On craint sans doute de travailler après lui.
« Pro eo quod elevatæ sunt filiæ Sion, et ambulaverunt extento collo, et nutibus oculorum ibant et plaudebant, et ambulabant, et pedibus suis composito gradu incedebant decalvabit Dominus. » Car saint Basile expliquant cet endroit du Prophète, l’interprète de la danse : et après avoir dit beaucoup de choses importantes contre la superbe, il ajoute, « On voit encore aujourd’hui que les femmes Juives dansent très fréquemment sans craindre les menaces d’Isaïe : Mais ce Prophète, dit-il, ne condamne pas moins par ces paroles la conduite de beaucoup de filles de l’Eglise », Basilius.
Je réponds que saint Louis chassa les comédiens de ses Etats comme en étant la peste, si les meilleurs Princes n’en font pas de même, c’est qu’ils sont souvent obligés de tolérer divers abus pour en empêcher de plus grands, il ne faut pas croire que tout ce que souffre la police à cause de la dureté des cœurs soit licite, et que ce qu’elle est obligée d’épargner n’ait rien à craindre de l’arbitre suprême.
Un chrétien est un homme qui, renonçant du fond de son cœur à tout ce qui flatte les sens, ne doit s’occuper qu’à les mortifier ; qui, ayant fait, comme le saint homme Job, un pacte avec ses yeux, pour ne point les arrêter sur aucun objet qui puisse corrompre la pureté de son âme, doit vivre en ange dans la maison d’argile qu’il habite : un chrétien est un homme dont les oreilles ne doivent entendre que ce qui est bon et édifiant ; qui, tout céleste dans ses pensées, tout spirituel dans ses actions, ne vit que selon Dieu et pour Dieu : un chrétien est un disciple de Jésus-Christ, qui, tout occupé de ce divin modèle, doit le retracer en lui tout entier ; qui adopte la croix pour son partage, qui goûte une vraie joie et une vraie consolation dans les larmes de la pénitence ; qui, toujours armé du glaive de la mortification, pour soumettre la chair à l’esprit, doit combattre sans cesse ses inclinations, réprimer ses penchants : un chrétien est un homme qui, convaincu que tout ce qui est dans le monde n’est, comme le dit saint Jean, que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie, ne voit dans ces assemblées que périls, dans ces plaisirs que crimes ; et qui, en marchant à travers les créatures, doit craindre d’en être souillé : un chrétien est un homme mort au monde, mort à lui-même, et aussi différent des enfants du siècle que la lumière l’est des ténèbres ; enfin, un chrétien est un autre Jésus-Christ qui le représente, qui l’imite dans toutes ses actions, qui pense comme lui, qui non-seulement s’est engagé à marcher sur ses traces, mais qui a encore juré de ne jamais s’en écarter ; voilà ce que c’est qu’un chrétien.
L’homme se plaît, il est vrai, à être occupé d’un objet qui ne lui fait acheter par aucune contention pénible l’agrément d’en jouir ; mais il aime infiniment plus ce qui excite dans son ame des passions séduisantes, dont l’impression le charme par un trouble passager qui se fait sentir sans se faire craindre. […] Peindre les vices pour nous en montrer le péril, & nous en faire craindre les suites malheureuses, émouvoir notre ame pour l’affermir, & comme pour l’endurcir par cette émotion même, en lui donnant une trempe plus forte & plus vigoureuse, c’est le moyen de rendre la Poësie utile. […] Je suis présent à tout, sans intérêt personnel, & sans avoir rien à craindre ni à désirer pour moi-même.
Je conviens que Ravaillac et Jacques Clément ont existé avant eux et que la Mémoire de ces scélérats peut avoir inspiré leurs Muses, mais enfin il est certain que le fanatisme n’est pas encore détruit et qu’il fait prévoir et craindre aux gens sages des événements tristes pour l’avenir. […] On distingue parfaitement la valeur de la fausse bravoure et l’on voit avec une satisfaction infinie pour les sages que les Officiers dont la valeur est la moins suspecte vis-à-vis des ennemis de l’Etat, sont ceux qui craignent le plus de se faire des ennemis personnels. […] Ne craignez point au reste qu’à l’exemple de Néron nos sages Magistrats fassent égorger ceux des spectateurs qui ne se plairont pas à des pièces trop sagesbe : cette apostrophe au plus affreux des Tyrans ne justifie ni votre opinion à l’égard de la faiblesse des lois contre les abus du spectacle ni le reproche que vous faites aux Acteurs de l’Opéra de Paris, de vous avoir voulu quelque mal.
Je ne veux pas, M. le Grand-Vicaire, énumérer tous vos droits à notre reconnaissance, je craindrais de blesser votre modestie ; mais ils ne peuvent que m’encourager à vous soumettre la réplique que je fais à la réponse du Laïc ; je prends donc la liberté de vous l’envoyer avec quelque étendue, et comme si je l’adressais à l’auteur même de la réponse.
S’il n’y avoit rien à craindre dans les bals & dans les danses, comme le Monde le prétend, le Saint Esprit prendroit-il tant de soin pour nous en détourner ?
A qui craint-on de manquer de respect ? […] C’est un non-sens perpétuel, aussi bien que leurs Comédies, dont rien n’égale la licence, grace à la censure des Chanceliers, qui ne craignent que la raison.
L’auteur des Lettres Persannes n’essuya aucune critique, celles de ce caractère ne seront pas aujourd’hui à craindre, l’Archevêque de N.… n’en fera pas. […] Que n’a-t-on pas à craindre d’un homme livré aux actrices, & de quoi n’est pas capable une femme prostituée, qui passe du théatre à la pourpre.
L’esprit, si l’on peut le dire, a sa parure, son miroir, sa toilette aussi-bien que le corps ; le démon tend les mêmes piéges, & tient encore le même langage à une femme éprise de sa beauté, vous êtes belle, mais vous le serez bien davantage, si vous embellissez vos charmes ; Dieu pouvoit vous mieux partager, une espèce de jalousie l’a rendu réservé dans leur distribution ; si vous y suppléez par les couleurs & les ornemens de l’art, vous lui ressemblerez, vous n’en serez que plus parfaitement son image, on vous adorera comme une Divinité, les amans tomberont à vos genoux ; on voudroit vous faire un crime de ce fard & de cette parure empruntée, c’est le fruit de la science du bien & du mal qu’on vous interdit : ne craignez rien vous n’en mourrez pas, ce fruit sera votre bonheur, faites-en goûter à l’homme, vous serez heureux, eritis sicut Dii . […] Si les Chaldéens venoient à nos théatres, ils n’entreroient pas moins librement chez nos Actrices sans craindre de se méprendre ; toute leur personne est une enseigne, & l’enseigne devient marchandise ; nos libertins, nos Chaldéens de Paris n’en sont pas moins persuadés, & ne s’y trompent pas, il y a des difficultés dans le prix : les commerçantes aussi avares qu’impudiques se mettent à l’enchère à proportion de leur mérite ; leur temps & leurs grâces sont à l’aune, & l’aune est à tant, selon la beauté de l’étoffe, l’ensoigne du rouge, des nudités, &c.
La parure de la femme est un glaive flamboyant ; & partant ce lieu est bien à craindre, auquel l’ennemi a tant de glaives. […] Doit-on n’en pas craindre les suites ?