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154. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Qu’on nous donne des piéces que les oreilles chrétiennes puissent entendre : qu’on les représente avec la décence qui convient à des chrétiens : que la vertu y soit peinte avec les graces, le vice avec les traits qui leur sont propres ; on ramenera les spectacles à la fin de leur première institution, & les Loix n’auront plus à condamner des abus qui deshonorent notre siècle, qui font gémir la Religion & la pudeur. […]  3, il faut éviter de voir ou d’entendre les insolences de ces jeux sales & honteux. […] faisons… défenses… à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double-entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, & sur peines d’être déclarés infâmes, & autres peines qu’il écheoira : enjoignons à nos Juges, chacun en son district, de tenir la main à ce que notre volonté soit religieusement exécutée ; & en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons & entendons que nosdits Juges leur interdisent le théâtrea, & procédent contr’eux par telles voies qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grandes peines que l’amende ou le bannissement : & en cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient du tout exemptes d’impureté, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public ; ce que nous faisons afin que le desir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir des représentations publiques qu’ils feront, que la crainte des peines qui leur seroient inévitables, s’ils contrevenoient à la présente Déclaration.

155. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

La Religion n’est pas entendue dans un si grand fracas de plaisirs ; rien n’est du goût que ce qui flatte les sens, et parmi tant d’objets si capables de plaire, et qui plaisent en effet, l’âme sera-t-elle maîtresse de ses désirs ? […] Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend sur le théâtre ne s’adresse qu’aux sens, à la cupidité ; parures, décorations, chants, harmonies, assemblées, tout tente ; et à force de goûter ce qui enchante, on trouve des charmes dans les pièges, et on se sait bon gré d’être tenté. […] Les remords s’émoussent à force de piquer inutilement ; et cette voix intérieure si propre pour avertir du danger, et pour éveiller le pécheur, peut-elle se faire entendre dans le tumulte des spectacles ?

156. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Mais si vous avez un son de voix plus agréable, un langage plus poli, des sentimens plus délicats, cette maniere de flatter les passions est nécessaire, relativement aux gens qui vous écoutent ; la populace n’entendroit rien aux maximes que vous débitez & les sottises des Histrions choqueroient les personnes qui fréquentent vos Spectacles ; il faut un aliment préparé selon le goût respectif des Convives que l’on veut regaler. […] Ce Comédien, Disciple de Lucrece, qu’il avoit traduit en bonne partie, introduit sur la Scène, le plus perfide & le plus scélerat de tous les hommes, avec tous les dehors de la piété ; son but dans cette piéce odieuse, est de tourner la Religion en ridicule, ou du moins ceux qui la professent : il met dans la bouche d’Orgon, ces paroles que les Epicuriens ont dû entendre avec une très-grande satisfaction.

157. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Le Public n’est jamais leur dupe : l’impression met enfin au grand jour les fautes que l’art de l’Acteur dérobait à la vue ; & l’on soutient à peine la lecture d’une Pièce qu’on ne pouvait se lasser d’entendre au Théâtre. […] Diderot a soutenu qu’on devait marquer avec soin la Pantomime, il a entendu sans doute qu’il fallait qu’elle fût absolument nécessaire.

158. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Vous savez ce qu’on entend par Bals publics. […] Tout ce que j’y vois, ou entends, ne fait aucune impression sur moi : ce n’est donc pas une occasion de péché, du moins une occasion prochaine.

159. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Cependant l’illusion sera elle que les simples & les enfans s’y méprendront, qu’ils croiront voir des objets que le Peintre lui-même ne connoît pas, & des ouvriers à l’art desquels il n’entend rien. […] Convenons donc que tous les Poëtes, à commencer par Homere, nous représentent dans leurs tableaux, non le modèle des vertus, des talens, des qualités de l’ame, ni les autres objets de l’entendement & des sens qu’ils n’ont pas en eux-mêmes, mais les images de tous ces objets tirées d’objets étrangers ; & qu’ils ne sont pas plus près en cela de la vérité, quand ils nous offrent les traits d’un Héros ou d’un Capitaine, qu’un Peintre qui, nous peignant un Géometre ou un Ouvrier, ne regarde point à l’art où il n’entend rien, mais seulement aux couleurs & à la figure. […] Rendons cet honneur à la vérité d’en respecter jusqu’à l’image, & de laisser la liberté de se faire entendre à tout ce qui se renomme d’elle. […] Un Magistrat studieux qui, dans ses momens de loisir, au lieu d’aller entendre de la musique, s’amuse à en approfondir les systêmes, a trouvé que le rapport de la quinte n’est de deux à trois que par approximation, & que ce rapport est rigoureusement incommensurable. […] Platon ne veut pas dire qu’un homme entendu pour ses intérêts & versé dans les affaires lucratives, ne puisse, en trafiquant de la Poësie ou par d’autres moyens, parvenir à une grande fortune.

160. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Ainsi ces paroles de David peuvent très bien s’entendre, d’une défense spéciale d’assister aux spectacles. […] Les convoitises, dont nous venons de parler, prises en général, renferment en soi les plaisirs ; de même les plaisirs entendus dans une signification générale, s’étendent aux spectacles. […] Au reste, si nous devons avoir en exécration toute sorte d’impureté, pourquoi nous sera-t-il permis d’entendre ce qu’on ne saurait dire sans crime ? […] Voici encore l’argument d’un homme que j’entendais dernièrement subtiliser de la sorte. […] Du reste, quels doivent être ces doux avantages que l’œil n’a point vus, et que l’oreille n’a point entendus, et que l’esprit humain n’a jamais pu comprendre ?

161. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau ne se souvient-il plus d’avoir entendu Zopire, Alvarès, Polyeucte, Burrhus, etc. ? […] Nous qui cherchons la vérité de bonne foi, commençons par nous bien entendre. […] Et ce que je dis d’un sexe doit s’entendre de tous les deux. […] Plus l’âme est sensible, plus elle est délicate ; je dis l’âme, et l’on m’entend bien : or, la délicatesse des sentiments en garantit l’honnêteté. […] Il ne m’est pas permis d’approfondir cette question ; mais j’en dis assez pour me faire entendre.

162. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

N’est-ce pas vous qui, dans les conférences du soir, avez soutenu une controverse d’autant plus pénible que vous défendiez, au moins en apparence, la cause la plus faible, celle de l’incrédulité ; controverse d’autant plus difficile encore, que vous étiez réduit à des questions extrêmement laconiques, et que, par les longs développemens, auxquels se livrait le saint homme chargé de faire entendre la parole de Dieu, vous étiez réduit au silence et obligé de reconnaître qu’il n’avait jamais tort ? […] Entr’autres pourquoi, j’avais demandé si c’est parcequ’on y joue Tartuffe qu’il fallait proscrire le théâtre : vous répondez que c’est parcequ’on joue Joconde et le mari à bonnes fortunes, « pièces qu’une fille chaste ne peut, dites-vous, entendre sans rougir. » Je ne sais, Monsieur, si vous avez assisté à la représentation des pièces dont vous parlez ; mais ce que je sais bien, et ce que savent toutes les mères de famille, c’est que de jeunes personnes apprennent la musique de Joconde ou de toute autre pièce, sans donner beaucoup d’attention aux paroles ; et pour qu’elles fussent capables d’en faire l’application, il leur faudrait une expérience, que vous avez sans doute, mais que n’ont point l’innocence et la candeur. […] Allons, Monsieur, exécutez-vous de bonne grâce : laissez-nous entendre quelque bonne comédie, où le vice et l’hypocrisie soient livrés au ridicule ; laissez danser nos enfans, ne les envoyez point en enfer, et Dieu vous bénira.

163. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

L a Fable, où le sujet d’un Poéme dramatique, s’entend assez sans définition. […] Il se fait entendre, & Zaïre qui ne l’a pas vu depuis deux jours, en est charmée. […] Le premier acte, selon eux, (nous en avons entendu qui raisonnoient ainsi) ne doit contenir que l’exposition, & l’action ne commencer qu’au second.

164. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Le peu de mots qu’il entendroit, lui feroient saisir un grand nombre d’idées. Celles-ci lui en découvriroient d’autres, & avec de l’attention, il parviendroit à entendre le Poëme d’un bout à l’autre, quoiqu’il y eût des signes qu’il ne comprît pas. […] Quoique le François soit notre langue maternelle, il s’en faut beaucoup que toute la Nation l’entende & la parle purement.

165. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Le Prophete entend par-là les princes de la nation juive qui consentirent à la mort de Jesus-Christ : or, les Spectacles le font mourir une seconde fois ; ce sont des conventicules de Satan où la foi se détruit, où la morale de l’Evangile est combattue par une doctrine détestable. […] Saint Jean Chysostome s’emporte avec son zéle ordinaire contre le peuple d’Antioche, qui malgré ses avertissemens réiterés, fréquentoit toujours les Spectacles : vous courez à l’Amphithéâtre où l’on voit des danses immodestes, où 1 l’on entend des Acteurs qui sont les organes de Satan. […] Saint Thomas en dit tout autant, ainsi que nous l’avons observé plus haut ; on a voulu s’autoriser d’une décision de Saint Antonin mal entendue : alors le Théâtre n’étoit occupé que des exercices de la piété, & supposé que l’Italie ait eu d’autres Histrions, ce Saint Docteur ne les connoissoit pas, ou du moins ne les avoit-il point en vue, s’il est vrai qu’il ait avancé quelque chose en faveur des Spectacles.

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