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410. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Mais c’est confondre le littérateur, qui parlant à l’Académie, n’envisage que la perfection de l’art, & propose ses réflexions littéraires sur les défauts & les beautés des pieces, comme nous faisons dans tout le cours de cet ouvrage, sans avoir jamais voulu approuver le théatre, ni cru possible de le réformer. […] Les familles les plus distinguées s’empressent d’ajouter à leurs titres cette auguste qualité, & en conservant soigneusement le parchemin dans leurs archives, quelque Savant en l’art héraldique ajoutera à l’écusson des ornemens qui la caractérisent, comme une marotte, un masque, un violon.

411. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Le poison pour être preparé avec plus d’artifice, n’en est pas moins present & mortel, & l’art qu’on y apporte, fait seulement qu’on s’en défie moins, & qu’il s’insinuë plus facilement. […] En effet, que voit-on autre chose dans un bal, que des personnes qui cherchent à plaire en dansant de bonne grace, & parées de tous les ajustemens, dont l’art peut enrichir la nature, pour en augmenter la beauté ?

412. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Ces reliefs ne tiroient pas tout leur merite de l’art ou de l’intelligence. […] Et enfin, le luxe & l’ambition y firent employer le marbre & le porphyre, les agrémens de l’art, & les ouvrages des l’esprit, l’observation des ordres, & la iustesse des Inscriptions, comme celuy de Cesar & de beaucoup d’autres.

413. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

N’est-ce pas là que tout l’art s’épuise à raffiner les plaisirs, à faire entrer le luxe et la volupté, par les oreilles et par les yeux, pour en remplir l’âme, et pour les faire triompher ? […] et afin de n’en pas douter, considérez ce firmament où les étoiles comme en sentinelle attendent les ordres du Dieu qui les conduit ; contemplez ce soleil qui, toujours ancien et toujours nouveau, vous offre journellement l’image des plus brillantes couleurs et des plus superbes décorations ; regardez cette lune qui, par la douceur de sa lumière, donne à la nuit même des beautés que tout l’art des Peintres ne peut imiter ; voyez cette terre qui, par la plus admirable variété, se couvre successivement de fleurs et de fruits, et paraît un assemblage d’émeraudes, de saphirs et de rubis ; fixez la majesté de ces mers qui promenant leurs flots d’un bout du monde à l’autre, transportent les richesses et les passions des humains, et qui toujours prêtes à engloutir la terre, se voient continuellement arrêtées par un seul grain de sable que le Tout-Puissant oppose à leur fureur ; enfin considérez-vous vous-mêmes, admirez les merveilles qui résultent de l’union de votre âme avec votre corps, et donnez à vos pensées un essor qui les conduise à ces espaces immenses, et à ces jours éternels pour lesquels nous sommes nés.

414. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

[Ces Pièces sont, Isabelle-&-Gertrude, la Fée-Urgelle, Cendrillon, Blaise-le-Savetier, Pigmalion, Le-Jardinier-& son-Seigneur, Rose-&-Colas, Tom-Jones, & quelques autres, dont l’Editeur supprime les citations, parce qu’il s’est aperçu que l’Auteur de l’Art du Théâtre en général, s’était complaisamment & prolixément étendu sur cet objet : voyez Tome II, pages 30-58].

415. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Sinon un vain plaisir qui sera d’autant plus vif que la pièce tracera plus fidèlement le portrait de nos maladies secrètes, dont elle est l’attrait et la pâture, « plena, comme dit saint Augustin, fomitibus miseriarum mearum », j’avoue que l’histoire intéresse de même le lecteur dans les actions qu’elle représente, et qu’il est malaisé de lire la Romaine, sans détester les cruautés de Marius et de Sylla, la profonde dissimulation de Tibère, aimer la clémence d’Auguste, sans grossir le parti de Pompée contre César, mais quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de décrire les méchantes actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre des passions tendres, agréables, délicates, d’une manière qui en fasse goûter le plaisir, ne doit-on pas avoir quelque honte de confondre deux choses si opposées ?

416. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

St Thomas, le plus célèbre de vos docteurs, que vous avez surnommé l’ange de l’école à cause de l’excellence de sa doctrine et de la pureté de ses mœurs, s’exprime ainsi : « Le divertissement étant quelque fois nécessaire à l’entretien de la vie humaine, l’art des comédiens n’est pas défendu. » (Tom. 2. 2. 9. 168 ad. 3) Ce saint docteur ajoute : « On lit dans la vie des saints que Saint-Paphnuce eut révélation qu’un comédien jouirait avec lui dans le ciel du même degré de gloire que lui. » Saint Antoinen s’exprime encore plus clairement.

417. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

mettre cinq ou six heures de temps à se parer et à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pièges à la chasteté des hommes, et servir de flambeau au démon pour allumer partout le feu de l’impudicité : demeurer les nuits entières exposé aux yeux et à la cajolerie de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville ; employer tout ce que l’art et la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regards, et pour séduire leur cœur, déguiser sa personne et son sexe, pour ôter à la grace ce petit secours qu’elle trouve dans nos habits ; rouler de quartier en quartier sous un masque de théatre ; ne se pas contenter de discours frivoles et inutiles, se relâcher jusqu’à dire des paroles qui scandalisent : de quel terme oserait-on se servir pour autoriser une licence si scandaleuse ?

418. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Le recteur suivi des quatre facultés ; De théologie ; De droit ; De médecine ; Et des arts ; « 43. […] L’institution de cette fête avait eu lieu l’an 1462 par le bon roi René, comte de Provence, duc d’Anjou, et souverain de Naples ; cet excellent prince d’une dévotion et d’une foi réelles, aimait encore les sciences, les lettres et les arts ; il était grand protecteur des tournois, des joutes, et des poésies galantes ; il avait voulu, par la fondation de cette cérémonie, faire prévaloir la religion de Jésus-Christ, sur la puissance du diable, et imprégner cette vérité dans l’esprit du peuple, par des représentations qui parlassent à ses sens. […] Ainsi si les jésuites eux-mêmes mettaient au néant les canons des conciles qui proscrivent la danse, les particuliers, ou les danseurs publics, pouvaient bien imiter leur exemple, sans craindre la damnation éternelle, et pratiquer un art réservé aux gens du monde, puisqu’ils le voyaient exercé par des ecclésiastiques qui passaient pour les plus fervents soutiens de la religion romaine. […] Lorsqu’ils rencontrent quelque dame bien faite, ils savent se fouetter si adroitement, qu’ils font ruisseler leur sang jusque sur elle ; et c’est un honneur dont elles ne manquent pas de remercier le disciplinant. » Madame d’Aulnoi, dans son Voyage d’Espagne ac, dit que la manière de se fouetter est devenue un art en Espagne, aussi raffiné que celui de l’escrime, et qu’il y a des maîtres particuliers qui l’enseignent.

419. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Mais de quelque beauté que brille ce chef-d’œuvre de Jean-Jacques, ma réponse sera toujours celle-ci : le même volume qui renferme sa lettre contre les théâtres, contient également ses pièces de théâtre ; et on lit à la note 66 de cette même lettre les paroles suivantes échappées à l’auteur du devin du village : « Je n’ai jamais manqué volontairement une représentation de Molière… J’aime la comédie à la passion… » Qu’en pensez-vous, M. le Laïc, et que diriez-vous si un personnage auguste s’était chargé de me fournir, par le courrier d’aujourd’hui, un argument de plus : lisez l’ordonnance du Roi du 8 décemb. 1824, qui a pour but de favoriser l’art dramatique et de procurer aux jeunes comédiens les avantages d’une instruction graduée.

420. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Il a trouvé des apologistes, cet art pernicieux, qui n’eût dû trouver que des ennemis, ou plutôt, qui, pour l’intérêt de la vertu, n’auroient jamais dû naître.

421. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

On la déguise sur le Théâtre ; on l’embellit par l’art ; on la justifie par le tour que lui donne le Poëte ; on n’y trouve plus rien de honteux, & on la voit avec plaisir : mais peut-on sans danger, voir avec plaisir une passion qu’on ne doit point avoir ?

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