/ 288
76. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Il est étrange qu’on mendie de la protection pour un mauvais Livre, dans le langage des saintes Lettres. […] Langage énorme ! […] n’eût-on égard ici qu’à la modestie, il sied très mal à une femme de parler d’elle de la sorte : ce langage d’Angélique était des plus insipides, sans l’allusion impie par où le Poète a cru y apporter un grand assaisonnement. […] le démon était pour ainsi dire un saint dans ses Oracles par rapport à ce qu’il est dans ses Comédies : ses blasphèmes n’ont fait que croître à mesure que son langage s’est enrichi ; et l’on s’imaginerait aujourd’hui que Légion était une Muse. […] En un mot, l’impiété ne sert qu’à nous apprendre d’avance le langage des réprouvés.

77. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

ils ont bien-tôt appris un langage que tous les Chrétiens devroient ignorer. […] & souffriroit-on sans horreur l’impieté de ce langage ?

78. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Le langage y est plus châtié, mais il n’en ternit pas moins l’esprit, n’en corrompt pas moins le cœur. […] En un mot tous les Prédicateurs, anciens & modernes, ont tenu le même langage.

79. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

C’est le langage de tous les théatres : On ne peut résister à l’amour. […] Le langage de l’Ecriture, indifférent pour les Patriarches & les Prophêtes, seroit pour nous licentieux. […] Ce langage est sur-tout dangereux dans un siécle où d’un côté les impiétés sont communes, & de l’autre le luxe, bien loin de passer pour un crime, est regardé comme avantageux à l’Etat, où l’on en fait l’apologie, où l’on s’en fait une loi de décence, une sorte d’étiquette attachée à la dignité, à la fortune, à la noblesse, & où les plus moderés ne le croient qu’une faute legere. […] Ce langage, l’écho de celui du siécle, ces idées, qui en rendent le véritable esprit, font de l’incrédulité un jeu qui amuse, un ton qui a imposé un air de bel esprit, dont on se fait honneur, une espece de scene comique.

80. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Combien notre langage sera différent ! […] La jeunesse studieuse, surtout, s’y presse pour admirer sur la scène les œuvres classiques des maîtres après les avoir étudiées dans le cabinet ; elle les fréquente pour y former son goût, purifier son langage, modifier ses usages et ses habitudes ; elle y cherche, elle y trouve le complément de son éducation. […] Dans les ouvrages de nos auteurs modernes, son goût accueille, approuve tout ce que nos pères auraient approuvé, accueilli, et ce goût épuré d’après nos nouvelles mœurs, réprouve ce que nos pères, plus indulgents, auraient peut-être permis et souffert, soit dans l’action, soit dans le langage. […] Et cependant, c’est le langage que nous avons entendu tenir à nos missionnaires, et voilà le résultat auquel ils voulaient parvenir.

81. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Franc-homme a le langage d’un brutal ; il trompe une veuve, il en débauche le fils et le révolte contre sa mère. […] Iacynte dans L’Astrologue Joué ne connaît point cette maxime de Pinacium : jugeons par son langage de ses sentiments de respect pour son père. […] Les mœurs suivant le langage de la poésie consistent dans une juste convenance des actions avec les personnes de qui viennent ces actions. […] dame le pion à tous les autres, et n’aura pas aisément son pareil en brutalités à l’égard du sexe : mais son langage l’exempte d’être cité.

82. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

On pardonne aux héros de a fable ce langage d’opéra, on est accoutumé à les entendre parler en chantant, la musique fait partie de la fiction & du merveilleux ; mais, pour un grand Prince avec ses généraux, au moment de la bataille, ces folies sont insoutenables. […] Sa patrie, son éducation, sa société avec les paysans béarnois, dans son enfance & dans sa jeunesse, le style, le langage, la vie du pays, voilà la Poule-au-pot, & ces traits populaires qui semblent à la Cour des phénomenes, parce qu’ils y sont inconnus & étrangers. […] Tout cela s’accorde mal avec la majesté royale : il se dégrade encore au-dessous de l’Ambassadeur, par le langage même qu’il lui fait tenir. […] Jamais Henri n’a tenu ce discours : il a été fabriqué dans le dix-huitieme siecle ; il en a le style & le langage, & non celui de son temps : il y a même des termes nouveaux qu’on ne connoissoit pas alors. […] Qu’on consulte ses Lettres, dont on vient de donner une édition, on y trouvera quelques saillies, des naïvetés, des sentimens de bonté, mais on n’en peut soutenir la lecture, le langage, l’ortographe, la monotonie.

83. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

En effet, il y eut réellement des vaudeville sur le parlement chantés mélodieusement sur la scène, & répétés par le parterre, & de-là dans toute la ville, qui croyoit ne pouvoir mieux plaire aux sénateurs qu’en parlant le langage de Thalie. […] Les éloges que les papiers publics ont prodigué à cette étrange composition, sont le langage de la passion dont elle a excité les mouvemens criminels. […] Est-ce un langage chrétien ? […] C’est un langage déiste qui méprise toutes les religions & n’en a aucune. […] Il fait tenir au pape Paul IV, toutes les fois qu’il donnoit audience aux ambassadeurs, pour les rendre ridicules, un langage qui n’est pas même dans les idées ultramontaines.

84. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Ses Fables sont très-bonnes & très-utiles, ses Contes ne sont pas plus mauvais que les farces de Moliere, son langage est plus pur, plus noble. […] Ce sont des Évêques, dira-t-on, que leur état oblige à tenir ce langage. […] parce que c’est le langage de la vérité, de la religion & de la vertu, dont ils sont les organes. […] Quelques-uns méritent des éloges ; mais les trois quarts ne font que le langage des halles, rimé, & assez mal. […] Cet indécent galimathias, qui habille le libertinage d’un langage de religion, ne dévoile que trop un cœur corrompu qui sacrifie à sa passion le Prélat qu’il fait semblant de louer, & la pudeur qu’il fait rougir.

85. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

qui seroit assez endurci pour souffrir, sans horreur, toute l’impiété de ce langage ? […] Mais êtes-vous de bonne foi, quand vous tenez ce langage ? […] Voilà le langage de la plûpart des mondains. […] qui peut tenir ce langage ? […] qui peut tenir ce langage ?

86. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Parce que les Héros qu’elles représentent ne parloient pas ce langage ; & qu’il diminue la vraisemblance & l’illusion Théâtrales.

87. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

L’Obscénité du Théâtre Anglais dans le langage, page 1 Suite de cette licence de nos Poètes modernes, 3 L’obscénité ; contre le savoir vivre aussi bien que contre la Religion, 7 Le Théâtre Anglais scandaleux au souverain degré sur ce point, 11 La modestie, caractère propre des femmes, 13, et suiv.

88. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

La politesse Française, en épurant les manières et le langage, a rendu aussi la scène plus polie et plus délicate ; on n’y voit plus la férocité Anglaise, la grossièreté Gauloise, les bouffonneries des Trivelins, les platitudes des halles ; tout cela est banni de la société des honnêtes gens, quoique l’opéra comique, les théâtres de la foire, les spectacles des boulevards, les farces, les théâtres de province, soient encore fort éloignés d’accéder à la réforme. […] Les attraits de la passion, le goût du vice, le langage du péché, les mouvements du cœur, les nudités, les attitudes séduisantes, la magie de la décoration et des parures, les pièges de la coquetterie, les agaceries, la vénalité des Actrices, les adresses de l’hypocrisie, les artifices de la fourberie, etc. toutes ces batteries de l’enfer sont autant et plus que jamais dressées au théâtre. […] Il y a grand péril à divertir le peuple par des plaisirs qui peuvent produire un jour des douleurs publiques, il nous faut bien garder d’accoutumer ses yeux et ses oreilles à des actions qu’il doit ignorer. » L’Académie avait alors fort peu d’Auteurs dramatiques ; aujourd’hui qu’elle en foisonne, je doute qu’elle tînt le même langage.

89. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Ce n'est pas un vice de langage : on peut être respectueux sans savoir la langue, et manquer très élégamment au respect. […] Quoiqu'on trouve au théâtre l'obscénité, le burlesque, le mensonge, qui pendant un siècle en ont fait le seul langage, et dont il n'est pas encore bien purgé, ce n'est pas ce que je traite ici.

90. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Mais enfin les hommes sont faits de manière qu’il faut de l’appareil pour les convaincre ; et on ne peut douter que la pureté du langage, la sublimité du style, la beauté des expressions, la variété des figures, et la cadence des périodes ne fassent plus d’effet sur leur esprit, que les raisonnements les plus exacts. […] C’est pourtant le langage du sens commun de dire, que c’est une espèce de frénésie d’aimer mieux employer mille pistoles en Tableaux que de donner un écu à un pauvre, qui est notre frère en Jésus-Christ, et de même nature que nous.

91. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

Mais j’aurais dû sentir que ce langage n’est plus de saison dans notre siècle. […] L’opinion publique s’y soumet à la longue : Qui a poli les mœurs et le langage des Athéniens, si ce n’est leur Théâtre ?

92. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

Ce n’est pas qu’il y ait des méchants qui parlent ce langage aux autres, mais c’est qu’ils parleraient de la sorte s’ils parlaient selon le fond de leur cœur, que ces paroles nous représentent.

93. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Il est dans la plupart des piéces, soit pour faire un contraste, soit pour lier une intrigue, des rôles infames, dont on ne peut faire les actions, avouer les sentimens, tenir le langage, par conséquent qu’on ne peut ni représenter, ni composer sans avoir perdu toute honte. […] Quel langage est plus barbare que celui de l’irréligion & du vice ? […] Malheureusement la plupart des auteurs & des acteurs ne sont rien moins que des gens de condition ; ils n’en ont ni n’en savent donner les allures, & en tenir le langage, ils y sont tout neufs, & on voit bien qu’ils sont peu familiers avec la bonne compagnie. […] Les nuances des couleurs, les traits de la phisionomie, l’accent, les allures, le langage mettent entr’eux quelque différence.

94. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

La danse est le geste qui peint le sens des paroles, l’air est le langage du cœu qui ordonne les mouvemens du corps. […] Le Théatre grec & romain l’étoit beaucoup moins ; les expressions qu’on s’y permettoit quelquefois étoient plus grossierement licencieuses ; leur religion, leur langage, leurs mœurs ne connoissoient pas les bornes que la politesse françoise ne permet pas de franchir : mais ce n’étoit que des momens de brutalité ; le fonds de leurs scènes, le cours de leurs drames, leur esprit, leur langage, à travers ses saillies de vice, étoient moins pêtris de corruption que le Théatre françois, qui ne respire autre chose. […] Qu’on ne s’imagine pas que ce langage soit emprunté des Peres de l’Eglise ; Bussi-Rabutin, courtisan fameux par les disgraces, conjura ses enfans, étant au lit de la mort, de fuir les spectacles, comme des lieux contagieux où il avoit perdu son innocence.

95. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Donc les desseins & les figures entrelassées sont les chiffres de quelques Themires, langage trop vrai, qui dit très-énergiquement que le théatre n’est que le vice présenté dans tous les points de vue. […] L’Esprit Saint, qui pour le bien de l’homme daigne s’abaisser jusqu’à parler son langage, & entrer dans le détail de ses mœurs, nous avertit du danger de cette tentation, & nous fournit des objets pour les combattre. […] Le Prophête tient le même langage aux Apotres ; qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent l’Evangile de la paix !

96. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

les peintures animées des passions, leur justification & leur analyse, les objets & les leçons, le goût & le sentiment du crime, les termes équivoques qui la laissent entrevoir, &c. sont un langage très chaste ! […] C’est assurément bien reculer les limites de la modestie, & lâcher la bride au libertinage, de ne proscrire que le langage des crocheteurs. […] Aussi quel langage se tiennent les Comédiens après la piece !

97. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Et comme toute sorte de vices paraissent sur la scène, un Comédien doit se naturaliser avec tous les forfaits, pour en prendre les apparences, le ton, les sentiments, le langage. […] C'est une orgueilleuse présomption de son mérite et de ses forces, une insultante fierté de sentiment et de langage. Le théâtre le plus épuré ne formera tout au plus qu'un philosophe, un prétendu sage, qui dédaigne les sentiments, les promesses, les vertus, le langage, les lois de Jésus-Christ ; encore est-il trop voluptueux, trop passionné pour former un vrai sage.

98. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

parler le langage du vice, en prendre les allures, en peindre les horreurs, en excuser les excès, en inspirer le goût, en faire sentir les mouvements, en ouvrir l'école, en donner des leçons, l'ériger en vertu, tromper, aveugler les hommes, fixer leur attention sur des objets méprisables et criminels, effacer les idées des biens et des maux éternels, pour ne mettre le bonheur ou le malheur que dans le succès ou les obstacles de la passion, s'en faire un art, un métier, un état de vie, y consacrer tous ses talents, ses moments, ses forces, sa santé ! […] Le théâtre présente à des yeux Chrétiens un second spectacle plus ridicule que la comédie, et bien tragique pour ceux qui comptent la mort de l'âme pour quelque chose : une foule de personnes assemblées pour s'oublier et se perdre elles-mêmes, méprisant leur principe et leur fin, la raison et la vertu, pour se repaître de chimères ; détruire le langage et les sentiments de la religion, pour ne parler que celui de la passion ; au lieu de travailler à corriger leurs vices, ne faire qu'en rire, et étudier l'art de les augmenter. […] Le plaisir du théâtre est précisément le contraire de la contrition, son esprit, son langage l'opposé de celui de la pénitence ; l'adultère, le meurtre, l'intrigue, la fourberie, la vengeance, etc. qui jouent constamment les plus grands rôles, elle s'en accuse, les déteste, et voudrait au prix de tout les anéantir, elle n'y pense qu'avec horreur, fallût-il mourir mille fois plutôt que de les commettre ou de s'y exposer.

99. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

Le Père et le poète étaient d’ailleurs aigris ; le poète, contre l’Académie, parce qu’il n’en était pas, quoiqu’il eût vivement postulé longtemps pour en être ; et le Père, contre des académiciens qui, le trouvant en compagnie, l’avaient raillé sur son langage.

100. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

Et, retournant desdits jeux, se moquaient hautement et publiquement, par les rues, desdits jeux et des joueurs, contrefaisant quelque langage impropre qu’ils avaient ouï desdits jeux ou autre chose mal faite, criant par dérision que le Saint Esprit n’avait point voulu descendre et par autres moqueries. […] Sont les joueurs artisans mécaniquesaa, comme cordonniers, savetiers, crocheteurs de grève, de tous états et arts mécaniques, qui ne savent lire ni écrire et qui onques ne furent instruits ni exercés en théâtres et lieux publics à faire tels actes, et davantage n’ont langue diserte, ni langage propre, ni les accents de prononciation décente, ni aucune intelligence de ce qu’ils disent, tellement que le plus souvent advient que d’un mot ils en font trois, font point ou pause au meilleur d’une proposition, sens ou oraison imparfaiteab, font d’un interrogant un admirantac ou autre geste, prolation ou accents contraires à ce qu’ils disentad, dont souvent advient dérision et clameur publique dedans le théâtre même, tellement que, au lieu de tourner à édification, leur jeu tourne à scandale et dérision.

101. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Le charme du spectacle, les actions qui y sont représentées, l’artifice de la Poësie, & l’enchantement des paroles par lesquelles elle flatte la corruption du cœur, étouffent peu-à-peu les remords de la conscience, en appaisent les scrupules, & effacent insensiblement cette pudeur importune, qui fait d’abord qu’on regarde le crime comme impossible ; on en voit non-seulement la possibilité, mais la facilité : on en apprend le chemin, on en étudie le langage, & surtout on en retient les excuses. […] Ainsi, soit que le Spectacle ne cause qu’un trouble & une émotion passagere qui paroît d’abord innocente, soit qu’il excite ou qu’il rappelle des passions plus durables que l’action & le langage de la Tragédie authorisent & justifient ; c’est sans doute dans ces deux effets que consiste principalement le grand plaisir que les hommes y prennent. […] Quoique parmi nous, la Langue Poëtique ne soit pas aussi éloignée du langage ordinaire qu’elle l’étoit chez les Grecs, & que leurs Poëtes ayent eu par-là un grand avantage sur les nôtres, il reste néanmoins assez de différences même dans notre Langue, entre le style de la Poësie & celui de la Prose, pour nous faire goûter le plaisir d’entendre un langage plus noble que celui qui nous est ordinaire. […] C’est encore plus par la noblesse des pensées, par la hardiesse de l’expression, par la vivacité des images, par la variété des figures, & par la liberté des mouvements, que la Poësie s’éleve au-dessus du langage vulgaire, & qu’elle fait sur nous des impressions si sensibles.

102. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il parle un langage poli, châtié ; (quoiqu’il se sente toujours de son accent, qui, malgré lui, le fait trop souvent reconnaître) il ne présente que des images riantes et agréables ; ses manières séduisantes affectent l’âme de sentiments qui lui sont toujours favorables. […] femmes Romanesques qui affectent un langage à la mode. […] Elles ne roulent toutes que sur des intrigues amoureuses ; on y apprend à connaître ce malheureux sentiment dans tous ses degrés, dans tous ses caprices, à le sentir, à l’inspirer, à parler son langage. […]  » Dire que les Comédies enseignent le langage des passions, ce n’est point un raisonnement outré ; l’expérience confirme tous les jours le sentiment de M. […] Elles s’accoutument à entendre un langage, que ceux-là apprennent à leur parler.

103. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

La Tragédie Moderne fut longtems très-galante, j’en ai dit la raison, & non contente de parler un langage qui l’avilit, elle fut longtems sans connoître aucune vraisemblance dans l’Imitation.

104. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Et tout cela n’était point l’effet d’un moyen prémédité, c’était celui de la grandeur des sentiments et de l’élévation des idées, qui cherchaient, par des accents proportionnés, à se faire un langage digne d’elles.

105. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

J’abandonne cette critique aux gens du métier sans apprécier leur mérite littéraire ; je me borne à l’intérêt des mœurs, & sur ce point Metastasio est un des plus estimables ; il ramene tout à la vertu, par tout il en offre le modèle, il en parle le langage. […] C’est la manie des gens sans religion ou sans lumiere de ramener tout au ton & à l’esprit du siecle, jusqu’à changer les principes, les idées & le langage. […] Voilà toute la piece des Guebres ; son objet, sa fin, son intrigue, son dénouement, son langage, la liberté de conscience de toutes les religions. […] Quelque bien ou mal fait que soient l’un ou l’autre, & quelque esprit qu’ils aient ou qu’ils n’aient pas, on ne fait pas parler à un Prince le jargon du village, ni à un manant le langage de la Cour. […] On peut même distinguer quelques gestes ; mais on n’apperçoit pas les traits de la physionomie, il faut avertir, c’est un tel mort, encore moins le langage des yeux, les passions peintes sur le visage.

106. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

En effet c’est là qu’une jeune personne apprend comment on peut se livrer à des intrigues dangereuses en échappant à la surveillance de ses parents ; c’est là qu’une femme, jusque-là modèle de la fidélité conjugale, oublie peu à peu ses principes, s’habitue à entendre sans rougir des propos obscènes, sourit au langage spirituel d’un libertin et en vient quelquefois à se précipiter dans l’abîme. […] dit-il à ses amis, des maximes qui feraient horreur dans le langage ordinaire se produisent impunément ; dès qu’elles sont mises en vers elles montent sur le théâtre. […] bien, écoutez le langage d’un célèbre acteur du théâtre Italien de Paris, auquel il renonça par principe de religion.

107. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Laurens tint au Tyran un pareil langage : Voici les trésors de l’Eglise , dit-il, en montrant les pauvres. […] Un homme vain dans ses parures l’est ordinairement dans son langage & dans ses mœurs. […] De même dans le moral l’hypocrisie, un air, un langage dévot, des apparences de regularité, une multitude de bonnes œuvres, étalées pour se faire estimer, comme chez les Pharisiens, c’est un fard, un vrai crime que Dieu punit.

108. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Le fleuve suivit la pente & reprit son cours, la comédie devint intolérable ; toutes les nations où elle se produisit furent indignées ; les ordonnances des Rois, les plaintes réitérées des États généraux, les arrêts des Parlemens, le châtiment, le bannissement, la suppression de différentes troupes, enfin les idées communes, le langage ordinaire, qui par un consentement unanime de tous les peuples & de tous les siècles, depuis la Chine & le Japon jusqu’en Portugal & en Écosse, a fait du nom de Comédien une injure proverbiale, une expression de mépris, de folie & de vice, peuvent en convaincre les plus incrédules. […] Quel langage, lorsque d’intelligence ils se confient leurs feux, & mutuellement les allument ! […] Encore même ces excès doivent faire éviter les spectacles, car c’est là qu’on apprend à les commettre, qu’on en reçoit le germe, qu’on en prend le goût, qu’on en apprend se langage, qu’on en découvre les moyens, qu’on en trouve les objets à un prix raisonnable, qu’on en concerte l’exécution, qu’on en prélude le plaisir.

109. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Mais s’il s’agit de parler le langage, de peindre les folies, d’inspirer des sentimens d’amour, les voilà dans leur centre, tout est facile, tout est agréable, foiblesse, timidité, pudeur, religion, elles bravent tout. […] Tout est à leurs pieds & les adore ; pour elles on célèbre des fêtes, pour elles on chante des cantiques, pour elles se débite une morale de leur goût & un langage qui ne fait qu’établir leur empire. […] La poësie les ravit, sur-tout une poësie légère, badine, vive, saillante, tendre, harmonieuse : celle du théatre, on l’apprend par cœur, on la récite, on en fait son langage ; jamais déclaration ne fera mieux reçue que quand elle sera prise dans quelque opéra.

110. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Le goût des spectacles se répand de plus en plus, dit le Mercure de décembre 1767, & il n’y a que lui qui tienne ce langage : preuve que la raison s’est perfectionnée (ou plutôt corrompue) jusque dans les amusemens. […] De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] Parler le langage du crime, paroître l’aimer, s’y déterminer, le commettre, en inspirer le goût en exprimer les mouvemens, en diminuer l’horreur, en excuser l’excès, le traiter presque de vertu, en étaler les objets, parler de tous leurs charmes, travestir les fureurs en héroïsme : quel scandale public !

111. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Un Comédien de son temps, qui ne jouoit que des rôles de femme, s’y étoit si fort accoutumé, que même chez lui & en habit d’homme, il avoit la contenance, le geste, la voix, le langage, tout l’extérieur d’une femme ; on le prenoit pour une femme habillée en homme. […] L’esprit n’est plus qu’un faux brillant, Les caresses qu’un faux semblant, Fausse gloire, fausse grandeur, Par-tout loge le faux honneur, Par-tout on voit fausse noblesse, Faux airs, fausse délicatesse ; Vertu nous montre un faux maintien, Clindor un faux homme de bien, Le cœur est faux chez Amarante, Lise est une fausse savante, Fausse apparence, faux dehors, Faux bruits, faux avis, faux rapports, Les graces un faux étalage, Les promesses un faux langage. […] C’est un artifice du démon ; en se repaissant de la représentation, on s’apprivoise avec la réalité, bien-tôt on le commettra ; on apprend le langage de l’enfer, bien-tôt on le parlera.

112. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Un acteur doit avoir ce talent, &, pour bien rendre son rôle, accompagner les paroles de ce langage. Mais, quoiqu’il ne soit pas en état de faire comme Novere un piece entiere en pantomime, tous les hommes, mêmes les enfans, le peuple, les muëts & les étrangers, qui ne savent pas la langue du pays, parlent & entendent naturellement ce langage : la passion l’enseigne, les femmes sur-tout y sont éloquentes, parce qu’elles ont plus de délicatesse & de sensibilité.

113. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Y a-t-il quelqu’un assez aveugle, ou assez endurci pour pouvoir souffrir sans horreur l'impiété de ce langage ?

114. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Mais, dit-on, (c’est le langage commun) je suis sûr de n’y faire aucun mal.

115. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Vous douteriez des vérités saintes que vous avez crues fermement jusqu’ici, vous vous accoutumeriez à parler un langage doucereux et romanesque, et à tenir des propos dont votre innocence ne rougirait plus : vous deviendriez une femme sans principes et sans mœurs.

116. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Mais toutes ces sortes de libelles, où la haine et le mensonge prennent impudemment le langage de la vérité, dégoûtent les plus beaux génies, étouffent les talents, et détruisent l’émulation.

117. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Il change jusqu’au langage de la Religion, quoiqu’il en emprunte les idées : la charité est bienfaisance ; la douceur, la patience, l’humilité sont des affections sociales ; les penchans au bien, les remords de la conscience un instinct naturel. […] La partie morale, ces tableaux des vertus & des vices ne sont qu’un Evangile déguisé par un langage qu’il se fait, & qui ne laisse voir que la nature. […] C’est le langage des Libraires qui donnent une nouvelle édition. […] Erreur, la plupart des pieces en sont voir les douceurs & non les excès, & dans les excès même les graces de l’actrice qui les représente, les sentimens qu’elle éprouve, le langage qu’elle tient, ont déjà corrompu le cœur avant que l’excès arrive.

118. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

C’est la même raison dans les conversations tragiques : les princes ne parlent pas plus en vers que les bourgeois, & jamais les passions, ni des grands, ni des petits, n’ont emprunté le langage des muses. […] La poësie est le langage des dieux. […] On veut la pompe des vers pour les uns, la simplicité de la prose pour les autres ; sur quoi même on n’est pas d’accord : les uns croient que la majesté des endroits sublimes demande le langage des dieux, comme la majesté du trône, l’éclat du faste, & que les autres peuvent être laissés dans les haillons prosaïques de la bourgeoisie. […] Je suis persuadé cependant que peu-à-peu on surmonteroit cet obstacle, qu’enfin la prose regneroit sur la scène aussi-bien que les vers, qu’à la fin même elle chasseroit un langage qui n’est pas naturel dans la société, qui anéantit plus de beauté qu’il n’en met au jour, & augmente infiniment le travail de la composition.

119. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

La peinture est un langage, & le discours un tableau ; la modestie doit donc également regner dans l’un & dans l’autre ; la peinture doit être aussi chaste que le langage : c’est une des bonnes qualités de la langue Françoise, d’être naturellement modeste ; nous l’avons prouvé dans une autre occasion, par un Discours exprès sur la chasteté de la langue Françoise ; il s’en faut bien que le pinceau, que le burin soient aussi retenus que l’homme sage ; quelle honnête femme oseroit faire la description du corps humain, en nommant les choses par leur nom, comme une estampe les prononce & les étale ?

120. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Caffaro, dit très-judicieusement : Le langage en est meilleur qu’il n’appartient aux étrangers. […] Ces nouveaux athlétes, ont pris un ton dévot, un langage de Théologien, de casuiste, des airs de Prince. […] Dans sa vie édifiante qu’a donné de son pere, Racine le fils, malgré l’analise, l’éloge, l’apologie qu’il fait de ses ouvrages, du côté du style, du langage, de la composition, foiblesse qu’il faut pardonner à la tendresse filiale, dans un homme plein de Réligion qui travailla utilement pour elle, quoique ses préjugés ayent quelquefois répandu des ombres sur la vérité.

121. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Mais ce n’est plus l’état de la question ; qu’on lise les paroles, que la mémoire les rappelle, ou qu’on les entende prononcer, ce n’est plus voir en sourd, qui ne sait rien des paroles, & dévine le langage sur les mouvemens, ce qui fait l’éloge de la justesse de la déclamation & de la sagacité du spectateur. […] Ce langage est très-vif, même seul, quand on le fait très-bien, à plus forte raison quand il est bien d’accord avec les paroles. […] On peut se faire entendre sans gestes, un Pantomime sans paroles, mais on n’excite pas si aisément les passions, ou n’imprime pas des idées aussi vives & aussi promprement que quand on réunit ces deux langages.

122. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Un Chretien ose-t-il tenir ce langage ? […] Le ton petillant & cavalier à la modestie & à la pudeur ; elle annonce le caractere & les maneges d’une coquette qui a toujours la même façon de se mettre, la même demarche, les mémes manieres, le même jargon, & au milieu de son changement perpetuel d’ajustement & de fantaisie, de conversation, entraînée par son temperamment, ne la porte que vers les plaisirs faciles, quelquefois raisonnables, mais par caprice ; il est fâcheux que cette muse pétillante & legere paroisse gâtée par le commerce des actrices, trop de complaisance à parler d’elles, à en affecter le langage, est un defaut qui la depare On ne peut pas se plaindre. […] Les Baisers & le Mois de mai sont deux Poëmes infâmes du sieur Dorat, une suite des tableaux obscenes & des nudités a demi gazées par un langage élégant & des vers faciles, une imagination riante qui assaisonne le vice & le fait boire à longs traits.

123. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

L’expression est l’art de représenter par des signes reçus des idées ou des actions passées, de les rendre sensibles par le langage, comme les couleurs les font revivre dans un Tableau.

124. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Erit tempus1 cùm sanam doctrinam non sustinebunt, sed ad sua desideria coacervabunt sibi magistros prurientes auribus  : en vain la vérité s’offre encore, elle voudroit se faire entendre ; elle déplaît, on en détourne les yeux, on ferme l’oreille à sa voix, on ne veut envisager que les attraits du scandale, ni écouter que le langage de l’imposture A veritate auditum avertent, ad fâbulas autem convertentur.

125. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Ceux qui n’étaient pas initiés aux mystères de ces Spectacles, avaient besoin d’un Maître qui leur en donnât l’explication ; l’usage apprenait aux autres a deviner insensiblement ce langage muet.

126. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Si elles savaient en quoi consiste la vraie vertu, elles tiendraient un langage bien différent.

127. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Quand elles auront appris un jour de l’Ecriture et de l’Esprit de Dieu, en quoi consiste la vraie vertu, elles tiendront bien un autre langage.

128. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Cependant ils n’approcheroient pas encore des graces de la vieille Comédie Grecque, parce que la Langue Latine ne paroît pas à Quintilien susceptible des graces infinies du langage Attique : ce qui lui fait dire, Loin d’égaler la beauté de la Comédie Grecque, à peine en avons nous l’ombre. Si malgré l’élégance du stile de Plaute & de Térence, les Romains ont eu à peine l’ombre de la Comédie Grecque, que dirons nous, par rapport à cette beauté de langage & d’harmonie de notre Comédie, & sur tout de nos Piéces en Prose ?

129. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Vous reconnaissez que Dieu vous ordonne la pureté dans la conversation, qu’il vous défend les discours insensés et les plaisanteries indécentes aussi sévèrement qu’il vous défend de prendre son nom en vain : vous savez qu’il vous a été recommandé de ne laisser échapper de votre bouche aucune parole impure ; et néanmoins vous allez dans un lieu où vous n’entendez qu’un langage impur et profane ; les hommes que vous voyez ne vous entretiennent que d’objets grossiers et immoraux ; ces hommes sont chargés de revêtir toutes ces obscénités de toute la magie du langage, afin de vous en faire avaler le poison, et ils poussent si loin cet art funeste, qu’il n’est point de mauvaise compagnie qui pût vous être aussi fatale !

130. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Les titres, les erreurs, les songes du monde n’ont jamais ébranlé les principes de Religion que je vous connois depuis si long-temps : ainsi le langage de cette Lettre ne vous sera point étranger, & je compte qu’approuvant ma résolution, vous voudrez bien m’appuyer dans ce qui me reste à faire pour l’établir & pour la manifester.

131. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Si un Magistrat tenoit ce langage, nous lui répondrions : Vous n’êtes point vous seul Interpréte de la Loi, il faut attendre que vous ayez de votre côté la pluralité des suffrages, nous ajouterions : Vous êtes l’Interpréte des Loix civiles, mais les décisions qui concernent la foi dans sa morale & dans ses dogmes, sont du ressort exclusif des Ministres de l’Eglise ; vous avez votre objet, les Prélats ont le leur : l’un & l’autre n’ont aucune dépendance respective.

132. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Il vous semble que les Auteurs qui ne peuvent faire tenir le même langage à leurs Héros, feraient mieux de les choisir dans un Pays où l’on ne les ait pas tant mis en œuvre ; et vous dites qu’un Grand-homme de notre France dont la Vie serait pleine de belles Actions, et qu’on ferait parler comme naturellement les honnêtes Gens y parlent, ferait pour le moins autant de plaisir à voir, que des Héros dont les Noms paraissent tout usés à force de les entendre répéter.

133. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

J’ai trop bonne opinion des Poètes, pour supposer qu’aucun d’eux puisse penser de la sorte ; et je crois aussi que, parmi les Spectateurs, il n’y aura qu’un petit nombre de gens peu instruits qui pourront tenir un pareil langage.

134. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

… Qu’elles apprennent de l’Ecriture et de l’Esprit de Dieu, en quoi consiste la vraie Vertu ; et alors elles tiendront un tout autre langage. […] disait-il, des maximes qui feraient horreur dans le langage ordinaire, se produisent impunément, dès qu’elles sont mises en vers ! […] Il se moque, avec raison, de ces personnes qui disent fort sérieusement que Molière a plus corrigé de défauts lui seul, que tous les Prédicateurs ensemble. » Jean-Jacques Rousseau, dans un de ces moments lucides où il parlait le langage de la Vérité, a porté contre le Théâtre un jugement fondé sur sa propre expérience.

135. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Ce langage d’un Libraire qui cherche à débiter son orvietan, tel qu’est celui de tout ce programme, ne mériteroit que du mépris, comme toutes les charlatanneries. […] Le Commis qui entendit l’un & l’autre langage fit semblant de la croire, & la laissa passer. […] La religion s’accommode aussi peu de cet absurde langage.

136. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Antonin qui le copie près de deux siecles après, tiennent le même langage. […] En matiere de restitution & d’administration des sacremens, tout le monde tient encore le même langage.

137. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Elle est loin, selon moi, d’approcher de l’élégance & de la douceur du langage Français. […] Je demande à ces gens délicats, qui ont tant de peine à écouter les ouvrages de nos Compositeurs, s’il résulte d’un langage aussi rimé une harmonie agréable ?

138. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

« Si je parle les langues des hommes et le langage des anges, et que je n’aie point la charité, je ne suis que comme un airain sonnant et une cymbale retentissante. […] Il est temps de réformer les mœurs, le langage et les principes des prêtres fanatiques qui, en divers pays, et principalement en Espagne et en Portugal, nuisent aujourd’hui à la religion chrétienne, apostolique et romaine.

139. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Cependant combien y a-t-il de pères et de mères qui souffrent sans scrupule que leurs enfants se remplissent l’esprit et la mémoire de ces Chansons, qu’ils les chantent en leur présence et avec plaisir ; de sorte qu’en les répétant librement, ils s’accoutument insensiblement à perdre la honte et la pudeur, qui les ferait rougir dans un âge plus avancé de les entendre, si on ne les avait accoutumés de bonne heure à ce langage corrompu. […] N’endurez point que des bouches qui doivent être un jour sanctifiées par la nourriture céleste du Corps de Jésus-Christ, soient profanées par des Chansons infâmes, et que des langues qui doivent être teintes dans le Sang du Sauveur, se servent d’un langage tout corrompu.

140. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Les amateurs françois sont des femmes que l’amour a métamorphosé : qu’on examine la parure, le langage, la voix, les gestes, les allures, les sentimens, la mollesse de ces êtres efféminés par le libertinage ; ce sont des actrices qui jouent quelques rôles d’hommes. […] C’est le langage du fanatisme dans la bouche d’Horace, de Cinna, de Cornélie, Shakespear n’ayant plus la même faveur sous Jacques I, plus savant que poëte, plus théologien qu’amateur, quitta le théatre & la capitale. […] Son langage est obscur, incorrect, ignoble, son style d’une familiarité basse, la plus populaire ; boursouflé & gigantesque quand il veut s’élever, plein de rebus, de jeux de mots, de mauvaises pointes, de bouffonneries de Tabarin jusques dans la bouche des héros de ses tragédies les plus sublimes.

141. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

On la mène aussi-tôt à la comédie ; on y représentoit Zaïre, piece noble, dont le langage est décent. […] Il fait remarquer plus de deux cents fautes de langage dans un des livres qui passe pour le mieux écrit.

142. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Il est pourtant vrai qu’il y a peu de Religieuses forcées, & peu qui s’oublient sur le vœu de chasteté ; que les railleries & les accusations si ordinaires dans le monde ne sont que le langage d’un cœur corrompu, qui ne jugeant des autres que par lui-même, s’imagine & voudroit persuader que tout est vicieux comme lui. […] Mais le Magistrat qui souffre qu’on les expose sur la scene, qu’on en frappe les yeux & les oreilles des citoyens, qui ne craint pas la funeste impression que cet affreux langage laisse enfin dans leur esprit & leur cœur, ce Magistrat est-il plus sage ?

143. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

.° C’est une déclamation, un langage très-énergique, très-animé, très-insinuant. […] Telle est la danse théatrale, c’est l’art porté à la perfection ; elle étale, toutes les graces du corps, elle peint toutes les passions du cœur, elle parle tout le langage de l’amour ; chaque danse est une scène pantomime qui dit tout ce qu’on veut, c’est une sorte de toilette où l’on se montre dans le jour le plus favorable.

144. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Mais qu’une jeune Beauté, dont l’innocence n’est point un problème, parle le même langage, les plus libertins seront forcés d’y reconnaître, d’y respecter sa candeur & son ingénuité. […] Ses voluptueux accens demandaient les cœurs avec le langage de la vertu ; mais c’était pour les livrer à la corruption.

145. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Le parler élégant, la propriété du langage, les douces Métaphores, la licence des mots et des sentences lesquelles embellissent les oraisons,Quint. li. 10. ch. 2. ex Theophrasto. […] Nigidius donne le premier lieu d’entre les Comiques à Célius : et Varron dit, que si les Muses voulaient parler Latin, elles parleraient le même langage que Plaute.

146. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Il sut corriger les Précieuses de leur langage affecté ; il couvrit de honte les agréables de la cour, en exposant sur la Scène la peinture de leurs travers.

147. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Toujours environnés de bas adulateurs qui ne craignent rien tant que de compromettre ou leur fortune ou leur crédit, les grands n’entendent jamais le langage de la vérité. […] Le langage du fanatisme dans la bouche d’un prêtre voué au culte des idoles, n’était pas assez fort pour décréditer la religion et ses ministres : un auteur plus moderne et plus hardi l’a mis dans celle même d’un pontife honoré des premières dignités de l’église Romaine. […] N’est-il donc point de milieu entre la dignité de la parole évangélique et le langage de l’impureté ? […] Ce n’était point ce style ingénieux et tendre Qui semble attacher l’âme au plaisir de l’entendre ; Ce langage épuré qu’une sensible voix Parlait si doucement à l’oreille des rois ; C’était un orateur saintement populaire, Qui, content d’émouvoir, négligeait l’art de plaire. […] L’un et l’autre ayant toujours et les mêmes habitudes et le même langage, il ne verra jamais que simulation et qu’hypocrisie, partout où la religion exercera son empire.

148. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Jamais curieux ne fut assez sot pour tenir ce langage ; il faut être plus sot que lui pour le lui prêter. […] Chaque estampe est accompagnée de quelques vers Latins, & d’un grand nombre de vers François, en mauvais langage, & en dialogue, entre la mort qui appelle, & la personne représentée, qui apporte les raisons pour différer ce moment fatal, & la mort inexorable qui l’entraîne.

149. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Ce fruit de son Apostolat lui couta peu : à l’exception de quelques personnes qui fréquantoient l’Hôtel de Rambouillet, il n’y avoit pas vingt personnes dans le Royaume qui affectassent ce langage puérile. […] Il y a bien d’autres sortes de Precieux que celui du langage auquel le Missionnaire si vanté n’a pas donné ses soins.

150. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Adam & Eve & leurs enfans, qui en eussent été les contemporains, peuvent-ils tenir ce langage ? […] Mais ce qui est inexcusable, ce sont les hérésies qu’il y seme, non à dessein, mais pour vouloir traiter poëtiquement des vérités sublimes, bien supérieures au langage du Parnasse, qui ne peut que les défigurer, & que son traducteur, moins théologien que lui, a mal rendu.

151. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

On dit dans le monde que l’on joue pour tuer le temps ; est-ce là, je vous prie, un langage Chrétien ? […] Quand vous êtes aux pieds des Confesseurs, vous changez bien de langage ; la vérité et votre conscience vous contraignent d’avouer tout ce que nous venons de dire, et souvent votre plus grand malheur et celui des autres femmes, ou des Filles vient d’un premier entretien dans un bal, ou de quelque autre divertissement, dont on leur a donné le régal, et qui les a fait tomber.

152. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Que présumer de là, sinon que si ces libertins et ces fils dénaturés venaient souvent aux spectacles, s’ils prenaient plaisir pendant deux heures par jour à entendre le langage de la Vertu, si l’on pouvait les habituer à venir souvent se convaincre de ses avantages dans nos Tragédies, l’amour naturel que vous leur supposez pour la Vertu deviendrait plus efficace. […] C’est comme si l’on disait qu’un voleur de grand chemin aime beaucoup un voyageur parce qu’il lui souhaite beaucoup d’argent pour en avoir plus à lui voler : mais lorsque je vois un cœur endurci contre la tendresse et la morale d’un père, contre les larmes et les caresses d’une mère, s’amollir au spectacle et se laisser pénétrer du langage de la Vertu ; je suis convaincu que la scène la rend aimable, et que c’est un moyen des plus sûrs pour opérer la conversion de mon jeune homme.

153. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Il n’y a que des Comédiens qui puissent tenir cette conduite et ce langage. […] Un mois après il change de langage, reconnaît son sang, qu’il avait désavoué, et reprend la qualité de tuteur.

154. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

 77) excommunie les filles Chrétiennes qui se marient à des Comédiens : « Si quæ fidelis viros Scenicos habeat, à comunione arceatur. » Le concile de Carthage (ann. 398.) étend l’excommunication à ceux qui au lieu de se trouver à l’office ou aux assemblées des fidèles, s’en vont aux spectacles : « Qui prætermisso solemni Ecclesiæ conventu, ad spectacula vadit, excommunicetur. » Je sais qu’à en juger par la doctrine reçue sur les censures, on pourrait chicaner sur ces canons des premiers siècles, et dire que ces paroles, segregetur, rejiciatur, excommunicatur, au subjonctif, marquent quelque chose à faire, une censure à lancer, c’est à-dire une excommunication comminatoire, ferendæ sententiæ, non une excommunication toute portée, encourue par le seul fait, latæ sententiæ ; et dans la précision du langage et des formules modernes, conformément à la décision des décrétales, il faut convenir que cela est vrai. […]  12), où on met les Comédiens sur la même ligne que les voleurs et les femmes publiques : « Arceantur ab hac mensa omnes vitiorum dedecore infames, quales sunt fures, Meretrices, Histriones. » L’Apôtre nous défend même de manger avec eux : « Quibuscum versari et cibum capere prohibet Apostolus. » Voilà, selon les Interprètes, une vraie excommunication : les sacrements sont refusés aux pécheurs, le commerce de la vie ne l’est qu’aux excommuniés : « Ne cibum sumere. » Dans la province de Cambrai, un synode de l’an 1550 tient le même langage : Qu’on n’admette pas à la communion « les excommuniés, les interdits, les femmes publiques, les Comédiens », « excommunicatus, interdictus, meretrices, Mimi, Histriones ».

155. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

La Calandra di Bernardo divitio da Bibiana Cardinale est imprimée de 1523. à Venise, j’en ai un exemplaire, elle doit avoir été réimprimée, l’exemplaire de la Bibliothéque du Vatican est de 1524, elle est écrite en Prose, on beau langage. […] Goldoni & quelques autres imitateurs de Moliere, dit-on, ont cependant pris, & sont écouter, le ton de la bonne comédie, ce qui prépare quelque révolution théatrale, & Goldoni est extrêmement gay & fécond, même plus que Moliere, il est vrai que son langage n’est point pur, il mêle aisement les dialectes Italiens, le Venitien, le Toscan, le Napolitan. Le langage de Moliere n’est pas plus chatié, il se ressent des pirenées où il a long-tems vécu avec sa Troupe, & dont il a conservé le jargon avec sa maîtresse gascone.

156. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

sont employés par l’Ecriture & par tout le monde ; c’est qu’il est impossible de se faire entendre sans employer le langage reçu, & les idées connues, en avertissant que ce n’est qu’une ombre de la vérité. […] Ce n’est qu’en empruntant son langage, que S.  […] Son chant est sinistre, ses paroles sont le langage de l’amour, sa voix celle de la molesse, sa musique celle de la volupté.

157. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ce langage des philosophes du temps qui n’estimoit que leur prétendue sagesse, & méprisent la sainteté, est une absurdité aux yeux des Chrétiens. […] Langage non-seulement impie, mais très-indécent dans la bouche d’une Reine, d’une Héroïne de la Religion, d’une Savante, dans un pays, dans une Cour très-Catholique ; on n’en étoit pas moins mécontent à Rome qu’à Paris, Le Pape en fut choqué, & pensoit à la mortifier, elle fit quelque voyage en Allemagne pour laisser passer l’orage, & revint un peu plus circonspecte mourir à Rome. […] Elle le joua si naturellement & si constamment, que la plus grande charité ne la croyoit pas une vestale ; je ne parle point de ses amans, toute la Suède en a parlé, quelque flatteur en a fait comme d’Elisabeth ; à la bonne heure, ne levons pas le voile dont on veut les envelopper, bornons-nous à l’extérieur dont personne ne fait un mystère : ce rôle se joue autrement que les autres, les autres sont de commende, on joue la savante, la dévote, la glorieuse sans l’être, & on ne joue pas la libertine sans l’être ou la devenir ; l’objet est trop proche, l’attrait trop puissant, le penchant trop rapide pour n’en avoir que l’apparence ; d’ailleurs une vertu réelle ne se permet pas même l’apparence du vice, c’est être vicieux que d’en faire le semblant, il n’est permis ni d’en donner le scandale, ni d’en présenter le danger, ni d’en tenir le langage, ni d’en prendre le masque ; Christine en a par-tout arboré la livrée, & montré les effets.

158. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

L’Auteur, qui ne fait pas assez de ces deux langues pour être une Savante, mais suffisamment pour entendre parfaitement la sienne, a puisé sans scrupule dans le langage de l’ancienne Rome ; au lieu que c’est malgré elle, qu’elle s’est vue obligée de recourir au Grec ; & je sais qu’elle regarde comme autant de barbarismes, tous les termes que nous en avons empruntés.

159. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Térence et Virgile n’en sont pas quittes à meilleur compte avec ce saint Docteur, qui plaint les hommes de son siècle d’être réduits à puiser la pureté de leur langage dans ces sources empoisonnées ; quoique d’ailleurs il convienne que les paroles sont en elles-mêmes comme des vases riches et précieux ; mais qu’on boit souvent le vin corrompu dans ces coupes d’or.

160. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Ce qu’ils représentent en tels lieux, est souvent fort sérieux et en langage Latin, qui ne divertit pas beaucoup le Peuple, quoiqu’ils contentent leurs amis qui les voient réciter leur rôlete de bonne grâce.

161. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

En effet, la Langue Grecque étoit à peine connue, qu’Homère en fit le langage des Dieux.

162. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Mais quand la suppression de ces deux derniers articles produirait, pour parler votre langage, « un affaiblissement d’Etat » aa, je serais d’avis qu’on se consolât de ce malheur. […] L’Eglise Romaine a un langage consacré sur la divinité du Verbe, et nous oblige à regarder impitoyablement comme Ariens tous ceux qui n’emploient pas ce langage.

163. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Je ne parlerai pas ici de la vraisemblance du fond du Drame, qui doit règler l’action, l’intrigue, le caractère, le dénoûment, & qui consiste à ne mettre sous les yeux du Spectateur que des actions convenables & possibles ; à faire parler les Personnages selon les circonstances, les sentimens dont ils doivent être affectés ; on peut recourir aux Dissertations de Corneille & à nos Poétiques ; mais j’envisagerai cinq autres degrés de vraisemblance assez négligés ; je veux dire, le Langage, les Monologues, les A-parté, l’Usage des Valets & des Soubrettes, & la Position. […] Les discours fleuris, le langage précieux & recherché, les descriptions brillantes où l’art se montre doivent être bannies des Drames tragiques ; à plus forte raison de la Comédie. […] Les Français, au contraire, veulent que le Drame marche d’un pas égal avec la Musique dans leur Opéra : leur génie peu musical1, sent qu’Euterpe ne lui suffit pas ; il faut que Melpomène ou Thalie se joignent à Terpsychore pour l’accompagner, & qu’on leur parle trois langages à la fois. […] On pourrait composer des Pièces d’un genre particulier, qui seront appelées Comédies pour mariage ; dans lesquelles il sera permis de rendre le langage beaucoup plus tendre que dans les autres ; la parastase * en serait aussi plus libre ; parce qu’elles ne pourront être exécutées, que par les jeunes Acteurs & Actrices destinés à s’unir ensemble, la veille de leur mariage. […] Aujourd’hui, la Danse est corrigée comme le Drame ; elle n’est plus que l’école des bienséances & des beaux mouvemens : & cependant les Misomimes tiennent toujours le même langage ; leur zèle amer ne cherche qu’à détruire ; tout ce qu’ils voient leur déplaît ; ils n’approuvent que ce qui n’est plus.

164. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Mais que ce public déploie à la vue du plus révoltant spectacle qui fut jamais, tous les ressorts de l’admiration, qu’il éclate en applaudissemens, qu’il exalte, qu’il préconise, et les victimes et ceux qui les vendent et ceux qui les immolent ; qu’il se nourrisse les yeux et le cœur, en voyant la première innocence s’instruire dans les vices de tous les âges, en parler le langage, en rendre les transports, en figurer les opérations, avec ce fatal genre d’éloquence qui exprime plus qu’il ne dit, qui parle à tous les sens à la fois, qui agite le cœur à mesure qu’il fascine l’intelligence ; qu’un spectacle de cette nature soit d’un goût et d’une approbation générale ; voilà (je défie les Taïtiens d’aller au-delà) le terme, le non plus outre de la corruption. […] Que de témoins de toute autorité et de toutes les classes se présenteroient pour confirmer ces assertions, si l’illusion du mimisme cessoit un moment pour donner un libre essor au langage de la vérité !

165. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Ce n’est pas seulement le langage de tous les Peres, de tous les Prédicateurs, de tous les gens de bien, c’est celui de tout le monde. […] Calderon moins fécond, mais fort supérieur à Lopez, est le Corneille de l’Espagne, selon nous, & selon le langage de Madrid : Corneille est le Calderon de France ; ils étoient contemporains.

166. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Telle étoit la conduite, & le langage des Prophêtes, & des vrais Israélites. […] Ces différentes manieres de farder la tête se tirent du langage de Martial, & des autres poëtes, qu’on ne peut aisément expliquer. 1°.

167. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Tous les Conciles, les statuts des dioceses, les constitutions monastiques tiennent le même langage, ne connoissant que la bonne odeur de J. […] Tous les Peres tiennent le même langage ; S.

168. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

La description voluptueuse des graces & de la parure des Rosieres, les sentimens amoureux qu’elles excitent & qu’elles éprouvent, le langage galant qu’on leur tient, leur facilité à l’écouter & à y répondre, les rivalités qui forment l’intrigue, jusqu’à la maniere ingénieuse si opposée au caractere des paysans : défaut qu’on reproche avec raison aux églogues de Fontenelle. […] Aveu qui condamne l’esprit, le langage, la marche de toutes ces pieces, où, comme dans toutes les autres comédies, ces filles ne sont que des coquettes.

169. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Elle dit n’avoir jamais aimé Madame de Maintenon : elle fut pourtant son amie intime, & l’amitié ne tient pas ce langage. […] Les anciens statuts tenoient le même langage.

170. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

La flaterie tenoit dans le même temps ce langage bannal de vingt autres princes. […] C’est le langage de son historien, pag. 59.

171. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Tel est le langage des impies dans le livre de la Sagesse : Enivrons-nous de ces objets voluptueux : Inebriemur uberibus. […] Une Actrice tient-elle ce langage ?

172. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

la piété connoît-elle le langage qu’on y tient ? […] Les Sages du monde, jusqu’aux Poëtes, tiennent le même langage : témoins ces fameux vers de Boileau que tout le monde sait, parce qu’ils disent exactement la vérité.

173. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Peut-on tenir ce langage ? […] Peut-on l’avouer davantage que d’y aller tous les jours y dépenser son bien, en prendre le goût, le langage, l’esprit, &c. ?

174. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Leur langage se forma de tout le répertoire du genre ; rien n’était plus comique que leur conversation. […] Ce protecteur infernal n’avait plus rien de l’esprit de Lesage ; j’ai vu seulement qu’il avait continué ses excursions nocturnes sur les cheminées de notre capitale, car son jargon se trouve juste à la hauteur du jour ; on ne parle pas mieux, partout où le prétendu bon ton tient ses séances ; j’aurais autant aimé son ancien langage ; mais, de nos jours, le sens commun est une victime immolée à la mode, et l’esprit d’autrefois est presque un ridicule aujourd’hui.

175. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Cet habile Jurisconsulte ne parle que le langage des lois, qui partout confondent ces deux personnages. […] Car en tolérant les spectacles pour éviter un plus grand mal, aucun Prince, aucune loi ne s’est jamais avisé de les déclarer innocents, encore moins la profession de Comédien, que toutes les lois civiles et canoniques sans exception ont condamnée, même en la tolérant ; surtout un Prince aussi pieux que Louis XIII, qui n’avait point de goût pour la comédie, et désapprouvait la conduite et les dépenses énormes du Cardinal à cet égard, oserait-il tenir un langage si contraire à la religion.

176. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Qu’un Païen livré au culte des Idoles vienne nous faire l’apologie du Théâtre, dit Saint Bernard ; qu’un Musulman même, disciple d’une Religion toute sensuelle, nous en vante les agréments et les plaisirs, nous n’en sommes point étonnés ; mais qu’un Chrétien, formé pour nous retracer Jésus-Christ, tienne le même langage, voilà ce qui ne se comprendra jamais. […] Combien de fois n’avez-vous pas senti des mouvements d’orgueil et d’impureté s’élever dans votre âme, et la remplir de toutes sortes d’images, lorsqu’on exprimait le langage de ces passions avec tant de force et tant d’énergie ?

177. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

« Le commun peuple, disoit-il au Parlement, dès huit à neuf heures du matin délaissoit la Messe Paroissiale, Sermon & Vêpres pour aller esdits jeux garder sa place, & y être jusqu’à cinq heures du soir, eut cessé les prédications ; car n’eussent eu les Prédicateurs qui les eust écouté : & retournant desdits jeux, se mocquoient hautement & publiquement par les rues desdits jeux & des joueurs, contrefaisans quelques langages impropres qu’ils avoient ouis desdits jeux, ou autres choses malfaites, criant par dérision que le Saint-Esprit n’avoit point voulu descendre, & par d’autres mocqueries ; & le plus souvent les Prêtres des Paroisses, pour avoir leurs passe-temps d’aller esdits jeux, ont délaissé dire Vespres les jours de Festes, & les ont dites tout seuls dès l’heure de midi, heure non accoutumée ; & même les Chantres ou Chapelains de la Sainte-Chapelle de ce Palais, tant que lesdits jeux ont duré (six ou sept mois) ont dit Vespres les jours de Festes à heure de midi, & encore les disoient en poste pour aller esdits jeux ».

178. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Au commencement ils avaient des gens qui récitaient le sujet qu'ils devaient exprimer, mais quand les Spectateurs furent accoutumés à ce langage du corps, ils l'entendaient aussi facilement que la Poésie.

179. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

La gloire de reformer le monde était réservée à ce nouvel Evangile, et sans doute il a fait de grands progrès, et il est capable d’en faire encore de jour en jour de plus grands, il a corrigé quelque affectation de langage, quelques façons bizarres et grotesque de s’habiller, en un mot les manières qui ont quelque chose de choquant et de ridicule, mais pour des vices réels, des dérèglements effectifs, ha !

180. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

Les Mystères de Suzanne, de Judith vous apprendront que le langage de la scène d’alors était tout aussi libre que celui de nos carrefours.

181. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Nul autre langage n’est reçu dans ces lieux de plaisirs.

182. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

qui serait assez impie pour souffrir sans horreur toute l’impiété de ce langage ?

183. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Ce n’est pas ici le lieu de m’élever contre ces Auteurs obscurs, qui faisant un abus criminel de leurs talens, prostituent leur plume à l’éloge des passions les plus funestes & du libertinage, & qui, prêtant à Melpomene ou à Thalie, un langage qui leur est tout à-fait étranger, débitent sur la scene des principes dangereux, qui rendent à la perte de la vertu, dont ils devraient embrasser la défense. […] L’amour fondé sur l’estime, est inaltérable ; il est le charme de la vie & le prix de la vertu ; mais est-ce à des libertins de profession qu’il faut tenir un pareil langage ? […] Or, comme ces Auteurs du Rempart & des Foires n’ignorent pas, comme je l’ai remarqué au commencement de ma Lettre, que la réussite de leurs chétives productions, dépend absolument du suffrage des femmes de mauvaise vie, & de la foule de leurs sots adorateurs, qu’elles y entraînent ; ces faiseurs de Parades sont comme forcés à ne parler que l’infâme langage de la Débauche, à n’offrir aux yeux que les images les plus nues, les situations les plus sales, pour capter la bienveillance du plus grand nombre des assistans ; disons, encore, que ces Auteurs savent, à n’en pouvoir douter, que les obscénités les plus révoltantes, peuvent seules faire quelqu’impression sur des esprits obtus, & sur des cœurs tout-à-fait blasés & corrompus. […] Quelques personnes m’ont assuré que cette farce du plus bas Peuple avait rapporté mieux de 100,000 liv., l’intrigue de la Piece roule sur un pot de…… cette ordure, dédiée sans doute aux maitres Vuidangeurs, a fait & fait encore courir tout Paris : son jargon dégoûtant est devenu le langage des femmes à la mode, des gens de bon ton & même des personnes de la premiere qualité : C’en est, Ça n’en est pas, sont des expressions contactées dans les cercles du plus haut parage. […] Le Héros des Paillasses est celui dont le langage est le plus plat & les plus ordurier, dont les gestes sont les plus indécens, les postures les plus scandaleuses, & approchent le plus de la nudité.

184. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Et moi je dis que tout ce langage est faux d’un bout à l’autre. […] Du temps de Tertullien il y avait déjà des gens qui tenaient ce même langage, et voici ce que lui-même leur répond : « Ne sait-on pas, leur dit-il, que l’on ne donne pas le poison avec du fiel ou de l’hellébore, et que l’on a coutume de l’assaisonner avec les mets les plus agréables ?  […] Comme saint Bonaventure, Albert le Grand, et saint Antonin, tiennent le même langage que saint Thomas au sujet de l’histrionat et des farces, et qu’ils raisonnent sur les mêmes principes ; il faut aussi les entendre au sens de saint Thomas. […] J’ai jusqu’à présent un peu harcelé notre Docteur, parce qu’il sortait de sa sphère en contrefaisant un peu trop l’habile homme, et en faisant tenir aux Pères de l’Eglise et aux Auteurs Ecclésiastiques un langage qui ne leur convenait pas, et qui aurait pu imposer aux idiots. […] dans ce saint temps, qui, de l’aveu même du Docteur, est consacré à la pénitence, qui est un temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et auquel la Musique doit être importune, suivant le langage de l’Ecriture ; dans ce saint temps, dis-je, il sera permis d’aller à la Comédie et de la jouer tous les jours ?

185. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Au reste, je ne veux pas plus m’écarter aujourd’hui que la première fois du langage qui convient entre gens bien élevés, et je n’en serai pas moins disposé à oublier l’âpreté du vôtre : il est permis, je le conçois, de montrer un peu d’humeur quand on doit, comme vous, s’avouer intérieurement que l’on a trois fois tort.

186. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Il y a quinze ans qu’il l’a connoissoit plus mal encore ; cependant, dès ce tems là, il remarqua & reprit des fautes de langage, qui ne sembloient pas permises à des gens qui faisoient profession publique de la parole.

187. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Ils tiennent aujourd’hui ce langage que le Sage met à la bouche des impies : Nos insensatis !

188. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Si l’on établissait un spectacle à Genève, il y faudrait une garde, et ce serait à vos yeux une image affligeante de l’oppression et de la Tyrannie : langage de libertins qui ne voient que l’oppression et la contrainte dans un objet cher aux gens sages, puisqu’il en résulte la paix et la tranquillité.

189. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Il est nécessaire surtout que la religion, unie à la vraie philosophie, recouvre, par un miracle du courage et de la sagesse de ses organes les plus éclairés, et persuasifs par le langage et l’exemple de ces douces vertus que recommande le Dieu de bonté et de miséricorde qu’ils servent, oui, persuasifs par ces moyens ; car, loin de nous les vôtres, odieux inquisiteurs, furibonds fanatiques ; vous êtes épouvantables ! […] Si, dans le tableau du Tartufe, on avait mis en action, et opposé à ce personnage odieux un vrai dévot, du même habit et à peu près dans la même situation, lui parlant sincèrement le langage de la religion, se livrant aux mêmes exercices pieux, faisant l’aumône ou d’autres bonnes œuvres par une charité non suspecte, en blâmant et censurant son hypocrite collègue, les suites de cette satire n’auraient certainement pas été aussi fâcheuses ; parce que le vrai dévot se serait attiré et aurait conservé, au profit de la dévotion ou de la religion, la considération que le scandale de la conduite du Tartufe lui a fait perdre.

190. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Tout son mérite se borne à la pureté du langage, alors très-rare, qui ne faisoit que de naître ; aujourd’hui petit mérite, que le langage est épuré, & que les bourgeois parlent aussi-bien que lui.

191. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Ce n’est pas se réjouir dans le Seigneur d’en faire une matière d’amusement ; le véritable objet de la joie Chrétienne, c’est le souvenir de ses miséricordes, la vue de ses bienfaits, l’espérance de la félicité éternelle : « Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi, in domum Domini ibimus. » Ce n’est pas, il est vrai, un langage à tenir aux Comédiens ; ils le prendraient pour un délire. […] Oui sans doute, du moins quand il s’empare des divines Ecritures, qu’il ose faire parler les Prophètes et agir les Saints, s’approprier le langage de la Divinité, et représenter des événements qui n’ont été consignés dans nos saints livres que pour servir à notre instruction.

192. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Tenir ce langage à un affligé, ce n'est pas le consoler, c'est le désespérer. […] Si les Bérénice, les Chimène, les Cléophile, etc. et celles qui les représentent, faisaient leur confession aussi sincèrement qu'Adelaïde, elles tiendraient le même langage ; leur fierté, leur pruderie, leurs prétendus grands sentiments, ne sont que le rouge qui cache les rides et la pâleur de leur âme.

193. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Comme si on y faisait un aveu, que le Théâtre ne peut subsister sans galanterie, on crée un personnage, un Misaël amoureux de Judith, un jaloux follement transporté, pour ne la quitter jamais, et pour lui faire tenir le langage des amants sans religion, se prosterner aux pieds de Judith372, l’appeler beauté immortelle, faire cent réflexions sur ses appâts, et ne parler que de mouvements jaloux qui l’agitent sans cesse 373, c’est son caractère et l’exercice qu’on lui donne. […] Vous vîtes le mois passé dans les Lettres de saint Ignace, que ce glorieux Martyr dit qu’il s’attache à l’Ecriture, comme au corps de Jésus-Christ, et tout le monde sait que saint Augustin parle souvent le même langage.

194. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Castillon en font l’éloge en ces termes : « L’abbé Lachau a cru que le premier devoir d’un écrivain qui parle de Vénus, est d’en prendre le langage & les graces. […] Gebelin : Le monde primitif analisé, comparé avec le monde monde moderne, considéré dans l’histoire naturelle de la parole, l’origine du langage & de l’écriture, avec des figures en taille-douce, & la réponse à une critique anonyme. […] Son langage est grossier, remplis de ces vilains mots des halles qui font rire la populace.

195. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Ainsi en n’appellant ce dernier qu’homme d’esprit, quand il veut parler le langage de l’amour, je ne retranche rien de sa supériorité dans les autres parties. […] L’Auteur des Horaces, de Cinna, & de tant d’autres chefs-d’œuvres, a des vers d’une beauté originale ; mais il ne possédoit assez bien, ni les finesses de notre langue, ni le langage de la Cour, pour faire des vers tels que ceux-ci : Et n’avertissez pas la cour de vous quitter… Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage, Sur les yeux de César composent leur visage. […] Otez la diversité du langage & celle des habits ; supposez une langue universelle ; la différence que nous cherchons disparoîtra ; les mots s’évanouiront, il ne restera que la nature ; & l’on appercevra dans tous les cœurs l’uniformité des caractères dont elle se sert pour y graver ses penchans & ses passions.

/ 288