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4. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

A vous dire vrai la jeunesse de la Champmeslé, la grâce de Baron, et les fréquentes nouveautés que donnait Racine faisaient un parfaitement bel effet sur le Théâtre. […] Quant à l’objection que vous me fîtes Samedi dernier, et que vous renouvellez dans la Lettre que vous m’avez fait la grâce de m’écrire, je n’ai autre chose à y répondre que ce que je pris la liberté de vous dire à Saint-Cloud. […] Faites-moy la grâce, Madame, de ne point trembler pour eux : je les satisfis l’Année suivante ; et comme la Princesse de Cléves n’avait paru que deux ou trois fois on s’en souvint si peu un an après que sous le nom de Germanicus elle eut un succès considérable. […] L’Histoire, où tant de fois pour remplir mes projets J’ai trouvé de grands Noms, et pris d’heureux Sujets, Comme Andromaque, Oédipe, Iphigenie, Horace, Où chaque Passion parle avec tant de grâce : L’Histoire, où des Héros les Exploits éclatants Savent se garantir des Insultes du Temps, Si souvent dépouillée en faveur de la Scène N’offre plus à mes yeux d’Action qui surprenne. […] « Le Ciel à peu de Gens fait de pareilles grâces.

5. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VI.  » p. 460

On doit considérer que la Comédie est une tentation recherchée de gaieté de cœur, ce qui éloigne bien plus la grâce de Dieu, et le porte davantage à nous abandonner à notre propre corruption, que celles où l'on tombe sans les prévoir. Il y a de la témérité, de l'orgueil et de l'impiété à se croire capable de résister sans la grâce aux tentations que l'on rencontre dans la Comédie ; et il y a de la présomption et de la folie à croire que Dieu nous délivrera toujours par sa grâce d'un danger où nous nous serons exposés volontairement et sans nécessité.

6. (1675) Traité de la comédie « VII.  »

On doit considérer que la Comédie est une tentation recherchée de gaieté de cœur; ce qui éloigne bien plus la grâce de Dieu, et le porte davantage à nous abandonner à notre propre corruption que celles où l'on tombe sans les prévoir. Il y a de la témérité, de l'orgueil et de l'impiété à se croire capable de résister sans la grâce aux tentations que l'on rencontre dans la Comédie et il y a de la présomption et de la folie à croire que Dieu nous délivrera toujours par sa grâce d'un danger, où nous nous exposons volontairement et sans nécessité.

7. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Le premier, est son esprit naturel ; et le second est l’esprit de grâce. […] L’esprit de grâce est celui que le Chrétien reçoit dans son baptême, et qui le fait agir par les principes de la foi. […] Comme innocents, si par sa miséricorde ils ont conservé la grâce qu’ils avaient reçue dans leur Baptême ; ou comme criminels, s’ils l’ont perdue par quelque péché mortel. Il est rare, dans l’horrible corruption où est à présent le monde, de trouver des personnes qui aient conservé leur grâce baptismale. […] Que le temps n’est pas à eux, mais a Jésus-Christ, qui le leur a mérité par l’effusion de son Sang, comme une grâce.

8. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Onzième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 244-249

Tu l’effaceras entièrement, si tu lui dérobes tous ces petits riens, ces grâces, qu’on nomme la magie des jolies femmes, & qu’on nomme bien. […] Elle est brune, faite au tour ; & joint à la régularité de la beauté, toutes les grâces des jolies femmes ; voila pour l’extérieur : quant à ses qualités, elles surpassent ses attraits ; Honorine est spirituelle, modeste, franche, & paraît avoir un cœur formé pour l’amitié. […] J’espère donc que vous vous en fierez à madame D’Alzan ; que vous nous laisserez agir toutes deux ; & que vous nous seconderez à notre manière ; c’est la grâce que j’ose exiger de vous.

9. (1664) Traité contre les danses et les comédies « EXTRAIT du Privilège du Roi. » pp. -

Par grâce et Privilège du Roi, il est permis à Jean Boude Imprimeur du Roi à Toulouse, et des Etats généraux de la Province de Languedoc, d’imprimer, ou faire imprimer, vendre et débiter par tels Imprimeurs ou Libraires que bon lui semblera, la traduction du Latin en Français du petit Livre de saint Charles Borromée contre les danses, durant l’espace de douze années, à compter du jour que ledit Livre sera achevé d’imprimer. Faisant très expresses inhibitions et défenses à tous Imprimeurs, Libraires et autres, d’imprimer, faire imprimer, extraire ou contrefaire en aucune sorte que ce soit, ladite traduction en Français de saint Charles Borromée, contre les danses, ni partie d’icelle, en vendre ou distribuer d’autre que de celle dudit Boude, ou par ceux qui auront droit de lui, sous prétexte d’augmentation, correction, changement de titres, fausses marques, ou autrement en quelque sorte et manière que ce soit, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, et de tous dépens, dommages et intérêts : comme il est plus amplement porté par ledit Privilège du Roi, Donné à Paris le 7. jour du mois de Décembre, l’an de grâce 1662. et de notre règne le vingtième.

10. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A la signore Isabelle » pp. 25-

A la signore Isabelle MON CŒUR, MA CHERE DAME, Je ne vous dois point écrire vu la diversité de nos écrits : les miens sont comme l’ouvrage de ces petits enfants d’Homère, qui laissent couvrir de poussière ce qu’ils ont formé du limon de la terre ; et les vôtres tous divins reluisent d’une grâce céleste, qui ne termine leur fin qu’en celle de l’éternité. S’il leur faut des louanges dignes de leurs mérites, imitez ce Dieu dont vous avez la langue et l’esprit : faites-les vous-même, ainsi que d’une seule bague il ôte et envoie le sommeil, si des Grâces qui égalent celles qu’ils portent vous les devez figurer ; car c’est vous qui êtes peinte en ces beaux et rares vers, qui ont dépouillé le Parnasse de ses fleurs, et fait une Iris en terre pour recevoir l’image de votre Soleil, qui se tire lui-même ; parce qu’aucun peintre ne le peut représenter.

11. (1641) Déclaration du roi

Louis par la Grâce de Dieu Roi de France et de Navarre, à tous présents, et à venir, Salut. […] Donné à saint Germain le 6 Avril, l’an de Grâce 1641.

12. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Amour ce petit folâtre Se venait un jour ébattre Sur ce teint délicieux, D’œillets, de lys, et de roses Où mille grâces écloses Luy firent trouver les Cieux. […] Lors les Muses désireuses, De vos grâces amoureuses, Se logèrent dans le cœur : Python où l’œillet respire L’honneur, du front tient l’Empire Comme un glorieux vainqueur.

13. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Elles font attentivement réflexion sur toutes ces grâces que Dieu leur a faites, et qu'il a faites en même temps à d'autres pécheurs, et se plaisent à s'en entretenir avec ceux qui participent au même bonheur. […] Certainement nous voyons par la grâce de Dieu de ces conversions merveilleuses, et elles nous sont un sujet d'actions de grâce, et de joie: Mais si nous nous réjouissons à cause de ceux qui sont convertis, ne désespérons pas de ceux dont nous voyons des égarements et des désordres. […] Quoi, s'il nous arrive quelque bon succès ; si nous remportons des victoires sur nos ennemis ; enfin si Jésus-Christ nous comble de ses faveurs, nous lui offrons des Jeux publics, et ce sont nos actions de grâces. […] Saint Paul dit, que la grâce s'est montrée, qu'elle nous a enseigné à vaincre l'impiété, et à perdre les appétits déréglés ; qu'elle nous commande de vivre sobrement ; d'être pieux et justes dans ce monde, en attendant l'effet d'une bienheureuse espérance, et la venue de la gloire de Jésus, qui s'est donné lui-même pour nous à dessein de nous racheter, et de laver par son Sang un peuple agréable à sa divinité, et sectateur des bonnes œuvres. […] Je laisse pour juge de cette demande, la conscience de tous les Chrétiens, et je n'ai que faire de dire ce qu'une pernicieuse coutume fait voir trop clairement, l'on retient plus facilement un mauvais mot, qu'une sentence de l'Evangile, et l'on est plus content d'écouter les paroles de la mort, que celles de la vie: ainsi le Criminel aime mieux entendre ce qui le condamne, que ce qui lui donne la grâce.

14. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Si le but principal de la comédie est d’exciter les passions, parce qu’elle sait que l’homme ne hait rien tant que le repos, et ne se plaît qu’à être remué, celui de la religion Chrétienne est de les calmer, les réprimer, arrêter leurs fougues et leurs saillies, tenir renfermées dans leurs cachots ces bêtes farouches qui ne sont enchaînées que par les liens invisibles de la grâce, c’est le principal exercice de la morale Chrétienne, c’est notre lutte, notre tâche, notre combat journalier, le tout de l’homme Chrétien, la grâce que Jésus-Christ nous a apportée du Ciel est une grâce militaire qui arme l’homme contre lui-même, et le met dans la nécessité de tenir ses passions sous ses pieds, s’il n’en veut bientôt devenir le jouet et le misérable esclave, « actiones carnis spiritu mortificare quotidie affligere minuere, frænare, interimere »S. […] Sainte Thérèse nous apprend dans l’histoire qu’elle a écrite elle-même de sa vie, que la lecture des comédies et des livres de chevalerie (que eût-ce été de la représentation effective) refroidit tellement en elle la piété et les bons sentiments dont le Seigneur l’avait prévenue, que sans une grâce spéciale elle se fût engagée dans la voie de perdition où marche le plus grand nombre des hommes. […] Tertullien dans un ouvrage exprès qu’il a composé contre cet abus, entreprend de faire voir qu’il est incompatible avec la sainteté de la religion que nous professons, car il est certain dit ce docte Africain, que la recherche des plaisirs sensuels est une des passions la plus violente et la plus tyranniquec de l’homme, et qu’entre les plaisirs, celui des spectacles transporte davantage, ils font revivre les passions dans les cœurs les plus mortifiés, les animent, les fortifient, et après avoir comme extasiés ceux qui se repaissent de ces funestes divertissements, et avoir excité des mouvements d’amour, de haine, de joie, de tristesse, le cœur se ferme à ceux de la grâce plus calmes et plus modérés, et y devient impénétrable. […] Nous voyons encore aujourd’hui (car la grâce est uniforme) qu’une des choses qui pèse le plus sur la conscience de ceux qui reviennent à Dieu après de longs égarements, et qui leur cause le plus de douleur, est de s’être livrés autrefois à l’amour de ces spectacles dont ils ont remporté des blessures profondes qu’ils ne sentaient pas alors, et d’y avoir consumé tant de temps.

15. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Il faudrait encore qu’il imaginât des danses dont les mouvements et les grâces ne fussent pas contraires à la modestie : car vous voulez qu’on danse très modestement : or rien n’était moins conforme à la modestie que les danses des Spartiates lorsque les femmes s’y mêlaient ; lisez plutôt l’histoire. […] Un Maître à danser ordinaire dit toujours à ses écolières : Mademoiselle, avancez la poitrine, effacez les épaules légèrement, marquez scrupuleusement la cadence, les yeux fixés sur ceux de votre Cavalier, que tous vos mouvements peignent avec grâce un sentiment, souriez agréablement. […] Vous voulez de la grâce et de l’adresse, et qu’on applaudisse ces deux avantages dans ceux qui les auraient : ce seraient donc des grâces et une adresse de convention ? Car pour les grâces naturelles qui accompagnent les danses de toute l’Europe, croyez-moi, la scrupuleuse modestie y trouverait sans cesse à redire.

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