devrait-on souffrir qu’ils montent sur le théâtre pendant le pièce, se mêlent avec les Acteurs, se croient tout permis, causent souvent bien du désordre, et présentent au parterre le spectacle d’un Magistrat Comédien, qu’ils aient dans leurs maisons des théâtres particuliers, qu’ils y jouent des comédies, où il serait difficile de décider quel est le plus comique, du rôle qu’ils jouent, ou de leur position sur la scène ?
La passion de l’amour tendant à une union légitime, eût alteré les principes de sagesse d’un peuple dont les jeunes gens alloient prendre leurs femmes dans une maison obscure, où les filles renfermées attendoient qu’on vint les épouser sans les voir ; mais en récompense ils avoient des danses publiques, où les filles dansoient toutes nues avec les garçons : aussi avoient-ils des idées si relevées de la décence & de l’honnêté, que vaincus par Aristodeme Roi des Messeniens, qui les avoit taillés en pieces, ils ne firent pas difficulté de prostituer leurs femmes & leurs filles, pour favoriser la population. […] Il avoit imaginé le projet de l’établissement d’une Cour de raison, où l’on devoit employer d’abord les remedes les plus doux, les plus efficaces ensuite, jusqu’aux petites maisons inclusivement, pour temperer les ebullitions de l’esprit, & corriger les écarts de l’imagination.
Pour nous en convaincre par un exemple encore plus frappant que celui du Théâtre, jetons les yeux sur ces maisons décorées par la vanité et par l’opulence, que le vulgaire croit un séjour de délices, et où les raffinements d’un luxe recherché brillent de toutes parts ; elles ne rappellent que trop souvent au riche blasé qui les a fait construire, l’image importune de l’ennui qui lui a rendu ces raffinements nécessaires. […] Je ne dis rien de ce que vous ajoutez (pour plaisanter sans doute) que les valets en s’exerçant à voler adroitement sur le Théâtre, s’instruisent à voler dans les maisons et dans les rues.
Notre maison, lui dit-il, deviendra le séjour des plaisirs ; Richesses, Caresses, Tout vous prouvera mon amour ; Jamais je n’aurai d’autre envie Que de veiller sur la belle Sophie.
Ce Philinte est le sage de la pièce, un de ces honnêtes gens du grand monde, dont les maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons, de ces gens si doux, si modérés qui trouvent toujours que tout va bien, parce qu’ils ont intérêt que rien n’aille mieux ; qui sont toujours contents de tout le monde, parce qu’ils ne se soucient de personne ; qui, de leur maison bien fermée, verraient voler, piller, égorger, massacrer tout le genre humain sans se plaindre, attendu qu’ils sont doués d’une douceur très méritoire à supporter les malheurs d’autrui.
C’est la tâche des jeunes Régents : elle a des théâtres tout dressés dans plusieurs maisons, choisit les acteurs parmi les écoliers, les exerce, les habille, préside à l’exécution, distribue des programmes, invite toute une ville.
Cette pièce a fait tant de bruit dans Paris ; elle a causé un scandale si public, et tous les gens de bien en ont ressenti une si juste douleur, que c’est trahir visiblement la cause de Dieu, de se taire dans une occasion où sa Gloire est ouvertement attaquée, où la Foi est exposée aux insultes d’un Bouffon qui fait commerce de ses Mystères, et qui en prostitue la sainteté : où un Athée foudroyé en apparence, foudroie en effet tous les fondements de la Religion, à la face du Louvre, dans la Maison d’un Prince Chrétien, à la vue de tant de sages Magistrats et si zélés pour les intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons Pasteurs, que l’on fait passer pour des Tartuffe, et dont l’on décrie artificieusement la conduite : mais principalement sous le Règne du plus Grand et du plus Religieux Monarque du Monde : cependant que ce généreux Prince occupe tous ses soins à maintenir la Religion, Molière travaille à la détruire : le Roi abat les Temples de l’Hérésie, et Molière élève des Autels à l’Impiété, et autant que la vertu du Prince s’efforce d’établir dans le cœur de ses Sujets le Culte du vrai Dieu par l’exemple de ses actions ; autant l’humeur libertine de Molière tâche d’en ruiner la créance dans leurs esprits, par la licence de ses Ouvrages.
« Sa valeur & son esprit le mirent au prémier rang des Seigneurs de la Cour… Sa maison étoit le rendez-vous de tout ce que Paris & Versailles avoient d’ingénieux. […] « Attendu que cela, (les Comédies & Tragédies) tend à la perte des bonnes mœurs, … & entraine avec soi, beaucoup de mauvaises suites… défenses à tous, & à chacun, tels qu’ils soient, jeunes ou vieux, de jouer, ou laisser jouer dans leur maison, soit Tragédie ou Comédie, ou même d’y paroitre, sous peine de deux cens florins &c. » Faisons ici le sacrifice des journaux de Verdun, depuis 1756, jusqu’à 1775, Du journal Chrétien, depuis la même année jusqu’à 1774. […] Si vous aviez défendu à Mademoiselle votre fille, l’entrée de quelques maisons &c qu’elle y allât, sous prétexte d’y trouver une compagnie, pour s’y délasser &c, vous contenteriez-vous de cette monnoie ?
Sa modestie & son affection pour la Maison de Port-Royal lui firent desirer d’être inhumé dans ce Cimetiere, plutôt avec les marques d’une humble piété qu’avec pompe.
La comédie est dans la maison plus qu’au théatre.
Il en est ainsi à la Chine, au Japon, dans toute l’Inde, où l’on ne connoît point de théatre public, mais où l’on voit des troupes de Balladins qui vont dans les maisons où on les appelle divertir les gens par leurs bouffonneries, présentent un catalogue des pieces qu’ils savent, & jouent sur le champ ce qu’on leur demande.
Pour éviter la confusion, on mettrait à la tête de chaque quartier, un Édile, qui ferait, à son tour, distribuer les billets dans chaque maison de son district.