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109. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

Mais nos Poètes coupent cette voie de retour, autant qu’il est en eux ; ils nous retranchent toute ressource, et se comportent à notre égard comme des Corsaires qui ne se contenteraient pas de nous enlever nos richesses, s’ils ne nous ôtaient encore la vie. […] Au reste, je ne rapporterai qu’un très petit nombre d’endroits de nos Poètes, eu égard à la multitude infinie qu’ils sont en état de me fournir ; L’Anglais dit : Un Inventaire de leurs meubles eût été etc.

110. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Les gens de talent et de goût diront sans doute que c’est un grand malheur de ne pas trouver des expédients pour corriger ces deux Pièces, qui du côté de l’art et du génie, sont des modèles si parfaits et si propres à servir d’Ecole aux Poètes : peut-être même me reprochera-t-on de ne l’avoir pas tenté ; mais je réponds qu’après les avoir examinées avec soin je les ai trouvées telles que je les avais d’abord envisagées, c’est-à-dire non susceptibles d’aucune correction ; quant aux Poètes qui les regretteront, je les exhorterai à les étudier dans leurs cabinets, à condition néanmoins qu’ils proposeront ces deux Comédies, autant comme des modèles à fuir par rapport aux mœurs, qu’à imiter par rapport au talent.

111. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Baillet (Jugement des Poètes, art. […] Athènes en fut scandalisée, et le Poète Grec en convint : il ne se défendait, non plus que le Poète Français, qu’en disant que c’était le rôle de l’Acteur, et qu’à la fin de la pièce il faisait expirer le coupable sur la roue. […] Le Poète doit rougir de l’attentat, ou le Héros du parallèle. […] Les Poètes et les Peintres ont tout droit d’inventer ; mais il ne leur est pas permis d’unir les oiseaux aux serpents, les agneaux aux tigres, et on fera plus de grâce à la comparaison bien plus éloignée de l’homme à la Divinité ! […] Qui a donc enfanté ce jargon, lequel fait à peu près tout ce que savent dire et redire les Poètes ?

112. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

Le Duo & les autres parties de Chant a plusieurs voix, ne sont supportables que dans des Poèmes dont les Hèros sont pris parmi le menu Peuple, ainsi que je le dirai ailleurs ; encore le Poète a-t-il plusieurs choses à observer, que je vais lui tracer en peu de mots, d’après M. […] D’ailleurs, la plus-part des Savans qui ont écrit sur les règles théâtrales, l’ont conseillé au Poète Dramatique. […] Il est vrai qu’il est difficile au Poète de conserver cette prémière chaleur ; & qu’il est dangereux de la laisser s’éteindre.

113. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Il seroit donc nécessaire que le Poëte oubliât son pays, & se dépouillât de lui-même pour peindre dans le vrai : Mais ceci souffre de grandes difficultés. […] Ainsi le Peintre ou le Poëte (car nous les prenons ici l’un pour l’autre) n’a à se mettre en garde que contre la maniere générale de ses concitoyens. […] Elle ne pense plus à sa vengeance, enfin son caractère est tout vertueux, comme ledit le Poëte lui-même. […] Cette adresse du Poëte la dispense de répondre précisément sur le choix que ces Princes la pressent de faire de l’un d’eux, & amène cette belle Scène, où ces freres disputent de générosité, s’abandonnent réciproquement le droit d’aînesse & le Trône.

114. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

« Ce qu'il y a de plus tolérable, écrit Saint Augustin, ce sont les Comédies et les Tragédies, où les Fables des Poètes sont représentées parmi les Spectacles publics, avec quelques choses indécentes, mais sans aucunes paroles impudentes et dissolues, comme en beaucoup d'autres Jeux du Théâtre. […] Aussi Lactance ne blâme la Comédie et la Tragédie, que pour les sujets qui contenaient quelquefois des Fables malhonnêtes, et non pas l'art du Poète, ni l'exercice des Acteurs « Omissis Evangeliis Comœdias legere, amatoria bulicorum versuum verba canere, Virgilium tenere et Mimorum turpia scripta cantare. » Can.

115. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Ce n’est donc plus que dans les livres de Poétique que l’instruction est la fin du Poème dramatique ; cela n’est plus véritable, ni dans l’intention du Poète, ni dans celle du Spectateur. […] Mais ce qui est plus déplorable, c’est que les Poètes sont maîtres des passions qu’ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu’ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros, et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu’il n’y a que leur mémoire qui s’en mêle. […] J’avoue que nonobstant tout cela elles sont tout à fait honnêtes, puis qu’il a plu ainsi au Poète : mais en vérité y a-t-il personne de tousceux qui sont les plus zélés défenseurs d’une si mauvaise cause, qui voulût que sa femme, ou sa fille fût honnête comme Chimène, et comme toutes les plus vertueuses Princesses du Théâtre ? […] « Telle est la corruption du cœur de l’homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un Ouvrage d’une manière agréable, délicate et conforme à la nature et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l’ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais, mais tout du moins négligés ; parce que c’est dans ces endroits qu’il se délasse des efforts d’esprit qu’il vient de faire en traitant les passions. […] Comme ces deux passions ne passent dans l’esprit de ceux qui ne se conduisent pas par les règles de l’Evangile, que pour de nobles maladies de l’âme, surtout quand on ne se sert pour les contenter que des moyens que le monde trouve honnêtes : les Poètes se rendant d’abord les esclaves de ces maximes pernicieuses, en composent tout le mérite de leurs Héros.

116. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Le Poëte peut pareillement tirer un sel piquant, mais utile, de la fatuité des hommes. […] Et pourquoi le Poëte Dramatique n’y puiseroit-il pas quelquefois sans les profaner ? […] Ce Poëte l’obligeoit à noircir les crimes par un crime encore plus noir. […] Poëte par goût plus que par étude, ce fut un feu de jeunesse, non la malignité de la fortune qui le fit Comédien. […] qu’en user d’autre sorte, c’est s’écarter criminellement de la fin proposée au Poëte & à la Poësie du Théatre ?

117. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

. — Ce n’est pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre partage, il prend quelquefois envie au plaisant de se fâcher, et au mélancolique de s’égayer, car sans compter la manière ingénieuse dont il nous peint ces Romains qu’on voyait « à la tête d’une armée et à la queue d’une charrue », il me dit assez galamment, « que si je veux me servir de l’autorité de Saint Grégoire en faveur de la Tragédie, il faut me résoudre à être toute ma vie le Poète de la passion ». […] Mais vous vous accordez surtout dans la pensée que je suis un Poète de Théâtre, vous en êtes pleinement persuadés, et c’est le sujet de toutes vos réflexions sévères, et enjouées. […] Voilà bien des lieux communs hasardés, et vous auriez pénétré inutilement tous les replis du cœur d’un poète. […] [NDE] Goibaud-Dubois : « Pour qui pensez-vous passer, et quel jugement croyez-vous qu’on fasse de votre conduite, quand vous offensez tous les juges en comparant le Palais avec le théâtre, la jurisprudence avec la Comédie, l’histoire avec la fable, et un très célèbre avocat avec un très mauvais poète ?

118. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Quel silence religieux aux représentations des chefs-d’œuvre de nos poètes, silence qui n’est interrompu que par des applaudissements et des acclamations d’une admiration toujours nouvelle. […] Racine l’a rappelé à son rang, à sa dignité, par ces vers prêtés à Burrhus que Narcisse rapporte à Néron, et qui, dans l’esprit du poète, avaient une haute et hardie destination. […] …… Et les interprètes de nos poètes dramatiques, les malheureux comédiens en un mot ! […] … (Il y a déjà loin de ces temps à notre époque) notre Molière, poète et comédien, descendant presque mourant de la scène, aurait appelé en vain un prêtre auprès de son fauteuil de mort. […] Parce que le Théâtre Français est le plus parfait de tous les théâtres, et que c’est aux chefs-d’œuvre de nos poètes dramatiques que nous devons la propagation de notre langue dans tout l’univers.

119. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

Racine ayant reçu une éducation toute sainte se relâcha bientôt de sa première ferveur : devenu sans peine, mais malheureusement pour lui, le prince des poètes tragiques, il fit longtemps retentir le théâtre des applaudissements que l’on y donnait à ses pièces. […] Aucun poète moderne ne s’était moins écarté que Gresset des règles de la modestie.

120. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Tertullien traitait d’idolâtres les Chrétiens qui prononçaient seulement les noms des fausses divinités des Païens, et il ne pouvait souffrir que les Maîtres d’Ecole enseignassent les Poètes à leurs Disciples, à cause qu’ils sont pleins de ces fausses divinités, quel sentiment aurait-il de nos Poètes Français, qui se sont imaginés qu’on ne saurait faire de bons vers, si on ne les relève par les noms de ces divinités ?

121. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Tant de soins montraient l’importance que le gouvernement attachait aux représentations dramatiques, et l’intention manifeste d’associer les poètes à la cause des mœurs et des lois ; ils y furent longtemps fidèles. […] Ainsi commença chez les Athéniens la réaction des mœurs sur la scène, et lorsqu’on compare son effet à ce qu’elle a produit en France, on serait tenté de féliciter les poètes grecs de n’être descendus qu’au rôle d’espions domestiques et de délateurs au théâtre. […] Soumis aux commotions de son époque, le poète y puisa ces traits si profondément pervers, qu’un talent inimitable rend encore plus odieux par leur contact avec des caractères si beaux, si grands, si parfaitement héroïques. […] Corneille parut à l’aurore du siècle de Louis XIV, et son influence créa des poètes, des orateurs et des héros. […] Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et fuir la difformité ; c’est là proprement, le but que tout homme qui travaille pour le public, doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose.

122. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Le fils qui, quoique homme de Lettres & Poëte lui-même, a toujours condamné les spectacles, s’occupera-t-il à commenter des Ouvrages que son Père s’est reproché d’avoir faits ? […] Racine est-il poëte ? […] Nous savons assez de particularités du caractère & de la vie de Virgile, pour juger que ce Poëte admirable n’a jamais été amoureux. […] Racine est le premier Poëte François qui ait fait des Tragédies sans cette frivole passion. […] Bon Poëte, bel Esprit, Ecrivain savant, il a marqué trop de partialité dans ses opinions.

123. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Ce fouguex Poëte lui alloit jetter son assiette à la tête, si M. le Duc n’eût arrêté son bras. […] Destouches n’étoit pas fait pour être Poëte dramatique, & lui-même ne s’y destinoit pas. […] Ce jeune Poëte fut moissonné par la cruelle mort, & Thalie perdit en lui un de ses plus ardens zélateurs. […] La fécondité apparente en ce genre est une vraie stérilité, & les qualités paisibles du cœur les entraves du génie dramatique ; il faut un grain de passion & même de folie pour faire un Poëte, il en faut deux pour faire un Poëte comique. […] Il fut autant & plus goûté dans son genre que le Poëte dans le sien, & bien rapidement.

124. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

Il faut qu’un Musicien vienne lustrer & embellir les paroles du Poète : on lui doit donc presqu’à chaque Pièce la connaissance d’un homme de génie & d’un Compositeur célèbre ; Eh, combien ne nous en fait-il pas passer en revue ! […] Les Colins, les Lucas de notre Opéra sont loin de ressembler aux Tircis, aux Céladons des églogues de nos Poètes.

125. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

Les jeunes Poètes trouveront peut-être à s’instruire dans mon Ouvrage. […] « J’ai autrefois fait retenir les forêts du son de mes chalumeaux… je chante maintenant les terribles combats, & ce chef des Troyens, qui, forcé par le destin de s’éxiler de sa patrie, vint aborder aux rivages de Lavinium. » M. de Voltaire, le Poète épique des Français, n’est pas moins simple au commencement de la Henriade : Je chante ce Hèros qui règna dans la France, Et par droit de conquête & par droit de naissance.

126. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

Soit à insérer avec grâce dans le discours, un vers entier d’un Poète, ou une partie de vers sans y rien changer, le sens que prend ce vers par l’apropos de la citation, suffisant pour la Parodie ; soit en y fesant quelque léger changement. 2. […] Le Cyclope d’Euripide, la seule Parodie des Anciens qui nous soit parvenue, est dans ce genre : on y voit des railleries sur Homère & sur les Poètes Tragiques, dont il parodie l’enflure par des expressions triviales & souvent dégoutantes, mais que la Langue Grecque rendait supportables.

127. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Il est visible que c’est celui dont le Poëte a eu besoin. […] Cependant sa gouvernante lui parloit sans cesse de la foi de ses peres ; elle est Chrétienne où Musulmane au gré du Poëte. […] Ne voit-on pas que le Poëte vouloit que les larmes seules de Zaïre, pussent procurer la délivrance de son malheureux pere ! […] Il est aussi des incidens possibles, que le Poëte ne peut employer.

128. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

Ses Poètes la font paraître chargée d’ornemens étrangers, de clinquans & de dorure. […] Ses Poètes sont les seuls qui se ressouviennent encore de ces Vers du Satirique Français, & qui ont besoin sut-tout de ne les jamais oublier : Jamais de la Nature il ne faut s’écarter.

129. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Le Comédien est au Poëte, ce que cette machine est à son auteur. […] On est pas mieux fondé à attribuer les effets qui résultent des ouvrages de Théatre au Comédien, que l’élevation des eaux, & leur écoulement dans les magnifiques Jardins de Marly, à la machine de ce nom : l’une & l’autre sont des moyens subsidiaires, des ressorts d’emprunt, dont le Poëte & le Méchanicien, se servent pour le plus parfait développement, & pour l’exécution de leur vastes desseins. […] Le Poëte a donc à sacrifier une pensée heureuse & sublime à une foible & médiocre, & vingt vers à refondre.

130. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

C’est à leur caractère, à leur dignité à la dicter, & c’est l’art du Poëte. […] * Et quand on prétendroit que dans ce passage même le Poëte accorde que l’instruction produit au moins quelques sentations, c’est assez qu’il les place au dernier rang, comme insuffisantes. […] Un Poëte occupé des principes de son art, ressemble à un grand Général, entouré de soldats timides, qui retiennent sans cesse les nobles transports de son courage.

131. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Il me semble qu’un Poète habile n’en respecterait pas moins la bienséance théâtrale. […] Ce n’est pourtant pas toujours la prémière Scène qui contient le germe des événemens qui vont succéder, & qui les donne à entendre par des faits antérieurs, ou en èxquissant des caractères ; le Poète à tout le prémier Acte : Orosmane n’annonce combien il est soupçonneux, & les éxcès où le portera la jalousie, que dans la dernière Scène du prémier Acte de Zaïre.

132. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Le poëte universel est encore à naître, même dans les divers théâtres tragique, comique, lyrique, pastoral. […] Il n’est ni orateur ni poëte, il versifie assez mal, et la plupart de ses pièces sont en prose. […] Il avait un frère poëte comme lui, mais qui composa en des genres plus utiles des ouvrages de tout un autre prix, quoique moins célèbres. […] Ce poëte n’a pas même l’honneur de l’invention de ce prétendu sublime. […] On enchérit même ; Lucifer n’aspirait qu’à ressembler au Très-Haut, le poëte plus audacieux met l’homme au-dessus.

133. (1731) Discours sur la comédie « TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. »

Il détruit tous les Théâtres, 351 M Majume (Jeux) leur origine, explication de ce mot, 85 Malela, erreur de cet Historien au sujet de Théodose, 111 Mandements, extraits de quelques Mandements contre les Spectacles, 248. 249. 252 Mariade chassé du Conseil d’Antioche pour avoir négligé les Jeux, 70 Mariana déclame avec force contre la Comédie, 282. 291 Maugras, son Ode sur l’endurcissement, 124 Ménandre, caractère de ce Poète, 97 Messala Junius donne son bien aux Comédiens, 73 Michel III. Empereur, fait jouer le Patriarche Ignace, 174 Mimes, leurs fonctions, 39 Mouskes (Philippe) trait plaisant au sujet des Poètes Provençaux, 132 Molière, son enterrement, 259 Minutius Félix, portrait du Théâtre, 144 Musiciennes, leurs différents noms, 41. […] Richelieu, Cardinal, fait chercher en Provence tout ce qui reste des premiers Poètes Provençaux, 209. aimait passionnément la Poésie, 257 Rituels.

134. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Le premier principe sur lequel agissent les Poètes tragiques et comiques, c’est qu’il faut intéresser le spectateur, et si l’auteur ou l’acteur d’une tragédie ne le sait pas émouvoir et le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est dans le froid, dans l’ennuyeux, dans le ridicule, selon les règles des maîtres de l’art ? […] Ainsi tout le dessein d’un poète, toute la fin de son travail, c’est qu’on soit comme son Héros épris des belles personnes, qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même.

135. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Un François en est enchanté, le poëte qui en a imaginé le reve est un homme admirable, l’amour quel qu’il soit, sera toujours délicieux. […] Jusques-là c’est son rôle : voici celui du François, il court dans la scéne suivante se déclarer amant d’une fille qu’il n’a jamais vue, & qui n’est pas moins étonnée de sa déclaration, que doit l’être un spectateur raisonnable, qui ne desire pas de voir par tout la passion dont son cœur est rempli, Racine se fait lui-même le procès, dans la préface de cette même Phedre, il convient (quel aveu pour un François, pour un poëte, pour un poëte de théatre !) […] Cette tragédie que les lecteurs appliqueront au couchant du poëte, seroit cependant l’apogée d’un dramatique ordinaire. […] Ces Marquis postichés sont tout à fait peuple ; la généalogie & les sociétés du poëte, loin d’ennoblir, dégradent la piéce, & selon l’expression de Fontenelle, l’encanaillent à force de noblesse ; car quoique tous les hommes soient égaux par la nature ; il y a dans les différens ordres, des nuances qui les distinguent, & malgré la fécondité de l’esprit, c’est toujours l’accent, le ton de la bourgeoisie qui se font sentir. […] De quel prix aux yeux de la Réligion, peut être un poëte sans mœurs ?

136. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Le poëte est mauvais politique : Henri étoit plus prudent. […] Cette conduite est plus galante qu’héroïque : le poëte en fait un fleuron de sa couronne. […] Cette fiction, si commune dans les poëtes, ne sert qu’à défigurer le Pere du Peuple, le Poëme & le Poëte. […] Le poëte a-t-il dû l’oublier ? […] Un poëte à cru dire quelque chose de fort ingénieux & de fort glorieux à Henri, dans une espece d’antithese.

137. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Le Poète est-il pardonnable de prostituer ainsi son pinceau, en exposant le vice paré des mêmes couleurs que la vertu ? […] Le Poète suppose une inspiration de Dieu, et fait parler le grand Prêtre en Prophète. […] Toutes ces basses embûches sont encore de l’invention du Poète. […] Si cette pièce eût été composée de son temps, on l’eût fait apprendre par cœur aux enfants, comme le catéchisme, on eût couronné le Poète. […] Simon-Joseph Pellegrin est poète, librettiste et dramaturge qui a commencé sa carrière dans les ordres.

138. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Le vainqueur d’Annibal, s’il revenoit sur la terre, riroit sans doute de la folie du Poëte qui a ajouté ce fleuron à la couronne de Thalie. […] C’étoit un Poëte qu’il avoit pris soin de former, & qu’il rendit presque aussi inimitable. […] Un Poëte satirique (Boileau) se corrigea par les conseils du Roi, & abandonna la s’atire. […] Cet exemple pensa décourager un Poëte comique. […] Par hasard & par goût il avoit étudié Lucain, Poëte analogue à ses idées ; il se l’incorpora, & porta Lucain sur le théatre.

139. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Le moyen de souffrir que l’on maltraite ainsi impunément les faiseurs de romans et les poètes de théâtre ? […] Cette tirade d’éloquence, ou plutôt ce lieu commun de deux pages représente parfaitement un poète qui se fâche. […] Voilà donc les bons Poètes hors d’intérêt. […] Si nous étions piqués au jeu, et que nous nous sentissions enveloppés dans la disgrâce commune des poètes de théâtre et des faiseurs de romans, cela nous paraîtrait vrai comme une démonstration de Mathématique. […] [NDE] « Empoisonneurs publics » : expression d’abord employée par Nicole dans Les Hérésies imaginaires pour désigner les poètes et faiseurs de romans et reprise par Racine qui reprochait à Nicole ces mots.

140. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Un Confesseur d’une Paroisse de Paris, ayant trouvé un Pénitent qui coopérait directement à la Comédie, quoiqu’il ne fût ni Acteur, ni Poète, ni Spectateur, il lui voulut faire promettre de renoncer à cette coopération directe. […] On rapporte l’exemple de la mère de sainte Macrine sœur de saint Grégoire de Nysse, qui avait un si grand soin de sa fille, qu’elle ne lui permettait pas de lire des Fables ni des Comédies, regardant comme une chose honteuse de gâter un esprit encore tendre, par toutes ces Histoires tragiques de femmes, dont les fables des Poètes sont remplies, ou par les idées mauvaises des Comédies. […] La première est un Abrégé des Poètes et des Historiens, sur les Spectacles des Païens, qui n’étaient pas tous consacrés aux Idoles selon Tacite même, ni si infâmes qu’on veut les dire à l’exception des Jeux annuels de Flore, plaisir de la canaille, non des honnêtes Païens. […] Les Poètes Provençaux paraissent depuis le treizième jusqu’au quinzième siècle, dans lequel les Italiens qui avaient passé d’Avignon en France, les surpassèrent. […] Ceux qui avaient espéré de lui trouver des approbations, ont pu voir par la clameur qui s’est élevée contre la Dissertation, et par la censure qu’elle a attirée à ceux qui ont avoué qu’ils en avaient suivi quelques sentiments (L’on peut croire que M. de Meaux veut parler de l’interdit du Théologien, par feu M. de Harlay Archevêque de Paris,) que l’Eglise est bien éloignée de les supporter : et c’est encore une preuve contre cette scandaleuse Dissertation, qu’encore qu’on l’attribue à un Théologien, on ne lui ait pu donner des Théologiens, mais de seuls Poètes Comiques pour Approbateurs, ni la faire paraître autrement qu’à la tête, et à la faveur des Comédies. 

141. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

C’est à ce contre-coup délicat que l’Auditeur se déclare pour le mérite du Poète ou de l’Acteur ; (car ils font souvent bourse commune :) mais je ne veux, pour renforcer ma Thèse, que ces larmes touchantes, que ces extases de douleur et de volupté. […] Distinguons, Monsieur, s’il vous plaît, le caractère du Poète et de l’Historien. […] Je vous sais bon gré de m’abandonner le Comédien et nos Poètes modernes, et même M.

142. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Nous ne trouvons point étrange que vous damniez les Poètes. […] Je prendrai pourtant la liberté de vous dire, que l’Eglise ne nous défend point de lire les Poètes, qu’elle ne nous commande point de les avoir en horreur. […] Le crime du Poète vous a irrités contre la Poésie.

143. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

On n'y reconnaît plus ces Anciens Prêtres, Ministres de l'Idolâtrie, comme Souverains Pontifes, ce n'est plus à l'honneur de quelques fantastiques Divinités que nos Poètes et nos Acteurs consacrent leurs travaux, ni qu'ils rendent des actions de grâces, quand ils y reçoivent des applaudissements ; Tous leurs soins ne vont qu'à complaire à la Cour de France et à la Ville de Paris, et leurs remerciements ne sont que pour les bienfaits dont nos Princes les honorent. […] Il en est arrivé de même des Poèmes Dramatiques : car depuis qu'ils ont été retirés des Théâtres anciens consacrés aux faux Dieux, ils n'ont plus été considérés comme une invention des Démons, et n'ayant plus rien de leur vieille et criminelle vénération, ils sont donnés au public, et portés jusques dans le Palais des Rois, sans aucun scrupule d'Idolâtrie ; On les regarde seulement comme les Chefs-d'œuvre d'un bel esprit ; et une parfaite imitation de la vertu des Héros, et tout ce que l'on y peut admirer sont les inventions du Poète, et le beau récit des Acteurs.

144. (1697) Satire à Mgr Bossuet « [frontispice] »

[frontispice] Le Poëte sans fard, ou Discours satiriques en vers, A COLOGNE, Chez Corneille Egmont, M.

145. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Mais cessons de parler ici d’une pièce où l’Ecriture est si altérée, on n’a déjà eu que trop de lieu de remarquer que ceux qui ne craignent pas de mêler leurs fictions dans les sujets de piété, « Pensent faire agir Dieu, ses Saints et ses Prophètes, Comme ces Dieux éclos du cerveaux des Poètes Despreaux l’art. […] L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence à faire et tourments mérités ; Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ces vérités donne l’air de la fable. » Laissons donner aux Poètes les éloges que ces Vers méritent, et ne nous arrêtons pas davantage à faire sentir combien toutes sortes de fictions sont indignes de l’Ecriture, surtout celles qui ne roulent que sur des intrigues d’amour. […]  » Quoique ces reproches ne soient pas suivis à présent d’une peine sensible et corporelle, semblable à celle donc le Poète Théodecte fut autrefois puni, le châtiment n’en sera pas moins terrible. […]  » Il suit de tout cela, que quand même il se trouverait des Poètes qui auraient les lumières d’un saint Ephrem, d’un saint Ambroise, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Paulin ou des autres Poètes qui ont eu l’esprit de Dieu, et qu’on pourrait faire des pièces où l’Ecriture conserverait toute sa force et toute sa pureté, ce serait la profaner que de la mettre dans la bouche des Comédiens et des Comédiennes, pour être jouée dans un lieu destiné au divertissement. […] Et quel étrange renversement serait-ce, que l’Ecriture fit aimer la Comédie, au lieu que ces Livres saints ont été proposés aux Fidèles que pour les détourner des spectacles et des vains amusements. « Oubliant et rejetant les folies et les amusements des Théâtres et des Poètes, dit Saint Augustin De vera Relig[ione]. 51.

146. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

En éffet, ne rapproche-je pas davantage les règles dont il serait à souhaiter que les Poètes du Spectacle moderne se ressouvinssent toujours ? […] Il doit donc m’être permis de dire aux Poètes du nouveau Théâtre, & à ceux des diverses Spectacles, que les règles sont d’une importance extrême, & que ce n’est pas sans sujet qu’on veut les voir observées.

147. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Le Poète Phrynicus exposa le premier masque de femme au Théâtre ; Néophron de Sicyone celui de Pédagogue : Eschile, dans sa Pièce des Cabires, fit paraître des gens ivres ; Méson, Acteur de Mégare inventa les masques comiques de Valet & de Cuisinier : on vit des masques hideux & effrayans dans la Pièce des Euménides, & ce fut Euripide qui le premier les représenta avec des serpens sur la tête. […] Le genre Satyrique, fondé sur l’imagination des Poètes, représentait par les masques ; les Satyres, les Faunes, les Cyclopes, & autres monstres de la Fable.

148. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Les Poètes ont souvent mis sur le Théâtre des sujets graves tirés de toutes sortes d'Histoires, et même de nos Ecritures Saintes, et des persécutions de nos Martyrs ; elles font encore aujourd'hui comme autrefois l'exercice de la jeunesse studieuse, et les Maîtres des Sciences qui tiennent la plus belle Ecole de doctrine et de piété, ne feignent point de composer une infinité de ces Poèmes, et d'en donner publiquement le récit par le ministère de leurs Disciples, les plus modestes et les plus illustres. […] Mais comme ils furent corrompus par la licence des Poètes, et par la mauvaise conduite des Acteurs, les Rois jetèrent l'infamie sur ceux qui montaient sur le Théâtre, où l'on avait porté tant de dissolution.

149. (1675) Traité de la comédie « XVI.  »

Le but même de la Comédie engage les Poètes à ne représenter que des passions vicieuses.

150. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Oudin a laisséq, qu'on parcoure le catalogue de leurs Poètes, on trouvera sur le théâtre des ouvrages sans nombre. […] Les innombrables Poètes de la Société, au-deçà comme au-delà des monts, depuis les plus célèbres jusqu'aux plus obscurs, Porée, Brumoy, la Rue, Catrou, etc. d'après Corneille, Racine, Crébillon, Voltaire, ont sans scrupule dans leurs poèmes tenu le même langage. […] A-t-on craint de distinguer ces Peres des autres Poètes ou Acteurs ? […] Polyeucte), l'Auteur de ce bon livre dit très sensément : « Corneille a fait du martyre de ce Saint le sujet d'une tragédie qui est un chef-d’œuvre dramatique ; mais les personnes pieuses ont été choquées de la liberté que le Poète s'est donné de faire monter les Saints sur le théâtre, d'altérer la vérité de l'histoire, de corrompre les vertus chrétiennes, et de mêler la tendresse de l'amour Romain à l'héroïsme de l'amour divin. […] Qu'ils ne lisent point de Romans ni de Poètes comiques, comme Aristophane, ou des Auteurs licencieux, comme Archiloque, Hypponax.

151. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVI.  »

Le but même de la Comédie engage les Poètes à ne représenter que des passions vicieuses : car la fin qu' ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne le sauraient faire qu'en mettant dans la bouche de leurs acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, et à ceux des personnes devant qui ils parlent.

152. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Un Poète dans son enthousiasme, un Géomètre dans ses méditations profondes, sont bien plus isolés qu’on ne l’est au Théâtre. […] Si dans quelques Tragédies on a voulu nous intéresser pour des scélérats, ces Tragédies ont manqué leur objet ; c’est la faute du Poète et non du genre ; vous trouverez des Historiens même qui ne sont pas exempts de ce reproche ; en accuserez-vous l’histoire ? […] Je prendrai, Monsieur, pour vous répondre, l’exemple même que vous apportez de la Tragédie de Bérénice, où Racine a trouvé l’art de nous intéresser pendant cinq actes avec ces seuls mots : « je vous aime, vous êtes Empereur et je pars » ; et où ce grand Poète a su réparer par les charmes de son style le défaut d’action et la monotonie de son sujet. […] Mais je crois en même temps avec vous, que d’autres chefs-d’œuvre du même Poète et de quelques autres, autrefois justement applaudis, auraient aujourd’hui plus d’estime que de succès ; notre changement de goût en est la cause ; nous voulons dans la Tragédie plus d’action, et dans la Comédie plus de finesse. […] Je le crains d’autant plus, que le talent dont vous avez montré au Théâtre lyrique de si heureux essais, comme Musicien et comme Poète, est du moins aussi propre à faire aux Spectacles des partisans, que votre éloquence à leur en enlever.

153. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Mais nous ne parlons ici que de la maniere dont la chose est présentée, & des couleurs que le Poëte lui a données. […] Le Poëte devoit en instruire & n’en dit pas un mot dans toute la piece. […] On voit dans ces deux exemples que le Poëte n’a sacrifié la vraisemblance que pour lui-même.

154. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Et quand les Auteurs écrivent que l'on dansait les Tragédies, il ne faut pas se persuader que les Tragédiens eux-mêmes dansassent : mais cela veut dire que ces Mimes dansaient des Episodes tirées des Poètes tragiques, ou qu'ils représentaient par la danse des sujets, dont on faisait les Tragédies, ce qu'ils nommaient les arguments des Fables, comme ce fameux Pantomime Mnester que Suétone dit avoir sauté ou dansé les Tragédies, et que plusieurs ont nommé pour cela danseur de Tragédies, c'est-à-dire Histrion ou Acteur de sujetsLucian. […] Pylade fut un des plus excellent ouvriers de ces représentations, et après qu'il eût quitté la scène par les infirmités de son âge, il se trouva présent au Théâtre, où son Disciple Hylas dansait un Episode d'Euripide, contenant quelque action du Roi Agamemnon, et comme Hylas voulut exprimer le nom de Grand, que le Poète lui donnait, il se guinda sur le bout des pieds, et leva les bras, dont Pylade se mit en colère, et l'accusa d'ignorance en son art. […] Ces Mimes et Pantomimes avaient encore accoutumé d'être mandés aux Festins, où ils dansaient de cette manière les Episodes des Poètes, uneAthen.

155. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

L’Auteur est assez peu Poëte pour se croire inspiré d’Apollon, & se donner pour tel. […] Si le Poëte ne sait pas s’expliquer & se faire entendre, un Pantomime est son interprete ; on pourroit le faire agir en même temps que l’Acteur déclame, comme on faisoit à Rome. […] Quoi donc impunément un Poëte novice, Un fade Musicien, un Danseur éclopé Attrapera l’argent de tout Paris dupé ? […] Il ne fut pas de l’Académie, quoique les quatre Auteurs aux gages, comme lui, du Cardinal Poëte l’aient été, & ne le valussent certainement pas. […] Dominique étoit aussi excellent Comédien que Santeuil grand Poëte, & Santeuil par sa conduite n’étoit pas moins Arlequin que Dominique par ses lazzis.

156. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIII.  » p. 468

Toutes les pièces de M. de Corneille, qui est sans doute le plus honnête de tous les Poètes de Théâtre, ne sont que de vives représentations de passions d'orgueil, d'ambition, de jalousie, de vengeance, et principalement de cette vertu Romaine, qui n'est autre chose qu'un furieux amour de soi-même.

157. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

En vain j’entends le poète satirique élever la voix, et s’écrier avec Boileau : « Malheur ! […] C’est cette maxime dangereuse qui mit le feu dans Athènes, et força le gouvernement effrayé à mettre un frein à la licence des poètes qui, plus mesurés et moins hardis, donnèrent naissance au second age de la comédie chez les Grecs. […] D’abord, il me semble que le spectateur ne saurait faire un retour sur lui-même, et se réformer qu’autant qu’il supposerait que ce sont ses mœurs que le poète a voulu peindre. […] Du Belloy, ce poète qui, dans le siège de Calais, nous a présenté un tableau si noble et si touchant du véritable amour de la patrie, ne saurait-il plus trouver d’imitateurs ? […] Devise de la comédie, imaginée par le poète Santeul (Paris 1630) et donnée à l'arlequin Dominique (Bologne 1640) pour qu'il la mette sur la toile de son théatre (Dictionnaire des citations, Le Monde).

158. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Georges Dandin & l’Amphitrion sont les chef-d’œuvres de la sagesse de ce poëte. […] Lorsqu’on joua devant lui, en 1670, la belle piece de Britannicus, il fut frappé du portrait que fait le poëte des folies de Néron, parmi lesquelles son amour excessif pour les spectacles lui donnoit les plus grands ridicules. […] La comédie le sauva de ce ridicule ; & le poëte corrigea le monarque.

159. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Le fameux Pigalle espére par cet ouvrage de donner un nouveau lustre à son ciseau, il partagera l’immortalité de Voltaire, ces deux grands artistes s’immortaliseront mutuellement, & se donneront la main pour entrer ensemble dans le temple de mémoire ; le sculpteur fera vivre le poëte, & le nom de Voltaire fera passer celui de Pigalle à la postérité la plus réculée. […] Il étoit né avant elle ; reconnu poëte, historien, philosophe avant elle ; immortalisé avec Emilie, avec la Gaussin, avec la le Couvreur. […] Son grand crédit auprès de Venus & d’Uranie, forme un portrait plus vrai qu’honorable, des sentimens & des mœurs du poëte. […] Mais ni le poëte Grec, ni le triomphateur Italien, ni le bourgeois de Calais n’approchent du divin Voltaire. […] Voltaire lui-même en fournira le spectacle, & sans doute bientôt, à 75, ans on est bien près du terme fatal, où le poëte, l’acteur, l’actrice, l’amateur, l’entousiaste vont également se briser.

160. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

On a construit en l’honneur de ce Poëte un grand édifice & une salle de bal, qui pouvoit contenir 2000 personnes, & fort ornée. […] Des belles voix chantoient des couplets adressez aux Dames, pour les inviter à honorer la fête de leurs regards, & faire respecter un Poëte que la beauté aura d’aigné courronner. […] Elle fut suivie d’un éloge en prose du même, que Garrik termina, selon les ûs & coutumes de l’ancienne chevalerie, par un défi d’oser attaquer la gloire du Poëte. […] La voici, on prétendoit l’avoir prise en flagrant de lit, sous le théatre avec N.… Le public attribue ce mémoire à l’Abbé de la Marre, auteur de l’opéra de Zaïde ; il fait honneur au Poëte, il en fait peu à l’Abbé. […] Maffei fut historien, philosophe, antiquaire, casuiste, mathématicien, théologien, journaliste, interprète de l’Ecriture, traducteur d’Homére, poëte dans tous les genres, depuis l’épigramme & la chanson, jusqu’à la tragédie, & au poëme épique, médiocre en tout.

161. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Cette proposition révolte la royale troupe qui n’a pas moins de zele que le Poëte, pour le produit des représentations. […] Ceux des Comédiens reviennent à chaque reprise, & sont accrus de la portion du Poëte. C’est pourtant le fonds du Poëte qu’on fait valoir. […] L’Auteur des trois siecles, l’un de ses admirateurs, dit pourtant : Comment Moliere, Auteur seulement de trois ou quatre pieces achevées, & de tant d’autres dont le denouement est si peu naturel & les défauts si sensibles, comment avec une prose si négligée, des vers si peu exacts des caracteres outrés, est-il parvenu à se faire regarder comme le premier Poëte comique de tous les théatres connus… Ses comédies sont les seules qui aient eu le pouvoir de reformer les mœurs. […] Le dessein du Poëte est qu’on soit comme le Héros épris des belles personnes ; qu’on les serve comme des Divinités, qu’on leur sacrifie tout, c’est-à-dire, le but du Poëte est de rendre les gens amoureux.

162. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Ce Poëte, je ne sais pourquoi, est représenté tout nud. […] La peinture étoit si ressemblante, que le Poëte May s’en plaignit au Lieutenant de Police, mais sans succès. La Torilliere, qui jouoit ce rôle, pour appaiser le Poëte May, le mena au cabaret, & l’enivra de vin de Champagne. […] La Torilliere les prit, & joua son rôle avec les vêtemens du Poëte. […] La Danse, le Poëte, le Mercure, qui le rapportent avec éloge, écoutent-ils ici les loix de la décence & les regles de la piété ?

163. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Je vais écrire pour le Poète & pour le Musicien. […] Le Poète Baïf est le prémier qui se soit avisé en France d’avoir un concert. […] Ce Poète était riche, contre l’ordinaire des gens de Lettres ; il se plaisait à dépenser son bien en grand Seigneur. C’est aux concerts de Baïf qu’on a obligation du prodigieux succès de notre musique : que Messeurs les Musiciens osent encore dédaigner les Poètes. […] Il est plus de gens capables de goûter les talens d’unvirtuose en musique, que ceux d’un éxcellent Poète : pour entendre l’un, il ne faut que des oreilles ; au lieu que le genre de l’autre veut parler à l’esprit.

164. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Du Fresny , Cette Comédie me paraît excellente ; le Poète entreprend de corriger un défaut qui, selon le titre de sa Pièce, paraît particulier à une Province, et par cette raison on pourrait s’imaginer que l’instruction ne serait pas générale pour des Spectateurs de tout pays ; cependant si l’on y prend bien garde on s’appercevra que ce défaut n’est que trop commun, et que malheureusement en tout pays on trouve des parents et des frères qui ne vivent pas en bonne intelligence et même qui se détestent mutuellement. […] L’amour de Dorante et d’Angélique a besoin de quelque correction : les visites que Dorante fait au Couvent où Angélique est enfermée, et la vivacité impétueuse avec laquelle ils se témoignent leur passion, méritent aussi une juste critique : et au surplus, quelque changement qu’on y fasse, il ne nuira jamais à l’intention du Poète, pourvu qu’on ne touche point au fond de la Pièce, qui après ces légers changements me paraît très digne du Théâtre de la Réformation.

165. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Principe qu’elle prouve admirablement dans la suite par expérience, et que le Poète a jeté en avant, pour rendre plus vraisemblable ce qu’on doit voir. […] C’est ici où le Poète avait à travailler pour venir à bout de son dessein : aussi y a-t-il pensé par avance ; et prévoyant cette Scène, comme devant être son chef-d’œuvre, il a disposé les choses admirablement, pour la rendre parfaitement vraisemblable. […] Excellente adresse du Poète, qui a appris d’Aristote, qu’il n’est rien de plus sensible, que d’être méprisé par ceux que l’on estime, et qu’ainsi c’était la dernière corde qu’il fallait faire jouer ; jugeant bien que le bonhomme souffrirait plus impatiemment d’être traité de ridicule et de fat par le saint Frère, que de lui voir cajoler sa femme jusqu’au bout ; quoique dans l’apparence première, et au jugement des autres, ce dernier outrage paraisse plus grand. […] Ce caractère est si beau, que je ne saurais en sortir ; aussi le Poète, pour le faire jouer plus longtemps, a employé toutes les adresses de son art. […] Il me semble que si dans tout le reste de la pièce l’Auteur a égalé tous les anciens, et surpassé tous les modernes, on peut dire que dans ce dénouement il s’est surpassé lui-même, n’y ayant rien de plus grand, de plus magnifique et de plus merveilleux, et cependant rien de plus naturel, de plus heureux et de plus juste, puisqu’on peut dire, que s’il était permis d’oser faire le caractère de l’âme de notre grand Monarque, ce serait sans doute dans cette plénitude de lumière, cette prodigieuse pénétration d’esprit, et ce discernement merveilleux de toutes choses, qu’on le ferait consister ; tant il est vrai, s’écrient ici ces Messieurs dont j’ai pris à tâche de vous rapporter les sentiments, tant il est vrai, disent-ils, que le Prince est digne du Poète, comme le Poète est digne du Prince.

166. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIV. » pp. 66-67

Car l’idée de Poète Panégyriste de votre Héros ne convient point du tout à sa Majesté et ne lui ferait point honneur.

167. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

» S’excusera-t-on ici sur l’indécence des anciens Poètes ? […] Augustin se reproche d’avoir lu, n’est-il pas le plus chaste des Poètes ? […] Par la loi des 12 tables la réputation des citoyens n’est pas abandonnée à la licence des Poètes il n’est permis de parler de personne qu’en justice, avec de bonnes preuves, et donnant à l’accusé la liberté de se défendre. […] de la Musique) après avoir montré que dans la plupart des Comédiens qui plaisent le plus par leur chant, il y a très peu de science, même de la musique, parce que ce n’est ordinairement que la beauté naturelle de la voix, une routine, un exercice, qui n’est qu’un pur mécanisme, où l’esprit a très peu de part, ce qui est très vrai, de même que dans la danse, les instruments et tous les arts, où l’on voit tous les jours que le plus grand Musicien chante désagréablement, le plus grand Poète débite mal, le plus savant Architecte ne taillerait pas une pierre, qu’ainsi quelque honneur qu’on veuille faire à la poésie, à la musique, les exécuteurs, c’est-à-dire les Comédiens, ne sont que de purs artisans, S.

168. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Le trop fameux Paul Scarron, l’homme le plus comique & le plus comédien qui fut jamais, a composé beaucoup de pieces de théatre & de livres burlesques, en vers & en prose, qui ne sont que des farces la plupart très-plates, jusqu’à sa traduction de l’Enéide de Virgile, où il travestit en bouffon de guinguette le poëte le plus élégant & le plus sage ; jusqu’à son Roman comique, qui n’est que la suite des aventures d’une troupe de comédiens, toutes dignes d’eux & de lui, & ne peuvent amuser que les treteaux de la foire. […] Mais, du centre de la bassesse & de l’ignominie où elle s’est dégradée, qu’on leve les yeux vers le plus grand roi qui fût alors dans le monde, le plus rempli de sa grandeur, le plus jaloux de son rang, pour ne pas dire le plus fier des hommes, & qui pendant près de quatre vingts ans a le mieux soutenu la majesté du trône ; il vient terminer ses jours, déposer ses lauriers & son diadême aux pieds de la veuve Scarron, adorer & recevoir dans ses bras les restes d’un vil poëte, aussi burlesque dans sa personne que dans ses vers Qui peut mesurer cette distance & comprendre cet anéantissement de la majesté royale. […] Cette dame, d’ailleurs si vertueuse, eut le malheur d’affoiblir & de faire presque évanouir deux conversions les plus importantes en ce genre, d’un grand roi, l’amateur le plus déclaré, & du plus grand poëte dramatique, par l’air contagieux du théâtre qu’on leur fit respirer.

169. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Nous avons vu que Corneille est assez sincère dans l'examen de la pièce du Menteur, où le mensonge est récompensé, pour convenir que cela n'est point nécessaire, que le Poète qui ne cherche qu'à plaire ne s'en embarrasse pas. […] Une Princesse ayant vu à l'opéra cette populace de Divinités, demanda au Poète qui se trouva dans sa loge, quelle différence il y avait entre les Dryades et les Hamadryades. Quoique dans la traduction des Métamorphoses en rondeaux, il eût vingt fois employé ces mots, comme il ne savait guère que des mots, ainsi que la plupart de ses confrères Poètes, Benserade fut fort embarrassé, et pour ne pas demeurer court, ayant vu dans la même loge un Evêque et un Archevêque, il dit à la Princesse : « Il y a entre ces Divinités la même différence qu'entre les Evêques et les Archevêques.

170. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [F] »

L’enthousiasme de son art montait les ressorts de son âme au ton des sentimens qu’il avait à exprimer ; il paraissait ; on oubliait l’Acteur & le Poète : il parlait ; c’était Mithridate ou César ; ni ton, ni geste, ni mouvement qui ne fût celui de la nature.

171. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Jérôme, qui en rapportent un grand nombre des Poètes grecs et latins. […] La religion ne fait que reprendre ce qui lui appartient ; ce que les Païens, les Poètes, les Comédiens ont de bon est un larcin fait à l’Eglise, seule dépositaire de la vérité.

172. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

Le Poëte François dont j’ai examiné les Ouvrages, ayant eu le bonheur de plaire à sa Nation, en suivant dans ses Tragédies, comme dans sa Comédie, les traces des Poëtes Grecs dont il s’étoit nourri dès sa jeunesse ; son succès doit inspirer à ceux qui ne connoissent point le Théâtre Grec, la curiosité de savoir si c’est chez les Grecs qu’il faut nécessairement chercher les vrais Principes de la Poësie Dramatique, & si ces mêmes Principes ont été également suivis par les autres Nations qui ont aimé & cultivé le même genre de Poësie.

173. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Le poëte passe les bornes du terrible ; pour être aussi follement atroce qu’il est possible, il se dégage des entraves d’Aristote, & s’éleve fierement au-dessus de toutes le regles théatrales. […] Les poètes dramatiques savent mieux que d’autres débiter leur orviétan. […] Un enthousiaste du spectacle, un comédien, un romancier, un poëte comique est-il bien propre à rendre la justice ? […] Le poëte Jonson composoit les drames, Jones étoit chargé des décorations, un autre de la musique. […] Il faut que celles de ce poëte soient bien vives : il ne le dissimule pas.

174. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

 » C’est au Poète à rendre l’utile agréable, et tous les bons Poètes y ont réussi : les détails en vont être la preuve. […] C’est le génie, c’est l’art du Poète qu’on admire, et qu’on applaudit dans la peinture du crime, comme dans celle de la vertu. […] Hé bien, ce qu’annoncerait l’Orateur, le Poète n’a fait que le peindre, et la comédie de Molière n’est autre chose que cette morale en action. […]  » Et à votre avis, Monsieur, qu’est-ce que l’art du Peintre, du Musicien, et surtout du Poète ? […] L’art de faire illusion est-il plus de l’essence du Comédien, que de l’essence du Poète, du Musicien, du Peintre, etc. ?

175. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Avertissement. » pp. -

Je me suis attaché particulièrement aux Pièces qu’ils nous ont donné, parce que la réputation dont elles jouissent, les beautés qu’on y admirait, en rendaient les défauts plus dangereux, & mettaient ces mêmes défauts dans le cas de trop séduire les jeunes Poètes.

176. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Le Poète prit cette route dangéreuse pour accroître sa faveur, & cette complaisance criminelle jetta la Comédie dans l’avilissement. […] La Grèce, je l’ai déjà dit, faisait plus de cas des Acteurs & des Poètes de Théâtre ; ils possédaient des charges honorables, récompense des Hommes de mérite. […] L’Histoire fournit des traits moins reculés de la bienveillance des Grands pour les Poètes & les Acteurs. […] Les bons Poètes ont senti de bonne heure qu’il fallait donner des mœurs aux personnages. […] Thomas Oteway, célèbre Poète, & Acteur fort estimé.

177. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Dans sa Comédie des Oiseaux, on dit à un Poëte qui arrive en chantant un dythirambe, cesse de chanter, dis ce que tu as à dire, τἱ λεγεις ειπε. […] Je ne nie pas qu’on ne puisse noter toute la Déclamation d’une Piéce, & celle même d’un Discours : je ne nie pas non plus qu’un Poëte ne puisse donner aux Comédiens leurs Rôles notés, & qu’un Comédien ne puisse, avec le secours de ces Notes, étudier son Rôle, & remarquer les endroits où il doit élever, baisser, ralentir, précipiter sa voix. […] S’il est le premier Poëte Lyrique Latin, c’est pour avoir le premier su donner a des Vers Saphiques & Alcaïques, les Modes de la Langue Latine, Æolium carmen ad Italos Deduxisse modos. […] Une Comédie étoit appellée un Ouvrage de Musique, comme dans Térence, qui hanc artem tractant Musicam, parce que toute Piéce de Théâtre étoit l’ouvrage de deux hommes, du Poëte, & du maître de l’Art qui avoit fait la Musique, Cantica temperabantur modis non à Poeta, sed à perito Artis Musicæ factis. […] Le Diverbium étoit le dialogue, l’Ouvrage du Poëte, recité par les Acteurs : le reste étoit l’Ouvrage du Musicien.

178. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

J’apprends même que les Anglais se sont élevés contre quelques-uns de nos poètes, qui à propos et hors de propos, ont voulu faire les héros galants, et leur font pousser à toute outrance les sentiments tendres.

179. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 2 : Livre VI, chap. 7] » p. 590

Car sa raison est que Dieu ne veut pas que ceux qui sont dedans les Enfers retournent comptere ce qui se fait en ces lieux, afin d’obvier au malheur qui en pourrait sourdre : Les damnés qui retourneraient au monde, souffleraient ès entrailles des hommes la fureur et la rage des tourments qu’ils endurent : Ainsi les Poètes Tragiques feignent que l’Ame de Thyeste sortant des Enfers, brouille et renverse tout l’état de sa famille, met en trouble sa maison, acharnef Egiste à vengeance, incite à fureur Clytemnestre, lui souffle le venin de jalousie en l’Ame, et la fait meurtrière de son mari : et l’acte commis, pousse Oreste à venger sur Egiste et sa mère la mort de son père, et les tuer tous deux, afin qu’après leur mort, il fût tourmenté de l’horrible regard des Erinyes et Furies qui lui représentent devant les yeux l’énormité et gravité du délit perpétré.

180. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

comment les mœurs monstrueuses, qui régnoient alors, & qui s’accroissoient tous les jours, pouvoient-elles échapper à un Poëte satyrique ? […] Saint Jérôme auroit-il encore adopté plusieurs traits des Comédies de Turpilius, Poëte qui vivoit au tems de Pompée ? […] La Comédie fut regardée, dans sa naissance, comme un effet de la sagesse des Grecs, & elle resta long-tems dans la plus haute estime ; mais quand un Poëte osa se mocquer publiquement des Dieux, des Ministres de l’Etat, & des Philosophes les plus respectés, les choses changerent de face, & ces Comédiens, auparavant si aimés, furent alors chassés comme ils le méritoient. […] Poëte Comique qui vivoit du tems de Jules César.

181. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Le Poëte y expose d’abord les principes qui doivent détourner de la fréquentation des Spectacles. […] Nos petites filles, écrivit-elle à ce Poëte, ont si bien joué Andromaque, qu’elles ne le joueront plus, ni aucunes de vos Pieces. […] Cette Ode fut aussi traduite en Vers Italiens, par un Poëte de Rome. […] Le Poëte s’y croit autorisé, sous prétexte de soutenir le caractere des personnages, & de donner du relief à la vertu de son héros. […] Et le Poëte le plus célebre ne pourroit se flatter d’y en introduire l’usage.

182. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Il vouloit qu’on se conformât à la sagesse des Egyptiens, qui exigeoient que le Poëte & le Musicien ne pussent jamais inspirer la volupté ; mais qu’ils s’accommodassent au but & à l’esprit des sages Législateurs. […] Ce mauvais naturel ne fit que le rendre plus propre à suivre la loi générale du genre comique, qui exige que le Poëte se conforme à l’inclination dominante du Peuple. […] L’Empereur Charles IV ayant sollicité Pétrarque de lui dédier un Ouvrage : Je ne puis, lui répondit le Poëte, vous rien promettre, qu’autant que vous aurez de véritable grandeur. […] C’est un ridicule dont un Poëte nous a donné une description badine que nous aurons par la suite lieu de rapporter. […] En voici un que lui rendit Houdart de la Motte, dans les Stances suivantes, où ce Poëte dramatique a sincérement caractérisé nos Théatres & leurs amateurs.

183. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Cependant, puisque le plaisir est l’objet naturel & primitif des Spectacles, sitost qu’on s’aperçoit que l’on ne plaist plus, il faut que le Poëte face iudicieusement sa retraite, qu’il se resolve de bonne foy à quitter une Place qu’il ne peut tenir, & qu’à l’exemple d’un Ancien, il cesse par raison, sans attendre de s’y voir forcé par sa foiblesseMaluit desinere quam deficere. […] Mais un bon Acteur fait tousiours honneur au Poëte, & plaisir au Spectateur.

184. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Il y avoit de très-grands titres : encyclopédiste, philosophe, poëte galant & dramatique, enthousiaste de Voltaire, qui pouvoit le lui disputer ? […] Le baladin n’est d’accord, ni avec l’historien, ni avec le poëte. […] Il est vrai cependant qu’il n’est pas le premier qui ait pris plaisir d’embellir des graces de la poësie le sujet de l’amour le plus détestable Ovide, le plus licencieux poëte de l’antiquité, en a souillé ses licencieuses Métamorphoses, & n’en a pas pourtant fait un tableau si obscène que le poëte moderne. […] Enfin on en a fait une pantomime qui en met sous les yeux tous le détails, & une actrice très-propre à jouer la statue, que la volupté extasie & anime tour à tour, réalise la description du poëte philosophe. […] Il lui attribue de la délicatesse, un ton noble ; & il est vrai qu’en cela le ton du poëte est supérieur à celui de la foire : car pour le fonds il ne vaut pas mieux.

185. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Un si léger repas déclare la stérilité du poëte qui ne fait que coudre des mots, & la frivolité d’un amateur assez imbécile pour en être enchanté, & trouver Moliere divin parce qu’on l’a comparé à Appollon. […] Moliere, dit-il, est un grand Poëte comique ; mais ne puis-je pas parler en liberté de ses défauts ? […] Je le crois grand Poëte, parce qu’on récitoit ses vers après sa mort, & qu’on l’a laissé mourir de faim pendant sa vie. […] Celle du Poëte n’est ni la moins grande ni la moins frivole. […] Au reste mauvais Poëte, & médiocre Prosateur, qui a de l’esprit, qui de temps en temps lance des traits satyriques avec finesse, donne un coup de pinceau avec vérité, d’une maniere naturelle & plaisante.

186. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

La matière se prend, ou de l’Ecriture Sainte ; ou de quelques Auteur profane, Historien, ou Poète. […] Aussi lisons-nous, que quelques Poètes anciens, pour avoir mêlé en leurs Tragédies des histoires saintes, ont été punis, les uns d’un subit étourdissement, les autres d’aveuglement. […] Il serait trop long, et hors du centre de notre question de discourir comment, et pourquoi les Chrétiens peuvent, ou doivent lire les fables des Poètes, et autres écrits Païens ; et cette matière a été traitée exprès, par ce grand S.  […] bb  ; voire leurs Poètes Comiques, témoin celui, qui se moque d’un certain Clisthène, de ce que par ses habits il se montrait si efféminé, comme s’il eût voulu changer de sexeAristop. […] cl , la vie et les actions d’un chacun, doivent plutôt être sujettes aux censures et jugements du Magistrat, qu’aux inventions, et invectives des Poètes ; et ne doit-on jamais rien reprocher à aucun, qu’en lui donnant le moyen d’y répondre, et de s’en défendre en jugement.

187. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Ainsi tout le dessein d’un Poëte, tout son travail, c’est qu’on soit comme son héros, épris des belles personnes ; qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même.

188. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre II. Que les nouveaux Drames sont susceptibles de règles, ainsi que les autres Poèmes. » pp. 121-122

Ses Poètes nous montrent, en agissant ainsi, un discernement juste, & une conduite remplie de sagesse.

189. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

On ne voit plus rien de honteux dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’on les voit toujours déguisées sur la scène, embellies par l’art, justifiées pas l’esprit du poète, et mises à dessein avec les vertus et les mérites dans les personnes qui y sont représentées comme des héros.

190. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

La plus-part des Poètes du nouveau Spectacle paraissent avoir raison de se persuader que le stile est très peu nécessaire pour faire valoir les ouvrages d’esprit. […] Voici les termes de ce Poète élégant & judicieux ; « Une Comédie où l’on rencontre des sentimens & des mœurs, quoi qu’elle soit sans grace, sans force & sans art, plait quelques fois d’avantage au Spectateur, & l’attache plus fortement que ces Vers magnifiques & harmonieux qui ne signifient rien5. » Je terminerai cet article par une remarque du Père Brumoy ; il semble conseiller aux Auteurs Dramatiques de ne se point donner la peine de bien écrire leurs Poèmes, parce que le Sublime du stile n’est jamais saisi aux représentations. […] Soiez-en sûrs, vous applaudissez un genre ridicule, il se répand alors, chacun veut avoir la gloire d’y travailler ; il coute moins de peine qu’une Tragédie, rapporte autant d’honneur & presqu’autant de profit ; c’en est assez pour que tous les Poètes vivans l’adoptent d’un commun accord.

191. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

peut-on, sans frémir, passer de la tranchée à la comédie, de l’hôpital au ballet, d’une bataille gagnée ou perdue à un spectacle, et voir dans le même camp élever des monceaux de cadavres et des décorations de théâtre, entendre les gémissements d’une province désolée et les folies d’un Poète comique ? […] Les Poètes, qui ont souvent caché la vérité sous le voile des fables, ont dit que Vénus, pour se venger des Scythes, qui avaient pillé son temple, et de Philoctète, qui avait tué Pâris, ne fit que leur donner le goût des jeux, de la mollesse et de la volupté : « Vulnera sic Paridis dicitur ulta Venus » (Thucid. […] De là le mot si célèbre du Poète : Les Romains, vainqueurs de l’univers, ont été vaincus par les plaisirs ; l’impudicité, plus funeste que les armes, a vengé le monde : « Sævior armis luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem. » Vous pouvez sans risque, Romains voluptueux, disait Juvenal (Sat.

192. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

Ce n’est que depuis ce temps que nos Poètes se sont appliqués à la composition de Poèmes Dramatiques sur des sujets profanes ; et que ces Pièces ont été données au public sur le théâtre, suivant la permission qui en avait été accordée par l’Arrêt. […] qui rapporte l’avoir vu jouer, dit que cette Pièce était excellente ; il y compare l’Auteur aux plus célèbres Poètes comiques des Grecs et des Romains : et la réussite, ajoute-t-il, en fut si grande, qu’elle a donné lieu depuis ce temps aux proverbes de Patelineurs et de patelinage, pour exprimer dans les actions communes un semblable caractère que celui que l’on y représentait. […] fit bientôt paraître sur la scène trois autres Poètes qui fournirent des Pièces au théâtre : Jean de Baïf fit la Comédie de Taillebras ; la Péruse, une Tragédie sous le nom de Médée ; et Robert Garnier donna peu de temps après au Public, Porcie, Cornelie, Marc-Antoine, Hypolite, la Troade, Antigone, les Juives et Bradamente, huit Tragédies qui remportèrent le prix sur tout ce qui avait paru jusqu’alors en ce genre d’écrire. […] Les Pièces de théâtres de nos premiers Poètes commencèrent à vieillir ; et leurs représentations froides et languissantes n’ayant plus cet air de nouveauté qui ne charme qu’autant qu’il surprend, ne donnaient plus aucun plaisir.

193. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Les poètes seront traînés, non pour être jugés par Minos ou Rhadamante, mais devant le tribunal d’un juge qu’ils ont méprisé ; ils trembleront de frayeur en sa présence. […] [NDE] Jean-Baptiste Blanchard, Le Poète des moeurs, vol. 2, 1784, p. 249.

194. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VII. Des Carozels. » pp. 191-195

Car s’il est d’inutiles Machines, qui soient ou embarrassantes ou superfluës ; qui n’aident qu’à la representation, & non pas au Jeu ; qui ne servent que de nombre ; qui ne facent qu’alonger les files, ou que grossir la troupe : Le tout n’est qu’une phantaisie de Violon, & qu’une extravagance de Poëte, & n’est non plus un Carosel qu’une Mascarade, & tient aussi peu de l’un & de l’autre, que la Guitare du Luth, & qu’un Cheval d’un Dromadere.

195. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Si vous étiez aussi versés dans l’histoire de l’Eglise et dans ses saintes pratiques, que vous témoignez l’être dans les fables des Poètes, vous auriez su peut-être ce qui se passait autrefois aux Elections et aux Ordinations des Evêques.

196. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Cette lettre est une réponse au poëte Boursault, qui eut du scrupule d’avoir travaillé pour le théâtre, & qui consulta ce religieux. […] Rousseau ne compte-t-il pour rien les remords, ces momens affreux de désespoir dont un bon poëte accompagne les actions des scélérats ? […] Si, sur le théâtre, on a voulu quelquefois, dit-il, intéresser pour des scélérats ; c’est la faute du poëte & non du genre.

197. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

Ces Lettres feront connoître à la fois & la Religion de ce grand Poëte & la noblesse de ses Sentimens, exemple qu’on ne sauroit trop proposer dans le siècle où nous sommes.

198. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Ce Jupiter que l’on voit dans les livres des Poètes comme tonnant et adultère tout ensemble, représente ici par les soins des R.R.P.P.

199. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Du reste, je vous abandonne le Comédien et la plupart de nos Poètes, et même Monsieur Racine en plusieurs de ses Pièces.

200. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Celui de ce fameux Poëte est un des livres le plus dangereux ; la douceur, le naturel, l’élégance du style, la délicatesse des sentimens, la violence de l’amour, sous des expressions nobles & décentes, font avaler le poison à longs traits, & jette dans une sorte d’ivresse. […] Sur quoi dans un autre endroit il célèbre poëtiquement l’Actrice la Hus, très bonne Sultanne, par des vers qui ne font l’éloge de la modestie ni du Poëte ni de la Favorite :   Diane & ses jeunes compagnes, N’ont jamais dans leur jeux mis tant de volupté. […] c’est apparemment un traité d’éducation, matiere à la mode que le Poëte va nous donner). […] Dans une piece tirée des Contes soi-disant moraux de Marmontel, où le Poëte, apparemment peu fécond, rapporte mot pour mot le conte Annete & Lubin, deux paysans cousins germains : circonstance peu nécessaire, & qui n’est mise que pour fronder la loi de l’Église, qui défend le mariage entre parens, & sa bonté, qui accorde quelquefois la dispense de cet empêchement, Annete & Lubin se trouvent seuls à la campagne, sur le théatre & dans le livre, & prennent toute sorte de libertés criminelles.

201. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

que ce pieux Jésuite dit, qu’il aurait mieux aimé leur voir représenter les Fables des Poètes, que des histoires saintes, tant il convient peu, dit-il, à des gens si méprisables et si corrompus de prendre des personnages de Saints, qu’ils sont dans l’impuissance de soutenir avec assez de gravité et de bienséance. […] Quoi donc, le parricide cessera d’être un crime aussi horrible, qu’on l’a toujours cru, parce que la fantaisie prendra à un Poète de mettre ces paroles insolentes dans la bouche d’un Acteur ? […] D’ailleurs les Vers que le Poète met dans sa bouche, se ressentent bien davantage de la fierté orgueilleuse d’une ancienne Romaine, que de la piété et de l’humble courage d’une Vierge Chrétienne, qui se serait réjouie de se voir humiliée par son Tyran. […] Mais quoi qu’elle soit aussi chaste dans le cœur et devant Dieu, qu’elle l’est peu dans ses paroles ; il est toujours vrai de dire que le Poète lui fait faire des démarches tout-à-fait indignes d’une femme, qui est véritablement fidèle et à son Dieu et à son mari.

202. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Ce furent plus de fêtes, de festins, d’aubades, de montres, de régiments, de compagnies, entre autres ils devinrent Comédiens et Poètes, composèrent et représentèrent des pièces de théâtre. […] Elles avaient été composées par Lucas Grimaud, Poète Provençal. […] Parasols, autre Poète Provençal, composa la pièce dramatique la plus bizarre, dont la représentation dura cinq jours, qu’il dédia à l’Antipape. C’était la vie entière de Jeanne, Reine de Naples et Comtesse de Provence, dont les amours, les mariages, les guerres, les crimes, la mort tragique, donnaient beau jeu au Poète.

203. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Car outre que l’examen de tous les Auteurs comiques me jetteroit dans une discussion qui n’auroit point de bornes, c’est que Moliere est sans contredit, le Poëte qui a le plus illustré la scène comique ; ceux qui ont travaillé dans le même genre, bien loin de l’avoir surpassé, ne l’ont imité que de très-loin. […] J’avertis par avance que quand même Moliere ne sortiroit pas de cet examen aussi pur que je le souhaiterois, je ne l’en regarderois pas moins comme le meilleur Poëte comique que la France ait eu, & qu’elle aura peut-être jamais ; il sera toujours vrai que ses portraits sont de main de maître, & que les dialogues de ses personnages sont d’un naturel inimitable : ce que je dis ici, est pour me garantir de la malignité de ceux qui croiroient que je choisis Moliere au hasard, sans en connoître le mérite.

204. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

 19 que Louis XIV autrefois avoit exigé que le Doge vînt lui faire des excuses à Versailles, avec quatre Sénateurs ; on en ajouta deux pour l’Impératrice Reine (dont la dignité étoit supérieure) mais elle mit sa gloire à réfuser ce que Louis XIV avoit exigé, elle crut qu’il y avoit peu d’honneur à humilier les foibles, & ne songea qu’à tirer des contributions, dont elle avoit plus de besoin que du vain honneur de voir le Doge de la petite République de Genes avec six Genois au pied du Trône Impérial, c’est un poëte dramatique qui parle ici ; un autre avoit dit : Allez, Doge, allez sans peine, vous jetter à ses genoux, la République Romaine en eût fait autant que vous. […] Mais il n’est point du tout singulier de voir des idées gigantesques dans un poëte dont le prétendu sublime n’est qu’un ridicule, ni de voir deux poëtes en contradiction, l’un blâmer ce que l’autre loue, l’un mettre au-dessus du Maître du monde, ce que l’autre met au-dessous d’une femme.

205. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  piété et bienfaisance d’un comédien.  » pp. 365-370

Il eut un fils qui parvint à un degré de célébrité, car, dès l’âge de huit ans, il fut mis au rang des poètes de son temps.

206. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Quelque Poëte a fait cet extrait, enthousiasmé de son confrere. […] Un Poëte n’est pas initié dans le mystere de la vie spirituelle ; mais un Curé doit l’être, & ne pas agir & parler en Poëte. […] Qu’un Poëte ne blaspheme pas ce qu’il ignore, qu’il ne fasse pas paroître des Ministres des autels, & ne leur mette pas des erreurs dans la bouche : Les vœux sont un point de discipline, & non de doctrine, sur lequel par conséquent on peut avoir un avis. […] Rien ne ressemble mieux au Curé de Mélanie que le Vicaire Savoyard d’Emile, qui dit les plus belles choses sur Jesus-Christ & son Evangile, & détruit toute religion, avec cette différence que les talens de l’Orateur sont très-supérieurs à ceux du Poëte ; mais leur religion paroît bien semblable. […] Il semble qu’on ait voulu à dessein rassembler dans cette malheureuse victime du Poëte, autant & plus que de son père, tout ce qui peut lui ôter toute sorte d’intérêt.

207. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Peut-on lancer trop d’anathême contre un poëte si véridique ? […] La Chaussée, est sur-tout le poëte, ou plutôt l’adulateur, l’idolâtre des femmes ; ses sujets, ses plans, ses scénes, son langage, tout chez lui leur est subordonné, tout leur rend hommage ; elles plaisent, regnent, instruisent, réunissent tout l’intérêt, toutes sont vertueuses, tendres, pleines de graces & de beauté, toutes spirituelles, courageuses, élevées, enfin des modeles de perfections. […] Les hommes en voyant une femme humiliée par la critique, doivent souffrir pour elle, & protéger, contre le poëte, leur Reine, leur Divinité. […] Dans des vers de Voltaire, au Roi de Prusse, les adorateurs de ce poëte donnent pour ingénieuses, & vantent beaucoup des antithèses impies & fausses ; il ose dire, parlant de Dieu, 1. […] Je crois, pour l’honneur du Roi de Prusse, que ces vers à lui adressés, & bien d’autres de ce caractère, ont été mal accueillis, & ont contribué à faire chasser le Poëte.

208. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

avec les plus grands applaudissemens ; on en a donné plusieurs représentations gratis ; la ville l’a fait imprimer, & l’a répandu par-tout ; on y a mêlé plusieurs chansons, de la façon du poëte, à l’honneur du Roi, de la Reine, de Monsieur, de Madame, de tous les Princes & Princesses ; on les a apprises par cœur, toutes les rues en ont retentit : ce qui, joint à l’illumination générale & aux cris, vive le Roi, vive la Reine, vive Monsieur, vive Madame, a satisfait la nuit & le jour les yeux, les oreilles, le cœur & l’esprit des bons Angevins, à l’honneur du portrait de ce Prince. […] Le compositeur devroit être peintre, poëte, musicien consommé. […] Anacréon étoit un poëte frivole, dont il reste quelques chansons, la plupart obscènes & plusieurs infames. […] Le jeune Prince qu’on a la témérité de comparer à Hyparque, & le sage Ministre à ce frivole poëte, doivent-ils savoir gré à l’auteur d’un éloge si déshonorant ? […] Si l’on avoit traduit le poëme latin de l’Institution d’un Prince, composé avant son délire, où il y a de bons principes ; des idées chrétiennes, quelques expressions heureuses, on eût pardonné à l’auteur, quoique la sagesse ne consulte gueres de tels oracles : mais qu’après plus d’un siecle, un poëte s’avise de ressusciter un fou, chassé de la cour, perdu de débauches, sans honneur & sans religion, pour en faire le Mentor d’un jeune Roi, & lui donner les plus pernicieux conseils, cette entreprise a sans doute été formée dans les jardins enchantés où des Yvetaux chantoit ses amours.

209. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Grand nombre de pièces de Monfleury, de Molière, de Poisson, du théâtre Italien, de presque tous les Poètes comiques, en renferment des traits piquants, la Comtesse d’Escarbagnas, les Fourberies de Scapin, le Sicilien, Pourceaugnac, la Femme juge et partie, Arlequin Procureur, etc. […] Quoique à la vérité les poètes Magistrats sont en petit nombre, on n’en connaît qu’un de quelque nom assez distingué d’ailleurs pour n’avoir pas besoin de chausser le cothurne. […] C’est là que le galant Jurisconsulte s’égaie sur tous les crimes et toute la matière de cette passion, à l’occasion des lois et des canons qui peuvent y avoir quelque rapport, qu’il entre-mêle d’une infinité de passages, d’histoires et de fables des Poètes et des Auteurs profanes, à peu près dans le goût du recueil des Arrêts d’amour.

210. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

D’ailleurs c’étoit un Poëte de Théatre ; il défendoit sa propre cause. […] Mais on reconnut qu’on avoit abusé du nom de ce grand Poëte. […] Si un aussi célebre Poëte s’est vu forcé de l’abandonner, après en avoir été l’honneur & le défenseur, est-il probable que M. […] Voici quels étoient les motifs de sa demande : « Je crois, dit-il, qu’un Poëte a autant de droit d’être reçu dans votre Maison qu’à la Comédie. […] Quelle foiblesse dans un homme de Lettres que ses sectateurs appellent le Poëte Philosophe !

211. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

CHOCQUET (Louïs) fameux Poëte François vers le milieu du XVI. siecle, & Auteur d’un Ouvrage fort rare & fort singulier, dont nous donnerons ci-dessous des Extraits (A). […] On met très souvant les Diables en jeu ; & c’est dans ces endroits là que le Poëte s’excite le plus, & qu’il met principalement en œuvre son industrie ; mais il soutient mal les caracteres, & au lieu d’inspirer de l’horreur, il étoit plus propre à faire rire.

212. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

De toutes ces machines, il n’y en avait point dont l’usage fût plus ordinaire, que de celles qui descendaient du Ciel dans les dénouemens, & dans lesquelles les Dieux venaient pour ainsi dire au secours du Poète. […] Si nous remontons aux Grecs mêmes, nous trouverons d’abord que jusqu’à Cratinus, leurs Théâtres, ainsi que leurs Amphithéâtres, n’étaient que de charpente ; mais un jour que ce Poète fesait jouer une de ses Pièces, l’Amphithéâtre trop chargé se rompit & fondit tout-à-coup.

213. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Car on conçoit bien un spectacle sans Comédiens de profession, puisque le Poëte pourroit jouer ses piéces lui-même, comme il y en a des exemples.

214. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Il fait un Poëte du plus mince rimailleur, un Magistrat du moindre Officier de Police, enfin une Compagnie d’une troupe de Comédiens.

215. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Une Pièce de Théâtre, disent-ils, est un trait de la vie humaine mis en action ; or dès l’instant que cette action attache le Spectateur, son succès est décidé ; le Poète est parvenu à ce qu’il souhaitait.

216. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

On admire les Ouvrages de M. de Voltaire, sans être né Poète, sans avoir aucune idée des règles de la versification.

217. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

Quoi, parce qu’un Poète aura mis par hazard dans les paroles qu’on module, le mot ramage, ou celui de ruisseau, faut-il aussi-tôt se mettre à la torture pour nous faire entendre le chant des oiseaux, ou le doux murmure d’une onde claire ?

218. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

On est persuadé qu’il n’y en met que pour céder à la nécessité, et pour servir les spectateurs, suivant le goût où les Poètes ses prédécesseurs l’ont accoutumé. […] Horace dit que les Poètes veulent ou plaire ou être utiles. […] En général deux folles passions, capables seules de corrompre toute une nation, lui paraissent être le grand objet de nos Poètes, et en être l’objet bien plus pour les réveiller que pour les éteindre. […] Poète par goût, plus que par étude, ce fut un feu de jeunesse, non la malignité de la fortune qui le fit Comédien. […] L’on ne pense pas que personne fasse à ce Saint l’injure de croire qu’il aura précisément choisi, pour s’amuser, les endroits licencieux, qui d’ailleurs sont plus rares dans ce Poète que dans aucun autre.

219. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

Nous imiterons sa naïveté, Messieurs, non pas sa cruauté ; repaissant vos oreilles de la plus douce harmonie qui puisse sortir du sacré concert des plus excellents Poètes, et vos yeux des plus agréables feintes que l’invention Comique ou Tragique puisse trouver pour vous complaire, et vous témoigner que notre plus ardent désir est de vous contenter, et laisser une opinion dedans vos cœurs que nous ayons essayé tous les moyens de nous déclarer vos très humbles serviteurs.

220. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

La postérité saura peut-être la fin de ce Poète comédien, qui en jouant son malade imaginaire ou son médecin par force reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures après et passa des plaisanteries du théâtre parmi lesquelles il rendit presque le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez »Luc, VI, 25.

221. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Il l’embrassa, & lui dit : Je meurs content, je vous ai fait Poëte, je laisse un homme à la nation. […] C’est un Poëte qui traite l’histoire comme une intrigue de théatre, il accommode à son gré la fable, pour préparer le dénouement qu’il se propose. […] Paul cite des vers du Poëte Ménandre ; approuvoit-il la comédie ?

222. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

« Le poète qui sait l’art de réussir, cherchant à plaire au peuple et aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caractères toujours en contradiction, qui veulent et ne veulent pas, qui font retentir le théâtre de cris et de gémissements, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, et à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. […] Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du poète, ne font pas une grande impression sur les spectateurs. […] « Cependant ce caractère si vertueux est présenté comme ridicule ; ce qui démontre que l’intention du poète est bien de le rendre tel, c’est celui de l’ami Philinte, qu’il met en opposition avec le sien.

223. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Dans les vies de Gassendi & de Moliere & dans cent endroits on dit à la gloire du Poëte, que cet habile Philosophe faisoit chez lui des conférences philosophiques, & que Bernier, Bachaumont, Chapelle & Moliere étoient ses éleves, & lui firent un honneur infini. […] Il n’est ni Orateur ni Poëte ; il versifie très-mal, & la plupart de ses pieces sont en prose. […] Le théatre d’un Poëte est son portrait. […] Racine, Poëte galant, passionné, nourri à la Cour, a fait un cours complet de galanterie. […] Tous ces travers & bien d’autres se présentoient avec une bonne foi & une franchise très-commode pour le Poëte.

224. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Thespis fut le Poëte grec qui inventa le premier le Monologue, & introduisit un personnage, qui récitoit entre deux chants du chœur, un discours relatif au sujet qui fut appellé Episode. […] Jodelle vint ensuite, & fut le premier Poëte François qui inventa la mesure des vers ; & un autre après, le Poëte Leon, imagina la rime. […] Le Poëte Hardi ; le premier protecteur des talens du grand Corneille, étoit de cette troupe. […] Quelle prodigieuse différence y a-t-il entre le sacrifice d’Iphigénie représenté sur une toile où il ne manque aux personnages que le geste & la parole, le récit de cette aventure fait par un Historien, & le drame d’un Poëte soutenu de l’illusion des décorations, & qui offre à la fois aux yeux & à l’entendement des spectateurs, ces choses séparées entre la peinture & l’histoire.

225. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Avis » pp. -

L'Auteur s’est contenté la plupart du temps de rapporter à peu près les mêmes mots, et ne se hasarde guère à mettre des vers: il lui était bien aisé, s’il eût voulu, de faire autrement, et de mettre tout en vers ce qu’il rapporte, de quoi quelques gens se seraient peut-être mieux accommodés; mais il a cru devoir ce respect au Poète dont il raconte l’ouvrage, quoiqu’il ne l’ait jamais vu que sur le théâtre, de ne point travailler sur sa matière, et de ne se hasarder pas à défigurer ses pensées, en leur donnant peut-être un tour autre que le sien.

226. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

Si la danse occupa les loisirs d’un des sept sages de la Grèce, de Socrate, auquel la belle Aspasie apprit à danser, et si, longtemps auparavant, le roi David ne dédaigna pas de danser devant l’arche, la musique aussi a droit à nos hommages : cette science sublime dans sa théorie, et délicieuse dans la pratique, est, au dire des poètes, un présent des dieux ; elle suspend nos ennuis, et adoucit nos chagrins.

227. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Decimus Laberius, Chevalier Romain & Poëte, s’appliqua à composer des Mimes & y excella ; ce n’étoit point un deshonneur à Rome de composer pour le Théatre, mais on ne pouvoit y représenter soi-même sans se dissamer. […] Dans le Prologue, qui est un des plus beaux morceaux de l’antiquité, le Poëte exhala sa douleur d’une maniere fort touchante, Macrobe, qui nous l’a conservé tout entier, nous apprend aussi que ce Chevalier Romain, pour venger sa vieillesse, inséra malignement dans le cours de l’ouvrage quelques traits picquans contre ce Prince.

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