Si c’est-là braver la caducité, si c’est-là son feu, son génie, cet objet est peu brillant. […] La vertu se flatteroit vainement d’allumer un si beau feu.
Lusitèle, autre jeune homme de naissance, s’exhorte et s’encourage contre le dérèglement : son entretien avec Philton est très moral et parfaitement bien ménagé : ensuite il lance des traits piquants et pleins de feu contre le libertinage. […] Un furieux peut se proposer pour fin de mettre le feu à un superbe édifice : sera-ce une raison qui empêche qu’on ne le lie ?
N’arrêtez point vos regards sur une fille ; plusieurs se sont perdus par de semblables regards, et c’est ce qui allume le feu de la concupiscence. […] A ses yeux timides et modestes, Demander des regards plus hardis, plus funestes, Des regards dont l’éclat alarme la pudeur, Et porte le désordre et le feu dans le cœur.
Ce n’est que dans le pays des romans qu’il se trouve un cœur assez conbustible pour être embrasé du feu de l’amour dans une seule entrevue ; si ces amours sont réels, ils ont dû sans doute déplaire à Philippe, & attirer des mauvais traitemens à tous les deux ; mais hors du pays des romans, l’amour du vieux Prince n’a pu le porter a faire mourir son fils & sa femme, son successeur au trône qu’il avoit toujours aimé, & qui avoit de très-belles qualités, & une Princesse, une maîtresse très-belle & très aimable qu’il venoit d’épouser, & dont il étoit éperduement amoureux ; mais il faut du merveilleux sur la scène tragique, Melpomene n’est pas scrupuleuse sur les vraisemblances, l’amour fait par-tout des miracles. […] La ville de Londres pour lui faire sa cour, fit des réjouissances publiques de la mort de Marie comme d’une grande victoire, il y a même grande apparence que ce fut par son ordre secret ; voyant de ses fenêtres les illuminations & les feux de joie : elle fit l’ignorance & l’étonnée, & demanda ce que c’étoit, on lui dit, ce sont des réjouissances pour la mort de la Reine d’Ecosse. […] Les circonstances singulières où elle se trouva de l’ébranlement de l’Europe, des guerres de Religion où elle entra, des mariages qu’elle refusa firent toute sa célébrité, & les Sectaires qu’elle protégea par intérêt ; tous ses éloges ; le reste du monde la méprisa, elle essuya de grands revers, eut de grandes foiblesses, fit de grandes fautes, commit de grands crimes ; elle étoit fourbe, dissimulée, parjure, sans foi, libertine, vaine, orgueilleuse, cruelle, emportée, avare & prodigue, sans Religion sans pudeur, sans probité ; elle établit par le fer & le feu une Religion scandalense & absurde.
Languissans, fades, doucereux, comme les romans, on n’y parle que de feux, de chaînes, de tourmens ; on y veut mourir en se portant bien. […] Aussi l’amour de Fenelon pour les hommes ressemble au feu de Vesta qui assuroit les destins de Rome. […] Ce sont de grands acteurs qui pleins de leur rôle le jouent avec plus d’action & de feu.
S’il est mal choisi, s’il ne peut se plier au Théâtre, les éfforts du génie deviennent inutiles ; envain, le Poète aurait une diction brillante & soutenue, & le feu de l’imagination joint aux graces de l’esprit.
Alors les Comédiens feront mieux paraître leur souplesse, étant devenus plus légers et plus agiles par le feu qui les pénètrera, etc.
« Le vin tente moins la jeunesse et l’abat moins aisément ; un sang ardent lui donne d’autres désirs ; dans l’âge des passions toutes s’enflamment au feu d’une seule, la raison s’altère en naissant, et l’homme encore indompté devient indisciplinable avant que d’avoir porté ce joug des lois. […] Il se rend l’ennemi public par l’exemple et l’effet de ses mœurs corrompues […] Il vaudrait mieux qu’il n’eût point existé.
Pour juger de l’efficacité de leur auguste et touchant ministère, rappelons-nous ces assemblées périodiques, où tous les rangs confondus venaient autrefois arroser l’autel, des larmes de la véritable pitié ; où tous les cœurs, embrasés du feu sacré de la charité chrétienne, oubliaient leur propre malheur, pour contribuer au soulagement des autres. […] C’est au pied des autels que les bûchers s’allument, Qu’on livre la victime aux feux qui la consument. […] C’est cette maxime dangereuse qui mit le feu dans Athènes, et força le gouvernement effrayé à mettre un frein à la licence des poètes qui, plus mesurés et moins hardis, donnèrent naissance au second age de la comédie chez les Grecs. […] Mais de longs traits de feu, jetés à l’aventure, D’une chaleur brûlante animaient sa peinture : C’était l’âme d’un père ouverte aux malheureux ; Son cœur se déchirait en gémissant sur eux ; Le faible et l’indigent croyaient voir à son zèle, L’ange consolateur les couvrir de son aile. […] Quand toutes les lumières s’éteignaient autour d’elles, on y a conservé précieusement le feu sacré, pour y rallumer au besoin le flambeau des sciences, et en particulier celle qui est la plus propre au barreau.
Que fit feu Monsieur le Prince de Conti d’abord après la sienne, il congédia la troupe de Comédiens qu’il avait auparavant entretenue. […] Pour ce qui est de Dieu, vous croyez être à couvert de blâme et d’insulte, lorsque vous dites page 44, « qu’il y a des Lois terribles dans ce Royaume contre les blasphémateurs, qu’on leur perce la langue, qu’on les condamne même au feu, et qu’on n’entretiendrait pas les Comédiens, qu’on ne leur donnerait pas des privilèges, s’ils étaient blasphémateurs, libertins ou impies ». […] » Ces objets allument dans leur cœur le feu de l’impureté qui s’enflamme par la vue, « et inflammantur libidine quae aspectu maxime concitatur ». […] Quel dommage que vous n’ayez plutôt paru sur la Scène, et dans le temps que feu Monseigneur le Prince de Conti, éclairé par les lumières de la grâce, et revenu des égarements de sa jeunesse, n’oubliait rien pour détruire la Comédie et pour en faire voir le danger. […] Il y en a même un qui a dit en Chaire, qu’elle méritait le feu, et que l’Auteur devait en faire une pénitence publique.
L’étude constante & le grand art du théatre est de détruire la modestie, pour faire regner l’air & le feu de toutes les passions. […] C’est entretenir leur libertinage, allumer leur soif, les exposer ou à abuser de la liberté du mariage, ou à chercher ailleurs à éteindre un feu qu’on a trop soufflé.
Ils ressemblent à cet Irlandais qui ne voulait pas sortir de son lit, quoique le feu fût à la maison. […] A la fin le feu pénétra jusqu’à lui. […] La force du caractère voulait qu’il lui dît brusquement, « Votre Sonnet ne vaut rien, jetez-le au feu » ; mais cela aurait ôté le comique qui naît de l’embarras du Misanthrope et de ses « je ne dis pas cela » répétés, qui pourtant ne sont au fond que des mensonges. […] Mais les chastes feux de la mère en pouvaient inspirer d’impurs à la fille. […] Si quelque infortune brûle d’un feu non partagé, on en fait le rebut du Parterre.