Non, ces conséquences sont parfaitement logiques, et si je les ai déduites presque jusqu’à leur dernier terme, c’est pour prouver combien les doctrines, les exigences, les commandements de ces prêtres sont subversifs de toute société humaine et contraires aux intentions de Jésus-Christ, source de toute vérité, puisqu’elles finissent par conduire nécessairement à l’absurde. […] « Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière ; A disputer des prix indignes de ses mains ; A se donner lui-même en spectacle aux Romains ; A venir prodiguer sa voix sur un théâtre ; A réciter des chants qu’il veut qu’on idolâtre, Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui des applaudissementss. » Dans quelle chaire la majesté de Dieu a-t-elle été présentée avec plus d’éclat et de grandeur que dans ces vers prononcés sur le théâtre, et que le poète a mis dans la bouche d’Esther, parlant à Assuérus.
« Qu'un jeune homme n’ait vu le monde que sur la Scène, le premier moyen qui s’offre à lui pour aller à la vertu est de chercher une maîtresse qui l’y conduise, espérant bien trouver une Constance ou une Cénie […] C'est ainsi que, sur la foi d’un modèle imaginaire […] “nescius auræ fallacis”, le jeune insensé court se perdre, en pensant devenir un Sage. »dy Voilà donc un jeune homme tellement épris de la Vertu Scénique qu’il ne trouve d’objet estimable que celui qui ressemble le mieux à deux personnages de Théâtre, Constance et Cénie : donc le Théâtre a le pouvoir de faire aimer la Vertu. […] Qu’un Monarque gouverne des hommes ou des femmes, cela lui doit être assez indifférent pourvu qu’il soit obéi ; mais dans une République, il faut des hommes. »eo Voilà par exemple un axiome politique tout nouveau : en le lisant j’ai cru d’abord que vous vouliez dire qu’il était indifférent à un Roi de commander à des hommes ou à des femmesep ; que le zèle pour le service et l’obéissance étaient les seules qualités nécessaires à des peuples destinés à vivre sous un Monarque bien capable de gouverner, auquel cas les petitesses et les ridicules des sujets n’empêchaient pas l’Etat de bien aller, étant bien conduit par son Chef ; au lieu que dans une République chaque Citoyen ayant part au Gouvernement, il doit non seulement savoir obéir aux lois, mais même il doit être en état d’en créer et d’en proposer de nouvelles, pour la réforme des abus qu’il aperçoit.
Où verra-t-on en effet de plus grands événements que dans l’Histoire d’un peuple que Dieu conduit dans une Terre promise par des miracles continuels, et qu’il conserve par une protection toute visible. […] Et qu’y a-t-il de plus beau que l’ordre avec lequel elle le conduit et les ornements dont elle le pare ?
Le petit Clergé de votre famille conduit en procession de chambre en chambre, par l’Auteur d’Athalie qui portoit la Croix, nous rappelle cette simplicité antique tant célébrée par Plutarque, ces naïvetés de la nature, & les badinages de l’amour paternel. […] car il en a fallu beaucoup pour conduire avec chaleur jusqu’au cinquieme Acte, un sujet qui semble expirer à tout moment, faute de matière. […] La Majesté Divine, la grandeur & les vengeances de l’Etre souverain éclatent dans les Ouvrages dont nous parlons ; Poëmes d’autant plus instructifs & d’autant plus effrayans, que les évènemens y sont conduits par la main Toute-puissante qui se fait un jeu de l’humiliation des Rois & de la destruction des Empires.
L’exemple en est commun, et parmi les Sultans Ce chemin à l’Empire a conduit de tout temps. […] L’esprit d’indépendance conduit seul la main des assassins jusqu’au parricide le plus atroce. […] « Et j’ai besoin d’un bras qui par ma voix conduit, Soit seul chargé du meurtre, et m’en laisse le fruit, Je vais jurer à Dieu de mourir pour sa loi.
Voyez aussi l’article 17, pag. 233, des maximes pour se conduire chrétiennement dans le monde, par M. l’Abbé Clément, Aumônier & Prédicateur ordinaire du Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, Prédicateur du Roi, & Doyen de l’église collégiale de Ligny, imprimées à Paris en 1753, chez Hyppolite-Louis Guerin & Louis-François Delatour.
Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine.
Les personnes vertueuses sont dans l’usage constant de ne paroître que sous les aîles d’une mere qui les conduit, sous les auspices d’un Mentor qui les dirige. […] Elle l’annonce, y invite & y conduit ; & à des yeux vertueux, ces avances même sont détestables, les livrées de la vertu sont charmantes.
Dans les Tragédies où il y a des conjurations, on pourrait, au moyen du vide de l’arrière-scène, opérer des prodiges d’illusion : supposons, comme je viens de le dire, qu’on découvre au-delà du Palais, une place publique ; ne pourrait-on pas y placer un Conjuré, donnant le Spectacle muet d’un homme qui paraît haranguer les troupes qu’il rassemble, qui les excite, les conduit, combat à leur tête, est vainqueur ou vaincu ; les traits grossiers de ce tableau, vu dans l’éloignement, ne parviendraient aux Spectateurs qu’avec leur nuance de douceur & de dégradation : pour que cela ne distrayît pas, ces mouvemens auraient leur effet dans le silence qui précède les grandes agitations, avant le commencement des Actes, ou seulement quand les entre-scènes laissent un repos nécessaire. […] Cette supposition est non seulement contre le vrai, mais elle est dangereuse, en ce qu’elle peut induire quelques maîtres faibles, à se conduire ainsi, ce qui les exposerait à donner dans tous les travers que l’esprit servile peut suggérer, par intérêt, par malignité, ou par défaut d’apercevance, &c. […] Nous regarderions ces Théâtres, comme destinés à récréer ceux des Citoyens dont les mœurs ne sont pas sévères : une mère saurait qu’elle ne doit jamais y conduire sa fille ; un père que ce Spectacle est dangereux pour son fils. […] Que les jeunes Elèves imitent cet Acteur*, dont le jeu, devenu sage & rassis, exprime tout, nuance tout ; qui s’empare de l’âme, la conduit, l’enlève ; mais semble craindre de l’agiter avec rudesse. […] Toutes les fois que les enfans devront jouer, les pères & les mères les conduiront : eux-seuls auront le privilége d’assister au Spectacle dans les Coulisses, & de parler les hommes aux Acteurs, & les femmes aux Actrices.
Et comme il ne faut pas se conduire sans avis dans une affaire aussi importante qu’est le règlement de la vie, et de la conscience, il se soumit pleinement à la direction de ce saint Prélat, et à celle de M. l’Abbé Ciron, que cet Évêque lui donna pour le conduire en son absence. […] Jugez quelle était la vie d’un Prince qui se conduisait par des maximes si saintes. […] Ciron dont Dieu s’était servi pour le conduire depuis sa conversion, arriva tout aussitôt après le départ de M. l’Evêque d’AletLe 20. du mois de Février 1666. […] , et qui conduit à l’éternité ? […] Tous sont-ils capables de cet emploi : et doit-on souffrir que chacun se mêle de conduire la jeunesse comme il lui plaira ?
D’où il arrive que ces vers qui décrivent si finement & si spirituellement ces petites foiblesses, étans prononcés d’une maniere touchante & d’un ton languissant, & accompagnés du geste, de la voix & des autres graces du visage & de l’habit, font bien plus d’impression sur les cœurs, que le stile fade & insipide avec lequel on décrit leurs vertus : & c’est ce qui me conduit insensiblement à ma derniere preuve que je tire des Acteurs, c’est à dire des Comediens, pour vous convaincre que la comedie est effectivement un reste du paganisme, ou si vous aimez mieux, le paganisme pretendu reformé. […] Il ne nous conduit aussi, & ne nous conserve dans cét état que par l’esprit de penitence & de mortification, qui fait mourir le vieil homme avec toutes ses passions, & qui crucifie la chair avec toutes ses concupiscences : mais comme l’homme a une aversion naturelle pour tout ce qui gene sa liberté, & qui fait violence à la nature, & que d’ailleurs il a un furieux panchant pour tout ce qui peut flater ses inclinations corrompuës, & luy donner du plaisir : que fait le demon, il se met entre deux, & prend une conduite qui contrarie les desseins de Dieu, & qui flate les passions de l’homme : & afin d’empêcher, ou de corrompre cette sainteté à laquelle nôtre profession nous oblige, il nous attire si fortement à luy par l’amorce des plaisirs de la vie, qui sont les veritables poisons de la sainteté, que Tertullien nous assure que dans la naissance de l’Eglise plusieurs furent detournés de se faire Chrétiens plutôt par la crainte de renoncer au plaisir, que de perdre la vie, plures invenias quos magis periculum voluptatis, quam vitæ avocet ab hac sectaL. de spect. c. 2. […] Helas, M. l’auriez-vous jamais crû, que dans l’état present du Christianisme, & que dans des villes bien policées on eût ouvert des écoles publiques pour y enseigner le vice, & pour y corrompre les bonnes mœurs ; comme si la nature gâtée comme elle est, jusques dans son fond, n’étoit pas une assez sçavante maîtresse pour enseigner toutes sortes de vices aux enfans ; cependant c’est ce qui se pratique tous les jours dans la comedie, où l’on enseigne non seulement l’art d’aimer, qui fit bannir autrefois un Poëte de Rome, mais encore l’art de commettre le peché avec esprit, & de conduire une intrigue avec adresse ; d’où il arrive que le poison de l’amour, aussi bien que celuy du plaisir, qu’Arnobe appelle, lenocinia voluptatum , venant à couler par les yeux & par les oreilles de ce jeune homme, & de cette jeune fille, il s’insinuera si avant dans leurs ames & dans leurs cœurs, qu’ils se rendront les veritables Acteurs de la piece, qu’ils ont vû representer par les Comediens, & feront qu’on verra dans le parterre ou dans la ville la scene de ce qui s’est joüé sur le theatre.
Et ores quead je ne lui objecte point ce que par aventure il a commis, si est-ce qu’il a vu, ce qui n’était pas loisible de faire, et par appétit désordonné a conduit ses yeux, pour regarder un Spectacle d’Idolatrie, ayant été si téméraire, que de mener avec soi le saint Esprit au bourdeau s’il eût pu, pour ce que se hâtant d’aller voir ces jeux publics, et suivant sa coutume, ayant encore avec soi l’Eucharistie, la porter entre les corps des paillardes, méritant plus grièveae damnation d’avoir pris plaisir à contempler tels Spectacles.