Laisserons-nous là les Pères et les Conciles pour suivre le sentiment des Modernes ? […] Le premier est de s’en informer à des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de Spectacles. […] Or est-il qu’en lisant les Comédies d’aujourd’hui, nous ne nous sentons excités à rien de contraire à la pudeur, qu’elles ne sont propres qu’à faire rire, et incapables de laisser dans l’esprit de ces idées fâcheuses dont Salvien ne pouvait se débarrasser. […] Mais permettez-moi, Monsieur, de passer les bornes d’une simple Lettre, et pour ne rien laisser d’irrésolu dans la Question dont il s’agit, d’examiner les précautions avec lesquelles les Docteurs permettent que l’on aille à la Comédie. […] Ecole dangereuse pour la jeunesse, qui s’accoutume avec autant de plaisir à laisser croitre dans son cœur de véritables passions, qu’à en voir représenter de feintes sur le Théâtre !
Il est bien triste de voir qu’après plusieurs années d’une éducation chrétienne, tant de personnes de l’un et de l’autre sexe se laissent entraîner par le torrent du monde, on dirait presque sans crainte et sans remords ; mais ce qui est plus affligeant encore, c’est de savoir que bien souvent les parents eux-mêmes sont les premiers à perdre leurs enfants. […] « Mes chers frères, dit le cardinal Delci avec trente-six autres tant cardinaux qu’archevêques et évêques d’Italie, mes chers frères, ne vous laissez pas séduire par les guides qui, peu instruits dans l’art de conduire les âmes, osent vous permettre d’aller aux spectacles et assurer que tout ce que nous pouvons vous dire pour vous en éloigner ne sont que des déclamations des SS. […] Si on s’y laisse entraîner, on ne sent rien si ce n’est peut-être un mouvement assez doux d’abord ; et vous ne sentez le mal qu’il vous fait que quand vous vous noyez. […] laissez dire le monde ; vous savez maintenant ce que vous devez penser de la fréquentation du théâtre. […] Chers parents, laissez-vous toucher par ces considérations et revenez à des sentiments plus chrétiens.
Là-dessus vient la gentille Gravelure voilée d’une gaze très-fine, qui laisse tout voir ; elle demande de l’honnêteté dans les mots, voile léger dont il faut couvrir tout ; sauver le mot, c’est sauver tout. […] Ce n’est pas même le dessein ni de l’Auteur ni du Poëte de rendre l’incontinence honteuse, mais d’en ridiculiser quelques circonstances, l’âge, les moyens, la laideur, l’excès, ce qui laisse subsister tout le fonds, & le rend agréable, pourvu qu’on en écarte ces légères taches. […] Ce n’est point une tolérance théologique, qui laisse sur des opinions incertaines la liberté de penser, la saine morale fut toujours bien décidée sur la grieveté de ce péché ; ni une tolérance ecclésiastique de discipline, qui ne proscrit point des actions qu’elle regarde comme peu importantes, les censures de l’Eglise, la privation des sacremens subsistent toujours ; ce n’est pas même une tolérance civile légale, les loix qui couvrent les Comédiens d’infamie ne sont pas révoquées ; ce n’est pas non plus une tolérance populaire, puisque malgré toute la ferveur, le goût, l’ivresse de ses amateurs, il n’est personne qui ne convienne du danger du théatre & de son opposition à l’esprit & aux règles d’une véritable piété ; ce n’est qu’une tolérance politique, qui croit avoir des raisons d’Etat de laisser subsister certains maux fi invétérés qu’il seroit impossible de les corriger, & dangereux de l’entreprendre, parce qu’il vaut mieux supporter un moindre mal pour en éviter un plus grand. […] Ainsi dans le corps humain on laisse une fistule pour sauver de grandes maladies, ce que prouve fort au long un livre singulier de médecine, intitulé, Traité des Maladies qu’il ne faut point guérir. […] Le fonds de cette société consiste en trente actions de douze cents livres chacune, qu’on peut trafiquer, laisser à ses héritiers, & hypothéquer à ses créanciers.
Ce que l’Abbé Fraguier a traduit, comme il le doit être : Jamais Roscius n’a prononcé avec le geste qu’il auroit pu, ce Vers, mais il le laisse entiérement tomber, afin de relever par sa prononciation entre-coupée, les Vers qui suivent. […] Monsieur Rollin, sur la foi de l’Abbé du Bos, a avancé dans son Histoire ancienne, que le même Acteur ne faisoit pas les deux choses, & il a été facile à se laisser persuader, parce que rempli de ce qu’il avoit lû sur les merveilles de la Musique & de la Danse des Anciens, & ignorant les matieres de Théâtre, il a cru aussi que la Déclamation théatrale des Romains étoit toute merveilleuse. […] Dacier dans son discours sur la Satyre, a traduit ainsi ce passage : Andronicus ayant obtenu cette permission, dansa avec plus de vigeur ses intermédes, débarrassé du chant qui lui étoit la respiration : de-là vint la coutume de donner des chanteurs aux danseurs, & de laisser à ces derniers les rôles des Scenes, pour lesquelles on leur conservoit toute leur voix. […] Mais il faudra dire à ce Comédien ce qui est dit à l’Orateur dans Cicéron, vous pouvez étudier chez vous vos tons avec un joueur de flutte, & quand vous irez au barreau vous laisserez dans votre maison ce joueur de flutte. […] Le Comédien, après avoir étudié son Rôle noté, le laissera chez lui ; si quand il est sur le Théâtre, il vouloit toujours se rappeller ces notes, il seroit un froid Acteur.
Celui qui marche sur le bord d’un précipice, quoiqu’il n’y tombe pas, ne laisse pas de trembler, & souvent la crainte le trouble & le fait tombet. […] Comment conserverez-vous la vertu & serez-vous vainqueur dans les rudes combats de l’impureté, lorsque vous vous laissez gagner par le chant des Actrices ? […] Ce n’est pourtant pas ce que je vous ordonne : laissez subsister tous ces beaux édifices, mais faites cesser toutes ces représentations. […] Fuyez cette fournaise de Babilone, arrachez vous (comme Joseph) des mains de cette impudique Egyptienne, fallût-il lui laisser votre manreau.
On apprend à la souffrir et à en parler, et l'âme s'y laisse ensuite doucement aller en suivant la pente de la nature.
On apprend à la souffrir et à en parler; et l'âme s'y laisse ensuite doucement aller en suivant la pente de la nature.
Il faut imaginer des signes qui ne laissent aucun doute sur les objets reconnus, & on a de la peine à leur donner ce dégré d’authenticité qui leur est nécessaire. […] Comment les femmes, à qui son enfance avoit été confiée, lui ont-elles laissé cette croix ? […] L’amour le plus discret, Laisse par quelque marque échapper son secrer.
L’art de bien rendre les idées d’un Auteur, est donc l’effet de ce beau feu, ou tout au plus, d’une étude où la mémoire agit plus que le jugement, & où les répétitions réitérées laissent tout le mérite au cours forcé des esprits & à l’action servile des muscles. […] L’un est le pere, le maître absolu de son Poëme : s’il en laisse à un autre la représentation, ce ne peut être que comme à un subalterne, qui fait le même effet que le masque au visage. […] Mais laissons les choses dans l’état où elles sont, & ne prêtons point aux fonctions du Comédien, un lustre qu’elles n’ont pas.
La représentation d’un amour pudique et de celui qui ne l’est pas produisent à peu prés le même effet et excitent un pareil mouvement, le voile d’honnêteté dont le premier est couvert en laisse considérer la peinture avec moins de précaution, et par conséquent plus de danger. […] Le démon se rendra bientôt maître du corps, de la place, après que vous lui aurez laissé prendre les dehors ; et que lui importe dans le fond par où il se rende maître de votre cœur, je veux que ce ne soit pas par la volupté, n'y a-t-il que cette seule passion qui soit excitée au théâtre, celles d’ambition et de vengeance ne le sont-elles pas également, il lui est assez indifférent que vous soyez voluptueux, vindicatif ou superbe, pourvu que vous deveniez sa conquête. […] Voilà qui est plus que capable de nous préserver de l’ennui, et de causer à notre cœur de douces émotions sans le laisser en proie à ces folies des folies, comme les appelle saint Augustin, « et non daretur turpis præda nugatilibus ».
Si parmi les calomnies que les Païens faisaient aux Chrétiens, on s’était avisé de leur reprocher que tandis que notre Religion condamne le Paganisme dans tous ses chefs, elle en suit la licence en plusieurs points ; qu’avec une morale austère qui donne des bornes si étroites aux plus honnêtes divertissements, elle permet les joies et les fêtes des Païens ; que ses lois toutes pures, toutes saintes qu’elles sont, ne laissent pas d’autoriser en certains temps le libertinage : et que sévère ou indulgente, selon les diverses occurrences, elle permet en certains jours de l’année la dissolution et les débauches, qu’elle défend en d’autres temps : si l’on eût osé faire cet injurieux reproche aux Chrétiens, avec quelle hardiesse, avec quelle indignation eût-on d’abord crié, et avec raison, au mensonge, à la calomnie ? […] Que de railleries piquantes sur l’inébranlable probité de Loth au milieu d’une ville si universellement corrompuec ; que de plaisanteries à essuyer sur sa piété, sur sa modestie, sur sa retraite ; que de discours désobligeants ; que d’insultes pour s’être conservé dans l’innocence, pour ne s’être pas laissé entraîner au torrent ! […] Le tumulte n’étourdit pas naturellement, il y a des intervalles de raison ; et quelque affaiblie qu’elle soit dans un libertin, elle ne laisse pas de lui faire voir la malignité de ce qui lui plaît, et de lui faire sentir le poison de ce qui l’enchante.
Voltaire n’est pas plus sage, il ne donne pas moins de folies à 80 qu’il en donnoit à 25 ans ; il est moins sage, il ne respecte ni la réligion, ni les mœurs ; les erreurs sont ses lisieres ; qu’il est à plaindre de s’en laisser bercer, il touche à l’éternité. […] Le Roué vertueux, canevas satyrique qu’on laisse à remplir comme les impromptus italiens pour le faciliter, des argumens & des estampes mettent les acteurs sur la voie : la traduction du théatre Anglois, ne renferme que des comédies. […] Agréables de nos jours, vous qui lisez par désœuvrement, qui ne connoissez d’autres livres ; que ceux qui traînent sur la cheminée d’un boudoir, qui les prenez comme un écran en attendant le caffé ou les cartes, qui en parcourez deux pages en donnant une gimblette à un petit chien, puis les jugez souverainement en faisant repic, où va tout Laissez là Perse. […] Mais il n’en est pas plus chaste ; la gaze légère dont la politesse le couvre, ne laisse que trop voir son libertinage, & n’en donne que trop de modeles & des leçons. […] Pour ne laisser aux jeunes gens aucun livre licentieux, qu’on corrige ceux qui pourront être corrigés mais s’il est impossible de les purger, comme les Comédies de Térence ; qu’on ne les lise point du tout.