» , il emploiera les preuves dont se sont servis ces grands personnages ; savoir, Tertullien, Saint Cyprien Martyr, Salvien, et Saint Chrysostome. […] A l’égard des Comédies où l’on représente des choses mauvaises, il y a péché d’y assister, quand le plaisir a pour objet les choses déshonnêtes : mais il n’y en a point, disent-ils, quand le plaisir vient de la manière ingénieuse et spirituelle qui se trouve dans l’invention et dans la représentation, par exemple, par rapport à l’Acteur qui représente bien son personnage ; quelques Auteurs sont de ce sentiment. […] Que la distinction que l’on fait de la chose représentée d’avec la manière de la représenter, ou de l’habileté de l’Acteur qui fait bien son personnage, d’avec ce qu’il représente, est l’effet d’un raisonnement spéculatif et trop subtil, dont l’application ne peut avoir lieu dans la pratique, en matière d’impureté.
Enfin un libertin, une coquette, une prostituée, voilà les personnages qui triomphent sur les Théatres.
Chapitre 70, rapporte que ce Cardinal étant Légat du Pape à Florence, on y fit des réjouissances ridicules, on fit crier que tous ceux qui voudroient savoir de nouvelles de l’autre monde, en apprendroient le premier Mai sur le Pont de la Ville ; au jour marqué parurent sur la riviere Darne, un grand nombre de barques, remplies de personnages qui représentoient l’enfer, des feux, des fouets, des roues, & divers instrumens de supplices, des Dragons, des Serpens, des démons, des hommes nuds qu’on frappoient, qui crioient & hurloient comme des Damnés dans les tourmens ; mais rien ne pouvoit être plus tragique, que ce qui termina cette scene, dans le tems qu’on étoit le plus attentif, le Pont qui étoit de bois, trop chargé par la foule immense du peuple, tomba tout à coup.
Les représentations théatrales sont même plus dangereuses ; ce sont des peintures animées des passions, où des hommes & des femmes, vivant, agissant avec toutes les graces & les attraits du vice, sentent, expriment, font sentir tout ce que sentiroit le personnage qu’ils jouent.
En effet, on persiffle Mondor, qui le mérite, & dont le personnage est odieux pour plus d’une raison ; & l’on ne condamne dans d’Ormilli que sa jalousie : sa ridicule vivacité, ce vice de caractère qui rend les hommes d’un commerce difficile, souvent insupportable, loin de lui nuire, lui donne un air plus piquant.
Les saints évangélistes, ainsi que les pieux et vénérables personnages de la primitive église, ne cessèrent tous de prêcher la douceur, la charité, l’humilité, le pardon des injures, et le mépris des richesses.
Il faut de l’esprit et du talent pour bien rendre un personnage, comme il en faut pour faire un habit de goût, un ameublement bien entendu, une menuiserie, un équipage, etc.
Je ne révendique que ce qui appartient au théatre dans la vie de ce fameux personnage. […] On auroit gagné un éloge plus étendu & plus libre, que le Ministre en auroit fait, & il est des traits particuliers de ce célebre personnage qui ont paru sur la scene du monde avec tant d’éclat, dont on auroit parlé.
Tout alors lui paroîtroit innocent & vertueux, comme les personnages à qui il en donne la possession exclusive. […] Comme si des personnages de Comédie devoient être des modelles de perfection.
Ce tableau spirituel doit donc être observé avec le même scrupule sur la Scène, qu’il seroit sur la toille ; & chaque instrument qui remue, chaque personnage qui figure garder la même précision dans son jeu, que les couleurs dans leur nuances. […] ce n’est qu’en se mettant lui-même à la place du héros qu’il peint, du personnage qu’il représente : il faut donc qu’il s’échauffe vivement de cette idée, qu’il se frappe de l’action, qu’il en prenne les motifs, qu’il en conçoive les passions : quelle chaleur de génie tout cela ne demande-t-il pas.
be ; il se déguisa en femme, entrant sur la nuit dans la ville, et en partant le lendemain de grand matin ; afin d’avoir au moins ce bien, d’ouïr un peu la nuit ce grand personnage-là. […] Nous savons, grâces à Dieu, et ne sentons que trop, ce que demande l’état de la vie humaine en ce monde : Nous ne faisons la guerre, ni à la nature, ni à la société ; nous accordons tout ce qu’on peut alléguer, pour la nécessité des recréations ; mais nous disons, qu’elles doivent être séantes aux Chrétiens, non contraires à Jésus-Christ, ni à son Evangile ; que l’on doit en user selon la raison, non selon notre passion ; que l’on doit viser à ce qui est agréable à Dieu, et convenable à notre profession ; Qu’il faut éprouver et discerner toutes choses, et retenir ce qui est bon : Qu’il faut combattre, et repousser les mauvaises coutumes, et les scandaleux exemples, comme les plus pernicieux ennemis de l’intégrité de nos mœurs : Que si entre les Païens tels exercices de farceries et bateleries, étaient indignes d’un personnage de qualité, voir suffisaient à déshonorer ceux qui s’en mêlaient, il préjudicient bien plus à la gravité et sainteté requises en un Chrétien.
Mais, comme l’a dit dans un Ecrit latin un Auteur que nous avons eu occasion de citer plusieurs fois ;116 « C’est un double personnage bien difficile à remplir que celui de Pasteur spirituel & de Prince temporel. […] S’ils avoient une autre intention, choisiroient-ils si souvent pour Héros de leurs Pieces, pour leurs Personnages favoris des libertins & des athées ? […] Il n’y a pas moins de danger à ne nous donner que des personnages vicieux pour les Héros des Poëmes dramatiques. […] C’est une espece de Roman Epistolaire, dont le principal personnage est une Comédienne. […] s’écrie dans la Comédie des Talens à la mode, un personnage qui néanmoins y paroît avoit beaucoup d’inclination pour les plaisirs de tous genres.