Tout est égal : ces yeux si beaux & si doux, ce regard modeste & touchant, ce son de voix enchanteur, cette taille dont la proportion est si parfaite, cette gorge provocante, ces beaux bras, cette jolie main, ce pied abrégé de toutes les grâces & qu’a dessiné l’Amour. […] mon ami, tu seras enchanté lorsque tu la verras : dans son jeu, c’est la nature ; mais embellie, mais séduisante, parée de fleurs de la jeunesse & de la beauté : son ton est celui de la douceur & de la vertu ; avec ce ton enchanteur, l’expression devient plus honnête, le sentiment se place sous chaque mot qui sort d’une si belle bouche ; à tout elle donne un prix inconnu. […] Tous les cœurs sont pour elle.… Mademoiselle *** est pourtant généreuse ; elle a l’âme grande, belle : c’est elle, qui l’a produite, qui la mène, qui l’encourage, & qui s’en voit éclipser sans jalousie. […] Je sens une peine, dont je ne démêle pas trop bien la cause.… Il me semble que cette belle Actrice n’est pas à sa place ; l’état de Comédienne.… Je voudrais bien.… la mettre dans le cas de ne dépendre que d’elle-même. […] Une épouse jeune, vertueuse & belle ; une Mère-de-famille, (ô nom respectable !)
3 : Telle qu’une Bergere aux plus beaux jours de fête, De superbes rubis ne pare point sa tête, Et sans mêler à l’or l’éclat des diamans, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens. […] Vous avez beau plâtrer & recrépir votre visage, vous êtes très-laide & très-infirme, & sur-tout votre cœur corrompu ne renferme que la pourriture du vice. […] Ce n’est pas la seule bergere qui, aux jours de fête, comme dit Boileau, cueille en un champ voisin les plus beaux ornements. […] Une belle femme n’a pas besoin de ces remedes. […] Phriné qui n’avoit point artisé ses couleurs, parut & étoit en effet la plus belle & la seule belle.
I l est plus aisé de faire de beaux vers qu’un beau Poëme. […] La draperie nous cache quelques parties de ces beaux corps ; mais notre imagination y supplée. […] C’est connoître bien peu le mérite de ce beau Poëme, que de croire qu’il est uniquement dans le style. […] Nous admirons une belle pensée, un sentiment noble, dans une expression simple ; & c’est quelquefois le caractère du sublime. […] Ce bel édifice, renversé comme d’un coup de baguette, auroit perdu cet éclat, qui attachoit nos regards, & ne leur offriroit que des décombres informes.
Homère savoit toutes les régles du sublime & de la poësie, parce qu’il avoit l’idée du beau, mais il sembloit ne s’occuper que du dernier. […] En lisant un beau discours, on essaye ses forces. […] Au spectacle d’un beau drame, le sentiment s’éveille, digére pour ainsi dire, & met dans la balance du goût, les traits qui le frappent. Plus d’un Avocat, plus d’un Poëte, en sortant d’un beau plaidoyer, ou du théatre, ont été animés au travail, & y ont beaucoup mieux réussi que dans d’autres momens. […] Antiochus & Séleucus, dans une des plus belles scènes de Rodogune, se cédent mutuellement, & avec une générosité noble, le droit d’aînesse & le thrône.
Si l’on peut les ramener au but utile du beau Dramatisme comique ou tragique. […] Je sais qu’au-delà des monts, on a de beaux Opéras, dont on se soucie peu, & qui ne servent que de carcasse pour monter une belle Musique : c’est le chant seul qui attire le Spectateur ; le sens n’est rien ; on n’entend dans les chef-d’œuvres de Métastase que des syllabes sonores. […] La Musique est une belle chose, j’en conviens ; mais nous sommes peu faits pour elle ; & tant mieux : cette grande sensibilité pour de beaux airs, marque un Peuple faible & voluptueux. Autre chose sera si vous accomodez une Musique mâle sur de belles paroles : peut être alors un homme pourrait sans indecence se laisser aller au charme de l’harmonie. […] Si je veux entendre de beaux sons vides de sens, supérieurs à la Musique Italienne & Française, plus expressifs que les modes Phrygien, Dorien, Ionien, Mixo-Lydien, Hypo-Eolien, &c.
Nous ne manquons ny de grands Maistres ny de beaux Esprits, ny de richesses, ny de magnificence : Pourquoy ne porterons-nous pas la chose au point où l’on peut l’avoir dê-ja portée ? & pourquoy méme ne tascherons-nous pas d’aller plus loin, ayant parmy nous de si bons Guides, & parmy eux de si beaux Exemples ? […] Que le grand Corneille a honoré nostre siecle de tout ce que les honnestes plaisirs & la belle curiosité pouvoient attendre de l’Art & de l’Esprit. […] Il seroit aussi à souhaiter que toutes les Comediennes fussent & jeunes & belles, & s’il se pouvoit, toûjours filles, ou du moins jamais, grosses. […] Car tel Estranger qui durant deux mois ne voit que la mesme chose sur un Théatre, se persuade que l’on n’a rien que cela à représenter, & conclut au prejudice de nostre Nation, la sterilité de ses beaux Esprits & la misere de nos Acteurs.
Qu’on peut faire de fort belles Tragédies sans amour ; je parle de l’amour tendre et passionné des Amants. […] Je ne crois pas que l’empressement d’une Amante ait jamais rien produit de si beau. […] Vous avez beau dire, je ne saurais accoutumer mon imagination à cela. […] François Jouan, Paris, Les Belles Lettres, 2002). […] Louis Méridier revue et corrigée par François Jouan, Paris, Belles Lettres, 1997).
vis-tu jamais une si belle nuit ? […] Mademoiselle de Montpensier étoit très belle, elle avoit été peinte à l’âge de seize ans avec toutes les graces. […] Elle n’avoit ni orgueil, ni vanité, & elle aimoit au souverain degré la belle gloire. […] Ces duex belles qualités sont inséparables. […] Ses belles actions ont fait oublier sa naissance.
Sur-tout à Nîmes où les belles Arénes qu’on voit encore, sont un monument du goût qu’on y avoit pour les combats sanglants des Gladiateurs. […] Après le soupé, un beau feu d’artifice, suivi d’un bal paré, où se réunirent les graces & le plaisirs : qui sait mieux les réunir que les élégants Magistrats du dix-huitieme siécle. […] Ce fut d’abord la plus grande, la plus belle salle du Château. […] On l’appelloit la salle de la belle chéminee. […] François I. qui bâtir ce Château, ni ses Successeurs qui l’avoient embelli, n’avoient pendant 100 ans songé à bâtir un théatre, encore moins à le placer dans le plus bel endroit de la maison.
Du plus beau lieu du monde, aimables Citoyens, Vous verra-t-on toujours occupés de Pantins ; Déserter les Français 1 pour courir les Parades ? […] Telle dans ces jardins d’où l’œil au loin découvre, On voit dans le Printemps la Vénus de nos jours, Sous un berceau de myrthe assembler les Amours, Pour surprendre Zéphire au lever de l’aurore, Sur le sein d’une fleur, qu’il vient de faire éclore ; Les Grâces et les Ris accompagnent ses pas ; La fraîcheur du matin ajoute à ses appâts ; La Nature sourit en la voyant si belle, Et Zéphire la prend pour une fleur nouvelle ; Mais où court mon esprit ? […] Le soir chez mes amis devenu Parasite, J’entendrai Darnoncourt pénitent Sybarite, Regrettant les erreurs de sa belle saison, Peindre l’art de jouir en prêchant la Raison ; Et nouveau Sectateur des Lois de la Nature, Prétendre en fait d’amour, quoiqu’en dise Epicure ; Que l’instant qu’on oppose aux plus pressants désirs, Mûrit la jouissance, et triple les plaisirs. […] Le lendemain, je vole à ce Palais Magique,3 Qu’anime encor Lulli de sa tendre Musique, Un sceptre de cristal en ses débiles mains, L’Amour dans ces beaux lieux gouverne les humains ; Respirant sous ces lois, on y voit cent Prêtresses Annoncer ces faveurs, et vanter leurs faiblesses. […] Ainsi dans ces jardins embellis pour te plaire, Qu’on prendrait pour Paphos, Amathonte, ou Cythère ; Couppée, ac quand un regard lancé de tes beaux yeux, A donné le signal d’un combat amoureux ; Sous ces ombrages frais, asiles du mystère, Sur un lit de gazon qui touche à la fougère, Tu suis un Prince aimable, et les jeux, et les ris, Tandis que chaque mois, pour cinq fois dix louis, D’un paillard impuissant, Poupone avec adresse.
Les effets, la course admirable De ce bel Astre infatigable, Désireux de revoir un jour Athènes et la Philosophie, Je vous laisse Amants de Sophie L’honneur de cet heureux séjour. […] Je dis que c’est la belle Astrée Qui visite notre contrée, Laissant le ciel veuf de ses yeux : Mais j’entends la voix d’un Oracle Qui dit, c’est un autre miracle Pour trouver en terre les Cieux. […] Princesse que l’honneur honore, Tu vois au lever de l’aurore De ton fils, renaître un Soleil, Luisant d’autant de gentillesses Qu’on a vu briller de sagesses Aux feux divins de ton bel œil. […] Belle et rare fleur de science, Qui jeune est chenu de prudence, Nos cœur seront à l’avenir Un trône à l’autel de ta gloire, Pour éterniser ta mémoire Par un immortel souvenir.
Cette idée bien plus ancienne que lui, & généralement reçue, il l’a mise en beaux vers latins ; il n’est coupable que de l’avoir rendue trop naturellement & d’une manière dangereuse, il n’auroit pas dû prêter son pinceau à la volupté, mais il n’en est pas le créateur. […] Voici quelques traits de cette prétendue lettre : Je suis surpris, Ovide, qu’un esprit aussi beau que le vôtre nous fasse des Dieux plus vicieux que des hommes ; sur-tout ne deviez-vous pas ménager vos propres sentimens ? […] La Princesse Venus inventrice d’un sentiment si délicat qu’elle avoit nommé amour, en fut regardée comme la mère aussi bien que des grâces, ayant été aidée par les plus belles femmes, cet engagement fut trouvé si beau qu’on en fit un Dieu, & de sa mère une Déesse, la force en est invincible (c’est de la bonne morale) ; on peut donc être amoureux sans être si vicieux, cela veut dire en bon françois qu’on voudroit bien que l’impureté ne fût pas un vice, qu’on tâche de colorer le mouvement de passions pour en diminuer la honte que ce langage de vertu, ce vernis de chasteté est une gaze pour en cacher l’horreur & émousser les remords. On a beau faire, le délire est un mauvais apologiste devant Dieu. […] On voit comme à l’opéra revenir à tout moment les fadeurs de la galanterie, tous les interlocuteurs ont sans cesse à la bouche les épithètes triviales, belle, charmante, aimable, &c. sur-tout l’adoration ne finit pas ; chaque femme est adorable, on l’adore, on l’adorera, on est à ses genoux, on tombe à ses pieds, on ne rend pas à Dieu plus de culte.