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8. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Ces signes étant connus, l’idée perce, éclate à nos yeux ; ceux qui l’accompagnent & la soutiennent, sont-ils ignorés ? […] Si les signes principaux nous échappent d’abord, les moindres nous sont connus. […] Un Allemand qui liroit un de nos Poëmes sans connoître qu’imparfaitement le François, ne perdroit point ses peines. […] Je connois un homme qui n’y excelle pas. […] Je ne connois guère de Poëtes, dont les vers soient aussi pleins de choses.

9. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

Cette réforme, si difficile à faire chez les Peuples que l’usage et le temps ont accoutumé à ne pas sentir les défauts de leurs Spectacles, peut facilement être embrassée par une Nation, qui n’a connu les Spectacles qu’en passant, et dont le goût n’est encore fixé sur aucun genre. […] La Russie en tirerait un nouvel éclat du côté des beaux Arts, et donnerait aux autres Empires un exemple, ou plutôt un modèle qu’ils seraient d’autant plus engagés à suivre, qu’admirant déjà les vertus de Votre Majesté Impériale, ils feraient gloire de soumettre leurs préjugés à la vérité qu’elle leur ferait connaître. […] [NDE] Pierre Ier (1672-1725), connu sous le nom de Pierre le Grand, devient tsar de Russie en 1682 et empereur de toutes les Russies en 1721.

10. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

On prétend qu’ils ne furent connus qu’environ deux cens ans avant Aléxandre. […] Il est inutile d’étendre d’avantage un raisonnement, qui ne demande qu’un peu de réflexion de la part de mes Lecteurs, pour faire connaître toute son évidence. […] Ils connurent enfin l’utilité des Arts & des Sciences. […] La preuve des grandes obligations que nous avons aux Italiens, c’est que nos Provinces les plus proches d’eux furent les prémières à connaître l’art des Vers. […] Charles-magne rend un Édit par lequel il défend aux Prêtres d’assister aux représentations des Farces ; preuve convaincante que la Comédie était connue depuis long-tems en France.

11. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Ne croyons pas qu’à Londres, où il y a tant de Gens de Lettres, & où les Poëtes Grecs sont si connus, le Théâtre Anglois soit approuvé de tout le monde. […] J’en ai déja fait connoître le stile : voici la conduite de sa Cléopatre. […] Ce fait nous apprend que les Comédies de l’Arioste, quoique le meilleur Poëte de l’Italie, n’y sont pas connues comme le sont parmi nous celles de Moliere. […] Les exemples que j’ai rapportés de la maniere dont ils ont imité quelques-unes de nos meilleures Piéces, font connoître leur goût. Je vais encore le faire connoître, par une Piéce entiérement à eux, & qui est mise au nombre de leurs meilleures ; c’est celle de Dryden sur la mort d’Antoine & de Cleopatre.

12. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XI. Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. » pp. 105-107

C’est là qu’ils entendent parler de toutes sortes de matières qui peuvent ou exciter leur curiosité ou développer les germes de leurs passions ; c’est là que, dans un âge encore tendre et si susceptible des impressions du vice, ils commencent à le connaître et à se familiariser avec lui. […] il faut bien qu’ils la connaissent tôt ou tard. […] Mais les parents s’intéressent-ils à leur conserver cette vertu, s’ils n’en connaissent pas eux-mêmes le prix ?

13. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Enfin, ils ont oublié que l’épreuve du bien et du mal n’apprend à connaître l’un que parce qu’on l’a perdu, et l’autre parce qu’on y est condamné. […] Souvent même ils font l’un et l’autre à l’égard d’une même personne, qui revient des Spectacles avec moins de force et plus d’orgueil, et qui n’est présomptueuse que parce qu’elle a mérité de ne pas connaître ce qu’elle vient de perdre. […] Entre les jeunes personnes qui vont au Spectacle, y en a-t-il qui connaissent toute la pureté de l’Evangile, et toutes les obligations du Baptême ; qui sachent dans quel abime de corruption l’homme est tombé, et par quels remèdes Jésus-Christ veut le guérir ? […] Il est vrai que peu de personnes connaissent tout le danger des passions, dont on n’est ému que parce qu’on en est le Spectateur ; mais elles ne causent guère moins de désordre que les autres, et elles sont encore en cela plus dangereuses, que le plaisir qu’elles causent, n’est point mêlé de ces peines et de ces chagrins qui suivent les autres passions, et qui servent quelquefois à en corriger : car ce qu’on voit dans autrui touche assez pour faire plaisir, et ne le fait pas assez pour tourmenter. […] Ceux même qui sont les plus passionnés pour les Spectacles, en sentent bien le vide et le faux, s’ils ont de l’esprit ; comme ceux qui aiment le monde, en connaissent bien l’injustice et la malignité, s’ils profitent de l’expérience : mais le cœur des uns et des autres n’en est que plus corrompu, d’aimer ce qu’ils sentent bien qui n’est pas aimable.

14. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

Molière dans le plus grand nombre de ses Pièces a été imitateur, il n’a inventé que la moindre partie de son Théâtre ; j’observe donc que lorsqu’il a imité, si la source où il puisait n’était pas pure, ses Comédies ne sont pas assez correctes : et de là vient qu’il nous a donné plusieurs Pièces où les bonnes mœurs ne sont pas toujours régulièrement conservées ; au contraire lorsqu’il a inventé, il nous a fait connaître combien il était exact observateur des règles de l’honnête homme, en respectant les égards de la Société civile, et en ne donnant que des Pièces utiles pour la correction des mœurs. […] LES PRÉCIEUSES Ridicules, La Préface que Molière a mise à la tête de cette Pièce m’a toujours surpris : ce n’est pas que je soupçonne sa bonne foi ; mais il me semble qu’il affecte un peu trop de modestie en doutant du succès que ces Précieuses Ridicules devaient avoir à l’impression ; car s’il dit vrai, il a certainement grand tort : j’aime donc mieux croire qu’il connaissait fort bien tout le mérite de sa Pièce et que la politique le faisait parler ainsi, du moins autant que la modestie. C’était la première fois qu’on l’imprimait et sentant de quelle conséquence il était pour lui de se faire connaître par un ouvrage distingué et digne de la réputation de son Auteur, il a été réellement fâché qu’à son insu on imprimât cette bagatelle dont on lui avait dérobé le Manuscrit. […] LES FACHEUX, J’ai parlé ailleurs trop au long de cette Comédie, pour m’étendre de nouveau sur son sujet ; cependant afin de faire connaître précisement ce que je pense de cette Pièce par rapport au Théâtre de la Réforme, je ferai une observation unique. […] Il n’a donc pas même le temps d’exprimer sa passion, ni Orphise de lui faire connaître si elle y est sensible.

15. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

Les Juifs n’avaient de spectacles pour se réjouir que leurs fêtes, leurs sacrifices, leurs saintes cérémonies : gens simples et naturels par leur institution primitive ; ils n’avaient jamais connu ces inventions de la Grèce : et après ces louanges de Balaam, « il n’y a point d’idole dans Jacob, il n’y a point d’augure, il n’y a point de divination »Num. […] C’était peut-être une des raisons du silence des Apôtres, qui accoutumés à la simplicité de leurs pères et de leur pays, n’étaient point sollicités à reprendre en termes exprès dans leurs écrits, des pratiques qu’ils ne connaissaient pas dans leur nation : il leur suffisait d’établir les principes qui en donnaient du dégoût : les chrétiens savaient assez que leur religion était fondée sur la Judaïque, et qu’on ne souffrait point dans l’Eglise les plaisirs qui étaient bannis de la Synagogue : quoi qu’il en soit, c’est un grand exemple pour les chrétiens, que celui qu’on voit dans les Juifs ; et c’est une honte au peuple spirituel, de flatter les sens par des joies que le peuple charnel ne connaissait pas.

16. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Les Grecs si habiles dans tous les beaux Arts, connurent de bonne heure le véritable goût de chaque Piéce de Poësie. […] Non seulement il faut louer les Grecs d’avoir si bien connu ce qui convient à chaque espece de Poësie, il faut encore les louer d’avoir dans la Poësie Dramatique si promptement connu cette vraisemblance d’une Action, ces trois Unités, dont nous avons eu tant de peine à comprendre la nécessité. […] La Tragédie Moderne fut longtems très-galante, j’en ai dit la raison, & non contente de parler un langage qui l’avilit, elle fut longtems sans connoître aucune vraisemblance dans l’Imitation.

17. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Je me réserve d’agiter ailleurs la question, s’il fut connu des Anciens. […] Les Foires de saint-Germain & de saint-Laurent à Paris furent les prémières causes qui nous firent connaître l’Opéra-comique. […] Il ne faut pourtant pas conclure, malgré l’expérience & le bon sens que les Italiens ayent connus l’Opéra-Bouffon avant nous. […] Les talens éxcitent toujours contre eux l’envie & la cabale ; les sots cherchent à déprimer ce qu’ils ont le malheur de ne pouvoir connaître. […] Les couplet qu’on devait chanter étaient sur des airs connus, on en répandait des copies dans le Partèrre & dans les Loges ; l’Orchestre jouait l’air, des gens apostés exprès, confondus parmi les Spectateurs, commencaient à chanter, le Public les accompagnait en chorus.

18. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte. […] Ces Fables néanmoins furent jouées dans Rome assez longtemps avant les Poèmes Dramatiques dont l'art ne fut connu du peuple Romain qu'au siècle de Plaute et de Névius, environ cent cinquante ans après les Jeux Scéniques, quand la Comédie et la Tragédie y fut reçue, qui sont la seconde et la troisième espèce des représentations honnêtes, qui furent depuis ajoutées à la pompe des Jeux publics. […] Et pour connaître que l'on estimait les Tragédiens et Comédiens plus honnêtes en leurs paroles et en leurs actions, que les Atellans, il ne faut que faire réflexion sur ce que Saint Jérôme dit pour faireD.

19. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

On y mène les enfants, afin qu’ils y apprennent, dit-on, de bonne-heure à connaître le cœur de l’homme, et à en éviter le ridicule. […] Mais un homme encore un coup, qui ne connaît que le sensible, qui n’a point été élevé dans les principes de raison, en sera ébloui, et deviendra esclave sans connaître son malheur. […] Les Païens ont pu raisonner quelquefois comme nous, puisqu’ils participaient comme nous à la raison : mais ils n’ont pu avoir l’esprit dont Jésus-Christ est le dispensateur, puisqu’ils ne connaissaient pas Jésus-Christ. […] Il connaîtra par là que souvent ceux qui font grand bruit ne disent rien. […] Il doit connaître l’homme.

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