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78. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XI.  » p. 466

Plusieurs personnes étouffent de mauvais desseins, parce qu'ils manquent d'adresse pour s'en ouvrir. Et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, s'y trouvent ensuite insensiblement engagées.

79. (1675) Traité de la comédie « XVI.  »

Car la fin qu'ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne leur sauraient plaire qu'en mettant dans la bouche de leurs Acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, ou à qui ils parlent. Or on ne représente guère que des méchants, et on ne parle que devant des personnes du monde, qui ont le cœur et l'esprit corrompus par des passions déréglées et de mauvaises maximes.

80. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Personne, ajoute-t-il, n’est excommunié qu’il ne soit coupable de péché mortel. […] Personne n’étoit plus intéressé à les nier, ces censures, que les Comédiens eux-mêmes. […] paroitroit sur les Théatres en la personne d’un Acteur ! […] Que tout y est plein de poison & d’impureté… Mais, dites-vous, il est des personnes, à qui ces représentations ne sont aucun mal. […] Il n’est personne qui ne puisse les lire.

81. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

En vérité vous ne pouviez rien faire de plus contraire à cette gloire que vous poursuivez si ardemment, car quelle estime peut-on avoir pour vous quand on voit que vous comparez si injustement deux personnes, dont les actions sont autant opposées qu’elles le peuvent être ? […] C’est ainsi qu’il a fait cette grande Armée de « cent quarante-quatre mille personnes » dont il parle tant dans son avis du S. […] Pour vos histoires elles sont poétiques, vous les avez accommodées au Théâtre, et il n’y a personne qui ne sache que vous avez changé un Cordelier en Capucinab. […] Il s’échauffe, il s’emporte, il se flatte, il s’offense et se passionne jusqu’à sortir de lui-même, pour entrer dans le sentiment des personnes qu’il représente. […] Ce ne peut être que par une raison fort mauvaise pour vous, n’obligez personne à la découvrir, et ne dites point de vous-même que l’Auteur des lettres a voulu écrire comme Monsieur Pascal.

82. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Il se fit laver avec le sang des victimes, pour effacer en sa personne le caractere du baptême 4°.  […] Témoignage bien supérieur à celui d’une poignée d’incrédules, plus partisans de ses sentimens qu’admirateurs de sa personne ; & que la philosophie lui devroit donner autant que la religion, puisqu’il a réellement apostasié de la philosophie même autant que du christianisme & du clergé. […] L’abbé de Rieupeiroux, chanoine de Forcalquier, dont nous parlons ailleurs, ayant quitté l’état ecclésiastique pour se livrer au théatre, il composa plusieurs drames qui ne réussirent pas, & quantité de pieces fugitives, dont la plupart roulent sur la galanterie, & dont on ne se souvient plus, n’a laissé qu’un souvenir fort médiocre de ses talens & de sa personne. […] Personne n’ignore sa fortune & sa chûte : mais tout le monde ne fait pas que cet arlequin, est d’une maison distinguée dans la robe, fut d’abord ecclésiastique & chanoine de la cathédrale du Mans ; & qu’après avoir été forcé de quitter son collet & son bénéfice, il osa solliciter des bénéfices simples, mais si simples , disoit-il, qu’il ne faille que croire en Dieu pour les posséder . […] Il plut à Zénobie, Reine de Palmire ; &, pour la rapprocher, disoit-il, du christianisme, il adoucit tellement les dogmes qu’elle n’aimoit pas, qu’il combattit la trinité des personnes en Dieu, & la divinité de Jesus-Christ On tint un concile pour condamner ses hérésies : il fit semblant de les désavouer, & assura qu’il avoit toujours eu la même foi que l’Eglise : le concile se sépara sans rien prononcer.

83. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

La familiarité, défaut ordinaire des personnes qui réfléchissent peu, est une sorte de frivolité pratique qui vient de la façon légère d'envisager les choses et les personnes, sans s'embarrasser de leur prix et de leurs droits. […] L'obscénité sans doute est grossièrement familière ; mais tout ce qui est familier n'est pas obscène : les personnes les plus réservées sur l'impureté peuvent s'émanciper sur tout le reste. […] Je ne parle que des divers germes de la familiarité dont je viens de faire le détail, et que les personnes les plus polies et les plus sages contractent dans la fréquentation du spectacle. […] On ménage aussi peu les choses que les personnes. […] Il est si difficile de séparer les droits de la place des défauts de la personne.

84. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre III. Du Bal. » pp. 178-183

Sous le Masque, on dance pour autruy, on se pique d’exprimer ceux que l’on represente, & le déguisement peut cacher beaucoup de defaux, soit en la personne, soit à la dance. Mais icy il ne s’agit que de soy-mesme : Vous paroissez tel que vous estes, & tous vos pas & toutes vos actions sont tributaires aux yeux des Spectateurs, & leur exposent & le bien & le mal, dont l’Art & la Nature ont favorisé ou disgracié vostre personne. […] Pour les premiers ; nos Amants & nos Belles en sçavent plus qu’on n’en peut écrire : Pour le second, outre que nous en avons dé-ja parlé sur le propos des Dances, je n’adjoûteray que ce mot, que la belle Dance est une certaine finesse dans le mouvement, au port, au pas, & dans toute la personne, qui ne se peut ny exprimer ny enseigner par les paroles.

85. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Ces lois, faites pour tous les états, ont une application naturelle aux Comédiens, soit par rapport à leur état et à leur personne, puisque étant dans la dernière classe, ils n’ont droit à aucune prérogative, et doivent être habillés de la manière la plus simple ; soit par l’abus qu’ils en font et qu’ils en font faire, personne ne porte plus loin les excès du luxe des habits, et par le goût et l’exemple rien n’est plus contagieux dans le public. […] Conviendrait-il même de voir des personnes infâmes dans un lieu honnête ? […] La profession de Comédien n’était pas plus attachée à la servitude ; on n’y a longtemps employé que des esclaves, parce que ne trouvant personne qui voulût s’avilir jusqu’à être Comédien, on était obligé de se servir de ces malheureux qu’on y forçait. Mais les personnes libres ont toujours pu s’y livrer, en subissant la peine de l’infamie. […] La première règle de la vocation est de ne pas prendre un état mauvais par lui-même, et personne qui ne donne d’abord pour exemple celui de Comédien.

86. (1674) Le Theâtre François pp. -284

La Tragedie est vne representation graue & serieuse d’vne action funeste, qui s’est passée entres des personnes que leur grande qualité, ou leur grand merite releuent au dessus des personnes communes, & le plus souuent c’est entre des Princes & des Roys. […] On y employe méme pour de certains rôles d’autres personnes que des Ecoliers, on y danse des balets. […] Il a soin aussi d’écrire les noms des personnes qui entrent dans la Troupe, & de marquer à quelles conditions ils y sont receus. Ces deux charges de Tresorier & de Secretaire sont souuent exercées par vne méme personne, qui peut seule en faire les fonctions. […] Quoý que sa taille ne passe guere la mediocre, c’est vne taille bien prise, vn air libre & degagé, & sans l’ouir parler, sa personne plaist beaucoup.

87. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Y trouve-t-on une personne de probité ? Quelle surprise s’il s’y trouvait une personne vertueuse ? […] Quelle secrète aversion, si quelque personne vertueuse ose désapprouver ces sortes de plaisirs ? […] Dites à cette jeune personne que ses parents prennent plaisir d’immoler à tant de vanités, et qui est si contente d’en être la victime ; dites à ce libertin en qui l’esprit du monde et une oisiveté invétérée ont presque éteint l’esprit de Religion ; dites à cette jeune femme qu’un leurre de fortune flatte et éblouit, et qui n’a plus de goût que pour les joies et les fêtes mondaines ; dites-leur que selon saint Chrysostome, il n’y a point de plus dangereux ennemis du salut que ces divertissements nocturnes, ni qui soient moins chrétiens. […] Le temps viendra que ces jeunes personnes, ces libertins, ces gens du monde, condamneront avec indignation contre eux-mêmes, avec une espèce d’horreur, tous ces profanes divertissements, mais en sera-t-il temps ?

88. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

C’est un scandale actif de mettre dans un Jardin public Venus nue, ou quelqu’autre Statuë déshonnête, quoique personne ne soit obligé d’entrer dans ce Jardin. […] Que les personnes infâmes, tels que sont les Comédiens, ne soient point reçus à former des accusations. […] En troisième lieu, il faut prendre garde qu’il n’y ait rien qui ne convienne à la personne, au temps, et au lieu, et qui ne soit encore bien réglé quant aux autres circonstances. […] Ces personnes se croient en sûreté, quand elles ont demandé, s’il y a péché mortel à prendre ces divertissements : elles veulent une réponse juste et décisive. […] Il n’y a pas un si grand nombre de personnes qui s’expose à perdre tous leurs biens à ces sortes de jeux, comme il y en a qui exposent leur salut à la Comédie.

89. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Les drames religieux amusent sans conséquence des personnes bien disposées, qui n’en abusent pas, et qui dans la retraite, privées de tous les plaisirs, et sans cesse occupées à des exercices de piété, ont besoin de quelque délassement. Les laïques y sont rarement admis ; ce ne sont que des personnes choisies, dont la piété décidée et l’attachement connu à la Communauté garantissent la discrétion. […] A plus forte raison, dit-il, n’est-il pas permis à ces personnes respectables d’en représenter par eux-mêmes. […] Il ne m’appartient pas de réformer personne ; je me contente de dire que ces spectacles pieux, que plusieurs Saints ont approuvés, n’ont aucun rapport avec nos comédies, et ne forment point de titre en leur faveur. […] Elles se plaisaient à l’effusion du sang des gladiateurs, et montraient plus d’acharnement que personne à demander leur mort : « Pectusque juventis Virgo modesta jubet converso pollice rumpi. » L’assistance des Religieux au théâtre ne serait parmi les Chrétiens que plus indécente, et les suites plus scandaleuses.

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