Dans Œdipe, Iphigénie, la Thébaïde, etc. ce n’est que l’ambition, qui fait la passion des Héros ; Phèdre et Andromaque, ce n’est que l’excès de la passion d’amour, qui fait le motif de l’action tragique : ainsi je suis porté à conclure qu’il n’y a que l’ambition et l’amour qui puissent fournir des sujets convenables à la Tragédie. […] Je pousserai donc mes réflexions plus loin et je dirai, que la haine, la vengeance, la dissimulation, l’avidité de l’or, et toutes les passions humaines ne me paraissent pas dignes du Cothurne, et qu’il faut les abandonner à la Comédie ; les hommes n’ont attaché la grandeur d’âme qu’à l’ambition, et les autres passions ils les ont caractérisées de faiblesses ; il n’y a donc que l’ambition qui convienne à la majesté tragique : et si nous voulons y associer l’amour, que ce soit (je le répète encore) dans le fort et le grand de la passion, comme Phèdre et Andromaque, et non pas dans le faible, comme Bérénice, Rodogune et tant d’autres Héroïnes des Tragédies modernes. […] Un Héros, tel que lui, devrait-il uniquement se lamenter comme un homme du commun ? […] Voir Alexandre attendri, soupirant, doucereux auprès d’une femme, il semble que cela ne s’accorde point avec la haute opinion que nous avons de ce Héros ; Alexandre n’est connu généralement que du côté de la grandeur d’âme, de la magnanimité et du courage, et le faible de la passion d’amour paraîtra toujours en défigurer le caractère. Bref, la morale et l’instruction que les Spectateurs peuvent tirer de cette Tragédie, se réduisent à cette maxime ; que dans les plus vertueux et les plus grands Héros, non seulement la passion d’amour est excusable, mais que d’une certaine façon elle est même nécessaire ; maxime insoutenable et très pernicieuse : ainsi je ne crois pas que l’Alexandre de M.
Tout cela est louable sans doute, & bien préférable à l’esprit fort des héros modernes qui se font honneur de leur impieté. […] Autre Héros, dont il raconte les folies, & qu’il fait confident du Duc & son Agent dans le département de ses amours. […] Personne en effet ne ressembloit mieux aux anciens Paladins & aux Héros de la mithologie. […] Les courtisans disoient, en voyant ces deux Chefs : Voilà les Héros de l’histoire & de la fable. […] Le Héros des Mémoires raconte que le Duc l’ayant trouvé à S.
Tel autrefois Alexandre faisoit faire ses portraits & ses statues par les plus habiles ouvriers de son tems, & aussi Appelles & Praxitelles ne travailloient que pour les Dieux & les Héros ; on auroit même du, comme on l’offrit à Alexandre, prendre une montagne aux environs de Paris, en faire la statue de Voltaire, lui mettre dans une main le théatre de la comédie Françoise, avec ces jolies actrices que son cœur a célébrées, de l’autre le Parnasse avec les muses, l’Hypocrene & le Permesse, & sur sa tête, non une couronne, cela est trop commun, mais une forêt de lauriers. […] La sagesse de Minerve, la fierté de Junon, la force de Mars, la chasteté de Diane, les graces de Venus, pour lesquelles on avoit choisi les plus jolies danseuses ; ensuite venoient à la file, les héros & les héroïnes de ses pieces qu’il avoit si heureusement ressuscitées, chacun avec les habits de son rôle : Mahomet, César, Brutus, le Duc de Foix, Zaïre, Alzire, Marianne, Merope, &c. […] Un double mont, un chœur de poëtes, la Harpe, Marmontel, &c. avec les journalistes, une multitude d’Anglois, de Prussiens, de Russes ; un collége de Prêtres & de Prétresses d’Apollon : il paroissoit convenable que le grand Prêtre de ce Dieu, à la tête de tout, eût fait les honneurs ; mais le Sacerdoce féminin est plus du goût du chaste Héros de la piece ; ce fut la belle, la jeune, la savante, la dévote, l’incomparable Fretillon, qui, d’une voix unanime, en fut chargée. […] De ces vers & de cette prose, aussi mauvais l’un que l’autre, de ce fairas de bile, de faussetés, de fanfaronnades, de répétitions, de choses basses, & c. qui suffisent pour dégrader la fête, le héros, les adorateurs & la prétresse : Apollon ne dira jamais, je chantois, Voltaire écrivoit. […] Oser le dire, est-ce faire honneur à l’auteur & au Héros de cette misérable production ?
Elle est la sympathie des hommes, et un Héros amoureux est sûr de trouver dans chacun de nous un partisan. […] Un amour qui avilit le Héros, ne me paraît pas devoir faire le sujet d’une bonne Tragédie. […] Le second Brutus, dans la Mort de César, et plusieurs autres Héros ne sont point amoureux.
L’action Tragique qui représente de grandes révolutions & des Héros qui y prennent part, éleve merveilleusement le génie dans cette composition ; cependant il n’y a rien de si rare de nos jours, que des caractères bien soutenus. […] Le Poéte qui doit à son pays ces divers caractères, mêle dans le portrait de ce Héros de l’antiquité, sans le savoir, des traits qui ne conviennent qu’à soi. […] On voit dans les maîtres de l’art, des Héros, qui parlent & qui agissent. […] Ils mettroient à la premiere le portrait du Héros principal.
Il est la source, selon lui, du vrai courage ; c’est lui qui fait les vrais héros ; c’est à lui qu’ils doivent l’élévation de leurs sentimens. […] Il leur met dans la bouche des discours indignes des héros du Christianisme, qui ne sont bien caractérisés que par l’humilité, & qui ne conviennent qu’à ces prétendus grands hommes de l’Antiquité payenne.
nous représentons sur nos théâtres les fureurs de Médée, les vices d’un grand nombre de personnes que l’on métamorphose en héroïnes et en héros, sans aucun égard pour la raison qu’elles n’ont jamais respectée !
Le héros de la pièce est pris d'un mauvais roman, dont souvent on s'éloigne. […] Peut-on rendre les héros plus méprisables, et renvoyer les spectateurs plus indignés et plus scandalisés ? […] L'héroïne de la pièce n'est pas plus respectée. […] Voilà les héroïnes des romans et celles du théâtre. […] L'Abbé de la Trappe sur la ligne de Philis, d'Ariadne, d'Hélène, et des autres Héros célébrés par Ovide !
Croyez-vous en vérité, que la subtile contagion d’un mal dangereux demande toujours un objet grossier, ou que la flamme secrète d’un cœur trop disposé à aimer en quelque manière que ce puisse être soit corrigée ou ralentie par l’idée du mariage, que vous lui mettez devant les yeux dans vos héros et vos héroïnes amoureuses ?
Ce Théatre n’est pas fait pour des dieux & des héros ; ils n’y encore paru que pour être tournés en ridicule. […] Les peintres & les poëtes ne doivent rendre que la belle nature, & ne montrer les héros qu’en grand. […] Jamais , dit-on, valet-de-chambre n’a vu de héros. […] Le Théatre est comme le valet-de-chambre, il défigure le héros. […] J’admire les historiens de sa vie, qui transforment en politique des intrigues de galanterie, & d’un roman sont une vie de héros.
Ce ne sont pas des héros de folie, des amants insensés, qui se tuent pour une maîtresse, des amantes forcenés qui, comme Emilie dans Cinna, n’offrent leur cœur et leur main que pour récompenser un assassinat ; ce sont des héros raisonnables, de vrais héros qui s’immolent pour le bien public. […] les scélérats sont-ils plus rares que les héros ? […] leur mort eût-elle été un acte de justice, et un Ligueur qui sur ce prétexte aurait fait mourir son propre fils, eût-il été un héros ? […] Voici le système bien exposé dans Aristomène, où le héros de la pièce est hautement déclaré contre son Roi, et où sa famille et ses amis se déclarent contre le Sénat. […] Qu’il marche sur les pas des Héros de sa race.
Quelquefois on est au second Acte, qu’ils n’ont point pensé aux Héros qui sont représentés. […] Ces idées interrompent dans leur esprit, l’action Théâtrale, démasquent le Héros, & laissent voir l’Acteur tout entier. […] Il en résulte que celui qui vient de les entendre parler en Héros, en bergers, en pères de famille, en marquis, ne les prennent plus que pour des Comédiens, & ne voient plus les personnages.