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49. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

L’esprit se familiarise avec elle : on apprend à la souffrir et à en parler ; et l’âme s’y laisse doucement aller en suivant la pente de la natures. […] Ce grossier ferait horreur, si on le montrait ; mais l’adresse avec laquelle on le cache ne fait qu’y attirer les volontés d’une manière plus délicate, et qui n’en est que plus périlleuse, lorsqu’elle paraît plus épurée ; parce que l’esprit la regarde avec moins de précautions, la reçoit avec moins d’horreur, et le cœur s’y laisse aller avec moins de répugnance. […] Voilà ceux qui ne sentent pas les effets et les dangers du spectacle : car sent-on l’impétuosité d’un torrent quand on se laisse aller à son cours ? […] Leurs riches et pompeux ornements, plus ou moins indécents suivant que l’exige la scène, donnent encore un tel pouvoir à leurs charmes, qu’on ne peut guère les considérer sans s’y laisser prendre. […] Ajoutez la confusion et la négligence des spectateurs, le lieu même qui invite à la volupté, tout ce qu’on entend avant que ces femmes paraissent et après qu’elles ont paru ; ajoutez le son des instruments de diverse espèce, les charmes d’une musique dangereuse, qui amollit l’âme, qui dispose les hommes et les rend plus faciles à se laisser prendre aux attraits des courtisanes qui se donnent en spectacle.

50. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Chapelle avoit été mieux instruit ; son pere naturel lui avoit fait donner une bonne éducation & lui avoit laissé de quoi vivre. […] Les parties feroient bien de laisser le greffe, possesseur paisible de son dépôt. […] Tout le public s’en moque, & laisse les trois parties se battre pour si peu de chose. […] De tant d’ouvrage de Dieu, il n’y en a pas qui soit plus connu de l’homme que la trace que le vent laisse après lui. […] (On la força de l’abdiquer, & on laissa croire qu’elle l’avoit fait volontairement.

51. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Je ne laisserai pas d’en dire encore ici un mot. […] « Des personnes de poids et de probité avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister aux spectacles. […] et ceux qui sachant l’obligation qu’ils ont de les fuir, ne laissent pas de les rechercher contre leur propre lumière. […] Laisserons-nous un homme passionné pour les spectacles profanes, si nous les lui ôtons, sans lui en substituer d’autres en leur place ? […] Laissons rassasier les Païens des faux plaisirs de la Comédie, dit Tertullien.

52. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Quelles impressions ne laissent-elles point à ceux qui les voyent representer ? […] L’esprit s’y apprivoise peu à peu ; on apprend à la souffrir, à en parler, & l’ame s’y laisse aller. […] Ceux qui sont les plus passionnez pour les Comedies, n’en ignorent pas toujours le vuide & le faux : mais par la corruption de leur cœur, ils ne laissent pas d’aimer ce qu’ils sentent n’être pas aimable. […] Ceux qui vivent dans la retraite, ne laissent pas de trouver de grandes difficultez dans la vie chrétienne, & de recevoir de dangereuses atteintes du commerce du monde, lors que la nécessité, & la charité même les y engage. […] Les premiers ne sont point sensibles ; ils ne laissent pas cependant de nous conduire à une corruption de cœur & d’esprit.

53. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Un acte est une partie de l’action, qui paraît interrompue sur le Théâtre, mais laquelle ne laisse pas de se continuer derrière le Théâtre, où les personnages agissent toujours, et quelquefois même plus vivement. […] Quelque méchant que soit un homme, il ne laisse pas d’avoir des sentiments vertueux qui le retiennent, et qui le font balancer au moment qu’il délibère de commettre un crime. […] Je crois, Madame, qu’il est inutile de vous en dire davantage sur ce chapitre ; je laisse le reste à vos réflexions ; et vous ferez vous-même aisément l’application des Règles que je vous envoie. […] Voilà pourquoi les Lois politiques laissent beaucoup de péchés impunis, parce qu’elles ne peuvent les empêcher : Mais cette tolérance ne prouve nullement, que ce ne soient pas des péchés. […] Je vous laisse, Madame, le choix du parti que vous avez à prendre, après avoir examiné toutes les raisons de part et d’autre.

54. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Des Arcis & moi, sommes obligés de vous laisser : Mesdames, nous allons prendre des soins bien doux ; ils auront pour but de vous rendre inséparables. […] Malheureuse politique qui laisse périr dix hommes de bien ! […] Nous avons laissé l’art Dramatique entre les mains des Jeunes-gens, qui sont toujours guidés par les Prêtres. […] Reprenons la Comédie où nous l’avons laissée. […] … Je laisse les réflexions au Lecteur.

55. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Laissons ce qui regarde les talens & les arts. […] Ainsi font illusion les noms & les mots à ceux qui, sensibles au rithme & à l’harmonie, se laissent charmer à l’art enchanteur du Poëte, & se livrent à la séduction par l’attrait du plaisir ; en sorte qu’ils prennent les images d’objets qui ne sont connus, ni d’eux, ni des auteurs, pour les objets mêmes, & craignent d’être détrompés d’une erreur qui les flatte, soit en donnant le change à leur ignorance, soit par les sensations agréables dont cette erreur est accompagnée. […] A travers un verre sphérique ou creux tous les rapports des traits sont changé ; à l’aide du clair & des ombres, une surface plane se releve ou se creuse au gré du Peintre ; son pinceau grave des traits aussi profonds que le ciseau du Sculpteur, & dans les reliefs qu’il sçait tracer sur la toile, le toucher démenti par la vue, laisse à douter auquel des deux on doit se fier. […] Et cependant lorsqu’une affliction domestique & réelle nous atteint nous-mêmes, nous nous glorifions de la supporter modérément, de ne nous en point laisser accabler jusqu’aux larmes ; nous regardons alors le courage que nous nous efforçons d’avoir comme une vertu d’homme, & nous nous croirions aussi lâches que des femmes, de pleurer & gémir comme ces Héros qui nous ont touchés sur la scène. […] Rendons cet honneur à la vérité d’en respecter jusqu’à l’image, & de laisser la liberté de se faire entendre à tout ce qui se renomme d’elle.

56. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Elle sera, enfin, obligée de laisser le champ libre à la faction jésuitique, qui aspire à être aussi puissante en France, comme elle l’est déjà dans la péninsule. […] Les ministres peuvent donc conclure qu’il est d’une indispensable nécessité de leur laisser partager avec le prince, l’irresponsabilité, qui cependant ne devrait être que l’attribut de la souveraineté. […] Ils se laissent enfin accuser d’impéritie, parce qu’en effet les apparences sont contre eux. […] Peut-on lui reprocher de certaines expressions irréfléchies, que des ministres, à d’autres époques, ont dû bien regretter d’avoir laissé échapper, tels les mots, jamais, et arbitraire ?

57. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes. […] L’hypocrite et le dévot ont une même apparence, ce n’est qu’une même chose dans le public, il n’y a que l’intérieur qui les distingue, et afin de «  ne point laisser d’équivoque, et d’ôter tout ce qui peut confondre le bien et le mal »c, il devait faire voir ce que le Dévot fait en secret, aussi bien que l’hypocrite. […] Je n’ai pu m’empêcher de voir cette Pièce aussi bien que les autres, et je m’y suis laissé entraîner par la foule, d’autant plus librement, que Molière se plaint qu’on le condamne sans le connaître, et que l’on censure ses Pièces sans les avoir vues ; mais je trouve que sa plainte est aussi injuste, que sa Comédie est pernicieuse ; que sa Farce, après l’avoir bien considéréeMolière dans sa Requête. […] Cet art de jurer de bonne grâce, qui passait pour un agrément du discours dans la bouche d’une jeunesse étourdie, n’est plus en usage, et ne trouve plus ni de Maîtres qui l’enseignent, ni de Disciples qui la veuillent pratiquer : Mais le zèle de ce grand Roi n’a point donné de relâche ni de trêve à l’Impiété : il l’a poursuivie partout où il l’a pu découvrir, et ne lui a laissé en son Royaume aucun lieu de retraite : il l’a chassée des Églises où elle allait morguer insolemment la Majesté de Dieu jusque sur les Autels : il l’a bannie de la Cour, où elle entretenait sourdement des pratiques : il a châtié ses partisans : il a ruiné ses écoles : il a condamné hautement ses maximes : il l’a reléguée dans les Enfers où elle a pris son origine. […] [NDE] L’auteur cite le premier Placet présenté par Molière au Roi pour défendre son Tartuffe : « Je n’ai point laissé d’équivoque, j’ai ôté ce qui pouvait confondre le bien avec le mal », voir Molière, Œuvres complètes, éd.

58. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Ainsi par le Jugement d’un Corps illustre, de saint Charles et de Mariana, toutes personnes qui parlent après l’expérience, nous pouvons conclure que la question est terminée, et qu’on ne doit plus penser à laisser paraître sur le Théâtre des sujets tirés de l’Ecriture Sainte. […]  » Ils heurtèrent les premiers contre la pierre d’achoppement, qu’ils présentent au peuple, et les personnes éclairées ne s’y laisseront pas tromper. […] », exhorte les Fidèles à ne laisser jamais rien perdre de la parole de Dieu ; ainsi qu’on n’oserait rien laisser tomber de la divine Eucharistie. […]  » Où en sommes-nous, Messieurs, si l’on croit que tout cela peut être joint à présent, et si on ne craint pas de laisser prendre ce que nous avons de plus saint, à ceux qui font profession de divertir le monde. […] C’est assurément plus qu’ils ne devaient espérer, qu’on les ait laissé vivre aux dépens du Public, dans un temps où la cherté des vivres, et le besoin pressent des Pauvres, demandait que l’argent ne fût employé qu’à des dépenses nécessaires.

59. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

J’Ai renversé, Mademoiselle, les moyens de votre Avocat, à mésure qu’ils se sont rencontrés sous mes pas : je n’ai laissé en arriere que ceux qui sont isolés, & qu’on ne pouvoit lier aux objets discutés, sans leur faire une sorte de violence. […] Les Acteurs ne laissent pas d’être frappés d’anathéme, ainsi que vous, en vertu des Canons qui sont en vigueur dans toute l’Eglise. […] Je ne connois pas, Mademoiselle, l’état de votre fortune, mais avec autant de célébrité que vous en avez acquise, il n’est pas à présumer qu’une sage retraite vous laissât sans ressource : dans la supposition qu’elle fût suivie de la plus triste indigence, c’est un malheur qui doit moins vous effrayer que votre situation presente ; le Théâtre est un œil qui vous scandalise, vous devez l’arracher1, c’est un pied qui vous porte au péché, vous devez le couper ; car il n’est pas raisonnable de sacrifier la vertu aux richesses, & toutes les douceurs de cette vie sont un très-petit objet, au prix du bonheur de l’autre.

60. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Laisseroit on en Prusse épouser une Juive, une Turque sans lui faire promettre de se rendre Chrétienne ? […] Qu’à la bonne heure on n’adopte pas cette rigueur ; mais pourvu qu’on laisse la légitime, tout le reste est arbitraire. […] Henri VIII avec ses fureurs, Elisabeth avec sa vanité, ont laissé aux Evêques & aux Curés à cet égard ce qui leur avoit toujours appartenu, à plus forte raison dans tous les Etats Chrétiens où la puissance ecclésiastique a été separée de la puissance royale. Même parmi les Protestans les Princes n’ont jamais été jaloux de ce détail, ils l’ont toujours laissé aux Ministres Ecclésiastiques. […] Il veut qu’on laisse aux femmes une grande liberté, il la laissoit à la sienne.

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