Les Comédiens étaient autrefois considérés comme infâmes, & par cette raison, on les a regardés comme incapables de rendre témoignage.
Mais qui ne voit en même temps que rien ne peut être plus impie et plus injurieux à Dieu que de le faire parler et agir sous la forme et le nom de Jupiter qui est un personnage réel qui ne peut ramener à l’esprit que des idées les plus infâmes et les plus honteuses.
Du moins, n’est-ce pas faire un insigne affront à la vertu et la mettre comme de pair avec le vice, que de revêtir des mêmes expressions ce qui est infâme et ce qui est honnête ?
La comédie fût-elle plus fréquentée, les Actrices plus accréditées, elles n’en sont pas moins infâmes. La Bruyère dit (C. des jugements) : « La condition des Comédiens était infâme chez les Romains et honorable chez les Grecs : qu’est-ce chez nous ? […] Il défendit aux Sénateurs d’entrer dans la maison de ces personnes infâmes (Tacit. […] Sur quoi cet Auteur remarque qu’au milieu des désordres qui inondaient Rome, il fallait souvent forcer ou engager pour de l’argent à cet infâme métier, qu’il n’y avait que des gens corrompus qui s’y prêtassent.
Voyez, ô fidèles disciples de J.C. combien de noms infâmes ont rempli le cirque ! […] On marche parmi le bruit des fifres et des trompettes ; pendant que deux infâmes personnages, directeurs des funérailles, et des sacrifices, je veux dire le désignateur et l’aurispice, conduisent tout le cortège. Mais voici ce que le théâtre a de particulier, et ce qui le distingue du cirque : voyons d’abord combien le lieu en est infâme. […] Cependant en les déclarant infâmes, ces magistrats honorent de leur présence les jeux de ces misérables : Quelle bizarrerie ! […] Est-il facile d’apprendre les règles de la pudeur, pendant qu’on tient les yeux attachés aux infâmes postures d’un comédien ?
quand vous ne seriez pas blessé de ces représentations infâmes, n’est-ce rien que d’y attirer les autres par votre exemple ?
« Je veux bien, dit d’Aubignac, qu’en cet endroit, saint Thomas parle des histrions au sens des derniers siècles, et qu’il comprenne sous ce nom les acteurs des poèmes dramatiques ; Car, si l’on n’entendait par ce terme que les Mimes et les Farceurs, son autorité serait encore plus avantageuse aux autres, que l’on ne pourrait pas condamner contre la résolution de ce grand Théologien, qui serait favorable à ceux-là même que les Grecs méprisaient, que les Romains tenaient infâmes, et que jamais on ne leur doit comparer. »
Et n’en est-ce pas déja un grand de leur part, que d’autoriser de tels hommes par leurs éloges à continuer une profession que les loix même payennes ont déclarée infâme, S.
; on les passe à la sainte table comme des pécheurs publics : on les exclut des ordres sacrés comme des personnes infâmes : par une suite infaillible la sépulture ecclésiastique leur est déniée.
Quant à moi, je ne suis point d’avis, qu’il soit séant à la majesté divine, ni que ce soit suivre la forme de la discipline Ecclésiastique, que par une si vilaine et infâme contagion, l’honnêteté et la sainteté de l’Eglise soit souillée Deuter.
Du moins donc, selon ces principes il faudra bannir du milieu des chrétiens les prostitutions dont les comédies italiennes ont été remplies, même de nos jours, et qu’on voit encore toutes crues dans les pièces de Molière : on réprouvera les discours, où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mines et des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour les avantages d’une infâme tolérance dans les maris, et sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux.
Et ailleurs il dit expressément, qu’il vaudrait mieux labourer la terre un jour de fête que d’y danser, et il appelle la salle où l’on danse, la caverne infâme du diable12, et que si ces danseurs sont chrétiens en l’Église, il sont païens hors de l’Église.