Par exemple, Messieurs, si je supposais que vous êtes deux grands Docteurs, si je prenais mes mesures là-dessus, et qu’ensuite (car il arrive des choses plus extraordinaires) on vînt à découvrir que vous n’êtes rien moins tous deux que de Savants Théologiens ; que ne diriez-vous point de moi ? […] Cet homme ne manque point de hardiesse, il possède assez bien le caractère de Port-Royal, il traite le Pape familièrement, il parle aux Docteurs avec autorité ; que dis-je ? […] J’avoue que le Provincial a mieux choisi ses personnages, il les a cherchés dans les Couvents et dans la Sorbonne, il introduit sur la scène tantôt des Jacobins, tantôt des Docteurs, et toujours des Jésuites ; combien de rôles leur fait-il jouer, tantôt il amène un Jésuite bon homme, tantôt un Jésuite méchant, et toujours un Jésuite ridicule.
APPROBATION N ous soussignés Docteurs de la Maison & Société de Sorbonne, avons lû le présent Ecrit sur la Comédie, dans lequel nous n’avons rien trouvé que de conforme à la foi de l’Eglise & aux régles de la Morale Chrétienne.
M DC LXII Avec Approb. des Docteurs et Privilege du Roy
Vers la fin du mois de Décembre de la précédente année 1693, quelques difficultés s’étant formées dans une Paroisse de Paris touchant la Comédie, on jugea à propos de consulter en Sorbonne quelques Docteurs, pour les prier d’en dire leur sentiment.
[FRONTISPICE] PATRICEDE L'INSTITU-TION DE LA REPUBLIQUE augmente de moytie d'anno-tations tirées de tous les autheurs, qui en ont trai-cte, ou ce peut apprendre a bien régir et gouver-ner un Royaume Le tout traduit en François par m. jaques trigeou Angevin, Docteur en Theologie, Chancellier et Cha-noine de l'Eglise Cathedrale à Metz au roy tres-chrestien A PARISChez Guillaume Chaudiere, ruë S.
Par Messire Jean Pontas, Prêtre, Docteur en Droit-Canon de la Faculte de Paris, et Soupenitencier de l'Eglise de Paris tome premier [...]
Elle est cause que les Poëtes de Theatre ont esté appellez des Docteurs, διδασκάλοι καὶ κωμωδοδιδάσκαλοι, & qu’on disoit enseigner des Fables, pour dire Faire iover des Comedies. […] Quelqu’vn leur ayant dit que les Poëtes Comiques enseignoient, & qu’ils estoient appellez Docteurs, ils ont pris à la lettre ce que quelqu’vn leur a dit ; & se sont imaginez que pour passer Maistres, il falloit dogmatiser, & venir estaler sur la scene les plus subtiles connoissances qu’ils auoient acquises à l’Eschole. […] Ils sont fondateurs d’vn nouueau Siecle Heroïque ; Et au lieu que dans celuy de nostre Malherbe, tovs les metavx estoient or, tovtes les flevrs estoient roses , dans le leur tous les hommes sont Docteurs, toutes les femmes sçauantes. […] Il sçait ce que j’ignore, & ce que la pluspart des Docteurs ne sçauent pas bien : Il penetre dans la plus noire obscurité des connoissances Anciennes ; Il a le secret des premiers Grecs.
Le spectacle n’étant point mauvais de sa nature, la profession des acteurs et des actrices, quoique généralement dangereuse pour le salut, ne doit pas être regardée comme une profession absolument mauvaise : « Ludus, dit le Docteur angélique, est necessarius ad conversationem vitæ humanæ. […] On voit que ces saints Docteurs ne croyaient point que les acteurs, les comédiens fussent excommuniés.
Sera-t’on enfin étonné d’entendre tous les saints Docteurs de l’Eglise reprocher aux chrétiens leur assistance aux Spectacles comme contraires aux engagemens solemnels qu’ils ont contractés dans leur Batême ?
C’est le sentiment commun des Docteurs, et entre autres de saint Thomas, et saint Antonin, Roselius, Sylvestre et Zabarius, qui ne permettent point les danses, que pour des raisons importantes, et qui sont dans le bon ordre d’une juste police ; comme pour quelque victoire, ou pour des noces.
Où l’on fait l’Histoire des Jeux de Théâtre et autres divertissements comiques, et des sentiments des Docteurs de l’Eglise sur cette matière.
Il est vrai que ce n’est pas d’aujourd’hui, que ce Moine réformé a donné l’essor à sa méditation frénétique, pour choquer cette profession ; Mais la connaissance que tout le monde a de son mérite augmente d’autant plus sa réputation que son ignorance essaie d’en diminuer le prix : Ce qui m’a le plus étonné ça a été qu’après avoir lu son libelle, intitulé (le Théâtre du Monde) par lequel il prétend assujettir la liberté de notre Vie ; J’ai trouvé qu’il était de la nature deb ces écrevisses, où il y avait plus à éplucher qu’à prendre, que ses arguments étaient des galimatias, et qu’il savait mieux débiter une invective, qu’enseigner une doctrine, faire le Rabelais, que le Théologien, que les passages qu’il a tirés de l’Ecriture sainte, étaient des allégories ou métaphores, pour amuser ceux des petites maisons de Paris, que les allégations des Docteurs qu’il produit contre la Comédie, ont si peu de rapport à son sujet, que j’ai honte que le public soit témoin de la faiblesse de son jugement. […] Outre que la question ayant été depuis peu réveillée dans cet auguste Parlement de Paris, touchant la réception de Laffémas 1que l’on accusait de l’avoir exercée, (sans preuve toutefois), où les plus beaux esprits de la Cour assistèrent, et nombre de Docteurs en Théologie pour vider ce différend ; il fut conclu et arrêté, après les diverses contestations d’une part et de l’autre,s que la Comédie n’ayant plus rien du Paganisme et de contraire aux bonnes mœurs, elle pouvait être reçue entre les honnêtes récréations, puis même que le Concile de Trente ne l’avait décidée que comme action indifférente ; Et que quant au regard dudit Sieur de Laffémas soit qu’il l’eût professée ou non, il jouirait pleinement de la charge de Lieutenant Civil, avec injonction et défense de ne jamais opposer ce reproche à ceux qui voudraient être admis aux offices de judicature, comme superflu et de nul effet ; Jugez par là si ce Docteur particulier, a raison de vouloir contester une proposition que les plus savants de la Sorbonne ont définie. […] Augustin ; un peu de douceur doit servir au vice comme un appât pour en amoindrir le cours dit Philon le Juif ; qu’il voie avec quelle méthode, les anciens Docteurs ont converti les Pélagiens, les Donatistes, les Ariens et Albigeois, et autres qui s’adonnaient au vice, S.