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36. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est, de se passionner de sang-froid, de dire autre chose que ce qu’on pense, aussi naturellement que si on le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place à force de prendre celle d’autrui. […] L’homme et le personnage étant le même être, il est à sa place ; il est dans le cas de tout autre citoyen qui remplit les fonctions de son état. […] Je n’ai jamais pu concevoir quel plaisir on peut prendre à imaginer et à composer le personnage d’un scélérat, à se mettre à sa place, tandis qu’on le représente, à lui prêter l’éclat le plus imposant.

37. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Le sujet du Triomphe estoit aussi reglé, & il faloit avoir defait un ennemy considerable ; avoir tué sur la place * quatre ou cinq mille hommes ; avoir poussé plus avant les limites de l’Empire, & avoir enfin fait un notable progrez pour le bien & pour l’honneur de la Republique. […] Ie ne sçay si il est de l’exactitude de cette description, de toucher en cet endroit un Personnage qui avoit une Place importante & mysterieuse sur ce Char. […] Papirius apres avoir vaincu les Samnites (aujourd’huy ceux d’Albruzo) orna la Place publique de plusieurs reliefs de Chariots de Guerre, de Boucliers & d’autres armes. […] Dans les Places publiques, il y avoit des Ieux & des Combats, Enfin, il n’y avoit aucun endroit de la Ville, où la joye & le bruit de la Feste, ne se repandit. […] On luy donnoit toûjours les plus honorables places : & mesme sa maison portoit quelques marques des honneurs meritez & obtenus par son Maistre.

38. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

Je ne fais pas entrer les honoraires des Auteurs dans la Dépense : on pourrait néanmoins supposer à peu près, qu’ils monteront, par an, à la somme de trente cinq mille livres : ce qui joint au Total, complèterait les 600,000 livres : mais cet article de Dépense sera comme nul, par la sur-taxe des Places, aux quatre premières Représentations. […] *** On voit que par cette Taxe, je ne suppose que 500 personnes au Parterre en toute occasion ; 134 à l’Amphithéâtre, 100 au Quatrièmes Loges, y compris les Abonnés ; 66 au Troisièmes ; environ autant aux Secondes, & moins de 100 personnes à toutes les Premières Places.

39. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

Je n’ai point recherché la première place dans le festin du Seigneur ; mais la plus basse ; Et il lui a plu de me dire, Montez plus haut. » Ce Saint Docteur dit ailleurs : « Que les honneurs doivent nous chercher ; et que si nous les cherchons, nous renversons l’ordre et la loi de Jésus Christ qui veut que nous choisissions la dernière place : »8 « Honor te quærere debet non ipsum tu.

40. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Il ne faut pas douter qu’en icelle, après et avec les louanges à Dieu on ne fît des banquets et convis, de belles assemblées ès places des jeunes et des vieux, ensemble des devises et des charolleso de filles avec instruments et chansons comme avaient jadis fait MoïseExod., 15p. […]  » De même Zacharie dit : « Encore les hommes vieux et les femmes anciennes seront ès places de Jérusalem et leur verra-t-on porter le bâton pour leur vieillesse. Et les places de la cité seront toutes remplies d’enfants et de filles, jouant et s’ébattantEn Zacharie, 8. [8, 4-5].

41. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

ON fit annoncer il y a trois ans, dans tous les papiers publics, que plusieurs gens de lettres s’étoient cottisés par la voie de la souscription, pour faire placer la statue du grand Voltaire dans la salle de la comédie, comme on place les statues des Rois dans les hôtels-de-ville, ou autres lieux plublics, au milieu des hustes & des portraits de Corneille, de Racine, de Moliere, comme le soleil au milieu des étoiles ; car tous ces héros de la scéne n’ont point de statues, quoiqu’ils ayent bien merité de l’éclat, & que leurs poëmes n’ayent point été inutiles à Voltaire ; ni les gens de lettres, ni personne, n’ont songé à leur ériger des statues. […] On en avoit des exemples tout recents dans celles des statues de Louis XV, dans la place de Reims, & dans la nouvelle place, au bout des Tuileries. […] Les adorateurs de Voltaire ne traiteroient pas mieux, s’ils en étoient les maîtres, ces sacriléges grenouilles, qui, du milieu de leur sange, croassent stupidement contre lui, & assurément un Ange ne viendroit pas éteindre les flames ; il manquoit cependant à cette pompeuse solemnité, des députés de l’Académie : ce qui est d’autant plus singulier, que Voltaire est un des quarante, & qu’on l’a laissé dans sa place d’Académicien, quoique le Roi lui ait ôté celle de son Historiographe, sans s’embarrasser de sa réligion & de ses mœurs, qui n’illustre pas l’Académie ; mais ce corps illustre, qui ; quoiqu’à demi Episcopal, aime & protége assez le théatre, à l’exception de l’Archevêque de Sens, M. […] Les obséques des Princes, des Généraux d’armée, des gens en place, des moindres citoyens, à proportion vont encore plus loin que Casimo dans l’assemblage des objets lugubres de toutes especes.

42. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

En attendant il en a été l’antidote : on est allé de l’église à la comédie, ç’a été la derniere station de la procession, les acteurs ont pris la place du prédicateur, & l’on courut cueillir aux pieds d’Arlequin le fruit de la parole de Dieu. Par une autre précaution aussi religieuse, à la place des Redoutes qui ont fini avec les jours gras, la nouvelle troupe des histrions a donné le spectacle pendant le carème le même jour que l’on prêchoit à la Paroisse : ces deux stations quadragésimales se suivoient régulierement ; on comparoit orateur à orateur, morale à morale ; grande foule par-tout. […] Au milieu de ces scènes lugubres, un coup de sifflet change la décoration, & fait naître les graces, les ris & les jeux, à la place des ci-devant soi-disans. […] Cette piece répandue dans le public est une nouvelle gazette qui donne au législateur actuel de la Pologne, des coups de pinceau aussi peu favorables que ceux des gazettes étrangeres, dont il s’est plaint si amerement en différentes cours, & qu’il a fait brûler dans la place publique du théatre, & dont les cendres voltigeant portées au loin par le vent de la renommée, lui assurent l’immortalité. […] On a construit à Toulouse, pour la fête du Parlement, comme à Petersbourg pour la paix avec le turc, quatre théatres au quatre coins de la place royale, où l’on donna quatre spectacles divers : mais l’amphithéatre ne tournoit pas ; c’étoit les spectateurs qui tournoient & courroient de l’un à l’autre à leur fantaisie : ce qui causoit de la confusion dans ce parterre ambulant, & lui donnoit bien de la fatigue.

43. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Les excès des Iroquois & des Nègres ; si ces peuples avoient des théatres, ne seroient pas supportables en France, comme leurs chants & leurs danses ne le sont pas : la naïveté grossiere de nos ancêtres révolteroit leurs descendans, comme leurs vertugadins & leurs grot canons : le libertin le plus déclaré ne s’accommoderoit pas des gros mots de la Place Maubert. […] La corruption des mœurs leur en ouvrit les portes, & les y fit venir en foule ; mais un reste de décence leur y fit assigner des places distinguées & une entrée différente. […] Il est encore des provinces en France où chaque sexe a sa place marquée dans l’Église, & on avoit établi cet usage dans toutes les missions sauvages du Canada. […] Ce n’est plus une affaire de cérémonial & d’étiquette, il n’y à plus de places distinguées pour les états, on en seroit plus grave & plus retenu. […] C’est détruire les fortifications de la place qu’on habite, pour appeler tous les brigands qui voudront s’en emparer, & exposer sa propriété, sa liberté, sa sûreté.

44. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Ce ne sont ni les Femmes savantes, ni les Précieuses ridicules, ni le Malade imaginaire, qui nuisent ; ce sont les fripons, les libertins, les gens durs, injustes, violens, dont il faudroit purger la terre ; ce sont ces femmes hardies qui par leurs désordres enseignent à leur sexe que la pudeur est ignoble & puérile ; ces brillantes débauchées, à qui l’on pardonneroit peut-être de ruiner les fortunes, si elles ne détruisoient pas les sentimens ; ces Actrices corruptrices de la jeunesse, ces mères étrangères à leur famille, ces marâtres qui dépouillent leurs premiers enfans, ces intrigantes qui trafiquent de leurs charmes pour faire monter l’ignorance & le vice aux grandes places. […] Il place la prédication des Apôtres, des Pères, des Pasteurs, de niveau avec la Comédie, qui est une espèce de blasphême de la parole divine. […] Les harangues de la place Maubert en disent cent fois d’aussi vifs, d’aussi justes, d’aussi plaisans, que Moliere même alloit écouter, qu’il a inserés dans ses pieces, dont il faisoit juge sa servante, & que personne ne traite de sublime. […]  3. dit : Malheur à la nation insensée qui place à coté des grands hommes, de l’homme utile à sa patrie, celui qui ne contribue qu’au plaisir frivole, Comédiens, Danseurs, Moliere, &c. Est-il fort intéressant pour Athenes, qu’on rende parfaitement sur la scene Priam, Ulisse, Philoctete, tandis que personne ne sait être citoyen dans la place publique, ni magistrat dans l’aréopage ?

45. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

A la place des gladiateurs, combien de temps n'ont pas été en vogue ces tournois sanguinaires où par une valeur féroce la noblesse rompait des lances, se battait à fer émoulu, sous les yeux des Princes, et où les Dames spectatrices, par un mélange odieux de douceur et de barbarie, employaient leurs charmes à animer les combattants, se plaisaient à les voir répandre le sang pour leur gloire, en invoquant leur nom, et distribuaient des couronnes aux vainqueurs. […] Cependant, comme nous l'avons remarqué, on y court, la place de Grève est trop petite pour contenir la multitude qui s'en repaît, le loyer des fenêtres à chacune de ces scènes tragiques forme un revenu considérable. […] fait-elle voler, assassiner sur l'échafaut, en place publique, pour mettre sous les yeux le forfait qu'elle punit ? […] Nous mettons les préjugés à la place des vertus ; dans les personnages intéressants nous faisons presque aimer les faiblesses par l'éclat des vertus que nous y joignons ; dans les personnages odieux nous affaiblissons l'horreur du crime par de grands motifs qui les élèvent, ou de grands malheurs qui les excusent. […] L'Auteur de la nouvelle Héloïse conclut son roman singulier par cette pensée très vraie pour quiconque mérite d'en sentir la vérité. « Je ne saurais concevoir quel plaisir on peut prendre à imaginer, à composer, à jouer le personnage d'un scélérat, à se mettre à sa place, et à lui prêter l'éclat le plus imposant.

46. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Avec les croix qu’ils ont élevées sur les places publiques et sur nos grandes routes, ils ont voulu planter l’étendard de leur domination. […] L’ordre le plus régulier y règne ; il n’est pas une place où la mère de famille ne puisse se montrer avec ses filles, sans craindre de dangereux exemples : l’œil du public pénètre partout, et des flots de lumière rendent facile et efficace la surveillance de tous sur chacun. […] … Une statue colossale est élevée, inaugurée sur sa place publique : A qui ? […] Leurs corps sont repoussés des églises romaines, et ne trouveraient point place dans le champ du repos si les prêtres en étaient toujours les maîtres. […] « Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples, en leur disant : « Les scribes et les pharisiens se sont assis sur la chaire de Moïse. » « Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes, et ils ne veulent pas les remuer du bout du doigt. » « Ils aiment les premières places dans les festins, et les premières chaires dans les synagogues. » « Ils aiment qu’on les salue dans les places publiques, et que les hommes les appellent rabbin ou docteurs. » « Mais malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; car vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous vous opposez encore à ceux qui désirent d’y entrer. » « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites parce que, sous prétexte de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves : c’est pour cela que vous recevrez un jugement plus rigoureux1. » « Malheur enfin à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, après qu’il l’est devenu, vous le rendez digne de l’enfer deux fois plus que vous !.

47. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

          Aimable jeunesse,           Profitez du tems,           De vos jeunes ans,      Donnez-vous à la tendresse, Ne perdez point ces précieux momens           La beauté se passe,           Le tems s’efface,            L’âge de glace            Vient à la place, Qui vous ôte le goût de ces doux passe-tems. […] A présent tout s’y trouve conforme au génie délicat du siécle ; les portraits sont tirés d’après nature, il régne dans toute la piece une illusion séduisante ; le cœur qu’elle a le don d’intéresser, se suppose volontiers en la place des interlocuteurs, & puise des vices réels dans le spectacle des passions imaginaires.

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