L’Église est si persuadée des péchés de l’odorat que dans le premier & dernier Sacrement qu’elle administre aux Fidèles, le Baptême & l’Extrême-Onction, elle fait sur les narines comme sur les yeux, les oreilles & la bouche une onction & une prière particulière pour demander à Dieu la grâce de préserver ses enfans des péchés qu’ils pourroient commettre par l’odorat, & de pardonner aux mourans ceux qu’ils pourroient avoir commis. […] Les odeurs comme les saveurs sont des choses naturelles que Dieu accorde à l’homme, & même à tous les animaux dont plusieurs même ont l’odorat plus fin que l’homme, quoiqu’aucun ne fasse usage de parfums. […] Dieu les en punit en leur arrachant les bijoux, & substituant aux bonnes odeurs dont elles étoient passionnées, une puanteur insupportable, erit pro suavi odore fœtor ; ce que les maladies qui sont la suite de la débauche exécutent littéralement sur leur corps, 7.° Nous adorons les sublimes mystères que renferme le livre des Cantiques & la sainteté du mariage que cette épithalame célèbre ; mais nous remarquons que pour peindre les attraits de l’amour, l’épouse a sans cesse recours à un parfum, elle en est attirée, in odorem unguentorum currimus . […] Le Dieu de la treille ne fut jamais l’amant de Flore ; la rose & le jasmin ne saurcient couvrir les exhalaisons bachiques.
Quoique l’excommunication et le refus des sacrements viennent de la même source, qui est le péché, et produisent plusieurs effets semblables, ce sont deux choses différentes, et dans l’intérieur devant Dieu, et dans l’extérieur devant les hommes. […] Tout péché mortel rend indigne des sacrements devant Dieu, jusqu’à ce qu’il soit remis par la pénitence. […] En ce sens tout péché mortel, même le plus secret, excommunie devant Dieu ; et le Confesseur qui refuse l’absolution, en ce sens aussi excommunie le pénitent dans le for intérieur. […] Si le péché est connu, il doit en priver devant les hommes ; Dieu l’a expressément ordonné : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens. » Le pécheur en est indigne, et ce serait un scandale de voir ainsi profaner les sacrements.
Mais il faut laisser encore une fois à ceux que Dieu a choisis pour combattre la Comédie, & les Comédiens le soin d’en faire voir les dangers & les funestes effets, & renvoyer ceux qui voudront s’en instruire plus à fond aux Traités qu’en ont écrit, je ne dis pas seulement Mr. le Prince de Conty, Mr. de Voysin, Mr. […] Mais quand Moliere auroit été innocent jusqu’alors n’auroit-il pas cessé de l’être dès qu’il eut la présomption de croire que Dieu vouloit bien se servir de lui pour corriger un vice répandu par toute l’Eglise, & dont la réformation n’est peut-être pas même reservée à des Conciles entiers ?
Dieu seul le sait ; à son rang, c’est-à-dire dans quelques triples d’années. […] Je ne suis point le premier qui aye pensé à cet établissement, à Dieu ne plaise d’avoir cette gloriole qui en aye fait voir l’avantage.
Le théatre cache aux yeux de Dieu une disgrace bien plus grande ; une éternité de supplices : Ducunt in bonis dies suos, & in puncto ad inferna descendum. […] On croit un Dieu & on l’offense ; on croit un enfer & on s’y expose.
C’est donc aux autorités qui existent dans l’Etat à ne jamais permettre au Clergé de se soustraire aux droits de la puissance établie par Dieu même, pour protéger et gouverner les peuples. […] Tout semblait leur être permis, et foulant à leurs pieds les divins préceptes de Jésus-Christ et la morale chrétienne et évangélique la plus pure, la mauvaise foi et le parjure ne leur coûtaient rien et ils commettaient, sans honte comme sans remords, de pieuses fraudes de pieuses calomnies, de pieux empoisonnements, de pieux assassinats, non seulement juridiques mais même de guet-apens et le tout pour la gloire de Dieu, pour l’intérêt de la religion, et en général pour le plus grand bien de la fin spirituelle.
Dieu a fait à l’homme une grande grace, de lui donner une pudeur naturelle qui inspire l’horreur du crime & en éloigne, & une estime, un penchant, un respect pour la vertu, qui nous réunit avec ceux qui la pratiquent.
y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.
Bientôt comme nous vous serez citez au tribunal de Dieu ; pulvis es & in pulverem reverteris : Soyez toujours prêts, vous ne savez ni l’heure ni le jour, & loin de vous préparer à ce terrible passage & à vous ménager une sainte mort ; ce spectacle même vous prépare la plus malheureuse, par l’oubli de la mort, où il vous entretient, par l’habitude du vice dont il forme la chaîne, par les péchés qu’il fait commettre, par la frivolité dont il vous amuse ; les images dont il souille vos imaginations & vos regards, les sentimens dont il corrompt votre cœur, les passions qu’il exalte, le goût du monde qu’il vous donne, les exemples du vice qu’il vous offre, les leçons qu’il vous en fait, les attraits & les occasions qu’il vous en fournit : memento homo quia pulvis es & in pulverem reverteris. […] Ils demandent pourquoi nous avons des hommes spécialement consacrés à Dieu, puisque tous sont également tenus envers lui, & que les devoirs de la Réligion doivent être communs à chaque membre de la société. […] Quel Dieu qui ignore un secret & veut l’arracher par les tourmens : Si on admire ces horreurs. […] Quel emploi pour un Dieu, Avocats des forfaits ? […] Sujets, incidents, épisodes, tout dans nos pieces n’est qu’amour, l’amour est le Dieu de nos tragédies.
Les Théologiens de toutes les écoles conviennent unanimement que c’est un péché de regarder avec complaisance des peintures, des statues obscénes ; à plus forte raison de les garder pour les avoir toujours à portée de les étaler aux yeux du public, de les répandre dans les livres ; c’est un vrai scandale qui rend l’auteur comptable devant Dieu de tous les péchés que ces figures indécentes font commettre à l’infini. […] Quel chrétien a jamais douté que le culte suprême n’est dû qu’à Dieu ; que les honneurs religieux ne peuvent avoir pour objet, que la personne des Saints, dont la dignité, la vertu les mérite ? […] L’homme, le monde entier est une image de Dieu.
Page 149 Les ministres des autels, qui affichent l’indépendance envers les souverains, sont rebelles à la parole de Dieu. […] Page 189 Les prêtres fanatiques semblent ignorer, qu’une seule pensée vers Dieu de l’âme du pécheur, à l’article de la mort, peut opérer le salut. […] Page 192 Contraste frappant entre les prêtres qui prient Dieu pour la prospérité du théâtre, reçoivent les aumônes des comédiens, leur laissent rendre le pain béni, les enterrent dans les églises et les cimetières, et entre les prêtres fanatiques qui les anathématisent et leur refusent la sépulture.
L’esprit du christianisme est un esprit de docilité, de vénération, de confiance, de crainte filiale pour les Pasteurs et pour les sacrificateurs du corps adorable d’un Dieu : quel respect, quelle confiance, quelle déférence, quelle crainte religieuse peut-on avoir pour des Prêtres qu’on vient de voir au spectacle, écoutant, regardant les Comédiens, riant de leurs dissolutions, applaudissant à leurs folies ? […] Persuadé que, la sainteté de la vie des Prêtres et la ferveur de leurs prières fait la prospérité de l’Empire et en assure les victoires, par les grâces qu’ils nous obtiennent du ciel, que leurs exemples sanctifient les âmes et nous attirent la miséricorde de Dieu, nous avons appris avec douleur, et ce qui paraît incroyable, que des Diacres et des Prêtres, et ce que nous rougissons bien plus de dire, même des Evêques, jouent à des jeux de hasard, et s’oublient jusqu’à se trouver à la comédie, « scenicorum vel thimelicorum fiunt spectatores ludorum « ; eux qui obligent tous ceux qu’ils baptisent de renoncer aux pompes du démon, dont les spectacles sont une grande partie, « ut abrenuntient pompis Diaboli, quorum non minima pars sunt spectacula ». […] Il ordonne encore au Préfet du Prétoire, aux Gouverneurs de province, et à tous les Magistrats, sous peine de son indignation et de la privation de leurs charges, d’y employer leur autorité, et les menace enfin de la colère de Dieu, s’ils le négligent.