Il ferait à souhaiter pour la gloire de l’Opéra-Bouffon que ce grand homme vécut de notre tems, ou que son prodigieux sçavoir se trouva logé dans une tête Française. […] Notre Siècle ne s’est pas seulement orné d’un Spectacle digne enfant de la joie ; la Littérature fait d’un autre côté des progrès qui achévent de combler sa gloire.
Mais dans les états où les héros ne sont point des êtres surnuméraires, où les armes doivent affermir la sécurité publique, et maintenir la gloire nationale, une telle indifférence supposeroit l’extinction de toutes les lumières politiques. […] Or telle est, n’en doutez pas, cette fureur des spectacles mimiques qui a gagné toutes les classes des citoyens, qui se déploie avec une fureur qui va toujours en croissant, et dont les effets funestes laissent la plus effrayante empreinte sur ce qu’il vous importe le plus de conserver dans toute sa gloire. […] Voilà la grande époque de la gloire des spectacles. Les histrions prétendoient partager la gloire des empereurs 10 ; une espèce de frénésie incompréhensible, mais dont la reproduction se prépare, transportoit dans les coulisses les matrones les plus graves pour y baiser dans l’ivresse d’une luxurieuse folie les masques et les habits des farceurs. […] C’est l’époque de la gloire des spectacles.
Et cependant c’est dans de telles circonstances qu’un profane comédien pousse l’absurdité de son orgueil jusqu’à nous donner son art pour le premier de tous les arts ; qu’il ose avancer que la gloire de son théâtre est une partie essentielle de la gloire nationale. […] Jésus-Christ vous ordonne d’oublier les injures, de pardonner sincèrement à vos ennemis, de les aimer ; & vous applaudissez à un héros de théâtre qui vient se vanter d’avoir lavé dans le sang une insulte faite à sa gloire, & qui fait trophée de cette vengeance barbare. […] Nous n’en connoissons point d’autres que celles dont l’Evangile est la règle, dont la grace de Jésus-Christ est le principe, dont la gloire de Dieu est la fin. […] Laissez-les enfin à ces ennemis de la croix de Jésus-Christ, qui n’ont de pensée & d’affection que pour la terre & pour ses vains plaisirs, qui mettent leur gloire dans ce qui fait leur confusion & leur honte, & dont la fin sera la damnation éternelle. […] Le Seigneur qui avoit confié à Saint Joseph le soin de sa propre famille, vous associe en quelque sorte à sa gloire en vous inspirant le désir de secourir par vos bienfaits des familles infortunées qui, par leurs besoins & leurs malheurs, sont des images sensibles de celle dans laquelle Jésus-Christ a voulu naître.
Par la gloire d’avoir eu un bâtard. Si elle n’eut point de couronne , dit-on, elle eut du moins la gloire d’asservir un grand roi. […] Maurice tiroit parti de sa légereté en saveur de la gloire, sachant vaincre en héros les mêmes passions auxquelles il cédoit en homme vulgaire. […] Qu’ils sont aveugles les guerriers qui se font gloire de lui ressembler ? […] Ce n’est pas lui, c’est moi que vous célébrez : toute sa gloire, fondée sur la mort, est expirée.
Ce triomphe figuratif ne dut pas plaire au Duc réellement chassé de ses Etats, & le vainqueur n’auroit rien perdu de sa gloire, en ne donnant pas cette comédie. […] Elle n’avoit ni orgueil, ni vanité, & elle aimoit au souverain degré la belle gloire. Cette belle gloire, au reste, cousistoit à bien danser dans un bal, un ballet, & à se faire emporter à toute bride dans un char de triomphe, pour gagner le prix dans les tournois & les courses de têtes, &c. […] Il pretend que ce Prince est élevé dans le Ciel à la plus grande gloire : Sa gloire , dit-il, toute grande qu’elle fût parmi les hommes, l’est incomparablement plus dans le Ciel. […] Mais tout cela ne suffit pas pour placer sur le trône de la gloire un libertin, un ambitieux, un homme emporté, un homme plein de hauteur & de fierté, un aventurier qui se jette dans une ville révoltée, pour y entretenir le feu de la révolte, un flatteut qui promet la souveraineté à la France, l’autorité à la noblesse, la République au peuple, & dans le fond ne travaille que pour lui-même.
C’est donc mal à propos qu’il recueille les sentences des anciens Docteurs pour nous condamner, comme si nous prenions un parti contraire vu que nous les maintenons, les prenant pour boucliers et défenses contre la batterie que l’hérésie a tirée de l’arsenal de Satan pour attaquer la maison de Dieu, qui augmente sa gloire en ce digne labeur. […] C’est vous, dis-je, Assemblée glorieuse, qui pouvez polir la rouille que l’ignorance ou la malice a fait naître en leur cerveau ; tout ainsi qu’en la ville de Tarse en Cilicie, il n’y a que l’eau de la rivière de Cidne qui puisse éclaircir, dérouiller, repolir le couteau sacré à Apollon, toutes les autres le lavent sans effet ; Faites de même de celle que vous puisez en Hélicon, comme vous en arrosez les esprits qui en sont dignes : Vous pouvez adoucir ceux qui nous piquent par la pointe d’une langue aussi tranchante qu’un rafoir affilé : L’office de la raison vous invite à leur montrer sa vérité : mais peut-être en sont-ils dégoutés : Les ânes n’aiment pas les violettes, leur pastures sont de chardons : nous leur laisserons porter la Déesse Isis sans leur donner aucun lieu en votre Théâtre, puisque vous avez enlevé sur tous une gloire qui ne laisse à aucun espérance de vous égaler : leur envie ne saurait apporter de tache à la splendeur de votre mérite. […] La prudence guide vos discours, et la sagesse qui reluit en vos actions, a satisfait nos désirs, et surmonté les espérances que la gloire du passé nous faisait attendre à l’avenir, de cette rare Isabelle, honneur de son sexe, regret des siècles passés, gloire du présent, envie des futurs, ornement de la terre, Merveille du ciel, miracle de nature, Temple sacré : qui ouvrant ses lèvres de roses nous fait voir les images de l’âme, la douce prison des nôtres, les liens de nos esprits, où elle inspire les passions qu’elle désire : Mais quels sont ses désirs ?
Quelques Philosophes ont donné ce nom au repos, et à la tranquillité, ils en ont fait l'objet de leur joie, de leur application, et de leur gloire; et vous Chrétiens, vous ne soupirez qu'après les Comédies ? […] Ils nous représentent les Jeux du Cirque d'une manière mystérieuse : au lieu d'y voir la course des Chariots, représentez-vous le cours du siècle, et du temps qui passe ; considérez l'espace de votre vie ; et au lieu du terme et du bout de la carrière, regardez la fin du monde ; au lieu des partis du Cirque, défendez le parti de l'Eglise ; attendez avec vigilance le signal que Dieu vous donnera pour vous présenter devant son Tribunal: Tenez-vous prêts au son de la Trompette, et à la voix de l'Ange qui vous avertira: Considérez la victoire, et la couronne des Martyrs, comme l'objet de votre gloire. […] Mais quel sera ce Spectacle, qui s'approche de l'avènement du Seigneur, lors qu'il viendra faire éclater sa Majesté; lors qu'il paraîtra tout brillant de gloire dans la pompe d'un magnifique triomphe ? […] Quelle sera la gloire des Saints qui ressusciteront ?
Chaque Ville un peu considérable aurait-elle brigué la gloire d’avoir un Colisée, ou lieu propre pour représenter des Drames, si l’on avait régardé cet amusement utile comme un vain plaisir, défendu par la sagesse, & qu’on ne peut goûter sans remords ? […] Ils pourraient se vanter d’avoir à leur tête un Philosophe fameux, si ce Sage ne montrait qu’il se plaît plutôt à avancer des propositions singulières, à soutenir des systêmes bisares, qu’à suivre tout simplement les lumières de la raison : cet homme de génie a la gloire de dire des choses uniques, & d’être presque le seul de son avis. […] Il est aisé de concevoir, qu’alors les Comédiens ne se laisseraient point séduire par le bruit flatteur des applaudissemens ; ils craindraient toujours de voir triompher leurs rivaux ; cette noble émulation ferait croître & agrandir leurs talens ; ils feraient leurs efforts pour attirer les Auteurs, qui n’éprouveraient plus tant de petites mortifications, & qui seraient encouragés par l’espoir de parcourir deux vastes champs de gloire.
Voici une troisième sorte de violateurs et de pécheurs publics auxquels Messieurs les Juges devraient s’opposer, parce qu’il y va de la gloire de Dieu, de l’honneur de l’Eglise, et du bien des fidèles ; et ne le faisant pas, ils participent à tous les crimes qu’ils commettent et font commettre ; ce sont les Comédiens, Tabarins, Bateleurs et Vagabonds, lesquels autorisés par Messieurs les Magistrats, perdent une infinité d’âmes par leurs sales représentations et discours impudiques. […] « Vous mourrez comme des hommes », ajoute le Prophète parlant aux Juges, comme s’il disait, vous ne mourrez pas comme Juges, comme Pasteurs et Supérieurs des autres, mais comme hommes qui n’aurez aucune autorité non plus que le dernier des mortels, et qui serez traités avec toute sorte de mépris, de confusion et de peines, parce que la grandeur du châtiment se prendra de la grandeur des grâces que vous aurez reçues : le haut rang que vous tenez dans le monde ne vous exemptera ni de la mort, ni du jugement, ni des tourments qui sont préparés à ceux qui président, et qui ont abusé de leur autorité, comme font les Juges qui préfèrent la satisfaction d’un Tabarin, d’un Jodelet, et d’un faquin, à la gloire de Dieu, à l’honneur de son Eglise, et au salut des âmes qui sont le prix du Sang de Jésus-Christ : Pensez-y, Messieurs, il y va de vôtre éternité. […] Si la marque à laquelle on reconnaissait les Chrétiens au rapport de Tertullien, était la fuite des Théâtres et des spectacles ; qui pourra, Messieurs et Mesdames, se persuader que vous professez la même Religion que ces premiers Chrétiens, que vous êtes imbus des mêmes maximes, que vous suivez le même Evangile, et que vous aspirez à la même gloire, si l’on vous voit encore dans ces assemblées impies, et assis dans les chaises de pestilence ?
Ce Prince le goûta, lui fit des présens, voulut se l’attacher : mais Arétin ne voulut pas quitter l’Italie, & les malheurs de François I. lui firent oublier un libertin qui n’eut point fait l’éloge de ses mœurs ni la gloire de son regne. […] Il servit & déchira tout à tour Charles V & François I, rivaux de gloire & concurrens à l’Empire, & ennemis déclarés : adulateur pour & contre, au prorata des pensions qu’il en recevoit. […] Cette multitude innombrable dont on couronne les actrices, & dont le Mercure a la bonté de faire gémir la presse, ne conduisent pas mieux au temple de la gloire : ce n’est qu’une insipide répétition d’un jargon amoureux qu’on trouve par-tout, auquel le moindre écolier est en état de coudre des rimes. […] Le libertinage de l’Arioste, & sa faveur à la Cour de Ferrare, étoit une succession héréditaire : Lippa Ariosta, à qui il se faisoit gloire d’appartenir, & qu’il a célébré dans ses vers, avoir été la concubine d’Obizon V. […] Cette gloire rejaillit fut lui, c’est la balance où on peut apprécier ses exagérations.
Et quand bien en ces jours consacrés à la gloire de Dieu, on ne danserait qu’en secret, on ne serait pas exempt de péché ; Car encore que le scandale ne s’y trouve pas, on s’oppose manifestement, non seulement à l’ordre ; mais à l’esprit de l’Eglise, qui est celui de Dieu même ; puisqu’on perd par des actions séculières, le temps qu’elle avait marqué pour la mortification, et pour les autres exercices spirituels nécessaires à la sanctification des âmes. […] Certes les vrais Chrétiens, et les enfants de Dieu n’ont pas accoutumé de se servir de ces moyens pour le remercier des bienfaits, qu’ils ont reçus de sa miséricorde ; et nous avons déjà montré, que les danses de l’ancien Testament qui furent rapportées à la gloire de Dieu, et à sa louange, comme celle de Marie sœur d’Aaron, après la ruine de Pharaon, et la perte de son armée, sont bien différentes, et bien éloignées de celles d’aujourd’hui.
On y voit une Veuve consacrée au Seigneur, dévouée à la cendre et au cilice, dans l’obscurité d’une vie humiliée et pénitente, s’arracher subitement à sa retraite, se mettre à la tête d’Israël, commander les Anciens du Peuple, et entreprendre la défaite d’Holopherne, quelle gloire ! […] Comme toute sorte de gloire appartient au siècle de Louis le Grand, après y avoir vu les duels et les blasphèmes abolis, l’hérésie exterminée, l’ordre et la discipline partout rétablis, il faut qu’on y voie la piété florissante au milieu des plaisirs, les Spectacles consacrés, le Théâtre sanctifié.