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26. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

S’il le devenoit, toutes les passions pourroient s’y montrer à découvert ; une seule en seroit bannie ; car même l’extrême circonspection avec laquelle on la présenteroit ne seroit peut-être qu’un piége de plus pour perdre les cœurs innocents. […] On sent combien une telle autorité doit être respectée ; mais si ce divertissement étoit pur & innocent, il ne mériteroit plus une telle censure ; car si le principe de la vie sérieuse que commande la Religion, étoit porté trop loin, contre la pensée de Bossuet lui-même, il excluroit les plaisirs les plus innocents.

27. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Elle doit toujours l’être, & il lui est permis de l’être, quand elle attaque d’une maniere fine & innocente les Ridicules des hommes. […] Il n’est pas impossible qu’elle soit une censure innocente ; mais les Comédies qu’on peut appeller innocentes, sont si rares, que nous pouvons dire en général avec Quintilien, qu’il faut interdire cette lecture aux Jeunes gens, jusqu’à ce que leurs mœurs soient en sureté.

28. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Cet amour, nous dit-on, que l’on peint si puissant, Dans ses plus grands transports n’a rien que d’innocent. […] Allons, avec Jephté, soupirer à l’autel, Où sa fille innocente attend le coup mortel.

29. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Mais comme ces choses sont si claires et si évidentes qu'elles n'ont pas besoin de preuves; et que le dessein de cet ouvrage a été principalement de montrer que la Comédie moderne, revêtue même de toute son honnêteté prétendue, est un mal, et que les Pères l'ont condamnée par les endroits qui paraissent les plus innocents à ceux qui ne savent pas assez quelle est la sainteté de la morale chrétienne, il faut faire voir dans cet avertissement les sentiments de ces grands hommes sur ce sujet, recueillis en peu de paroles, afin que ceux qui liront les traductions suivantes aient moins de peine à les remarquer lorsqu'ils les trouveront répandus dans leurs Ouvrages. […] dit qu'en y représentant des parricides, on y enseigne ce qu'on peut faire par l'exemple de ce qu'on a fait ; que les comédiens émeuvent les sens, qu'ils flattent les passions, et qu'ils abattent la plus forte vertu ; que quelque innocente que fût la ComédieChap. 12 des Spectaculis.

30. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

 » Et quoiqu’il n’ait pas coutume de parler à son désavantage, il avoue que les Spectacles faisaient de si grands changements dans son cœur, qu’il en retournait non seulement plus avare, plus ambitieux, plus amateur des plaisirs et du luxe : mais encore plus cruel et moins homme ; parce, dit-il, que j’ai été avec des hommes ; « Avarior redeo, ambitiosior, luxuriosior, imo vero crudelior et inhumanior, quia inter homines fui. » Que l’on prouve si on le veut, que les Comédies qui se jouent aujourd’hui ne peuvent causer que des passions innocentes, et des sentiments raisonnables, qu’on en conclue qu’il n’y a aucun danger, que ceux qui les représentent, nous communiquent les mouvements qu’ils expriment ; cela ne s’accorde point du tout avec l’expérience ; et s’il était ainsi, les gens du siècle pour qui elles sont faites, ne s’y divertiraient nullement. Mais enfin, quand elles seraient bonnes en elles-mêmes, c’est-à-dire que sur le papier et dans la bouche des Acteurs elles n’auraient aucun venin ; on ne saurait dire que leur représentation avec toutes ses circonstances soit entièrement innocente.

31. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Jésus-Christ même a toléré Judas, c’est-à-dire un démon, un voleur, un traître, par qui il savait qu’il devait être vendu ; il le laissa participer avec la troupe innocente des Apôtres à ce prix de notre Rédemption qui est connu des Fidèles ? […] Innocent II. « Felicis memoriæ Papæ Innocentii et Eugenii prædecessorum nostrorum vestigiis inhærentes, detestabiles illas nundinas vel ferias, quas vulgo torneamenta vocant, in quibus milites e condicto venire solent et ad ostentationem virium suarum et audaciæ temere congrediuntur, unde mortes hominum et animarum pericula sæpe proveniunt. […] Tolerat ipse Dominus Judam diabolum, furem et venditorem suum : Sinit accipere inter innocentes discipulos, quod fideles noverunt, pretium nostrum.

32. (1807) Préface pour une édition des deux lettres à l'auteur des Imaginaires « [Chapitre 2] » pp. 78-82

Je n’avais point prétendu m’engager dans une longue querelle, en prenant l’intérêt de la comédie : mon dessein était seulement d’avertir l’auteur des Imaginaires d’être un peu plus réservé à prononcer contre plusieurs personnes innocentes. […] J’ai avancé que la comédie était innocente ; le Port-Royal dit qu’elle est criminelle ; mais je ne crois pas qu’on puisse taxer ma proposition d’hérésie ; c’est bien assez de la taxer de témérité.

33. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Car enfin seroit-il innocent d’autoriser par sa présence des jeux tellement abhorrés ? Seroit-il innocent d’entretenir dans un état tellement abhorré par l’Eglise des ames rachetées du Sang de Jesus-Christ ? […] le divertissement innocent d’une joie pure & simple ne peut-il vous suffire ? […] J’assiste tous les jours aux spectacles, & j’en sors toujours innocent. […] Je serai, je suis innocent de la perte de ces ames, vous ne m’en demanderez pas compte.

34. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Les Dames, auxquelles vous avez montré ma Lettre, craignent d’être privées de ce qui les flâte ; elles voudroient bien vénir à bout de me persuader, que ce, qu’elles desirent, est honnête & innocent. […] Non, Madame ; & pour vous en convaincre, je dis, que les personnes les plus reguliéres, qui font dans une reputation de probité la mieux établie, ou qui à raison du frequent usage qu’elles font de la sainte Communion, ou du rang qu’elles tiennent, sont obligées de donner exemple aux autres, péchent, lors qu’elles authorisent le divertissement de la Comedie par leur présence, & qu’elles y portent les autres, qui se reglent sur leur conduite : car c’est proprement donner du scandale, dont on ne peut pas être cause dans une chose même indifferente, & assez innocente d’elle-même, sans commettre un peché : parce que c’est contribuer au peché & à la perte des autres, dont nous sommes redevables devant Dieu. […] Mais c’est en vain, que vôtre Demoiselle de condition s’excuse sur leurs exemples : celles, qui donnent du scandale, seront punies ; & les personnes qui en prennent, n’échaperont pas à la glaive d’un Dieu vengeur des ames innocentes. […] Je veux la supposer telle, qu’elle se pique d’être : point d’attachemens, point d’intrigues : elle a des amitiés innocentes, liaisons honnêtes : j’en conviens : mais pour cela elle n’est pas dans le chemin du salut : elle s’en peut flâter tant qu’elle voudra ; je suis persuadé du contraire, & je vais le lui montrer. […] Pour l’amour de vous, Seigneur, je m’habillerai à la mode, d’une maniere molle, qui fait baisser les yeux à des ames innocentes ; & d’une maniere superbe, pour m’attirer les yeux.

35. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Il se trompait sur le fait, ne sachant pas ce qui s’était passé en 16967, où à l’occasion d’un Jubilé, les Comédiens Français hasardèrent de présenter à Innocent XII une Supplique tendante à lui demander d’y participer, et à se plaindre du refus qu’on faisait de les absoudre. […] On lit dans cet Auteur Italien que quoique la Musique soit un amusement dangereux, mais qui peut être innocent, on ne doit pas toujours l’interdire aux femmes que leurs richesses ou leur condition mettent à couvert de ses suites ; mais qu’il en faut défendre l’étude aux filles pauvres et de basse naissance, parce que cette science en fait des Chanteuses et des filles de Théâtre ; profession avec laquelle il est impossible d’allier la vertu et le Christianisme. […] Vous venez de voir que, suivant la pensée de Riccoboni, les sentiments les plus corrects changent de nature en passant par la bouche des Acteurs : bien entendu qu’il y comprend aussi les Actrices, à qui il nous apprend13 qu’Innocent XI défendit de monter jamais sur aucun Théâtre ; c’est nous dire assez qu’à Rome on est sur cet article plus sévère qu’en France. […] Le même Auteur, pag. 118, détaille mieux le fait dont on a parlé plus haut, qui concerne la Requête des Comédiens à Innocent XII.

36. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Les pieces dans ce goût sont sans nombre : elles prouvent également la stérilité d’un auteur, qui a recours à cette intrigue usée, & le danger de ces illusions qui ont été un piége pour des ames innocentes. […] Tout cela peu conforme au goût régnant de la philosophie, qui se joue de tout, & qui tient à l’irréligion, fort innocent dans son principe, utile même à des peuples dont la piété pure & simple s’en nourrissoit avec fruit ; il l’est encore, pourvu qu’on en écarte tout ce qu’une imagination bisarre voudroit introduire de puérilités & de bouffonneries, comme elle avoit fait dans ces fameuses fêtes des Foux, justement abolies, qui n’étoient qu’un théatre ambulant dans les processions, adoptées dans les solemnités, scandaleusement transportées dans le sanctuaire.

37. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

« Fuis ce lieu dangereux, innocente pudeurbu ; Fuis ces rochers couverts des débris de l’honneur. » On reconnaissait les premiers chrétiens à leur éloignement pour le cirque. […] Votre âme, bientôt éprise des plaisirs trop vifs du théâtre, trouverait les plaisirs innocents trop froids et trop insipides, et ne sentirait plus que du dégoût pour la piété.

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