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39. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Trouve-t-on dans leur conversation le moindre rayon de lumiere, la plus légère étincelle de piété ? […] A cet égard l’esprit du siécle est Iconoclaste : elles sont bannies de par-tout, on n’en souffre ni dans les maisons ni dans les livres, même dans les livres de priere & de piété, où elles étoient autrefois communes, tandis que les Dieux de la fable, les héros des Romans, le grotesque de toute espece, se sont emparés de tout. […] Nous ne prétendons pas traiter cette grande matiere ; mais voici l’usage que nous faisons de cette fameuse querelle, qui mit aux mains l’Orient & l’Occident ; elle suppose de l’aveu des deux parties, que les images produisent sur l’esprit & sur le cœur, de bons & de mauvais effets, Qu’il faut donc proscrire les images indécentes, dont l’effet ne peut être bon, & nécessairement mauvais, & conserver les images de piété, qui ne font aucun mal, & peuvent faire beaucoup du bien. L’Iconoclaste qui détruit les saintes images, à raison du danger qu’y trouvent les simples ; combien doit-il anathématiser les images indécentes, infiniment plus dangéreuses pour tout le monde, & le Catholique qui ne conserve les images de piété, qu’à raison du bien qu’elles font ; épargneroit-il les licencieuses qui ne sont que du mal ? […] Je suis bien éloigné d’ajouter foi aux songes, & prendre pour oracle les puérilités d’Artemidore ; mais le fond de cette idée est conforme aux regles de la piété chrétienne.

40. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Il n’y avait presque plus de sainteté, et on pouvait dire alors ce que dit autrefois le Prophète Jérémie : « Viæ Sion lugent eo quòd non sint qui veniant ad solemnitatem : Les rues de Sion pleurent, parce qu’il n’y a personne qui vienne à la grande solennité. » On ne parlait plus de piété, la dévotion n’était presque plus connue, je ne dis pas des gens du monde, mais même des Prêtres. Les guerres civiles et les hérétiques avaient causé une terrible désolation ; et comme il y avait à craindre que l’hérésie n’entraînat le reste de la piété, il fut envoyé de Dieu pour la rétablir. Comme il lui fallait remettre la dévotion en toutes sortes de conditions, et la faire entrer dans l’âme de ceux qui vivaient à la Cour, aussi bien que de ceux qui vivaient dans les Cloîtres ; pour insinuer cette piété dans l’âme de ceux qui vivaient dans le monde, il lui fallait prendre des mesures de douceur, il fallait user de tolérance, de crainte que la sévérité n’écartât ceux qu’il voulait attirer, et que la pensée d’une malheureuse impossibilité ne les empéchât de venir à lui.

41. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Ils saisissent le tems où notre Eglise dans le deuil pleure la perte d’un pere également tendre & vigilant ; & la voyant encore dans la viduité, ils se hâtent de prévenir ce qu’ils auroient à craindre du zéle & de la piété de son Successeur. […]  ; mais encore par un Prince aussi grand par sa piété & ses vertus, que par son auguste naissanceM. le Prince de Conty.

42. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Le P. le Brun n’a rien d’outré, il ne dit que ce qu’enseigne toute la théologie ; il est plein d’érudition, de modération, de sagesse, de piété. […] Il humanise la piété pour la rapprocher de la scène. […] Le rapport des actions à Dieu n’est pas une spéculation, mais une pratique de piété inconnue au théatre. […] On n’a donc jamais entendu de sermon, lu de livre de piété ; on auroit vu l’orgueil, l’avarice, la médisance, l’irréligion, tous les vices foudroyés, aussi-bien que l’amour, & mieux qu’au théatre ; on auroit vu exhorter les parens & les enfans de bien assortir les mariage, de ne pas écouter l’ambition, la cupidité, un fol amour, mais de consulter Dieu. […] Beaubourg étoit un modèle de piété dans l’Eglise.

43. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Sans rechercher curieusement l’origine de cette louange, que l’Église a donnée aux femmes ; l’on peut assurer que leur piété leur a mérité l’avantage d’être si glorieusement distinguées des hommes : Mais l’on peut aussi demander d’où vient que la dévotion, ce sentiment vif et ardent de la Religion, s’est plus établie entre elles que parmi nous ? […] Que tout cela n’ait beaucoup servi à les attacher à Jésus-Christ par une plus sensible reconnaissance ; à les rendre plus dévotes que nous ; et que cette tendre et fidèle piété ne leur ait justement mérité la louange d’être le Sexe dévot ? […] Sans elles la piété languirait partout, et nos Églises seraient presque désertes : Car si elles n’y venaient pas ; combien de Cavaliers et de prétendus Abbés, de jeunes Financiers et Officiers de Justice, n’y mettraient pas le pied, ni pour le Salut, ni pour le Sermon, ni peut-être encore pour la Messe ?

44. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIII. Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. » pp. 67-75

Je commencerai par la seconde loi du Code Théodosien touchant les spectacles, qui est attribuée aux Empereurs Gratien, Valentinien, et Théodose : « Nous vous avertissons avant toutes choses, que personne ne transgresse la loi que nous avons donnée il y a longtemps, en détournant le peuple de la piété par quelque spectacle » ; l. 2. […] Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits  » ; Item l. 5. eod. tit.

45. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

C’est de quoi je ne tombe pas d’accord, et pour produire la pièce qui a reçu le plus de louanges et qui a été l’admiration de toute la France ; N’est-il pas vrai que Chimène exprime mieux son amour que sa piété, que son inclination est plus éloquente que sa raison, qu’elle excuse mieux le parricide qu’elle ne le condamne, que sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ? […] Disons encore que si les filles sont assez sincères pour nous découvrir leurs sentiments, elles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur leur esprit que sa piété, qu’elles sont bien plus touchées de la perte qu’elle a faite de son Amant, que de celle qu’elle a faite de son Père, et qu’elles sont bien plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner.

46. (1715) La critique du théâtre anglais « AVIS. »

Collier, s’était depuis converti à la Foi catholique ; qu’il fit une sincère pénitence de ses Poèmes licencieux, et que pour satisfaire en quelque sorte à Dieu, à la Religion et au bon exemple, il traduisit en sa langue quelques-uns de nos meilleurs Livres de piété.

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Je ne dis pas qu'on ne puisse quelquefois employer ces expressions métaphoriques, qui sont partout reçues, encore moins voudrais-je soupçonner la pureté d'intention d'un Auteur que j'ai connu rempli de piété, je dis seulement que c'est un homme qui, comme un grand nombre de Jésuites, nourri du théâtre, ayant composé et représenté des pièces, regardant les talents dramatiques comme un mérite distingué, s'en est rendu le langage familier, et le parle naturellement à tout propos, sans s'apercevoir de l'indécence de l'application qu'il en fait aux choses saintes. […] Tous leurs Sermonnaires, tous leurs livres de piété le proscrivent sans restriction ; selon eux, on ne doit jamais y paraître. […] Qu'on juge par là s'il est difficile de rendre la tragédie innocente, et si les maîtres de la morale évangélique ont prononcé avec raison, que le théâtre le plus épuré aux yeux du monde, sera toujours incompatible avec la vraie piété, et ne servira jamais qu'à réveiller des passions d'autant plus dangereuses, que nous en portons le germe dans la corruption du cœur. […] Nous avons même fait voir en divers endroits qu'Esther par ses traits satiriques et ses flatteries outrées, et Athalie par sa doctrine meurtrière des Rois, étaient des pièces répréhensibles, malgré toute leur piété ; qu'elles produisirent de mauvais effets à S. […] Sa philosophie l'en éloignait par principe de vertu ; et par zèle pour sa religion, ne pouvant l'interdire à tout le monde, il voulait du moins que les Prêtres Païens s'en abstinssent, pour donner du crédit au paganisme par cet air de piété, à l'exemple des Chrétiens, qui n'y allaient jamais, et auxquels dans son système de persécution il n'eût pas manqué de défendre d'y paraître, s'ils l'eussent fréquenté, pour se moquer d'eux, ou d'ordonner d'y aller, pour les corrompre, s'il eût espéré d'être obéi.

48. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Une grimace de piété succède à plusieurs jours de fêtes profanes : Semblables à ces peuples envoyés dans Samarieb, qui tantôt Assyriens et tantôt Israëlites, après avoir encensé les Idoles, venaient adorer le vrai Dieu. […] Que de railleries piquantes sur l’inébranlable probité de Loth au milieu d’une ville si universellement corrompuec ; que de plaisanteries à essuyer sur sa piété, sur sa modestie, sur sa retraite ; que de discours désobligeants ; que d’insultes pour s’être conservé dans l’innocence, pour ne s’être pas laissé entraîner au torrent ! […] Dites-leur que le bal est défendu parce qu’il est presque toujours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le théâtre de toutes les vanités mondaines, et le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut, et un précis vif et piquant de toutes les tentations : que tout y est écueil : que tout y est poison : danses, instruments, objets, entretiens, assemblée, tout y concourt à étouffer les sentiments de piété, à séduire et l’esprit et le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du Christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté !

49. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IV. La Comédie considérée en elle-mesme. » p. 8

Cette vue seule ne devroit-elle pas décider pour toujours contre les Spectacles, les disciples d’un Maître qui ne couronne que la piété, & ne prononce que des malédictions & des anathêmes contre le crime ?

50. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « Approbation des Docteurs »

Ainsi nous estimons que la lecture en sera utile aux Fidèles, qu’elle leur inspirera de l’horreur pour ces Assemblées dangereuses, si contraires à la piété, et dont l’effet ordinaire est d’amollir, et souvent même de corrompre tout a fait le cœur.

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