenter, en donnant carriere à l’imagination, en faisant juger par ce qu’on voyoit à travers la gaze, que ce qu’on ne voyoit pas étoit encore plus admirable : Ne satiares aspectum , dit Tacite, ne soyons point dupes des apparences, dans cet art recherché, de se cacher ou de se découvrir à propos ; dans ce choix réfléchi de linge & d’étoffe transparante, dont le théatre donne tant de leçons ; il y a plus d’artifice que de modestie, on cherche plus à irriter la passion, par ces demi-confidences, qu’à lui en soustraire l’objet par une véritable pudeur.

182. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Après auoir dicté les Oracles & inspiré les Prophetes, elles composent des chansons à boire, & des vaux-de-ville. […] Et les Graces elles mesmes, qui coiffent & qui habillent Venus ; qui luy inspirent la vertu de plaire ; sans lesquelles ce n’est plus qu’vne Venus de Noruege ou de Moscouie ; ces Graces, Monsievr, ne sont-elles pas representées toutes nües par les anciens Poëtes ?

183. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

avez-vous inspiré au cheval son ardeur martiale, la férocité au tigre & au lion, la douceur à l’agneau & à la colombe ? […] Quel poëme, quel roman, aussi capable de plaire, de toucher, de frapper, d’instruire, d’élever l’ame, d’attendrir le cœur, d’éclaiter l’esprit, d’inspirer des sentimens nobles, de donner des idées sublimes !

184. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

en inspira aux Romains l’invention, parce qu’il savait combien elles devaient les pervertir. […] Ce furent eux, sans doute, dit saint Augustin, qui inspirèrent cette pensée aux Romains, afin de faire succéder à une peste qui faisait seulement mourir les corps, une corruption bien plus pernicieuse aux bonnes mœurs, et qui allait à tuer les âmes.

185. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

J’ai appris dans ce Catéchisme qui nous vient de Rome, au rapport de M. de Voltaire, comme dans celui de Paris et dans tous les autres de l’Univers, que notre vie appartient à Dieu et à la Patrie ; que nous en sommes seulement les dépositaires ; que le véritable honneur consiste à les bien servir ; que le courage est moins dans le mépris de la mort, que dans le motif qui l’inspire ; que la vengeance est un crime, l’homicide un forfait, le suicide une extravagance qui ne peut partir que d’un cerveau troublé par de noires fumées. […] Pour moi, et j’en connais qui sans être de notre état pensent de même, j’admire autant leur courage à se déclarer hautement contre une aussi singulière extravagance, que cette valeur intrépide qui leur inspirait de fondre sur l’ennemi, et de prodiguer leur vie pour la défense de leur Patrie.

186. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Le Théâtre des Grecs n’a rien qui l’égale : il eut été permis à ceux-ci de l’admirer ; mais elle doit inspirer de l’horreur à tout Chrétien qui déteste le blasphéme.

187. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

En un mot, la joye qu’inspire un Drame plaisant, n’est point troublée par la certitude qu’on a tout-à-coup de ses vices ; ce n’est qu’insensiblement qu’il porte la lumière dans notre cœur ; il nous corrige par dégrés & avec douceur, comme des enfants gâtés qu’il faut traiter avec ménagement.

188. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

c’est sans le vouloir qu’il le fait : c’est par sa raison, sa vertu, son attachement, qu’il m’inspire un respect, une confiance, qui tiennent plus de la fille que de l’épouse.

189. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

.… nul ne s’attribue à soi-même cet honneur, mais il faut y être appelé de Dieu comme Aaron. » C’est ce divin modèle du Fils de Dieu qu’ont toujours suivi et imité tous les véritables Pasteurs : Et l’Eglise n’en honore aucun comme Saint, dont elle ne puisse dire ce qui est marqué dans le Bréviaire de Paris pour le commun des Pontifes : « Ille non vano tenuit tremendam Spiritu sedem, proprio nec ausu, Sed sacrum jussus Domino vocante  Sumpsit honorem. » Les Saints n’ont pas seulement été éloignés de cette ambition pour les charges de l’Eglise, qui fait, pour parler conformément à votre allégorie, que l’on se jette après, qu’on tâche de s’en saisir et qu’on y court en dansant, c’est-à-dire dans une disposition bien contraire à cette crainte et cette frayeur que leur humilité leur a toujours inspirée, mais ils ont encore marqué quels étaient sur cela leurs sentiments, et qui selon eux étaient les plus dignes de ces charges.

190. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

Ainsi quand un jeune homme a été prendre quelques malheureuses leçons à la comédie, et qu’on lui a, par exemple inspiré, ou l’amour des plaisirs ou du luxe, ou de l’ambition, ou de la vengeance, il est après cela bien difficile de l’en guérir.

191. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Pour aller au même but, les Italiens n’ont pas fait comme les Français : ils ne se sont pas servis de Valets, ni de suivantes pour tendre des pièges à l’innocence, ou pour seconder la débauche des amants de Théâtre ; mais ils ont substitué, aux Esclaves, des hommes et de vieilles femmes, qui font le métier de séduire la jeunesse ; et, en cela, quoique le mal soit toujours le même, du moins les mœurs du temps ont été plus régulièrement suivies par les Italiens, que par les Français : D’ailleurs, s’il se trouve quelquefois des suivantes peu délicates sur l’honneur de leurs maîtresses, ce vice, par bonheur, est assez rare ; d’où il suit qu’il est extrêmement pernicieux d’en produire des exemples qui ne peuvent qu’inspirer des idées de corruption à celles qui ne la connaissent pas.

192. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Ces Pièces n’inspirent-elles pas l’horreur du vice, en même temps qu’elles donnent le plus grand plaisir ? […] Si l’on entend, corrompre le cœur, inspirer le goût de la débauche ; cet effet ne peut résulter que de quelques Pièces, proscrites par le Plan de Réforme. […] Il bénissait la provision que chacun d’eux emportait pour sa journée ; cela se fesait avec un certain appareil, pour inspirer du respect : voila le sacrifice du matin. […] L’admiration qu’on eut pour les Prêtres, seuls Acteurs, inspirait la soumission, la confiance pour des êtres qu’on était porté à croire plus parfaits que soi. […] Cette vie active, mais pourtant moins dure, moins règlée que celle de l’Agriculteur, inspire une certaine fierté, qui fait dédaigner tous les arts qui exigent de l’étude, du travail, & qu’on s’y livre tout entier.

193. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Dès que les sociétés furent formées, dès que les hommes devinrent sensibles au plaisir, ils suivirent tout ce que leur inspirait la gaieté. […] En effet, on est convenu que c’est la joie & les délires du vin qui ont inspirés aux hommes la prémière idée d’un Spectacle ; or, est-il probable qu’ils ayent alors songé à la Tragédie ?

194. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Evremond a pensé bien différemment quand il écrivoit sur les Spectacles des Italiens, à l’égard de leurs Tragédies elles ne valent pas la peine qu’on en parle : les nommer seulement c’est inspirer de l’ennui. […] Tout Poëte connoissant son Art, en traitant ce Sujet, aura pour objet d’inspirer l’horreur d’une Passion qui a des suites si terribles : l’objet de Dryden paroît tout contraire.

195. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Les anciens, voulant donc instruire les peuples, et la forme de leur culte n'admettant que des sacrifices, et des cérémonies sans aucune exposition, ni interprétation de leur religion, qui n'avait point de dogmes certains: ils les assemblaient dans les places publiques (car ils n'avaient pas encore l'usage des théâtres, qui ne furent même inventés qu'après qu'on se fut servi quelque temps de chariots pour faire que les Acteurs fussent vus de plus loin) et ils leur inspiraient par le moyen des spectacles les sentiments qu'ils prétendaient leur donner, croyant avec raison qu'ils étaient plus susceptibles de recevoir une impression forte, par l'expression réelle d'une personne considérable, que par toutes les instructions qu'ils eussent pu recevoir d'une autre manière plus simple et moins vive. […] Il est même si incompréhensible, qu'il fait par un étrange renversement, que ces portraits deviennent souvent nos modèles, et que la Comédie en peignant les passions d'autrui, émeut notre âme d'une telle manière qu'elle fait naître les nôtres, qu'elle les nourrit quand elles sont nées, qu'elle les polit, qu'elle les échauffe, qu'elle leur inspire de la délicatesse, qu'elle les réveille quand elles sont assoupies, et qu'elle les rallume même quand elles sont éteintes.

196. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES MATIERES. » pp. 229-258

Page 103 Les jésuites inspirent à leurs écoliers le goût du théâtre. […] Page 171 Du respect qu’inspirent les bons prêtres qui pratiquent la charité.

197. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

On lui en inspire le goût dès le collège, on lui en donne les allures, on en cultive les talents, on en loue les succès, on en admire les ouvrages. […] On se scandalise de le voir au théâtre, et on l’y sollicite, et on le traite de scrupuleux, s’il s’en abstient ; il lui inspire son esprit, et le blâme de le prendre ; il condamne sa modestie, et ne peut souffrir le saint usage de ses biens.

198. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Il ressemble aux beautés à qui le negligé siéd mieux que la parure , (ces beautés plus séduisantes inspirent-elles la vertu ?) […] la moitié de moi-même, Que je choisi pour remplir mes desseins, A qui mon souffle inspira l’art suprême, L’art de charmer, de damner les humains. […] Vous traitez de fausse délicatesse cette volupté vraie qui naît de la nature, se nourrit dans l’ame, la concentre, & ne l’y ôte que pour la faire jouir avec plus de recueillement & de vivacité, inspirée par Thaïs, &c.

199. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Il est une ressemblance plus déplorable, le désordre qui y règne, les crimes qui s’y commettent, la liberté, ou plutôt la licence de faire sous le masque tout ce que la passion inspire. […] Mais il n’est pas douteux que les pieges qu’on y tend à la vertu avec tant d’adresse, sur-tout au bal & au théatre, ne soient un ouvrage du péché, inspiré par le démon. […] Toute la liturgie Payenne est pleine de danses, & toutes les danses y sont licencieuses, le fruit du vice qui les a établies, des sources de vice qui les inspirent & entretiennent.

200. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Le vice serait-il dans leur Comédies substitué à la place de la vertu, distingué, applaudi, comblé d’honneurs et de biens, si leur dessein n’était d’en inspirer l’imitation ? […] Elle ne diffère de la Tragédie que par les moyens et non par la fin ; qui est d’instruire également de part et d’autre : l’une corrige par le ridicule qu’on y répand sur le vice, et l’autre par la terreur qu’on y inspire du vice. […] Il pose pour principe : « Qu’il est impossible d’être bon Poète, sans être honnête homme : que ce qu’on appelle un bon Poète, c’est celui qui sait former les jeunes gens aux bonnes mœurs et inspirer les grandes vertus aux hommes faits, etc.

201. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Ces bagatelles que de petits incidens font naître, & dont on rougit souvent dans la suite, inspirent plus de hardiesse ; des conseils donnés avec lumière ou non, & auxquels l’amour propre n’a garde de se refuser, tournent les yeux du jeune-homme sur le Théatre.

202. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Voilà les désordres dont les Comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours ; car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité & choses semblables, je ne crois pas que ce comique leur ait fait beaucoup de mal, & l’on peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que ces piéces ; parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les peres & meres prennent de s’opposer aux engagemens amoureux de leurs enfans.

203. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

S’ils ont excité un peu de curiosité ils ont bien causé des bâillements ; et le plus heureux fruit que puisse faire ce qu’ils ont écrit, c’est, Monseigneur, de leur inspirer une ferme résolution de ne plus écrire.

204. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Que font les Farceurs par leurs mouvements impudiques, qu'enseigner et inspirer l'impureté ?

205. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Ils y inspiraient à leurs écoliers le goût du théâtre, et dès l’âge le plus tendre ils les faisaient monter sur les planches, et ils y montaient eux-mêmes pour y jouer la comédie.

206. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Concluons donc, avec les Partisans du Théâtre, que, si on abolissait la Comédie, on ferait un grand tort à la République ; puisqu’il ne resterait plus de moyen d’inspirer de l’horreur pour le vice et de donner du goût pour la vertu à ce grand nombre d’hommes qui, comme nous l’avons déjà dit, ne vont guère à d’autre Ecole que le Théâtre, et qui, sans les leçons qu’ils y reçoivent, ignoreraient, toute leur vie, leurs défauts, loin de travailler à s’en corriger.

207. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

ils mettent le feu à la paille, pourquoi s’étonner si elle brûle ; La justice s’arme afin de punir les auteurs et les complices d’un enlèvement qui blesse l’honneur de quelque illustre famille, elle poursuit avec rigueur et avec toutes les notes d’infamie ces âmes perdues qui corrompent la pudicité des autres ; Néanmoins on permet que les Romans qui sont des bouches toujours ouvertes à persuader le mal, aient libre entrée dans les maisons, dans les cabinets pour y débaucher tous les esprits, pour leur inspirer des affections illicites, avec les moyens d’y réussir ; on punit le corrupteur d’une chasteté particulière, cependant on tolère, l’on agrée, on loue ces méchants livres qui sont les professeurs publics d’une passion, dont la fin est l’incontinence, le péché, le déshonneur, le désordre des familles et des Etats.

208. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Dans l’action qu’elle représente, le succès ou la chûte sont également funestes à l’injustice : le plus cruel châtiment est l’horreur & le mépris qu’elle inspire. […] C’est toujours le crime représenté avec les couleurs les plus fortes & les plus capables de redoubler l’horreur naturelle qu’il inspire. […] Qu’il faut être juste dans l’emploi des richesses ; qu’il ne les faut pas dérober à la societé ; que les enfans y ont une part légitime ; qu’en se concentrant, qu’en ensevelissant, pour ainsi dire, son ame dans son trésor, on se rend méprisable aux yeux même de ses enfans, auxquels on ne devroit inspirer que des sentimens de vénération & d’amour ; que ce n’est pas assez d’avoir contribué en machine aveugle à leur existence, pour exiger leur respect, il faut s’en rendre digne par ses vertus. […] Ces loix si vantées auroient dû inspirer à leurs observateurs les sentimens les plus nobles & les plus relevés de la véritable générosité, sans laquelle on n’a que des idées imparfaites de la justice.

209. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

« On prétend que le Théatre Athénien avoit pour objet d’inspirer la haine des Rois, & la crainte des Dieux. […] Il vouloit qu’on se conformât à la sagesse des Egyptiens, qui exigeoient que le Poëte & le Musicien ne pussent jamais inspirer la volupté ; mais qu’ils s’accommodassent au but & à l’esprit des sages Législateurs. […] Cette conjecture pourroit avoir été hazardée légerement par une suite de la haine que l’irreligion inspire contre les Gens d’Eglise, & sur-tout contre les Moines. […] Elles se sont approchées des Romans Grecs du moyen âge, où l’on trouve les descriptions les plus propres à inspirer la volupté de l’amour vicieux. […] En voulant peindre les hommes au naturel, on y fait des portraits trop charmans de leurs défauts ; & loin que de pareilles images puissent inspirer la haine du vice, elles en cachent la difformité pour le faire aimer ».

210. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Il continue ses Réflexions sur saint François de Sales, et veut qu’on lise les autres Ouvrages de ce Saint pour se convaincre qu’il en est peu entre ceux des anciens Pères qui inspirent un mépris du monde plus entier, et une aversion plus héroïque de ses maximes et de ses plaisirs, en tâchant d’attirer les âmes par une sagesse, et une charité cachée sous une indulgence apparente. […] On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les Pères et les Mères prennent de s’opposer aux engagement amoureux de leurs enfants. 

211. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Indépendamment du desir de vous soumettre ma conduite & de mériter votre approbation, votre appui m’est nécessaire dans le parti indispensable que j’ai pris, & je viens le réclamer avec toute la confiance que votre amitié pour moi m’a toujours inspirée.

212. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Les friponneries de toutes les pieces de Regnard & de la moitié de celles de Moliere, Inspirent-elles la sécurité qui laisse les portes ouvertes, & apertis ostia portis ?

213. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Car ils m’aprendroient des veritez capables non seulement de me determiner, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissemens une espece d’horreur.

214. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Le chant si naturel à l’homme, en se dévelopant, a inspiré aux autres hommes qui en ont été frappés, des gestes relatifs aux différens sons dont ce chant était composé ; le corps alors s’est agité, les bras se sont ouverts ou fermés, les pieds ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvemens divers, tout le corps a répondu par des positions, des ébranlemens, des attitudes, aux sons dont l’oreille était affectée : ainsi le chant, qui était l’expression du sentiment, a fait développer une seconde expression qui était dans l’homme, qu’on a nommée Danse.

215. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Elle avoit assez de beauté pour inspirer de grandes passions, tout le manège de la coquetterie pour les agacer, un esprit vif & enjoué, une imagination agréable pour les entretenir, un libertinage décidé pour les satisfaire, & toute l’irréligion nécessaire pour lever les scrupules. […] Malheureusement Catherine inspira le même goût à ses enfans. […] L’Officiere disgraciée lui répondit avec une hardiesse que la verité seule peut inspirer : Je n’ai fait que suivre votre exemple, & accomplir vos ordres. […] Cette philosophe de son temps, cet esprit fort, incapable sans doute d’avoir un systeme suivi de religion, & n’en trouvant encore aucun de formé qu’elle peut embrasser, étoit du moins par goût & par caractere pétrie de tous les sentimens que l’irréligion inspire.

216. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Le Concile de Châlons-sur-Saone, tenu en 813, sous Charlemagne, défend aux ecclésiastiques d’assister aux spectacles, sous peine de suspense, & leur ordonne d’en inspirer de l’horreur aux fidéles. […] C’est-là, où le poison entre par nous les sens dans l’ame, où tout l’art se réduit à inspirer, à reveiller & à justifier les passions que Jesus-Christ condamne &c. […] « Le mal qu’on reproche au Théatre, dit-il, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’ame à des sentimens trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu ; je serois envieux de trouver quelqu’un, qui osât se vanter d’être sorti d’une représentation de Zaïre, bien prémuni contre l’amour. […] Les Ministres du Seigneur ne cessent de monter dans les Chaires de vérité, pour inspirer aux fidéles l’horreur des spectacles, c’est de la part de l’Eglise, qu’ils leur défendent d’y assister, c’est en son nom, qu’ils leur déclarent, qu’elle en réprouve les Acteurs, qu’elle les met au nombre des personnes infames, qu’elle leur refuse les Sacremens & la terre Sainte, s’ils meurent, avant d’avoir renoncé à leur profession.

217. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Une femme contente de sa toilette seroit bien mortifiée de ne produire que l’effet superficiel d’un bon livre ou d’un bon tableau ; elle veut faire des conquêtes, gagner des cœurs, inspirer des passions, c’est-à-dire, séduire & perdre. […] Y allât-elle d’abord modeste, la seule fréquentation lui en inspirera la fureur, & avec elle tous les vices qui en sont le principe ou l’effet ; elle y perdra toutes les vertus qui produisent & entretiennent la modestie, & qu’à son tour la modestie forme & entretient. […] pourquoi inspirer & faire soupçonner qu’on ressent des désirs qu’on ne veut pas avouer ?

218. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

A quoi sert dans la piece un personnage si révoltant, qu’à diminuer l’horreur qu’on veut inspirer pour Tartuffe, en la partageant avec le maître de la maison ? […] des médisances inspireront-elles la charité ?

219. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

C’est oublier la religion, & se trop borner aux sentimens de la nature, que d’exagéres si fort le mal, pour inspirer des terreurs paniques & éloigner de l’état religieux. […] Je ne puis décider quel sentiment m’inspire.

220. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Quand ce partage essentiel eut été fait, les Poëtes crurent ne devoir chercher les exemples des Passions réservées pour-la Comédie, que parmi les hommes du commun : non que les Rois & les Héros en soient exempts, mais parce qu’ils cachent leurs foiblesses aux yeux du Public, ne voulant y paroître que pour inspirer l’admiration ou le respect. […] Ainsi elle n’avoit rien que de grave, & elle étoit si nécessaire que dans l’Ajax de Sophocle, dont le Chœur est composé de Soldats qui sont censés ne savoir pas danser, le Poëte suppose que dans un transport de joie, ils invoquent le Dieu Pan, celui qui regle les danses des Dieux, pour qu’il leur inspire une danse, Parce que, disent-ils, dans un pareil sujet de joie, il faut nécessairement que nous dansions.

221. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Des résolutions pareilles ne sont point l’ouvrage de la raison ; si elle les inspirait, il faudrait croire que Dieu a réservé ses bienfaits pour les tigres. […] Elle regrettait un homme qui eût été bon père, excellent mari ; et pour le rappeller dans son sein, elle imagina de lui inspirer des songes aimables.

222. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Suivez-le dans le Temple, & admirez comme tous les regards sont fixés sur lui ; sa modestie inspire le recœuillement ; sa piété ranime la ferveur.

223. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Ainsi les Pedans nez dans les Colleges & absorbez dans le Grec & le Latin, ne sont pas capables de juger des beautés modernes, & qui pis est, ils inspirent quelquefois ce mauvais goust à leurs Echoliers, & l’impriment si fortement ; qu’il dure mesme malgré eux contre celuy des honnestes-gens & du beau monde, & sans que la raison fortifiée par les années puisse en purger l’infection, ny en guerir l’aveuglement.

224. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

Le pape Saint-Damase en parle ainsi : « Les saints pères jugent avec rigueur ceux qui violent volontairement les canons, et le saint esprit qui les a inspirés et dictés, condamne ces violateurs.

225. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Je ne puis assez louer le courage de cette rétractation authentique et très édifiante, que peut seule inspirer notre divine Religion.

226. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Je suis sûr que le titre militaire qui décore ce nom inspirera d’abord quelques doutes au lecteur sur le mérite de l’ouvrage.

227. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Je sens, j’ai des goûts, des désirs, Dieu les inspire ou les pardonne. […] La philosophie prouve la nécessité de la vertu, le théatre l’inspire, la fait aimer. […] On profite de la joie qu’inspire la fête pour demander leur grace : il la leur accorde & les abandonne Valoient-il la peine d’être punis ? […] Il inspire plus que toutes les tragédies anciennes & modernes, l’humanité & la bienfaisance ; témoins Hérode dans Mariamne, Brutus & ses enfans, la Mort de César, Mahomet & Oreste, Semiramis.

228. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

L’amour n’inspire point le sentiment, mais le sentiment donne du génie à l’amour. […] Mais non, dans ce dessein je l’aurois devancée ; L’amour m’en eût d’abord inspiré la pensée. […] Des Poëtes graves & austères, si nous jugeons des mœurs par les écrits, n’ont pas craint d’introduire l’amour dans leurs Ouvrages ; mais il y est si insensé, si furieux, si misérable, que les remords dont il est tourmenté, que les catastrophes qui l’accablent, ne servent qu’à inspirer de la crainte & de l’éloignement pour cette déplorable passion. […] Cette réussite & ces tentatives sont les fruits d’une émulation inspirée par Athalie & par Esther.

229. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

C’est de son sein maudit que l’on a vû sortir ces monstres de légereté & de vanité : & le démon connoissant qu’elle n’estoit propre toute seule qu’à inspirer de l’horreur, y a mêlé ces sortes de divertissements par une adresse maligne, afin que le plaisir qui accompagneroit les enfants, rendît la mere moins affreuse. […] si ces Prédicateurs enfin, qui sont écoutez avec tant d’attention & de respect par un Auditoire, préparé à cette action sainte par le chant des Pseaumes, & par l’assistance aux divins Offices, ont avec tout cela tant de peine à inspirer l’amour des vertus Chrétiennes, si avec tout cela on voit si peu de fruit de leur travail, que peut-on esperer de ces fantômes de vertu, débitez sur un Théatre par des Comediens à une troupe de faineants ! […] Regardez les comme une des plus dangereuses pompes du monde, ausquelles vous avez renoncé par le baptême ; & quand le monde entreprendra de les justifier, vous luy opposerez ce que l’esprit de Dieu vient de vous inspirer par ma bouche.

230. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Il composera lui-même les vers, sans invoquer les muses, & attendre qu’Apollon l’inspire. […] Voilà , dit-il, qui est bien propre à inspirer au sexe la discrétion & la décence , & à former un cours d’éducation & une école de vertu pour la jeunesse. […] Un poëte inspiré, applaudi par une muse dont le trône est le parnasse, n’a point d’égal ; & en effet, aucun des misérables versificateurs qui barbotoient alors au-delà des mers dans le limon de l’Hypocrene, ne pouvoit se mesurer avec lui : en cela plus heureux que Corneille, qui lui étoit si supérieur, & qui eut à combattre des ennemis, des rivaux, l’Académie, la Cour & le Ministre.

231. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

L’objet de la Comédie est d’inspirer la joye : l’objet de la Tragédie est d’inspirer la tristesse, & l’on ne remporte pas la tristesse d’un Spectacle qui finit par des danses & des chants. […] On me dira encore que la Musique inspire la joye, la tristesse & le courage, & qu’on s’en sert pour animer les Soldats.

232. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Il n’est pas nécessaire pour condamner les Comédies, qu’elles soient déshonnêtes, et remplies de sentiments superstitieux ; tout ce qui les accompagne ; la magnificence du spectacle, la manière mondaine, les ajustements des Comédiennes, la compagnie qui s’y trouve, la peinture des passions que l’on tâche d’inspirer à tous les spectateurs, les impressions que ces objets laissent dans l’esprit et dans le cœur des jeunes gens ; tout cela suffit pour rendre l’usage de la Comédie très criminel. […] Voilà pourquoi plusieurs Docteurs qui ne sont pas même les plus sévères, décident, qu’on ne peut assister, sans péché mortel, aux Comédies, telles qu’on les représente aujourd’hui, par le péril où l’on s’expose : Car quoique l’on en ait retranché les grossières équivoques, et tout ce qu’il y avait de trop libre dans les anciennes Comédies ; et que les Modernes soient plus délicates et plus fines, elles n’en sont pas pour cela moins dangereuses, parce qu’elles sont remplies de sentiments capables d’attendrir le cœur, et d’inspirer toutes les autres passions ; sans parler de l’action, des décorations, de la compagnie, qui ne sont pas d’un médiocre secours pour séduire le cœur. […] Les danses, la symphonie, les spectacles, les vers tendres et passionnés n’inspirent que des sentiments profanes, et directement opposés aux maximes de la Morale Chrétienne, puisque le but de la Comédie, et la principale intention des Comédiens est de donner du plaisir en remuant les passions, et principalement celle de l’amour ; car c’est celle qui règne davantage dans les Comédies ordinaires.

233. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Achille lui-même ne vous a-t-il pas autant engagé dans ses sentiments, quand il suit ce que sa gloire lui inspire, que quand il semble s’abandonner à l’amour ; et ne m’avouerez-vous pas qu’il était aisé de ne se point ennuyer à l’Iphigénie, quand il n’y aurait point eu du tout d’amour ? […] Et depuis personne n’a osé tenter la même chose, on a renvoyé ces sortes de sujets dans les Collèges, où tout est bon pour exercer les enfants, et où l’on peut impunément représenter tout ce qui est capable d’inspirer ou la dévotion ou la crainte des jugements de Dieu. […] [NDE] Ce paragraphe pourrait s’inspirer de la Poétique de la Mesnardière (1640), dans laquelle sont codifiées les règles de bienséance appliquées aux personnages féminins sur le théâtre.

234. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Cette passion, si j’ose le dire, doit être représentée avec ce caractere rude & farouche qui inspire la terreur, & jamais l’attendrissement.

235. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

C’est pourquoi je prie mes juges impartiaux de ne prononcer sur mon opinion nouvelle qu’après avoir lu attentivement cet essai ; et si je ne suis parvenu à les convaincre de la pureté des sentiments qui me l’ont inspiré, il ne me restera plus qu’à regretter qu’ils ne puissent pas lire dans mon cœur.

236. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

De faire connoître la mauvaise conduite des Administrateurs de la République, & des Généraux d’Armée, d’engager le Peuple à terminer par une Paix nécessaire, une Guerre qui duroit depuis plusieurs années, de lui faire sentir le ridicule de sa Religion, de lui reveler les fourberies de ses Prêtres, & de lui inspirer du mépris pour les Philosophes, qui ne débitent que de vaines subtilités.

237. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Pigalle est son Bucephale, ses antousiastes sont autant de Rois dans la littérature ; la Clairon & la Statira, il est plus que fils de Jupiter, c’est un véritable Apollon, qui inspire les poëtes, tout l’empire des lettres se tait en sa présence, & tombe à ses genoux. […] Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux.

238. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Moïse par ordre de Dieu en explique toutes les parties dans le moindre détail, & le fit exécuter sous ses yeux par des ouvriers choisis & inspirés de Dieu, en particulier la robe du grand Prêtre, dont il fit garnir le bas de grenades & de sonettes, mais point de queue. […] Le grand usage qu’il en fait, la grace, la dignité qu’il y donne, en a inspiré le goût assez nouveau en France, qui remonte à l’établissement fixe de la scene.

239. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

L’Académie l’a inspiré, elle a été son Appollon & sa Thalie. […] Il a également travaillé pour de l’argent dans le sacré & dans le prophane, passant de l’Orchestre à l’Eglise, & de l’Eglise à l’Orchestre, comme un Tailleur qui du même ciseau coupe les habits du théatre & un ornement Sacerdotal ; & ayant le même succès dans l’un & dans l’autre, il inspire tout-à-tout l’amour & la devotion.

240. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Et c’est nous inspirer le désir de pécher, Que montrer tant de soin de nous en empêcher. […] La présence de l’un m’est agréable & chère, Et l’autre par la vûe inspire dans mon cœur De secrets mouvemens de haine & de fureur, Elle m’est odieuse, & l’horreur est si forte… Cette fille ne péche pas par ignorance, elle connoît son tort : … Je sais, dit-elle, qu’il est honteux Aux filles d’expliquer si librement si leurs vœux.

241. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Saint Augustin a connu le danger qu’on courait à des représentations trop voluptueuses des passions qu’inspirent l’amour ; « J’avais, dit ce grand homme(3), un penchant éxcessif pour les Spectacles du Théâtre ; ils me peignaient au naturel mes faiblesses, me les fesaient aimer ; vantant la douceur des flammes amoureuses, ils entretenaient le feu qui me dévorait ». […] Je voudrais au moins qu’on mit un nom différent aux Drames qui nous sont inspirés par un Ouvrage licencieux, & malheureusement trop public.

242. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

En outre, chaque année, les Acteurs & les Actrices paraîtront sur le Théâtre, enchaînés ; & là, ils entendront, de la bouche de leur Supérieur, tous les reproches que l’on aura eu lieu de faire à chacun d’eux durant l’année ; il reprendra publiquement leurs vices, quels qu’ils soient ; il humiliera sur-tout, celles des Actrices à qui leur figure & leurs talens pourraient inspirer de la vanité, & dont on saura que les attraits auront fait quelque ravage parmi les Spectateurs. […] Caillot : Sa présence inspire la joie ; son Jeu ravit ; sa voix gracieuse & sonore remue les cœurs.

243. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

» « La source de l’intérêt qui nous attache à ce qui est honnête et nous inspire de l’aversion pour le mal, est en nous et non dans les Pièces. […] L’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même. »bm La belle découverte que vous faites là ! […] Vous l’aurez peut-être trouvé un peu moins odieux qu’Atrée, et vous croirez M. de Voltaire moins digne de censure, parce que son imposteur est en quelque façon puni par la mort de Palmire, et qu’il lui fait dire avec transport : « Il est donc des remords. » cg Malgré cela Monsieur je m’efforcerais, si je jouais le rôle de Mahomet, de le rendre aussi odieux qu’Atrée par la façon dont je prononcerais cette hémistiche : je ne l’exprimerais pas avec un transport involontaire qui laisse supposer un reste de sensibilité louable dans le cœur d’un Scélérat, et par laquelle on rappelle peut-être mal à propos l’indulgence ou la compassion du Spectateur ; je voudrais au contraire augmenter l’horreur que Mahomet inspire, en faisant sentir par mon expression que j’ai du dépit d’avoir aucun remord.

244. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Il est vrai que l’Athée périt à la fin ; mais l’Auteur déclare dans sa préface que son but a été de réjouir les spectateurs, et non de leur inspirer l’horreur de l’impiété et du crime. » (Ce trait a été supprimé dans quelques éditions.) […] On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses pièces, parce qu’on y tourne continuellement en ridicule les soins que les pères et les mères prennent de s’opposer aux amours de leurs enfants. » L’Abbé d’Aubignac, auteur, amateur, modérateur du théâtre, dont il a donné des règles dans sa Pratique, dit en parlant de Polyeucte de Corneille.

245. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Rien de plus ignoble et de plus méprisé qu’un métier uniquement destiné et occupé à enseigner, à inspirer, à pratiquer tous les vices. […] « Liberalitates illas omni reipublica valde suspectas, quæ civitati nullum ornatum, nullam plebi utilitatem, solam dumtaxat voluptatem et delectationem afferant et otio favent, placuit tolli: » Et dans le beau panégyrique de ce Prince, Pline le loue d’avoir chassé les Comédiens de Rome, et inspiré au peuple le dégoût du théâtre, l’aversion pour ces molles et indécentes représentations, qu’il applaudissait dans les autres Empereurs : « Idem populus scenici aliquando Imperatoris spectator et applausor, nunc in Pantomimos adversatur artes effeminatas damnat, et indecora studia. » Les mauvais Princes même, dans des instants de raison et de vertu, rendaient justice à l’infamie de ce métier.

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