/ 495
8. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

La preuve en est que plusieurs bonnes Comédies, dans lesquelles les Auteurs ont mis plus de choses que de mots, c’est-à-dire, où les vices & les vertus sont traités le plus à fond, sont aussi suivies que des Comédies bouffonnes. […] Il en est de cette coutume comme des modes que chacun suit par bienséance, & dont tout le monde dit du mal en particulier ; on voudroit bien qu’une telle mode fût abolie, mais on n’ose pas l’abandonner le premier. […] Je n’entends pas par-là que la Comédie désigne en aucune maniere des gens actuellement en place, mais seulement qu’elle puisse leur présenter des modeles à suivre ou à éviter. […] Si son but n’est que d’amuser, je conviens qu’elle a parfaitement réussi, & même qu’elle a atteint le degré de perfection ; mais si son but est d’instruire, je crois avoir démontré qu’elle n’a pas suivi le chemin qu’il falloit suivre pour y parvenir.

9. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique. » pp. 8-16

Pourquoi les Peuples qui ont voulu goûter le même plaisir n’ont-ils pas tous suivi à peu près la même route ? […] Ces deux plaisirs étant opposés l’un à l’autre, de-là a dû suivre naturellement la distinction essentielle entre la Tragédie & la Comédie, distinction cependant long-tems ignorée chez plusieurs Nations, & même quelque tems ignorée chez les Grecs. […] Notre passion pour eux, ne fit que nous aveugler, & en croyant les suivre, nous nous égarâmes, comme les autres, jusqu’au tems où deux Poëtes conduits par leur génie plus que par l’étude, entrerent dans la véritable route de la Tragédie & de la Comédie. […] Elles sont les seules bonnes, puisque ni nous, ni d’autres, n’avons pu réussir, lorsque nous ne les avons pas suivies.

10. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Il s’écrie avec enthousiasme, que les Poètes de notre Opéra doivent s’éfforcer de suivre mes leçons, & que ses Spectateurs en ont aussi besoin. […] Il est nécessaire qu’ils les visitent dans leurs demeures peu fastueuses, qu’ils les suivent au cabaret ; il faut épier, pour ainsi dire leurs passions & leurs mœurs. […] Comment prétendez-vous saisir toutes ces nuances, si vous ne le suivez de près, si vous n’êtes souvent à ses côtés ? […] Les éxemples que je propose sont trop illustres pour n’être pas suivis par la pluspart des Auteurs de l’Opéra-Bouffon. […] Il s’en suit delà que les Auteurs des nouveaux Poèmes ne se contenteront pas, s’ils ont envie de bien faire, de visiter assidument les personnages qu’ils cherchent a copier, mais ils auront soin encore de s’imaginer qu’ils sont métamorphosés en Tonneliers, en Gardes-Chasses, en Boulangers, &c.

11. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

Cyprien admoneste Eucratius de retirer de cette vilaine et déshonnête manière de vivre, un bateleur qui était parmi son peuple, pour suivre un plus honnête état, et mener une vie d’innocence. […] Quant à moi, je ne suis point d’avis, qu’il soit séant à la majesté divine, ni que ce soit suivre la forme de la discipline Ecclésiastique, que par une si vilaine et infâme contagion, l’honnêteté et la sainteté de l’Eglise soit souillée Deuter. […] Car on ne peut estimer que celui-là cesse de suivre un tel état, qui en constitue d’autres en sa place : et qui au lieu de lui seul, en met plusieurs pour ses lieutenants, contre l’ordonnance de Dieu, enseignant, et instruisant, comment le mâle se déguisera en femelle, et que le sexe soit changé par art, et qu’on plaise au diable, qui souille la créature de Dieu, en offensant par tels déguisements d’un corps efféminé et contrefait.

12. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

J’eusse été bien content de ne plus paraître ici pour y faire montre de mon ignoranceb, laissant ce faix à ceux qui mieux versés que moi en l’éloquence, ou pour mieux dire, nourris en l’école de Mercure, savent par une exorde doucement fluide, concilier l’oreille des auditeurs, poussent vivement une narration bien suivie, confirment doctement et non pédantesquement toutefois leur dire de rares exemples, et enfin le concluent si subtilement qu’ils semblent en être sortis sans qu’on s’en soit aperçu. […] Thomas, six autres docteurs illustres et modernes de l’ordre des Prêcheursq, qui pour être tous conformes et avoir suivi presque le texte du précédent, je ne coterair que selon les lieux où ils en ont traité. […] Les assemblées publiques qui se font à notre sujet y répugnent duab tout, vu qu’il n’y a rien, disait Lycurgue, premier et plus grand législateur de son temps, plus propre et nécessaire à la manutention de la paix que la société, occasion qu’il contraignitac ses citoyens de manger tous ensemble le brouet lacédémonien à la manducation duquel l’honnête familiarité et la paisible société suivies des graves discours de ces doctes personnages servait comme d’entremet, de sauce, d’appétitad et de friandise et délicatesse à cette soupe noire, fade et de mauvais goût. […] Siat vous ne changez les opinions erronées que vous avez conçues de nous et de notre profession, je croirai que votre malicieuse ignorance a de beaucoup surpassé la pieuse science des gens de bien que j’ai allégués en notre défense, en la créance desquelsau je me résoudraiav de continuer cette profession pour y chercher ma perfection, tenant mes labeurs bien employés et mes travaux mieux salariés que je n’oserais espérer, pourvu que le contentement de vos esprits, illustres spectateurs, suive d’aussi près mes souhaits que mon désir suit la recherche de votre bienveillanceaw. […] Le nom Antonius Artesius est une mauvaise lecture : dans l’opuscule que La Porte suit (voir infra, n. 25), la référence est présentée comme « Ant.

13. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Pour suivre cette maxime, voyons d’abord quelle a été l’intention des Anciens dans l’établissement du Théâtre ; et examinons si les Modernes, en suivant leurs exemples, s’y sont proposés les mêmes vues. […] Pour aller au même but, les Italiens n’ont pas fait comme les Français : ils ne se sont pas servis de Valets, ni de suivantes pour tendre des pièges à l’innocence, ou pour seconder la débauche des amants de Théâtre ; mais ils ont substitué, aux Esclaves, des hommes et de vieilles femmes, qui font le métier de séduire la jeunesse ; et, en cela, quoique le mal soit toujours le même, du moins les mœurs du temps ont été plus régulièrement suivies par les Italiens, que par les Français : D’ailleurs, s’il se trouve quelquefois des suivantes peu délicates sur l’honneur de leurs maîtresses, ce vice, par bonheur, est assez rare ; d’où il suit qu’il est extrêmement pernicieux d’en produire des exemples qui ne peuvent qu’inspirer des idées de corruption à celles qui ne la connaissent pas. […] Il est donc vrai que l’on peut appeller le Théâtre moderne, dans son commencement, le triomphe du libertinage et de l’impiété, et depuis sa correction, l’Ecole des mauvaises mœurs et de la corruption ; d’où l’on peut conclure que le motif des Grecs, de critiquer pour corriger les mœurs, adopté et suivi par les Latins, a été entièrement abandonné par les modernes.

14. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

En ce doûte j’ai suivi le conseil du saint Esprit, j’ai Interroga majores tuos, & dicent tibi. […] Que cette Demoiselle imite les autres en leur devotion ; mais qu’elle ne les suive point dans leurs égaremens. […] S’il arrive par hazard, qu’elle n’oublie point d’offrir le matin à Dieu les actions qu’elle fèra ; ne se prend-elle pas de la maniere qui suit, du moins par une intention implicite qui se manifeste par les œuvres de la journée ? […] Hé bien, si Madame sa parente lui vouloit persuader, qu’elle montât le Theatre, & y fît la Comedienne, suivroit-elle ce conseil ? […] Ainsi elle n’y peut pas suivre sa patente, & si cette Dame est veritablement vertueuse, je suis bien assuré qu’elle ne menera pas sa cousine, où l’innocence peut être blessée.

15. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

Il semble qu’il suivrait de là que ce sont les murs et les loges du Théâtre public, les décorations, les habits des Comédiens, les Symphonistes, etc. qui attirent la censure des personnes graves que nous entendons déclamer tous les jours contre les Spectacles, et qu’elles ne condamnent pas la représentation en elle-même, ni la nature des Pièces que l’on représente ; ce qui serait absurde et insoutenable. […] Il y a déjà plus de trois siècles que le Public est dans une habitude successive et, pour ainsi dire, héréditaire de fréquenter et de suivre le Théâtre ; et le goût en est aujourd’hui si général, qu’on peut dire que tout le monde s’intéresse à sa conservation. […] Les Comédiens de profession ne s’aviseront pas d’en faire l’épreuve ; et, s’il s’en trouvait qui y pensassent sérieusement et qui voulussent l’exécuter, ils verraient bientôt leur Théâtre désert ; et, à l’exception d’un petit nombre de personnes sages et raisonnables, tout le monde se moquerait d’eux et les abandonnerait : la misère suivrait de près leur entreprise ; et, s’ils n’avaient pas la constance de la souffrir patiemment, ces mêmes Comédiens, si bien intentionnés, se trouveraient réduits à la nécessité de revenir à leur ancienne méthode, et peut-être avec plus de licence et de désordre qu’auparavant, pour se dédommager du tort qu’ils se seraient fait à eux-mêmes par leur sagesse, et par leur retenue.

16. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

« Attentius eum audire oportet Episcopum, et ab eo doctrinam suscipere, monita vitæ à Presbyteris inquirere, et à Diaconis ordinem disciplinæ. » Il est donc nécessaire pour suivre l’ordre de Dieu et de l’Eglise, qu’un Evêque fasse connaître à ses Diocésains ce qui est permis, et ce qui ne l’est pas. […] Mais les paroles de Malachie, ou plutôt de Dieu par sa bouche, sont plus fortes et plus expresses : « Si vous ne voulez pas m’écouter et apprendre mes volontés afin de les suivre, et si vous n’entrez du fond du cœur, et en vérité dans le dessein de glorifier mon nom, je répandrai sur votre visage le fumier de vos solennités. » « Si nolueritis audire, et si nolueritis ponere super cor ut detis gloriam nomini meo, ait Dominus, dispergam super vultum vestrum stercus solemnitatum vestrarum, et assumet vos secum. » Malach. […] Saint Chrysologue veut même que tous les Chrétiens contribuent au salut du prochain, et que chacun fasse ce qu’il pourra pour retirer de l’égarement les âmes qui se perdent et qui s’écartent de Dieu pour suivre le siècle. […] Pourquoi ne suivrai-je l’exemple d’un Saint ? […] Et ce règlement a été si fidèlement observé, que cela seul devait obliger mon peuple, sans attendre des nouvelles ordonnances, à se régler lui-même sur ce sujet, puisqu’il n’y a rien de plus juste, que de se conformer aux règlements de la ville de Rome ; qui est la capitale de la Religion ; et que l’ordre naturel demande que les membres se conforment à leur Chef, et suivent son esprit et son mouvement.

17. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

Depuis le rétablissement du culte catholique en France, et surtout depuis la restauration, le zèle des fidèles s’est tellement accru, qu’on les voit remplir les églises à l’heure des offices, et suivre les prédicateurs avec une attention et une piété vraiment exemplaires : le Clergé ne pouvait donc que s’applaudir de cette influence de la religion sur les citoyens, et pour perpétuer un état de choses aussi louable, il n’avait qu’à agir avec douceur, circonspection, et franchise ; Mais des intentions exagérées, mais des mandements et des lettres pastorales qui rappellent toutes les rigueurs des lois ecclésiastiques et qui imposent aux fidèles des obligations que l’Eglise, depuis nombre de siècles, avait cessé d’exiger, viennent réveiller l’attention du public et exciter ses craintes. La nation qui trouvait dans son roi, et dans les princes de son auguste famille, l’exemple d’une piété salutaire, s’était fait un devoir de seconder, et les intentions du souverain et celles du Clergé ; mais aujourd’hui elle est forcée d’éprouver de l’incertitude dans la marche qu’on veut lui faire suivre, et elle craint réellement les suites d’un système qui peut causer de grands troubles dans le royaume. […] Et pourquoi le Clergé prétendrait-il ne pas suivre l’exemple du monarque, même dans la nouvelle refonte de la monarchie ? […] Or, si les évêques prétendent faire valoir envers les fidèles les anciennes lois ecclésiastiques, il serait indigne pour me servir des propres expressions du pape Jules, à un évêque, ou à un prêtre, de refuser de suivre les règles canoniques de l’Eglise. En conséquence, les fidèles qui se trouvent frappés par le mandement de M. l’archevêque de Rouen, sont bien en droit de lui rappeler les obligations qui lui sont imposées à lui-même, par les propres lois qu’il veut appliquer aux autres : ainsi le magnifique palais qu’il habite dans sa ville archiépiscopale, ses hôtels somptueux à Paris, doivent se fermer, à la citation que nous lui faisons, et lorsqu’il se sera décidé à descendre dans un petit logis, près de l’église, à n’avoir que des meubles de vil prix, une table pauvre, et qu’il soutiendra, selon le canon du saint concile de Carthage, sa dignite, par sa foi, son abstinence et sa charité, alors il aura toute la raison imaginable de forcer les autres à suivre un code qui deviendrait alors obligatoire pour tous ; mais avant tout, il doit, ainsi que les évêques, ses vénérables collègues, donner l’exemple et observer la loi pour l’appliquer aux autres fidèles.

18. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6

Quoique ce but n’ait pas été ignoré de la plupart de nos Auteurs comiques, peu y sont parvenus, pour n’avoir pas suivi la route qu’il falloit suivre.

19. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIV. Conséquences de la doctrine précédente. » pp. 136-137

Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage de plaisant. […] Saint Thomas, comme on a vu, marche sur ses pas ; et s’il a un peu plus suivi les idées, ou si vous voulez, les locutions d’Aristote ; dans le fond il ne s’est éloigné en rien de la régularité des Saints Pères.

/ 495