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25. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Tout péché mortel rend indigne des sacrements devant Dieu, jusqu’à ce qu’il soit remis par la pénitence. […] Mais cette privation n’est point une censure, elle n’est qu’une suite de l’état d’indignité où tout péché réduit, et ne passe pas le for intérieur. […] Je vais plus loin, l’excommunication en un sens traite avec moins de rigueur que la notoriété du péché. […] Sa notoriété n’est pas une sentence, ce n’est que le péché connu. […] Le refus des sacrements ne le prouve pas davantage ; il est attaché à la notoriété du péché, non à la censure, comme nous l’avons vu.

26. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

On ne commet donc, d’après ce qui précède, qu’un péché véniel en assistant, par curiosité ou par récréation, à une représentation notablement obscène. […] Il faut faire remarquer ici que Sanchez ne se sert pas de l’expression valdè turpes, très ou du moins notablement obscène, lorsqu’il avance qu’il n’y a point de péché mortel quand on assiste à un spectacle obscène, turpis ob solam vanam curiositatem, etc. […] On donne pour raison qu’on a alors un motif suffisant qui permet de coopérer d’une manière éloignée aux péchés des autres, ou de s’exposer soi-même à quelque péril. […] Quelques pages plus haut, l’auteur avait dit : « On doit refuser l’absolution à ceux qui sont dans l’occasion prochaine du péché mortel…. On appelle occasion prochaine du péché mortel tout ce qui expose au danger moral où probable de pécher mortellement.

27. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Ce saint Docteur examine d’abord, dans l’Homélie 15. au peuple d’Antioche cette question, si c’est un péché d’aller à la Comédie, par ces paroles : « Plusieurs s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché de monter sur le Théâtre, et d’aller à la Comédie : mais quoiqu’ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir que l’on prend aux spectacles des Comédies, produit l’impudence, et toutes sortes d’incontinences. D’ailleurs nous ne sommes pas seulement obligés d’éviter les choses mêmes qui nous paraissent indifférentes, et qui portent insensiblement au péché : car comme celui qui marchant sur le bord d’un précipice quoiqu’il n’y tombe pas, ne laisse pas d’être dans la crainte, et qu’il arrive souvent que la crainte le trouble et le fait tomber dans ce précipice : de même celui qui ne s’éloigne pas du péché, mais qui en est proche, doit vivre dans l’appréhension ; car il arrive souvent qu’il y tombe. […] Car ceux qui selon les Lois divines ont été chassés de l’Eglise et demeurent dehors, donnent par leur conduite quelque bonne espérance, qu’après s’être corrigés des péchés pour lesquels ils ont été chassés de l’Eglise, ils y rentreront avec une conscience pure. […] On me dira, Le péché que ces personnes ont commis, est-il si grand, qu’il mérite qu’on leur interdise l’entrée des lieux sacrés ? […] C’est pourquoi je prie et conjure ces personnes de se purifier par la confession, par la Pénitence et par tous les autre remèdes salutaires, des péchés qu’ils ont contractés à la Comédie, afin qu’ils puissent être admis à entendre la parole de Dieu.

28. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Parce qu’elle est un péché, & que le péché est opposé à la sainteté ; si l’immodestie étoit une chose indifférente, elle pourroit au gré des peintres, être comme la couleur des habits, attribuée aux gens de bien, comme aux autres. […] Les Théologiens de toutes les écoles conviennent unanimement que c’est un péché de regarder avec complaisance des peintures, des statues obscénes ; à plus forte raison de les garder pour les avoir toujours à portée de les étaler aux yeux du public, de les répandre dans les livres ; c’est un vrai scandale qui rend l’auteur comptable devant Dieu de tous les péchés que ces figures indécentes font commettre à l’infini. […] C’est le grand principe de l’Evangile ; celui qui regarde une femme avec complaisance, a déjà commis le péché dans son cœur. […] Leur liaison avec le péché est bien plus pernicieuse que la liaison des autres avec la vertu n’est utile. […] Un cœur pétri de péché, calmera-t-il les justes allarmes de la vertu !

29. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Personne, ajoute-t-il, n’est excommunié qu’il ne soit coupable de péché mortel. […] Ceux qui y assistent, sont donc coupables de péché. […] Peut-on, sans péché, s’amuser à des œuvres de Satan ? […] Or, on ne peut, sans être coupable de péché, autoriser librement par sa présence, un péché mortel. […] C’est un péché, dit St.

30. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre III. Que les Danses sont défendues aux Ecclésiastiques. » pp. 14-21

Si les Canons ne permettent pas seulement aux Ecclésiastiques de se trouver aux lieux, et dans les occasions, où se font les Danses ; Comment pourrait-on prétendre, qu’ils pussent eux-mêmes danser sans péché. Sylvestre et Angélus déclarent que le péché que ces personnes commettent, si elles viennent à danser, est mortel à cause de la prohibition, et du scandale : « Non oportet ministros altaris vel quos libet clericos spectaculis aliquibus quæ aut in nuptiis aut scenis exhibentur interesse » de consecr. dist. 5. […] si ce n’est peut-être, dit un de ces Docteurs, que la circonstance rende le péché moindre, comme si cette Danse se faisait en secret, et qu’on n’y employât que fort peu de temps. Cette condition néanmoins, que cet Auteur particulier ajoute, ne saurait mettre les Clercs en assurance, ni excuser leur péché, s’ils désobéissent en ce point à l’Eglise, et s’ils violent les Canons. […] Enfin quand bien un Ecclésiastique pourrait danser secrètement, il y aurait toujours beaucoup de raisons, qui le rendraient inexcusable dans son péché.

31. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Est-ce donc un si grand péché d’y assister ? […] qui les condamnent, ne voulant pas que personne contribue à leur subsistance, et déclarent que c’est un très grand péché. […] et ce, tant pour leur propres péchés, que pour ceux où ils auront induit les autres par l’éclat de leur mauvais exemples. […] J’ai oublié à vous demander si d’aller à la Comédie était péché mortel ou véniel ? Je crois vous avoir dit que les assistants et les joueurs, étaient presque également coupables, et que les Pères de l’Eglise ont appelé ce péché très grieff, qui peut se rendre pire par les diverses circonstances ; ce qui doit suffire à des vrais Chrétiens qui croient en un Dieu, à qui le péché véniel a même été mortel, et qui est mort indistinctement pour tous les péchés des hommes.

32. (1675) Traité de la comédie « XXXV.  » p. 331

Le péché a ouvert les yeux aux hommes pour leur faire voir les vanités du monde avec plaisir. Et la grâce du Christianisme, en ouvrant les yeux de l'âme pour les choses de Dieu, les ferme pour les choses séculières, par un aveuglement beaucoup plus heureux que cette vue misérable que le péché nous a procurée. […]  » « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché.

33. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Il faut conclure de tout ce que nous avons dit, qu’aller aux spectacles est un péché mortel de sa nature, & qu’on peche en effet mortellement lorsqu’on y va de son propre mouvement, & sans nécessité, par goût, par inclination, par choix. Lorsque les spectacles sont une occasion prochaine de péché mortel, quoiqu’on ne s’y trouve qu’à regret & par nécessité : c’est, dis-je, un péché mortel dans ce premier cas, 1°. parce qu’on autorise les acteurs par sa présence ; 2°. parce que l’on contribue à leur entretien, & que l’on coopere par conséquent au péché qu’ils commettent en représentant : s’il n’y avoit point de spectateur, il n’y auroit point d’acteur ; 3°. à cause du scandale ; 4°. à cause de la perte du tems ; 5°. par rapport au mauvais emploi de l’argent, qui est dû aux pauvres, s’il est superflu, ou aux autres besoins, s’il est nécessaire ; 6°. parce qu’on s’y expose presque toujours à l’occasion prochaine, & au danger presqu’inévitable d’offenser Dieu ; 7°. parce qu’en s’exposant ainsi à l’occasion prochaine de pecher, on tente Dieu ; 8°. parce qu’on fait une action que l’on ne peut rapporter à Dieu, & qui est directement contraire à l’esprit du christianisme, qui est un esprit de vigilance, de priere, de recueillement, de pénitence ; 9°. parce qu’on viole les loix de l’Eglise, qui condamnent les spectacles & ceux qui les représentent. C’est aussi un péché mortel d’aller aux spectacles, quoiqu’on y aille à regret & par nécessité, lorsqu’ils sont pour ceux qui les fréquentent une occasion prochaine de péché mortel, parce qu’il n’est jamais permis de s’exposer à ces sortes d’occasions. Mais lorsqu’on ne va aux spectacles que par pure nécessité, & par l’engagement indispensable de son état ; qu’on n’y commet aucun mal, & que l’on ne s’expose pas même à l’occasion prochaine d’en commettre aucun, il n’y a point de péché, ou il n’y a tout au plus qu’un péché véniel, selon plusieurs Théologiens, quoique fort rigides d’ailleurs. […] Arnauld, qui dit expressément qu’il ne voudroit pas condamner de péché mortel les personnes qui n’auroient été aux spectacles que par la nécessité & dans les circonstances dont nous parlons ici.

34. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. Ceux qui dansent, et qui vont au bal, et à la comédie au temps dans lequel, suivant l’ordre de l’Eglise, les Chrétiens doivent spécialement vaquer à la pratique de la pénitence, ou s’occuper aux exercices spirituels, et à la dévotion, ne sauraient être excusés de péché mortel. […] Et quand bien en ces jours consacrés à la gloire de Dieu, on ne danserait qu’en secret, on ne serait pas exempt de péché ; Car encore que le scandale ne s’y trouve pas, on s’oppose manifestement, non seulement à l’ordre ; mais à l’esprit de l’Eglise, qui est celui de Dieu même ; puisqu’on perd par des actions séculières, le temps qu’elle avait marqué pour la mortification, et pour les autres exercices spirituels nécessaires à la sanctification des âmes. […] Ce que nous avons dit touchant le temps de la Pénitence, c’est-à-dire dans lequel les Chrétiens doivent suivant l’ordre et la discipline de l’Eglise, s’exercer dans la mortification, est confirmé par un passage de saint Augustin rapporté par Gratien ; où ce saint Docteur dit, « Que celui qui veut obtenir la rémission de ses péchés par l’esprit, et par les œuvres d’une sincère pénitence, doit fuir les jeux, les bals, et les Comédies. […] En effet, comment peut-on accorder ces actions séculières, qui flattent les sens, et donnent du plaisir à la chair, avec les larmes d’une âme vraiment pénitente, qui s’afflige pour rendre honneur à la Justice de Dieu, par la haine qu’elle a conçu contre le péché, et contre elle-même ?

35. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXV.  » p. 495

Le péché a ouvert les yeux aux hommes pour leur faire voir les vanités du monde avec plaisir: et la grâce du christianisme, en ouvrant les yeux de l'âme pour les choses de Dieu, les ferme pour les choses séculières, par un aveuglement beaucoup plus heureux que la vue malheureuse que le péché nous a procurée. […]  » « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché.

36. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre V. De ceux qui vont danser avec mauvais dessein. » pp. 26-27

Il est évident que ceux qui vont au Bal, à la Comédie, et aux autres lieux où on danse et où on se divertit avec des désirs déréglés, et avec des dispositions contraires à la Loi de Dieu, se rendent encore coupables de péché mortel : Car si l’intention est criminelle, il faut nécessairement que l’action qui en procède le soit aussi, quelque indifférente qu’elle soit d’elle-même ; comme S. Augustin nous l’apprend, lors qu’il dit, « que ce n’est point à la vérité un péché d’aller à la guerre, mais que l’on ne peut y aller sans péché, si on embrasse cette condition pour voler ; que les charges de la République ne rendent point un homme criminel, mais que néanmoins l’administration des affaires publiques est vicieuse, lorsqu’elle est en la main d’un homme, qui n’y cherche que ses intérêts particuliers, et qui ne s’y applique que par esprit d’avarice, et pour s’enrichir. » « Militare non est delictum, sed propter predam militare pecatum est ; nec Rempublicam gerere criminosum est, sed ideo gerere Rempublicam, ut divitias augeas, videtur esse damnabile. »23. q. 1. cap. militare.

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