/ 534
147. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

On invite tous les gens de lettres à y contribuer, il auront part à la gloire de Voltaire, cela est flatteur ; mais à toute la république des lettres, l’invitation est bien étendue, il est vrai que les gens de lettres ne sont pas pécunieux, & qu’on n’espere de se sauver que dans le nombre ; on avertit que M. d’Alembert sera le caissier, sans doute il y mettra beaucoup du sien, & il n’est pas douteux que quand la somme convenue sera remplie, & qu’on aura gagné apparament quelque sol par livre, pour les frais de la fête de la dédicace de la statue, la souscription sera fermée ; quelle apparence que les admirateurs du généreux Voltaire, par un sentiment bas & mercénaire, voulussent gagner sur le public, comme ces marchands libraires qui s’enrichissent par des annonces pompeuses, & des souscriptions frauduleuses, & comme Voltaire lui-même, qui par des éditions innombrables de ses ouvrages, a cent fois noblement vendu sa muse en gros & en détail, il est pourtant vrai que la voie de la souscription a quelque chose de mesquin, il ne convenoit guere de faire une quête pour l’illustre Voltaire. […] Voltaire notre Dieu, s’écrioit on, le Dieu du goût, le Dieu de l’histoire le Dieu du théatre, le Dieu de la philosophie, voilà tous les Dieux ; c’est un vrai pantheon pour mieux représenter le Parnasse & l’Olympe ; on avoit habillé plusieurs personnes en prêtres & prétresses de différents Dieux, dont chacun célébroit son Dieu, & en portoit les attributs ; mais tous rendoient hommage au pere des Dieux, ce divin Arouet, qui leur avoit fait rendre un culte réligieux, & réunissoit en sa personne toutes leurs divines qualités. […] Son grand crédit auprès de Venus & d’Uranie, forme un portrait plus vrai qu’honorable, des sentimens & des mœurs du poëte. […] Ce qui est le vrai, le grand mérite, & dans la vérité, le plus réel de Voltaire. […] Le grand Shakespear & tout le théatre Anglois, sont pleins de cimetieres, de tombeaux, d’enterrements, de fossoyeurs, de vrais ossemens, de vraies têtes de morts ?

148. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

On y a substitué les nudités, l’indécence, le luxe, qui sont les vrais ecussons de la scene. […] Les Dames, il est vrai, sont privées de l’avantage de s’agrandir par les talons, mais à la Chine les petites tailles sont aussi une beauté. […] Donc les desseins & les figures entrelassées sont les chiffres de quelques Themires, langage trop vrai, qui dit très-énergiquement que le théatre n’est que le vice présenté dans tous les points de vue. […] Mais certainement les visages hideux & fort incommodes défiguroient la personne : vrai semblablement la mode n’en reviendra jamais. […] Jean dit, il est vrai, je ne suis pas digne de délier le cordon de ses souliers.

149. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Il est vrai que ses effets sont plus étendus ; elle prive de l’entrée à l’Eglise de l’assistance à la messe, des suffrages des fidèles, du commerce civil, etc., ce que ne fait pas la seule notoriété, dont la cessation du péché et la réparation du scandale suffisent pour faire cesser le refus, sans une absolution particulière, comme l’exige la censure. […] L’excommunication n’est pas aujourd’hui, comme dans les premiers siècles, un arrangement de direction pastorale pour remédier paternellement au péché, c’est un acte juridique d’un Magistrat, une vraie sentence dans l’ordre judiciaire, à qui on fait produire des effets civils, privation des bénéfices, incapacité d’ester en droit, etc. […] Les Acteurs Français, qui n’ont en vue que le bien public, sans aucun intérêt, les examinèrent de près, et trouvèrent que dans leurs prétendus monologues un Acteur parlait tout haut, et l’autre répondait tout bas ou par gestes, ou s’enfuyait dans les coulisses, d’où il faisait la réponse ; ce qui formait de vraies conversations. […] Les Français un an après forment de nouvelles plaintes, et demandent au Parlement qu’il soit défendu à la Foire de faire même des monologues, puisqu’on en abuse et que les monologues sont de vraies scènes dramatiques, dont on voit des exemples jusques dans les plus grandes pièces, comme le Cid, Polyeucte, etc. […] Il est vrai que ce livre n’a aucune autorité, et qu’il contient bien des choses répréhensibles ; mais cette décision paraît appuyée par divers passages et divers exemples des Pères, qui ont témoigné la plus grande horreur pour les présents des excommuniés et des pécheurs, et même sur des passages de l’Ecriture, qui disent expressément : « Oblationes impiorum abominabiles, dona iniquorum non probat Altissimus. » Et S.

150. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

D’ailleurs, s’il est vrai que les principaux sujets propres à la Comédie ayent été traités, & si nos Auteurs se font un scrupule d’y travailler de nouveau, il faut donc qu’ils gardent le silence, puisque de leur propre aveu, il n’y a plus rien à dire. […] Mais cette défense du Gouvernement lui est préjudiciable ; car en dérobant les grands à la censure publique, elle leur fait entendre qu’ils peuvent être vicieux impunément ; & il est malheureusement trop vrai que lorsqu’on peut commettre un crime sans rien craindre, on le commet presque toujours. […] Si elles sont vraies, je desire qu’elles produisent le fruit pour lequel je les ai mises au jour : si elles sont fausses, je souhaite qu’on me donne les moyens de les rectifier.

151. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Ne cherchez point, Mademoiselle, une autre cause de l’incertitude affreuse dont vous vous plaignez, l’oracle que vous consultez n’est point en état de la fixer, vos doutes ne se tairont pas : vous deviez récourir à un vrai Medécin, & vous vous êtes adressée à un Empyrique. […] On loue, il est vrai, quiconque se dépouillant de ses préjugés a recours aux oracles légitimes, & fait en conséquence un sacrifice généreux, brûlant ce qu’il avoit adoré : une telle disposition est toute différente de la vôtre ; dans une affaire d’où votre salut dépend, vous devriez agir avec plus de prudence, votre choix n’est nullement digne de la sagesse chrétienne. […] Sa Primatie n’est pas un simple titre d’honneur, comme votre Avocat l’insinue, elle emporte une vraie Jurisdiction & le droit de proposer le dogme, de convoquer les Conciles, & de prononcer un jugement infaillible en matiere de foi, de concert avec la pluralité des Evêques.

152. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Vous dites vrai. […] Tout cela est vrai. […] Cela est vrai. […] Vous dites vrai. […] Il est vrai que la suppression de ce seul mot rend la lumiere.

153. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Il est vrai qu’il a paru des histoires de l’opéra, du théatre François, du théatre-Italien, du théatre de la Foire ; mais ce ne sont que des auteurs particuliers, qui par zèle, ont transmis à la postérité, une partie des grands événemens de ces fameux Empires. […] Il est vrai qu’on a tâché d’y suppléer par des nuées d’almanacs, de calandriers, de journaux, de mercures, d’affiches, de dictionnaires, d’anecdotes, d’anonces, &c. mais ce n’étoient que des recueils de faits dispersés, sans autorité & sans suite ; il faudroit qu’un Annaliste en titre d’office, en fit un corps d’histoire, & pût imprimer le seau de l’Etat à une histoire si intéressante.

154. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

A quoi il ajoute les effets vrais ou prétendus, des danses grecques, aux deux tragédies ! […] Il est même vrai que, comme en regardant l’un on tourne le dos à l’autre, cette rivalité ne s’apperçoit pas. […] Si le fait est vrai, ce qui est fort douteux, la perte est légere : Moliere n’étoit ni en état de traduire, ni d’entendre Lucrece. […] Du moins étoit-il certain que le mariage avec la fille de sa maîtresse étoit incestueux, par conséquent un vrai concubinage. […] Les sentimens des héros sont-ils moins vrais dans le grand, que les petitesses des personnages comiques ?

155. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Aujourd’hui c’est une vraie comédie qui se met sur les rangs, & change la face des choses. […] Pons, à qui son pere a laissé un bien considérable, a eu la noble ambition de quitter le commerce, & de consacrer sa sortune à faire une très-belle fondation : non pas d’un Hôpital, d’un Collége d’une Eglise, d’une maison Réligieuse, mais d’un Théatre dans sa patrie, qu’il a élevé à grands frais, dans sa maison & dans la plus belle salle, petite à la vérité, mais assez grande pour la foule des spectateurs que Saint-Pons peut fournir ; il n’a pas pu avoir, il est vrai, une troupe de comédiens. […] Il est vrai qu’on ne porta ni la Croix ni la Chape, ni la Surplis, ni l’Aumusse, ce ne fut qu’une procession noire. […] Ce vers, il est vrai, ne rime pas richement avec celui qu’il venoit de dire ; mais il le déclama d’une maniere si vive, & si naturelle, qu’on le crut du rôle, & qu’on le prit dévotement pour un anathême lancé contre Athalie. […] Il est vrai que la Lotterie se tire devant un Commissaire ; mais qu’importe ?

156. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

La bénédiction apprend à respecter, comme sacré, une union qui, quand elle ne seroit pas un vrai Sacrement, est du moins une action religieuse & sainte ; elle obtient des graces de Dieu, si necessaires pour remplir les devoirs de ce nouvel état, & engage à s’y préparer par la priere & les bonnes œuvres. […] Les mariages, comme les troupes, ont un exercice à la Prussienne, le commerce est le vrai Sacrement, & il ouvre la porte à la plus grande licence. […] La sainteté du mariage, l’horreur de l’adultere, de la polygamie, du divorce, qui sont de vrais adulteres, n’ont jamais été révoquées en doute dans le Christianisme, malgré la licence du monde entier dont il a condamné sans ménagement & la morale & la pratique. […] Il est vrai que ce refus est difficile à prouver, qu’il peut quelquefois être légitime, que les Messalines sont insatiables, qu’on peut se rendre importun frauduleusement pour se ménager une défaite, qu’on ne trouve point dans la Bible, mais qu’Arlequin trouveroit bonne, & qui lui donne beau jeu. […] Cette raison est fort ordinaire dans la noblesse, elle en est même quelquefois l’origine & le vrai titre.

157. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Les objets sont différens, les armes ne sont pas les mêmes, mais c’est le même esprit la même fureur, les mêmes principes, les mêmes effets, par-tout un vrai Machiavélisme, comme parmi les animaux, les oiseaux se battent à coups de bec, les bêtes féroces se déchirent avec leurs griffes, les chiens mordent, les chevaux donnent des coups de pieds, les bœufs frappent à coups de cornes : c’est toujours l’instinct du Machiavélisme. […] La gravité, la modération, la droiture apparente sont un vrai pantomime ; l’hypocrisie en est un comme le pantomime est une sorte d’hypocrisie : les yeux, les mains, les allures, le ton de la voix sont autant de peintures qui rendent ou déguisent les sentimens, selon le besoin, & quelquefois, malgré tous les efforts, les trahissent. […] Le vrai Machiavélisme est dans le cabinet des princes & dans le cœur des ambitieux, comme le vrai théatre est dans la lubricité des libertins. Telle fut la politique des Romains qui leur fit conquérir le monde : c’est un vrai Machiavélisme nuancé de quelques vertus Quelle fut encore la politique de César, d’Auguste, de Tibere qui détruisit la république, en particulier le luxe, le faste, les spectacles, le libertinage, en amollissant les peuples.

158. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

 » Mais tel est le caractère de la nation, la folie l'amuse, on la veut partout : triste effet de la frivolité Française, qui s'ennuyant de la vraie sagesse, et ne sachant pas l'apprécier, parce qu'elle ne juge du prix que par le plaisir, n'estime que la folie qui lui plaît, et malheureusement se répand jusques dans les objets les plus saints. […] Paul lui-même, et plusieurs livres de l'Ecriture, nomment par leur nom et peignent par leurs vrais traits les actions les plus infâmes. […] L'adultère avec Bethsabée, le meurtre d'Urie, la perfidie pour le faire périr, l'adresse de l'enivrer pour le faire aller avec sa femme, et cacher le vrai père de l'enfant adultérin, le mariage avec la veuve adultère dont il avait tué le mari, le jugement contre Miphiboseth, les emportements contre Nabal, la retraite chez les ennemis de l'Etat, les invasions, du moins simulées sur les terres d'Israël, et la promesse de combattre son Roi légitime, le mensonge au grand Prêtre pour obtenir des provisions et des armes, l'assemblage d'une troupe de voleurs et de scélérats à la tête desquels il se met, font voir que dans ce Prince, non plus que dans Salomon son fils, plus grand homme que lui du côté des lumières de l'esprit, il s'en faut bien que tout doive servir de modèle. […] Il est vrai que cette chemise fort ample pouvait bien dans l'agitation d'une danse violente, voltiger fort indécemment : inconvénient que la loi avait voulu prévenir dans les Prêtres, en ordonnant que dans leurs fonctions ils porteraient des caleçons. […] Rien de tout cela chez les Juifs, il n'y avait ni gavotte, ni pavanne, ni pas de trois, ni bal, ni ballet, etc. on ne connaissait ni maître à danser, ni livre de chorégraphie ; ce n'était que des sauts et des bonds, des courses ajustées, il est vrai, assez grossièrement à la mesure de quelque air que tout le monde bat naturellement, ou joué par quelque instrument, ou chanté par des voix humaines, mais sans ordre, sans liaison, sans dessein, tout au plus des danses en rond, que les femmes faisaient d'un côté, et les hommes de l'autre.

/ 534