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114. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

Pour avoir une juste idée des spectacles, il les faut considérer, Messieurs, sous deux faces differentes. […] Mais il faut considérer, que l’estime que saint Cyprien a faite du Traité de Tertullien, le met à couvert de tout blâme, & particuliérement de tout soupçon de Montanisme : estime si grande, que ce saint Prélat ne l’a pas seulement lû avec attention, mais comme adopté, sa Lettre n’en estant qu’un abregé, ou du moins une imitation parfaite. […] Considérez le monde luy-même dans sa corruption comme un spectacle qui vous épouvante. Considérez la Religion dans sa sainteté comme un spectacle qui vous console.

115. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

C’est ainsi que ce qui l’eût deshonoré dans les Villes éclairées, le rend cher & considéré au fond d’une Province ignorante*. […] Rousseau : O Jean-Jacques, bon Jean-Jacques, dont j’aime tant les Ouvrages, considérez je vous prie de quels plaisirs vous privez vos Genevois ! […] Occupé du seul ministère des Autels, & de l’appareil des Sacrifices, le Prêtre (au moins chez les Nations civilisées) n’a plus d’autre moyen de se faire considérer, que l’éclat de la représentation. […] Considérons ces Fêtes expiatoires dont parle Tite-Live. […] De quel charme seront accompagnées les leçons ou les exemples de la vertu, transmis par une Citoyenne honnête, plus considérée par son mérite que par ses talens !

116. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

« Ce saint Docteur a restraint l'approbation, ou la tolérance des comédies à celles qui ne sont point opposées aux bonnes mœurs ; mais quand on les considère dans la pratique, on n'en voit point de telles.

117. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

., où son opinion est si clairement exprimée dans ce peu de mots : « Et hæc sunt scenicorum tolerabiliora ludorum, comœdiæ scilicet et tragœdiæ » ; oubliant aussi que saint Thomas d’Aquin, à l’exemple du grand saint, avait considéré l’art dramatique, qu’il appelle histrionatus ars, comme nécessaire et indispensable à la société : « Necessarius ad conversationem vitæ humanæ »(art. 3, in resp. ad 3, quæst. 168) , et enfin ignorant peut-être, ce que nous ne voudrions pas admettre, que saint Antonin lui-même, appuyé de l’autorité de saint Thomas, dit dans suæ Summæ, tit. 8, cap.

118. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Thomas, il n’y a rien de si facile que de résoudre les questions morales et les cas de conscience, quand on les considère en la thèse ou selon la théorie, dans leur genre ou dans leur espèce, parce qu’une action morale n’est bonne, mauvaise ou indifférente en son espèce, que par le rapport qu’elle a à son objet, selon qu’il est bon, ou mauvais, ou indifférent ; mais il n’y a rien de si malaisé que de résoudre ces mêmes questions en particulier et en hypothèse, parce qu’une action n’est pas bonne en l’individu seulement par son objet, mais par l’assemblage de toutes les circonstances nécessaires, et qu’il ne faut que l’absence d’une bonne circonstance, ou la rencontre d’une mauvaise, pour rendre vicieuse une action qui de soi serait bonne ou indifférente : Bonum ex integra causa, malum ex quolibet defectu.

119. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Quand je considère que tous ces grands hommes ont été d’un même concert et d’un même avis, pour condamner une recréation publique, je conclus dans mon petit raisonnement qu’il faut que l’esprit de Dieu ait manié leurs plumes, et leur ait inspiré les mêmes pensées, et que de ne vouloir point entrer dans leurs sentiments, c’est se bander les yeux pour ne point voir la vérité. […] Avant que de vouloir retrancher la lecture du nombre des divertissements, il en fallait considérer toutes les espèces ; s’il en est de minces et de petite satisfaction, il en est aussi de délicieuses et bien fournies, où notre esprit se repose aussi doucement qu’il pourrait faire en un beau et harmonieux concert : C’est au Lecteur d’en faire le choix. […] Que ces brutaux ne considèrent-ils qu’ils font une condition à Dieu, qu’ils ne feraient pas à leurs valets, à moins que d’avoir perdu le sens ? […] C’était une espèce de débauche ou de dissolution, soit à boire, soit à manger, soit à rire : Ainsi Momon ne voudrait dire autre chose, que faire l’ivrogne ou faire le fol ; ce qui est plus aisé à croire, quand on considère que toutes ces feintes et ces déguisements ne vont qu’au libertinage. […] C’est ce qui fit dire un jour à saint Ambroise, que les Chasseurs qui ne se contentaient point de leurs propres péchés, devaient considérer que pour un compte que les autres auraient à rendre au jugement de Dieu, ils en auraient deux, et qu’ils seraient tenus de répondre pour eux et pour tous ceux qu’ils auraient employés contre les lois de l’Eglise.

120. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Cependant ce désordre, qu’on pourroit considérer comme une calamité publique, vu l’importance d’une bonne éducation par rapport à la société civile, n’est rien en comparaison d’un système qui ayant pris naissance dans la licence républicaine d’un pays où le mélange de toutes les sectes modernes a remplacé la religion antique, s’étend d’une manière effrayante dans les pays catholiques ; et menace d’une révolution prochaine dans les mœurs, plus générale et plus subversive de toute décence, que tout ce que la vicissitude des siècles et des nations nous présente dans le tableau des folies et des prévarications humaines. […] Mais que dans l’essor de la première jeunesse, dans la crise du développement des qualités qui font le Chrétien et le citoyen, un enfant soit arraché à ses foyers paternels pour passer sous la puissance d’une troupe errante, pour faire avec le sacrifice de sa patrie celui de ses mœurs et de son honneur ; c’est un vol réel fait à l’Etat, c’est un crime de lèse-société humaine, aussi odieux en lui-même, qu’effrayant pour la contagion de l’exemple… Si dans une république où l’esprit d’intérêt étouffe les sentimens de la nature, où l’on vend et achète les hommes comme les ballots de toiles d’Inde, où la valeur n’est comptée pour rien, où le plus actif guerrier est moins considéré que le banquier le plus indolent, la législation ne s’occupe point d’un abus de cette espèce, c’est dans la nature même de son gouvernement et dans le génie de ses peuples, qu’elle trouvera les raisons de son indifférence. […] Mais si dans votre empire il y avoit un divertissement quelconque qui dégénérât en licence, qui, au lieu de soulager, de fortifier les hommes dans leurs travaux, envoyât dans le cœur, dans la fortune des citoyens des malheurs multipliés, propres par leur concours et leur fatale combinaison à produire un jour la ruine générale de l’Etat, à le donner en spectacle de commisération aux nations voisines, à le présenter comme une proie assurée à l’invasion des peuples barbares ; une récréation de ce genre ne pourroit être considérée que comme une calamité publique.

121. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

A considérer la légereté & la futilité des Ecrits qui occupent quelquefois l’attention publique, ne pourroit-on pas demander, avec autant de raison, depuis quand les hommes, parmi nous, ont cessé d’écrire ? […] L’esprit, frappé de la grandeur d’un objet, se plaît à le considérer sous ses divers aspects, à l’analyser & à le suivre dans tous ses rapports.

122. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Les Citoyens de Babylone au contraire ne songent qu’à se bien établir sur la terre eux et leurs enfants ; parce qu’ils la considèrent comme leur Patrie, et ne pensent nullement au Ciel. […] En quelque état que les Chrétiens se considèrent devant Dieu, ils ne doivent pas aller à la Comédie.

123. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Nous considérons moins l’art en lui-même, que ses accompagnemens.

124. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Je ne crois pas que nous éxcellions dans la Parodie considérée en général.

125. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

Quoiqu’il semble que la plus-part des Spectateurs d’une Tragédie doivent considérer son action avec indifférence, puisque les Personnages sont des Princes ou des Rois, qui, par conséquent, leur sont étrangers ; il arrive pourtant tout le contraire.

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