Cette raison devroit seule déterminer des Citoyens ; mais cette raison, déjà si forte, n’est ici que secondaire, puisqu’il est question d’une chose rigoureusement juste. […] Si elle peut être juste en un seul cas, elle peut être juste dans tous. […] Sans doute elles seroient difficiles à poser ; mais elles sont importantes ; mais elles sont justes ; mais il seroit souverainement injuste de conserver des formes arbitraires. […] Ce qui est juste, ce qui est injuste à l’égard d’un Citoyen, est juste, est injuste à l’égard d’un autre. […] Comment, par quel principe conforme à la liberte que la Nation revendique à si juste titre, on peut raisonnablement interdire aux Poëtes dramatiques les personnages les plus importans de nos Annales.
Il faut que tout cela se face à la juste portée des yeux, & que l’on voye un homme de tous sens & de niveau, pour juger juste de ce qu’il est, & de ce qu’il sçait faire.
Je n’ai rien vu depuis dont on puisse faire une juste comparaison. […] sous un Héros qui remet les beaux Arts Dans un éclat plus grand que du Temps des Césars ; Sous un Roi si puissant, si glorieux, si juste, Dont la superbe Cour ternit celle d’Auguste ; Sous un Roi qui sans cesse occupe mes cent Voix, Et qui n’a point d’égaux, quoi qu’il soit tant de Rois ; Est-il quelque Talent qui doive être inutile ? […] Lorsque tu fis Cinna, ce Poème si juste, Donnas-tu quelque atteinte à la gloire d’Auguste ?
Une autre espece de Spectacles, qui, quoique bien moins abominables, étoient tout aussi dignes de la juste Censure des Saints Peres, étoit la Représentation des Mystères du Paganisme ; car quoiqu’aujourd’hui nous soyons peu touchés des Aventures de Jupiter, de Mars, &c. […] Un objet dont les Ecclésiastiques se mêlent peu, & qui cependant, dans la Bourgeoisie, est d’une grande conséquence, est le juste assortiment des mariages. […] Corneille & Racine ont gémi ; ils en ont eu raison, sans doute, puisqu’ils ont passé leur vie dans une occupation condamnée : mais n’est-il pas bien cruel que les Auteurs de Cinna, d’Héraclius & de Phédre, ayent été fondés à verser des larmes d’un juste repentir ? […] Avant même qu’elle fût aussi réglée, & aussi honnête qu’elle est aujourd’hui, on peut compter de très-grands Personnages qui en ont fait une juste évaluation, & qui lui ont été favorables. […] Pourquoi donc, enfin, seroit-on scandalisé d’une absolution aussi juste, que celle que l’on espere pour les Comédiens ?
Pour une juste punition de ce péché, il brisa les Tables, et les mit en pièces, et commanda aux Lévites de se joindre à lui ; pour tuer tous ces danseurs et idolâtres, sans pardonner à frère ni ami ; ce qui fut exécuté sur le champ par les Lévites, qui en tuèrent jusques à vingt-trois mille : ce que Moïse appelle sanctification et sujet de bénédiction à ceux qui témoignèrent ainsi leur zèle. […] Au pays de Saxe, certaines personnes dansant dans un Cimetière la veille de Noël, et troublant le service divin, par une juste punition de Dieu, dansèrent sans cesse nuit et jour un an entier, et moururent presque tous incontinent après. 3. […] Thomas de Cantimpré rapporte que quantité de personnes dansant sur un pont dans un village auprès de Laon, le pont se rompant sous leurs pieds, par un juste jugement de Dieu ils furent tous noyés. 5.
« César fut un tyran, et son trépas fut juste. […] Non : il est médiocre, on pourrait en faire une juste critique. […] Mais est-ce bien de l’intérêt public, de l’intérêt de l’Etat, de les faire sentir à des sujets, et leur laisser apprendre à les goûter, et affaiblir, en s’y familiarisant, le juste éloignement qu’ils doivent avoir des forfaits atroces. […] Si Caton m’avait cru, plus juste en sa furie, Sur César expirant il eût perdu la vie. […] La révolte de Rome contre son Roi est la plus juste et la plus belle action, la guerre qu’on lui fait, les avantages qu’on remporte contre lui, sont autant de triomphes, les mesures qu’on prend pour le rétablir, des trahisons et des conjurations.
Le juste respect dû à la religion, aux bonnes mœurs et aux lois, en doit écarter jusqu’à la seule idée. […] cessez d’accuser un Dieu juste et bon, lui répond l’orateur chrétien. […] C’est ainsi que presque partout le théâtre altère les idées justes, apprend à braver les convenances sociales, à tout sacrifier à nos passions. […] Il sait que refuser une juste défense au malheureux, c’est devenir complice de celui qui l’opprime. […] si par tant de zèle et de fidélité dans l’exercice de ses pénibles fonctions, il pouvait au moins compter sur un juste retour !
Quand le souffle empesté de longs orages politiques a corrompu, détruit ou renversé ce que l’Etat offrait de plus pur et de plus imposant, on ne saurait, sans un juste sentiment de reconnaissance et d’admiration, voir son premier Magistrata en relever les débris, en réparer les ruines, et ajouter même à l’éclat de son ancienne splendeur. […] C’est ainsi qu’après avoir parcouru successivement tout ce qui peut tenir à la gloire comme à le décadence de la Chaire, du Théâtre et du Barreau, et « en comparant chacune de mes idées avec l’idée éternelle du vrai et du juste, j’ai vu qu’il n’y avait de bien que ce qui était utile à la société et conforme à l’ordre, de mal, que ce qui leur était contraire. »(Eloge de Marc Aurèle.
C'est aux hommes injustes et méchants à se ré jouir dans ce monde: le monde finira, et leur joie finira avec le monde ; Mais il faut que les justes mettent leur joie dans le Seigneur, afin qu'elle soit permanente, et immuable comme lui. […] C'est à ces hommes infidèles impies, méchants (j'ai honte de le dire, je le dirai pourtant, parce que vous savez combien ce que je vais dire est véritable) c'est à ces sortes de personnes qu'un Comédien plaît davantage que Dieu, c'est pourquoi le Prophète après avoir dit justes réjouissez-vous en Dieu, (parce que nous ne saurions nous réjouir en lui, qu'en le louant, et que nous ne pouvons le louer, si nous ne lui plaisons, d'autant plus qu'il nous plaît davantage.) Il ajoute, c'est aux justes qu'il appartient de louer Dieu ; Qui sont les justes ? […] Saint Paul dit, que la grâce s'est montrée, qu'elle nous a enseigné à vaincre l'impiété, et à perdre les appétits déréglés ; qu'elle nous commande de vivre sobrement ; d'être pieux et justes dans ce monde, en attendant l'effet d'une bienheureuse espérance, et la venue de la gloire de Jésus, qui s'est donné lui-même pour nous à dessein de nous racheter, et de laver par son Sang un peuple agréable à sa divinité, et sectateur des bonnes œuvres.
C’est pour vous inspirer une juste horreur du théatre & de ses spectacles, que je me sers des paroles du grand Apôtre : Considerez-vous, M. […] Ces saints Docteurs étoient autorisés en de si justes invectives par l’oracle de saint Paul, qui dit que les mauvais entretiens corrompent les bonnes mœurs, même dans le particulier : I. ad Cor. 15. […] Or il est certain qu’il a justifié beaucoup la comédie, puisqu’il a dit que la profession des comédiens n’est pas mauvaise de sa nature, & que l’on peut sans péché contribuer à leur subsistance, pourvû que cela se fasse avec une juste modération. […] C’est Dieu qui a fait les Empereurs & les Rois, pour gouverner son peuple ; les sujets & les vassaux, pour leur obéir : il a fait les magistrats & les juges, pour contenir un chacun dans les bornes de son devoir, & pour faire dans l’univers cette admirable variété, qui par une juste subordination fait les douceurs de la société civile, quand elle est bien réglée. […] Croix adorable de mon Sauveur, c’est donc vous seule qui êtes un spectacle d’édification à toute l’Eglise, le digne objet de la piété des Chrétiens, & le juste sujet de leur amour, comme vous êtes le modéle parfait sur lequel ils doivent se former.
Si le ressentiment et le délire de ceux que la philosophie a depouillés d’injustes priviléges, et d’une supériorité contre nature, qu’ils ne peuvent plus réclamer désormais raisonnablement, leur permettaient d’être justes, ils remonteraient à cette source féconde de dissolution, à cette véritable cause du mépris des autorités respectables, et de la révolte des inférieurs contre leurs supérieurs naturels et légitimes, ici directement et positivement avilis. […] Entre les différents moyens depuis long-temps indiqués, pour là réformation du théâtre, je crois devoir recommander d’abord celui de cesser de condamner en principe, ou en théorie, ce que nous approuvons dans la pratique ; je veux dire, de commencer par être plus conséquents et plus justes envers les hommes qui se vouent au théâtre, soit comme auteurs2, soit comme acteurs, et reconnaître le droit qu’ils ont, lorsque d’ailleurs ils sont bons citoyens, à l’estime et à la considération dont ils jouissent de fait, par un accord à peu-près général ; et ôter enfin à un petit nombre de gens de bonne foi, et à tous les gens de mauvaise humeur, le droit de traiter d’infâmes la profession ou les personnes de Molière, de Corneille, Racine, Voltaire, et de Lekain, de Molé, Larive, Talma, des idolâtrées Comtat, Raucourt, Mars, etc., lesquels ont emporté les regrets, ou font encore aujourd’hui les délices et l’admiration des Français et des étrangers, qui leur rendent les plus grands honneurs, qui leur élèvent des statues. […] Il est si raisonnable, si juste et si facile (moyennant la réformation votée ), d’établir une distinction satisfaisante entre les comédies et comédiens actuels, et les ordures ou farces et farceurs qui ont motivé dans le principe les monitions et les peines spirituelles, qu’il est à espérer que les sages législateurs des deux ordres s’en occuperont, et trouveront convenable à notre temps et conforme à la justice de faire revivre une ancienne déclaration d’un roi de France, de Louis XIII. […] pourquoi des lois importantes, si évidemment justes, ne pourraient-elles pas recevoir leur exécution, lorsque tant de lois iniques, beaucoup plus sévères, ont été si bien exécutées pendant les longues années de la révolution ? […] Il faudrait bien accueillir les justes plaintes, et honorer les plaignants.
Qu’on ne me dise plus, que l’application de la Comedie du tems de ces Peres à celle qui se représente aujourd’hui, ne soit pas juste : car en outre que j’en ai montré la justesse, les personnes, qui ont eu le malheur de frequenter la Comedie moderne, l’appellent aussi bien « une école de libertinage & de vanité », que ces Saints l’appellerent de leur tems. […] Une jeune Demoiselle n’a pas encore éteint toutes les étincelles de la devotion, elle se flâte même qu’elle n’est pas enivrée des plaisirs du monde : cependant elle a une terrible demangeaison pour la Comedie : mais le remors salutaire de la conscience contre-balance ce desir : que dit-elle pour en étouffer les justes cris Madame *** est d’une probité reconnuë, & elle y va bien : je ne prétens pas à une vie plus reglée : on la voit si souvent qu’elle s’approche de la Sainte Table : elle est d’une devotion exemplaire : il n’est pas croiable, que son Confesseur lui permettroit la Comedie, s’il jugeoit, qu’elle y pechoit en s’y trouvant : ainsi donc, resoud cette jeune Theologienne, je m’y trouverai aussi, & je ferai comme je vois faire aux autres, dont l’âge & la vertu me peuvent être une juste regle. […] « C’est vous joüer, mon frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anatheme au demon, comme vous avez fait recevant sur les Fonts la grace de Jesus-Christ, & de rechercher maintenant les fausses joies, qu’il vous présente dans ce spectacle de vanité. » Elle a raison la Demoiselle, que du moins les Devotes s’en doivent absténir : & ce seroit à juste titre qu’elle se scandaliseroit, si quelqu’une de ces Demoiselles, qui se sont volontairement engagées à passer leur vie en priéres & en œuvres de charité, venoit se montrer dant la Comedie ; si elle veut prendre, diroit elle fort bien, part à nos plaisirs & à nos passetems, qu’elle renonce à sa vie retirée & à la profession : voila, Madame, quels seroient les justes sentimens de cette fille sur la conduite des Devotes : mais pourquoi ne s’applique-t-elle pas des regles si justes & si raisonnables ?