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417. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Parmi une foule de vérités que dit éloquemment le discours couronné, on trouve celle-ci : Quand les Romains se furent adonnés avec passion au théatre, ils perdirent, dit Quintilien, les sentimens généreux qu’ils avoient conservés. […] L’Auteur dans tout cet essai ne connoit pas la valeur des termes : Non par des ridicules qui passent, mais parce qu’il peint l’homme, qui ne passe point, aucun de ses traits n’est perdu. […] La moitié du Théatre de Moliere est suranné, la moitié de ses traits sont perdus.

418. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Vous avez perdu de vûë vôtre véritable but : vous n’entendez plus (parce que vous ne voulez plus l’entendre) ce qu’exigent les loix de vôtre emploi ; ce que veut la nature de la Poësie Dramatique. […] Rien, plûtôt que d’entamer les bonnes mœurs, que de perdre autrui, & se perdre soi-même. […]   A quel dessein y voit-on voler tant d’enfans des deux sexes ; les uns presque perdus par l’indulgence cruelle des Peres, les autres déja instruits par une Mere dans l’art funeste de trop plaire : tant de jeunes gens qui suivent les drapeaux du Dieu de la galanterie : tant de personnes que l’Hymen courroucé, ou l’avarice, ou l’ambition, ont trop malheureusement unies ?

419. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Combien de jeunes gens, s’ils voulaient être sincères, avoueraient que sans le secours des spectacles, ils n’auraient pas si tôt perdu une certaine retenue qui tient en garde contre les premières atteintes de cette passion ; que c’est la Comédie qui leur en a développé tous les mystères ; que c’est là qu’ils ont pris leurs premières leçons de galanterie, et qu’ils y ont appris l’art de faire parler des feux, inspirés, il est vrai, par la nature ; mais que leur simplicité ne pénétrait pas, ou que leur timidité n’osait faire éclore. […] L’équivoque ni la basse plaisanterie ne les dégradent point ; on ne respire point à leur représentation un air de volupté qui règne dans toutes les autres Pièces de Théâtre, on en convient ; mais tout y est si tendre, si touchant, que le cœur est affecté dès les premières scènes ; l’intérêt qu’on y prend est si vif, qu’il peut être très funeste, et qu’elles perdent par là l’avantage qu’elles auraient sur toutes les autres d’être plus capables de corriger les hommes, et de les rendre meilleurs. […] Il remonte à la source du mal ; elle est, selon lui, dans les Auteurs et les Acteurs comme dans les Spectateurs ; mais il la trouve singulièrement dans les Auteurs, qui perdent à tout moment de vue et la fin et le but du sujet qu’ils se mêlent de traiter. […] Après avoir montré combien la Tragédie a perdu de son ancienne majesté, en perdant sa gravité, sa sévérité, sa modestie, sa décence, il passe à la Comédie moderne.

420. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

on rentre chez soi avec un cœur blessé, qui porte encore le trait empoisonné ; on a perdu le goût de la vertu & de la pudeur ; les plaisirs légitimes deviennent insipides ; le crime devient un assaisonnement nécessaire pour les rendre agréables & piquans ; on méprise tout ce qui ne porte pas écrit sur le front le caractere du vice, tout ce qui n’est pas marqué au sceau du démon.

421. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

A quoi me sert un Oreste furieux, ainsi qu'Euripide le représente, ou un autre qui vient nous entretenir du meurtre qu'Alcméon fît de sa mère, ou bien celui qui porte un masque, ou qui fait des grimaces ayant l'épée au côté, et jetant des cris, ou celui qui s'habille d'une manière indigne d'un homme; laissons les fables d'Agesilaus, et du Poète Ménandre; pourquoi perdrais-je le temps à admirer dans les fables un Joueur de flute, et pourquoi m'arrêterais-je à considérer un Antigenide Thébain, disciple de Philoxene, qui faisait ce métier ?

422. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« En certains lieux les Spectacles seront utiles pour rendre les gens riches moins mal-faisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui faire oublier ses Chefs en voyant ses Baladins ; pour maintenir et perfectionner le goût quand l’honnêteté est perdue ; pour couvrir d’un vernis de procédés la laideur du vice ; pour empêcher, en un mot, que les mauvaises mœurs ne dégénèrent en brigandage.

423. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Le temps perdu ou les écoles publiques. […] Une Actrice se croît fille de conséquence, L’Acteur se perd par sa fatuité, Le maître de musique est un homme fêté, Et jusques en carosse on voit rouler la danse.

424. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Pour ne rien perdre du détail, il remplit une galerie entiere de celles d’Apollon ; il copia toutes les obcénités des Carraches à Florence & à Rome ; il fit un voyage exprès à Vaucluse, pour peindre les Amours de Petrarque & de Laure. […] Qu’on ne s’imagine pas que ce langage soit emprunté des Peres de l’Eglise ; Bussi-Rabutin, courtisan fameux par les disgraces, conjura ses enfans, étant au lit de la mort, de fuir les spectacles, comme des lieux contagieux où il avoit perdu son innocence.

425. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Le vice, dans la Comédie du Méchant, est détestable dès qu’il se montre ; les faiblesses de Florise excitent le mépris ; la prévention de son frère impatiente ; on a pitié du jeune étourdi, qui s’expose, en suivant les conseils du Méchant, à perdre une Maitresse qu’il aime. […] Aussi les Italiens, qui ont des Opéras dont le sujet est puisé dans l’Histoire, c’est-à dire, selon les nouvelles idées, les meilleurs Opéras possibles, ne tardèrent-ils pas à sentir, combien il était insipide de faire chanter des Héros, agités par la colère, transportés par l’amour, dévorés par l’ambition, expirans sous les coups de leur ennemi : ils ont perdu de vue ces Héros devenus ridicules, & l’Opéra n’est plus pour eux qu’un recueil de beaux airs ; une carcasse sur laquelle on applique une Musique forte, terrible, ou voluptueuse : la Salle où l’on chante ces airs, est moins regardée comme un Théâtre dramatique, que comme le rendez-vous commun de la société, qui vient y former différens cercles. […] Que l’Opéra puise dans Homère, dans Virgile, dans Ovide, l’Arioste, le Tasse, Milton ; dans les Romans merveilleux, & jusques dans Dom Quichote ; il pourra même entreprendre avec succès, de représenter les prodiges opérés en faveur des Enfans d’Israel : mais qu’il ne touche pas à l’histoire ; qu’il ne prenne aucun sujet trop récent ; quelque prodigieux que soit un fait de la Loi nouvelle, il ne peut l’employer : il faut que le fond sur lequel il bâtit, ou soit faux, comme celui des Amadis, ou fabuleux, comme celui d’Atys, d’Isis ou de Psyché ; ou que le trait se perde dans la nuit des siècles écoulés ; tels sont les sujets de Jephté, de Samson, &c. […] Une jeune personne de ma connaissance, lisait un des Romans de madame De Villedieu, dont j’ai oublié le titre : cette lecture l’attendrissait au point de faire couler ses larmes : un Amant aimé, mais indigne de l’être, auquel elle avait eu la faiblesse d’accorder un tête-à-tête dangereux, arrive en ce moment : il rappelle des promesses… devient pressant… La jeune fille était perdue, si sa passion, vivement excitée, en lui rendant son amant plus cher, n’eût redoublé la crainte de perdre son estime & d’occasionner son inconstance.

426. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Ce spectacle est encore dans son enfance : il n’a fait aucun progrès depuis son institution, Quinault & Lulli n’ont point de successeurs, il a même perdu beaucoup en tout, poësie, musique, danse, chant, déclamation, machines, tout y est foible, par un motif assez bas, mais dominant dans toutes les troupes ; c’est que le poëte, le musicien, l’acteur sont mal payés. […] Les Comédiens Français ont absolument perdu de vue, & ce qu’ils sont, & ce qu’ils doivent aux Auteurs ; ils ont oublié que, formés par leur esprit, enrichis par leurs veilles, ils tiennent d’eux toute leur existence. […] Faudra-t-il que le Public perde les avantages qui auroient pu résulter pour les mœurs de la représentation d’un ouvrage devenu si nécessaire ?

427. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

J’en atteste sa marreine qui, pour la consoler de la perte d’une de ses mules qu’elle a faite au Bal, lui dit : Que de beautés sortant du bal Ont souvent perdu davantage. […] J’ai beau ne le pas vouloir, je n’y vois presque que des affections secondaires & déréglées de l’humanité de ma patrie : & pour un pere qu’elles perdent en toi, je vois mes concitoyens par milliers comme autant d’adorateurs, leur encens….. mais en t’appellant en témoignage, me sied-t-il de te citer à mon tribunal ? […] Et vous, Bourgeois, vous perdrez l’habitude de regarder avec mépris des hommes doublement respectables… Contenus d’abord par des Réglemens sages, protégés ensuite & même considérés dès qu’ils en seront dignes, enfin absolument placés sur la même ligne que les autres Citoyens , nos Villes auront bientôt l’avantage de posséder ce qu’on croit si rare, & qu’il ne l’est que par notre faute : une troupe de Comédiens estimables… Que sçai-je si ne craignant plus de vous deshonorer parmi nous, en vous livrant au théâtre , il ne vous prendra pas à tous envie d’y monter, d’y endosser un habit à la Romaine, (Encyclopédie, au mot Genève,) & d’y cultiver non seulement sans honte, mais même avec estime, le talent si agréable & si peu commun de nous divertir ?

428. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Elles comptent donc bien ou sur les effets qu’ils produisent, ou sur le peu de sagesse de ceux qui y vont chercher leurs délassements et leurs plaisirsx. » « Mais, dit-on, ne trouve-t-on pas, dans les lieux les plus saints, des occasions de se perdre, quand on le veut ?

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