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46. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Il est exposé au jugement public. […] L’estime publique est la plus noble récompense des hommes à talens supérieurs. […] Il est exposé au jugement public. […] On doit redouter le jugement du Public : cette crainte est louable. […] Oseroit-on soutenir, qu’ainsi que tout autre artiste, le Comédien ne soit pas honoré, lorsque les applaudissemens publics couronnent ses efforts ?

47. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

Il n'y a plus lieu d'y craindre l'apostasie des Fidèles ; on ne saurait plus les accuser d'entrer dans la société des Idoles, que l'on ne voit plus au Théâtre qu'avec des sentiments dignes des Chrétiens, je veux dire qu'avec horreur ou avec mépris ; et ce qui fut autrefois un sacrilège, n'est plus maintenant qu'un divertissement public, agréable et sans crime à cet égard. […] Enfin que l'on considère le Théâtre de tous les côtés, les consciences n'y sont plus en péril de participer aux abominations du Paganisme, dont il n'y reste plus de vestiges ni de mémoire ; Et si tous ceux qui se sont opiniâtrement attachés à le combattre par les paroles de nos anciens Pères eussent bien examiné toutes ces choses, ils auraient retranché plus de la moitié des textes qu'ils en ont empruntés ; ils n'en auraient pas tiré de fausses conséquences, et n'auraient pas détruit un plaisir public et de soi-même innocent par des maximes qui ne servaient qu'à condamner l'Idolâtrie, et qui n'ont plus aujourd'hui de causes ni de prétextes. […] fit autrefois l'Empereur Constantin, après qu'il eut fait profession de la Religion Chrétienne ; il tira des Temples toutes les Idoles, et les exposa dans les places publiques, comme des objets d'opprobre, de mépris et de risée ; il en transporta même quelques-unes jusques dans son Palais, et par ce moyen étant arrachées des lieux où l'on avait accoutumé de leur immoler des Hécatombes, et de les voir avec des sentiments de Religion, et étant mises en d'autres endroits peu convenables à cette révérence, elles perdirent entièrement ce qu'elles avaient de vénérable à des aveugles, et restèrent aux yeux de tout le monde, comme des ouvrages dont toute l'estime dépendait des grâces et des beautés que la main des Artisans leur avait données. Il en est arrivé de même des Poèmes Dramatiques : car depuis qu'ils ont été retirés des Théâtres anciens consacrés aux faux Dieux, ils n'ont plus été considérés comme une invention des Démons, et n'ayant plus rien de leur vieille et criminelle vénération, ils sont donnés au public, et portés jusques dans le Palais des Rois, sans aucun scrupule d'Idolâtrie ; On les regarde seulement comme les Chefs-d'œuvre d'un bel esprit ; et une parfaite imitation de la vertu des Héros, et tout ce que l'on y peut admirer sont les inventions du Poète, et le beau récit des Acteurs. […] Aussi quand Arcadius, Honorius et Theodosius voulurent régler les Jeux et les Spectacles publics, qu'ils nomment les Delicos, et la Joie du Peuple, ils n'en défendirent pas absolument la célébration, mais ils en retranchèrent tous les Sacrifices et toutes les Superstitions du Paganisme, et voici comme ils en écrivirent au Proconsul d'Afrique Apollodorus « Ut profanos ritus iam salubri lege submovimus, ita festos conventus civium et communem omnium lætitiam non patimur submoveri ; unde absque ullo sacrificio, atque ulla superstitione damnabili exhiberi populorum voluptates secundum veterem consuetudinem ; ministrati etiam festa convivia. » l. profan.

48. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Toutes les Societez conspirent ensemble pour le bien public. […] L’Italie moins scrupuleuse que les autres Prouinces dans les diuertissemens publics. […] Diuerses Societez instituées pour le bien public. […] L’Italie moins scrupuleuse que d’autres Prouinces dãs les diuertissemens publics. […] Leur Emulation vtile au Public.

49. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Voici une troisième sorte de violateurs et de pécheurs publics auxquels Messieurs les Juges devraient s’opposer, parce qu’il y va de la gloire de Dieu, de l’honneur de l’Eglise, et du bien des fidèles ; et ne le faisant pas, ils participent à tous les crimes qu’ils commettent et font commettre ; ce sont les Comédiens, Tabarins, Bateleurs et Vagabonds, lesquels autorisés par Messieurs les Magistrats, perdent une infinité d’âmes par leurs sales représentations et discours impudiques. […] C’est pour cela qu’ils étaient tellement en horreur parmi les Romains, que non seulement ils étaient privés des honneurs auxquels les Citoyens pouvaient aspirer ; mais encore ils étaient marqués par les Censeurs, d’une marque qui les rendait infâmes : c’était aussi pourquoi Saint Cyprien ne voulait pas qu’on les reçût à la participation des Sacrements ; et l’Eglise assemblée au sixième Concile général, qui est le troisième de Constantinople en 681. a défendu à tous Ecclésiastiques soit réguliers ou séculiers, de se trouver jamais aux jeux publics et spectacles, et que s’ils sont convaincus d’y avoir assisté, ils soient excommuniés et privés de toutes charges en l’EgliseCanon 23. […] On apprend l’adultère en le voyant ; et avec la douceur de l’autorité publique, la personne qui était entrée chaste à la comédie, s’en retourne chez elle toute impudique. […] Saint Chrysostome en une Homélie de la Pénitence, nomme le Théâtre, « la boutique commune de la luxure, le collège public de l’incontinence, l’échafaud de l’impudicité, et la fournaise de BabyloneHomélie 8. […] n’est-ce pas faire une profession publique que vous n’êtes Chrétiens et Chrétiennes que de nom, puisque vous aimez mieux employer deux ou trois heures aux spectacles, qu’une demi-heure à l’Eglise, pour vous disposer à une bonne Communion ?

50. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Il est inutile d’insister sur des faits aussi publics, aussi constans, aussi multipliés. […] Les Auteurs, les Acteurs, les Théatres entr’eux (on s’en plaint tous les jours), ne s’épargnent pas davantage ni le public. […] ce grand maître, ce modelle parfait, ce génie supérieur, cet homme unique, manquer à l’honnêteté publique ! […] Tel est en effet le goût nationnal, qu’il seroit utile au public d’affoiblir & de corriger. […] J’ai droit d’en conclure qu’elles doivent encore plus s’abstenir du théatre, & qu’il est de l’intérêt du public de le leur interdire.

51. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Jérôme, la proie de la licence publique (victimæ libidinum publicarum) ; peu sensibles de voir des êtres usés par le vice en représenter les moyens et les effets, ils ont été ravis de voir employés à cette représentation les enfans de leurs concitoyens. […] Mais dans les états où les héros ne sont point des êtres surnuméraires, où les armes doivent affermir la sécurité publique, et maintenir la gloire nationale, une telle indifférence supposeroit l’extinction de toutes les lumières politiques. […] Elles sont du ressort naturel de l’examen public, et la discussion en appartient à tous les citoyens. […] Sans parler des tyrans et des fléaux de l’espèce humaine, tous les ennemis de la liberté et du droit public ont saisi ce moyen comme le plus efficace pour consolider leur usurpation. […] Je ne cite que les exemples qui ont paru dans toutes les feuilles publiques et que j’ai consignés moi-même dans ce journal.

52. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Le public n’épargne pas plus nos Prédicateurs et nos Missionnaires, s’il aperçoit dans leur débit quelque chose de théâtral. […] Nous faisons, répondit-il, déclamer les jeunes gens en public pour les accoutumer à prononcer un discours avec grâce. […] Les écoliers, leurs parents, le public, les ont moins estimés et respectés, et se sont moins refusés à la calomnie. […] Voici ses paroles, qui sont également la condamnation du théâtre public, et de celui des collèges, tel qu’il est aujourd’hui. […] Pour le théâtre public, l’apologie des collèges à de pareilles conditions est un nouveau coup de foudre qui l’écrase.

53. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Cet Ecrivain qui n’étoit pas sans mérite ; mais Poëte dramatique assez médiocre, s’avisa de donner au public son théatre, qu’on a depuis sa mort porté à trois volumes. […] Boursaut la donna au public en forme de Lettre d’un Théologien sur la comédie ; y fit même des changemens & des additions dont le P. […] Le public n’avoit pas besoin de décision pour sçavoir à quoi s’en tenir. […] Il se fit bien en quelques Eglises, des Fêtes des fous ; mais si méprisables, si généralement condamnés, qu’elles n’affecterent point les mœurs publiques. […] Un scandale public.

54. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Cependant ce génie dramatique n’a donné au public qu’une douzaine de pieces. […] C’est sans doute rendre service au public de s’approprier les beaux morceaux comme siens, sans en faire honneur à leur vrai maître. […] Malgré l’embarras des affaires publiques dont il étoit chargé, il avoit trouvé des momens à perdre, & les avoit sacrifiés au théatre. […] Il composa des comédies qu’il venoit ensuite offrir au public à Paris. […] L’Historiographe de France ne manquera pas sans doute à l’avenir de faire un article de la vie théatrale des Rois, comme de leur vie militaire, littéraire, publique, mais non pas religieuse apparamment.

55. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Je dis encore que toute la France est enthousiasmée des spectacles : « Totam hodie Romam circus capit, et fragor aurem percutit. » Les théâtres publics, quoique innombrables, ne suffisent pas, on en construit dans les bourgades, dans les armées, dans les couvents, dans les maisons particulières ; on y court, on y monte, on y joue, on y passe la vie ; il se forme des troupes brillantes de citoyens distingués, dont les biens, les travaux, les talents, la mémoire, sont utilement employés à apprendre et à représenter des pièces de théâtre. […] Ajoutons cette foule d’almanachs, de tablettes, d’histoires, de dictionnaires de théâtre, cette inondation de programmes et d’affiches qui parent les carrefours et arrêtent les passants par leurs couleurs et leurs vignettes, ces listes innombrables d’Acteurs, de danseurs, de sauteurs, de chanteurs, qui apprennent au public, comme une chose de la dernière importance, qu’un tel a joué le rôle de Scaramouche, une telle celui de soubrette, que celui-ci a chanté une ariette, celui-là dansé un pas de trois. […] Il n’y a pas jusqu’aux Chevaliers de Malte, Ambassadeurs dans quelque Cour, de qui les nouvelles publiques ne disent avec édification : Un tel Bailli a donné le bal et la comédie, les plus habiles danseurs, les meilleures actrices ont fait honneur à la religion. […] Un bon Acteur est toujours un riche et puissant Seigneur ; il ne le cède qu’au Financier, qui véritablement joue aux dépens du public, une comédie, ou plutôt une tragédie plus lucrative ; mais aussi, par un juste retour, il fait dériver d’abondantes saignées du Pactole sur les états de Thalie. […] Les petites villes trouvent des fonds pour bâtir des salles de spectacles, et s’abonnent avec des troupes de Comédiens, malgré la misère publique, qui rend et nécessaire et presque inutile, exerce et décourage le zèle des personnes charitables.

56. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

L’ouvrage qu’on donne au Public, avait déjà paru anonyme en 1694. in-12. […] Il résulte de la rétractation de ce Religieux, que pour amuser son loisir, il avait composé un petit ouvrage en faveur du Théâtre, mais sans aucun dessein de le rendre public. […] Rien n’est plus ordinaire dans les disputes même les plus sérieuses, que de voir des écrivains, répondre par des airs de mépris et par des injures, à des écrits victorieux ; mais le public n’est pas la dupe de ces ridicules triomphes. […] Quoique l’ouvrage du P. le Brun fut très court, il fut bien reçu du Public ; mais l’Auteur peu content de cette ébauche, pensa dès lors à le perfectionner.

57. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Ce sont les vices publics, ce sont les méchants en général qu’il attaque. […] Voilà des dépenses publiques ; par conséquent des contributions de la part des particuliers. […] Voilà ce qu’il faudrait examiner, peut-être, avant de les justifier aux dépens du public. […] Les tête-à-tête adroitement concertés prennent la place des assemblées publiques. […] Où est la fraternité publique ?

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