La jeune Dame, qui n’avait eu d’autre dessein que de se donner les talens & les grâces de la ***, pour en faire usage dans le particulier, prend sur le champ un parti plus hardi ; elle va trouver le Directeur, lui dit qu’elle sait quelqu’un qui n’est pas de la Ville, & qui n’y sera pas connu, qui consentirait à remplacer Mademoiselle *** pour ce jour-là La proposition est acceptée : elle s’offre elle-même ; plaît universellement à une Répétition qu’on fit à la hâte, paraît aussitôt sur la Scène, éclipse sa Rivale autant par sa beauté que par son jeu.
Ils n’ont point démenti leur caractère pour en venir à bout, leur jeu a toujours été couvert, leur prétexte spécieux, leur intrigue secrète ; ils ont cabalé avant que la pièce fût à moitié faite, de peur qu’on ne la permît, voyant qu’il n’y avait pas de mal.
Avocat pour & contre, il étoit récompensé de tous côtés ; assuré du succès de ses satyres, il profitoit de la malice de tous ceux qui le mettoit en jeu, &c. […] Il y avoit à cette cour plusieurs Dames qui portoient le même nom d’Eléonor ; &, pour cacher son jeu, le poëte adressoit des vers aux unes & aux autres : mais la princesse, qui avoit le mot de l’énigme, ne prenoit pas le change. […] Ces jeux déplaisoient infinement à son pere, homme sage, qui vouloit que son fils s’appliquât à des choses utiles.
Peut-on se passer de ces jeux ? […] Qu’appellera-t-on jeu de théatre, si toutes ces variations ne le sont pas ? […] Dans cette guerre de Hollande, également célebre par les succès & par les revers, espece de jeu bisarre, de flux & de reflux, les premiers jours de la campagne furent marqués par des victoires, les derniers par des désastres : ce fut un voyage de quelques mois, où on ne fit qu’aller & venir ; les armées françoises allerent comme un torrent jusqu’aux portes d’Amsterdam ; on lâcha les écluses, & les eaux de la mer les repousserent jusqu’en France.
L’illusion se trouvant rarement dans les représentations théâtrales, nous ne les voyons que comme un jeu qui nous laisse presque entièrement à nous. […] Le Misanthrope a encore plus beau jeu dans la scène du sonnet. […] Cette colère du Misanthrope sur la complaisance de Philinte n’en eût été que plus plaisante, parce qu’elle eût été moins fondée ; et la situation des personnages eût produit un jeu de Théâtre d’autant plus grand, que Philinte eût été partagé entre l’embarras de contredire Alceste et la crainte de choquer Oronte.
Tout y est sacrifié au jeu des passions. […] La comédie et la tragédie mettent toujours l’amour en jeu.
Nos Sacrifices sont-ils des jeux, nos Mistéres des fables ? […] Pour bien juger si un acteur jouë bien juste, il faut, dit on, se boucher les oreilles, & ne faire attention qu’à son jeu.
Le burin transmit ses graces a la postérité ; elle attira tout Paris au théatre Italien par son jeu vif & spirituel. […] Cent volumes de galanterie ne feroient pas un livre médiocre ; les mêmes choses y sont ressassés, ce n’est qu’un jeu de dames, de des ou de cartes, qu’on ne fait que mêler & démêler, toujours mêmes figures, même marche à droit ou à gauche.
Ce ne sont pas au moins ceux qui fréquentent les spectacles qui ont besoin de se délasser de leurs travaux ; ils ne font rien de toute la journée ; la toilette, les repas, le jeu, le cercle ; voilà de grandes fatigues. […] Ils savent bien s’en donner avec les Actrices, au jeu, en circulant de maison en maison.
Le plus souvent c’étoit des jeux mêlez de sacrifices qui se faisoient aux Idoles, & ou la musique la plus molle, les habits les plus immodestes, les danses les plus lascives, les postures les plus indécentes, & les representations les plus infames, ne pouvoient produire qu’un horrible scandale, & un desordre universel. […] Si l’oisivité est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ?
Cicéron rapporte avec plaisir de quelle maniere le Peuple fut attendri à son sujet, lorsqu’Esopus jouant une Piéce d’Accius, fit ensorte par son jeu que le Peuple appliquât à Cicéron certains Vers qu’Esopus en montrant les Senateurs & les Chevaliers, prononçoit avec peine à cause de l’abondance de ses larmes, cùm omnes Ordines demonstraret … & vox ejus illa praclara lachrymis impediretur. […] Des Acteurs qui dans leur jeu éprouvoient la vérité des Passions qu’ils imitoient, n’étoient pas occupés de tons de Musique : ce n’étoit pas en chantant que celui qui représentoit la douleur d’Electre, prit l’urne où étoient les cendres du Fils qu’il venoit de perdre, & ce n’étoit pas en chantant qu’Esopus représentant les fureurs d’Atrée, tua un Esclave qui s’approcha de lui imprudemment.
Ils indiquent à la vérité quelque différence dans le jeu, les pièces, la conduite ; une dissolution, une impudence plus ou moins grande, excite la sévérité des lois, le zèle des Princes et des fidèles. […] 12.), jusque là que par un arrêt du Sénat il fut défendu, non seulement aux Sénateurs, mais encore aux Chevaliers Romains de paraître sur le théâtre, même par jeu ; ce qu’Auguste observa soigneusement, quoique auparavant il les y employât, comme le rapporte Suétone (Aug.