Et quand même ces effets, que je n’ose faire entrevoir, ne s’en suivraient pas, n’est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion ?
Le dessein est une espece d’anatomie qui rend en détail, dans différentes situations, les membres du corps humain. […] Je demande à M. de Saint-Lambert s’il y a de la pudeur, de la probité, de l’honneur, non-seulement d’un homme de condition comme lui, mais d’un honnête homme, de comparer les évêques, les curés, les moines à des prêtres idolâtres, qui chaque année égorgeoient des milliers de victimes humaines, dont ils arrachoient le cœur pour l’offrir à leur Dieu.
» Il y a un avantage au contraire quand les rôles vertueux sont ainsi distribués : un caractere noble s’ennoblit, un caractere humain s’adoucit, &c. […] Mais du moins les fables humaines sont vraisemblables, & les fables des animaux sont absurdes.
, étant donc nécessaire pour la consolation de la vie humaine, on peut destiner à cette même fin certains emplois qui soient permis. […] J’aime donc mieux conclure avec plus de vraisemblance que ces péchés sont des effets de la malice ou de la faiblesse humaine, qui de toutes sortes d’objets indifféremment prennent occasion de pécher.
Mais, dira-t-on, la corruption des mœurs a été de tous les temps, la nature humaine est toujours la même ; d’ailleurs l’histoire le prouve sans réplique.
Mais les amans sont trop occupés de leur amour pour ressentir les infirmités humaines, & pour en parlet ; les amateurs du théâtre sont plus terrestres ; il leur faut des garderobes ; on prend la sage précaution de leur en offrir.
Les biens, les honneurs dont en l’a comblé, le faste des personnes distinguées dont on l’illustre, ne sont qu’un masque pour en couvrir la difformité ; la vanité humaine n’est occupée qu’à reparer des défauts.
C’est qu’après tout l’Évangile est toûjours le même, le cœur humain est toûjours foible, toûjours porté au mal, les plaisirs également séduisans, les occasions périlleuses.
Non, mon ami : comme on n’y représente que des Dieux, des Héros, des Magiciens, des Forcenés, la voix humaine par excellence y conviendrait peu.
J’avoue que vous sentirez des peines par les respects humains, et par la contradiction, que vos inclinations y apporteront : mais la liberté des Enfants de Dieu mérite bien que vous souffriez cette peine pour l’obtenir : le Ciel ne se donne pas pour rien, il faut l’acheter bien cher ; les pénitents l’ont acheté aux dépens de leurs larmes, et les Martyrs l’ont payé de leur vie et de leur sang.
Les Lois civiles bannissent en quelque façon les Comédiens de la société humaine, en les jugeant indignes de toute créance en Justice, et de toutes sortes d’emplois, qui ont besoin de quelque probité, de quelque honneur, et de quelque conscience.
Qu’il se ferait un gros livre des inconséquences humaines !