Si quelcun de ces solitaires, qui se sont volontairement condannez à passer leur vie en jeûnes & en priéres, venoit aujourd’hui se montrer dans vos assemblées, s’inviter lui même à vos plus-celebres repas, vouloir être de toutes vos parties, & ce qu’on ne peût même penser sans fremir, marcher en masque par les ruës de vôtre Ville ? […] Combien pensez-vous qu’il y ait en effect d’heretiques, lesquels, pour me servir des termes du même Pere, amassent des charbons de feu sur nôtre teste, c’est-à-dire, qui se fortifient tous les jours dans leurs erreurs à la vûë de nos debauches, & qui par un aveuglement étrange, à la verité, mais que nous prenons plaisir de rendre tous les jours plus incurable, rendent peut-être graces à Dieu de les avoir fait naître hors d’un Christianisme si corrompu ? […] Je ne vous blâme pas du desir que vous avez de la rendre heureuse dés cette vie : mais vous êtes bien miserable, si vous pensez qu’il faille hazarder & son salut & le vôtre, & son éternité & la vôtre, pour une felicité si vaine si chimerique, pour une felicité qui ne doit durer qu’un moment. […] Le Sauveur nous a averti plus d’une fois que la mort doit venir dans le tems, que nous y penserons le moins. […] Or, il est tout visible, qu’il n’est point de tems, où vous pensiez moins à mourir que lors-que vous oubliez méme de vivre en Chrétiens, & par consequent si Jesus-Christ ne nous a point donné un faux avis, s’il ne nous a point trompé lui-méme, il n’est point de tems, où vous aïez plus de sujet de craindre la mort ; Quâ horâ non putatis, filius hominis veniet.
Je réponds que le nombre n’en est pas si grand que l’on pense, quoiqu’il le soit toujours trop ; mais fût-il plus grand encore, ils savent parfaitement que la transgression ne détruit pas la loi ; tous les jours pour lui obéir ils en punissent les transgresseurs. […] Bossuet, interrogé par Louis XIV sur ce qu’il pensait de la comédie, lui répondit : « Il y a de grands exemples pour, et de grandes raisons contre. » L’ouvrage qu’il a composé contre, ne permet pas de douter à qui des deux il a donné la préférence. […] Mal à propos associe-t-on les Italiens aux Anglais dans la façon de penser, qui est toute différente. […] Il y est même beaucoup moins répandu et fréquenté qu’en France, où chaque bourgade croit du bel air de jouer la comédie, sans penser qu’elle la donne en la jouant.
Ces préceptes nous obligent à n’aimer que Dieu ou ce qui tend à lui, n’avoir joie, ni tristesse, ni autre passion que pour lui ou pour son service, ne penser qu’à lui ou à ce qui est référé à lui, n’agir que pour lui ou pour ce qui peut réussir à sa gloire ; et vous m’avouerez que ce n’est pas pour Dieu que vous allez au bal, car on n’y pense point à Dieu ; vous n’y avez point d’affection ni de passion pour Dieu, rien ne s’y fait qui tende à sa gloire, ni de près ni de loin, ni médiatement ni immédiatement : vous m’avouerez que l’argent que vous donnez pour les violons, les comédiens et les cuisiniers, soulagerait notablement un pauvre ménage. […] Pensez-vous être excusé au jugement de Dieu, de croire plutôt à un homme qui vous flatte, qui vous parle en secret, et qui ne vous apporte aucune preuve de son dire, qu’aux prédicateurs qui n’ont point d’intérêt que la vérité, qui vous parlent en public de la part de votre pasteur, de votre évêque, de votre Dieu, et qui prouvent leur dire par les textes de la Bible, par les Pères et les conciles ? […] Pensez-vous être excusé au jugement de Dieu, d’avoir plutôt ajouté foi à un casuiste à la mode qui se rend complaisant à vos inclinations, qu’à S.
Il n’est point ici question de son origine, qui sûrement vient des Païens : il s’agit uniquement de savoir ce qu’il en faut penser. […] Parce que si un seul regard jeté sur une femme, même dans l’Eglise, est capable d’avoir des suites criminelles ; que doit-on penser de ceux qui se font avec une pleine liberté dans ces lieux, où l’immodestie triomphe impunément. 3°. […] ☞ L’Auteur pense et parle différement, v.
Qu’on en pense ce que l’on voudra. […] Car comme je l’ai remarqué dans un autre endroit, on cherche par là à nourrir et à fortifier l’orgueil, et par consequent on envenime un mal qu’on ne devroit penser qu’à guerir. […] Et se peut-il qu’un homme qui fait la moindre attention à quel que ce soit des deux, puisse ni penser aux réjouïssances des mondains, ni y trouver quelque goût et quelque plaisir ?
Ce Bâtiment contiendrait de plus une Salle pour le Conseil : enfin tous les lieux nécessaires pour le service du Théâtre et des Acteurs : des Cours avec des Boutiques, qui jouiraient d’exemption, etc… En établissant le Théâtre de la Réforme, il serait injuste de ne pas pourvoir à l’entretien honnête des Actrices de l’ancien Théâtre qui se retireraient de leur bon gré, ou qui seraient congédiées ; on aurait donc soin de les placer dans des Communautés, et par préférence dans celles qu’elles choisiraient, avec des pensions suffisantes pour leur subsistance. Les Acteurs de même seraient aussi placés ou pensionnés ; et quand aux fonds nécessaires pour ces pensions passagères, et même pour l’entretien du Bâtiment et les réparations du Théâtre dans la suite des temps, on les trouverait ou dans une Loterie, ou dans telle autre sorte d’imposition que les Magistrats jugeraient moins à charge au Peuple, ou plus aisée à lever. […] Il est inutile, je pense, d’entrer dans un plus grand détail de tous les arrangements qui peuvent être pris pour l’établissement et le bon ordre du nouveau Théâtre, et qui n’échapperaient pas aux lumières du Conseil, si le Plan en était agréé par le Souverain.
» Je ne pense pas qu’on voulût nier que la Comédie soit un exercice profane, et qu’elle ne soit ainsi renfermée sous ces termes : Profana quæque scurrilia scilicet, etc. ... […] Je ne cite cet article que pour montrer que ceux qui voudront sérieusement comparer le Théâtre des Comédiens avec la sainteté de l’Ecriture, auront horreur de penser qu’on veuille les joindre. […] On ne manquerait pas de dire qu’on n’est pas là pour écouter de telles leçons, et qu’il faut penser que l’on est à la Comédie. […] Et en qui pensez-vous, Messieurs, qu’on ait converti l’oraison de Judith, la prière et le silence respectueux des habitants de Béthulie ? […] Ces défendeurs du Théâtre s’imaginent-ils qu’on respectera des Comédiens, quand ils auront contrefait des Saints, et pensent-ils qu’on n’aura plus rien à leur dire, lorsque leurs pièces porteront les noms les plus vénérables ?
Nous ne rendrons, je pense, la Parodie supportable qu’en l’assujettissant tout à-fait à la musique. […] Ce qu’on doit penser de la Parodie. Le Lecteur sera peut-être bien aise que je lui apprenne naïvement ce que je pense de la Parodie en général. […] Que les Poètes qui s’y consacrent font peu d’attention à ce qu’une telle conduite donne lieu de penser !
On ne les verrait pas d’un côté pensionnés par le gouvernement et de l’autre un objet d’anathème ; nos Prêtres perdraient l’habitude de les excommunier et nos bourgeois de les regarder avec mépris ; et une petite République aurait la gloire d’avoir réformé l’Europe sur ce point, plus important, peut-être, qu’on ne pense. […] Mes compatriotes n’ont pas besoin de mes conseils, je le sais bien ; mais moi, j’ai besoin de m’honorer, en montrant que je pense comme eux sur nos maximes. […] Il ne s’agit plus de parler au petit nombre, mais au public ; ni de faire penser les autres, mais d’expliquer nettement ma pensée. […] J’étais malade et triste ; et, quoique j’eusse grand besoin de distraction, je me sentais si peu en état de penser et d’écrire que, si l’idée d’un devoir à remplir ne m’eût soutenu, j’aurais jeté cent fois mon papier au feu.
Nous ne pensons pas que ceux qui siègent sur les fleurs de lys démentent leur jurisprudence par leur conduite. […] Je croirais faire un crime de penser que des Magistrats qui connaissent la dignité de leur état, et n’en sont quelquefois que trop remplis, daignassent honorer les Comédiens de leur présence, de leur assiduité, de leurs applaudissements, de leur familiarité. […] Telle est la force de la vérité : les Apologistes du spectacle rapportent et louent ces conversions, sans penser qu’elles renversent leurs apologies. […] On pense comme les Romains, on vit comme les Grecs. » Il dit ailleurs (C. de quelques usages), « quoi de plus bizarre ! […] Je pense que ce n’est qu’une ironie pour se moquer du théâtre, de la vanité de quelques Comédiens, et de l’imbécillité de leurs apologistes.
Les Comédiens du Roi sont ceux auxquels j’ai dû équitablement penser d’abord. […] C’est de se passionner de sang-froid dans leur Cabinet, d’écrire autre chose que ce qu’ils pensent aussi naturellement que s’ils le pensaient réellement, et d’oublier enfin leur propre place. C’est le talent d’un Prédicateur qui prend la place d’un Apôtre, se passionne de sang-froid et dit souvent autre chose que ce qu’il pense, aussi naturellement que s’il le pensait. […] Pensez-vous nous faire rougir de vos scrupules ? […] Que penseriez-vous de la maladresse d’un filou qui commencerait par montrer aux gens de quelle manière il s’y prendra pour les tromper ?
Quand on pense que les comédiens passent leur vie toute entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant les spectateurs, l’image de quelque vice, et qu’ils sont obligés d’exciter en eux des passions vicieuses, on ne peut s’empêcher de reconnaître que la comédie est par sa nature même une école et un exercice du vice, et qu’il est impossible d’allier ce métier avec la pureté de la religion ; que c’est un métier profane et indigne d’un chrétien. […] L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est, de se passionner de sang-froid, de dire autre chose que ce qu’on pense, aussi naturellement que si on le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place à force de prendre celle d’autrui. […] Il ne représente que lui-même ; il ne fait que son propre rôle ; il ne parle qu’en son propre nom ; il ne dit et il ne doit dire que ce qu’il pense. […] Le vice a beau se cacher dans l’obscurité ; son empreinte est sur les fronts coupables : l’audace d’une femme est le signe assuré de sa honte : c’est pour avoir trop à rougir qu’elle ne rougit plus ; et, si quelquefois la pudeur survit à la chasteté, que doit-on penser de la chasteté, quand la pudeur même est éteinte ?