De la Musique ancienne & moderne, & des chœurs. […] Les Grecs, plus attentifs que les modernes aux effets que la musique devoit produire sur le Théâtre, n’usoient point de celle qu’on appelle à plusieurs parties.
C’est peut-être la difficulté d’entendre tant de Personnes qu’on fait parler à la fois dans les Chœurs, qui engagea les modernes à les bannir entièrement de la Comédie & de la Tragédie. […] Cependant le Spectacle moderne est èxcusable d’adopter une telle absurdité.
Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. Il me reste encore à répondre aux imputations et aux reproches injustes qui m’ont été adressés, au sujet de mes réflexions sur les prêtres et les évêques de la primitive église, et sur ceux des temps modernes.
On dit en premier lieu que le theatre moderne n’est pas, à beaucoup prés, aussi impur que l’ancien. […] La premiere, que ce qu’on dit de la chasteté du theatre moderne n’est vrai qu’à certains égards.
Celui de nos Poëtes qui a le mieux possédé ceux de la Grece, a été, comme je l’ai fait voir, le Réformateur de la Tragédie amoureuse, & enfin en a fait une sans Amour, qui est regardée comme la plus parfaite de toutes les Tragédies modernes. […] Mais ce Grandhomme ne donne ses Réflexions que modestement, & les finit ainsi, voilà mes opinions, ou si voulez mes Hérésies, je ne sais point mieux accorder les Regles anciennes avec les agrémens modernes. Le succès d’Athalie où les Regles anciennes sont toutes observées dans la plus grande sévérité, prouve que ces Regles n’ont rien qui s’oppose aux agrémens modernes.
Je n’ai pas besoin de prouver que le désordre regna par tout, je l’ai assez fait connoître par l’Histoire de la Poësie Dramatique moderne. […] Nous avons vu dans l’Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs, que leurs Poëtes furent obligés de faire succéder aux Représentations Tragiques, quelque Piéce plaisante, pour reveiller le Peuple qu’attristoit la Tragédie ; c’étoit pour une Populace qu’ils avoient cette complaisance : les Poëtes modernes traiterent leurs Spectateurs comme Peuple, quand ils eurent peur de les trop attrister. […] Quand les Poëtes modernes, après s’être rendus inintelligibles par un pompeux galimatias, voulurent rabaisser leur ton, ils chercherent le merveilleux du style dans le brillant des pensées. […] On peut en croire un homme qui a exécuté plusieurs fois sur ces Théâtres, & des Piéces Françoises traduites, & des Piéces Italiennes anciennes & modernes.
Nos Modernes qui marchent sur les pas des Anciens et du célèbre Corneille, trouveront leur conduite applaudie, et s’y affermiront par les exemples dont on leur rappelle le souvenir. […] Non, il ne suffit pas à des Auteurs Catholiques de n’être ni tout à fait obscènes dans le langage, ni absolument impies, comme le sont les Poètes modernes en Angleterre : M.
Or, par une suite de cette inutilité même, le théâtre qui ne peut rien pour corriger les mœurs, peut beaucoup pour les altérer. » Vous établissez, par plusieurs exemples, bien choisis à la vérité, que la plupart de nos Poèmes ne sont aucunement propres à rendre les hommes plus vertueux, ni à réprimer leurs passions : mais vous auriez dû ajouter, ce me semble, avec la vérité sévère et impartiale dont vous faites profession, que dans plusieurs drames anciens et modernes, il y a d’excellentes leçons de vertu ; leçons sublimes et touchantes, plus propres à attirer les hommes à la vertu, et à les arracher aux passions, que tous les traités de morale faits ou à faire. […] D’abord, je conviens que je suis un de ces partisans du théâtre, qui vous diront que si les Auteurs abusent du pouvoir d’émouvoir les cœurs, cette faute doit être attribuée aux Artistes, et nullement à l’art même : et j’avoue qu’en consultant mon cœur, à la fin de plusieurs pièces dramatiques, je me suis senti plus disposé à régler mes passions, qu’après avoir lu tous les Moralistes anciens et modernes : j’avoue aussi ingénument que je ne conçois pas comment « le théâtre purge les passions qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a. » Cette métaphysique est trop au-dessus de mon faible entendement : je la respecte donc, et me contente de prouver qu’il purge en nous les passions, que nous avons, par des moyens plus sûrs, quoique plus agréables, qu’aucun de ceux qu’ont employés tous les Philosophes, et tous les Ecrivains sacrés et profanes. […] Vous direz au moins de cette pièce, ce que vous avez dit de nos comédies modernes, qu’elle vaut bien un sermon ; et je n’en veux pas davantage. […] Je ne puis finir sans citer encore un ouvrage moderne, plus louable que loué ; je veux parler du faux Généreux 10.
Le théâtre moderne est pur & modeste. […] Le théâtre moderne est pur & modeste. […] La pureté prétendue qu’on attribue au théâtre moderne, n’est donc tout au plus qu’une pureté, apparente, qui n’adoucit les images du vice que pour le faire recevoir avec plus de facilité, en le rendant moins affreux, & par conséquent moins haïssable.
Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches injustes de M. de Sénancourt, sur le même sujet.
Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. 179 Chap.
La perversité du Théatre moderne va jusqu’à se faire un mérite du libertinage, un dogme de l’impiété. […] Ce sage célebre, le plus sage des Grecs, dont la vie & la morale étoient si pures, que quelques auteurs ont voulu en faire un saint ; ce sage si différent des sages modernes, que par sa sagesse il s’attira l’indignation du théatre, dont les autres obtiennent les éloges, & se sont ses défenseur, qui y fut si indignement joué par Aristophane : disgrace que la philosophie de nos jours n’a pas à craindre.