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35. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Il était défendu aux filles de condition, surtout aux filles des Sénateurs, de se mésallier jusqu’à épouser des affranchis ; mais une fille de la plus haute naissance qui s’oubliait jusqu’à se rendre Comédienne ou femme publique (car aux yeux de la loi c’est la même chose), dérogeait si bien à la noblesse, que les honteux mariages avec des affranchis ne lui étaient plus interdits. […] Que devient donc cette rigoureuse discipline du Palais sur les spectacles, que nous faisons sonner si haut ? […] Qui peut voir, sans rire, l’Avocat aux genoux de la Clairon, lui donner du respect, et lui prodiguer l’encens, et du haut de son trône cette Princesse lui donner de la considération ? […] Omer Joli de Fleury, Avocat du Roi, a dit que l’exposé qui venait d’être fait à la Cour du livre en question, ne justifie que trop la sensation que la distribution avait faite dans le public ; que les Gens du Roi se seraient empressés de le déférer, il y a plusieurs jours, s’ils n’avaient été instruits des mesures que prenaient à ce sujet ceux qui se dévouent sous les yeux de la Cour à la profession du Barreau ; que leur délicatesse, leur attachement aux maximes saintes de la religion et aux lois de l’état, ne leur avaient pas permis de garder le silence ; et que dans les sentiments qu’ils venaient d’exprimer, on reconnaissait cette pureté, cette tradition d’honneur et de principes qui distingue singulièrement le premier Barreau du royaume ; que les Gens du Roi n’hésitaient pas de requérir que le vœu unanime des Avocats sur la personne de l’Auteur, qu’ils rejettent de leur corps, fût confirmé par le sceau de la Cour, et que le livre fût flétri, lacéré et brûlé par l’exécuteur de la haute justice au pied du grand escalier du Palais ; qu’il fût fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, Colporteurs, et autres, de l’imprimer, vendre et distribuer, à peine de punition exemplaire ; que ledit François-Charles Huerne de la Mothe fût et demeurât rayé du tableau des Avocats, qui est au Greffe de la Cour, en date du 9 mai dernier ; et que l’arrêt qui interviendrait sur les présentes conclusions, fût imprimé, lu, publié et affiché partout où besoin sera. » Les Gens du Roi retirés, la matière mise en délibération, la Cour rendit un arrêt entièrement conforme à leurs conclusions ; après quoi le Bâtonnier étant rentré avec les anciens Avocats, M. le premier Président leur fit entendre la lecture de l’arrêt, et leur dit, qu’« ils trouveraient toujours la Cour disposée à concourir avec eux pour appuyer de son autorité le zèle dont ils étaient animés pour tout ce qui intéresse l’ordre public et la discipline du barreau. » Nous n’avons rien à ajouter à un arrêt si sage ; il confirme tout ce que nous disons dans cet ouvrage, nous n’en avons même jamais tant dit.

36. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Je me rappelle à ce propos d’avoir lu dans quelqu’endroit, qu’une Actrice célebre prononçant ces mots d’une Tragédie, il m’en souvient, & s’étant arrêtée quelque tems pour faire sentir davantage la force de ces paroles, un Spectateur du parterre s’impatienta de la longueur du silence de l’Actrice, & dit tout haut : ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient gueres. […] C’est précisément la haute idée que j’ai de cet excellent homme qui me l’a fait préférer à ses rivaux, & je crois que la preuve qui résultera de l’examen de ses ouvrages, en sera d’autant plus forte.

37. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Je hais la dissimulation, et; je pense tout haut.

38. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Du moins Oreste ne s’est pas oublié jusqu’à monter sur la scène : « In scena nunquam cantavit Orestes. » Quand Néron fit mettre le feu à Rome, il prit son habit de Comédien, monta sur la haute tour de Mécène, pour mieux voir ce qu’il appelait un bel embrasement, une vive image de l’incendie de Troie ; et pour mieux représenter le premier rôle qu’il jouait dans cette affreuse tragédie, il chanta un poème qu’il avait composé sur la prise de Troie. […] Un Comédien de la Cour est un Seigneur, une Comédienne est une Dame de haut parage, qui souvent efface par sa magnificence les vraies Dames. […] « Nudum ad spectacula vultum erigit, et tota, fugit agnoscendus arena, cedamus tunica de faucibus aurea cum se porrigat. » Le Gladiateur qu’il combattait, était honteux de se battre avec lui, et de vaincre un homme de cette haute naissance :  «Ignominiam graviorem pertulit omni vulnere cum Graccho jussus pugnare secutor. » Ces excès sont-ils croyables dans des âmes Romaines ?

39. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Ses chefs-d’œuvres ont porté le Théâtre au plus haut dégré de gloire. […] Cette haute idée d’eux-mêmes, échauffoit leur esprit ; ils n’avoient pas, comme ceux qui les ont suivis, de précautions à prendre pour ne pas ressembler, n’y d’efforts à faire pour trouver dans des sujets rebattus, des faces nouvelles, & capables de donner à leurs ouvrages, cet air de fraîcheur qu’on exige même de nos jours.

40. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Convenons au moins que nous leurs devons les Chansons, ainsi que je l’ai remarqué plus haut. […] Il paraissait n’avoir plus lieu de craindre les caprices de la fortune ; la volage l’éleva au plus haut de sa roue afin de l’en précipiter avec plus d’éclat.

41. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

Il ne sait pas que la Tragédie a été portée au plus haut point chez les Romains, et que Marcus Paccuvius était regardé comme un Tragique inimitable par Cicéron même, qui était parfaitement instruit de la Littérature des Grecs. […] L’un plus noble, élèverait l’âme aux grands sentiments dans le tragique, au bon goût et à la saine réflexion, par le haut comique.

42. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Je pourrais, Messieurs, vous faire le même compliment que vous me faites, je pourrais vous dire qu’on vous fait beaucoup d’honneur de vous répondre ; mais j’ai une plus haute idée de tout ce qui sort de Port-Royal, et je me tiens au contraire fort honoré d’entretenir quelque commerce avec ceux qui approchent de si grands hommes… Toute la grâce que je vous demande, c’est qu’il me soit permis de vous répondre en même temps à tous deux, car quoique vos Lettres soient écrites d’une manière bien différente, il suffit que vous combattiez pour la même cause, je n’ai point d’égard à l’inégalité de vos humeurs, et je ferais conscience de séparer deux Jansénistes. — Aussi bien je vois que vous me reprochez à peu près les mêmes crimes, toute la différence qu’il y a, c’est que l’un me les reproche avec chagrin, et tâche partout d’émouvoir la pitié, et l’indignation de ses Lecteurs, au lieu que l’autre s’est chargé de les réjouirb. […] Pour moi je n’en avais pas une idée si haute, je croyais que ces sortes d’Ouvrages n’étaient bons que pour désennuyer l’esprit, pour l’accoutumer à la lecture, et pour le faire passer ensuite à des choses plus solides.

43. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Il en est une autre qui ne mérite pas moins d’attention ; c’est la haute idée qu’on a communément de la professession de Comédien.

44. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Ne seroit-ce pas comparer ces Globes lumineux, & bienfaisans, qui promenent leur immensité au plus haut des airs, avec ces atômes, dont la petitesse échappe aux regards, & d’un souffle est replongée dans le néant.

45. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Enfans chéris des neuf Sœurs, il est encore sur la terre un Pithon éclos de la fange ; sage moteur de tant de merveilles, dont le séjour impénétrable n’est ouvert qu’aux humains vertueux, lance du haut de l’Olimpe tes carreaux brûlans sur cette tête audacieuse.

46. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Il est vrai que les Poètes ne louent pas ces vices, mais en louant les personnes en qui ils se trouvent, et les couvrant de tant d’excellentes qualités, ils font que non seulement on n’a pas de honte de leur ressembler, mais qu’on fait gloire d’avoir leurs defauts, C’est ainsi que faisaient les disciples de Platon, qui contrefaisaient ses hautes épaules ; et ceux d’Aristote, qui affectaient de bégayer comme lui.

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