L’usage moderé que les grands Princes font de ces plaisirs, n’empêche pas qu’on ne les prenne toujours pour ce qu’ils sont. […] Mais d’un autre côté, connoissant la fureur du Peuple pour les Jeux, ils ne crurent pas moins de leur devoir d’empêcher qu’elle ne dégénérât en une frénésie, qui eût été une nouvelle source de désordres.
Il est inutile de dire qu’on ne danse qu’après les divins offices ; tout le jour est également saint, & s’il n’est pas permis de faire des œuvres serviles après la célébration de l’office divin, par la seule raison que le travail empêche qu’on ne s’occupe des choses spirituelles ; à plus forte raison ne doit-on pas s’occuper aux chansons profanes & aux danses, puisque elles sont infiniment plus capables de faire oublier Dieu & les choses spirituelles, que le travail même le plus pénible. […] Nous remarquerons cependant, 1. que l’usage des masques étant un desordre très-pernicieux & défendu par les ordonnances de nos Rois & les Parlements du Royaume ; les Magistrats & autres supérieurs doivent s’y opposer & l’empêcher autant qu’ils peuvent. 2.
Si vous otez la moindre petite roue d’une montre, vous l’empêchez de faire son éffet ; chaque ressort concourt à la faire mouvoir : il en est de même de la construction d’un Drame travaillé avec art ; une Sçène amène naturellement l’autre ; celle qui précède fait naître celle qui suit ; & leurs chocs mutuels, s’il est permis de s’éxprimer de la sorte, donnent le mouvement à l’ouvrage entier. […] Prémièrement, que l’Acteur qu’on fait venir à l’aide d’un Messager, ne soit pas trop éloigné de l’endroit où se passe l’action : en second lieu, celui qui en mande un autre doit être d’une condition un peu distinguée, parce que les gens de la lie du peuple n’ont aucune dignité qui les empêche d’agir à leur fantaisie, & qu’il ne serait pas naturel de les voir attendre gravement les personnes aux-quelles ils ont envie de parler : l’Opéra-Bouffon ne peut guères employer ce moyen.
Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s’il ne fait monter sa piété vers Pompée, jusques à l’impiété et au blasphème envers les Dieux de l’antiquité ; car il la fait parler dans la première Scène du cinquième Acte aux cendres de son mari, en cette manière ; « Moi je jure des Dieux la puissance suprême, Et pour dire encore plus, je jure par vous-même ; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé, Que le respect des Dieux qui l’ont mal protégé. » Et sur la fin de la Scène quatrième du même Acte : « J’irai, n’en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux : Ces Dieux qui t’ont flatté, ces Dieux qui m’ont trompée, Ces Dieux qui dans Pharsale ont mal servi Pompée, Qui la foudre à la main l’ont pu voir égorger : Ils connaîtront leur crime, et le voudront venger ; Mon zèle à leur refus, aidé de sa mémoire, Te saura bien sans eux arracher la Victoire. » « Ce serait une fort méchante excuse à cette horrible impiété, de dire que Cornélie était Païenne ; car cela prouve seulement qu’elle se trompait, en attribuant la divinité à des choses qui ne la possédaient pas : mais cela n’empêche pas que supposé qu’elle leur attribuât la divinité, elle n’eût pas des sentiments effroyablement impies. […] Il rapporte les paroles de la Dissertation, quoiqu’elle eût été méprisée par les Savants : il les réfute pied à pied, pour empêcher que les faibles et les ignorants ne fussent surpris par ce mauvais Ouvrage ; et il s’applique à faire voir que les Comédies de ce siècle corrompent le cœur, en rapportant plusieurs morceaux des Comédies les plus fréquentées. […] Ayez un soin tout particulier d’empêcher vos Enfants d’apprendre des chansons mondaines.
Je ne saurais m’empêcher de vous dire, que j’ai trouvé votre jugement sur nos Comédiens, trop rigoureux ou trop général.
celui de Tours tenu en 1583. défend sous peine d’excommunication de représenter en ces jours aucunes comédies farces et autres semblables spectacles, opposés à la sainteté de la Religion « Comedias, ludos scenicos, et Theatrales et alia hujus generis irreligiosa Spectacula sub anathematis pæna prohibet sancta Synodus. » Ce Concile rendant ensuite raison de son Ordonnance, dit : Qu’il est absurde que des chrétiens attirés par les plaisirs vains et trompeurs que le diable leur présente, soient empêchés d’assister au Service Divin ; et soient détournés de la prière, et de la prédication aux jours qui sont particulièrement destinés à se rendre Dieu propice.
Quant au concile de Carthage, il a pour but spécial d’empêcher les ecclésiastiques d’être comédiens, ni d’assister à des comédies, ainsi qu’on peut le voir dans le onzième canon du troisième concile de Carthage de l’an 397.
Quant à la défense qui empêche les actrices à Rome de monter sur le théâtre, et veut qu’elles soient remplacées par de jeunes castrats, habillés en femmes, ce reproche est plus sérieux.
S’il nous est ordonné de ne pas donner de mauvais exemples à la jeunesse, c’est parce que les enfants, n’ayant pas assez de lumière pour juger des choses par eux-mêmes, ni assez de force pour combattre leurs désirs, se laissent entrainer par les impressions de l’exemple, et ne peuvent, pour ainsi dire, éviter de se corrompre, si les exemples, qu’ils ont devant les yeux, sont mauvais : ajoutons que les Grands, les personnes élevées en dignité, les vieillards, etc. ont un grand ascendant sur l’esprit des enfants par le respect qu’on leur inspire pour eux, et que leur faiblesse leur fait naturellement concevoir : ainsi, lorsqu’ils voient assister au Théâtre toutes ces personnes respectables, ils ne peuvent s’empêcher de prendre, pour les Spectacles, un goût et un attachement proportionnés à l’idée avantageuse qu’ils se sont formés des Spectateurs.
Du temps de l’Empereur Charlemagne, plusieurs Conciles en France voulurent arrêter le cours des Jeux scandaleux que représentaient les Farceurs dans les places publiques ; mais tous leurs efforts n’aboutirent qu’à empêcher les Ecclésiastiques d’y assister : Charlemagne, non seulement approuva le décret des Conciles ; mais, par une Ordonnance de l’année 813, il abolit tout à fait ces Jeux.
[NDA] On ne peut s’empêcher de remarquer que c’est un défaut dans l’Avare de ce que la cassette se retrouve ; la passion favorite d’Harpagon étant l’avarice, il aurait fallu pour rendre la Pièce instructive, que cette avarice eut été punie, et Harpagon ne l’étant que du côté de son amour, qu’il est forcé de sacrifier, s’en console bientôt avec son argent.
LA fable des amours de Cupidon & de Psiché, inventée par Apulée, dans son âne d’or, mise en vers par la Fontaine, dont Moliere a fait un mauvais drame, & Thomas Corneille un mauvais opéra, que Lulli réchauffa des sons de sa musique, & que l’Abbé Basnier dans sa mythologie, traite avec raison de conte puerile ; cette fable vient d’être rajeunie dans un poëme en huit chants, avec des notes, comme si elle en valoit la peine, pour servir de suite aux fables de l’Abbé Aubert, & qui assurément doit en empêcher le fruit, en remplissant l’esprit du lecteur d’une multitude de folies amoureuses, dont le fonds est très-licencieux, & les images dangereuses. […] Un seul eut la sagesse de s’y opposer, Ulysse tira son épée pour lui trancher la tête ; on l’en empêcha. […] Madame d’Acier a-t elle pu enseigner une morale différente, & traduire en François un poëte qui l’enseigne, sans y mettre un corréctif absolu, qui fasse connoître un poison dangereux, & en empêche l’effet ? […] A peu près comme les yvrognes au commencement du repas mangent par précaution des amandes, des laitues, de la rue, &c. qui abbattent la fumée du vin & empêchent l’ivresse, & se livrent impunément au plaisir bachique.