C’est parce que les raffinements de leur vie sensuelle, l’espèce de leurs plaisirs et de leurs amusements, et l’usage qu’ils font du temps, contribuent autant à éteindre en eux les lumières de la religion et de la morale que peuvent le faire l’ignorance et la grossièreté sur les classes moins favorisées.
Je laisse là ces Critiques qui trouvent à redire à sa voix et à ses gestes, et qui disent qu’il n’y a rien de naturel en lui, que ses postures sont contraintes, et qu’à force d’étudier ses grimaces, il fait toujours la même chose ; car il faut avoir plus d’indulgence pour des gens qui prennent peine à divertir le public, et c’est une espèce d’injustice d’exiger d’un homme plus qu’il ne peut, et de lui demander des agréments que la Nature ne lui a pas accordés : outre qu’il y a des choses qui ne veulent pas être vues souvent, et il est nécessaire que le temps en fasse perdre la mémoire ; afin qu’elles puissent plaire une seconde fois : Mais quand cela serait vrai, l’on ne pourrait dénier que Molière n’eût bien de l’adresse ou du bonheur de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises Pièces.
Des Tragédies de cette espece sont rares, parce qu’elles ne peuvent être que l’imitation d’Objets rares ; ainsi Aristote n’a pu regarder comme imitation essentielle à la Tragédie, celle qui trouve peu de modeles. […] Elles sont fondées sur la nature de chaque espece de Poëme.
Tout cela ne caractérise point l’hypocrisie de la dévotion : combien de flatteurs, de gens d’intrigue, de frippons de toute espèce, qui sans être dévots, ni s’en dire, mais plûtôt en affectant l’irréligion & le libettinage, & flattant des passions honteuses, non seulement acceptent ce que peu de gens refuseroient, mais extorquent, par toute sorte de voies, des mariages, des donations, des successions, volent même ceux qu’ils ont trompés !
La vie d’une Comédienne peut être fort amusante par une multitude de traits de toute espèce, qui en caractérisant les femmes de cet état, en donne une juste horreur, & les couvre de mépris & de ridicule.
Les ames de cette espèce sont comme des volcans dont l’explosion est d’autant plus terrible, que la flamme a été plus comprimée.
Les premiers masques ayant été changez en une espece de globe qui enfermoit toute la tête, on y reconnut plusieurs utilités ; ils rendoient le son de la voix plus éclatant ; ils déguisoient les hommes qui jouoient les rôles de femmes, & ils servoient à cacher la basse physionomie d’un Acteur destiné a représenter un Dieu ou un Heros ; car tous ces masques si hideux qui nous sont restés, ne servoient qu’à la Comédie, & l’usage en commença, suivant le Scholiaste d’Aristophane, sous les successeurs d’Alexandre.
La vengeance n’est-elle pas encore représentée dans Cornélie comme un effet de la piété, et de la fidélité conjugale, jointe à la force et à la fermeté Romaine, au troisième Acte de la mort de Pompée, Scène quatrième, lors qu’elle dit à César : « C’est là que tu verras sur la terre et sur l’onde, Le débris de Pharsale armer un autre monde : Et c’est là que j’irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs ; Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu’ils suivent au combat, des urnes au lieu d’Aigles, Et que ce triste objet porte à leur souvenir, Les soins de me venger, et ceux de te punir. » « On ne peut pas dire qu’en cet endroit le Poète ait voulu donner de l’horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune ; au contraire c’est par cette vengeance qu’il prétend rendre Cornélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque.
Mais le Tribunal a payé cher son indulgence, tous les Journalistes en ont attaqué la partie littéraire, & découvert des fautes innombrables de toute espece qui ne font pas honneur à la balance d’Apollon. […] Porée, Oratione de Theatro, est une espece de colifichet où il déploie en migniature son esprit, son art & son goût par une vingtaine d’antitheses, dont la symmétrie très-ingénieuse, forme un brillant dans son discours, qui jette une foule d’étincelles.
Le jour mutuel, qui résulte du regard, est une espece d’éclair continuel, qui en fait de connoissance éblouit, & en fait de sentiment, pénétre. […] Si c’est un Roman ; il pique, il interresse : si c’est Histoire ; elle pese, elle assujettit : Littérature ; elle applique : Poësie elle remue : tout autre genre ; il attache, ou il échauffe & il n’est pas rare de voir finir sa lecture par une affection vive, une contention pénible, peut-être une espèce d’extase, une sorte d’enthousiasme.
Le Parlement lui fit un procès d’un autre espece, & le condamna par contumace.
Si c’est une folie, elle est au moins riante & sociable ; elle forme des fêtes, des amusemens de toute espèce.