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551. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Et c’est de cette sorte que l’on se sert en Espagne de ces spectacles publics autant pour l’instruction que pour le passe-temps du peuple qui est depuis tant d’années en cette profonde paix et en ce repos opulent que Dieu promet en l’Ecriture à ceux qui l’adoreront en esprit et vérité. […] Mais on peut appeler conversion le changement de sa condition puisque d’une vie de théâtre et qui tous les jours est en spectacle et en danger, elle se met à l’ombre d’un voile, pour se cacher dans le secret de la face de Dieu et y éviter le trouble des hommes et la contradiction des langues.

552. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Je combattrais en chaire pour la religion et pour la vertu ; j’alarmerais votre conscience par la vue des blessures profondes que le spectacle fait à votre âme. […] Le plus sûr moyen de faire tomber les spectacles, c’est de les réduire à ne donner rien que d’utile et de bon, on ne trouverait plus, ni auteurs, ni acteurs, ni spectateurs ; ne faut-il pas qu’après la meilleure pièce, une farce vienne dédommager de ses ennuyeuses beautés. […] Il faudra donc que ce laborieux mortel qui, à travers tant de landes, de buissons, de bourbiers, enfin après mille fatigues sera parvenu à une petite collection de richesses théâtrales, interdise les spectacles : on y retrouverait tout ce qu’il aurait proscrit, et tel que le jeune homme de Térence, Qui court chez sa maîtresse, oublier ses leçons. […] Ces absurdités, parées des charmes de la poésie et de la pompe du spectacle, donnent un goût faux, des idées d’enfant, un langage frivole. […] On distingue aisément à la liberté de leurs discours, ceux qui fréquentent les spectacles.

553. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

Ce Spectacle tient des anciennes Comédies, (dont on a parlé Note Comédie, nombre 8.) composées de simples Dialogues, & presque sans action, dont les Personnages étaient pris dans le bas-peuple ; les Scènes se passaient dans les Places ou dans les Cabarets, suivant qu’elles étaient Plataires ou Tabernaires.

554. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

Nous pouvons tenir pour malhonnête tout ce qui flatte la concupiscence de la chair ; et si Saint Antonin n’a pas prévu le cas de nos comédies ni les sentiments de l’amour profane dont on fait le fond de ces spectacles, c’est qu’en ce temps on songeait à de toutab autres représentations, comme il paraît par les pièces qui nous en restent.

555. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Mais, quand même on jugeroit le Spectacle nécessaire, faut-il tant de Théatres, faut-il tant de pieces ? […] Aux spectacles, aux Bal, il la suit comme un ombre. […] L’envie d’aller au Spectacle occasionne tout le dénouement. […] On se plaint de la frivolité de la nation & de la corruption des mœurs : le Spectacle en est la cause. […] Il les croit essentielles au plaisir du Spectacle (non à la vertu apparemment) ; mais il veut les perfectionner selon ses idées.

556. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IX. Des Exercices, ou Reveuës Militaires. » pp. 197-204

Premierement, pour abreger le plus que je puis : Secondement, parce que le premier est toûjours un agreable Spectacle, & que le second ne donne qu’un plaisir imparfait, s’il n’est accompagné de quelque démarche, & de quelque action.

557. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

J’ai suivi vos avis, ma sœur : je vais au Spectacle ; j’y vois ma Rivale : je m’attache à saisir son ton ; j’imite sa voix, son sourire, jusqu’à son geste.

558. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

Le souverain pontife tolère donc, non seulement les spectacles, mais il les institue, mais il les protège ; mais les prêtres, les prélats et toute la population de la cité en remplissent les salles, et les acteurs ne sont point excommuniés.

559. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Tout le monde n’est pas si indulgent Jules-César étoit trop grand pour s’occuper du spectacle. […] L’Empereur changea les verges en prison, à moins qu’ils ne fissent quelque sottise sur le théatre, pendant le spectacle ; car alors on les faisoit fustiger sans façon. […] Défense très-sage, les femmes sont le plus grand danger du spectacle. […] Si M. de Belloy avoit eu l’avisement de faire mention de ces grands noms, & de fournir un nouveau titre poëtique à la noblesse de Toulouse, il eût certainement fait gagner de l’argent aux actionnaires du spectacle, & peut-être lui eût-on envoyé, comme de Calais, des lettres de Bourgeoisie, dans une boëte d’or ou d’argent avec des vers gascons, il seroit ainsi Bourgeois aux deux extremités du Royaume.

560. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Ils en sont si flâtrés qu’ils ont porté la fanfaronade jusqu’à appeller la Comédie, le spectacle de la Nation. […] L’abbé de Pure, depuis Boileau, disoit, si je veux d’un galant dépeindre la figure, ma plume au bout de vers trouve l’Abbé de Pure , cet Abbé de Pure (car il faut que le Clergé se trouve par tout), a fait dans son traité des spectacles, une description de cette sale, alors recemment bâtie, que MM. […] Cette sale est elle-même un superbe spectacle, ses beautés occupent agréablement en attendant que la toile se leve. […] Qu’on juge par cette énorme dépense de l’espece d’yvresse où jette l’amour des spectacles, & la fureur du luxe.

561. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

L es Protestans ont beaucoup crié contre l’extérieur du culte de Dieu, les Philosophes contre la magnificence des grands, la vertu contre la pompe des spectacles. […] Qu’éprouve au spectacle une jeune personne dont tous les sens sont à la fois enchantés ? […] C’est le foible de la nation ; chez le sexe c’est une fureur : une femme le matin à la toilette consume les heures entières à se parer des nippes qu’elle a acheté la veille, elle va à la comédie, la mode a changé de midi à trois heures, elle est surprise de voir des robes d’un goût différent ; elle est vêtue à l’antique, elle souffre à regret qu’on la regarde, elle en est au désespoir, n’y pouvant plus tenir, elle sort du spectacle au second acte, & va s’enfermer jusqu’à ce que dix couturières qui veillent toute la nuit, la mettent en état de paroître avec honneur le lendemain. […] N’imputons point ces contradictions au Mercure, semblable à l’Imprimeur & au Colporteur, à celui qui cole les affiches aux carrefours, il débite ce qu’on lui donne ; c’est moins le Mercure de France que le Mercure de Cythère ; ce n’est d’abord jusqu’aux enigmes, c’est-à-dire, un grand tiers que contes, vers, chansons, de pures galanteries souvent licencieuses ; ensuite les spectacles, opéra, comédies, éloges des Actrices tiennent une autre bonne partie ; la Littérature, les Arts, les Académies, articles utiles sont ordinairement défigurés par le mêlange des futilités de la galanterie, en sorte que dans la somme totale, l’amour en occupe plus de la moitié.

562. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Ce n’est pas sans doute le coup d’essai de la jeune actrice, elle a plus d’une fois brillé au spectacle, pour avoir si bien le ton, les allures, l’esprit des coulisses, sur-tout du théatre comique, connu & choisi ces deux pieces ; elle s’est plus d’une fois exercée sur les théatres de société ; elle doit avoir appris en perfection la poësie, la musique, la danse, l’art dramatique, pour composer des prologues charmans ; sur-tout elle doit bien connoître le goût de son pere, pour avoir cru lui plaire, en lui souhaitant la bonne année par des farces ; & le pere qui a souffert ces exercices, ces assemblées d’acteurs & d’actrices, qui a fait la dépense de ce théatre, qui a permis & approuvé ces vers galans, & les a fait mettre au Mercure, qui a souffert les assiduités de ce poëte amoureux, les parens & les amis qui ont célébré cette fête, tous ces gens-là sont bien enthousiasmés du Théatre. […] Cette partie du spectacle est moins dangereuse que la danse, la déclamation, l’indécence des actrices ; pourvu qu’on n’y souffre point d’immodesties en peinture, en sculpture, qui font rougir la pudeur. […] Les Premiers-Gentilshommes de la Chambre rentrent ainsi dans leur droit : ils ont le glorieux privilége d’être chargés des spectacles. […] A la mort des Rois, des Reines & des Princes du Sang les spectacles sont fermés : c’est sans doute à l’imitation des comédiens que les Dames charitables se sont privées de ces délices.

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